[:it]Un momento di tregua per cercare le radici di un comune impegno per la pace
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La guerre est un homicide à grande échelle
Cinquante ans après sa sortie, L’inutilità della guerra, d’Igino Giordani, vient d’être réédité.
Giampaolo Mattei Un coup de poing dans l’estomac ! C’est l’effet produit par la lecture d’un livre dont le titre – L’inutilité de la guerre – est si éloquent qu’il place son lecteur le dos au mur. Et pourtant ces pages ont été écrites il y a exactement cinquante ans. Elles portent la signature d’Igino Giordani (1894-1980), homme politique, journaliste, écrivain et personnage de premier plan dans la vie ecclésiale et la vie italienne tout court. La maison d’édition Città Nuova a décidé de reproposer l’ouvrage de Giordani (Rome 2003, 116 pages – 6,50€) en cette période de l’histoire où se fait plus que jamais sentir le besoin de paroles authentiques, claires et essentielles. Il est des œuvres – lit-on dans la préface – qui ont la saveur d’une actualité intemporelle. Inspirées certes par les circonstances, elles dispensent cependant un enseignement qui franchit la condition historique et se met au service de tout homme, en tout temps et en tout lieu. C’est de cette constatation qu’est née l’idée de publier à nouveau le livre écrit par Igino Giordani en 1953, quand la « guerre froide » figeait les positions géopolitiques et cristallisait le partage des consciences. Aujourd’hui, le texte permet d’abord de se plonger avec le recul du temps dans l’atmosphère d’alors, tout en ayant entre les mains, si l’on peut dire, les morceaux du mur de Berlin : une expérience d’une immense portée historique et politique. Mais pour les heures délicates que nous vivons aujourd’hui, c’est un coup de poing dans l’estomac, parce que c’est une démonstration preuves à l’appui, de l’inutilité de la guerre et de son évidente stupidité intrinsèque. Attention, Giordani sait de quoi il parle parce qu’au cours de la première guerre mondiale, son comportement au front lui a valu une décoration. Ce n’est pas un naïf. Il ne parle pas non plus par « lâcheté », accusation ridicule, mais courante, portée contre ceux qui se rangent du côté de la paix. Au contraire, les vrais courageux sont les constructeurs de paix et non ceux qui se réfugient derrière les missiles, canons et autres fusils. Giordani affirme clairement, en structurant son raisonnement, que la paix est le résultat d’un projet qui se réalise patiemment et sérieusement et non des mots en l’air ni un paravent pour cacher qui sait quels intérêts.
Les cent pages de ce livre touchent le lecteur parce qu’elles semblent écrites ce matin et non pas il y a cinquante ans. Vraiment l’histoire est « maîtresse de vie », selon l’antique adage. Dommage que les hommes soient trop souvent de mauvais élèves. Dès la première phrase du livre, Giordani met les points sur les i et oblige le lecteur à la souligner en rouge : « La guerre est un homicide à grande échelle ». Il met le doigt sur la rhétorique, sur le mensonge et sur les intérêts qui accompagnent tout conflit, quel que soit le lieu des combats : « Comme la peste sert à empester, la faim à affamer, la guerre sert à tuer ». Un point, c’est tout. Tu peux être fier et garder tête haute, jeune catholique. Oui, tu te sens fier d’appartenir à une culture à laquelle ont contribué des hommes de cette trempe. Giordani n’était ni un marginal ni un radoteur. Giordani est l’un des nombreux personnages de premier plan du monde catholique qui ont contribué de façon décisive, parfois oubliée aujourd’hui, au développement du peuple italien, par des projets porteurs de vie et d’espérance. C’est un devoir enthousiasmant de connaître la pensée de ces hommes si proches de nous et d’une telle richesse spirituelle qu’ils ne passent jamais de mode.
Un ancien combattant des tranchées démontre que la guerre est inutile
Le livre de Giordani est si passionnant qu’il est difficile d’en interrompre la lecture. Après quelques pages, il faut déjà retailler son crayon, tant on éprouve le besoin de souligner presque chaque ligne. L’auteur est polémiste sans cesser d’être frère de tout homme, même de celui qui pense de façon diamétralement opposée. Il n’offense pas les hommes, mais en lutteur infatigable, en ancien combattant des tranchées, il s’élève contre la guerre et démontre son inutilité, sans lâcher prise. Giordani a une manière très personnelle de s’exprimer, captivante et passionnée, issue du désir de communiquer ses idées. Il est en état de mission permanente. Il est au cœur de l’Église. Il n’est pas seulement écrivain, il est « au-delà » et « davantage ». Il sait choisir les mots justes et, au besoin, invente des expressions qui font mouche. Il a le langage caractéristique des mystiques et on retrouve dans ses paroles des échos des Pères de l’Église. C’est un livre d’histoire, un livre de vie, un livre de prière. C’est un ouvrage qui prend parti contre la tentation de la résignation face aux décisions des puissants en place. Giordani soutient que toute personne est acteur de la paix. « Si tu veux la paix, prépare la paix » est son grand message destiné à toutes les catégories humaines. « Seuls les fous et les incurables peuvent désirer la mort – écrit-il – et la guerre est mort. Elle n’est pas désirée par le peuple. Elle est désirée par des minorités auxquelles la violence physique est utile pour s’assurer des avantages économiques ou pour satisfaire des passions mauvaises. Aujourd’hui surtout, par son coût, avec ses morts et ses destructions, la guerre se présente comme un “massacre inutile”. Massacre, et de plus inutile ». L’expression est de Benoît XV. Giordani respire à pleins poumons le magistère des papes et, au fil des pages, on ne perd jamais de vue les successeurs de Pierre. La guerre – affirme-t-il – est toujours une défaite, même pour le vainqueur. Avec l’argent investi dans ce « massacre inutile », il serait possible de s’attaquer réellement à des problèmes dramatiques comme la faim et la pauvreté, des maladies pourraient être définitivement vaincues. C’est une affaire de justice et les mille prétextes – toujours les mêmes – mis en avant pour justifier la guerre ne valent rien. La « rapidité » des opérations militaires est une « bonne excuse » que Giordani méprise et il rappelle que, dans l’idée d’Hitler, la seconde guerre mondiale devait être une « guerre éclair » et que, selon Salandra [chef du gouvernement italien en 1914, ndt], la première guerre mondiale allait être une « promenade ». Il ajoute avec violence : « Je ne crois pas qu’un chef d’état ait jamais admis faire la guerre pour voler ; tous ont toujours déclaré la faire dans des buts plus nobles, plus altruistes ou plus idéaux les uns que les autres. Et – puérilité de la haine – la rapacité est toujours attribuée à l’ennemi et les beaux sentiments à l’ami ».
Renverser une macabre perspective de l’historiographie
La logique dit que celui qui fait la guerre a tort, il ne résout rien et y perd de toute façon. Le peuple n’en veut pas. Et l’on commet une grave erreur en se complaisant dans les biographies de personnages qui ont déchaîné des massacre indicibles – d’Hitler à Staline – et en ignorant les véritables chefs de l’humanité comme – écrit Giordani – par exemple un Cottolengo ou un don Orione. C’est une question d’ordre culturel que de parvenir à renverser cette macabre perspective de l’historiographie. Giordani indique la voie du dialogue pour parvenir à une solution, toujours et de toute façon, sans céder à la fatigue. Il affirme que misère et convoitise sont les premières causes des guerres et que la peur est toujours à la racine. Mais il existe une espérance, une alternative : elle s’appelle charité et le Christ l’a incarnée, lui qui a tout racheté, y compris la politique pour lui donner une fonction de paix et de vie. « Les ennemis s’aiment : voilà la position du christianisme – écrit Giordani – Si l’on mettait en place une politique de la charité, on découvrirait qu’elle coïncide avec la rationalité la plus éclairée et que, socialement et économiquement parlant, elle se révèle être une affaire ». Il définit toute guerre comme un crime, qu’elle soit agressive ou préventive. C’est une action contre la justice, parce que la justice véritable engendre la paix véritable. Les références de Giordani à Saint François et à Dante sont d’une haute sollicitation spirituelle. Il affirme : « Pour mériter le nom de fils de Dieu, les chrétiens doivent travailler à la paix ». Avec un courage libéré de toute timidité, en vivant le ministère de la réconciliation, en abattant les murs qui séparent, en pardonnant à ceux qui leur font du mal, en guidant vers l’unité ceux qui en sont éloignés. Il cite l’Allemand Max Josef Metzger, tué par les nazis en 1944 : « Nous devons organiser la paix comme d’autres ont organisé la guerre ». Il n’est ni sérieux ni crédible de parler de paix tout en préparant la guerre. « L’œuvre pacificatrice commence avec moi et avec toi… » conclut Giordani. Pour supplanter la guerre, il ne suffit pas d’éliminer les armes, il faut avant tout reconstruire une conscience et une culture de paix. C’est un travail de première urgence, que les hommes de foi soutiennent par la stratégie de la prière. Voilà la mission des chrétiens aujourd’hui dans l’histoire : réaliser l’évangile de la paix.
La guerre est un homicide à grande échelle
Un coup de poing dans l’estomac ! C’est l’effet produit par la lecture d’un livre dont le titre – L’inutilité de la guerre – est si éloquent qu’il place son lecteur le dos au mur. Et pourtant ces pages ont été écrites il y a exactement cinquante ans. Elles portent la signature d’Igino Giordani (1894-1980), homme politique, journaliste, écrivain et personnage de premier plan dans la vie ecclésiale et la vie italienne tout court.
La maison d’édition Città Nuova a décidé de reproposer l’ouvrage de Giordani (Rome 2003, 116 pages – 6,50€) en cette période de l’histoire où se fait plus que jamais sentir le besoin de paroles authentiques, claires et essentielles. Il est des œuvres – lit-on dans la préface – qui ont la saveur d’une actualité intemporelle. Inspirées certes par les circonstances, elles dispensent cependant un enseignement qui franchit la condition historique et se met au service de tout homme, en tout temps et en tout lieu. C’est de cette constatation qu’est née l’idée de publier à nouveau le livre écrit par Igino Giordani en 1953, quand la « guerre froide » figeait les positions géopolitiques et cristallisait le partage des consciences.
Aujourd’hui, le texte permet d’abord de se plonger avec le recul du temps dans l’atmosphère d’alors, tout en ayant entre les mains, si l’on peut dire, les morceaux du mur de Berlin : une expérience d’une immense portée historique et politique. Mais pour les heures délicates que nous vivons aujourd’hui, c’est un coup de poing dans l’estomac, parce que c’est une démonstration preuves à l’appui, de l’inutilité de la guerre et de son évidente stupidité intrinsèque.
Attention, Giordani sait de quoi il parle parce qu’au cours de la première guerre mondiale, son comportement au front lui a valu une décoration. Ce n’est pas un naïf. Il ne parle pas non plus par « lâcheté », accusation ridicule, mais courante, portée contre ceux qui se rangent du côté de la paix. Au contraire, les vrais courageux sont les constructeurs de paix et non ceux qui se réfugient derrière les missiles, canons et autres fusils. Giordani affirme clairement, en structurant son raisonnement, que la paix est le résultat d’un projet qui se réalise patiemment et sérieusement et non des mots en l’air ni un paravent pour cacher qui sait quels intérêts.
Les cent pages de ce livre touchent le lecteur parce qu’elles semblent écrites ce matin et non pas il y a cinquante ans. Vraiment l’histoire est « maîtresse de vie », selon l’antique adage. Dommage que les hommes soient trop souvent de mauvais élèves. Dès la première phrase du livre, Giordani met les points sur les i et oblige le lecteur à la souligner en rouge : « La guerre est un homicide à grande échelle ». Il met le doigt sur la rhétorique, sur le mensonge et sur les intérêts qui accompagnent tout conflit, quel que soit le lieu des combats : « Comme la peste sert à empester, la faim à affamer, la guerre sert à tuer ». Un point, c’est tout.
Tu peux être fier et garder tête haute, jeune catholique. Oui, tu te sens fier d’appartenir à une culture à laquelle ont contribué des hommes de cette trempe. Giordani n’était ni un marginal ni un radoteur. Giordani est l’un des nombreux personnages de premier plan du monde catholique qui ont contribué de façon décisive, parfois oubliée aujourd’hui, au développement du peuple italien, par des projets porteurs de vie et d’espérance. C’est un devoir enthousiasmant de connaître la pensée de ces hommes si proches de nous et d’une telle richesse spirituelle qu’ils ne passent jamais de mode.
Un ancien combattant des tranchées démontre que la guerre est inutile
Le livre de Giordani est si passionnant qu’il est difficile d’en interrompre la lecture. Après quelques pages, il faut déjà retailler son crayon, tant on éprouve le besoin de souligner presque chaque ligne. L’auteur est polémiste sans cesser d’être frère de tout homme, même de celui qui pense de façon diamétralement opposée. Il n’offense pas les hommes, mais en lutteur infatigable, en ancien combattant des tranchées, il s’élève contre la guerre et démontre son inutilité, sans lâcher prise.
Giordani a une manière très personnelle de s’exprimer, captivante et passionnée, issue du désir de communiquer ses idées. Il est en état de mission permanente. Il est au cœur de l’Église. Il n’est pas seulement écrivain, il est « au-delà » et « davantage ». Il sait choisir les mots justes et, au besoin, invente des expressions qui font mouche. Il a le langage caractéristique des mystiques et on retrouve dans ses paroles des échos des Pères de l’Église. C’est un livre d’histoire, un livre de vie, un livre de prière.
C’est un ouvrage qui prend parti contre la tentation de la résignation face aux décisions des puissants en place. Giordani soutient que toute personne est acteur de la paix. « Si tu veux la paix, prépare la paix » est son grand message destiné à toutes les catégories humaines. « Seuls les fous et les incurables peuvent désirer la mort – écrit-il – et la guerre est mort. Elle n’est pas désirée par le peuple. Elle est désirée par des minorités auxquelles la violence physique est utile pour s’assurer des avantages économiques ou pour satisfaire des passions mauvaises. Aujourd’hui surtout, par son coût, avec ses morts et ses destructions, la guerre se présente comme un “massacre inutile”. Massacre, et de plus inutile ». L’expression est de Benoît XV. Giordani respire à pleins poumons le magistère des papes et, au fil des pages, on ne perd jamais de vue les successeurs de Pierre.
La guerre – affirme-t-il – est toujours une défaite, même pour le vainqueur. Avec l’argent investi dans ce « massacre inutile », il serait possible de s’attaquer réellement à des problèmes dramatiques comme la faim et la pauvreté, des maladies pourraient être définitivement vaincues. C’est une affaire de justice et les mille prétextes – toujours les mêmes – mis en avant pour justifier la guerre ne valent rien. La « rapidité » des opérations militaires est une « bonne excuse » que Giordani méprise et il rappelle que, dans l’idée d’Hitler, la seconde guerre mondiale devait être une « guerre éclair » et que, selon Salandra [chef du gouvernement italien en 1914, ndt], la première guerre mondiale allait être une « promenade ». Il ajoute avec violence : « Je ne crois pas qu’un chef d’état ait jamais admis faire la guerre pour voler ; tous ont toujours déclaré la faire dans des buts plus nobles, plus altruistes ou plus idéaux les uns que les autres. Et – puérilité de la haine – la rapacité est toujours attribuée à l’ennemi et les beaux sentiments à l’ami ».
Renverser une macabre perspective de l’historiographie
La logique dit que celui qui fait la guerre a tort, il ne résout rien et y perd de toute façon. Le peuple n’en veut pas. Et l’on commet une grave erreur en se complaisant dans les biographies de personnages qui ont déchaîné des massacre indicibles – d’Hitler à Staline – et en ignorant les véritables chefs de l’humanité comme – écrit Giordani – par exemple un Cottolengo ou un don Orione. C’est une question d’ordre culturel que de parvenir à renverser cette macabre perspective de l’historiographie.
Giordani indique la voie du dialogue pour parvenir à une solution, toujours et de toute façon, sans céder à la fatigue. Il affirme que misère et convoitise sont les premières causes des guerres et que la peur est toujours à la racine. Mais il existe une espérance, une alternative : elle s’appelle charité et le Christ l’a incarnée, lui qui a tout racheté, y compris la politique pour lui donner une fonction de paix et de vie. « Les ennemis s’aiment : voilà la position du christianisme – écrit Giordani – Si l’on mettait en place une politique de la charité, on découvrirait qu’elle coïncide avec la rationalité la plus éclairée et que, socialement et économiquement parlant, elle se révèle être une affaire ».
Il définit toute guerre comme un crime, qu’elle soit agressive ou préventive. C’est une action contre la justice, parce que la justice véritable engendre la paix véritable. Les références de Giordani à Saint François et à Dante sont d’une haute sollicitation spirituelle. Il affirme : « Pour mériter le nom de fils de Dieu, les chrétiens doivent travailler à la paix ». Avec un courage libéré de toute timidité, en vivant le ministère de la réconciliation, en abattant les murs qui séparent, en pardonnant à ceux qui leur font du mal, en guidant vers l’unité ceux qui en sont éloignés. Il cite l’Allemand Max Josef Metzger, tué par les nazis en 1944 : « Nous devons organiser la paix comme d’autres ont organisé la guerre ». Il n’est ni sérieux ni crédible de parler de paix tout en préparant la guerre.
« L’œuvre pacificatrice commence avec moi et avec toi… » conclut Giordani. Pour supplanter la guerre, il ne suffit pas d’éliminer les armes, il faut avant tout reconstruire une conscience et une culture de paix. C’est un travail de première urgence, que les hommes de foi soutiennent par la stratégie de la prière. Voilà la mission des chrétiens aujourd’hui dans l’histoire : réaliser l’évangile de la paix.
Giampaolo Mattei
Parole de vie de mars 2003
Aux foules qui s’empressaient autour de lui, Jésus parlait du royaume de Dieu : des paroles toutes simples, des paraboles tirées d’épisodes de la vie quotidienne, qui pourtant exerçaient un attrait tout spécial sur son auditoire. Ce qui frappait les foules c’était l’autorité avec laquelle Jésus parlait, contrairement aux scribes. « Jamais homme n’a parlé comme cet homme » répondent aux grands prêtres et aux pharisiens les gardes qui ont enfreint l’ordre de l’arrêter.
L’évangile de Jean rapporte des entretiens lumineux, comme celui de Jésus avec Nicodème ou avec la Samaritaine. Avec ses apôtres, toutefois, Jésus va plus en profondeur : il leur parle ouvertement du Père et des choses du Ciel, en abandonnant tout langage énigmatique ; ils en sont séduits même s’ils ne comprennent pas entièrement ses paroles ou que celles-ci leur paraissent trop exigeantes.
« Elle est dure, cette parole ! Qui peut l’écouter ? » commentent de nombreux disciples après le discours du Pain de Vie où il est question de donner son corps à manger et son sang à boire.
Alors, voyant s’éloigner ses disciples, il s’adresse aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? »
Pierre, désormais attaché pour toujours à son Maître et fasciné par ce qu’il lui avait dit le jour de leur rencontre, prend la parole au nom de tous et déclare :
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
Pierre avait bien compris que les paroles de son Maître étaient tout à fait différentes de celles des autres maîtres. Les paroles qui vont de la terre à la terre, appartiennent à la terre et ont le destin de la terre. Les paroles de Jésus, en revanche, sont esprit et vie parce qu’elles viennent du Ciel : elles sont une lumière qui descend du Ciel et qui a la puissance du Ciel. Les paroles de Jésus ont une densité et une profondeur que n’ont pas les autres paroles, celles des philosophes, des hommes politiques, des poètes. Elles sont « paroles de vie éternelle » parce qu’elles contiennent, expriment et communiquent la plénitude de la vie qui n’a pas de fin, parce que c’est la vie même de Dieu.
Jésus est ressuscité et il est vivant. Ses paroles, prononcées dans le passé, ne sont pas de l’ordre du souvenir, mais s’adressent aujourd’hui à chacun de nous, à tous les hommes et femmes de tous les temps et de toutes les cultures : ce sont des paroles universelles et éternelles.
On pourrait dire de Jésus qu’il a excellé dans l’art de la parole : le Verbe lui-même qui s’exprime en paroles humaines. Tout y est inouï : le contenu, l’intensité, l’accent, la voix !
Saint Basile raconte : « Un jour, je m’éveillai comme d’un profond sommeil, je tournai les yeux vers l’admirable lumière de la vérité évangélique et je vis l’inutilité de la sagesse des princes de ce siècle, ceux qui sont marqués par la déchéance . »
Thérèse de Lisieux, dans une lettre du 9 mai 1897, écrit : « Parfois lorsque je lis certains traités spirituels [?] mon pauvre petit esprit se fatigue bien vite, je ferme le savant livre qui me casse la tête et me dessèche le cœur et je prends l’Écriture Sainte. Alors tout me semble lumineux, une seule parole découvre à mon âme des horizons infinis, la perfection me semble facile. »
Oui, les paroles divines comblent notre esprit fait pour l’infini. Elles n’illuminent pas seulement l’esprit mais tout notre être car elles sont lumière, amour et vie. Elles nous apportent la paix, même dans les moments de trouble et d’angoisse. Elles nous donnent la plénitude de la joie au milieu des souffrances qui parfois nous oppriment. Elles nous donnent la force lorsque nous sombrons dans la crainte ou le découragement. Elles nous rendent libres parce qu’elles ouvrent la voie à la Vérité.
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as des paroles de vie éternelle ».
La parole de ce mois nous rappelle que Jésus est le maître, l’unique maître que nous voulons suivre, au-delà de l’apparente dureté ou de l’étonnante exigence de ses paroles : honnêteté dans notre travail, pardon, service d’autrui plutôt que bien-être égoïste, fidélité dans la vie conjugale, résistance à la tentation de l’euthanasie auprès d’un malade incurable.
Combien de maîtres nous invitent à des solutions faciles, à des compromis ! Nous ne voulons écouter que notre seul maître et le suivre, Lui qui dit la vérité et « a des paroles de vie éternelle ». Nous pouvons prendre à notre compte ces paroles de Pierre.
Pendant le présent Carême qui nous prépare à la grande fête de la résurrection, nous pouvons nous mettre à l’école de ce Maître et en devenir d’authentiques disciples. L’amour de la Parole de Dieu doit nous habiter : accueillons-la attentivement lorsque nous l’entendons proclamer à l’église, lorsque nous la lisons, l’étudions ou la méditons.
Mais surtout, nous sommes appelés à la vivre, selon l’enseignement de l’Écriture : « Mettez la Parole en pratique. Ne soyez pas seulement des auditeurs qui s’abusent eux-mêmes ! » C’est pour cette raison que nous portons notre attention sur l’une d’entre elles chaque mois, et que nous la laissons nous pénétrer, nous former, nous « vivre ». Vivre une seule parole de Jésus revient à vivre l’Évangile tout entier car dans chacune de ses paroles c’est Lui-même qui se donne, c’est Lui qui vient vivre en nous. C’est comme une goutte de sa divine sagesse qui, à force de tomber au même endroit, se fraye un chemin et s’installe en nous, y imprimant un nouveau mode de penser, de vouloir et d’agir.
Chiara Lubich
Le courage de la cohérence, au risque de perdre son travail
Le courage de la cohérence, au risque de perdre son travail
Je suis étudiante en droit et je travaille en même temps dans un ministère au Paraguay. Je dois souvent aller à contre-courant face à une mentalité opposée au projet de Dieu, pour défendre mes principes jusqu’à en assumer toutes les conséquences. Dans mon milieu de travail, une personne haut placée et qui jouissait de certains privilèges avait un comportement carrément malhonnête. Pour se justifier, elle avait coutume de dire : « si tu veux être avocat et ne rien commettre d’illégal, tu perds ton temps et tu finiras tout simplement par mourir de faim ». Moi, je sentais que ce n’était pas vrai et j’en avais la preuve : je connaissais d’autres personnes qui vivaient de façon cohérente. Je devais le lui dire, avec charité certes, mais je devais le faire, même si je me rendais compte que c’était risqué. Mais la voix intérieure était plus forte et me donnait la certitude que dire à l’autre ce qui ne va pas bien est amour. Comme je le craignais, je perdis mon travail pour avoir manifesté mes convictions. J’en ai terriblement souffert, mais en même temps j’étais en paix parce que je savais que j’avais agi comme il fallait. La conscience d’avoir un Père à qui tout est possible et qui m’aime immensément s’est renforcée en moi. N’est-il pas écrit dans l’évangile que le Père qui prend soin des oiseaux du ciel s’occupe à plus forte raison de nous ? Certes, cela semblait humainement impossible dans la situation économique du Paraguay, pourtant le soir même, j’ai reçu deux propositions d’emploi et le premier entretien d’embauche a été fixé au lendemain. De plus, mon nouveau travail est plus directement en rapport avec mes études et donc plus intéressant et plus formateur. Ma reconnaissance envers le Père est infinie. C’est un nouveau défi qui s’ouvre devant moi et m’offre des occasions d’aimer et de servir par milliers. P.C. – Paraguay Tiré de I Fioretti di Chiara e dei Focolari (Les fioretti de Chiara et des Focolari) – éditions San Paolo

Prière mondiale pour la paix
Prière mondiale pour la paix
Une prière qui fait le tour du monde, 24 heures sur 24 « Les difficultés que la perspective mondiale fait apparaître en ce début de millénaire nous conduisent à penser que seule une intervention divine peut faire espérer un avenir moins sombre, une intervention capable de guider les cœurs de ceux qui vivent des situations conflictuelles et de ceux qui régissent le sort des nations ». Ainsi s’est exprimé le pape à l’angélus du 9 février 2003, en reprenant une phrase de la Lettre apostolique dans laquelle il remet en valeur la prière mariale du rosaire. Réponse enthousiaste des jeunes : le rosaire mondial pour la paix. A toute moment de la journée, grâce aux 24 fuseaux horaires, des jeunes récitent le chapelet, avec la paix comme intention spéciale, là où un conflit existe ou menace, par exemple en Israël, en Côte d’Ivoire, au Congo… Pour ceux qui veulent s’unir à cette initiative des JPMU (Jeunes Pour un Monde Uni), les heures proposées sont les suivantes : Heure française / heure locale et pays concerné 1 18 h : Mexique et Amérique centrale 2 20 h : Chili, Pérou, Colombie 3 22 h : Argentine, Uruguay, Venezuela 4 8 h : Inde 5 8 h, 10 h : Pakistan, Thaïlande 6 12 h : Singapour, Vietnam 7 14 h : Philippines, Hong Kong, Australie (Perth) 8 8 h : Allemagne ; 16 h : Corée, Japon 9 9 h : Belgique, Hollande ; 8 h : Grande Bretagne, Irlande, Côte d’Ivoire ; 18 h : Australie 10 10 h : Italie (Bologne, Castelli romani, Catania, Florence) 11 11 h : Italie (Milan, Naples, Rome), Moyen Orient 12 12 h : Autriche, Suisse ; 11 h : Portugal 13 13 h : France 14 14 h, 15 h : Pologne, Russie 15 15 h : République tchèque, Slovaquie ; 17 h : zone du Kenya 16 16 h : Croatie ; 18 h : Madagascar 17 17 h : Slovénie 18 18 h : Congo ; 14 h : Brésil 19 19 h : Cameroun 20 20 h : Afrique du Sud, Italie (Abruzzes) 21 21 h : Hongrie, Italie (Sardaigne) 22 22 h : Espagne, Italie (Trente et Turin) 23 14 h : Etats-Unis (San Antonio, Los Angeles), Ouest du Canada 24 16 h : Etats-Unis (New York, Chicago), Canada (Toronto)
[:it]Il segreto della pace[:en]From the Apostolic Letter of the Supreme Pontiff “Rosarium Virginis Mariae”[:es]El secreto de la paz
[:it]Non c’era posto per un altro figlio… ma l’amore va oltre[:es]No había lugar para otro hijo… pero el amor va más allá
PAROLE DE VIE DE FÉVRIER 2003
Que nous rappelle le psaume d’où est tirée cette Parole de vie ? Que nous sommes le peuple de Dieu qui, tel un berger, veut nous guider vers la terre promise. Il nous a conçus depuis toujours et sait comment nous devons marcher pour atteindre la plénitude de notre être véritable. Dans son amour il nous montre le chemin, nous indiquant ce qu’il faut faire et éviter.
Voulant nous introduire dans une communion avec lui, Dieu nous parle comme à des amis : si quelqu’un écoute ma voix, conclut le psaume, il entrera dans le repos de Dieu, la terre promise, la joie du Paradis .
Jésus lui aussi se compare à un berger, nous conduisant vers la plénitude de la vie. Ses disciples qui le connaissent écoutent sa voix et le suivent. Il leur promet la vie éternelle.
À chacun, Dieu fait entendre sa voix. Le Concile Vatican II nous le rappelle :
« Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : “Fais ceci, évite cela”. Car c’est une loi inscrite par Dieu au cœur de l’homme… » .
Lorsque Dieu parle à notre cœur, que devons-nous faire ? Simplement prêter l’oreille à sa parole, sachant que dans le langage biblique, écouter signifie adhérer complètement, se conformer à ce qui nous est dit. Cela revient à se laisser prendre par la main par Dieu et guider par lui . Nous pouvons lui donner toute notre confiance, comme un enfant qui s’abandonne dans les bras de sa mère et se laisse porter par elle. Le chrétien est une personne guidée par l’Esprit-Saint.
« Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
Après ces mots, le psaume poursuit : « Ne durcissez pas votre cœur ». La dureté du cœur, Jésus en a parlé bien souvent. À Dieu on peut résister c’est-à-dire se fermer, refuser de l’écouter. Le cœur dur ne se laisse pas façonner.
Par mauvaise volonté ? Pas toujours ; mais notre cœur est si souvent encombré de trop de bruits : penchants désordonnés conduisant au péché, mentalité du monde qui s’oppose au projet de Dieu, modes, slogans publicitaires… Il est si facile de confondre nos opinions, nos désirs avec la voix de l’Esprit en nous, tombant ainsi dans l’arbitraire et le subjectif.
En moi se trouve la réalité par excellence : je ne dois jamais l’oublier. Alors, je ferai tout taire en moi pour y découvrir la voix de Dieu. Puis j’extrairai cette voix comme on extrait un diamant de sa gangue de boue : on enlève ce qui a pu la polluer, on l’expose, et on se laisse guider par elle. Alors je pourrai aussi guider les autres parce que la voix ténue de Dieu qui stimule et éclaire, cette sève qui monte du fond de mon âme, est sagesse, elle est amour, et le propre de l’amour est de se donner.
« Aujourd’hui, écouterez-vous sa parole ? »
Notre sensibilité d’âme et notre instinct évangélique peuvent-ils s’affiner pour mieux écouter ce que la voix nous suggère ?
C’est possible d’abord en nous réévangélisant constamment par la lecture et surtout par la pratique de la parole de Dieu. Nous apprendrons à reconnaître sa voix en nous si nous nous habituons à l’écouter de la bouche de Jésus, parole de Dieu faite homme. Demandons-le lui dans la prière.
Et puis laissons vivre le Ressuscité en nous, en renonçant à nous-mêmes, en combattant notre égoïsme, notre « vieil homme », toujours à l’affût. Ayons le réflexe de dire non tout de suite à ce qui s’oppose à la volonté de Dieu et oui à tout ce qu’il veut. Non aux tentations et oui à nos devoirs, à l’amour envers tous les autres, oui aux épreuves et aux difficultés.
Enfin, nous reconnaîtrons plus facilement la voix de Dieu si le Ressuscité vit au milieu de nous, c’est-à-dire si nous nous aimons jusqu’à ce que l’amour devienne réciproque, en créant partout des oasis de communion, de fraternité. Jésus au milieu de nous est comme le haut-parleur qui amplifie la voix de Dieu en chacun de nous. L’apôtre Paul nous apprend que l’amour chrétien, vécu dans la communauté, s’enrichit toujours plus en connaissance et en clairvoyance, et nous aide à discerner ce qui convient le mieux.
Notre vie grandira entre deux flammes : Dieu en nous et Dieu au milieu de nous. Dans ce foyer divin nous pouvons nous former et nous entraîner à écouter et à suivre Jésus.
Que c’est beau une vie guidée autant que possible par l’Esprit-Saint ! Elle de la saveur, de la vigueur, elle est authentique et lumineuse.
Chiara LUBICH
[:it]Igino Giordani nell’Italia del Novecento. Novità assoluta: l’analisi della sua produzione letteraria
[:it]La figura e l’opera di Igino Giordani
[:it]Mi sentivo sprofondare nel nulla… poi la forza di arrivare alla cura[:es]Sentía que estaba cayendo en la nada….. después la fuerza para llegar al tratamiento[:pt]Eu me sentia no fundo do poço… depois, tive a força para me recuperar
[:it]"Miniera d’oro": sulle orme dei grandi santi spagnoli[:en]A Gold Mine: on the footsteps of the big saints of Spain[:es]“Mina de oro”: sobre las huellas de los grandes santos españoles

Susciter partout des pans de fraternité en vue de la paix entre les peuples : des chrétiens et des hindous s’y engagent ensemble.
Chiara Lubich a quitté l’Inde, mais ses collaborateurs ont continué le voyage avec une étape à Coimbatore, dans le Tamil Nadu, et une autre à Delhi, pour des rencontres avec le monde hindou et les Églises locales.
Chiara Lubich en Inde
Un an après la grande journée pour la paix du 24 janvier 2002 à Assise (Italie), qui a réuni autour du pape les responsables des grandes religions du monde, les rumeurs de guerre semblent prendre le pas sur les appels à la paix. Cependant des signes à contre-courant nous parviennent de l’Inde, pays qui s’est pourtant signalé cette année par une recrudescence de la violence entre hindous, chrétiens et musulmans. A l’occasion du voyage en Inde de Chiara Lubich et de ses collaborateurs, qui sont arrivés le 4 janvier à Bombay, le dialogue avec les institutions culturelles et sociales hindoues a permis de mettre en évidence la fraternité universelle inscrite dans les racines de la culture indienne en même temps que la tension mystique répandue dans cette culture si mystérieuse.
La rencontre avec la Swadhyaya Family a permis de constater, avec une surprise réciproque, les nombreux éléments communs. Il s’agit d’un vaste mouvement hindou de 8 millions d’adhérents, fondé par Shri Pandurang Shastri Athavale, connu sous le nom de Dada-ji (maître, frère aîné). Celui-ci enseigne que Dieu réside en tout être humain et que l’accomplissement de l’unité spirituelle entraînera la résolution des problèmes mondiaux. Le premier contact entre le Mouvement des Focolari et la Swadhyaya Family avait eu lieu à l’occasion de la Journée pour la paix à Assise, où les deux seules femmes qui ont pris la parole étaient Didi Talwakar, fille et héritière spirituelle du fondateur de la Swadhyaya Family, et Chiara Lubich. Au cours de leur première rencontre, à Rocca di Papa, les deux femmes avaient découvert l’extraordinaire consonance entre l’esprit de la Swadhyaya Family et celui du Mouvement des Focolari et fait aussitôt l’expérience d’une grande fraternité. A Bombay se sont déroulées deux autres rencontres importantes qui ont permis d’approfondir le dialogue commencé deux ans auparavant, lors du premier voyage de Chiara Lubich en Inde. La première au Somaiya College, institut universitaire fort de 25 000 étudiants et 30 facultés et départements, une des institutions hindoues les plus engagées dans le dialogue interreligieux. La seconde rencontre a eu lieu au Bharatiya Vidya Bhavan, centre culturel para universitaire qui compte une centaine d’établissements en Inde et quinze à l’étranger, et dont le but est la redécouverte des racines de la culture hindoue et son développement. Cet organisme regroupe à la fois des hindous, des musulmans, des chrétiens, des zoroastriens et des bouddhistes. Chiara Lubich était arrivée en Inde le 4 janvier et était allée aussitôt rencontrer le cardinal Dias, archevêque de Bombay et son prédécesseur le cardinal Simon Pimenta, afin de commencer son voyage en pleine communion avec l’Église locale. Le cardinal Dias l’a invitée à porter son charisme d’unité au clergé, aux séminaristes et aux religieux et religieuses du diocèse, que Chiara Lubich a rencontrés le 9 janvier. Il l’avait aussi invitée à intervenir à la troisième rencontre des mouvements d’Église qui ont entrepris un chemin de communion, le 12 janvier, devant 3 500 personnes représentant seize mouvements et associations. Chiara Lubich a quitté l’Inde, mais ses collaborateurs ont continué le voyage avec une étape à Coimbatore, dans le Tamil Nadu, et une autre à Delhi, pour des rencontres avec le monde hindou et les Églises locales.
PAROLE DE VIE DE JANVIER 2003
Impressionnés par les prédicateurs de leur époque, les chrétiens de Corinthe avaient tendance à faire le parallèle avec l’apôtre Paul, un homme simple, fragile et physiquement éprouvé, qui renonçait à l’érudition et à l’éloquence de la sagesse humaine. C’est pourtant à lui que, sur la route de Damas, Jésus s’était pleinement révélé. Depuis lors, la lumière de la connaissance du Fils de Dieu n’avait cessé de briller en lui, et Dieu avait fait de lui un instrument de choix pour la porter à tous les hommes. Paul était bien le premier à se rendre compte de l’écart entre la grandeur de sa mission et la faiblesse de sa personne : un trésor placé dans un pauvre vase de terre cuite.
Bien souvent, nous faisons le même constat : notre pauvreté, notre insuffisance, notre impuissance devant des situations qui nous dépassent. Nous percevons notre tendance au mal, et la difficulté à y résister à cause de la faiblesse de notre volonté. Comme Paul, nous nous sentons des vases d’argile.
Et ces faiblesses, ces fragilités, nous les décelons chez les personnes qui nous entourent, en famille, dans la communauté ou le groupe dont nous faisons partie. Tout particulièrement pendant ce mois où l’on célèbre la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous ressentons douloureusement le fait que, malgré le trésor que Dieu nous a donné, nous n’avons pas réussi à vivre en unité.
« Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile. »
À regarder les vases d’argile que nous sommes, nous pourrions perdre courage. Mais ce qui a de la valeur – et sur quoi nous voulons porter toute notre attention – c’est le trésor que nous portons en nous ! Paul, lui, savait que son vase d’argile était habité par la lumière du Christ , ce qui lui donnait l’audace de tout oser pour la diffusion de son Royaume. Comme chrétiens, nous portons, nous aussi un trésor infini : la sainte Trinité. Si je regarde au fond de moi-même, je peux découvrir une immensité d’amour un abîme, un soleil divin. Si je regarde autour de moi, au-delà du « vase d’argile » qui me saute aux yeux chez les autres, je découvre le trésor qui est en eux. Je vais ainsi au-delà des apparences. La lumière de la Trinité qui habite en nous, rappelle Jean Paul II, « doit être aussi perçue sur le visage des frères qui sont à nos côtés » .
« Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile. »
C’est bien à nous que cette Parole de Vie s’adresse. À nous tous. « Les chrétiens doivent faire connaître ensemble ce trésor qui resplendit glorieux dans le visage du Ressuscité. » Mais il nous faut entrer en communion avec lui pour prendre conscience de la richesse que nous possédons. Oui, nous pouvons apprendre à vivre avec la sainte Trinité, jusqu’à nous perdre en elle. Oui, nous pouvons établir un rapport personnel avec chacune des trois Personnes divines, le Père, le Fils et l’Esprit Saint, afin que ce soit Dieu lui-même qui vive et agisse en nous.
Le Père est en nous, présent dans le vase d’argile que nous sommes. Nous pouvons nous décharger sur lui de tous nos soucis comme nous le suggère l’apôtre Pierre . À un père on se remet en tout et pour tout, en pleine confiance. Un père est le soutien, l’assurance de son fils qui, comme un enfant, se jette avec insouciance dans ses bras.
Le Fils est lui aussi en nous. Le Verbe incarné, Jésus, vit en nous. Nous avons appris à le découvrir et à l’aimer là où il est présent : dans l’Eucharistie, dans la Parole, quand nous sommes unis en Son nom, dans le pauvre, dans l’autorité qui le représente… au plus profond de notre cœur. Nous pouvons même apprendre à l’aimer dans nos limites, nos faiblesses, nos échecs, parce qu’il a assumé notre faiblesse et notre fragilité, sans être lui-même pécheur. Jésus, Verbe incarné, qui a tout partagé avec nous, peut nous soutenir dans toutes les épreuves de la vie, en nous suggérant comment les dépasser, afin de nous redonner lumière, force et paix.
Et à l’Esprit Saint, nous nous confions avec assurance, comme à un autre nous-mêmes. Il nous répond toujours lorsque nous l’invoquons et nous suggère des paroles de sagesse. Il nous réconforte, nous soutient, nous aime comme un véritable ami, en nous donnant sa lumière.
Que voulons-nous de plus ? Un unique Amour règne dans notre cœur : c’est notre trésor. Le vase d’argile, chez nous comme chez les autres, ne nous découragera plus. Il nous rappellera simplement que la lumière et la vie que Dieu veut dégager en nous et autour de nous n’est pas tant le fruit de nos capacités humaines que l’effet de sa présence à l’œuvre en nous, si nous savons la reconnaître et l’aimer.
Alors, comme Paul, nous pourrons nous aussi tout oser pour le Royaume de Dieu, et tendre plus fortement à une communion pleine et visible entre les chrétiens, afin de pouvoir répéter comme lui : « Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous » (2 Co 4, 7).
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE DE DÉCEMBRE 2002
Ces paroles marquent le début de l’aventure divine de Marie. L’Ange vient juste de lui révéler le projet que Dieu a sur elle : qu’elle soit la mère du Messie. Avant de donner son accord, elle a voulu s’assurer que telle était bien la volonté de Dieu et, une fois qu’elle a compris que c’était ce qu’il voulait, elle n’a pas hésité un seul instant à adhérer pleinement à cette volonté. Et dès lors, Marie a continué à s’abandonner complètement au vouloir de Dieu, même dans les moments les plus douloureux et les plus tragiques.
Parce qu’elle a accompli la volonté de Dieu et non la sienne, parce qu’elle a eu totalement confiance en ce que Dieu lui demandait, toutes les générations la proclameront bienheureuse (cf. Lc 1, 48) et elle s’est réalisée pleinement au point de devenir la Femme par excellence.
Car c’est bien ce qui se produit lorsque nous accomplissons la volonté de Dieu : nous réalisons notre personnalité, nous acquérons notre pleine liberté, nous atteignons notre être véritable. Car depuis toujours Dieu a pensé à nous, de toute éternité il nous a aimés ; depuis toujours nous avons une place dans son cœur. Comme à Marie, Dieu veut nous révéler ce qu’il a pensé pour chacun de nous, il veut nous faire connaître notre véritable identité. « Veux-tu que je fasse de toi et de ta vie un chef-d’œuvre ? – semble-t-il nous dire – Suis la route que je t’indique et tu deviendras tel que tu es depuis toujours dans mon cœur. Car, de toute éternité, j’ai pensé à toi et je t’ai aimé, j’ai prononcé ton nom. En te disant quelle est ma volonté, je te révèle qui tu es. »
Sa volonté n’est donc pas une réalité imposée qui nous étouffe, mais la révélation de son amour pour nous, de son projet sur nous ; ce projet est sublime comme Dieu lui-même, fascinant comme son visage : c’est lui-même qui se donne à nous. La volonté de Dieu est un fil d’or, une trame divine qui tisse toute notre vie terrestre et au-delà, une parabole qui va de l’éternité à l’éternité : dans l’esprit de Dieu d’abord, ensuite sur cette terre, et enfin au Paradis.
Mais pour que le dessein de Dieu s’accomplisse pleinement, il demande mon accord et le tien, comme il l’a demandé à Marie. C’est la condition pour que se réalise la parole qu’il a prononcée sur toi, sur moi. Nous sommes alors appelés à dire, comme Marie :
« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit. »
Bien sûr, sa volonté n’est pas toujours facile à comprendre. Comme Marie, nous devons aussi demander des éclaircissements pour comprendre ce que Dieu veut. Il faut écouter attentivement sa voix en nous, en toute sincérité, en nous faisant conseiller si besoin est par quelqu’un qui puisse nous aider. Mais une fois que nous avons compris sa volonté, disons-lui oui tout de suite. Car si nous avons compris que, dans notre vie, sa volonté est ce qu’il y a de plus grand et de plus beau, nous ne nous résignerons pas à « devoir » faire la volonté de Dieu, mais nous serons heureux de « pouvoir » la faire, de pouvoir seconder son projet pour que se réalise ce qu’il a pensé pour nous. C’est la chose la plus intelligente que nous puissions accomplir.
Les paroles de Marie – « Je suis la servante du Seigneur » – sont donc notre réponse d’amour à l’amour de Dieu. Elles nous maintiennent toujours tournés vers lui, à l’écoute, dans une attitude d’obéissance, avec l’unique désir d’accomplir sa volonté pour être comme il le désire.
Pourtant, ce qu’il nous demande peut parfois nous sembler insensé. Nous avons l’impression qu’il faudrait faire autrement, nous voudrions prendre nous-mêmes notre vie en main. On aurait même parfois envie de donner des conseils à Dieu, de lui indiquer ce qu’il faut faire ou éviter. Mais si je crois que Dieu est amour, et que je lui fais confiance, je crois aussi que ce qu’il a prévu pour ma vie et pour celle de ceux qui m’entourent est pour notre bien. Je m’abandonne pleinement à sa volonté, je la désire de tout mon être, jusqu’à ne plus faire qu’un avec elle, sachant qu’accueillir sa volonté c’est accueillir Dieu, l’étreindre, se nourrir de lui.
Rien, nous devons le croire, ne survient par hasard. Aucun événement joyeux, indifférent ou douloureux, aucune rencontre, aucune situation de famille, de travail, d’école, aucune condition de santé physique ou morale n’est privée de sens. Tout – événements, circonstances, personnes – nous porte un message de la part de Dieu, tout contribue à l’accomplissement du dessein de Dieu, que nous découvrirons peu à peu, jour après jour, en faisant, comme Marie, la volonté de Dieu.
« Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit. »
Comment vivre alors cette Parole ? Notre oui à la Parole de Dieu entraîne concrètement notre adhésion entière, à chaque instant, à l’action que la volonté de Dieu nous demande. Être tout entier dans cette action, en éliminant tout le reste, en abandonnant nos propres pensées, nos désirs, nos souvenirs, ainsi que tout autre travail.
Devant chaque volonté de Dieu, qu’elle soit douloureuse, joyeuse, indifférente, il s’agit de dire à notre tour : « Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit », ou bien, comme Jésus nous l’a enseigné dans le Notre Père : « Que ta volonté soit faite ». Disons « Que ta volonté soit faite » avant chacune de nos actions. Et nous accomplirons, instant par instant, morceau par morceau, la mosaïque merveilleuse et unique de notre vie, que le Seigneur a pensée depuis toujours pour chacun de nous.
Chiara LUBICH
[:it]Cristiani e musulmani: fratellanza possibile
PAROLE DE VIE DE NOVEMBRE 2002
Jésus vient de sortir du temple. Ses disciples lui font remarquer avec fierté la majesté et la beauté de cet édifice. Jésus leur répond : « Vous voyez tout cela, n’est-ce pas ? En vérité, je vous le déclare, il ne restera pas ici pierre sur pierre : tout sera détruit. » Puis il se rend au Mont des Oliviers, s’assied et, regardant Jérusalem qui s’étend à ses pieds, se met à parler de la destruction de la ville et de la fin du monde.
Comment se déroulera la fin du monde ? Quand arrivera-t-elle ? À la suite des disciples, toutes les générations de chrétiens se poseront cette question qui nous concerne tous.
L’avenir reste toujours un mystère qui souvent nous effraie. Aujourd’hui encore certains consultent à ce sujet des voyants ou interrogent leur horoscope : quel sera mon avenir ? Que va-t-il se passer ?
La réponse de Jésus est claire. À la fin des temps, lui, le Seigneur de l’histoire, reviendra. Le point lumineux de notre avenir, c’est lui.
Et quand cette rencontre aura-t-elle lieu ? Personne ne le sait. Elle peut avoir lieu à tout moment. Notre vie est entre les mains du Seigneur. Il nous l’a donnée. Il peut nous la reprendre subitement. Il nous avertit cependant : si vous veillez, vous serez prêts pour cet événement.
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Cette parole de Jésus nous rappelle avant tout qu’il reviendra. Notre vie sur la terre s’achèvera ; une vie nouvelle commencera, qui n’aura pas de fin. Personne ne veut parler de la mort aujourd’hui. Parfois, pour éviter d’y penser, on se plonge à corps perdu dans les activités quotidiennes. Au point même d’en oublier celui qui nous a donné la vie et nous la redemandera pour nous introduire dans la plénitude de sa propre vie, dans la communion avec son Père au Paradis.
Serons-nous prêts pour cette rencontre ? Aurons-nous notre lampe allumée comme les vierges sages attendant l’époux ? Autrement dit : serons-nous dans l’amour ? Ou bien notre lampe sera-t-elle éteinte, car le tourbillon de nos activités, notre poursuite de joies éphémères, la possession des biens matériels nous auront fait oublier la seule chose nécessaire : aimer.
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
Mais comment veiller ? Nous le savons : le bon veilleur, c’est celui qui aime. C’est la femme qui attend son mari qui rentre plus tard que prévu de son travail ou d’un voyage. C’est la mère qui s’inquiète parce que ses enfants ne sont pas encore là. C’est le garçon qui brûle d’impatience de retrouver celle qu’il aime. Et ainsi de suite. Celui qui aime continue à attendre même lorsque l’autre tarde.
On attend Jésus lorsqu’on l’aime et qu’on désire ardemment le rencontrer.
Et l’attente de Jésus se peuple de gestes d’amour concrets, comme le service de nos frères, l’engagement dans la construction d’une société plus juste. Jésus lui-même nous y invite dans la parabole du serviteur fidèle qui, en l’absence de son maître, prend soin des domestiques et de la maison ; ou bien dans celle des serviteurs qui, toujours dans l’attente de leur maître, font fructifier les talents qu’ils ont reçus de lui.
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure. »
C’est bien parce que nous ne connaissons ni le jour ni l’heure de sa venue que nous pouvons nous concentrer plus facilement sur l’aujourd’hui qui nous est donné et sur chaque moment présent que la providence nous donne à vivre.
J’ai écrit autrefois spontanément, cette prière. Je voudrais la rappeler aujourd’hui : « Jésus, fais que chacune de mes paroles soit comme si c’était la dernière que je prononce. Fais que chacune de mes actions soit comme si c’était la dernière que j’entreprends. Fais que chacune de mes souffrances soit comme si c’était la dernière que je peux t’offrir. Fais que chacune de mes prières soit comme si c’était la dernière occasion que j’ai ici-bas de m’entretenir avec toi. »
Chiara LUBICH
[:it]E’ la nostra vocazione mettere in risalto Maria[:en]It is our vocation to highlight Mary[:es]Nuestra vocación es poner de relieve a María
Lettera del Papa a Chiara Lubich
Alla Gentile Signorina CHIARA LUBICH Presidente dell’Opera di Maria (Movimento dei Focolari) 1. Con gioia ed affetto rivolgo il mio cordiale saluto a Lei ed ai partecipanti all’Assemblea Generale dell’Opera di Maria, in corso di svolgimento a Castel Gandolfo. Ringrazio per le espressioni di augurio che avete voluto farmi pervenire per l’odierna ricorrenza, che dà inizio al XXV anno del mio ministero nella Sede di Pietro. Ho sempre sentito la spirituale vicinanza degli aderenti al Movimento dei Focolari, e ho ammirato la loro fattiva azione apostolica nella Chiesa e nel mondo. In modo particolare, apprezzo l’Opera di Maria per il valido contributo che offre nel perseguimento stesso del suo fine specifico, cioè la promozione della comunione mediante la ricerca e la pratica del dialogo, sia all’interno della Chiesa cattolica, che con le altre Chiese e comunità ecclesiali, come pure con le diverse religioni e con i non credenti. 2. Mentre in questi giorni state verificando e progettando la vita e l’attività del Movimento, sono lieto di rinnovarvi l’espressione della mia stima e riconoscenza per l’apostolato che svolgete e per le molteplici iniziative che promuovete, affinché la Chiesa diventi sempre più “la casa e la scuola della comunione” (Lett. ap. Novo millennio ineunte, 43). Voi siete ben consapevoli – e il vostro operare ne tiene costantemente conto – di come le azioni concrete debbano essere precedute ed animate da una robusta spiritualità di comunione, quale principio educativo nei luoghi in cui si plasma l’uomo e il cristiano (cfr ibid.). Penso, al riguardo, alle molteplici diramazioni del Movimento dei Focolari: i ragazzi e i giovani, le famiglie, i sacerdoti e i religiosi; penso alla vostra presenza nelle comunità parrocchiali e diocesane, nei vari ambiti della società e della cultura. Vi ringrazio, carissimi, e vi incoraggio a proseguire dappertutto nel testimoniare Dio Amore, Uno e Trino, che risplende in Cristo e nella sua Chiesa. 3. Approfondite poi sempre più il peculiare legame spirituale che vi unisce a Maria Santissima: a Lei, infatti, la vostra Opera è intitolata. Coltivate una fedele devozione verso la Vergine Madre della Chiesa una e santa, la Madre dell’unità nell’amore. In questa singolare ricorrenza, vorrei consegnare idealmente ai Focolarini la preghiera del santo Rosario, che ho voluto riproporre a tutta la Chiesa, quale via privilegiata di contemplazione ed assimilazione del mistero di Cristo. Sono certo che la vostra devozione alla Vergine Santa vi aiuterà a dare il necessario rilievo all’iniziativa di un anno dedicato al Rosario. Offrite il vostro contributo, perché questi mesi diventino per ogni Comunità cristiana occasione di rinnovamento interiore. 4. L’Anno del Rosario sarà anche per voi uno stimolo a intensificare la contemplazione di Cristo con gli occhi di Maria, per conformarvi a Lui e irradiarne la salutare presenza negli ambienti nei quali vivete. In modo speciale so di poter affidare alla vostra preghiera il mistero di Gesù crocifisso e abbandonato quale via per contribuire all’attuazione del suo supremo desiderio di unità tra tutti i suoi discepoli. Certo del costante ricordo che avete per il Successore di Pietro, vi assicuro la mia preghiera e, auspicando ogni successo per la vostra Assemblea, ben volentieri imparto la Benedizione Apostolica a ciascuno di voi ed all’intero Movimento. Dal Vaticano, 16 Ottobre 2002
PAROLE DE VIE D’OCTOBRE 2002
Quel est le plus grand commandement de la Loi ? Question classique dans les écoles rabbiniques à l’époque du Christ… On la pose à Jésus, considéré comme maître. Il y répond de manière originale en liant l’amour de Dieu et celui du prochain. Ses disciples ne devront jamais les dissocier, pas plus qu’on ne saurait séparer le tronc des racines d’un arbre. Notre amour pour Dieu intensifie notre amour envers nos frères et plus nous aimons notre prochain, plus s’approfondit notre amour pour Dieu.
Mieux que personne, Jésus connaît ce Dieu que nous devons aimer et comment il doit être aimé : il est son Père et notre Père, son Dieu et notre Dieu (cf. Jn 20, 17). Il aime chacun personnellement. Il est mon Dieu, il est ton Dieu. Il est le Dieu de tous, qui dit à chacun de nous : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu ».
Et c’est parce qu’il nous a aimés le premier que nous pouvons répondre à son amour en l’aimant. Tournons-nous vers lui avec la même confiance de Jésus lorsqu’il l’appelait Abbà, Père. Parlons-lui souvent, confions-lui nos besoins, nos résolutions, nos projets. Redisons-lui notre amour exclusif. Attendons avec impatience ce moment de dialogue, de communion, d’intense intimité et de contact profond avec lui qu’est la prière. Nous pouvons alors lui exprimer tout notre amour, l’adorer, chanter sa gloire, lui qui est présent dans l’univers entier, le louer au fond de notre cœur ou vivant dans le tabernacle. A n’importe quel moment nous pouvons penser à lui, là où nous sommes, dans notre chambre, au travail, au bureau, que nous soyons seuls ou avec d’autres…
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)
Jésus nous enseigne aussi une autre manière d’aimer le Seigneur notre Dieu. Pour lui, aimer voulait dire accomplir la volonté de son Père, en mettant son esprit, son cœur, ses énergies, sa vie même, à sa disposition. Il s’est complètement donné au projet que le Père avait sur lui. L’Évangile nous le montre toujours et totalement tourné vers le Père (cf. Jn 1, 18), toujours en lui, attentif à ne dire que ce qu’il avait entendu du Père, à n’accomplir que ce que le Père lui avait dit de faire. De nous aussi, Dieu attend cet amour total. Aimer signifie faire la volonté de l’Aimé, sans demi-mesure, de tout notre être : « de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre pensée ». Car l’amour n’est pas simplement un sentiment : « Et pourquoi m’appelez-vous “Seigneur, Seigneur” et ne faites-vous pas ce que je dis ? » (Lc 6, 46), demande Jésus à ceux qui n’aiment qu’en paroles.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée »
Comment vivre alors ce commandement de Jésus ? En entretenant avec Dieu un rapport filial et de confiance, mais surtout en faisant sa volonté. Comme Jésus, notre attitude envers Dieu sera de nous tourner toujours vers le Père, à son écoute, lui obéissant pour accomplir son œuvre et rien d’autre.
Il nous est demandé de l’accomplir de tout notre être, car, à Dieu, on ne peut pas donner moins que tout : tout notre cœur, toute notre âme, toute notre pensée. Cela veut dire bien faire, et complètement, cette action qu’il nous demande.
Pour vivre sa volonté et nous y conformer, il faudra souvent brûler la nôtre, sacrifiant tout ce qui, dans notre cœur et notre esprit, ne concerne pas le présent. Il peut s’agir d’une idée, d’un sentiment, d’une pensée, d’un désir, d’un souvenir, d’un objet, d’une personne…
Nous serons alors tout entiers à ce qui nous est demandé dans l’instant présent. Qu’il s’agisse de parler, de téléphoner, d’écouter, d’aider, d’étudier, de prier, de manger, de dormir… Accomplir tout cela parfaitement, de tout notre cœur, notre âme, notre pensée ; avoir l’amour comme unique moteur de nos actions, au point de pouvoir dire, à chaque instant de la journée : « Oui, mon Dieu, en cet instant, en cette action, je t’ai aimé de tout mon cœur, de tout moi-même ». Et nous pourrons dire que nous aimons Dieu, que nous répondons à son Amour.
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée » (Mt 22,37)
Comment vivre cette Parole de vie ? Il pourra être utile de nous examiner de temps en temps, en nous demandant si Dieu est vraiment à la première place dans notre âme. Mais pour conclure, que devons-nous faire en ce mois ? Choisir à nouveau Dieu comme unique idéal, comme le tout de notre vie, en le remettant à la première place, en vivant à la perfection sa volonté dans le moment présent. Nous devons pouvoir lui dire sincèrement : « Mon Dieu et mon tout », « Je t’aime », « Je suis tout à toi », « Tu es Dieu, tu es mon Dieu, notre Dieu d’amour infini ! »
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE DE SEPTEMBRE 2002
D’où vient cette Parole de Vie ? D’un livre de l’Ancien Testament écrit par Ben Sira, un sage, un scribe de Jérusalem. Il enseigne un thème cher à toute la tradition de la sagesse biblique : Dieu est miséricordieux envers les pécheurs et nous devons l’imiter. « Miséricordieux et bienveillant, lent à la colère et plein de fidélité » , le Seigneur pardonne toutes nos fautes. Il « détourne les yeux des péchés des hommes pour les amener au repentir ». Il « jette derrière nous tous nos péchés ». Comme tout père ou toute mère, il « multiplie le pardon », car il aime ses enfants, leur fait confiance et les encourage sans jamais se lasser.
Mais étant père et mère, Dieu ne se contente pas d’aimer et de pardonner à ses enfants. Son grand désir est de les voir se traiter en frères et sœurs, s’entendre et s’aimer. Le grand projet de Dieu sur l’humanité ? Une fraternité universelle, plus forte que les divisions, tensions et rancœurs qui s’insinuent si facilement après les incompréhensions et les fautes.
Pourquoi les familles se défont-elles ? Parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent les divisions entre les membres d’une même famille, les groupes sociaux et les peuples. Certains même enseignent à ne pas oublier les torts subis, à nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne l’âme et corrompt le cœur.
Le pardon serait-il un signe de faiblesse comme certains le pensent ? Bien au contraire. C’est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, d’autant plus authentique qu’il est plus désintéressé. « Si vous aimez ceux qui vous aiment », dit Jésus, « quelle récompense allez-vous en avoir ? » Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemis » .
Demandons donc à Jésus un amour de père, de mère, un amour de miséricorde envers nos prochains, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et à ceux qui sont appelés à vivre une spiritualité de communion, comme l’est la spiritualité chrétienne, l’Évangile demande encore plus : « Pardonnez-vous mutuellement ». L’amour réciproque exige presque un pacte entre nous : celui d’être toujours prêts à nous pardonner. C’est la seule manière de contribuer à créer la fraternité universelle.
« Pardonne à ton prochain l’injustice commise ; alors, quand tu prieras, tes péchés seront remis »
Ces paroles non seulement nous invitent à pardonner mais elles nous rappellent que, pour être nous-mêmes pardonnés, il nous faut pardonner. Dieu nous écoute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. Jésus lui-même nous met en garde : « C’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vous » . « Heureux les miséricordieux, il leur sera fait miséricorde ». Car un cœur endurci par la haine n’est même plus capable de reconnaître et d’accueillir l’amour miséricordieux de Dieu.
Comment vivre alors cette Parole de Vie ? D’abord en pardonnant tout de suite à ceux avec qui nous ne sommes pas encore réconciliés. Mais cela ne suffit pas. Nous avons encore à éliminer de notre cœur la simple indifférence, le manque de bienveillance, la moindre attitude de supériorité ou de négligence envers tous ceux que nous côtoyons.
Bien plus encore, il nous faut faire preuve de prévention. Chaque matin regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, à l’école, au travail, prêts à ne pas juger, à faire confiance, à espérer, à croire sans cesse. Approcher les autres avec cette amnistie complète dans le cœur, avec ce pardon universel. Ne pas se souvenir de leurs défauts, tout couvrir avec l’amour. Au cours de la journée, essayer de réparer les impolitesses et les mouvements d’humeur en présentant des excuses ou en faisant un geste d’amitié. Remplacer le rejet instinctif de l’autre par une attitude de plein accueil, de miséricorde sans limites, de pardon complet, de partage et d’attention aux besoins des autres.
Alors quand nous prierons le Père et surtout en lui demandant son pardon, nous verrons notre demande exaucée. Car nous pourrons dire avec confiance : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous. »
Chiara LUBICH
Un borsone appeso alla porta
Siamo ad Innsbruck, in pieno inverno. Sono le ventidue e fuori un freddo gelido. Mi imbacucco nella calda giacca a vento e cerco di raggiungere velocemente casa mia. Un giovane uomo mi sbarra la strada, e mi chiede di comprare la sua stufa per 300 scellini. Mi spiega che, se non paga entro il giorno la quota completa dell’alloggio, la padrona di casa lo manda sulla strada. La mia reazione è: “Purtroppo non posso”. Porto nel mio borsellino esattamente 323 scellini, soldi che devono bastare per coprire le spese della seconda metà di febbraio. Ogni scellino è già contato per acquistare i viveri di prima necessità come pane, burro ecc.. I miei amici sono in ferie invernali e non ho nessuno a cui chiedere un prestito. Mentre mi allontano mi sovviene che io ho almeno una stanza calda, mentre quell’uomo non possiede nulla. Mi ricordo delle parole del Vangelo: “Date e vi sarà dato.” Mi giro e lo chiamo; gli do i 300 scellini; la stufa può tenerla per sé. Mentre vado a casa, sta per assalirmi l’angoscia: non ho proprio idea di come arrivare fino all’ultimo giorno del mese. Ma, appena arrivato, ecco cosa trovo: un grosso borsone appeso alla porta della mia stanza. Sorpresa! Contiene pane, carne affumicata (speck), uova, formaggio, miele, burro: tutte cose che sogna uno studente affamato. Fino ad oggi non ho scoperto ancora chi avesse appeso quel borsone alla porta della
PAROLE DE VIE D’AOÛT 2002
Le lac de Tibériade ou « mer de Galilée »… Seulement 24 kilomètres sur 12. Mais quand le vent s’y engouffre, il effraie même les pêcheurs qui sont habitués à y naviguer. Cette nuit-là, les disciples de Jésus ont vraiment peur. Vent contraire et hautes vagues les empêchent de diriger leur barque. Survient alors un événement inattendu. Jésus qui était resté seul à terre pour prier, apparaît tout à coup sur les eaux. Déjà affolés par la tempête, les Douze, pris de panique, poussent des cris, croyant voir un fantôme. Celui qu’ils voient devant eux ne peut être Jésus car seul Dieu, comme il est écrit au livre de Job, peut « fouler les houles de la mer » . Mais Jésus leur adresse ces paroles : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! » Il monte dans la barque et la mer se calme. Non seulement les disciples retrouvent la paix, mais ils le reconnaissent pour la première fois comme « Fils de Dieu » : « Vraiment, tu es Fils de Dieu ! »
« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »
La barque agitée par le vent et battue par les vagues est devenue le symbole de l’Église de tous les temps. Quel chrétien ne connaît, tôt ou tard, la tempête et la peur ? Qui ne s’est jamais senti poussé par un vent contraire là où il ne voulait pas aller, redoutant que sa vie, ou celle de ses proches, ne fasse naufrage…
Personne n’échappe à l’épreuve. Son visage ? L’échec, la pauvreté, la dépression, le doute, la tentation… Ou bien la souffrance de nos proches : un enfant qui se drogue ou qui n’arrive pas à trouver sa voie, un mari alcoolique ou sans travail, la séparation d’un couple qui nous est cher, des parents âgés ou malades… Ou bien nous sommes angoissés par la société matérialiste et individualiste qui nous entoure, avec ses guerres, ses violences, ses injustices… Face à de telles situations, le doute s’insère en nous : où est Dieu, et son amour ? Et s’il n’était qu’une illusion, qu’un phantasme ?
Rien de plus terrible que la solitude au moment de l’épreuve. Sans personne pour nous écouter, nous conseiller, chaque souffrance devient insupportable. Jésus le sait. C’est alors qu’il nous apparaît sur la mer déchaînée. Il vient auprès de nous et nous dit, à nous aussi :
« Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! »
C’est comme s’il nous disait : « Je suis là, au milieu de ta peur : sur la croix, quand j’ai crié mon abandon, j’ai moi aussi été envahi par la peur de me voir abandonné par le Père. Je suis là, dans ton découragement : sur la croix j’ai moi aussi eu l’impression que le secours du Père me manquait. Tu es troublé ? Je l’étais moi aussi, au point de crier « pourquoi ? ». Comme toi, et plus que toi encore, je me suis senti seul, blessé, en proie au doute… J’ai senti sur moi la douleur de la méchanceté humaine… »
Jésus est véritablement entré en toute douleur, il a pris sur lui chacune de nos épreuves, il s’est identifié avec chacun de nous. Il est derrière tout ce qui nous fait mal, ce qui nous effraie. Toute circonstance douloureuse et terrible est l’un de ses visages. Il est l’Amour et l’amour chasse toute crainte.
Chaque fois que la peur nous assaille, que la douleur nous submerge, nous pouvons discerner la réalité cachée derrière cette situation. C’est Jésus qui apparaît dans notre vie, sous l’un de ses nombreux visages. Appelons-le par son nom : C’est toi, Jésus abandonné, « le doute » ; c’est toi, Jésus abandonné « le trahi » ; c’est toi, Jésus abandonné « le malade ». Faisons-le alors monter dans notre « barque », accueillons-le, laissons-le entrer dans notre vie. Et puis continuons à vivre ce que Dieu veut de nous, mettons-nous à aimer le prochain. Nous découvrirons que Jésus est toujours Amour. Nous pourrons lui dire, comme les disciples : « Vraiment tu es Fils de Dieu ! »
En l’accueillant ainsi, nous retrouverons paix, réconfort, courage, équilibre, force… Jésus sera pour nous l’explication et la solution de tout.
Chiara LUBICH
[:it]“La fraternità come categoria politica” rilanciata da Chiara Lubich come assoluta necessità dopo l’11 settembre[:en]Chiara Lubich launches “Brotherhood as a political category” – an absolute necessity after Sept. 11.[:es]“La fraternidad como categoría política” lanzada por Chiara Lubich como absoluta necesidad después del 11 de septiembre[:pt]”A fraternidade como categoria política”, novamente proposta por Chiara Lubich como absoluta necessidade depois de 11 de setembro
[:it]Rimini, citta’ aperta alla “pace nella giustizia”
[:it]Telegramma del Presidente della Camera dei Deputati
[:it]Presentazione dell’ Economia di comunione e del Polo Lionello di Loppiano
PAROLE DE VIE DE JUILLET 2002
Ces paroles de Jésus si importantes, Matthieu les rapporte deux fois dans son Évangile. Que nous rappellent-elles ? Tout simplement que Dieu ne pense pas l’économie comme nous. On le voit bien, par exemple, lorsqu’il donne le même salaire à l’ouvrier de la dernière heure qu’à celui de la première .
Jésus adresse ces paroles à ses disciples qui lui demandent pourquoi il leur parle ouvertement, alors qu’aux autres il s’adresse en paraboles, de manière voilée. Pourquoi Jésus pouvait-il donner directement à ses disciples la plénitude de la vérité et la lumière ? Parce qu’ils le suivaient. Jésus était tout pour eux. Leur cœur était disposé à l’accueillir. Ils avaient déjà Jésus qui pouvait ainsi se donner à eux en plénitude.
Comment comprendre cette manière d’agir ? Saint Luc nous rapporte une autre parole semblable : « Donnez et on vous donnera ; c’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on vous versera dans le pan de votre vêtement » . Dans ces deux phrases – de Matthieu et de Luc – Jésus donne au verbe « avoir » (à qui « a » il sera donné) le même sens que « donner » (à qui « donne » il sera donné).
Cette vérité évangélique, nous l’avons tous expérimentée. En aidant un malade, en consolant un affligé, en entourant une personne isolée, n’éprouve-t-on pas quelquefois une joie et une paix dont on ne connaît pas l’origine ? C’est la logique de l’amour : plus on donne, plus on s’enrichit.
Ainsi la Parole de ce mois peut se comprendre ainsi : à celui qui aime, qui vit dans l’amour, Dieu donne la capacité d’aimer encore plus. Il lui donne la plénitude de l’amour jusqu’à le rendre semblable à lui, qui est Amour.
« À celui qui a, il sera donné, et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré. »
Oui, c’est l’amour qui nous fait être. Nous existons parce que nous aimons. Si nous n’aimions pas, et chaque fois que nous n’aimons pas, nous ne sommes pas, nous n’existons pas (« même ce qu’il a lui sera retiré »).
Il ne nous reste alors qu’à aimer, sans nous ménager. Car ainsi Dieu se donnera à nous et apportera avec lui la plénitude de ses dons.
Donnons concrètement à ceux qui nous entourent, sûrs qu’ainsi c’est à Dieu que nous donnons. Donnons sans cesse ; donnons un sourire, notre compréhension, un pardon, notre écoute ; donnons notre intelligence, notre disponibilité ; donnons notre temps, nos talents, nos idées, notre activité ; donnons nos expériences, nos capacités, nos biens ; partageons-les avec les autres, afin de ne rien accumuler et de tout faire circuler. Si nous donnons, nous ouvrons les mains de Dieu. Et, dans sa providence, il nous comble avec surabondance, afin que nous puissions encore donner beaucoup, et recevoir encore, et répondre ainsi aux besoins sans nombre d’une multitude.
« À celui qui a, il sera donné, et il sera dans la surabondance ; mais à celui qui n’a pas, même ce qu’il a lui sera retiré. »
Le plus grand cadeau de Jésus ? C’est lui-même, sa présence au milieu de nous. Voilà la plénitude de la vie, l’abondance dont il veut nous combler. Soyons-en bien conscients : Jésus se donne à ses disciples qui le suivent en étant unis. Cette Parole de vie nous rappelle donc aussi la dimension communautaire de notre spiritualité. Nous pouvons la traduire ainsi : à tous ceux qui s’aiment d’un amour réciproque, à ceux qui vivent l’unité, sera donnée la présence même de Jésus au milieu d’eux.
Il nous sera donné davantage encore. À celui qui a ­ c’est-à-dire qui a vécu dans l’amour et aura ainsi gagné le centuple en cette vie ­ le Paradis sera donné en plus. Et il sera dans la surabondance.
Celui qui n’a pas, c’est-à-dire qui n’a pas le centuple ici-bas parce qu’il n’a pas vécu dans l’amour, n’aura pas non plus dans l’avenir le bonheur, les choses matérielles, l’affection des siens dont il a joui sur terre car l’enfer ne sera que souffrance.
Aimons donc. Aimons tout le monde. Aimons au point d’inciter l’autre à aimer à son tour, et que l’amour devienne réciproque : nous aurons alors la plénitude de la vie.
Chiara LUBICH
[:it]Torino, capitale della fraternità
[:it]La politica e l’innocenza
[:it]Torino, capitale della fraternità – Rilancio di una vocazione iscritta nella sua storia
[:it]Il Movimento dell’unità e la fraternità politica
PAROLE DE VIE DE JUIN 2002
Un jour, Jésus demanda à Matthieu de le suivre, et alla manger chez lui… Scandale chez les « gens bien » qui excluaient les collecteurs d’impôts comme Matthieu, considérés des « pécheurs publics », collaborateurs de l’occupant romain !
Mais enfin – se demandent les pharisiens – pourquoi manger avec un pécheur ? La prudence ne conseille-t-elle pas de les tenir à distance ? Jésus peut alors expliquer qu’il désire justement rencontrer les pécheurs, comme un médecin les malades. Et, pour conclure, il cite aux Pharisiens cette parole de Dieu, rapportée par le prophète Osée : « C’est l’amour qui me plaît, non le sacrifice. »
Pourquoi Dieu veut-il de nous l’amour, la miséricorde ? Pour être comme lui, lui ressembler comme des enfants à leurs parents. Tout au long de l’Évangile, Jésus nous parle de l’amour du Père pour les bons et pour les méchants, pour les justes et pour les pécheurs. Il n’exclut personne, lui. Et s’il a quelques préférences, elles vont à ceux qui semblent les moins dignes d’amour, comme le fils prodigue de la parabole.
« Montrez-vous compatissants, comme votre Père est compatissant » , explique Jésus : voilà la perfection.
« Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice. »
Aujourd’hui encore, Jésus s’adresse à chacun de nous : « Allez donc apprendre… » Mais où aller ? Qui pourra nous enseigner ce que signifie être compatissant ? Seul Jésus le peut. Lui qui est allé à la recherche de la brebis perdue, qui a pardonné à ceux qui l’avaient trahi et crucifié, qui a donné sa vie pour nous sauver. Pour apprendre à être miséricordieux comme le Père, regardons Jésus, pleine révélation de l’amour du Père. Il nous l’a dit : « Celui qui m’a vu a vu le Père. »
« Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux et non le sacrifice. »
Pourquoi la miséricorde et non le sacrifice ? Parce que l’amour est la valeur absolue qui donne sens à tout le reste, y compris au culte et au sacrifice. En effet le sacrifice le plus agréable à Dieu, c’est l’amour concret envers le prochain, qui trouve son expression la plus haute dans la miséricorde.
La miséricorde nous aide à poser chaque jour un regard nouveau sur ceux et celles qui partagent notre vie : en famille, à l’école, au travail. Elle nous permet de ne pas nous souvenir de leurs défauts, de leurs erreurs ; elle nous incite à ne pas juger, mais à pardonner les torts subis ; et même à les oublier.
Notre sacrifice ne consistera pas tant à veiller longuement ou à jeûner, ou à dormir par terre, mais à toujours accueillir dans notre cœur celui qui passe à côté de nous, qu’il soit bon ou mauvais.
C’est ce qu’a fait un homme dont le village avait été brûlé par ses « ennemis » et dont voici l’histoire. Employé à la réception et à la comptabilité d’un hôpital, il voit un jour arriver un malade accompagné d’un parent. À son accent, il reconnaît un de ses « ennemis » qui, de peur d’être renvoyé, n’ose pas donner son identité. L’employé l’accepte sans documents, surmontant la haine qu’il sentait affleurer en lui. Les jours suivants, il a plusieurs fois l’occasion de l’aider. En réglant la note de l’hôpital, « l’ennemi » dit à l’employé : « Je dois t’avouer quelque chose que tu ignores… » Mais l’autre répond : « Dès le premier jour, je sais qui tu es. » « Mais pourquoi alors m’as-tu aidé, si je suis un de tes “ennemis ” ? »
La miséricorde naît de l’amour qui sait se sacrifier pour tout un chacun, à l’exemple de Jésus qui est allé jusqu’à donner sa vie pour nous.
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE DE MAI 2002
Jésus est le Dieu-avec-nous, l’Emmanuel. Matthieu le rappelle au début de son Évangile qui se conclut par la promesse du Christ de rester toujours avec nous, même après son retour au Ciel. Dieu-avec-nous, Jésus le restera jusqu’à la fin des temps.
Le Christ adresse cette promesse à ses disciples après leur avoir confié la mission de porter son message dans le monde entier. Il savait qu’il les envoyait comme des brebis au milieu des loups et qu’ils rencontreraient oppositions et persécutions . C’est pourquoi il ne voulait pas les laisser seuls dans leur mission. Aussi, à l’heure de son départ, promet-il de rester ! Ses disciples ne le verront plus, n’entendront plus sa voix, ne pourront plus le toucher, mais Jésus vivra au milieu d’eux, comme avant et même plus qu’avant. Car si jusqu’alors sa présence se situait en un lieu précis de la Palestine, il sera désormais présent partout où se trouvent ses disciples.
Jésus pensait aussi à nous tous. Lui, l’Amour incarné, voulait rester toujours parmi les hommes, partager leurs préoccupations, les conseiller, marcher avec eux, entrer dans leurs maisons, les combler de joie par sa présence.
Voilà pourquoi il a voulu rester avec nous, nous donner sa force et son amour, nous faire sentir qu’il était proche de nous.
L’Évangile de Luc raconte qu’après l’avoir vu monter au Ciel, les disciples « retournèrent à Jérusalem pleins de joie » . Comment était-ce possible ? C’est qu’ils avaient expérimenté la vérité de ses paroles.
Nous aussi, nous serons remplis de joie, si nous croyons vraiment à la promesse de Jésus :
« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »
Ces paroles, les dernières de Jésus à ses disciples, marquent à la fois la fin de sa vie terrestre et le début de celle de l’Église. Il reste présent de multiples manières : dans l’Eucharistie, dans sa Parole, dans ses ministres (les évêques, les prêtres), dans les pauvres, les petits, les laissés pour compte…, dans chacun de nos prochains.
Soulignons une présence particulière. L’Évangéliste Matthieu nous l’indique : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » . Jésus désire, par ce mode de présence, s’établir partout. Si nous vivons ce qu’il nous demande, spécialement son commandement nouveau, nous pouvons donc le rencontrer même en dehors des églises, au cœur du monde, où que ce soit.
Ce qui nous est demandé, c’est l’amour réciproque, un amour de service, de compréhension, qui nous fasse participer aux douleurs, aux angoisses et aux joies de nos frères ; l’amour caractéristique du christianisme, qui couvre tout, qui pardonne tout.
Vivons de cette manière, afin que tout homme ait, déjà sur cette terre, la possibilité de rencontrer Dieu.
Chiara LUBICH
Parole de vie d’avril 2002
Pour l’évangéliste Jean, “ voir ” Jésus est d’une importance capitale. C’est la preuve évidente que Dieu s’est vraiment fait homme. Dès la première page de son évangile, l’apôtre nous donne son témoignage passionné : “ Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. ”
C’est surtout après la résurrection de Jésus que nous entendons l’exclamation de ceux qui l’ont vu. Marie de Magdala l’annonce : “ J’ai vu le Seigneur ”, de même que les apôtres : “ Nous avons vu le Seigneur . ” Quant au disciple que Jésus aimait, “ il vit et il crut ”…
Seul l’apôtre Thomas n’avait pas vu le Seigneur ressuscité, parce qu’il n’était pas présent le jour de Pâques, lorsque Jésus était apparu aux autres disciples. Tous les autres avaient cru, parce qu’ils avaient vu. Lui aussi – affirme-t-il – il aurait cru si, comme les autres, il avait vu. Jésus le prend au mot et huit jours après la résurrection il se montre à lui, afin qu’il croie lui aussi. À la vue de Jésus vivant devant lui, Thomas explose en la profession de foi la plus profonde et la plus complète de tout le Nouveau Testament : “ Mon Seigneur et mon Dieu . ” Alors Jésus lui dit : “ Parce que tu m’as vu, tu as cru : ”
« Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »
Comme Thomas, nous voudrions nous aussi voir Jésus. En particulier quand nous nous sentons seuls, sous le poids d’une épreuve ou dans un moment difficile… Nous nous reconnaissons un peu dans ces Grecs qui s’approchèrent de Philippe et lui demandèrent : “ Seigneur, nous voudrions voir Jésus . ” Comme nous aimerions avoir vécu au temps de Jésus, pour le voir, le toucher, l’écouter, lui parler ! Comme nous aimerions qu’il nous apparaisse comme il est apparu à Marie de Magdala, aux douze, aux disciples !
Ils avaient vraiment de quoi être bienheureux ceux qui étaient avec lui. D’ailleurs, Jésus lui-même le dit dans une béatitude que rapportent les évangiles de Matthieu et de Luc : “ Heureux vos yeux qui voient ce que vous voyez ! ” . Pourtant, devant Thomas, c’est une autre béatitude qu’il prononce :
« Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »
Jésus pensait à nous qui n’avons plus la possibilité de le voir de nos yeux de chair, mais qui pouvons toutefois le voir avec les yeux de la foi. En fin de compte, la situation de ceux qui vivaient au temps de Jésus et la nôtre ne diffèrent pas tellement. Même en ce temps-là, il ne suffisait pas de le voir. Les yeux du corps voyaient un homme. Il fallait d’autres yeux pour reconnaître en cet homme le Fils de Dieu.
Déjà parmi les premiers chrétiens, nombreux étaient ceux qui n’avaient pas vu personnellement Jésus et qui vivaient la béatitude que nous sommes appelés à vivre aujourd’hui. Nous lisons, par exemple, dans la première Lettre de Pierre : “ Vous l’aimez [le Christ] sans l’avoir vu ; vous croyez sans le voir encore ; aussi tressaillez-vous d’une joie ineffable et glorieuse, en remportant, comme prix de la foi, le salut de vos âmes. ”
Les premiers chrétiens avaient bien compris l’origine de la foi dont Jésus parlait à Thomas : l’amour. Croire, c’est découvrir qu’on est aimé de Dieu, c’est ouvrir son cœur à la grâce et se laisser envahir par son amour, c’est se fier totalement à cet amour en répondant à l’amour par l’amour. Si tu aimes, Dieu entre en toi et témoigne de lui-même en toi. Il apporte une manière toute nouvelle de regarder la réalité qui nous entoure. La foi nous fait voir les événements avec ses propres yeux, elle nous fait découvrir le projet qu’il a sur nous, sur les autres, sur la création tout entière.
« Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. »
Thérèse de l’Enfant-Jésus nous a donné un lumineux exemple de ce regard nouveau sur la réalité que donnent les yeux de la foi. Une nuit, à cause de la tuberculose qui devait l’emporter, elle se mit à cracher du sang. Elle aurait pu dire : “ Je crache du sang. ” Non, elle a dit : “ L’époux est arrivé. ” Elle a cru sans avoir vu. Elle a cru qu’en cette souffrance Jésus venait lui rendre visite et qu’il l’aimait, lui, son Seigneur et son Dieu.
La foi, comme dans le cas de Thérèse de l’Enfant-Jésus, nous aide à tout voir avec des yeux nouveaux. De même que Thérèse a traduit l’événement douloureux en “ Dieu m’aime ”, nous pouvons à notre tour traduire tout événement de notre vie en “ Dieu m’aime ”, en “ C’est toi qui viens me rendre visite ”, ou bien encore en “ Mon Seigneur et mon Dieu . ”
Au ciel, nous verrons Dieu tel qu’il est. Dès à présent, la foi nous ouvre tout grand le cœur aux réalités du ciel et nous fait tout entrevoir à sa lumière.
Chiara Lubich
PAROLE DE VIE DE MARS 2002
Dans cette perle de l’Évangile qu’est l’entretien avec la Samaritaine aux abords du puits de Jacob, Jésus présente l’eau comme l’élément le plus simple, mais aussi le plus désiré, le plus nécessaire à la vie dans le désert. Nul besoin de se lancer dans de grandes explications pour faire comprendre l’importance de l’eau.
Or, l’eau de source est à notre vie naturelle ce qu’est l’eau vive, celle dont parle Jésus, pour notre vie éternelle.
Sans pluie, le désert ne fleurit pas. Sans la Parole de Dieu, les semences déposées en nous au baptême ne peuvent ni germer ni grandir pour donner ensuite des fleurs ou de beaux arbres. Et cela grâce à l’eau vive de la Parole qui donne la vie et la vie éternelle.
« Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle »
À qui s’adressent les paroles de Jésus ? À nous, à tous les assoiffés de ce monde, conscients de notre sécheresse et de notre aridité spirituelle ; mais aussi à ceux qui ne sentent même plus le besoin de s’abreuver à la source de la vraie vie et des grandes valeurs de l’humanité.
C’est nous, hommes et femmes d’aujourd’hui, que Jésus invite à boire cette eau vive, celle qui répondra à nos questions et satisfera nos désirs. Puisons donc à la Parole de Dieu, laissons-nous pénétrer par son message.
Comment ? En réévangélisant notre vie, en la confrontant avec la Parole, en essayant de penser avec l’esprit de Jésus et d’aimer avec son cœur.
Chaque instant où nous cherchons à vivre l’Évangile est une goutte de cette eau vive que nous buvons. Chaque geste d’amour envers notre prochain est une gorgée de cette eau. Oui, car cette eau si vive et si précieuse a cela de spécial qu’elle jaillit dans notre cœur chaque fois que nous l’ouvrons à l’amour envers les autres. La source – qui vient de Dieu – jaillit en nous dans la mesure où sa veine profonde désaltère les autres au moyen de simples ou de grands gestes d’amour.
« Quiconque boit de cette eau-ci aura encore soif; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle »
Pour ne pas souffrir de la soif, donnons, nous aussi, l’eau vive que nous puisons en nous-mêmes et qui vient de Lui.
Il suffira d’une parole, ou même juste d’un sourire, d’un simple geste de solidarité, pour nous redonner un sentiment de plénitude, de paix profonde, un jaillissement de joie. Et si nous continuons à donner, cette fontaine de paix et de vie prodiguera une eau toujours plus abondante, sans jamais se tarir.
Et Jésus nous a révélé un autre secret, une sorte de puits sans fond où nous pouvons puiser. Lorsque deux ou trois sont réunis en son nom, en s’aimant de l’amour dont il nous a aimés, il est là au milieu d’eux . C’est alors que nous nous sentons libres, un, remplis de lumière, et que des fleuves d’eau vive jaillissent de notre sein . C’est la promesse de Jésus qui se réalise, car c’est de Lui-même, présent au milieu de nous, que jaillit l’eau qui désaltère pour l’éternité.
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE DE FÉVRIER 2002
Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, Jésus répond ainsi à la première tentation au désert. Elle concerne le besoin le plus élémentaire, la faim.
Le tentateur lui propose d’utiliser ses pouvoirs pour transformer les pierres en pain. Quel mal à cela ? Tous les hommes n’éprouvent-ils pas le besoin de satisfaire leur faim ?
Jésus perçoit pourtant le piège qui se cache derrière cette proposition : utiliser Dieu à nos propres fins, prétendant qu’il soit uniquement au service de nos besoins matériels. Au fond, le tentateur demande ici à Jésus d’adopter une attitude d’autonomie et non d’abandon filial envers le Père.
Telle est la réponse de Jésus. Nous devrions en tenir compte quand nous affrontons le problème dramatique de la faim dans le monde, pour répondre aux millions d’êtres humains manquant de nourriture, de logements, de vêtements. Celui qui allait rassasier les foules en multipliant les pains, celui qui nous demandera lors du jugement dernier si nous avons donné à manger aux affamés, affirme aussi que Dieu est plus grand que notre faim et que sa Parole est notre première nourriture.
« Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »
Jésus présente la Parole de Dieu comme pain, comme nourriture. Cette comparaison nous éclaire sur notre rapport avec la Parole.
Mais s’en nourrir ?
Si le blé est d’abord grain, puis épi et enfin pain, de façon analogue la Parole est une semence déposée en nous. Elle doit germer, devenir morceau de pain pour être mangée, assimilée, transformée en vie de notre vie.
La Parole de Dieu, le Verbe prononcé par le Père et incarné en Jésus, est l’un des modes de sa présence parmi nous. Chaque fois que nous l’accueillons et cherchons à la mettre en pratique, cela revient à nous nourrir de Jésus.
Comme le pain qui nourrit et fait grandir, la Parole nous nourrit et nous fait grandir selon notre vraie dimension, le Christ en nous.
Maintenant que Jésus est venu sur la terre et s’est fait notre nourriture, nous ne pouvons plus nous contenter d’un aliment naturel comme le pain. Nous avons besoin de la nourriture surnaturelle de la Parole pour grandir comme enfants de Dieu.
« Il est écrit : ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. »
Il en va de la Parole comme de l’Eucharistie : lorsque nous mangeons cette nourriture, ce n’est pas elle qui se transforme en nous, c’est nous qui nous transformons en elle. D’une certaine manière, nous sommes assimilés par la Parole et non l’inverse.
L’Évangile n’est donc pas un livre de consolation, un refuge dans les moments douloureux de la vie, mais le code des lois de la vie. Ces lois, nous n’avons pas seulement à les lire, mais à les assimiler, les absorber avec l’âme, pour devenir à chaque instant semblables au Christ.
En mettant sa doctrine en pratique, dans toutes ses exigences et à la lettre, nous pouvons devenir d’autres Jésus. Ses Paroles sont celles d’un Dieu, riches d’une force révolutionnaire, insoupçonnée.
Nous devons nous nourrir de la Parole de Dieu. Aujourd’hui on sait concentrer la nourriture nécessaire à notre corps en de petites pilules ; on peut aussi se nourrir du Christ en vivant l’une après l’autre chacune de ses Paroles, car il est présent en chacune d’elles.
Il existe une Parole pour chaque moment, pour chaque situation de notre vie. La lecture de l’Évangile nous le révélera.
Vivons alors l’amour du prochain par amour pour Dieu : c’est là un condensé de toutes ses Paroles.
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE DE JANVIER 2002
Invités à prier ce mois pour l’unité, les chrétiens se proposent de vivre et de méditer une Parole de Dieu, tirée du Psaume 36. Elle est si importante qu’elle peut nous mener sur le chemin de la réconciliation et de la communion.
Elle nous dit avant tout qu’il n’existe qu’une seule source de la vie, c’est Dieu. L’univers naît de lui, de son amour créateur, et il en fait la demeure de l’homme.
C’est lui qui nous donne la vie, et tous ses dons. Le psalmiste, qui connaît l’aridité des déserts et qui sait ce que représente une source d’eau, avec la vie qui fleurit tout autour, ne pouvait trouver une image plus belle pour chanter la création qui jaillit, telle un fleuve, du sein de Dieu.
Et, de son cœur, s’élance un hymne de louange et de reconnaissance. C’est le premier pas que nous avons à faire, le premier enseignement à tirer des paroles du Psaume : il nous faut louer Dieu, le remercier pour son œuvre, pour les merveilles du cosmos et pour cet homme vivant, qui est sa gloire, seule créature capable de lui dire :
« Chez toi est la fontaine de la vie »
Mais il n’a pas suffi à l’amour du Père de prononcer la Parole par laquelle tout a été créé. Il a voulu que sa Parole même s’incarne en notre chair. Dieu, le seul vrai Dieu, s’est fait homme en Jésus, apportant sur la terre la source de la vie.
La source de tout bien, de tout être et de tout bonheur, est venue s’établir parmi nous, afin que nous l’ayons, pour ainsi dire, à portée de main. « Je suis venu – a dit Jésus – pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. » Il a rempli de lui chacune des parcelles de temps et d’espace de notre existence. Il a voulu rester avec nous pour toujours de bien des manières, afin que nous puissions le reconnaître et l’aimer.
Nous pensons peut-être quelquefois : « Comme il serait beau de vivre au temps de Jésus ! » Et bien, son amour a inventé une manière de rester, non pas dans un petit coin de Palestine, mais sur tous les points de la terre : il est présent dans l’Eucharistie, comme il l’a promis. Nous pouvons nous y abreuver, pour nourrir et renouveler notre vie.
« Chez toi est la fontaine de la vie »
Une autre source où puiser l’eau vive de la présence de Dieu, c’est le frère. Nous ne devons pas considérer la personne que nous aidons, surtout si elle est dans le besoin, comme notre bénéficiaire mais plutôt comme notre bienfaiteur, car elle nous donne la possibilité de rencontrer Dieu. Jésus s’est en effet identifié à chaque homme dans le besoin : « J’ai eu faim […], j’ai eu soif […], j’étais étranger […], en prison […] ») . Si nous l’aimons dans nos frères et dans nos sœurs nous recevons en échange son amour et sa vie.
La présence de Dieu au-dedans de nous est encore une autre fontaine riche en eau. Il nous parle sans cesse : à nous d’écouter sa voix, qui est celle de la conscience. Plus nous nous efforçons d’aimer Dieu et le prochain, plus sa voix se fait forte et domine toutes les autres. Mais il existe un moment privilégié où nous vivons plus particulièrement de cette présence : c’est dans la prière, lorsque nous cherchons à établir un rapport direct et profond avec lui, qui habite au fond de notre âme. C’est comme une veine d’eau profonde qui ne s’assèche jamais, mais qui est toujours à notre disposition, prête à nous désaltérer. Il suffit de prendre un peu de distance par rapport à nos occupations, de nous recueillir, pour trouver cette source, même au beau milieu du désert le plus aride. Jusqu’à parvenir à cette union avec lui où l’on ne se sent plus seul, mais deux : lui en moi et moi en lui. Et pourtant, par le don qu’il nous fait, nous sommes un comme l’eau et la source, comme la fleur et sa semence.
En cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la Parole du Psaume nous rappelle que Dieu est la seule source de la vie, et donc de la communion pleine, de la paix et de la joie. Plus nous nous abreuverons à cette fontaine, plus nous vivrons de l’eau vive de sa Parole, et plus nous nous rapprocherons les uns des autres, et nous vivrons comme une seule véritable famille. Alors se réalisera la suite du Psaume : « Et à ta lumière nous voyons la lumière », cette lumière que l’humanité attend.
Chiara LUBICH
(*) Traduction selon la TOB. « En toi est la source de la vie » si l’on se réfère à la traduction liturgique œcuménique.
[:it]“1000 città per l’Europa”, per l’Europa dei cittadini, per una cultura di giustizia e fraternita’, in risposta alla drammatica situazione mondiale
Intervengono:
Romano Prodi
Presidente della Commissione Europea
Thomas Klestil
Presidente della Repubblica Austriaca
Jos Chabert
Presidente della Camera delle Regioni alla UE
Chiara Lubich
Fondatrice del Movimento dei Focolari
E' un avvenimento progettato da tempo. Dopo l'11 settembre rivela una particolare attualità e significato.
La tragedia che ha colpito gli Stati Uniti, ha posto la comunità mondiale di fronte alla necessità di una risposta politica di tipo nuovo. Nell'opinione pubblica mondiale cresce la coscienza di appartenere ad un'unica famiglia umana. L'Europa ha un ruolo importante da giocare nella ricerca di vie e strumenti che possano far crescere una nuova cultura di giustizia sociale e cooperazione su percorsi di pace e di fraternità tra i popoli, uniche vie praticabili nell'attuale drammatica situazione mondiale.
"Ai comuni – ha dichiarato il sindaco van Staa – viene richiesto coraggio, apertura, senso di responsabilità".
I comuni possono contribuire all'unità europea con un processo dal basso: questa prima assemblea dei poteri locali dell'Europa unita mostrerà quanto le amministrazioni locali siano in grado di agire nel "costruire" i cittadini d'Europa, nel contribuire a comporre e ricomporre diversità delle culture e delle religioni, da sempre ricchezza del vecchio continente, nell'aprire sfide di fraternità intrecciando rapporti stretti e diretti con comunità locali dei paesi poveri degli altri continenti.
Il convegno si propone così di "dare un'anima" al processo di integrazione e di allargamento dell'Europa.
Oltre alla presenza del Presidente austriaco Thomas Klestil, spiccano i due interventi centrali: quello del Presidente della Commissione europea Romano Prodi su "le grandi opportunità dell'attuale fase storica dell'Europa" e quello di Chiara Lubich su "la fraternità in politica come chiave dell'unità d'Europa e del mondo".
Hanno confermato la loro adesione sindaci da tutta Europa, dall'Atlantico agli Urali, spalancando i confini dell'Europa unita. Significativa, in questa proiezione al futuro, la partecipazione anche di oltre 200 giovani, studenti in scienze politiche o comunque attenti al futuro politico del continente.
Sindaci e giovani lavoreranno insieme in quattro gruppi tematici di lavoro, finalizzati alla redazione di un "appello per l’unità europea" rivolto ai governi dei paesi rappresentati, per una autentica "Europa – comunità di popoli".
Il Consiglio Europeo, tenutosi a Nizza nel dicembre scorso, aveva chiesto alle istituzioni europee, governi e parlamenti nazionali, di aprire sull'Europa un dibattito ampio ed aperto per una vasta sensibilizzazione dell’opinione pubblica.
Il Convegno di Innsbruck sarà una tappa importante e forse unica per la sua rilevanza in questo progetto: il documento finale sarà consegnato nelle mani del presidente della commissione che sta preparando il prossimo appuntamento del Consiglio, fissato per dicembre a Laeken, in Belgio.
Le premesse ci sono tutte, come lascia presagire la dichiarazione del Presidente Prodi: "Il convegno costituirà un significativo momento, indispensabile per aiutare a creare un Europa in cui tutti i cittadini si sentano protagonisti".
Chiara Lubich, da parte sua, ha affermato: "L’unità d’Europa: un ideale, un impegno, quello di dare al nostro continente un supplemento d’anima che rinnovi i suoi cittadini e le sue grandi o piccole istituzioni".
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PAROLE DE VIE D’AOÛT 2001
Dans l’Ancien Testament, le feu symbolise la parole de Dieu proclamée par les prophètes. Mais le feu est aussi le jugement divin qui, en passant au milieu du peuple, le purifie. Il en va de même de la parole de Jésus : elle construit tout en détruisant ce qui est sans importance, ce qui est corruptible, ce qui est vanité. Elle laisse debout la vérité seule.
Jean Baptiste avait désigné Jésus comme celui qui « vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu » . Il annonçait le baptême chrétien qui sera inauguré le jour de la Pentecôte avec l’effusion de l’Esprit Saint sous forme de langues de feu . Telle est donc la mission de Jésus : répandre le feu sur la terre, communiquer l’Esprit Saint et sa force rénovatrice et purificatrice.
« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
Jésus nous donne l’Esprit. Mais comment l’Esprit Saint agit-il ? En répandant l’amour en nos cœurs. Cet amour qu’il nous faut maintenir allumé en nous, selon son désir.
Quelle est la nature de cet amour ? C’est l’amour évangélique qui n’est ni terrestre, ni limité, mais universel comme celui du Père céleste qui envoie sa pluie et son soleil aussi bien sur les bons que sur les méchants, y compris sur les ennemis .
Cet amour n’attend rien des autres. Il a toujours l’initiative ; il aime en premier.
Cet amour se fait un avec chaque personne. Il souffre et se réjouit avec elle, se préoccupe ou espère avec elle. Il agit concrètement lorsque c’est nécessaire. C’est donc un amour qui n’est pas sentimental et ne se contente pas non plus de paroles.
Cet amour pousse à aimer le Christ en nos frères, se rappelant qu’il a dit : « C’est à moi que vous l’avez fait. » Il tend à la réciprocité, à réaliser avec les autres l’amour réciproque.
Cet amour, expression concrète de notre vie évangélique, donne toute sa portée à la parole que nous pourrons et devrons annoncer pour évangéliser.
« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! »
L’amour est comme un feu. Pour rester allumé, il lui faut toujours quelque chose à brûler. Avant tout notre moi égoïste, afin qu’en aimant, nous soyons complètement projetés vers Dieu, en accomplissant sa volonté, ou vers le prochain, en l’aidant.
Un petit feu qui brûle peut devenir un grand incendie à condition d’être alimenté. C’est l’incendie d’amour, de paix, de fraternité universelle que Jésus a apporté sur la terre.
Chiara LUBICH
PAROLE DE VIE de JUILLET 2001
Sainte Thérèse de Lisieux disait qu’il est préférable de parler avec Dieu que de parler de lui, car dans nos conversations peut toujours entrer une part d’amour propre. Elle avait raison. Cependant, pour porter témoignage auprès des autres, nous devons aussi parler de Dieu.
Mais il est hors de doute qu’avant tout nous devons aimer Dieu, de cet amour qui est la base de la vie chrétienne et qui se manifeste dans la prière, dans la réalisation de sa volonté.
Il nous faut donc parler avec nos prochains, oui, mais avant tout parler avec Dieu.
Comment faire ?
En utilisant les simples prières de tout chrétien ; mais aussi en vérifiant, au long du jour, à l’aide de quelque brève prière, si notre cœur est vraiment en Lui, s’Il est l’idéal de notre vie ; si nous Le mettons véritablement à la première place dans notre cœur ; si nous L’aimons sincèrement de tout notre être.
Je veux parler de ces prières rapides qui sont particulièrement conseillées à ceux qui se trouvent au milieu du monde et qui n’ont pas le temps de prier longuement. Elles sont comme des flèches d’amour qui partent de notre cœur en direction de Dieu, comme des dards de feu. On les appelle les prières jaculatoires, car, étymologiquement, elles signifient justement dards, flèches. Elles servent magnifiquement à redresser notre cœur vers Dieu.
Dans la liturgie eucharistique de ce mois on trouve un verset qui peut être considéré comme une très belle prière jaculatoire et qui nous convient parfaitement. Il dit :
« Tu es, Seigneur, mon unique bien. » (cf. Psaume 16,2)
Répétons-le souvent au cours de nos journées, surtout quand divers attachements fixent notre cœur sur des biens, des personnes, ou sur nous-mêmes. Disons : « C’est toi, Seigneur, qui est mon unique bien, et non pas cette chose, cette personne ou bien moi-même. Tu es mon unique bien, je n’en ai pas d’autre. »
Essayons de le répéter lorsque l’agitation ou la hâte voudraient nous faire mal accomplir la volonté de Dieu du moment présent. « Tu es, Seigneur, mon unique bien, mon bien est donc de faire ta volonté et non pas ce que, moi, je désire. »
Lorsque la curiosité, l’amour propre et les mille attractions du monde tendent à entraver notre rapport avec Dieu, disons-lui de tout notre cœur : « Tu es, Seigneur, mon unique bien, et non pas ce dont mon avidité et mon orgueil voudraient se rassasier ! »
Essayons de le répéter souvent. Redisons-le quand l’ombre envahit notre âme et que la souffrance frappe à la porte. Ce sera une manière de préparer notre rencontre avec lui.
« Tu es, Seigneur, mon unique bien. »
Ces simples mots nous aideront à avoir confiance en lui, elles seront un entraînement pour vivre dans l’Amour. Ainsi, toujours plus unis à Dieu et remplis de lui, nous mettrons et remettrons les bases nécessaires à notre être véritable, fait à l’image de Dieu.
Notre vie se déroulera alors d’une manière juste. Notre bouche ne dira pas de simples paroles ou, pire, du bavardage, mais elle lancera des flèches capables d’ouvrir les cœurs à l’accueil de Jésus.
Cherchons toutes les occasions de prononcer ces simples mots, et à la fin de la journée nous aurons la confirmation qu’ils ont été un remède et un fortifiant pour notre âme. Ils auront fait de notre cœur – comme dirait Catherine de Sienne – une lampe qui brûle, toute droite.
Chiara LUBICH