Mouvement des Focolari
UniversitƩ Sophia : enseignement, recherche et unitƩ

UniversitƩ Sophia : enseignement, recherche et unitƩ

Quelles sont les perspectives d’avenir de l’Institut universitaire Sophia? Comment rĆ©pondre aux besoins Ć©ducatifs des jeunes d’aujourd’hui ? Nous avons posĆ© la question au Recteur, Giuseppe Argiolas, nommĆ© le 20 fĆ©vrier dernier par la CongrĆ©gation pour l’Éducation Catholique du Saint-SiĆØge. Le professeur Giuseppe Argiolas, Recteur de l’Institut universitaire Sophia nous explique les perspectives d’avenir de l’universitĆ©. Aujourd’hui, Sophia est une UniversitĆ©. Depuis quelques mois en effet, vous en portez le titre de RECTEUR. Qu’est-ce que cela signifie et quels seront les changements pour les Ć©tudiants ? « Nous sommes Ć  la premiĆØre relĆØve de la garde de Sophia; cela coĆÆncide Ć©galement avec l’attribution par la CongrĆ©gation pour l’Éducation Catholique du titre de « RecteurĀ Ā», auparavant le titre Ć©tait « DoyenĀ Ā». Il s’agit en effet d’une reconnaissance du dĆ©veloppement que Sophia a connu au cours de ces 12 annĆ©es et pour lequel nous exprimons notre gratitude. Les dĆ©fis Ć  relever ont Ć©tĆ© Ć©normes, Chiara a fondĆ© cette universitĆ© en un clin d’œil et ainsi, tous les professeurs, le personnel administratif et les Ć©tudiants de la premiĆØre heure et ceux qui l’ont rejoint plus tard, ont fait un travail extraordinaire. Nous venons d’activer 4 masters avec diffĆ©rentes spĆ©cialisations : « Économie et gestionĀ Ā» (orientation en « Gestion pour une Ć©conomie civile et durableĀ Ā»), « Sciences politiquesĀ Ā» (orientationĀ  en « FraternitĆ© dans la res publicaĀ Ā»). « Bases thĆ©oriques et lignes opĆ©rationnellesĀ Ā» (et orientation « Gouvernance des biens communsĀ Ā»), « Ontologie trinitaireĀ Ā» (orientation en « ThĆ©ologieĀ Ā» et en « PhilosophieĀ Ā») et « Culture de l’unité » (orientation en « PĆ©dagogie de la communion pour une culture de la paixĀ Ā» et orientation « Processus de communication et mĆ©diation interculturelle et interreligieuseĀ Ā»). L’Ɖcole doctorale est dĆ©sormais une rĆ©alitĆ© consolidĆ©e et nous dĆ©veloppons l’Ɖcole post-doctorale au service des jeunes chercheurs. Chiara Lubich voyait Sophia comme une universitĆ© mondiale, une universitĆ© unique avec diffĆ©rents siĆØges. En AmĆ©rique latine, nous assistons Ć  la naissance de Sophia ALC (AmĆ©rique latine et CaraĆÆbes) et les premiĆØres semences sont Ć©galement visibles en Afrique et en Asie. Notre tĆ¢che sera de considĆ©rer ces projets dans l’esprit d’une Sophia unifiĆ©e qui s’exprime dans la diversitĆ© des contextes dans lesquels elle se dĆ©veloppeĀ Ā». L’urgence du Covid-19 a eu un impact considĆ©rable sur les leƧons : comment l’enseignement se poursuit-il ? « GrĆ¢ce Ć  l’effort de chacun, il a Ć©tĆ© possible de poursuivre les cours, les examens et le programme acadĆ©mique, en utilisant les outils que la technologie offre aujourd’hui. Nous avons Ć©galement activĆ© des sĆ©minaires en ligne consacrĆ©s Ć  la pandĆ©mie pour offrir notre contribution de rĆ©flexion et d’action sur une question aussi dĆ©licate et urgente, et nous l’avons fait Ć  partir des diffĆ©rentes disciplines scientifiques en activant un dialogue interdisciplinaire, international et intergĆ©nĆ©rationnel. La nouvelle annĆ©e universitaire commence normalement sous forme prĆ©sentielle et en ligne pour les Ć©tudiants qui ne pourront pas se rendre Ć  Sophia en raison des restrictions internationales causĆ©es par le Covid-19Ā Ā». Quelles sont les perspectives d’avenir ? Comment voyez-vous Sophia dans 10 ans ? « Sophia a su maintenir son Ć©lan charismatique et Ć  innover en fidĆ©litĆ© au charisme,. Je pense que nous devons continuer sur cette voie : maintenir la fidĆ©litĆ© au charisme avec la spĆ©cificitĆ© qu’il contient pour lire les signes des temps. Le pape FranƧois nous l’a dit par trois paroles – « Sagesse, Alliance, SortieĀ Ā» – qu’il nous a adressĆ©es lors de la rencontre que nous avons eue avec lui en novembre dernier, nous donnant ainsi une rĆ©fĆ©rence sĆ»re pour notre avenir. Je voudrais ainsi dĆ©velopper Sophia sur trois fronts : l’enseignement, en progressant dans la direction entreprise mais avec une attention et une sensibilitĆ© pour rĆ©pondre de maniĆØre adĆ©quate aux besoins Ć©ducatifs des jeunes ; la recherche, en valorisant le dĆ©veloppement des diffĆ©rentes disciplines et en favorisant une interdisciplinaritĆ© toujours plus marquĆ©e, indispensable dans la recherche scientifique actuelle ; la relation avec les autres organismes du Mouvement des Focolari et avec les autres Institutions universitaires et culturelles, afin que le service que nous offrons en faveur du bien commun soit toujours plus incisif. Nous allons essayer de le faire, ensemble, dans l’unitĆ©, avec toute la passion que nous pouvons exprimer. La phase de fondation est terminĆ©e Ć  certains Ć©gards et la phase de consolidation et de dĆ©veloppement commence. Ce qui ne doit pas cesser, c’est l’Ć©lan charismatique, qui doit continuer. En effet, il doit toujours nous accompagner en tant qu’Ć©toile polaire sur le chemin que nous venons de commencer et que nous sommes appelĆ©s Ć  parcourir avec de nombreux compagnons de route avec “joie, vision et dĆ©cision”Ā Ā».

Lorenzo Russo

Une gymnastique utile

La prĆ©sence de JĆ©sus, le RessuscitĆ©, parmi deux personnes ou plus rĆ©unies en son nom est l’un des points fondamentaux de la spiritualitĆ© des Focolari. Le Mouvement, en effet, se sent appelĆ© Ć  “engendrer” sa prĆ©sence dans tous les domaines de l’existence humaine. Mais que faire quand on est seulĀ ? ChiaraĀ Lubich propose une gymnastique spirituelle. Aujourd’hui, il nous arrive souvent de cĆ“toyer, dans le monde où nous vivons, des femmes et des hommes justes et bons mais qui n’Ć©prouvent pas le besoin de croire. Certains en auraient peut-ĆŖtre le dĆ©sir, mais vivant dans un monde qui devrait ĆŖtre chrĆ©tien et souvent ne l’est pas, ils n’ont pas le courage de faire le premier pas. Ils attendent et se rangent parmi ceux qui se disent en recherche. […] Ils attendent, sans doute inconsciemment, de rencontrer un jour JĆ©sus. Et c’est lĆ  […] que l’on constate l’actualitĆ©, l’opportunitĆ© et l’urgence extrĆŖmes de notre spiritualitĆ© et du point en questionĀ : « JĆ©sus au milieu de nousĀ Ā». […] Il atteste et dĆ©montre qu’il n’est pas uniquement une rĆ©alitĆ© d’une Ć©poque rĆ©volue. Il est Celui qui, tenant sa promesseĀ : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’Ć  la fin des temps[1]Ā Ā» est prĆ©sent, vivant, plein de lumiĆØre et d’amour, aujourd’hui encore, au milieu de ceux qui vivent en frĆØres. Ɖtablir sa prĆ©sence au milieu de nous est notre tĆ¢che essentielle. Et nous pouvons y arriver, en mettant en pratique ses commandements, qui se rĆ©sument Ć  vivre le commandement nouveau, Ć  l’exemple de JĆ©sus abandonnĆ©. Cependant vivre ses commandements – a-t-Il dit ‑ est un joug facile Ć  porter et un fardeau lĆ©ger. […] Mais peut-il en ĆŖtre toujours ainsiĀ ? En gĆ©nĆ©ral, oui. Il faut nĆ©anmoins deux ou plusieurs personnes qui soient unies en son Nom. Et quand nous sommes seulsĀ ? Ou bien lorsque les autres ne comprennent pas notre amourĀ ? Nous savons que, si nous Ć©treignons JĆ©sus abandonnĆ© dans ces moments-lĆ , nous pouvons tenir le coup, garder la paix et la joie mĆŖme. Nous pouvons travailler, prier, Ć©tudier et notre cœur peut connaĆ®tre la plĆ©nitude. Toutefois il peut y avoir des moments où dĆ©finir le joug du Seigneur comme facile Ć  porter et son fardeau lĆ©ger peut sembler difficile. Il y a des pĆ©riodes, par exemple, où notre santĆ© chancelle et influe aussi sur tout notre ĆŖtre. Nous sommes portĆ©s Ć  nous replier sur nous-mĆŖmes, ce qui nous rend presque incapables d’entrer en relation avec les autres. […] Ou il y a aussi les morts inattendues ou les Ć©vĆ©nements imprĆ©vus qui nous coupent la respiration. Et il nous semble difficile que d’autres puissent comprendre. Ou bien c’est l’arrivĆ©e d’une maladie qui pourrait ĆŖtre mortelle… Ou…, ou… Dieu permet toutes ces circonstances douloureuses pour nous faƧonner par ce moyen, dont on ne peut faire abstraction dans le christianisme et que JĆ©sus lui-mĆŖme a Ć©prouvé : la croix. Comment devons-nous nous comporter dans ces casĀ ? Essayons de nous rĆ©jouir, au moins par la volontĆ©, parce que nous sommes un peu comme Lui, abandonnĆ©, et mettons toutes nos prĆ©occupations dans le cœur du PĆØre[2]. Demeurons dans une offrande continuelle, aidĆ©s par la grĆ¢ce du moment, qui ne manquera pas, jusqu’Ć  ce que Dieu fasse retrouver la pleine sĆ©rĆ©nitĆ© Ć  notre Ć¢me Ć©prouvĆ©e. Rappelons-nous cependant que nous devons toujours aimer nos frĆØres, bien sĆ»r comme et autant que cela nous est possible. Confions-nous Ć  eux, au moins pour l’essentiel, en leur disant par exempleĀ : « Je traverse une Ć©preuve…Ā Ā» Disons-le par amour, pour ne pas nous soustraire Ć  la communion. Communiquer, du reste, est toujours le meilleur tonique, en toutes circonstances. Ainsi, JĆ©sus au milieu de nous […] nous aidera Ć  surnager aussi dans ces moments-lĆ . Il nous montrera que, toujours et quoi qu’il arrive, son joug peut ĆŖtre facile Ć  porter et son fardeau lĆ©ger.

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Chiara Lubich

Ā (Extrait d’une confĆ©rence tĆ©lĆ©phonique, 24Ā avril 1997, Rocca di Papa) [1] MtĀ 28,Ā 20. [2](cf.Ā 1Ā PĀ 5,7)

Le premier fils religieux de Chiara Lubich

Le premier fils religieux de Chiara Lubich

Le pĆØre Bonaventura Marinelli OFMCap, le premier religieux qui a suivi Chiara Lubich, s’est Ć©teint Ć  l’Ć¢ge de 100 ans. Le pĆØre Fabio Ciardi se souvient de lui. Je me suis souvenu de lui, il y a quelques jours, Ć  l’occasion de la fĆŖte de Saint Bonaventure. PĆØre Bonaventura Marinelli est parti au ciel le 1er aoĆ»t 2020, Ć  l’Ć¢ge de 100 ans, pour cĆ©lĆ©brer au ciel le centenaire de Chiara Lubich, son insĆ©parable contemporaine. Quelle amitiĆ© profonde et fidĆØle ! Ayant vĆ©cu Ć  Trente au couvent des Capucins de 1942 Ć  1946 en tant qu’étudiant en thĆ©ologie et jeune religieux, il a Ć©tĆ©, comme il aimait Ć  le dire, un « tĆ©moin oculaire Ć  distanceĀ Ā» des dĆ©buts du mouvement des Focolari. ƀ distance, car Ć  cette Ć©poque, les contacts Ć©troits n’Ć©taient pas autorisĆ©s. Pourtant, il Ć©tait un tĆ©moin oculaire parce qu’il voyait comment vivaient ces extraordinaires « tertiaires franciscainesĀ Ā». « AprĆØs le bombardement de 1944, dit-il dans une longue conversation, nous avions sans cesse sous les yeux Chiara et ses compagnes. Elles venaient Ć  la messe, non pas dans notre Ć©glise qui avait Ć©tĆ© dĆ©truite par les bombardements, mais dans la sacristie, qui Ć©tait encore plus petite et nous Ć©tions aussi plus proches. Je me souviens que pour moi, c’Ć©tait une impression trĆØs profonde Ć  chaque fois. De nature assez timide, j’ai du mal Ć  faire des rencontres mais je me souviens qu’en faisant la quĆŖte pendant l’Ć©tĆ©, Ć  partir de 1943, il m’était de plus en plus facile de rencontrer les familles, les personnes, les enfants, etc. Ce n’Ć©tait pas dĆ» Ć  ma nature ; cette nouvelle faƧon de voir me venait de la vie que je voyais enĀ­ Chiara et ses compagnes. En 1946, mes supĆ©rieurs m’envoyĆØrent Ć  l’universitĆ© en Suisse ; j’Ć©tais dĆ©jĆ  prĆŖtre depuis un an. Les premiers mois, j’ai reƧu des lettres de mes compagnons avec lesquels j’avais fait le pacte d’unitĆ©. ƀ un moment donnĆ©, ce fut le nĆ©ant, le silence : l’enquĆŖte du Saint-Office avait commencĆ©, mais je ne le savais pas. Pour ma part, ce fut un glissement progressif vers un sentiment de dĆ©solation indicible, jusqu’au 23 avril 1948. Ce jour-lĆ , j’Ć©tais allĆ© Ć  Trente pour aller voter et ce matin-lĆ , avant de rentrer en Suisse, j’ai rencontrĆ© Chiara. Elle m’a replongĆ© dans la fĆŖte mais, de faƧon plus profonde et j’ai compris que ce qui importe, c’est aimer. J’avais l’impression de toucher le ciel du doigt. Lorsque je suis arrivĆ© Ć  Fribourg, je lui ai Ć©crit une lettre, la premiĆØre lettreĀ Ā». Ainsi commence une correspondance qui permet Ć  Chiara de communiquer ce qu’elle vit Ć  cette Ć©poque. GrĆ¢ce au PĆØre Bonaventura, nous disposons aujourd’hui d’un patrimoine inestimable d’Ć©crits dont certains sont trĆØs connus, comme la lettre du 30 mars 1948, où elle lui confie : « Le livre de lumiĆØre que le Seigneur Ć©crit dans mon Ć¢me a deux aspects : une page Ć©tincelante d’amour mystĆ©rieux : UnitĆ©. Une page Ć©tincelante de douleur mystĆ©rieuse : JĆ©sus abandonné ». Ces lettres tĆ©moignent de la relation profonde qui s’est vite Ć©tablie entre les deux. 11 mai 1948 : « Votre lettre m’a confirmĆ© la pensĆ©e que je m’Ć©tais faite de votre Ć¢me, trĆØs aimĆ©e du Seigneur, et je voudrais en un instant, en un Ć©clair, vous donner tout ce qui m’appartient, tout ce que Dieu a construit en moi en profitant de mon nĆ©ant, de ma faiblesse, de ma misĆØre. (…) Ce que je veux vous Ć©crire aujourd’hui, c’est que l’unitĆ© que Dieu a faite, nous ne devons pas la briser. (…) Saint FranƧois n’est pas heureux tant que vous ne l’avez pas revĆ©cu et que vous ne l’avez pas fait revivre chez ses frĆØres. – Commencez. Il rĆ©ussiraĀ Ā». 8 septembre 1948 : « Quelle joie m’avez-vous donnĆ©e par votre lettre!Ā Il y a JĆ©sus. Je l’ai senti dans votre soif de « vie »­, dans l’optimisme qu’elle contient et qui dĆ©borde ici et lĆ , surtout dans la paix qui gĆ©nĆØre le dĆ©sir de L’aimer plus, davantage. Soyez assurĆ© que – jusqu’Ć  ce que je ne quitte JĆ©sus (et quand le sera-t-il ? Je L’aurai encore plus au Paradis) – je continuerai Ć  suivre votre Ć¢me avec un soin attentif et fraternelĀ Ā». Ā­27 janvier 1951 : « Vous ne pouvez pas imaginer Ć  quel point votre Ć¢me « pĆ©nĆØtreĀ Ā» (littĆ©ralement ! … presque Ć  en ressentir l’effet physique !) dans la mienneĀ Ā». Je me souviens de la joie qu’ils ont Ć©prouvĆ©e lorsqu’ils se sont rencontrĆ©s et avec quel naturel ils se parlaient en trentain… Ils Ć©taient du mĆŖme Ć¢ge et pourtant il se sentait comme un disciple et elle comme sa mĆØre. Dans l’une des premiĆØres lettres, Chiara a simplement signĆ© « s.m.Ā Ā», que Bonaventura a immĆ©diatement interprĆ©tĆ© comme « sa mĆØreĀ Ā». Les rĆ©ponses sont signĆ©es « s.f.Ā Ā» (son fils) et Chiara comprenait. Une focolarine se souvient que Chiara, en le saluant en 2000, a dit : « Mon premier fils religieux!Ā Ā» La vie du PĆØre Bonaventura est riche: Il devient professeur d’Écriture Sainte, traducteur de commentaires bibliques Ć  partir de l’allemand, il assume des charges importantes dans son Ordre : il est provincial, formateur, dĆ©finiteur gĆ©nĆ©ral. Il est ensuite appelĆ© par Chiara pour diriger le Centre international de spiritualitĆ© pour les religieux Ć  Castel Gandolfo (Rome) et Ć  Loppiano, la citĆ©-pilote des Focolari en Italie. Timide et d’une extraordinaire humilitĆ©, il a su tĆ©moigner sans ostentation et avec sincĆ©ritĆ© de l’IdĆ©al que Chiara lui avait transmis. « Un vrai enfant Ć©vangĆ©lique dans la sagesse et la simplicitĆ© de la vieĀ Ā», a Ć©crit un confrĆØre. Les souvenirs personnels ne manquent pas, Ć  commencer par le jour où, en 1978, nous sommes partis ensemble au Canada pendant un mois pour animer une Ć©cole de formation de religieux. J’ai ensuite vĆ©cu en communautĆ© avec lui Ć  Castel Gandolfo. Entre autres, dans mon journal, le 10 novembre 1999, alors qu’il nous avait dĆ©jĆ  quittĆ©s pour une nouvelle tĆ¢che, j’ai lu Ć  propos d’une de ses visites : « Bonaventura arrive, et il y a un air de fĆŖte comme d’habitudeĀ Ā». J’ai Ć©tĆ© frappĆ© par ce « comme d’habitudeĀ Ā». Mais le plus beau moment a peut-ĆŖtre Ć©tĆ© le 18 mars 2008, lorsque nous avons assistĆ© ensemble aux funĆ©railles de Chiara Ć  Rome, dans la basilique Saint-Paul-hors-les-murs. ƀ la fin de la cĆ©lĆ©bration, il m’a demandĆ© de l’accompagner auprĆØs du cercueil, rompant ainsi le strict protocole. Il Ć©tait dĆ©sormais Ć¢gĆ© et avait du mal Ć  s’abaisser. ArrivĆ© devant le cercueil, il s’agenouilla, l’embrassa et donna un baiser. Moi aussi, je me suisĀ  agenouillĆ© pour dĆ©poser un baiser sur le cercueil (mais l’expression ne rend pas car c’Ć©tait vraiment embrasser Chiara). C’Ć©tait comme si un barrage se brisait : tout le monde se mit Ć  entourer le cercueil et Ć  l’embrasser… Mais le geste de Bonaventura demeura le geste unique d’un fils envers sa mĆØre. Il m’a aussi toujours aimĆ©. Dans l’une de ses derniĆØres lettres, il m’écrivait : « Je me souviens de toi et je m’en souviendrai toujours avec gratitude et j’espĆØre d’avoir encore la joie de te rencontrer personnellement. Ce matin, je t’ai confiĆ© spĆ©cialement Ć  saint FranƧois. Je t’embrasse !Ā Ā».

Ā PĆØre Fabio Ciardi OMI

Liban – lettre de la communautĆ© des Focolari

Liban – lettre de la communautĆ© des Focolari

Nous sommes reconnaissants pour la solidaritĆ© reƧue et l’engagement Ć  ressusciter un pays messager de paix, avec les diffĆ©rentes communautĆ©s religieuses.Ā  Le Liban, comme nous le savons, est un pays encore sous le choc. Beyrouth, ville mĆ©connaissable, a un visage apocalyptique : destruction, tensions extrĆŖmes, douleur, colĆØre, entraĆ®nant des Ć©pisodes de violence. Et c’est prĆ©cisĆ©ment de cette terre blessĆ©e qu’est partie, il y a un jour, une lettre de la communautĆ© du mouvement des Focolari au Liban, adressĆ©e Ć  tous les membres du Mouvement dans le monde. « Par ces lignes, – lit-on dans la lettre – nous voudrions adresser Ć  chacun de vous un remerciement personnel, Ć©mu, profond, immense pour la proximitĆ© immĆ©diate qui nous a Ć©tĆ© manifestĆ©e de toutes les coins du monde, des grands et des petits, des lointains et des proches, par des appels tĆ©lĆ©phoniques et des messagesĀ Ā». « En nous rĆ©veillant chaque jour – continuent les membres de la communautĆ© des Focolari – et en dĆ©couvrant de plus en plus l’immensitĆ© de la catastrophe, les dĆ©gĆ¢ts matĆ©riels, les nombreux hĆ“pitaux rendus inutilisables, l’air polluĆ© que nous respirons, nous nous sentons comme des « survivantsĀ Ā». Chacun de nous aurait pu ĆŖtre sur les lieux du drame ou peut-ĆŖtre l’Ć©tait-il et une main providentielle lui a fait changer de piĆØce. Cependant, nous nous retrouvons dans les propos d’une jeune femme, tout juste sortie d’un ascenseur Ć©ventrĆ© par l’explosion : nous rĆ©alisons qu’une nouvelle vie nous a Ć©tĆ© donnĆ©eĀ Ā». Ils parlent ensuite de rues, où tout semble crier au dĆ©sespoir, « de nombreuses personnes du nord au sud, appartenant aux diffĆ©rentes communautĆ©s religieuses, s’affairent Ć  dĆ©blayer les dĆ©combres, apportant Ć  chacun Ć  sa maniĆØre, le tĆ©moignage que la “rĆ©surrection” vaincra sur la mort de la ville, du pays, des rĆŖves de beaucoupĀ Ā». Avec vous, – concluent-ils – nous voulons aller de l’avant pour qu’un Liban renaisse comme messager de paix, d’unitĆ©, de fraternitĆ© entre tous, une Ć©bauche d’un monde uni.

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Recueilli par Anna Lisa Innocenti

________________________________________ La coordination d’urgence du mouvement des Focolari qui interviendra par le biais des organisations de l’UMA et de l’APN a Ć©tĆ© activĆ©e. Pour ceux qui souhaitent aider, les comptes courants suivants ont Ć©tĆ© activĆ©s :

Action pour un Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN: IT58 S050 1803 2000 0001 1204 344 Code SWIFT/BIC: CCRTIT2T auprĆØs de la Banca Popolare Etica

Action pour les Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN: IT11G0306909606100000001060 Code SWIFT/BIC: BCITITMM auprĆØs de la Banca Intesa San Paolo

MOTIF: Urgence Liban ——————————————————- Les contributions versĆ©es sur les deux comptes courants Ć  cette intention seront gĆ©rĆ©es conjointement par l’AMU et l‘AFN. Pour ce type de dons, des avantages fiscaux sont prĆ©vus dans de nombreux pays de l’Union EuropĆ©enne et dans d’autres pays du monde, suivant les rĆ©glementations locales.

Bon anniversaire Danilo!

Bon anniversaire Danilo!

Danilo Zanzucchi a 100 ans. Focolarino mariĆ© – l’un des premiers sur les pas d’Igino Giordani – Danilo deviendra vite, avec sa femme Anna Maria, le couple responsable de Familles Nouvelles au niveau mondial. Chiara a toujours eu une prĆ©dilection pour ce jeune ingĆ©nieur qui, aprĆØs avoir Ć©difiĆ© ses premiĆØres constructions importantes dans le nord de l’Italie (Ā« encore toutes debout Ā» assure fiĆØrement Danilo), laisse une carriĆØre prometteuse pour s’installer dans la capitale et collaborer Ć  plein temps en tant que famille aux objectifs du Mouvement. Mais l’estime de Chiara pour Danilo tenait surtout au fait qu’il avait su cueillir dans son intĆ©gritĆ© le charisme que l’Esprit lui avait confiĆ©. Parmi ses premiĆØres tĆ¢ches, la collaboration aux construction du Centre Mariapoli Ć  Rocca di Papa, qui deviendra le siĆØge international du Mouvement. Focolarino mariĆ© – l’un des premiers sur les pas d’Igino Giordani – Danilo deviendra vite, avec sa femme Anna Maria, le couple responsable de Familles Nouvelles au niveau mondial. Au cours des dĆ©cennies qui suivront, ils vont mettre au point une pastorale familiale novatrice et efficace, apprĆ©ciĆ©e sous toutes les latitudes en raison de la riche spiritualitĆ© qui l’inspire et de son ouverture aux exigences du monde actuel. Danilo n’est pas non plus passĆ© inaperƧu des sommitĆ©s ecclĆ©siastiques, touchĆ©es par sa prĆ©sence brillante, ses compĆ©tences et son intĆ©rioritĆ©. PrĆ©sident diocĆ©sain des hommes catholiques Ć  Parme (Italie), il deviendra, une fois Ć  Rome, consulteur, puis membre du dicastĆØre du Vatican pour la famille. Ces derniĆØres responsabilitĆ©s leur ont permis, Ć  Anna Maria et lui, d’être plusieurs fois invitĆ©s chez le pape Jean-Paul II et de devenirĀ testimonialĀ des reportages sur la famille dans les Ć©missions tĆ©lĆ©visĆ©es, y compris en mondovision. Lors d’une visite (en 1984) au centre international du Mouvement, le pape polonais, accueilli par Danilo, n’a pas hĆ©sitĆ© Ć  le nommer sympathiquement Ā«ministre des affaires Ć©trangĆØres des FocolariĀ». La collaboration a continuĆ© avec BenoĆ®t XVI, qui leur a par exemple demandĆ© d’écrire le texte pour un chemin de croix qu’il prĆ©sidait au ColisĆ©e de Rome (en 2012). Danilo fĆŖte ses cent ans avec auprĆØs de lui Anna Maria (90 ans), leurs 5 enfants (dont 2 sont focolarini et 2 focolarini mariĆ©s), leurs 12 petits-enfants et toute la famille des Focolari, en particulier les innombrables familles de tous les continents pour lesquelles il a Ć©tĆ© avec Anna Maria un exemple, un confident, un guide, restant pour chacune un point de rĆ©fĆ©rence aimable et sĆ»r. Sa condition psychique et physique demeure excellente, alors qu’il y a des annĆ©es de cela, Chiara elle-mĆŖme, avec nous tous, avait tremblĆ© pour sa santĆ©. Il arrive Ć  se rendre Ć  la messe presque chaque jour et il n’est pas rare de le voir participer aux rencontres de son focolare et Ć  celles des familles-focolare. En raison peut-ĆŖtre du dessein particulier dont il est investi, le Seigneur l’a prĆ©servĆ© lors de deux Ć©pisodes importants durant la deuxiĆØme guerre mondiale. Danilo raconte volontiers que s’il n’y avait pas eu la bourrade providentielle d’un compagnon d’armes qui l’a propulsĆ© ailleurs, il aurait Ć©tĆ© tuĆ© par la bombe qui a explosĆ© juste Ć  l’endroit où il se trouvait. Plus tard, il a Ć©tĆ© sauvĆ© du peloton d’exĆ©cution dĆ©jĆ  alignĆ© par sa connaissance de la langue allemande. Aujourd’hui encore, pour adoucir des moments un peu difficiles, il peut arriver que Danilo dĆ©cide de faire goĆ»ter un de ses fameux discours retentissants dans cette langue, ce qui remet tout le monde de bonne humeur Ć  cause des licences lexicales qu’il s’autorise. La gratitude de tout le Mouvement Familles Nouvelles pour ce siĆØcle de vie de Danilo, toute donnĆ©e Ć  Dieu et aux frĆØres, va Ć  sa grande figure d’homme, un homme de foi et d’œuvres. Merci Danilo d’être un gĆ©ant de droiture et de tendresse, un exemple de simplicitĆ© et de sagesse, de la trempe d’un chef et d’un artiste: un saint de la porte d’à cĆ“tĆ©. Merci aussi, Danilo, de n’avoir jamais cessĆ©, mĆŖme maintenant que tu as cent ans, d’incarner l’enfant de l’Évangile qui transparaĆ®t depuis toujours de ton ĆŖtre, de tes paroles, de ton humour subtil, de tes aquarelles, de tes innombrables dessins, souvent improvisĆ©s sur des serviettes en papier, qui captent et expriment magistralement le meilleur de chacun des protagonistes Ć  qui ils sont dĆ©diĆ©s. Sur le site Web des Nouvelles Familles

L’amour par excellence

La pandĆ©mie du Coronavirus est l’épreuve du feu, non seulement pour les systĆØmes de santĆ©, mais aussi pour les dirigeants politiques, tant Ć  l’échelon local qu’au niveau international. L’extrait suivant, d’un discours de ChiaraĀ Lubich peut Ć  juste titre ĆŖtre qualifiĆ© d’« hymne Ć  la politiqueĀ Ā». C’est un dĆ©fi pour tous les responsables politiques, et cela peut remplir de gratitude le cœur des citoyens envers tous ceux qui, jour aprĆØs jour, doivent faire des choix courageux. […] Si les nouveaux Mouvements s’intĆ©ressent en gĆ©nĆ©ral aux problĆØmes de la sociĆ©tĆ© humaine, le Mouvement des Focolari a Ć©galement donnĆ© naissance Ć  une expression politiqueĀ : le Mouvement politique pour l’unitĆ©, dont le but spĆ©cifique est prĆ©cisĆ©ment la fraternitĆ© dans ce domaine. […] On a compris, avant tout, qu’il existe une vĆ©ritable vocation Ć  la politique. Le croyant y reconnaĆ®t clairement la voix de Dieu qui l’appelle Ć  une tĆ¢che prĆ©cise. On peut aussi, sans ĆŖtre croyant, se sentir appelĆ© Ć  agir en politique pour rĆ©pondre Ć  un besoin social, pour dĆ©fendre une catĆ©gorie plus faible… RĆ©pondre Ć  une vocation politique est d’abord un acte de fraternitĆ©. On descend dans l’arĆØne pour le bien public, pour le bien des autres comme si c’était le nĆ“tre. Le rĆ“le de l’amour en politique est de crĆ©er et de maintenir les conditions qui favoriseront les autres expressions de l’amourĀ : l’amour des jeunes qui veulent se marier et ont besoin d’un logement et d’un travailĀ ; l’amour des Ć©tudiants qui ont besoin d’écoles et de livresĀ ; l’amour des entrepreneurs qui pour dĆ©velopper leur entreprise, ont besoin de routes, de chemins de fer, de normes prĆ©cises… La politique est donc l’amour par excellence qui permet la collaboration entre les personnes car elle est la plateforme où se rencontrent les besoins et les ressources et elle favorise un climat de confiance entre les uns et les autres. La politique peut ĆŖtre comparĆ©e Ć  la tige d’une fleur qui soutient et nourrit en continu l’éclosion continue des pĆ©tales de la communautĆ©. Dans le Mouvement politique pour l’unitĆ©, nous constatons que si l’on vit l’engagement politique comme une vocation Ć  l’amour, l’on est amenĆ© Ć  comprendre que ceux qui ont fait un choix politique diffĆ©rent du nĆ“tre ont dĆ» ĆŖtre poussĆ©s Ć  l’origine par une mĆŖme vocation Ć  l’amourĀ ; qu’ils font partie – d’une certaine faƧon – du mĆŖme projet que le nĆ“tre, mĆŖme s’ils se prĆ©sentent comme des adversaires politiques. La fraternitĆ© permet de reconnaĆ®tre leur rĆ“le, de le respecter, voire de les aider par une critique constructive Ć  y ĆŖtre fidĆØles, tout comme nous nous efforƧons d’être fidĆØles au nĆ“tre. Dans le Mouvement politique pour l’unitĆ©, on pense que l’esprit de fraternitĆ© devrait rĆ©gner Ć  tel point qu’il devrait ĆŖtre possible de parvenir Ć  aimer le parti de l’autre comme le sien, sachant qu’aucun parti n’est nĆ© du hasard mais bien d’une exigence historique qui s’est fait jour dans la communautĆ© nationale. L’esprit de fraternitĆ© fait ressortir les valeurs authentiques de chacun et Ć©difie le projet politique d’une nation. Certaines initiatives des membres du Mouvement politique pour l’unitĆ© en tĆ©moignentĀ ; elles visent Ć  Ć©tablir des relations fraternelles entre la majoritĆ© et l’opposition au niveau parlementaire ou municipal. Ces initiatives ont abouti Ć  des lois de l’État ou Ć  des politiques locales qui ont uni les communes concernĆ©es. Celui qui, pour rĆ©pondre Ć  sa vocation politique, se met Ć  vivre de cette faƧon la fraternitĆ© s’insĆØre dans une dimension universelle qui l’ouvre sur toute l’humanitĆ©. Il s’interroge pour savoir si telle dĆ©cision, qui correspond aux intĆ©rĆŖts de sa nation, ne va pas nuire aux autres. Le responsable politique de l’unitĆ© aime la patrie d’autrui comme la sienne.

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  ChiaraĀ Lubich

Extrait du discours de ChiaraĀ Lubich au siĆØge du Mouvement EuropĆ©en, Madrid (Espagne), le 3Ā dĆ©cembre 2002Ā : « L’Europe unie pour un monde uni.Ā Ā»

Ɖvangile vĆ©cu/1 – Ancrage

Tout peut arriver dans la vie : des situations heureuses ou difficiles, des deuils, des victoires ou des dĆ©faites. Mais nous pouvons faire face Ć  toutes les circonstances sous la banniĆØre d’un seul dĆ©nominateur commun : la relation avec Dieu. Les circonstances seront toujours diffĆ©rentes, mais Lui sera toujours prĆ©sent, toujours avec nous. Quarantaine « DemainĀ Ā», disait le mĆ©decin, « nous vous mettrons en quarantaineĀ Ā». J’avais l’impression d’être une pestifĆ©rĆ©eĀ ! Je savais que quelqu’un Ć©tait mort de ce mal. Mourir ! Je n’avais pas eu peur de la douleur de la derniĆØre bataille pour la vie, mais je sentais dans mon cœur le dĆ©tachement des miens, aiguisĆ© comme une Ć©pĆ©e. Je ne leur avais pas dit au revoir. Et maintenant… je ne les reverrai peut-ĆŖtre jamais. J’ai pleurĆ©. Et pourtant, mourir signifiait rencontrer le JĆ©sus que j’aimais. Mais il m’a semblĆ© que l’amour donnĆ© et reƧu ici sur terre par tant de personnes m’attachait ici et l’envol vers le ciel me semblait laborieux. Je connaissais ces derniers, ainsi que celui que je ne connaissais pas encore bien. Pourtant, j’avais toujours essayĆ© d’aimer JĆ©sus dans chaque prochain : parents, amis, connaissances, inconnus ! « C’Ć©tait toi, JĆ©sus, que j’ai aimĆ© et trouvĆ© en chacun, le mĆŖme que – si je meurs maintenant – je rencontreraiĀ Ā». Cette derniĆØre pensĆ©e m’a lentement donnĆ© la paix. Je suis restĆ©e longtemps isolĆ©e avec les hauts et les bas de la maladie, mais enveloppĆ©e par une prĆ©sence mystĆ©rieuse avec la possibilitĆ© de parler Ć  Celui qui m’Ć©coutait et que je pouvais Ć©couter. M. – Italie GrossiĆØretĆ© Ć  l’Ć©cole Je ne sais pas si j’ai vieilli ou si la gĆ©nĆ©ration a dĆ©finitivement changĆ©. J’en ai parlĆ© avec mes collĆØgues enseignants et nous sommes tous arrivĆ©s Ć  la conclusion que, malheureusement, l’Ć©ducation de base fait dĆ©faut. Il ne s’agit pas seulement d’un manque de respect envers les enseignants, où l’on constate une attitude de jugement effrontĆ© envers les enseignants de la part des parents Ć©galement, mais un manque total d’attention envers les autres. Dans une des classes les plus difficiles, aprĆØs un malheureux succĆØs, j’ai fait remarquer que dans chaque culture et tradition il y a une rĆØgle de base de la coexistence : « Faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fasseĀ Ā». Et j’ai demandĆ© aux Ć©lĆØves si une telle rĆØgle leur semblait acceptable. AprĆØs un grand silence, un Ć©lĆØve a commencĆ© Ć  parler, puis une autre… et Ć  la fin un vrai dialogue s’est instaurĆ©. Depuis ce jour, quelque chose a changĆ© : presque invisiblement, mais quelque chose a changĆ©. Une fois de plus, il fallait que je croie Ć  nouveau. Les jeunes ont besoin de points d’ancrages rĆ©els et solides. C. – Espagne J’Ć©tais tentĆ© d’Ć©migrer… SpĆ©cialiste des maladies infectieuses, en raison de la carence des structures sanitaires, du manque d’hygiĆØne et des salaires insignifiants, j’Ć©tais tentĆ© d’Ć©migrer comme de nombreux collĆØgues. Cependant, aprĆØs avoir rĆ©flĆ©chi avec ma femme, j’ai dĆ©cidĆ© de continuer Ć  servir mes frĆØres dans notre pays. Avec le soutien d’amis chrĆ©tiens Ć  l’Ć©tranger, il a Ć©tĆ© possible de construire une structure sanitaire complĆØte avec un laboratoire d’analyse et de garantir des mĆ©dicaments spĆ©cifiques mĆŖme pour les plus pauvres. Outre le dĆ©veloppement d’activitĆ©s productives visant Ć  amĆ©liorer l’alimentation de base, on a Ć©galement essayĆ© d’assurer un soutien psychosocial aux malades et Ć  leurs familles. M.- RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo

Stefania Tanesini

Maria Voce sur « Chiara-après »

Maria Voce sur « Chiara-après »

Aujourd’hui sort en librairie – en italien pour l’instant -, « Luce che avvolge il mondoĀ Ā» (« Une lumiĆØre qui recouvre le mondeĀ Ā»), le nouveau livre de Maria Voce, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, publiĆ© par CittĆ Ā Nuova Editrice. Une relecture approfondie et courageuse des fondements de la spiritualitĆ© de l’unitĆ© Ć  la lumiĆØre des questions des hommes et des femmes de notre temps et de l’avenir Ć  court terme. « Luce che avvolge il mondoĀ Ā» est, selon toute probabilitĆ©, son dernier livre en tant que PrĆ©sidente, et il faut dire que nous trouvons ici, plus que dans tout autre texte produit par Maria Voce au cours de ses 12Ā annĆ©es Ć  la tĆŖte des Focolari, toute sa pensĆ©eĀ : les fondements de son action, son hĆ©ritage, mais aussi son vĆ©cu durant la pĆ©riode trĆØs dĆ©licate qui a suivi la mort d’une fondatrice charismatique comme Chiara Lubich. Oui, car dans ce volume, qui mĆ©rite d’être lu lentement et mĆ©ditĆ©, et qui requiert le temps d’une rĆ©flexion approfondie, nous trouvons toute l’adhĆ©sion spirituelle, culturelle et vitale de Maria Voce au charisme de l’unitĆ©. Cet ouvrage contient une sĆ©rie de discours, prononcĆ©s Ć  diffĆ©rentes occasions, sur les douze points fondamentaux de la spiritualitĆ© des Focolari – Dieu Amour, la VolontĆ© de Dieu, la Parole, le frĆØre, l’amour rĆ©ciproque, l’Eucharistie, l’UnitĆ©, JĆ©sus AbandonnĆ©, Marie, l’Église, l’Esprit Saint, JĆ©sus au milieu de nous – complĆ©tĆ©s Ć  un rythme annuel, tout au long de ses deux mandats. « Maria n’a pas voulu rĆ©pĆ©ter, mais relire – explique dans la prĆ©face son ami Andrea Riccardi. Elle a relu le message et le charisme de Chiara dans une Ɖglise et un monde qui ont changĆ©. Car les mouvements spirituels se dĆ©veloppent dans une tension profonde entre la fidĆ©litĆ© aux origines et au charisme d’une part et, d’autre part, dans l’exploration de la vie et de l’histoire de demain […], un exemple singulier et remarquable de cette fidĆ©litĆ© crĆ©ative qui est demandĆ©e aux disciples – en particulier les responsables – des fondateurs et des fondatrices.Ā Ā» Dans quel espritĀ ? Se demande Jesùs Moran, le Co-prĆ©sident des Focolari, dans l’introduction. L’esprit de l’actualisationĀ : « Maria Voce, dans ces thĆØmes, ne rĆ©pĆØte pas ceux dĆ©veloppĆ©s par Chiara dans le passĆ©, elle les actualise (…), elle nous donne sa comprĆ©hension des points de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, en puisant directement Ć  la source de l’inspiration de Chiara Lubich. Elle met en mĆŖme temps l’accent sur d’ultĆ©rieures significations et fait rĆ©sonner des tonalitĆ©s non exprimĆ©es jusque-lĆ , interpellĆ©e aussi par les questions que se posent de plus en plus les membres du Mouvement des Focolari, au contact des vicissitudes de l’histoire prĆ©sente de l’Ɖglise et de l’humanitĆ©.Ā Ā» Page aprĆØs page, Maria Voce s’arrĆŖte sur plusieurs questions que se pose aujourd’hui, de faƧon plus ou moins explicite, le peuple des Focolari, telle celle-ciĀ : « Que demande donc Dieu aux membres du MouvementĀ ? Il demande Ć  chacun de s’investir dans son propre milieu, impliquant dans l’unitĆ© ceux qui sont proches de lui, tout en restant ouvert Ć  tous les autres. Cela serait suffisant, disait encore Chiara dans cette circonstance. Et elle soulignait avec force que Dieu veut avant tout de nous que nous nous ā€˜ā€™fassions un’’ avec le frĆØre qui est prĆØs de nous, avec celui qui chemine avec nous dans la vie, avec ceux avec qui nous entrons en contact jour aprĆØs jour, ceci aussi – dans la mesure du possible – Ć  travers les moyens de communication. Nous sommes donc appelĆ©s Ć  vivre l’unitĆ©, jour aprĆØs jour, Ć  chaque instant de notre vie, comme c’était le cas au dĆ©but.Ā Ā» Elle propose Ć©galement sa lecture personnelle face aux ombres et aux lumiĆØres, dans la progression du Mouvement des Focolari, Ć  un moment comme celui-ci, où la pandĆ©mie a remis en cause bien des choses, tant au niveau personnel que communautaire, notamment en vue de la prochaine assemblĆ©e de 2021, au cours de laquelle le Mouvement devra Ć©lire la nouvelle prĆ©sidente et les postes de direction : « En cette pĆ©riode, il nous semble que Dieu nous pousse Ć  Ć©tendre les semailles dans des domaines nouveaux et plus vastes, sans craindre la diminution des forces ou la perte de positions rejointes, mais en assistant joyeusement Ć  l’ouverture d’horizons toujours nouveaux et Ć  la floraison d’innombrables petites cellules d’Église vivantes, rĆ©parties dans le monde entier, partout où deux ou plus sont prĆŖts Ć  s’aimer rĆ©ciproquement et vont Ć  la rencontre des hommes afin que, comme le souhaite le Pape FranƧois, les hommes rencontrent Dieu.Ā Ā» Une lecture Ć  faire avec attention aujourd’hui pour nous enrichir d’une comprĆ©hension du prĆ©sent et regarder l’avenir proche avec l’optimisme typique de Maria Voce, qui n’est certainement pas naĆÆf, car fondĆ© sur la parole Ć©vangĆ©lique de l’unitĆ© et sur la vie qui en a jailli dans le monde entier.

Stefania Tanesini