Mouvement des Focolari
Ɖvangile vĆ©cu, pardon en action

Ɖvangile vĆ©cu, pardon en action

Le pain de papa Freshly_baked_bread_loavesAprĆØs m’être sĆ©parĆ©e de mon mari, je n’avais plus du tout confiance en moi et je me sentais trĆØs coupable. J’avais perdu tout point de repĆØre. Ensuite, avec l’aide de ma famille et de mes amis, j’ai retrouvĆ© un peu de force pour vivre. J’ai appris Ć  me dĆ©tacher de mes idĆ©es, Ć  respecter mon mari dans ses choix de vie, Ć  ne pas le juger. Cela n’a pas Ć©tĆ© si simple, au contraire… En outre, les progrĆØs ne sont pas faits une fois pour toute, il faut recommencer chaque jour. Mais j’ai pu faire, dans la paix, quelques choix douloureux: par exemple, rester dans la maison qui me rappelait ma vie de couple. En parlant avec mes trois enfants plus Ć¢gĆ©s, j’ai compris que c’était mieux ainsi pour leur donner la possibilitĆ© de continuer Ć  vivre dans leur environnement. Le jour de la confirmation de GaĆ«l, mon fils cadet, mon mari est aussi venu et s’est mis Ć  faire du pain. J’ai essayĆ© que tout le monde se sente chez soi: le pardon a eu le dessus. C’était une merveilleuse journĆ©e qui a atteint son point culminant lorsque nous avons partagĆ© le pain fait par papa. B.G. – Ǝle Maurice 2014_07_chitarraLa guitare Judy et Tom: un couple qui vivait au bord du gouffre, entre drogue et alcool. TouchĆ©e par notre amitiĆ©, Judy a dĆ©cidĆ© d’arrĆŖter la drogue, alors que Tom continuait Ć  ĆŖtre hostile envers nous. Un soir où nous sommes allĆ©s chez eux, voyant une guitare dans un coin, j’ai demandĆ© Ć  Tom de me jouer quelque chose. Il l’a fait et, petit Ć  petit, il a commencĆ© Ć  s’ouvrir: le premier pas vers la grande dĆ©cision de retourner travailler et d’arrĆŖter la drogue. Avec d’autres amis, nous l’avons aidĆ© par tous les moyens. Pour le dixiĆØme anniversaire de leur mariage, Judy a exprimĆ© le dĆ©sir de renouveler leurs promesses de mariage, “maintenant que Dieu est entrĆ© dans notre vie”. Pour eux, nous avons organisĆ© une grande fĆŖte. G.L.O. – USA Un pacte J’avais de gros problĆØmes de relation avec mon pĆØre, si bien que je pensais partir de la maison, malgrĆ© mes 16 ans. AprĆØs en avoir parlĆ© avec les amis de la paroisse, j’ai mieux compris que je devais plus aimer mon pĆØre, sans rien n’attendre de lui. Quelques jours aprĆØs cette dĆ©cision, je suis restĆ© Ć  la maison pour travailler avec lui. Des heures de silence. ƀ la fin du travail, il m’a fait une confidence: il avait remarquĆ© que, depuis un certain temps, je me comportais avec lui de faƧon diffĆ©rente que mes frĆØres. “Je comprends que tu aurais aimĆ© un pĆØre tendre, mais je te demande de m’accepter comme je suis.” Pour moi, c’était comme si nous avions fait un pacte. M.T. – Belgique Source: L’Évangile du jour (SupplĆ©ment au n°1/2014 de la revue CittĆ  Nuova) Ā 

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Klaus Hemmerle – Le prĆŖtre aujourd’hui/2

Chia-Lubich-Klaus-HemmerleĀ«Les jeunes sont en gĆ©nĆ©ral, Ć  notre Ć©poque, Ć  la pointe de l’avenir. D’aprĆØs les questions et les dĆ©sirs souvent impĆ©tueux des jeunes, d’aprĆØs leurs opinions et leurs exigences souvent impatientes et excessives, on peut apprendre quelque chose de ce qui se passe dans la conscience des hommes d’une Ć©poque dĆ©terminĆ©e. Ceux qui ont des contacts avec les jeunes, se trouvent face Ć  deux tendances qui semblent contradictoiresĀ : d’un cĆ“tĆ© les jeunes veulent l’égalitĆ©, la spontanĆ©itĆ©, que l’on soit proches les uns des autresĀ ; celui qui est loin d’eux ou trop au-dessus d’eux n’est ni acceptĆ© ni compris. Ils dĆ©sirent que quiconque veut leur dire quelque chose ne soit pas trop diffĆ©rent d’eux, mais connaisse en mĆŖme temps leur situation de l’intĆ©rieurĀ ; ils veulent, en somme, qu’il ne se sente pas supĆ©rieur aux autres, et qu’il ne fasse pas tomber les rĆ©ponses d’en haut. En mĆŖme temps, cependant – c’est l’autre tendance – on dĆ©couvre en eux une grande faim d’originalitĆ©, l’exigence d’avoir un modĆØle devant eux, de suivre un IdĆ©al de vie convaincant. Les jeunes veulent puiser leur vie Ć  une profondeur qu’eux-mĆŖmes ne sont pas en mesure d’atteindre, Ć  une source de laquelle ils se sentent coupĆ©s. Ils cherchent quelqu’un qui leur soit trĆØs proche et qui, en mĆŖme temps, ā€œvienne de la terre des sources lointainesā€, pour leur en faire boire l’eau. Ils cherchent quelqu’un qui soit Ć©gal Ć  eux, et en mĆŖme temps tout Ć  fait diffĆ©rent. Ils cherchent quelqu’un qui soit petit et qui, en mĆŖme temps, apporte une grandeur sans laquelle la vie est monotone, frivole et vide. Dans un sens plus ample que le sens spĆ©cifiquement religieux et chrĆ©tien nous pouvons direĀ : les jeunes, ou mieux l’humanitĆ© d’aujourd’hui, est attirĆ©e en mĆŖme temps par l’engagement pratique et la mystique, la proximitĆ© du rapport et l’autoritĆ©, la fraternitĆ© et le mandat (l’investiture). N’est-ce pas peut-ĆŖtre une nostalgie de JĆ©sus-ChristĀ ? Une nostalgie du Fils de Dieu qui vient Ć  notre rencontre comme fils de MarieĀ ? du Messie qui appartient Ć  la famille du charpentierĀ ? Oui. Et cette nostalgie de JĆ©sus-Christ est, en mĆŖme temps, Ć©galement nostalgie du prĆŖtreĀ : de ce prĆŖtre qui rend crĆ©dible son message par sa vie personnelle, et le tĆ©moigne par son expĆ©rience propre, tout en ayant reƧu une investiture de JĆ©sus-Christ lui-mĆŖme. Le prĆŖtre est un homme comme les autres hommesĀ ; il ne s’élĆØve pas au-dessus d’eux comme quelqu’un qui est plus haut et meilleurĀ ; mais il est Ć©galement vrai que JĆ©sus-Christ de son cĆ“tĆ©, s’est gravĆ© en lui, l’a pris et l’a envoyĆ© pour qu’il s’approche des hommes, Lui rende tĆ©moignage et transmette son Message et sa Vie. Il y a quelque chose de diffĆ©rent dans le prĆŖtre, mais cette diffĆ©rence ne peut se justifier qu’à cause de JĆ©sus-Christ et par Lui. Il faut donc du courageĀ : courage de se distinguer et courage d’être proches des hommesĀ ; courage de vivre dans la contemplation et courage de servir avec simplicitĆ© et humilité ; courage de gravir le mont Thabor et courage de laver les pieds du prochain. Telle est la physionomie du prĆŖtre aujourd’hui. Et cette physionomie correspond aux dĆ©sirs de notre temps, Ć  la nostalgie de ce JĆ©sus-Christ qui vient du PĆØre qui est aux Cieux et qui, en mĆŖme temps, vit la vie de chaque jour des gens simples. Vivre le Christ, vivre sa mission, vivre son autoritĆ©, en ayant comme arriĆØre-fond Marie, la servante du Seigneur. VoilĆ  ce que signifie ĆŖtre prĆŖtre aujourd’hui […]Ā». (Ć  suivre) Klaus Hemmerle – Le prĆŖtre aujourd’hui/1

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Sophia : Des jeunes qui redƩcouvrent la politique

universita-sophia-loppiano-studenti--324x230 Cette annĆ©e, la SpĆ©cialisation qui a prĆ©sentĆ© le plus de thĆØses les 3 et 4 juillet Ć  l’Institut universitaire Sophia (IUS) a Ć©tĆ© celle d’Études politiques: Ramy Boulos de l’Égypte, avec la thĆØse “Monitoring and Evaluation Systems: Rethinking, Recovering and Reconciling of Current Practices” (sur les systĆØmes d’évaluation des politiques pour le dĆ©veloppement); Vanessa Breidy du Liban, avec “Pluralisme et Conflits Culturels Au Liban. Entre Communitarisme Et Consociativisme Perspectives Pour le Futur”, (sur les perspectives de rĆ©forme institutionnelle dans le pays); Melchior Nsavyimana du Burundi, avec “Le Soudan du Sud et la CommunautĆ© Est-Africaine” (sur le processus d’intĆ©gration qui concerne le Soudan du Sud en Afrique de l’Est); Vilmar Dal Bò Maccari du BrĆ©sil, avec “O Conceito de social segundo o paradigma fraterno a partir do pensamento de Giuseppe Maria ZanghĆ¬ā€ (sur le social et la fraternitĆ©, avec une rĆ©fĆ©rence particuliĆØre Ć  la pensĆ©e de G. ZanghƬ). Nous avons posĆ© trois questions Ć  Vanessa Breidy, Libanaise, dĆ©jĆ  diplĆ“mĆ©e en Droit, qui a obtenu la SpĆ©cialisation avec une Ć©tude particuliĆØrement d’actualitĆ©, centrĆ©e sur les conflits culturels et institutionnels au Liban, entre communitarisme et consociativisme: Choisir le thĆØme de la thĆØse est toujours difficile. Quel parcours as-tu suivi? “Il y avait une grande question que je me posais depuis longtemps: qu’est-ce qui dĆ©finit l’identitĆ© d’un peuple? Pourquoi l’identitĆ© apparaĆ®t toujours comme un facteur de conflit irrĆ©mĆ©diable? Quelle relation y a-t-il entre identitĆ© et dĆ©mocratie? Le Moyen-Orient est encore au centre d’une phase trĆØs critique qui dĆ©terminera longtemps sa physionomie. Seulement trois ans auparavant, on parlait d’un “printemps arabe”, alors que, maintenant, on est beaucoup plus prudents dans l’utilisation de ce terme: la limite entre “printemps arabe” et “guerres des pays arabes”, en effet, n’est pas claire, surtout avec le retour de certains rĆ©gimes militaires non dĆ©mocratiques. Oppression prolongĆ©e des minoritĆ©s, persĆ©cution de ceux qui ont une pensĆ©e diffĆ©rente, rigiditĆ© et intĆ©gralisme, des faits qui enfoncent leurs racines dans l’histoire… ce qui Ć©merge d’un ensemble de facteurs confus et en mĆŖme temps dramatique, il me semble qu’il s’agit surtout d’une douloureuse incapacitĆ© de comprendre les diversitĆ©s culturelles, ethniques, politiques, religieuses, au sein des diffĆ©rents pays. La thĆ©orie de la dĆ©mocratie est aux prises avec ces questions irrĆ©solues et je pense que nous devons reconnaĆ®tre qu’il y a un chemin encore long Ć  parcourir.” Quel est le message qui vient de ton pays, le Liban? “C’est Jean-PaulĀ II qui a parlĆ© du Liban comme d’un “pays-message”. Pourtant, les Libanais n’ont jusqu’à maintenant pas rĆ©ussi Ć  assurer une coexistence harmonieuse aux ethnies, aux expressions religieuses, aux diffĆ©rents visages de notre peuple. La recherche continue, entre dĆ©fis et dĆ©ceptions. La dĆ©mocratie du Liban a quelques spĆ©cificitĆ©s intĆ©ressantes, qui ne sont pas sous-Ć©valuĆ©es; mais une analyse critique doit nous permettre d’identifier aussi ce qui manque, pour faire ressortir les valeurs sur lesquelles Ć©difier notre modĆØle de cohabitation. Comment recommencer? La vision haute de la politique que j’ai approfondie Ć  l’IUS m’a beaucoup apportĆ©. J’ai compris qu’il faut toujours choisir le dialogue, en acceptant aussi nos craintes et nos ambitions, mais en visant la vĆ©ritĆ©. Chacun de nous, dans son identitĆ© profonde, est constituĆ© de l’Autre: des identitĆ©s d’autrui. En politique, le dialogue devient un vĆ©ritable art Ć  apprendre. Dans cette perspective, j’ai mis l’accent sur la question de Bien plus que sur celle de Justice, une question qui semble faire son chemin avec force dans tout le Moyen-Orient: pourquoi ne pas suivre cette trace, aprĆØs que, trop longtemps, la question sur ce qui est juste s’est dĆ©montrĆ©e stĆ©rile? Je suis convaincue que, pour cette route, les Libanais aussi retrouveront la signification et la fĆ©conditĆ© du “message”: la coexistence de cultures et religieuses diffĆ©rentes, mais surtout la rencontre et le dialogue entre celles-ci, pour un nouvel Ć©panouissement, pas uniquement au service du Moyen-Orient.

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Gaza en deuil. Ā« Priez pour nous Ā»

20140731Gaza3JĆ©rusalem, 30 juillet 2014 – La situation Ć  Gaza se dĆ©tĆ©riore de faƧon dramatique. AprĆØs laĀ  destruction totale de la centrale Ć©lectrique, qui ne fonctionnait dĆ©jĆ  plus que partiellement, les habitants n’ont plus d’électricitĆ©. Hier, G., une femme chrĆ©tienne, nous a dit que l’eau commenƧait Ć  manquer. Elle nous a appelĆ©s il y a deux heures en nous disant que d’ici peu, il n’y aurait plus de ligne tĆ©lĆ©phonique et elle voulait nous assurer qu’ils sont tous encore en vie. Trois familles dont les maisons sont dĆ©truites ou trop dangereuses se sont rĆ©fugiĆ©es chez elle. Elles ont dit que l’amour entre elles les unit fortement et qu’elles souhaitent rester ensemble, mĆŖme si elles devaient mourir. La maison de H., gravement endommagĆ©e la semaine derniĆØre, a Ć©tĆ© complĆØtement dĆ©truite cette nuit par quatre missiles. Ils remercient Dieu d’avoir la vie sauve parce qu’ils Ć©taient encore dans l’escalier quand est arrivĆ© le premier missile. Dans leur dernier coup de tĆ©lĆ©phone ils nous ont demandé : « Priez pour nous. Beaucoup, beaucoupĀ !Ā Ā». 20140731Gaza4 L’appartement de N. a Ć©tĆ© bombardĆ© il y a cinq jours. Ils vivent dans l’escalier, qui leur semble l’endroit le plus protĆ©gĆ©. Ils voudraient rĆ©parer le gĆ©nĆ©rateur pour avoir au moins quelques heures d’électricitĆ©, mais ils n’y arrivent pas. N. nous a dit qu’elle a l’impression de vivre dans un tremblement de terre continu et elle en souffre beaucoup, mais au moment où nous nous parlions au tĆ©lĆ©phone, elle Ć©tait contente parce qu’à partir de 15 heures, ils avaient dĆ©clarĆ© quatre heures de cessez-le-feu. A Gaza, une cinquantaine de personnes vivent la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. Toutes comptent sur les priĆØres de la famille des Focolari dans le monde. Ici, Ć  JĆ©rusalem, nous sommes allĆ©s voir une quinzaine de blessĆ©s de Gaza qui ont Ć©tĆ© transfĆ©rĆ©s dans un hĆ“pital de la ville. Nous avons fait la connaissanceĀ  d’une fillette de 4 ans qui a perdu toute sa famille, de Yazan, 5 ans, Abdul Karim, 13 ans, Musleh, 20 ansĀ : l’un a perdu un rein, un autre a Ć©tĆ© amputĆ© d’une jambe et d’un bras… Nous avions envie de nous mettre Ć  genoux devant chacun et de demander pardon. Continuons Ć  prier pour que tombent la haine, la mĆ©fiance, la peur et que revienne la paix. Corres Kwak et Claudio Maina, mouvement des Focolari en Terre Sainte.

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Une Ʃtreinte planƩtaire pour Roberto

2014_07_roberto Ā “Toujours en haut” et “toujours en avant”, avec le pouce et l’index. C’est le dernier geste de Roberto, presque le symbole de l’aventure, la derniĆØre de sa vie sur cette terre, avant de glisser doucement, jeudi 24 juillet, dans les bras du PĆØre. Mardi 6 mai. Roberto et sa femme Federica ont dĆ©jĆ  achetĆ© les billets pour un voyage Ć  Paris. Ils se rendent cependant aux urgences, aprĆØs l’aggravation de symptĆ“mes douloureux. Rien ne laisse prĆ©sager quelque chose d’aussi grave. Malheureusement, samedi 20 mai, le rĆ©sultat du scanner montre une maladie sans aucun espoir de guĆ©rison.Ā Roberto, depuis quelque temps, partage avec les volontaires du Mouvement des Focolari, des personnes qui choisissent librement Dieu et s’engagent Ć  vivre l’Évangile dans le social, une expĆ©rience de foi, d’unitĆ© et d’amour rĆ©ciproque. L’idĆ©al de l’unitĆ© a grandement mis en lumiĆØre ce qu’il Ć©tait dĆ©jĆ : un homme libre d’aimer, mĆ©ticuleux, crĆ©atif, gĆ©nĆ©reux. Peppe, son ami et volontaire lui aussi, est avec eux ce jour-lĆ . MĆ©decin, il a en premier le rapport entre ses mains. Il y a deux faƧons de jouer cette partition: ĆŖtre dĆ©sespĆ©rĆ© ou rĆ©ussir Ć  la lire comme un signe de l’Amour du PĆØre. Il dit Ć  Roberto, en rappelant ce que Chiara Lubich racontait de sainte ThĆ©rĆØse – que lorsqu’elle crachait du sang, elle ne disait pas que c’était la tuberculose, mais que l’Époux Ć©tait arrivĆ©: “VoilĆ  Robi, JĆ©sus arrive! La partie entre toi et Lui seuls commence!” Roberto sait bien ce que provoque la maladie, et celle-lĆ  en particulier. Il connaĆ®t la souffrance, l’épuisement, pour l’avoir vĆ©cu en famille. De retour Ć  la maison, conscient de la situation, Roberto vit un moment de rĆ©bellion. Mais il ne dure que quelques minutes. Federica le trouve serein, radieux. Il lui dit: “Tu sais, je suis prĆŖt”. MĆŖme dans la souffrance, l’adhĆ©sion inconditionnĆ©e aux plans de Dieu, parfois mystĆ©rieux, gĆ©nĆØre dans leur maison une rĆ©alitĆ© profonde, mĆŖme joyeuse. On y va avec l’intention de consoler, on en sort consolĆ©s. Tout est Ć  l’envers. Les plans humainement “partis en fumĆ©e”, et, parmi ceux-ci, le projet d’accueillir deux petits frĆØres, se transforment en encens, priĆØre, offrande. Durant la premiĆØre sĆ©ance de chimiothĆ©rapie, pour donner du courage Ć  Roberto, Federica crĆ©e un groupe sur Whatsapp, et ensuite sur Facebook naĆ®t “cĆ¢lin planĆ©taire“, une famille de personnes qui, saisissant l’occasion de soutenir et d’encourager Roberto, partage aussi petites et grandes anecdotes de la vie quotidienne. Du BrĆ©sil Ć  l’Afrique, en passant par la SuĆØde… Ce sont les amis rencontrĆ©s durant les nombreux voyages que Roberto et Federica, sac au dos, avaient accompli pour rassasier une soif de connaissance, avec un esprit de fraternitĆ© vraie. “Merci! Je suis tellement aimĆ© par Dieu, par vous et par beaucoup d’autres personnes! Je n’imaginais pas que cette explosion d’unitĆ© puisse exister!”, s’exclame un jour Roberto. Durant les derniĆØres semaines, commence l’étape la plus pĆ©nible, comme en montagne. Ses yeux sont comme des coins de ciel, qui rĆ©vĆØlent l’enchantement et l’abandon aux plans de Dieu. Roberto respire la santĆ©, bien sĆ»r pas celle du corps, qui se transforme, mais celle de l’esprit, qui s’Ć©lĆØve. Il y a une grande fatigue, une souffrance aussi trĆØs aiguĆ«, mais jamais l’obscuritĆ©. La soirĆ©e du mercredi, Robi dit Ć  Federica: “Sois sereine, parce que je suis serein“. Un tĆ©moignage aux funĆ©railles: “Une extraordinaire normalitĆ© enveloppe ses derniĆØres heures. Autour de son lit, avec Federica, nous prions, chantons, Ć©coutons le groupe Nomadi, nous mangeons aussi un plat de pĆ¢tes. Les Juniors pour un Monde Uni, pour lesquels Roberto a une affection particuliĆØre, arrivent. Ils lui apportent leur merci. Alors que sa respiration ralentit, malgrĆ© la douleur profonde de la sĆ©paration, nous nous rendons compte que son Ć¢me prend son envol, et nous voyons de nos yeux que la mort est seulement un passage de la vie ici bas Ć  la Vie qui ne finit plus. Vivre “toujours en avant et toujours en haut” est maintenant la maniĆØre de lui dire notre merci.” Ā 

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Angiolino et ses pauvres

2014_07_Angiolino_1 Angiolino le ā€œdĆ©centrĆ©ā€Ā : c’est vraiment le mot qui le dĆ©finirait le mieux. Quelqu’un qui trouve son centre non plus en lui-mĆŖme, mais dans l’autre. ā€œVivre dĆ©centrĆ©ā€ est devenu, pour Angiolino Lucchetti, le ressort de sa vie. 75 annĆ©es passĆ©es en diffĆ©rents endroits d’Italie, puis en Belgique et en Argentine et maintenant, depuis quelques annĆ©es, Ć  Rome. « Au dĆ©but, ici Ć  Rome, j’étais un peu mal Ć  l’aiseĀ ; je ne connaissais pas grand monde et, en mĆŖme temps, j’avais envie de faire quelque chose pour les autres, car je les voyais souvent fatiguĆ©s, stressĆ©s, mĆ©contents, absorbĆ©s dans leurs problĆØmes. Alors, tout simplement j’ai commencĆ© Ć  faire connaissance avec ceux que je rencontrais, en commenƧant par les commerƧants, le fleuriste, le garƧon de cafĆ©, le marchand de journaux… Mais surtout avec beaucoup de pauvres, qui font la manche. Souvent, quand je vais Ć  l’église, je les vois venir Ć  ma rencontreĀ ; ils sont parfois quatre ou cinq. Il y en a qui me demandent quelques piĆØces, un autre un pantalon ou des vĆŖtements. Mais mĆŖme quand je n’ai rien Ć  leur donner, je reste parler avec eux et ils se sentent Ć©coutĆ©s. De temps en temps, je passe dire bonjour Ć  un Roumain qui s’est retrouvĆ© avec une jambe raide Ć  la suite d’un accident. Il est mariĆ©, il a une fille, et il me considĆØre comme son papa. L’un d’entre eux m’informe qu’il n’a pas pris de petit dĆ©jeunerĀ ? Alors je l’invite au bar, ou bien je vais faire quelques courses pour lui. Hasamed, du Bangladesh, fait vivre sa famille en lavant les vitres des voitures. Quand il insiste pour m’offrir un cappuccino, je le laisse payer, par respect pour sa dignitĆ©. S’ils ont des besoins qui sont au-dessus de mes moyens, je prie le PĆØre Ɖternel et, trĆØs souvent, la rĆ©ponse arrive. Un jour, je ne savais plus quoi faire pour aider une Roumaine qui Ć©tait trĆØs dĆ©munieĀ ; alors, je lui ai donnĆ© ma chaĆ®ne en or. Parfois, je m’assieds avec eux, sans faire attention aux gens qui me regardent (il y a longtemps que j’ai perdu tout respect humain), et j’écoute tout ce qu’ils me racontent… Je ne rĆ©sous pas leurs problĆØmes, mais au moins, ils sentent qu’ils ont quelqu’un qui les aime. Ma faƧon de faire n’est pas toujours vue d’un bon œil. Une fois, quelqu’un m’a mĆŖme menacé : « Vous ĆŖtes trop gentil avec ces gens-lĆ , et aprĆØs ils en profitent et ils viennent voler. Si vous continuez, je vous dĆ©nonce Ć  la policeĀ !Ā Ā» Quant Ć  moi, je continue quand mĆŖme, sĆ»r que l’exemple entraĆ®ne. Comme cette fois-lĆ Ā : il pleuvait et, en sortant des MusĆ©es du Vatican, je vois arriver un vieux clochard, tout trempĆ© par la pluie, qui ne tenait pas trĆØs bien sur ses jambes et avait une chaussure toute trouĆ©e. Il puait le vin et il tombait bienĀ ! Je venais en effet de toucher un peu plus pour ma retraite. ā€œViens, je t’achĆØte une paire de chaussuresā€. Au moment où j’entrais dans le magasin, un monsieur me ditĀ : « Je participe moi aussi, je donne dix euros.Ā Ā» Je me dĆ©couvre aussi un certain talent pour faire le clown, en me servant d’un mĆØtre pliable en bois. L’argent que je reƧois pour les mini spectacles que je donne Ć  mes amis, je m’en sers pour des sĆ©minaristes immigrĆ©s, qui manquent d’argent parce que les Ć©vĆŖques qui les aidait est dĆ©cĆ©dĆ©, ou d’autres, au Congo, qui autrement n’auraient pas de quoi poursuivre leurs Ć©tudes. J’ai pu aussi aider un couple qui ne savait pas comment payer une cĆ©sarienne et Ć  qui j’ai pu envoyer un peu d’argentĀ : ils ont eu une belle petite fille. Quand l’occasion se prĆ©sente, je parle de mes frĆØres aux gens autour de moi, et c’est dĆ©jĆ  la deuxiĆØme fois que mon coiffeur, au lieu de se faire payer, me ditĀ : « L’argent que tu aurais dĆ» me donner, envoie-le au Congo.Ā Ā» Vivre de cette faƧon, c’est un vrai investissement. Par exemple il y a des fois où je me replie sur moi-mĆŖme, parce que j’ai un problĆØme qui m’alourdit le cœurĀ ; mais il me suffit de regarder un de mes amis pauvres pour que je me diseĀ : courage, Angiolino, allez, sors de ta coquille, fais-lui un sourire… Alors, j’oublie tous mes soucis, et je redeviens libre et content. SourceĀ : CittĆ  Nuova en ligne Ā 

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Premiers diplĆ“mĆ©s avec la “Promesse Genovesi”

11201db4-c1f4-42a4-a639-751da0fe5e43_0 Un Ć©vĆ©nement unique en son genre, qui marque une nouveautĆ© pour les nouvelles volĆ©es de diplĆ“mĆ©s en Ɖconomie en Italie et en Europe: Ć  l’UniversitĆ© LUMSA de Rome, une cinquantaine de jeunes prononcent et signent, les 21 et 22 juillet derniers, un code Ć©thique important. Ils deviennent ainsi les premiers diplĆ“mĆ©s en Ɖconomie Ć  entrer dans le monde du travail et des professions en ayant solennellement signĆ© leur serment Ć©thique: la “Promesse Genovesi”. L’initiative prend le nom du premier professeur d’Économie de l’histoire, Antonio Genovesi, qui, en 1754 dĆ©jĆ , Ć©tait le porte-parole, Ć  Naples, de valeurs comme confiance, bonheur public et assistance mutuelle. “C’est un petit parchemin – explique le professeur Luigino Bruni, instigateur de l’initiative et professeur d’économie au DĆ©partement de Sciences Ć©conomiques de la LUMSA – mais il aura sa force aussi dans la dimension symbolique et ā€˜rituelle’ qui l’accompagne. Lire et signer publiquement la Promesse Genovesi, dans un moment aussi significatif que celui de la remise des diplĆ“mes – qui s’est produit dans cette universitĆ© et se produira, dĆ©sormais, Ć  chaque prochaine remise des diplĆ“mes – n’est pas, pour les Ć©tudiants, rhĆ©torique ou folklorique, mais un engagement Ć©thique.” Lumsa La Promesse reprĆ©sente un dĆ©fi majeur Ć  l’époque de la crise et de la prĆ©caritĆ© existentielle et des valeurs. “Cette Ć©conomie tue”, affirme le Pape FranƧois dans l’Evangelii gaudium. Le professeur Luigino Bruni ajoute: “Aujourd’hui, on meurt non seulement pour des motifs liĆ©s Ć  la mĆ©decine, mais aussi – et nous le voyons de maniĆØre dramatique, par nĆ©gligences ou erreurs commises par des Ć©conomistes, financiers, directeurs – suite Ć  des dĆ©cisions et des conduites non Ć©thiques de banques et d’entreprises. C’est pourquoi, l’engagement Ć©thique d’un diplĆ“mĆ© en Ć©conomie, le serment de s’en tenir Ć  des valeurs et comportements dĆ©terminĆ©s, n’est pas moins important que ce qui est demandĆ© dans d’autres professions Ć©thiquement sensibles, et peut contribuer Ć  amorcer un processus vertueux de changement de l’action Ć©conomique et sociale.” Un passage important pour la formation supĆ©rieure europĆ©enne, parce qu’aujourd’hui – comme le soutient le Recteur de la LUMSA, le professeur Giuseppe Dalla Torre – “il faut faire attention Ć  l’économie civile, Ć  son profil Ć©thique et au dĆ©passement de la conception individualiste qui la caractĆ©rise maintenant”. Voici le texte de la Promesse Genovesi: “En recevant aujourd’hui ce diplĆ“me en Ɖconomie, je promets que je m’engagerai Ć : 1) Regarder le marchĆ© comme un ensemble d’opportunitĆ©s d’avantage mutuel sans discriminations de langue, sexe, croyance, couleur de peau, et non comme une lutte, ni une compĆ©tition où quelqu’un gagne aux dĆ©pens des autres; 2) Ne jamais traiter les employĆ©s seulement comme un coĆ»t, ni seulement comme un capital ou une ressource de l’entreprise; 3) ReconnaĆ®tre dans ma pratique professionnelle qu’employĆ©s, associĆ©s, collĆØgues, fournisseurs et clients sont avant tout des personnes et, avec cette dignitĆ©, je voudrai les respecter, les valoriser, les honorer; 4) Me comporter avec mes interlocuteurs avec bienveillance, confiance, exactitude, justice, magnanimitĆ©, moralitĆ© et respect de chaque personne, convaincu/e que l’éthique de la personne soit encore le meilleur chemin pour une Ć©conomie saine et durable; 5) Vivre mon travail comme lieu de rĆ©alisation personnelle et comme contribution au Bien commun”.

Aoƻt 2014

Pourquoi les familles se dĆ©font-ellesĀ ? Souvent parce que nous ne savons pas nous pardonner. De vieilles haines entretiennent des divisions entre les membres d’une mĆŖme famille, entre groupes sociaux et entre peuples. Certains mĆŖme enseignent Ć  ne pas oublier les torts subis, Ć  nourrir des sentiments de vengeance… Une rancœur sourde empoisonne alors l’âme et ronge le cœur. Le pardon serait-il un signe de faiblesse comme certains le pensentĀ ? Bien au contraire. Il est l’expression d’un grand courage, d’un amour vrai, authentique car dĆ©sintĆ©ressĆ©. « Si vous aimez ceux qui vous aimentĀ Ā», dit JĆ©sus, « quelle rĆ©compense en aurez-vous ?Ā Ā» Tout le monde en fait autant. « Vous, aimez vos ennemisĀ Ā» [4]. Demandons donc Ć  JĆ©sus – en l’apprenant de lui – un amour de pĆØre, un amour de mĆØre, un amour de misĆ©ricorde envers ceux que nous rencontrons au cours de la journĆ©e, surtout envers ceux qui sont dans l’erreur. Et Ć  ceux qui sont appelĆ©s Ć  vivre une spiritualitĆ© de communion, c’est-Ć -dire la spiritualitĆ© chrĆ©tienne, le Nouveau Testament demande encore plusĀ : « …si l’un a un grief contre l’autre, pardonnez-vous mutuellementĀ Ā» [5]. L’amour rĆ©ciproque exige presque un pacte entre nousĀ : celui d’être toujours prĆŖts Ć  nous pardonner rĆ©ciproquement. C’est la seule maniĆØre qui nous permet de contribuer Ć  crĆ©er la fraternitĆ© universelle. « Pardonne Ć  ton prochain l’injustice commiseĀ ; alors, quand tu prieras, tes pĆ©chĆ©s seront remis.Ā Ā» Ces paroles nous invitent non seulement Ć  pardonner, mais elles nous rappellent que pardonner est la condition nĆ©cessaire pour ĆŖtre nous-mĆŖmes pardonnĆ©s. Dieu nous Ć©coute et nous pardonne dans la mesure où nous savons pardonner. JĆ©sus lui-mĆŖme nous met en gardeĀ : Ā« …c’est de la faƧon dont vous jugez qu’on vous jugera, c’est la mesure dont vous vous servez qui servira de mesure pour vousĀ Ā» [6]. « Heureux les misĆ©ricordieux, il leur sera fait misĆ©ricordeĀ Ā» [7]. En effet, un cœur endurci par la haine n’est mĆŖme plus capable de reconnaĆ®tre et d’accueillir l’amour misĆ©ricordieux de Dieu. Comment vivre alors cette Parole de VieĀ ? D’abord en pardonnant tout de suite Ć  toute personne avec qui nous ne sommes pas encore rĆ©conciliĆ©s. Mais cela ne suffit pas. Il nous faudra encore fouiller dans les coins les plus cachĆ©s de notre cœur pour Ć©liminer la simple indiffĆ©rence, le manque de bienveillance, la moindre attitude de supĆ©rioritĆ© ou de nĆ©gligence envers ceux que nous cĆ“toyons. Et puis allons plus loin encore, jusqu’Ć  faire œuvre de prĆ©vention. Chaque matin je vais regarder les autres d’un œil nouveau, en famille, Ć  l’école, au travail, prĆŖt Ć  aller au-delĆ  de quelque chose qui ne me convient pas dans leur faƧon de faire, Ć  ne pas juger, Ć  leur faire confiance, Ć  espĆ©rer, Ć  croire sans cesse. Je vais approcher les autres avec une amnistie complĆØte dans le cœur, avec un pardon universel. J’oublie leurs dĆ©fauts, je couvre tout avec l’amour. Au cours de la journĆ©e, j’essaierai de rĆ©parer un manque de charitĆ© de ma part, un mouvement d’impatience, en prĆ©sentant mes excuses ou en faisant un geste d’amitiĆ©. Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  J’essaierai de remplacer une attitude de rejet instinctif de l’autre par une attitude de plein accueil, de misĆ©ricorde sans limites, de pardon complet, de partage et d’attention Ć  ce dont il a besoin. Alors quand je prierai le PĆØre, surtout quand je lui demanderai pardon de mes erreurs, je verrai ma demande exaucĆ©e. Je pourrai alors dire en toute confianceĀ : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mĆŖmes nous avons pardonnĆ© Ć  ceux qui avaient des torts envers nous.Ā Ā»[8]

Chiara LUBICH

Fondatrice du mouvement des Focolari

(1920-2008)

    *Parole de Vie publiée en  2002.


[1]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. Psaumes 103, 8.
[2]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. Sagesse 11, 23.
[3]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. EsaĆÆe 38, 17.
[4]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. Matthieu 5, 46, 44.
[5]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. Colossiens 3, 13.
[6]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Matthieu 7, 2.
[7]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Matthieu 5, 7.
[8]Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Matthieu 6, 12.

Ɖvangile vĆ©cu, pardon en action

Klaus Hemmerle – Le prĆŖtre aujourd’hui/1

vescovi-amici2Ā«Si vous cherchez un sismographe qui puisse enregistrer les secousses de notre temps, connaĆ®tre les dĆ©veloppements positifs et nĆ©gatifs de la conscience de notre Ć©poque, les menaces qui pĆØsent sur elle et les nouvelles espĆ©rances, prenez l’image du prĆŖtre. Il est, d’une certaine faƧon, le Cœur du Seigneur que Lui-mĆŖme a placĆ© au cœur de l’humanitĆ©, prĆ©cisĆ©ment avec cette immense vocationĀ : ĆŖtre entiĆØrement disponible pour Dieu et pour les hommes avec lesquels il est appelĆ© Ć  se faire un et desquels il veut ĆŖtre proche. Mais tout en Ć©tant disponible, il est aussi trĆØs vulnĆ©rable. Celui qui aborde le thĆØmeĀ : ā€œLe prĆŖtre aujourd’huiā€ – problĆØme essentiel de nos jours pour la vie de l’Église -, se trouve en face d’une quantitĆ© incalculable de thĆ©ories, d’expĆ©riences et de projets. Les documents du Concile Vatican II et le Synode des ƉvĆŖques de 1971, les discours et les lettres des derniers papes – spĆ©cialementĀ  de Jean-Paul II – nousĀ  offrent un appui et nous indiquent le chemin Ć  suivre. Mais ils ne nous dispensent pas de nous efforcer de les traduire en vie, une vie qui soit comprĆ©hensible Ć  tous et soit, par consĆ©quent, un tĆ©moignage lumineux pour les hommes, aussi bien Ć  l’intĆ©rieur qu’à l’extĆ©rieur de l’Église. Avec dans le cœur les directives de l’Église, et en fixant mon regard sur les expĆ©riences et les problĆØmes des hommes, j’ai cherchĆ© une image, une rĆ©ponse, une figure vivante qui puisse, peut-ĆŖtre, nous le mettre en lumiĆØre. Qui est le prĆŖtre aujourd’huiĀ ? Quel visage nous montre-t-ilĀ ? Dans cette recherche j’ai trouvĆ© un texte qui peut rĆ©pondre Ć  cette question sur le prĆŖtre aujourd’hui, mĆŖme s’il ne parle pas du tout du prĆŖtre. Le voici. Voici l’attrait de notre Ć©poqueĀ : s’élever jusqu’à la plus haute contemplation en restant au milieu du monde, homme parmi les hommes. MieuxĀ : se perdre dans la foule pour qu’elle s’imprĆØgne de Dieu, comme s’imbibe le pain trempĆ© dans le vin. Mieux encoreĀ : associĆ©s aux projets de Dieu sur l’humanitĆ©, tracer dans la foule des chemins de lumiĆØre, et partager avec chacun la honte, la faim, les coups, les joies brĆØves. Car ce qui attire, en notre temps comme en tout temps, est ce que l’on peut imaginer de plus humain et de plus divinĀ : JĆ©sus et Marie. Le Verbe de Dieu, fils d’un charpentier. Le trĆ“ne de la sagesse, mĆØre de famille.[i] Ce texte de Chiara Lubich me parle de l’aujourd’hui et met en lumiĆØre le prĆŖtre comme rĆ©ponse de Dieu Ć  notre ā€œĆ©poqueā€. Ce texte me parle aussi de JĆ©sus-Christ, et me fait comprendre le prĆŖtre en partant du Christ. Il me parle aussi de 1ā€™ā€œĆŖtreā€ chrĆ©tien, et me rĆ©vĆØle l’existence du prĆŖtre en partant de l’existence du chrĆ©tien en gĆ©nĆ©ral. Ce texte me parle Ć©galement de l’Église, et m’indique la place et la signification du prĆŖtre dans l’Église.Ā  (Ć  suivre)


[i] Chiara Lubich, PensƩe et SpiritualitƩ, Nouvelle CitƩ, p. 231

Ɖvangile vĆ©cu, pardon en action

Une jeune femme de Gaza

2009CodePinkGazaLa dĆ©tresse prĆ©vaut chez les habitants de Gaza. L’unique aide: les paroles du Pape et le soutien des nombreuses priĆØres dans le monde. Voici le rĆ©cit d’une jeune femme du Mouvement des Focolari qui vit dans la Bande de Gaza et qui, pour des raisons de sĆ©curitĆ©, garde l’anonymat. “R. – Il n’y a pas de cessez-le-feu, nous voyons seulement la mort, la destruction et les rĆ©fugiĆ©s sur les routes. C’est une chose que l’on ne peut imaginer, on ne peut y croire. ƀ cĆ“tĆ© de chez nous, il y a une Ć©cole de l’agence de l’ONU pour les RĆ©fugiĆ©s, où environ 70 personnes vivent dans 50 m2, rĆ©fugiĆ©s sous les arbres. Comment faire pour trouver la paix dans cette situation? D. – Comment votre vie a-t-elle changĆ© depuis qu’a commencĆ© le conflit? R. – SincĆØrement, nous sommes un peuple dĆ©jĆ  mort. Avant et aprĆØs cette guerre, rien n’a changĆ©. Nous n’avons pas d’électricitĆ©, pas d’eau, pas de travail. Les jeunes meurent psychologiquement: tu parles avec eux et tu as l’impression de parler avec une personne de 70 ans sans attentes dans la vie et sans espĆ©rance. L’unique ambition est d’avoir au moins l’électricitĆ© deux heures par jour et trouver un peu de carburant. D. – Tant le Hamas que les autoritĆ©s d’IsraĆ«l ont jusqu’alors dĆ©clarĆ© qu’ils ne peuvent pas arrĆŖter, il faut finir ce qui a Ć©tĆ© commencĆ©. Vous aussi vous le pensez? R. – Nous n’avons aucune attente. Tout ce que nous avons, c’est la priĆØre. Nous adresser Ć  Dieu et nous confier Ć  Lui, parce qu’aucun gouvernement ne peut nous aider, ni arabe, ni Ć©tranger. L’ONU non plus ne peut rien faire. D. – Et comment cette situation peut-elle changer? R. – Si les choses devaient changer, ce serait seulement parce que les personnes qui ont la responsabilitĆ© et le pouvoir s’arrĆŖtent devant Dieu. Seul Dieu peut faire la diffĆ©rence, peut changer les cœurs pleins de haine, peut changer cette rĆ©alitĆ© de mort et de souffrance. D. – Est-ce que la nouvelle des priĆØres et des appels du Pape en votre faveur vous parvient-elle? Cela vous aide? R. – Nous avons reƧu tous les messages et les appels du Pape. Nous savons qu’il est proche de nous et demande Ć  Dieu de nous protĆ©ger avec l’intercession de Marie. Et, ensuite, toutes les communautĆ©s chrĆ©tiennes autour de nous nous appellent chaque jour pour que nous sachions que nous ne sommes pas seuls et nous soutiennent avec leurs priĆØres. Tout cela nous aide. D. – Vous appartenez au Mouvement des Focolari et donc Ć  la spiritualitĆ© de l’unitĆ© qui se construit avec l’amour rĆ©ciproque, comme le dit l’Évangile. Comment faites-vous pour la mettre en pratique maintenant? R. – J’essaye chaque jour, matin et soir, de garder contact avec la famille et les amis, savoir comment ils vont. Beaucoup n’ont plus de maison, dĆ©truite par les bombes. Nous accueillons deux familles rĆ©fugiĆ©es. Hier justement, en parlant avec elles, je disais: ne pensez pas Ć  la maison, aux choses matĆ©rielles, l’important est que nous sommes vivants et ensemble. L’important est que nous sommes lĆ  les uns pour les autres. Ensuite, chaque jour, je loue Dieu pour la grĆ¢ce d’un nouveau jour Ć  vivre. C’est dĆ©jĆ  beaucoup: nous existons encore et nous pouvons encore avancer. D. – Si vous pouviez lancer un appel, que diriez-vous? R. – Je voudrais m’adresser au monde entier, au nom de mon peuple, afin qu’il se tourne vers Dieu, et se rappelle qu’à Gaza, chrĆ©tiens et musulmans, nous sommes une seule famille, un unique peuple et une unique vie, et nous subissons tous la mĆŖme souffrance. Merci.” Source: site de Radio Vatican