Mouvement des Focolari
Les entrepreneurs Ć  l’ère du coronavirus

Les entrepreneurs Ć  l’ĆØre du coronavirus

Des entreprises en grande dĆ©tresse, des milliers d’emplois perdus : la phase du confinement a durement frappĆ© l’Ć©conomie europĆ©enne. MalgrĆ© cela, de nombreux entrepreneurs n’abandonnent pas. Andrea Cruciani, Italien, s’est interrogĆ© sur comment prendre soin de ses employĆ©s. Comment les entrepreneurs ont-ils vĆ©cu la phase d’urgence de confinement Ć  cause du Covid-19 ? Nous en parlons avec Andrea Cruciani, PDG de TeamDev et d’Agricolus, des entreprises et des start-ups italiennes liĆ©es au projet pour une Economie de communion. Comment avez-vous vĆ©cu la phase de confinement ? « Avant le confinement, nous n’avions aucun problĆØme. TeamDev connaĆ®t une croissance annuelle de 20% depuis 12 ans et nous employons une cinquantaine de personnes. ƀ la mi-fĆ©vrier, nous avions effectuĆ© quelques opĆ©rations pour anticiper les coĆ»ts bancaires mais avec le confinement, nous sommes arrivĆ©s fin mars Ć  ne plus avoir de liquiditĆ©s. C’Ć©tait la premiĆØre fois que je me retrouvais sans argent et sans alternatives. Nous avons dĆ» opter pour le fonds de licenciement et j’en Ć©tais dĆ©solĆ© car nous avons toujours investi en donnant une attention particuliĆØre Ć  la protection sociale de l’entreprise. Nous nous sommes donc retrouvĆ©s avec quelques employĆ©s effrayĆ©s qui manquaient de confiance en nous. Perdre la confiance mĆŖme d’un seul employĆ© Ć©tait une grande douleur. Lentement, nous avons essayĆ© de trouver une solution aux besoins de chacun et dĆØs que l’argent est entrĆ© dans les caisses de l’entreprise, nous avons pu complĆ©ter le fonds de licenciement en payant les employĆ©s par le biais d’une prime appelĆ©e “prime Covid”. Au final, nous avons pu donner le mĆŖme salaire Ć  tout le monde. Ils ont compris qu’il n’y avait pas de mauvaise foi de notre partĀ Ā». Que t’a appris cette expĆ©rience ? « J’ai connu les fragilitĆ©s de la construction d’une relation authentique avec les employĆ©s et les associĆ©s. Il est trĆØs important de construire une relation authentique basĆ©e sur la confiance. Nous avons Ć©tĆ© surpris par la rĆ©action de certains d’entre eux qui ont puisĆ© dans leur propre Ć©nergie pour contribuer au bien commun. Cette pĆ©riode a fait ressortir la plus vĆ©ritable humanitĆ© dans les relationsĀ Ā». Quels conseils donnerais-tu aux autres entrepreneurs en matiĆØre de ressources humaines ? « Laisse-moi te raconter une histoire. Il y a trois ans, j’ai voulu promouvoir un employĆ© en lui confiant une succursale de l’entreprise. Mais cette personne n’a pas tenu le coup au bout d’un certain temps et a changĆ© de travail. J’ai alors rĆ©alisĆ© que ce que j’attends de la vie pour moi n’est pas ce que les autres attendent. Il ne se souciait mĆŖme pas d’obtenir une augmentation de salaire car il ne voulait pas avoir ce fardeau psychologique. AprĆØs cette expĆ©rience, nous avons commencĆ© Ć  mettre en place des instruments plus efficacesĀ Ā». Que veux-tu dire ? « Tout d’abord, nous avons demandĆ© Ć  un coach de nous aider Ć  maintenir un esprit commun entre tous. Puis nous avons commencĆ© Ć  amĆ©liorer l’environnement de travail par des actions simples comme apporter des fruits frais en collation ou des fruits de saison provenant des jardins caritatifs de Caritas Ć  rapporter chez eux (sans frais), ce dont chacun avait besoin. Ensuite, nous avons activĆ© une aide sociale d’intĆ©gration mĆŖme si depuis plusieurs annĆ©es nous avions dĆ©jĆ  commencĆ© une pension complĆ©mentaire et divers autres instruments, tels que des horaires flexibles pour concilier les familles… Il nous semble que c’est la faƧon de prendre soin des personnes qui travaillent dans nos entreprises. Et puis, il est clair que nous avons Ć  cœur la croissance de chaque personne afin qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-mĆŖmeĀ Ā». Comment vois-tu l’avenir de l’Ć©conomie en gĆ©nĆ©ral ? « Je vois un avenir où il faudra de plus en plus lire le moment prĆ©sent et ĆŖtre capable de donner des clĆ©s de lecture pour l’avenir. Chiara Lubich a Ć©tĆ© une prophĆ©tesse pour nous, les entrepreneurs d’EdC, car elle nous a enseignĆ© Ć  prendre soin des employĆ©s et des entreprises. Certaines rĆØgles sont maintenant prĆ©vues par la loi, mais pour beaucoup d’autres, la loi n’est pas nĆ©cessaire car c’est une question de conscience et d’amourĀ Ā».

Ā Lorenzo Russo

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Ɖvangile vĆ©cu : ĆŖtre une famille

« Soyez une famille – telle Ć©tait l’invitation de Chiara Lubich aux personnes dĆ©sireuses de vivre la Parole de Dieu – et lĆ  où vous irez pour apporter l’idĆ©al du Christ, (…) vous ne ferez rien de mieux que d’essayer de crĆ©er avec discrĆ©tion, prudence, mais dĆ©termination, l’esprit de famille. C’est un esprit humble, il veut le bien des autres, il ne se gonfle pas… c’est (…) la vraie charitĆ©.Ā Ā» Le nouveau directeur Dans son “discours programmatique”, le nouveau directeur avait parlĆ© de l’entreprise comme d’une famille dans laquelle nous Ć©tions tous coresponsables. Entre tous l’atmosphĆØreĀ  Ć©tait dĆ©tendue et cordiale… mais dĆØs les premiĆØres difficultĆ©s, peut-ĆŖtreĀ  par manque d’expĆ©rience, il s’est entourĆ© de personnesĀ  de confiance, mais il a pratiquement exclu toutes les autres dans les prises de dĆ©cision. J’ai pris mon courage Ć  deux mains et, par amour pour lui et les employĆ©s, un jour je suis allĆ© Ā dans son bureau pour lui demander quels soucis l’Ć©crasaient. Il m’a semblĆ© trĆØs diffĆ©rent de ce qu’il Ć©tait au dĆ©but, comme s’il ne se sentait entourĆ© que de personnes hostiles. Peut-ĆŖtre avions-nous fait quelque chose contre lui qui l’avait fait rĆ©agir ainsi ? Il n’a pas rĆ©pondu etĀ  m’a remercié : un engagement urgent l’attendait. Quelques jours plus tard, il m’a appelĆ© et, en s’excusant, m’a confiĆ© qu’il se sentait incapable de vivre une solidaritĆ© qui risquait de tout Ā lui retirer desĀ  mains. Il m’a demandĆ© de l’aider. Je l’ai convaincu de s’ouvrir Ć  nous tous, en nous demandant si nous voulions vraimentĀ  adhĆ©rer Ć  son projet. Ce fut un grand moment de partage entre tous. Quelque chose a commencĆ© Ć  changer. (H.G. – Hongrie) Au bureau de poste Au dĆ©but de la pandĆ©mie, je suis allĆ©e Ć  la poste pour expĆ©dier un paquet. Dans la file d’attente du guichet des pensions de retraite une vieille dame portant un masque, malade, s’est effondrĆ©e sur le sol. J’ai couru vers elle, mais je n’avais pas la force de la relever. Lorsque j’ai demandĆ© de l’aide, j’ai remarquĆ© une certaine hĆ©sitation : seul un garƧon bien tatouĆ© a rĆ©pondu, il avait vu la scĆØne depuisĀ  l’extĆ©rieur de la poste. J’ai fait asseoir la vieille dame. Mis Ć  part quelques douleurs dues Ć  la chute, elle allait beaucoup mieux et j’ai demandĆ© Ć  ce jeune de l’aider Ć  faire ce qu’elleĀ  devait, le temps d’envoyer Ā mon paquet. Non seulement il m’a aidĆ©e Ć  la faire monter dans la voiture, mais il a voulu venir avec nous jusque chez elle. Comme elle avait son tensiomĆØtre, j’ai pris sa tension artĆ©rielle. Une fois descendus de voiture,Ā  ce garƧon Ā m’a dit : « Je riais avec mes amis en voyantĀ  Ć  quel point les gens sont guidĆ©s par la peur. Ce que vous avez fait est remarquable.Ā Ā» AprĆØs quelques jours, j’ai voulu rendre visite Ć  cette personne Ć¢gĆ©e. J’ai Ć©tĆ© surprise et mĆŖme Ć©mue d’apprendre d’elle que ce jeune lui avait apportĆ© des biscuits faits par sa mĆØre. (U.R. – Italie) GuĆ©rir de son passĆ© Dommage ! C’Ć©tait une collĆØgue compĆ©tente dans son travail, mais elle empoisonnait les autres avec son pessimisme. Entre autres, sa jalousie non seulement envers moi, mais aussi envers d’autres collĆØgues, l’amenait Ā Ć  critiquer sans cesse tout le monde. Aussi, pour un prĆ©texte ou un autre, personne ne voulait travailler avec elle.Ā  Que faire ? Laisser les chosesĀ  continuer ainsi et rester tous mal Ć  l’aise? Le jour de son anniversaire, j’ai eu une idĆ©e : organiser une collecte entre collĆØgues pour lui offrir un cadeau. Lorsque nous l’avons appelĆ©e pour fĆŖter cela avec des gĆ¢teaux faits maison, des dessinsĀ  rĆ©alisĆ©sĀ  pour elle par les enfants des collĆØgues, ainsi qu’un beau sac Ć  main en cadeau, elle Ć©tait Ć©mue etĀ  n’en revenait pas. Pendant plusieurs jours elle n’a pas dit un mot. Elle nous regardait comme un oiseau blessĆ©. Puis, lentement, elle a commencĆ© Ć  me parler de son enfance, de ses amours malheureuses, des divisions dans sa famille… Nous sommes devenus amies. Maintenant, elle vient chez nous et aide mes enfants en maths et en anglais. DĆ©sormais elle fait partie de la famille. Elle semble aussi guĆ©rir des blessures de son passĆ©. (G.R. – Italie)

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Propos recueillis par Stefania Tanesini

extraits de Il Vangelo del GiornoĀ  (l’Ɖvangile du jour), CittĆ  Nuova, annĆ©e VI, n° 4, juillet-aoĆ»t 2020

L’appeler par son nom

Nous avons tous souffert Ć  cause du coronavirus et beaucoup en souffrent encore. La souffrance que cette pandĆ©mie nous occasionne se prĆ©sente sous les aspects les plus divers et, si JĆ©sus ne nous soutenait pas, il y aurait vraiment de quoi se dĆ©courager. Nous savons, en effet, comment Lui, qui est Dieu, fait homme, a vĆ©cu toutes nos souffrances et c’est pour cette raison qu’Il peut ĆŖtre Ć  nos cĆ“tĆ©s et nous soutenir. […] Nous pouvons considĆ©rer la vie comme une course d’obstacles. Mais quels sont ces obstaclesĀ ? Comment peut-on les dĆ©finirĀ ? C’est toujours une grande dĆ©couverte de constater qu’on peut, d’une certaine faƧon, donner le nom de JĆ©sus abandonnĆ© Ć  chaque souffrance ou Ć©preuve de la vie. Sommes-nous pris par la peurĀ ? JĆ©sus, sur la croix, dans son abandon, ne semble-t-il pas envahi par la crainte que le PĆØre l’ait oublié ? Dans certaines dures Ć©preuves, le manque de rĆ©confort, le dĆ©couragement peuvent devenir un obstacle. JĆ©sus, dans l’abandon, semble submergĆ© par l’impression qu’à sa passion divine, manque le rĆ©confort de son PĆØre. Il semble qu’il est en train de perdre courage pour conclure sa grande Ć©preuve. Pourtant il ajouteĀ : « Dans tes mains, PĆØre, je. remets mon esprit.Ā Ā»[1] Les circonstances nous portent-elles Ć  ĆŖtre dĆ©sorientĆ©sĀ ? JĆ©sus, dans cette immense souffrance, semble ne plus rien comprendre de ce qui lui arrive, puisqu’il crieĀ : « PourquoiĀ ?Ā Ā»[2] Sommes-nous contreditsĀ ? Dans l’abandon, ne semble-t-il pas que le PĆØre dĆ©sapprouve l’Œuvre du FilsĀ ? Recevons-nous des reproches ou sommes-nous accusĆ©sĀ ? JĆ©sus sur la croix, dans son abandon, a eu sans doute l’impression de recevoir reproches et accusations de la part du Ciel. Dans certaines Ć©preuves de la vie qui peuvent se succĆ©der sans trĆŖve, ne nous arrive-t-il pas de dire, Ć  bout de forcesĀ : « C’en est trop, cela dĆ©passe la mesureĀ Ā» JĆ©sus, dans l’abandon, a bu un calice amer non seulement plein mais dĆ©bordant. Son Ć©preuve a Ć©tĆ© au-delĆ  de toute mesure. Et quand la dĆ©ception nous surprend, que nous sommes traumatisĆ©s par un Ć©vĆ©nement ou blessĆ©s par un malheur imprĆ©vu, une maladie ou une situation absurde, nous pouvons toujours nous rappeler la souffrance de JĆ©sus abandonnĆ©, qui a personnalisĆ© toutes ces Ć©preuves et bien plus encore. Oui, Il est prĆ©sent dans tout ce qui a goĆ»t de souffrance. Chaque souffrance porte son nom. On sait que, lorsqu’on aime quelqu’un, on l’appelle par son nom. Nous, nous avons dĆ©cidĆ© d’aimer JĆ©sus abandonnĆ©. Donc pour mieux y parvenir, essayons de nous habituer Ć  l’appeler par son nom dans les Ć©preuves de notre vie. Ainsi nous lui dironsĀ : JĆ©sus abandonnĆ©-solitude, JĆ©sus abandonnĆ©-doute, JĆ©sus abandonnĆ©-blessure, JĆ©sus abandonnĆ©-Ć©preuve, JĆ©sus abandonnĆ©-dĆ©solation et ainsi de suite… AppelĆ© par son nom, Il sera dĆ©couvert et reconnu dans chaque souffrance. Alors, Il nous rĆ©pondra avec plus d’amour. Si nous l’Ć©treignons, il deviendra pour nous la paix, le rĆ©confort, le courage, l’Ć©quilibre, la santĆ©, la victoire. Il sera l’explication de tout et la solution de tout. Cherchons donc, […] Ć  appeler par son nom ce JĆ©sus, que nous rencontrerons dans les obstacles de la vie. Nous les dĆ©passerons plus rapidement et la course de notre existence ne connaĆ®tra plus d’arrĆŖts.

Chiara Lubich

Ā (Extrait d’une confĆ©rence tĆ©lĆ©phonique, 28 aoĆ»t 1986, Mollens (Suisse).) [1] Lc 23, 46. [2] Cf. Mt 27, 46 ; Mc 15, 34.

Ɖvangile vĆ©cuĀ : une grande chance

Si nous aimons, JĆ©sus nous reconnaĆ®t comme Ć©tant de sa familleĀ : ses frĆØres et sœurs. C’est notre plus grande chance et qui nous surprendĀ ; elle nous libĆØre du passĆ©, de nos peurs, de nos schĆ©mas. Dans cette perspective, nos limites et nos fragilitĆ©s peuvent Ć©galement ĆŖtre un tremplin vers notre rĆ©alisation. Tout fait rĆ©ellement un saut de qualitĆ©. Racisme Je frĆ©quentais le lycĆ©eĀ ; les leƧons et les devoirs allaient bien, mais pas le rapport avec les copains de classe. Un jour, je terminais des travaux de sciences, lorsqu’un d’entre eux a commencĆ© Ć  m’injurier pour le fait que je suis asiatique. Je n’ai pas su comment rĆ©agir Ć  ce dĆ©foulement racisteĀ : je suis restĆ© muet avec la seule intention de me venger. Puis une Ć©trange pensĆ©e m’a traversĆ© l’espritĀ : « C’est maintenant ton occasionĀ Ā». Il m’a fallu un peu de temps pour en comprendre la signification. Mais aprĆØs quelques temps, cela a Ć©tĆ© plus clairĀ : « C’est maintenant ton occasion d’aimer les ennemisĀ Ā». J’aurais voulu faire semblant de rien, en guise de dĆ©fense de mon identitĆ© asiatique. Aussi parce que aimer mon ennemi me semblait une maniĆØre d’alimenter le nĆ©gatif. AprĆØs avoir pris un certain temps, trĆØs incertain quant Ć  la dĆ©cision Ć  prendre, j’en ai conclu qu’il valait mieux me taire. J’ai forcĆ© mon cœur furieux au pardon et ai offert ma blessure personnelle Ć  JĆ©sus, qui avait souffert tellement sur la croix. AprĆØs cette expĆ©rience de pardon de mon ennemi, sincĆØrement, j’ai expĆ©rimentĆ© une joie jamais Ć©prouvĆ©e avant. (James – USA) ProblĆØmes de foi Lorsque notre troisiĆØme enfant est nĆ© avec le syndrome de Down, cette cruautĆ© de la nature m’a semblĆ© ĆŖtre une punition pour mes infidĆ©litĆ©s conjugales. J’avais honte de le porter partout et dans mon for intĆ©rieur j’avais plein de questions sans rĆ©ponses. Mais au fur et Ć  mesure que F. grandissait, je voyais en lui une bontĆ© primordiale, une paix cosmique. Je ne sais pas quelle relation il pouvait y avoir avec ma foi problĆ©matique, mais j’ai peu Ć  peu acquis un autre regard, et je dirais, un autre cœur. Le rapport en famille a aussi changĆ©. La chose Ć©trange est que j’ai commencĆ© Ć  vivre la condition de F. comme un cadeau. Je n’ai plus de problĆØmes de foi et de dogmes. Tout est grĆ¢ce. DerriĆØre le voile de l’incomprĆ©hension, il y a une vĆ©ritĆ© innocente et pure. (D.T. – Portugal) Retour J’avais quittĆ© ma famille pour une autre personne de laquelle j’étais tombĆ© amoureux au travail. AveuglĆ© par la passion, je ne me rendais pas compte de la tragĆ©die que j’étais en train de provoquer. Avec les enfants, je suis toujours restĆ© en contact, surtout avec l’aĆ®nĆ©e qui le plus avait souffert de mon absence. Lorsqu’à son tour, son mari l’a abandonnĆ©e avec trois enfants en bas-Ć¢ge, et qu’elle est tombĆ©e en dĆ©pression, j’ai vu se rĆ©pĆ©ter le mĆŖme mal que j’avais causĆ©. Dieu m’a donnĆ© la grĆ¢ce de le comprendre et de demander pardon. J’ai tout fait pour ĆŖtre proche de cette famille dĆ©sagrĆ©gĆ©e, j’ai cherchĆ© mon beau-fils et j’ai longuement parlĆ© avec lui. Lui m’a humiliĆ© en me disant que je n’avais pas le droit de le juger, car certains traumatismes de ma fille Ć©taient dus Ć  cause de moiĀ : leur mariage s’était mal terminĆ© justement Ć  cause du manque d’équilibre de sa femme. A genoux et en pleurant, je lui ai demandĆ© pardon. Il a rĆ©pondu qu’il allait y rĆ©flĆ©chir. AprĆØs quelques mois de suspension, une lueur d’espoirĀ : la nouvelle, de la part de ma fille, que son mari voulait rĆ©essayer de vivre en famille. (C.M. – Argentine)

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Ā (extrait de l’Évangile du Jour, CittĆ  Nuova, annĆ©e VI, n.4, juillet-aoĆ»t 2020)

En librairie, la biographie de Pasquale Foresi

En librairie, la biographie de Pasquale Foresi

RĆ©servĆ©, d’une intelligenceĀ  lucide, thĆ©ologien d’avant-garde et premier coprĆ©sident des Focolari : le premier volume de la biographie de Pasquale Foresi, Ć©crit par Michele Zanzucchi, vient de paraĆ®tre – pour l’instant en italien. Il raconte l’histoire d’un homme, les dĆ©buts du mouvement des Focolari, un aperƧu d’histoire qui a beaucoup Ć  dire au mouvement, Ć  l’Ɖglise et Ć  la sociĆ©tĆ© d’aujourd’hui. Le 9 juillet dernier, “In fuga per la veritĆ ”, la premiĆØre biographie de Pasquale Foresi, que Chiara Lubich a appelĆ© cofondateur du mouvement des Focolari avec Igino Giordani, a Ć©tĆ© publiĆ©e. Il s’agit d’un rĆ©cit trĆØs bien documentĆ© de la premiĆØre partie d’une existence intense – de 1929 Ć  1954 – peu connue mĆŖme des membres des Focolari, tant pour son caractĆØre rĆ©servĆ© que pour le style de cogouvernance – dirions-nous aujourd’hui – qu’incarnait Foresi. Un texte de grand intĆ©rĆŖt, publiĆ© pour l’instant en italien (mais des versions en anglais, franƧais et espagnol sont en prĆ©paration), truffĆ© de faits inĆ©dits, qui se lit comme un roman, qui raconte la parabole de vie de Foresi, qui relit de son point de vue les dĆ©buts du mouvement des Focolari, la personne de Chiara Lubich, et nous fait rĆ©flĆ©chir Ć  l’actualitĆ© de ce mouvement mondial, presque 80 ans aprĆØs sa naissance. Mais qui Ć©tait Pasquale Foresi et que reprĆ©sentait-il pour la toute jeune fondatrice du mouvement des Focolari ? Nous avons demandĆ© Ć  l’auteur de la biographie, Michele Zanzucchi, journaliste et Ć©crivain, ancien directeur de CittĆ  Nuova. Son travail minutieux et approfondi, qui a durĆ© deux ans et demi, avec l’aide de lettres, de textes, de livres, de discours, ainsi que du bagage d’une connaissance directe et proche de Foresi. “Lorsqu’il rencontra Chiara Lubich, autour de la fĆŖte de NoĆ«l 1949, Foresi Ć©tait un jeune homme d’une vingtaine d’annĆ©es qui avait vĆ©cu une vie beaucoup plus adulte que celle de son Ć¢ge, en cela il Ć©tait “prĆ©parĆ©” Ć  collaborer avec la fondatrice. Fils d’une famille de Livorno – son pĆØre Ć  l’Ć©poque Ć©tait enseignant et homme de rĆ©fĆ©rence du laĆÆcat catholique, puis dĆ©putĆ©, sa mĆØre Ć©tait femme au foyer, il avait trois frĆØres et sœurs – Pasquale a fait preuve dĆØs son enfance d’une intelligence pratique et thĆ©orique peu commune. Le jour de l’armistice, le 8 septembre 1943, Ć  14 ans seulement, il s’est enfui de chez lui “pour rendre service Ć  l’Italie”. BientĆ“t, enrĆ“lĆ© dans les Chemises noires puis, par la force, par les nazis eux-mĆŖmes, il combattit Ć  Cassino, entre autres, avant de s’Ć©chapper, libĆ©rant des dĆ©serteurs condamnĆ©s Ć  mort. C’est lĆ  que commenƧa sa conversion philosophique et religieuse. Il termina la guerre avec les rĆ©sistants, et entra immĆ©diatement aprĆØs au sĆ©minaire de Pistoia, puis deux ans plus tard Ć  la prestigieuse Capranica (le collĆØge pontifical ou Grand SĆ©minaire) de Rome. Mais il s’en alla car il ne partageait pas l’incohĆ©rence de nombreux ecclĆ©siastiques avec l’Évangile. Une cohĆ©rence qu’il trouva au contraire chez Chiara Lubich et ses amis. En un mois, l’institutrice de Trente comprit que Dieu lui avait envoyĆ© ce jeune homme pour l’aider Ć  rĆ©aliser l’œuvre de Dieu qui Ć©tait dĆ©jĆ  en train de naĆ®tre. Foresi coopĆ©ra avec elle Ć  la rĆ©alisation de la cohabitation entre personnes vierges consacrĆ©es, Ć  l’approbation du Mouvement de la part de l’Ɖglise, Ć  la construction de centres et de citadelles, Ć  l’ouverture de maisons d’éditionsĀ  et de revues, Ć  l’inauguration de centres universitaires… ƀ partir de ce jour, Chiara Lubich restaĀ  fidĆØle au rĆ“le que Dieu avait confiĆ© Ć  Foresi, et ne l’ abandonna jamais, mĆŖme lorsque, terrassĆ© par une grave maladie cĆ©rĆ©brale en 1967, il avait Ć  peine 38 ans et disparut de la vie publique. Pour elle, Pasquale restera toujours l’un des deux cofondateurs du Mouvement, celui avec lequel elle s’est confrontĆ©e pour chaque dĆ©cision Ć  prendre”. Quel genre de prĆŖtre Ć©tait-il ? Quelle Ć©tait sa vision de l’Ɖglise ?Ā  “Sur une formation assez traditionnelle sur les sacrements et la vie sacerdotale, je dirais nĆ©o-scolastique, Foresi aida Chiara Lubich Ć  dĆ©velopper une idĆ©e originale de l’application du presbytĆØre, l’idĆ©e d’un “sacerdoce marial” dĆ©pouillĆ© de “pouvoir” et animĆ© seulement par un profond enracinement dans le sacerdoce royal de JĆ©sus. Aujourd’hui encore, cette idĆ©e du sacerdoce est en cours d’application et d’expĆ©rimentation. Pour Foresi, en particulier, le prĆŖtre devait ĆŖtre un champion en humanitĆ©, un homme-JĆ©sus. La vision sous-jacente de l’Ɖglise est liĆ©e Ć  une perspective prophĆ©tique conciliaire : l’Ɖglise peuple de Dieu, l’Ɖglise-communion, naturellement synodale, avec une valorisation (qui ne signifie nullement une dĆ©valorisation de la prĆ©sence techniquement “sacramentelle” du Christ dans son Ɖglise) de la prĆ©sence de JĆ©sus dans l’humanitĆ© de faƧons plus “laĆÆques”, en particulier la prĆ©sence promise par le JĆ©sus de Matthieu : “LĆ  où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux” (Mt 18, 20)”. Pourquoi Chiara Lubich a-t-elle confiĆ© Ć  Foresi, et non Ć  un laĆÆc, la rĆ©alisation de certaines œuvres des Focolari, les dites “concrĆ©tisations”, comme le centre international de Loppiano, la naissance de la maison d’Ć©dition CittĆ  Nuova… “Il aurait Ć©tĆ© bon de poser la question Ć  l’intĆ©ressĆ©e… Je note cependant que l’autre co-fondateur du Mouvement Ć©tait Igino Giordani, laĆÆc, mariĆ©, dĆ©putĆ©, journaliste, œcumĆ©niste. Il connut Chiara Lubich entre autres, dĆ©jĆ  en 1948. En lui, la fondatrice vit la prĆ©sence « de l’humanité » au cœur de son charisme. Donc le tiburtin (habitant de Tivoli) signifia pour Chiara Lubich, l’ouverture radicale au monde, en suivant la priĆØre sacerdotale de JĆ©susĀ : « Que tous soient UnĀ Ā» (Jn, 17,10). Mais Chiara Lubich vit en Foresi – entre autres, de nature plus « concrĆØteĀ Ā» que l’ « idĆ©alisteĀ Ā» Giordani – celui qui l’aurait soutenue pratiquement dans la construction de son œuvre. Foresi Ć©tait selon sa propre caractĆ©ristique, pour ainsi dire, extrĆŖmement « laĆÆcĀ Ā», tout en ayant trĆØs clair Ć  l’esprit que la mission du Mouvement Ć©tait avant tout ecclĆ©siale, et qu’on ne pouvait pas faire sans les ecclĆ©siastiques pour la rĆ©aliserĀ Ā». Prenons un risqueĀ : si Foresi vivait aujourd’hui, que dirait-il aux Focolari, sur quoi les inviterait-il Ć  miserĀ ? « C’est un vrai risque. Je crois qu’il inviterait le Mouvement Ć  un nĆ©cessaire ā€˜retour aux sources’, en se tournant vers la naissance du Mouvement. Il l’inviterait donc Ć  relire et Ć  appliquer les intuitions mystiques de la fondatrice de 1949-1951, mais aussi Ć  regarder attentivement le processus concret de rĆ©alisation, advenu surtout dans la pĆ©riode de 1955-1957, au cours de laquelle d’autres illuminations furent donnĆ©es Ć  Chiara Lubich, dirigĆ©es vers la concrĆ©tisation des intuitions mystiques prĆ©cĆ©dentesĀ Ā».

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Stefania Tanesini

 

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche.Ā Ā»

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche.Ā Ā»[1]Le message de Chiara Lubich qui suit, peut ĆŖtre de lumiĆØre pour vivre de maniĆØre Ć©vangĆ©lique la preuve qu’à un niveau planĆ©taire nous traversons tous. ƀ cause de la pandĆ©mie, beaucoup ont perdu un parent, un ami ou une connaissance et nous sommes tous appelĆ©s, de bien des maniĆØres, Ć  rĆ©pondre aux cris de douleur que cette pandĆ©mie suscite un peu partout, en y reconnaissant des visages de JĆ©sus abandonnĆ© Ć  aimer.Ā Ā  […] Ces derniĆØres semaines, certains (des nĆ“tres) nous ont quittĆ©s. […] Et nous qui sommes encore sur cette terre, nous nous demandonsĀ : qu’ont-ils expĆ©rimentĆ© au moment du passageĀ ? Que nous diraient-ils s’ils pouvaient parlerĀ ? Nous le savonsĀ : ils ont vu le Seigneur. Ils ont rencontrĆ© JĆ©sus. Ils ont connu son visage. C’est lĆ  une vĆ©ritĆ© de notre foi, une vĆ©ritĆ© qui nous apporte une immense consolation. Nous ne pouvons en douter. Saint Paul exprime – ce sont ses mots – son « dĆ©sir de s’en aller pour ĆŖtre avec le Christ.Ā Ā»[2] Il parle donc d’ĆŖtre avec le Christ immĆ©diatement aprĆØs la mort, sans attendre la rĆ©surrection finale[3]. […] C’est donc lĆ  l’expĆ©rience des nĆ“tres qui sont arrivĆ©s au but auquel le Saint-Voyage conduitĀ : la rencontre avec Celui qui ne pourra que nous aimer, si nous l’avons aimĆ©. Ce sera – espĆ©rons-le – aussi notre expĆ©rience. Mais, pour en ĆŖtre certains, nous devons nous y prĆ©parer dĆØs maintenant, nous devons – en un certain sens – nous y habituer. Rencontrerons-nous le SeigneurĀ ? Verrons-nous son visageĀ ? Nous le contemplerons certainement dans toute sa splendeur si, ici-bas, nous l’avons regardĆ©, aimĆ© et accueilli ā€œabandonnĆ©ā€. Paul ne connaissait rien sur la terre si ce n’est le Christ et le Christ crucifiĆ©. C’est ce que nous voulons nous entraĆ®ner Ć  faire nous aussi […]Ā : chercher son visage. Le chercher ā€œabandonnĆ©ā€. Nous le trouverons certainement dans nos petites ou grandes souffrances personnelles qui ne manquent jamaisĀ ; dans le visage des frĆØres que nous rencontrerons, surtout en ceux qui ont le plus besoin d’aide, de conseil, de rĆ©confort, d’encouragement pour mieux progresser dans la vie spirituelle. Nous le chercherons dans les aspects les plus durs et les plus difficiles que les diverses activitĆ©s que la volontĆ© de Dieu nous suggĆØre, comportentĀ ; dans toutes les “dĆ©sunitĆ©s”, proches et lointaines, petites et grandes […]. Nous chercherons aussi son visage dans l’Eucharistie, au fond de notre cœur et dans ses images sacrĆ©es. Nous devons encore le contempler et l’aimer aussi concrĆØtement dans toutes les grandes souffrances du monde. Oui, mĆŖme si, devant elles, nous nous sentons souvent impuissants. Mais il n’en est peut-ĆŖtre pas ainsi. Combien de fois apprenons-nous […] que certaines catastrophes se sont dĆ©jĆ  produites ou risquent de s’abattre sur des peuples ou pays entiersĀ ! […] Si la charitĆ© de Dieu habite en nous, ce sont des calamitĆ©s qui nous tombent dessus comme d’Ć©normes pierres et nous coupent le souffle. Et ce, parce que nous sentons – malgrĆ© notre bonne volontĆ© et les opĆ©rations que nous faisons – que nous ne pouvons rien faire d’adĆ©quat qui amĆ©liore ces situations. Et pourtant, nous devons nous persuader que nous pouvons faire quelque chose. LĆ  aussi, une fois son Visage dĆ©couvert dans ces immenses calamitĆ©s, avec la force des enfants de Dieu, qui attendent tout de leur PĆØre tout-puissant, nous pouvons Lui confier les prĆ©occupations qui nous Ć©crasent, nous et de trĆØs vastes parties de l’humanitĆ©, pour qu’il pense Ć  toucher le cœur des responsables des peuples qui peuvent encore faire quelque chose. Et nous devons ĆŖtre certains qu’il le fera. Et il l’a fait trĆØs souvent. Par consĆ©quent, […] essayons de nous rappeler le plus souvent possible le verset du Psaume 26 qui ditĀ : « C’est ta face, Seigneur, que je cherche.Ā Ā» Ton visage souffrant pour essuyer – autant qu’il nous est possible – tes larmes et ton sang et pouvoir le voir resplendissant, le moment venu, quand nous ferons l’expĆ©rience des nĆ“tres qui sont dĆ©jĆ  arrivĆ©s. […]

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Chiara Lubich

(Extrait d’une confĆ©rence tĆ©lĆ©phonique, 25 avril 1991, Rocca di Papa) [1] Psaume 26,Ā 9. [2] Ph 1,Ā 23. [3] Cf. 2 Co 5,Ā 8.

Maria VoceĀ : sauver le monde avec l’amour

Qu’avons-nous appris de la pandĆ©mieĀ ? Avec quels instruments construire un monde nouveauĀ ? Quelle est la contribution spĆ©cifique de chacun de nousĀ ? Le 16Ā juillet dernier, Maria Voce dialogue spontanĆ©ment avec une communautĆ© des Focolari. Depuis quelques annĆ©es dĆ©jĆ , les communautĆ©s Focolari Ć  travers le monde fĆŖtent le 16Ā juillet Ć  double titreĀ : on se souvient en effet du pacte d’unitĆ© particulier que Chiara fit en 1949 avec Igino GiordaniĀ ; et c’est aussi l’anniversaire de la prĆ©sidente, Maria Voce. Cette annĆ©e encore, ce moment de fĆŖte pour elle est devenu l’occasion d’un dialogue spontanĆ© et informelĀ ; elle a ouvert son cœur Ć  ceux qui Ć©taient avec elle, s’exprimant sur le sens de cette journĆ©e particuliĆØre, sur la vie des Focolari ces derniers temps et sur la contribution du charisme de l’unitĆ© en cette pĆ©riode si cruciale pour l’humanitĆ©. De nombreux messages de vœux et d’affection lui sont parvenus du monde entier et Maria Voce dĆ©sire remercier chacun en particulier. Nous transcrivons ici un extrait de ce qu’elle a dit, en y joignant quelques passages de la vidĆ©o amateur sur ce moment. (…) Cette pandĆ©mie a Ć©tĆ© pour nous une grande leƧon, n’est-ce pasĀ ? Il faut le reconnaĆ®tre. Elle nous a fait souffrir, elle nous fait encore souffrir. Et nous ne connaissons pas toutes les consĆ©quences qui peuvent encore provenir de la souffrance de cette pandĆ©mie, n’est-ce pasĀ ? Quoi qu’il en soit ce fut une grande leƧon. La principale leƧon fut de nous direĀ : vous ĆŖtes tous Ć©gaux. Vous ĆŖtes tous Ć©gauxĀ : riches, pauvres, puissants, misĆ©rables, jeunes, adultes, immigrants… vous ĆŖtes tous Ć©gaux. Premier point. Second pointĀ : vous ĆŖtes tous Ć©gaux, mais il y en a qui souffrent davantage malgrĆ© l’égalitĆ©. Alors sommes-nous vraiment tous Ć©gauxĀ ? Nous sommes tous Ć©gaux car Dieu nous a faits tous Ć©gauxĀ ; trĆØs diffĆ©rents les uns des autres mais tous ses enfants, tous crƩƩs par Lui avec le mĆŖme amour, un amour immense. Puis les hommes sont arrivĆ©s et ils ont commencĆ© Ć  faire des distinctionsĀ ; et aujourd’hui encore nous continuons Ć  faire des distinctionsĀ : celui-ci oui, celui-ci nonĀ ; celui-ci vaut davantage, celui-ci vaut moins. Celui-ci peut me donner quelque chose, celui-ci ne peut rien me donnerĀ ; celui-ci m’exploite, celui-ci m’exploite moins… et nous commenƧons Ć  faire des distinctions, et avec ces distinctions qu’est-ce qui arriveĀ ? Il arrive qu’il y a les pays où les hĆ“pitaux sont bien Ć©quipĆ©s et ceux où ce n’est pas le casĀ ; il y a les pays où il y a des masques pour tout le monde et ceux où il n’y en a pas. Il y a les pays, comme notre Italie, où la fibre optique arrive si bien qu’on peut faire l’école Ć  distance, et les pays où elle n’existe pas. Par consĆ©quentĀ : tous Ć©gaux devant Dieu mais pas tous Ć©gaux devant les hommes, pas tous Ć©gaux pour le cœur des hommes. En est-il ainsi pour nous aussiĀ ? Moi aussi, parfois, je prĆ©fĆØre ĆŖtre avec telle personne plutĆ“t qu’avec telle autreĀ et quand je fais ainsi une diffĆ©rence entre une personne et une autre, est-ce que je vis vraiment le pacteĀ ? Ce pacte qui m’invite Ć  ĆŖtre vraiment prĆŖte Ć  donner la vie pour l’autreĀ ? Non pas l’autre qui me plaĆ®t, mais l’autre quel qu’il soit. Aujourd’hui, on dit qu’il faut crĆ©er un monde nouveau, l’humanitĆ©, tout le monde dit qu’il faut construire un monde nouveau. Eh bien, en petit, Chiara a fait un monde nouveauĀ ; la famille de Chiara dispersĆ©e Ć  travers le monde est, en petit, un monde nouveau. Bien sĆ»r, c’est une tentative, c’est une esquisse, un petit signe, mais cela veut dire que c’est possible. Donc, s’il a Ć©tĆ© possible de le faire en petit, pourquoi ce petit groupe – qui est petit relativementĀ ; avec quelques centaines de milliers de personnes dans le monde – pourquoi ce petit peuple, qui est le peuple de Chiara, n’est-il pas accessible Ć  tout le monde pour dire que le monde nouveau est possibleĀ ? C’est possibleĀ : nous devons ĆŖtre convaincus que c’est possibleĀ ; quel Ć©tait d’ailleurs le mot du jourĀ ? ā€˜ā€™Croire en la force de l’amour.’’ Par consĆ©quent, avant toutĀ : croire que l’amour est une force. L’avons-nous expĆ©rimenté ? Oui, nous l’avons expĆ©rimentĆ© trĆØs souvent. Mais maintenant, un peu moins. Le thermomĆØtre de l’amour a baissĆ©. Ajoutons un peu de mercure pour le faire remonterĀ ! Faisons remonter l’amour et vous verrez que tout remontera. Nous serons cette rĆ©alitĆ© qui traverse le monde et dont nous bĆ©nĆ©ficierons, sans avoir besoin de direĀ : ā€˜ā€™Tu sais, nous nous faisons comme Ƨa, viens avec nous car nous sommes comme Ƨa.’’ Non, nous sommes ce que nous sommes, nous sommes comme les autresĀ ; nous sommes de pauvres malheureux comme tout le monde mais nous vivons le paradis, et nous ne voulons pas sortir du paradis mais nous voulons rester avec les autres, nous ne voulons pas rester entre nous dans le paradis. Nous voulons apporter ce paradis aux autres, nous ne voulons pas le garder pour nous, car ce serait confortable… et alors que le monde court Ć  sa perte. NonĀ ! le monde doit se sauver, le monde nous devons le sauver par notre amour.Ā Ā»

Une difficultƩ qui devient une opportunitƩ

La vie du Gen Verde pendant la pandĆ©mie « Nous Ć©tions au beau milieu d’une tournĆ©e en Espagne et des nouvelles inquiĆ©tantes nous sont parvenues d’Italie concernant le Covid-19 et le nombre croissant de contaminations. Nous devions dĆ©cider de suspendre ou non la tournĆ©e et de la maniĆØre de rentrer en Italie. Quelques heures (ou plutĆ“t quelques minutes) pour dĆ©cider de ce qu’il fallait faire, le communiquer aux organisateurs, et en un jour nous embarquer sur ce qui Ć©tait la derniĆØre embarcation quittant BarceloneĀ Ā». Un souvenir bien marquĆ© et toujours vivant que partage Mileni du Gen Verde quelques mois plus tard et alors qu’en Italie il semble que la pandĆ©mie de Covid-19 refasse des apparitions. Au cours de ces 4 mois, le Gen Verde a transformĆ© une situation douloureuse en une grande opportunitĆ© : « nous nous sommes immĆ©diatement demandĆ© – raconte Annalisa – comment aider les gens ; certains amis, qui avaient contractĆ© le virus, nous ont demandĆ© de rester proches d’eux… mais comment ? Comment ne pas les laisser seuls dans ces moments terribles tout en respectant la distanciation sociale ? Nous avons immĆ©diatement eu l’idĆ©e de nous connecter depuis chez nousĀ Ā». Ainsi commence l’aventure du premier streaming en direct : peu d’outils, un rĆ©seau internet mĆ©diocre pour supporter une connexion que nous ne savions pas si elle arriverait aux gens ni combien de personnes auraient pu la voir. Des mois plus tard, nous pouvons dire que le Gen Verde a rĆ©alisĆ© de nombreux streamings en direct, ainsi que des dizaines et des dizaines de rendez-vous via le zoom, l’instagram, le skype… des occasions de rencontrer des jeunes et des moins jeunes du monde entier : des Philippines Ć  l’Argentine, des Ɖtats-Unis Ć  la Roumanie, de l’Italie Ć  l’Australie. Et puis ces mois ont aussi Ć©tĆ© le berceau propice Ć  la crĆ©ation de nouvelles compositions : du monologue Il silenzio au morceauĀ  musical Tears and light, sans oublier les vidĆ©os rĆ©alisĆ©es pour partager, mĆŖme si Ć  distance, le triduum de PĆ¢ques… et tout a Ć©tĆ© immĆ©diatement partagĆ© Ć  travers les rĆ©seaux sociaux, la chaĆ®ne YouTube et le web. Peut-ĆŖtre plus de travail qu’en tournĆ©e, et le Gen Verde n’a jamais dit non Ć  quiconque voulait vivre un moment de partage avec elles. « Nous sommes ravies – dit Marita – parce que ces derniers mois, nous avons rencontrĆ© des centaines de milliers de personnes ; je ne peux pas dire que c’Ć©tait la mĆŖme chose qu’en prĆ©sence des personnes : il n’ y a pas de contact physique, on ne peut regarder personne dans les yeux… mais j’avoue qu’en 4 mois seulement, nous n’aurions jamais pu rencontrer autant de gens. Pour nous du Gen Verde, ce fut une expĆ©rience au-delĆ  de toute attenteĀ Ā». Et maintenant, avec l’annonce de la derniĆØre rĆ©union de ce premier cycle de rendez-vous, le Gen Verde se consacre Ć  de nouveaux projets et de nouvelles propositions Ć  partager dĆØs que possible. Bref, le Gen Verde regarde toujours loin et ne s’arrĆŖte jamais. Mais quel en est le secret ? « Nous vivons sans regarder Ć  nous-mĆŖmes – explique Sally – ce qui nous intĆ©resse, c’est de construire des relations qui visent Ć  la fraternitĆ© universelle. En ces mois de pandĆ©mie, nous avons reƧu beaucoup d’Ć©chos aprĆØs nos streamings en direct et ce sont ces impressions qui nous ont toujours poussĆ©es Ć  aller de l’avant en essayant de donner le meilleur de nous-mĆŖmes. Nous ne nous faisons pas d’illusions et ne voulons faire d’illusions Ć  personne : la pandĆ©mie n’Ć©tait pas une blague et dans de nombreux pays, la situation est encore trĆØs critique, mais nous sommes certaines que ce que nous avons fait a Ć©tĆ© pour beaucoup, vivre au moins un moment de soulagement qui a permis de reprendre des forcesĀ Ā».

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Tiziana Nicastro