Mouvement des Focolari
On joue à donner toujours plus

On joue à donner toujours plus

Ce peuple né de l’Evangile, présent dans le monde entier, compte aussi des filles et des garçons qui partagent la spiritualité de l’unité ; ils la vivent au quotidien, avec la sensibilité particulière qui est la leur. Lors de leur dernier congrès mondial, une petite fille coréenne a posé cette question à Chiara Lubich : «Tu nous apprends à toujours donner, sans jamais rien garder. Mais moi, je n’ai pas beaucoup de choses à donner. Qu’est-ce que je peux faire?»

La réponse s’est traduite par un album très coloré, qui illustre les mille manières de donner :

Prêter un crayon; aider maman à la cuisine; apprendre un jeu à un camarade qui ne le connaît pas; écouter quelqu’un qui a envie d’être écouté; répondre gentiment; partager son goûter; dire “bonjour” avec amour; pardonner; donner un sourire; donner son aide aux pauvres; tenir compagnie à quelqu’un; offrir un cadeau; donner un coup de main; donner de la joie; donner une nouvelle qui fera plaisir. Quelques flashes du monde entier:

Donner une nouvelle qui fait plaisir

Dans une très grande ville du Mexique, Cecilia, Martina et Alexandra ont été invitées à raconter leurs expériences à la radio locale. Elles se sont préparées ensemble et elles ont demandé à Jésus de les aider. Cecilia a raconté quelque chose sur l’art d’aimer, et Alexandra a raconté comment elle a aimé quelqu’un qui était son ennemi. Martina dit au micro: “On a décoré une tirelire où on met de l’argent pour les enfants pauvres. Tout l’argent qu’on me donne, je le mets de côté pour acheter des friandises, que je revends pour gagner encore plus d’argent pour les pauvres, parce que dans chaque pauvre il y a Jésus qui me dira: ‘C’est à moi que tu l’as fait’. Cette année, avec l’argent mis de côté, nous avons acheté des couvertures et des pull-overs pour les pauvres qui sont à la porte de l’église”.

Consoler

Un jour, je jouais avec mon petit frère, pendant que mon autre frère faisait la sieste. Maman m’a envoyé au marché acheter des bananes et des légumes. Quand je suis rentré, mon petit frère qui faisait la sieste était réveillé et il pleurait. J’ai pensé “C’est Jésus”, et je l’ai fait jouer avec moi. Pour lui faire plaisir on a joué aux billes, parce que c’est le jeu qu’il aime le plus. J’étais très content et tout s’est très bien passé. (T. – Madagascar)

Tenir compagnie

Un après-midi, j’étais très fatigué et il faisait très chaud. Des camarades m’ont invité à jouer au ballon, mais le soleil était tellement fort que je n’avais pas du tout envie d’y aller. Après, j’ai pensé que je pouvais les aimer et j’y suis allé. Au bout d’un moment, un de mes camarades a vu que je transpirais beaucoup, et il est allé au bar acheter une orangeade pour moi. (A. – Pakistan)

Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de mars 2005

S’il est une réalité mystérieuse, dans notre vie, c’est bien celle de la souffrance. Nous voudrions l’éviter, mais tôt ou tard, elle survient. Et sous quelle forme ? Un banal mal de tête qui perturbera notre activité de la journée ? Le souci de voir un enfant s’embarquer sur une mauvaise pente ? Un ennui au travail ? Un accident qui emporte un de nos proches ? Un échec à un examen, l’angoisse devant la violence, les catastrophes naturelles ?
Devant la douleur, nous nous sentons désemparés, impuissants. Malgré leur affection, nos proches sont souvent incapables de nous aider. Il nous suffirait pourtant que quelqu’un vienne partager notre peine, même en silence.
C’est justement ce qu’a fait Jésus. Il s’est fait proche de tous, jusqu’à tout partager avec nous.
Il a même été plus loin : il a pris sur lui chacune de nos souffrances, il s’est fait souffrance avec nous, jusqu’à crier :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Il était trois heures de l’après-midi lorsque Jésus lança ce cri vers le ciel. Depuis trois longues heures, il était pendu à la croix, pieds et mains cloués.
Sa courte vie n’avait été qu’un don continuel. Il avait guéri les malades, ressuscité les morts, multiplié les pains et pardonné les péchés. Il avait prononcé des paroles de sagesse et de vie qui ne passeront jamais.
Là encore, sur la croix, il pardonne à ses bourreaux, il ouvre le paradis au larron, il nous offre son corps et son sang après nous les avoir donnés dans l’Eucharistie. Puis il s’écrie :

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Mais Jésus ne se laisse pas vaincre par la douleur. Il la transforme en amour et en vie. Et c’est justement après s’être senti si loin du Père que, par un effort pour nous inconcevable, il croit à son amour et s’abandonne à nouveau totalement à lui : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ».
Il rétablit l’unité entre Ciel et terre, il nous ouvre les portes du Royaume des cieux, il nous rend enfants de Dieu et fait de nous des frères.
C’est ce mystère de mort et de résurrection que nous célébrons à Pâques.
Ce même mystère, Marie, la première disciple de Jésus, l’avait, elle aussi, vécu au pied de la croix. Elle avait accepté de « perdre » son bien le plus précieux, son Fils, Dieu. Au moment où elle adhère au plan de Dieu sur elle, et parce qu¹elle y adhère, elle devient la mère d'une multitude d'enfants, notre Mère.”

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »

Par sa douleur infinie, prix de notre rédemption, Jésus se fait solidaire de chacun de nous, il prend sur lui notre fatigue, nos illusions, nos troubles, nos échecs, et il nous apprend à vivre.
Puisqu’il a pris sur lui toutes les souffrances, les divisions, les drames de l’humanité, je peux penser que, quand je vois une souffrance, en moi ou dans mes frères et sœurs, c’est lui que je vois. Chaque douleur, qu’elle soit physique, morale, spirituelle, me rappelle Jésus, c’est une de ses manières de se présenter à nous, un de ses visages.
Je peux lui dire : « Dans cette douleur, c’est toi que j’aime, Jésus abandonné. C’est toi qui, en faisant tienne ma souffrance, viens me rendre visite. Alors je te choisis, je te serre contre moi ! »
Et si nous continuons ensuite d’aimer, si nous répondons à sa grâce, si nous voulons ce que Dieu veut dans le moment présent, si nous vivons notre vie pour lui, nous pourrons constater bien souvent que la douleur disparaît. Car l’amour appelle les dons de l’Esprit : joie, lumière, paix. Et le Ressuscité resplendit en nous.

 

Chiara Lubich

 

Une traversée du désert

Une vie de marin R.: « A cause de la guerre, à 5 ans j’ai perdu mon père, ma maison et la vie confortable d’avant. J’ai souffert des injustices sociales qui se rejaillissaient sur ma famille et faisaient naître en moi des sentiments de révolte. Je rêvais de vivre dans un monde libre et vraiment fraternel. A 20 ans, après avoir terminé mes études dans la marine, je me suis embarqué, plein d’enthousiasme, comme élève officier sur un navire ; mais, à bord, la realité était bien différente de tout ce dont j’avais rêvé. Les rapports entre mes compagnons d’équipage étaient durs et m’incitaient à répondre avec la même dureté ; même Dieu me paraissait lointain et indifférent à la condition humaine. J’étais dans la solitude la plus absolue. Au cours d’une permission, je fais la connaissance de M., et c’est un horizon de bonheur inespéré qui s’ouvre devant moi. A mon mariage, je quitte la mer. Nous commençons une vie à deux où chacun attend beaucoup de l’autre. Très vite, ces attentes mutuelles sombrent dans l’incompréhension ; incapables de nous accueillir l’un l’autre, avec nos limites et nos différences, nous nous heurtons. La désillusion est grande ; après l’espoir, c’est le désarroi : nous nous séparons. Le monde s’écroule. Je suis écrasé par le sentiment de mon échec, l’angoisse, le désespoir. Une de mes amies me propose d’aller à la cité-pilote du Mouvement des Focolari, à Loppiano. Je découvre alors un autre visage de Dieu : je découvre qu’il est proche de moi, qu’il est Amour. Alors, me dis-je, il y a encore de l’espoir ! Une bouffée de gratitude et de joie profonde m’envahit. Je voudrais la faire partager à M., mais je ne sais pas comment la joindre. Sans attendre, je fais mes premiers pas sur le chemin de la fraternité : au contact d’autres personnes qui partagent cet esprit, je touche du doigt que la fraternité n’est pas une utopie ». L’amour apporte la réponse M : « Dans le noir où je me trouvais, j’ai rencontré, moi aussi, l’idéal de l’unité, l’amour auquel j’aspirais mais dont j’ignorais la source. Les paroles de l’Evangile : “Aimez-vous comme je vous ai aimés”, m’ont rejointe avec une force révolutionnaire qui a complètement transformé ma vie. J’ai découvert en Jésus l’amour qui est don total de soi ». Renaissance d’un amour neuf R: « Lorsque j’ai reçu une lettre de M. où elle me disait sa joie de sa découverte, j’ai eu l’impression de vivre un rêve. Après environ quatre années de séparation, je suis allé la voir à l’hôpital où elle était soignée. J’arrive sans avoir annoncé ma visite et, dans la pénombre de la chambre, nos regards se rencontrent. “Je te donnerai un coeur nouveau”, dit l’Ecriture : dans le silence, un amour neuf renaît, un amour qui a maintenant une autre mesure : être prêts à nous aimer comme Jésus nous a aimés. La promesse qu’on lit dans l’Evangile, “Là où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux”, se réalise pour nous aussi. Jésus Ressuscité, présent au milieu de nous, est devenu notre lumière, notre joie, notre force, tout au long de ces années de mariage. Il a nourri par sa présence nos rapports avec nos six enfants, qui sont maintenant tous adultes, et nos rapports avec beaucoup d’autres familles et de personnes avec lesquelles nous avons fait ce grand bout de chemin ». Tiré de Storie di fraternità – spazio al dialogo tra vecchi e nuovi cittadini, in www.loppiano.it

Message de Chiara Lubich

 

Castel Gandolfo, le 11 février 2005

Mesdames, Messieurs, chers congressistes,

C’est une joie pour moi de pouvoir m’adresser à vous et de vous saluer un à un. Je viens vous proposer quelques réflexions sur le sujet de votre congrès : « Relations sociales et fraternité : paradoxe ou modèle soutenable ? »
L’un des premiers effets qu’a eu le charisme accordé au mouvement des Focolari a été une sorte de nouvelle révélation de la vérité que Dieu est amour. Nos yeux se sont ouverts et, malgré la fureur de la guerre (c’était à Trente en 1943), nous avons découvert partout la présence aimante de Dieu : dans notre quotidien, dans les événements joyeux et rassurants, dans les situations tristes et difficiles…
Cette foi profonde et indéfectible en Dieu amour a immédiatement suscité un lien profond et très fort entre nous, premiers focolarini et focolarines. Nous nous sommes sentis fils et filles du Père qui est aux cieux et, par conséquent, frères et sœurs entre nous.
De plus, le commandement que Jésus appelle « sien » et « nouveau » « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34) nous est apparu comme la synthèse du projet de Dieu. Ce fut une conséquence logique de nous promettre réciproquement d’être la réalisation vivante de ce commandement et de le mettre à la base de notre vie.
C’est ainsi qu’un nouveau style de vie naissait dans l’Église, une spiritualité personnelle, bien sûr, mais aussi communautaire, qui correspondait bien aux exigences de notre temps caractérisé par l’accroissement des relations interpersonnelles et par l’interdépendance des peuples.
Dieu se manifestait à nous pour ce qu’il est vraiment : amour. En même temps il se révélait Amour en lui-même : Père, Fils et Esprit Saint. Le dynamisme de sa vie intratrinitaire nous apparaissait comme réciproque don de soi, vide mutuel d’amour, communion éternelle et totale. Dans l’Évangile de Jean on peut lire : « Tout ce qui est à moi est à toi. De même, tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10), tout circule donc entre le Père et le Fils dans l’Esprit.
Dieu a voulu que cette réalité se reflète dans les relations interpersonnelles. De même que le Père dans la Trinité est tout pour le Fils et que le Fils est tout pour le Père, de même – m’a-t-il semblé comprendre – moi aussi j’ai été créée en don pour ceux qui sont près de moi, et ceux qui sont près de moi ont été créés comme un don pour moi. C’est pourquoi la relation entre nous est l’amour, est Esprit Saint : le rapport même qui existe entre les personnes de la Trinité.
Immergés dans cette lumière, nous avons compris qu’ici-bas tout est en relation d’amour avec tout, chaque chose avec tout.

Toutefois, la plupart du temps, notre rationalité, notre sensibilité, ne sont pas capables de saisir cette vérité. Souvent nous ne sommes pas en mesure de voir la réalité dans son ensemble et nous sommes plutôt enclins à voir les difficultés dans les rapports sociaux marqués par les contradictions ou les conflits. Et il devient malaisé, dans notre société complexe, de reconnaître des relations de concorde, de communion.

Notre charisme nous a montré que la fraternité est à la fois un principe spirituel et une catégorie anthropologique, sociologique, politique, capable de déclencher un processus de renouveau global de la société.
L’amour fraternel suscite un peu partout des rapports sociaux positifs, aptes à rendre la vie en société plus solidaire, plus juste, plus heureuse.
Notre expérience de plus de soixante ans nous enseigne que ces relations fraternelles vécues dans le quotidien d’une vie personnelle, familiale et sociale, ou au sein d’institutions politiques ou de structures économiques, libèrent des ressources morales et spirituelles inattendues.
Ce sont des relations nouvelles, chargées de signification, qui suscitent toute sorte d’initiatives, qui créent des structures en faveur de l’homme et de la communauté.
Sur la base de notre expérience nous pouvons donc affirmer que la fraternité universelle n’est pas une utopie ni un beau désir louable encore qu’irréalisable. Non, c’est une réalité qui se fraye un chemin toujours plus large dans l’histoire.
On remarquera pourtant que les désaccords et les conflits existent dans la vie relationnelle de la société humaine à tous les niveaux. C’est sûrement la conséquence et l’effet du mystère du mal qui touche non seulement notre vie personnelle mais notre vie en société.
À ce sujet notre charisme nous a indiqué dès le début une clé de compréhension de ce mystère et en même temps un modèle pour surmonter tout manque d’unité : celui qui a recomposé l’unité entre Dieu et les hommes et des hommes entre eux.
C’est Jésus qui, sur la croix, s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Mc 15,34 ; Mt 27,46). Dans le cri déchirant d’un Dieu qui se sent abandonné de Dieu, toute souffrance, toute douleur, tout manque d’unité est contenu, assumé et transformé en amour.
Jésus est venu sur la terre pour donner sa vie afin « Que tous soient un ».
Jésus, dans son abandon, a payé pour y parvenir. Il nous demande de collaborer pour réaliser cela dans le quotidien.
Je souhaite à tous les participants à ce congrès que ces journées soient l’occasion de construire d’authentiques rapports de fraternité, pour que la réflexion intellectuelle s’appuie sur une authentique expérience de vie communautaire.
Mon souhait est que Marie, la mère du bel amour, qui a appris de son Fils le message de la fraternité universelle ; qui s’est rendue chez Élisabeth pour lui rendre service ; qui, avec le Verbe fait chair et ses disciples, a suscité, en tant qu’authentique « personne sociale », une famille où l’amour unit, éduque, circule et déborde sur tous ; que Marie, donc, éclaire et guide ce Congrès.
Dans l’amour fraternel,

Chiara Lubich

« Rapports sociaux et fraternité : paradoxe ou modèle soutenable ? Une perspective à partir des sciences sociales »

 A notre époque marquée par le changement, plusieurs voix ont fait entendre lors du congrès l’urgence de ne plus focaliser l’attention seulement sur les rapports sociaux contradictoires et conflictuels, mais sur les « rapports de concorde et de communion » qui existent dans la société complexe actuelle. C’est ce que Chiara Lubich a mis en évidence dans son message où elle montre la fraternité comme « un principe spirituel qui est à la fois une catégorie anthropologique, sociologique et politique capable d’amorcer un processus de renouvellement global de la société ». Cette proposition est née d’une expérience qui s’étend sur plusieurs dizaines d’années, tant au niveau personnel qu’à celui des institutions politiques et des structures économiques.

Le congrès a été caractérisé par le dialogue, typique de la discipline sociologique, entre théorie et expériences réalisées dans des contextes culturels et sociaux les plus différents, comme celle du Centre culturel La Pira, de Florence, ouvert aux étudiants étrangers de diverses cultures et religions ; celle d’une communauté thérapeutique italienne pour anciens drogués ; celle du Centre international pour la famille de la cité-pilote de Loppiano (près de Florence) ; et aussi l’expérience d’intégration, à Fontem, au cœur de la forêt camerounaise, entre européens au contact de la culture africaine et les Bangwa, un peuple profondément attaché à ses traditions.

Une lecture sociologique des différentes expériences a mis en évidence de nouveaux modèles possibles, de nouveaux schémas d’application, comme le « paradigme de l’unité » dont a parlé le professeur polonais Adam Biela, sénateur et ancien président de la faculté de sociologie de l’université de Lublin. Une catégorie développée par la sociologue brésilienne Vera Araujo, comme paradigme d’unité-fraternité, capable de lire les relations d’unité et distinction, de réciprocité, don et communion. A la conclusion du congrès – et selon les termes de Vera Araujo – a émergé « une communauté scientifique naissante qui assume maintenant ces paradigmes, ces nouvelles stratégies de recherche, pour étudier ensemble de nouvelles perspectives pour les sciences sociologiques ».

Un filet d’amour

Un filet d’amour

Lia Brunet avait connu Chiara Lubich en 1945 à Trente. Ce sera elle, avec le premier Focolarino Marco Tecilla et Fiore Ungano, qui entreprendra le premier voyage hors de l’Europe, en 1958. C’étaient les années de graves conflits sociaux sur tout le continent latino-américain. Ce voyage sera le début du tissage d’un filet d’amour qui jettera les semences de renouvellement spirituel et social dans ces pays, où Lia a dépensé sans compter 44 ans de sa vie. Elle nous a laissé le 5 février. A Noël elle avait eu 87 ans.

Ce premier voyage en Amérique latine, est un voyage plein d’inconnu. A Trente, avec Chiara, dans les quartiers les plus pauvres, elle avait expérimenté la force de la transformation sociale de l’évangile vécu et de sa diffusion. En 12 mois intenses, ils avaient fait étape à Récife, Sao Paolo, Rio de Janeiro, Bel Horizonte au Brésil, à Montevideo, en Uruguay, à Buenos Aires en Argentine, à Santiago du Chili… ainsi s’esquisse leur programme dans le « journal d’un voyage ». « La nôtre aussi était une révolution, en utilisant l’arme la plus puissante, l’Amour que Jésus a porté sur la terre. Nous aussi nous parlions d’un « homme nouveau », celui de Saint Paul, mais aussi du « vieil homme », que nous cherchions à faire mourir, principalement en nous même. Ainsi notre projet est un projet de mort et de vie qui pointe sur le « Que tous soient un ».

Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de fevrier 2005

Que veut nous dire l’Eglise durant le carême ? Que nous sommes en chemin vers la Pâque, où Jésus, par sa mort et sa résurrection, nous introduit dans la vraie vie et nous conduit à la rencontre de Dieu. Ce chemin est une sorte de traversée du désert qui n’est pas exempt de tentations et d’épreuves.
C’est d’ailleurs justement au désert que le peuple d’Israël, en marche vers la terre promise, abandonna un moment son Dieu pour adorer le veau d’or.
A son tour Jésus parcourt le même chemin dans le désert. Il est lui aussi tenté par Satan, qui lui demande d’adorer succès et pouvoir. Mais Jésus rejette les flatteries du mal et se tourne résolument vers l’Unique Bien :

« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »

Comme pour le peuple juif et comme pour Jésus, nous sommes souvent tentés, dans notre vie quotidienne, d’emprunter des chemins de facilité. On nous invite à trouver notre joie et notre sécurité dans l’efficacité, la beauté, le plaisir, la possession, le pouvoir… toutes choses qui, sans être mauvaises en elles-mêmes, peuvent être érigées en absolus et qui deviennent souvent, dans notre société, réellement des idoles.
Quand on ne reconnaît pas Dieu, qu’on ne l’adore pas, d’autres « dieux » viennent le remplacer. D’où la diffusion du culte de l’astrologie ou de la magie…
Jésus nous rappelle que nous trouvons notre pleine réalisation non pas dans la recherche des choses éphémères, mais si nous nous mettons devant Dieu, de qui tout provient, et si nous le reconnaissons comme notre créateur, le Maître de l’histoire, notre Tout.
Nous cheminons vers le ciel, vers Dieu. Là-haut nous chanterons sans cesse sa louange. Alors pourquoi ne pas le faire dès maintenant ?
Nous sentons la soif de l’adorer, en le louant du fond du cœur, lui qui nous rencontre dans l’eucharistie et qui vit l’assemblée qui le fête !

« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »

Mais que signifie « adorer » Dieu ?
C’est un geste réservé exclusivement à Dieu. Adorer Dieu revient à lui dire : « Tu es tout », c’est-à-dire à le reconnaître pour « celui qui est » ; et moi, j’ai le privilège immense d’avoir reçu la vie pour le faire.
Mais « adorer » implique également que l’on ajoute : « Moi, je ne suis rien ». Il ne suffit pas de le dire. Pour adorer Dieu, il nous faut nous abaisser nous-mêmes, reconnaître que, de nous-mêmes, nous ne sommes rien, afin qu’il puisse agir en nous et dans le monde. Cela nous oblige à démolir constamment les fausses « idoles » que nous sommes tentés de nous construire dans la vie.
Proclamer par notre vie que nous ne sommes rien et que Dieu est tout, est un chemin tout à fait positif. Si nous nous tournons vers Dieu et faisons nôtre sa pensée révélée par l’Évangile, nos propres pensées sont déjà mortifiées. Si nous accomplissons sa volonté telle qu’elle nous est indiquée dans le moment présent, nos tendances égoïstes sont mises en échec. Si Dieu prend toute sa place dans notre cœur et si « nous nous faisons un » avec notre prochain en partageant ses inquiétudes, ses peines, ses joies, alors nous pouvons vaincre nos affections désordonnées.
Sans nous en rendre compte, en étant sans cesse « amour », nous ne sommes rien. Et en vivant ce rien, nous affirmons par notre vie que Dieu est tout, nous ouvrant ainsi à la véritable adoration.

« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »

Il y a des années, quand nous avons découvert qu’adorer Dieu revenait à proclamer sa grandeur et affirmer que de nous-mêmes nous n’étions rien, nous avons composé cette chanson : « Si les étoiles s’éteignent dans le ciel/si chaque jour a une fin/si la vague se perd dans la mer pour ne pas revenir/tout cela est pour ta gloire./Que la création te chante :/Tu es tout./Et que toute chose se dise à elle-même :/Je ne suis rien ! »
Nous expérimentions alors que, lorsque nous nous vidions de nous-mêmes par amour, le Tout, Dieu, emplissait notre rien. Dieu entrait dans notre cœur.

 

Chiara Lubich

 

(suite…)

Bolivie : opération « Plus haut qu’El Alto »

 El Alto, symbole de la révolte

El Alto, haut plateau de La Paz, la capitale bolivienne, est le symbole de la révolte, des conflits et de l’exaspération du peuple bolivien. La situation sociale de la Bolivie alimente un état de conflit permanent qui entraîne manifestations et grèves, comme ces derniers jours, toujours à El Alto, pour demander des aides financières afin de pouvoir accéder au service d’eau potable. Il y a encore environ 40 000 familles qui n’y ont pas accès.

Parmi les nombreuses initiatives qui se font jour dans le pays est née l’opération « Plus haut qu’El Alto », mise en place par le mouvement des Focolari, pour porter la situation sociale conflictuelle sur un plan plus élevé, avec l’apport de la dimension spirituelle. Il s’agit d’une « école de formation aux responsabilités civiles », prélude à des actions humbles mais concrètes où la solidarité et la fraternité imprègnent les relations sociales. Un groupe de dialogue a commencé pour approfondir des thèmes importants avec l’aide de spécialistes, par exemple le document élaboré par la Conférence épiscopale bolivienne, avec une analyse approfondie de la réalité sociale et quelques propositions pour une nouvelle loi qui régisse l’exploitation des ressources naturelles, essentielles au développement économique du pays.

Les conflits sociaux

Malgré d’importantes ressources naturelles (gaz et gisements de pétrole), la Bolivie souffre depuis des siècles d’une pauvreté endémique, due en partie à une injuste répartition des richesses. Une infime minorité détient le pouvoir économique et politique, tandis que la majorité de la population doit se contenter des miettes sans aucun espoir d’amélioration. A l’automne dernier, une série d’affrontements violents entre la population et l’armée a éclaté à El Alto avant de se propager dans tout le pays. Ces événements ont duré plus d’un mois et fait 70 morts.

La fraternité comme réponse aux problèmes sociaux

La spiritualité de l’unité a commencé à se répandre en Bolivie à la fin des années soixante-dix grâce à des prêtres et des religieux. Les premiers centres se sont ouverts à La Paz et à Cochabamba et, de là, le mouvement s’est étendu à Santa Cruz, Oruru et Sucre. Tous veulent être un vivant témoignage que la fraternité peut apporter une réponse aux problèmes sociaux.

Argentine : une école en ligne pour se former au parti de la fraternité

  En Argentine, le Mouvement Politique pour l’Unité vient d’ouvrir dans neuf villes une première « école de formation politique » pour les jeunes. Grâce à Internet, le projet a pu démarrer en même temps à Buenos Aires, Cordoba, Rosario, José C. Paz, Avellaneda, La Plata, Mar del Plata, Bahía Blanca et Neuquén. Les 140 jeunes qui fréquentent ces cours de formation politique depuis mai dernier réclament à la politique l’utopie d’un monde uni et en même temps l’aspect concret de tout ce qui peut aider au changement. Ce sont des jeunes qui veulent s’engager pour la société dans laquelle ils vivent. Le déroulement de la formation Cette école veut donner les moyens d’une action collective innovante dans le domaine social et politique, par des cours thématiques qui se déroulent dans les villes où ils habitent en étant reliés par Internet, par divers projets d’actions locales et par des séminaires rassemblant tous les étudiants deux fois par an.

En chemin vers la communion

La manifestation « Ensemble pour l’Europe » qui s’est déroulée à Stuttgart (Allemagne) le 8 mai 2004 était un temps fort du chemin de communion entrepris par plus de 150 mouvements, communautés et groupes catholiques, protestants, anglicans et orthodoxes. Elle a aussi permis de rendre visible la richesse de la foi chrétienne des différentes Églises. Ces derniers mois, les divers groupes ont mis à profit toutes les occasions de se retrouver et de travailler ensemble, tandis que se prépare déjà un nouveau rendez-vous à l’échelle internationale.

Syndesmos (lien d’unité) : cette fraternité créée en 1953 regroupe 121 écoles théologiques et mouvements de jeunes orthodoxes, dans 43 pays. Elle a pour but spécifique de développer la collaboration et la communication entre les mouvements orthodoxes de jeunes et les facultés de théologie de différents pays du monde, et de promouvoir entre tous une meilleure compréhension et un engagement à témoigner l’évangile du XXIe siècle.

Les cours Alpha, nés dans les années 70, existent dans 152 pays et sont traduits en 47 langues. Ils s’adressent à toutes les couches sociales et concernent surtout les jeunes et ceux qui ne se disent pas chrétiens. Les cours sont basés sur l’évangile et durent dix semaines. Ils offrent une première approche de la foi chrétienne.

YMCA est une association chrétienne de jeunes créée à Londres en 1844 et maintenant répandue dans le monde. Elle a pour but de travailler au changement social en assurant aux jeunes une formation chrétienne, par le sport et diverses activités éducatives, et par des actions d’aide aux réfugiés et immigrés.

Une nouvelle page de fraternité

 
Une nouvelle page de fraternité entre chrétiens et bouddhistes vient de s’ouvrir au Japon. Dans ce grand pays du Soleil Levant qui compte 127 millions d’habitants en majorité shintoïstes et bouddhistes, les chrétiens sont moins de 1 %. Un mouvement bouddhiste japonais, le Rissho Kosei-kai, a invité le groupe musical international Gen Verde à venir y porter son message de paix et de fraternité. Cette initiative est née après qu’une délégation du RKk ait assisté en 2002 en Corée à un spectacle du Gen Verde, Prime Pagine, spectacle musical qui raconte la découverte de l’évangile, à la base de l’histoire du mouvement des Focolari.

Les spectacles – préparés en japonais – ont rassemblé plus de 17 000 spectateurs dans neuf villes, de Tokyo à Nagasaki. Un typhon particulièrement violent et le tremblement de terre de Niigata en ont fait un geste de solidarité concrète.

L’invitation du Rissho Kosei-kai se situe dans la suite logique du dialogue entamé en 1979 avec Chiara Lubich et les Focolari au Japon. La motivation officielle était la participation aux cérémonies de commémoration de Nikkyo Niwano, fondateur du mouvement, mort il y a cinq ans. Les adhérents du RKk sont au nombre de 6 millions et ils se connectent par satellite pour les cérémonies. Comme Chiara Lubich l’avait souhaité dans un message au président du RKk, Nichiko Niwano, la tournée du Gen Verde marque « un nouvel engagement à vivre et à travailler ensemble, consciencieusement et dans la confiance, en se soutenant toujours mutuellement, pour construire l’unité de la famille humaine ».

Plusieurs occasions de contact direct avec la culture japonaise, avec le shintoïsme et le bouddhisme traditionnel, à travers la visite de leurs temples et chez quelques maîtres spirituels, comme le vénérable Takeuchi, en contact avec les Focolari depuis déjà longtemps. Grâce aux Koriukai (rencontres d’approfondissement), le Gen Verde est entré en contact avec 3 000 bouddhistes. « Ce peuple n’a pas fini de nous étonner – dit Paola Stradi du Gen Verde – fort et délicat en même temps, déterminé et irréductible, mais extrêmement sensible aux valeurs spirituelles ».

Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de janvier 2006

En l’an 50, Corinthe est une grande ville de Grèce, réputée pour son activité maritime et animée par de multiples courants de pensée. Pendant 18 mois, Paul y annonce l’Evangile. Il fonde une communauté chrétienne florissante, œuvre poursuivie ensuite par d’autres. Mais ceci entraîne la formation de clans, certains nouveaux chrétiens s’attachant plus aux personnes qui apportaient le message du Christ qu’au Christ lui-même. Selon l’apôtre que les uns ou les autres préféraient, on entendait dire : « Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Pierre… »
Devant ces divisions qui troublent la communauté, Paul affirme avec force que si les constructeurs de l’Eglise – qu’il compare à un édifice, à un temple – peuvent être nombreux, celle-ci n’a qu’un fondement, une pierre vivante : le Christ Jésus.
En ce mois surtout, durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, les Eglises et communautés ecclésiales rappellent ensemble que le Christ est leur unique fondement. C’est en adhérant à lui, en vivant son unique Evangile, qu’elles peuvent parvenir à l’unité pleine et visible entre elles.

« Christ, unique fondement de l’Eglise. »

Fonder notre vie sur le Christ signifie être une seule réalité avec lui, penser comme il pense, vouloir ce qu’il veut, vivre comme il a vécu.
Mais comment nous enraciner en lui ? Comment devenir un avec lui ?
En mettant l’Evangile en pratique. En le vivant.
Jésus est le Verbe, la Parole de Dieu incarnée. S’il est parole de Dieu incarnée, nous ne serons véritablement chrétiens qu’en conformant notre vie à la Parole de Dieu.
Si nous vivons ses paroles, ou même si ses paroles vivent à travers nous jusqu’à nous transformer en « paroles vivantes », nous sommes un avec Jésus. Alors ce n’est plus nous qui vivons, mais la Parole en nous tous. Nous pouvons alors penser qu’en vivant ainsi, nous apportons notre contribution pour que l’unité entre les chrétiens devienne une réalité.
La Parole de Dieu est pour l’âme ce qu’est la respiration pour le corps.
Un des premiers fruits est la naissance de Jésus en nous et au milieu de nous. Elle provoque un changement de mentalité. On trouve alors les sentiments mêmes du Christ dans le cœur de tous – qu’ils soient européens, africains, asiatiques, australiens, ou américains – face aux circonstances, aux personnes, à la société.
Cette expérience, un de mes premiers compagnons, Giulio Marchesi, l’a faite. Ingénieur, puis directeur d’une grande entreprise à Rome, il parvint à la constatation décourageante que le bonheur en ce monde serait toujours mis en échec par l’égoïsme.
Mais lorsqu’il rencontra des personnes vivant sans concession la parole de vie, il se mit, lui aussi, à vivre l’Evangile. Il écrivit alors : « J’expérimentai le caractère universel des Paroles de Vie. Elles déclenchaient en moi une véritable révolution et changeaient tous mes rapports avec Dieu et avec le prochain. Dans tous ceux qui m’entouraient, je me mis à voir des frères et des sœurs. J’avais l’impression de les avoir toujours connus. J’ai aussi ressenti l’amour de Dieu pour moi : il suffisait de le prier. Vraiment, la Parole de Dieu m’a rendu libre ! ».
Et il est resté ainsi, même en vivant les dernières années de sa vie dans un fauteuil roulant.
Oui, la Parole vécue nous rend libres des conditionnements humains, elle nous insuffle joie, paix, simplicité, plénitude de vie, lumière ; en nous faisant adhérer au Christ, elle nous transforme peu à peu en d’autres Lui.

« Christ, unique fondement de l’Eglise. »

Pour Jésus, une Parole, celle de l’amour, résume toutes les autres, car elle est « toute la Loi et les Prophètes » : aimer Dieu et le prochain.
Bien qu’exprimée en termes humains et différents, toute Parole est Parole de Dieu ; et comme Dieu est Amour, toute Parole est charité.
Comment vivre alors ce mois-ci ? Comment nous rapprocher étroitement du Christ, « unique fondement de l’Eglise » ? En aimant comme il nous l’a enseigné.
« Aime et fais ce que tu veux », a dit saint Augustin, en résumant pratiquement la norme de vie évangélique. Car en aimant, non seulement tu ne pourras pas te tromper, mais tu accompliras pleinement la volonté de Dieu.

 

Chiara Lubich

 

(suite…)

Les charismes : un évangile déployé au cours de siècles

 

« L’Église nous est apparue, en raison des charismes les plus variés donnés par l’Esprit Saint, comme un évangile incarné. Chaque famille religieuse est l’incarnation particulière d’une expression de Jésus, d’un événement de sa vie, d’une douleur qu’il a vécue, d’une parole qu’il a dite… A cause de tous ces charismes qui ont fleuri au cours des siècles, l’Église apparaît comme un évangile déployé dans le temps et dans l’espace. »

Ce passage est extrait de la lectio de Chiara Lubich à l’occasion de la remise du doctorat honoris causa en Théologie de la vie consacrée par l’université pontificale du Latran – Institut « Claretianum » de Rome, spécialisé en Théologie de la vie consacrée. Le professeur Santiago Gonzalez Silva a ouvert la cérémonie en présentant la spiritualité de l’unité du mouvement des Focolari aux 400 étudiants de 57 pays, membres de 177 instituts religieux. Après l’exécution d’une version polyphonique du Veni Creator par la chorale inter universitaire de Rome, le président a tracé un portrait de la fondatrice des Focolari : « En Chiara, nous contemplons une parole de l’évangile qui dépasse désormais les limites de l’Église et couvre toutes les régions de la planète : le commandement nouveau de Jésus, « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34).

Le professeur Fabio Ciardi, qui enseigne au Claretianum, a rappelé dans la laudatio sa rencontre – tout jeune homme – avec la spiritualité de l’unité des Focolari et sa surprise de trouver chez Chiara « le besoin de participer au charisme de tous les saints ». Il a illustré ensuite les trois motivations fondamentales du doctorat :
– l’élaboration d’une doctrine sur les charismes de la vie consacrée, avec l’intuition particulière d’une explication du Christ qui se déploie au cours des siècles, comme un évangile vivant ;
– l’ouverture de la spiritualité de communion – typique des Focolari – aux différentes formes de vie consacrée (les religieux et religieuses en contact avec cette spiritualité se comptent par dizaines de milliers) ;
– la création d’une forme originale de vie consacrée, le focolare.

Ce doctorat est aussi la reconnaissance de l’Œuvre fondée par Chiara Lubich, qui rassemble les différentes vocations de la communauté chrétienne, ainsi que des membres d’autres Églises chrétiennes et d’autres religions et des personnes sans convictions religieuses.

Une avancée vers l’unité

 Sur les lieux où a été formulé le credo Vendredi 26 novembre, quarante évêques et responsables ecclésiastiques – orthodoxes, siro-orthodoxes, arméno-apostoliques, anglicans, protestants et catholiques de rites divers, venant de 18 pays – se sont rendus ensemble à Nicée, sur les lieux où, il y a 1700 ans, a été formulée la profession de foi chrétienne commune dite symbole de Nicée-Constantinople, au cours du premier concile œcuménique. Conscients des tristes conséquences de la désunité au cours des siècles, ils se sont fait la promesse solennelle, dans ce lieu symbolique, de mettre en pratique en toute chose et avant tout le commandement évangélique de l’amour réciproque, « afin que le Christ vive toujours parmi nous et que le monde puisse croire », comme l’a dit l’archevêque de Prague, le cardinal Miloslav Vlk, l’un des principaux organisateurs de la rencontre. Ce moment a constitué – au dire des participants – l’un des points culminants de la 23e Conférence œcuménique des évêques et responsables ecclésiastiques amis du Mouvement des Focolari qui s’est déroulée à Constantinople du 23 novembre au 1er décembre 2004, à l’invitation du patriarche œcuménique Bartholomée Ier.

Participation du patriarche œcuménique Bartholomée 1er Le patriarche Bartholomée 1er est intervenu lors de la prière œcuménique d’ouverture en l’église catholique Saint-Antoine, où ont afflué les chrétiens des différentes communautés présentes à Istanbul. Le lendemain, il s’est adressé aux évêques et responsables ecclésiastiques en se réjouissant de leur zèle en faveur de l’unité des chrétiens et il a abordé le thème de la Conférence : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Faisant référence à l’Écriture et à la pensée des Pères de l’Église grecs, le patriarche a souligné trois conditions fondamentales pour que se réalise la promesse de Jésus : « l’amour pour le Christ, qui se réalise avec l’observance de tous ses commandements, la foi en lui, manifestée comme confiance en lui, et la foi juste…, comme juste connaissance de sa personne qui naît de la communion personnelle avec lui ».

Visites aux communautés chrétiennes d’Istanbul Au cours de la Conférence, les participants ont visité les communautés chrétiennes de la ville, s’unissant à leur prière, prenant connaissance de leurs trésors spirituels et partageant leurs joies et leurs souffrances. En particulier, ils se sont rendus au siège du patriarche arméno-apostolique Mesrob II. Après la célébration des vêpres, celui-ci s’est longuement entretenu avec ses hôtes de la vie et de la situation de l’Église arménienne, qui a souvent donné au fil des siècles un témoignage héroïque. Dans un message qu’il avait envoyé pour l’ouverture de la Conférence, il avait déjà formulé un appel passionné à l’unité. La rencontre avec le vicaire patriarcal syro-orthodoxe Filüksinos Yusuf Çetin a été elle aussi très cordiale et sa communauté a fait fête aux évêques. Dans une interview, le métropolite Yusuf Çetin a souligné l’exemple que représente pour les fidèles une telle entente entre évêques. Un geste œcuménique de grande portée Au Phanar, siège du patriarcat œcuménique, les évêques ont eu la joie de participer aux prières solennelles à l’occasion du retour de Rome des reliques de saint Jean Chrysostome et de saint Grégoire de Nazianze, un geste œcuménique d’une grande signification qui « confirme – comme l’avait dit à Rome le patriarche Bartholomée Ier – qu’il n’existe pas dans l’Église du Christ de problèmes insurmontables quand l’amour, la justice et la paix se rencontrent ». Les évêques et responsables ecclésiastiques ont aussi participé à la célébration de la fête de saint André, patron du patriarcat œcuménique, pour laquelle étaient venues à Constantinople des délégations des Églises orthodoxes dans le monde et une délégation du Vatican conduite par le cardinal Walter Kasper.

« Dialogue de la vie » La présence du Christ au milieu de ceux qui sont unis en son nom a été à la fois le thème du congrès et l’expérience qui en a rythmé le déroulement, créant « un solide lien de fraternité authentique », selon les évêques eux-mêmes. Trois interventions préparées par Chiara Lubich ont illustré les fondements de la voie œcuménique issue de la spiritualité de communion vécue dans le Mouvement des Focolari : « le dialogue de la vie » ou « dialogue du peuple ». Il ne s’agit pas – explique Chiara Lubich – « d’un dialogue de la base qui s’opposerait ou se juxtaposerait à celui des sommets, c’est-à-dire des responsables des Églises, mais un dialogue auquel peuvent participer tous les chrétiens ». « Si nous vivons ainsi dans nos Églises, elles refleuriront », a affirmé un évêque catholique d’Angleterre en faisant allusion aux grands défis de la sécularisation. Et un évêque luthérien a exprimé ses impressions du congrès par les parole de l’hymne : « Ubi caritas et amor, ibi Deus est » (là où sont la charité et l’amour, là est Dieu).

Des pas vers l’unité Au cours du programme, des personnes du Mouvement des Focolari de plusieurs Églises ont dit comment, en différents points du monde, elles travaillent à faire grandir la communion dans leurs Églises et entre les différentes communautés chrétiennes. Un prêtre catholique de Roumanie a apporté son témoignage : un patient dialogue empreint de charité a transformé radicalement les relations entre les pasteurs et les différentes communautés chrétiennes de sa ville. Ce dialogue a aussi permis de faire naître des initiatives communes, auxquelles participent aussi désormais les autorités civiles. Un orthodoxe du Liban a parlé du dialogue en actes entre le mouvement Jeunesse orthodoxe et le mouvement des Focolari. Deux protestants et un catholique ont parlé aux évêques de la Journée œcuménique « Ensemble pour l’Europe » qui a rassemblé le 8 mai 2004 à Stuttgart dix mille personnes de nombreux mouvements, communautés et groupes spirituels de plusieurs Églises.

Rencontre avec le cardinal Kasper La présence de la délégation vaticane pour la fête de saint André a permis de rencontrer le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Faisant état des récents développements œcuméniques, celui-ci a souligné l’apport des mouvements d’Église à la cause de l’unité : « Je suis très reconnaissant envers ces mouvements, envers le mouvement des Focolari et je pense que c’est un signe de l’Esprit Saint… Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons faire quelque chose pour la venue du Royaume de Dieu et les mouvement sont une voie très importante ».

En septembre 2005 à Bucarest Avant de se séparer, les évêques et responsables ecclésiastiques ont décidé de se retrouver en septembre 2005 à Bucarest (Roumanie), en réponse à l’invitation du patriarche roumain-orthodoxe Teoctist et de son synode.

Parole de Vie de décembre 2004

Noël approche. Le Seigneur va venir. Préparons sa route, la liturgie nous y invite. Entré dans l’histoire il y a 2000 ans, Jésus souhaite pénétrer dans notre vie, mais en nous que d’obstacles ! Tant d’aspérités à aplanir, de blocs à écarter… En réalité quels sont-ils ces obstacles qui peuvent empêcher Jésus d’entrer en nous ?
Tout simplement nos désirs non conformes à la volonté de Dieu, tous les attachements qui nous alourdissent. Quelques exemples ? Parler ou se taire lorsque le moment ne s’y prête pas ; vouloir s’affirmer ou rechercher estime ou affection ; désirer posséder ceci ou cela, la santé, la vie… à un moment où cela n’est pas dans le plan de Dieu sur nous ; ou encore les mauvaises intentions, telles que le jugement, la révolte, ou la vengeance…
Ces désirs qui surgissent en nous peuvent nous submerger. Repoussons-les avec fermeté, écartons les obstacles, remettons-nous dans la volonté de Dieu. C’est cela préparer la voie au Seigneur.

« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »

Cette Parole, Paul l’adresse aux chrétiens de sa communauté, afin qu’après avoir expérimenté le pardon de Dieu, ils soient capables de pardonner à leur tour à ceux qui ont commis des injustices à leur égard. Paul les sait capables de dépasser les limites de l’amour humain pour aller jusqu’à donner leur vie pour leurs ennemis. Renouvelés par Jésus et la vie de l’Évangile, ils trouveront la force d’aller au-delà des raisonnements ou des torts subis et de tendre à l’unité avec tous.
Comme l’amour bat au fond du cœur de chaque être humain, chacun peut vivre cette parole.
La sagesse africaine s’exprime ainsi : « Fais comme le palmier : on lui lance des cailloux, ce sont des dattes qui tombent ».
Comprenons bien cependant tout ce qu’exige cette Parole de Paul : il ne suffit pas de ne pas répondre à une offense… Il nous est demandé plus encore : de faire du bien à celui qui nous fait du mal, comme le rappellent les apôtres. « Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l’insulte pour l’insulte ; au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction » . « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ».

« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »

Comment vivre cette Parole ?
Nous pouvons tous trouver dans notre famille, ou parmi nos collègues, nos camarades d’étude, nos amis, des personnes qui nous ont fait du tort, du mal, ont été injustes envers nous… Même si la pensée de la vengeance ne nous effleure pas, un sentiment de rancœur, d’hostilité ou d’amertume peut subsister en nous. Même une simple indifférence qui nous empêche d’établir avec nos frères un authentique rapport de communion.
Alors, que faire ? Levons-nous le matin avec au cœur une « amnistie » complète, remplis d’un amour qui recouvre tout, qui sait accueillir l’autre tel qu’il est, avec ses limites, ses difficultés, tout comme le ferait une mère avec son propre fils qui est dans l’erreur ; elle l’excuse, elle lui pardonne, elle ne cesse d’espérer en lui…
Abordons chacun avec des yeux neufs, comme s’il n’avait jamais eu ces défauts que nous lui connaissons.
Et recommençons cela à chaque fois, sachant que Dieu, lui, non seulement pardonne, mais oublie. C’est aussi la mesure qu’il nous demande.
Cela s’est passé pour un de nos amis d’un pays en guerre qui a vu massacrer parents, frères et de nombreux amis. La douleur le précipite dans la révolte et il en vient à souhaiter aux auteurs de cette tuerie un châtiment terrible, à la hauteur de leurs crimes.
Les paroles de Jésus sur la nécessité du pardon lui reviennent pourtant sans cesse à l’esprit, mais elles lui semblent impossibles à vivre. « Comment pourrais-je aimer mes ennemis ? » se demande-t-il. Il lui faut des mois et des mois de prière avant de commencer à retrouver un peu de paix.
Mais un an plus tard, il apprend que les assassins, connus de tous, circulent librement dans le pays. Une rancune tenace s’empare à nouveau de lui. Il commence à se demander comment il se comportera si jamais il rencontre ces « ennemis » sur sa route. Il implore Dieu de lui redonner son calme, de le rendre à nouveau capable de pardonner.
« Aidé par l’exemple des frères cherchant à vivre avec lui l’Évangile, raconte-t-il, je comprends que Dieu me demande de ne pas m’abandonner à ces tentations, mais plutôt d’être attentif à aimer ceux qui m’entourent, les collègues, les amis… Dans l’amour concret que je vis pour eux, peu à peu, je trouve la force de pardonner jusqu’au bout à ceux qui ont tué ma famille. Aujourd’hui mon cœur est en paix. »

Chiara LUBICH

 

Un seul peuple dans la multiplicité des traditions

Un seul peuple dans la multiplicité des traditions

 « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom… » Un seul peuple dans la multiplicité des traditions Le patriarche œcuménique Bartholomée 1er ouvrira la 23e rencontre œcuménique sur le thème : « “Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom…”, un seul peuple dans la multiplicité des traditions ». Cinquante-deux évêques et responsables ecclésiastiques de différentes Églises d’Orient et d’Occident se réunissent à Istanbul : orthodoxes, syro-orthodoxes, arméno-apostoliques, anglicans, luthériens et catholiques de rites divers. Rencontres importantes Des rencontres-dialogues auront lieu avec le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le patriarche arméno-apostolique de Constantinople, Mesrob II, et le vicaire patriarcal syro-orthodoxe pour la Turquie, Filüksinos Yusuf Çetin. Au cœur de la spiritualité de l’unité : La présence du Christ ressuscité promise à « deux ou plus » réunis en son nom Chiara Lubich, fondatrice des Focolari a confié à quelques-uns de ses proches collaborateurs le soin de transmettre ses interventions sur le thème du congrès et sur l’expérience œcuménique du Mouvement. Ceux-ci montreront l’étroite correspondance entre la spiritualité de l’unité, typique des Focolari, et la spiritualité œcuménique fortement encouragée par le pape qui, le 13 novembre dernier, a de nouveau invité les chrétiens à réaliser la « pleine communion », qui « ne veut pas dire uniformité abstraite, mais richesse d’une légitime diversité de dons partagés et reconnus par tous… » (Homélie de Jean-Paul II à l’occasion du 40e anniversaire du décret conciliaire « Unitatis Redintegratio »). Célébration œcuménique Le congrès des évêques et responsables ecclésiastiques a commencé par une célébration œcuménique à l’église catholique Saint-Antoine, en présence des responsables et des membres des communautés chrétiennes présentes à Istanbul. Visite de Nicée, où ont eu lieu deux des premiers conciles œcuméniques Le programme inclut la visite de Nicée et du monastère de la sainte Trinité à Halki, centre d’études du patriarcat œcuménique. Il est aussi prévu de rendre visite au patriarche Mesrob II au siège du patriarcat arméno-apostolique de Constantinople, et au métropolite Filüksinos Yusuf Çetin, au vicariat patriarcal syro-orthodoxe. Accueil des reliques de Jean Chrysostome et de Grégoire de Nazianze A Istanbul, les évêques auront la joie de participer à l’accueil des reliques des Docteurs de l’Église indivise Grégoire de Nazianze et Jean Chrysostome, évêques de Constantinople aux IVe et Ve siècle, qui ont été rendues par Jean-Paul II au patriarche Bartholomée le samedi 27 novembre au Vatican. La fête de l’apôtre saint André au Phanar Au Phanar, siège du patriarcat œcuménique, les évêques assisteront les 29 et 30 novembre aux célébrations solennelles de la fête de l’apôtre saint André, fondateur et patron du patriarcat de Constantinople, qui seront présidées par le patriarche Bartholomé Ier. La délégation du saint-Siège sera conduite par le cardinal Walter Kasper. Les précédentes rencontres œcuméniques d’évêques Les rencontres œcuméniques d’évêques et responsables ecclésiastiques de différentes Églises « amis du mouvement des Focolari » ont lieu chaque année. Elles se déroulent dans différentes villes : Constantinople (1984), Londres (1986 et 1996), Ottmaring/Augsbourg, Allemagne (1988 et 1998), Trente (1995), Amman/Jérusalem (1999), Zurich (2001), Genève (2002) et plusieurs fois à Rome, toujours avec l’accord et la bénédiction des chefs des différentes Églises.

L’entreprise sauvée par un virement

Ma femme et moi possédons une entreprise d’exportation de machines et de technologies pour l’élaboration de la viande, qui adhère au projet de l’Économie de communion et dont le secteur d’activité s’étend sur les états de l’ex Union Soviétique. En août 1997, le système bancaire et le marché russes se sont écroulés. Tout s’est arrêté et nous avons été durement touchés car nous avions plus de dix contrats en Russie. Beaucoup ont été suspendus et les paiements gelés. Mais il fallait que l’entreprise continue et assure régulièrement le salaire des employés, c’est-à-dire la subsistance d’une dizaine de familles. Les réserves s’épuisaient et tous les matins, je téléphonais à la banque pour savoir si un versement avait été fait sur notre compte en provenance de Russie. La réponse était toujours négative. Au bout de trois mois, rien n’était encore arrivé. Tout le monde me disait que ce n’était pas la peine d’espérer car tout était bloqué et personne ne recevait rien. Un lundi, j’ai constaté qu’il ne restait que 300 000 forints sur notre compte et j’avais une facture de 400 000 forints à payer le lendemain, sans compter les salaires. A midi, je suis rentré à la maison très inquiet. Ma femme et moi, nous nous sommes demandé ce qu’il fallait faire : fermer l’entreprise ou continuer ? Nous nous sentions responsables de tous les employés. Sur la petite table de l’entrée, il y a toujours un feuillet de la Parole de vie du mois. Ce mois-ci, c’était : « Si vous avez la foi gros comme une graine de moutarde… » (Mt 17,20). En repartant au travail, j’ai dit à ma femme : « Nous avons vraiment besoin de faire grandir notre foi ! ». Quand je suis entré dans mon bureau, j’ai appris que la banque avait appelé pour me prévenir qu’un virement d’un million et demi était arrivé sur le compte. I.B. – Hongrie Extrait de : Quando Dio interviene. Esperienze da tutto il mondo. Città Nuova, 2004