Juil 26, 2023 | Non classifiƩ(e)
Les 37ĆØmes JournĆ©es Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se tiendront du 31 juillet au 6 aoĆ»t 2023 Ć Lisbonne (Portugal), approchent Ć grands pas et de nombreux jeunes se prĆ©parent Ć vivre cet Ć©vĆ©nement mondial avec le Pape. Diverses initiatives sont organisĆ©es, tout comme sont nombreuses les personnes qui, depuis des mois, travaillent avec dĆ©vouement Ć ce moment de vĆ©ritable famille pour l’Ćglise. Voici quelques tĆ©moignages. Tout est prĆŖt. Le soleil se lĆØve sur les sept collines de Lisbonne (Portugal) et la brise de l’ocĆ©an apporte un air de nouveautĆ© et d’attente : les JMJ sont Ć nos portes et des jeunes du monde entier arrivent. AprĆØs des mois de prĆ©paration et plusieurs Ć©tapes dans le pays, la Croix du PĆØlerin et l’IcĆ“ne de la Vierge āāSalus Popoli RomaniĀ āā, symboles des JMJ, sont enfin arrivĆ©es Ć Lisbonne le week-end dernier et sont prĆŖtes Ć accueillir les premiers jeunes arrivant pour les āāJournĆ©es dans les DiocĆØsesāā qui se dĆ©rouleront du 26 au 31 juillet 2023 dans les 17 diocĆØses du Portugal continental et des Ć®les. Une maniĆØre de prĆ©parer les pĆØlerins et les communautĆ©s d’accueil Ć entrer dans l’Ć©vĆ©nement des JMJ et Ć le vivre pleinement. « Lorsque nous avons Ć©tĆ© informĆ©s que les JMJ se tiendraient Ć Lisbonne, nous avons accueilli la nouvelle avec une immense joie. Je suis sĆ»r que ce sera une occasion de grĆ¢ce pour chacun des participants, ainsi que pour notre pays. En ce qui me concerne, je sens que je dois m’ouvrir aux surprises que l’Esprit nous rĆ©serveĀ Ā» explique le pĆØre JosĆ© Cardoso de Almeida, curĆ© de SĆ”tĆ£o, dans le diocĆØse de Viseu, prĆŖtre volontaire du mouvement des Focolari.
Lui qui a vĆ©cu de prĆØs l’attente et l’enthousiasme des diffĆ©rentes JMJ a immĆ©diatement ressenti l’appel, comme tant d’autres volontaires, Ć se mettre au travail pour organiser les JournĆ©es qui allaient se dĆ©rouler āāĆ la maisonāā, en motivant les jeunes et en accueillant ceux qui arriveraient de diverses parties du monde : « Cette derniĆØre annĆ©e a Ć©tĆ© une pĆ©riode de rencontres frĆ©quentes. De nombreuses activitĆ©s ont Ć©tĆ© organisĆ©es pour aider Ć supporter les dĆ©penses de ceux qui avaient le plus de difficultĆ©s Ć participer. En tant que āpetit constructeurā de ces JMJ, j’ai contribuĆ©, avec beaucoup d’autres, Ć motiver certaines familles Ć ouvrir leurs portes Ć de jeunes Ć©trangers dans le cadre des āāJournĆ©es dans les diocĆØsesĀ āā. Dans notre rĆ©gion, nous accueillerons environ 3 000 jeunes, notamment des franƧais. Nous partirons ensuite pour Lisbonne et j’aiderai pour le sacrement de la rĆ©conciliation pendant l’Ć©vĆ©nementĀ Ā». Une expĆ©rience concrĆØte qui suggĆØre combien le fait de se mettre au service, gĆ©nĆØre d’innombrables fruits dans les diffĆ©rentes communautĆ©s. « Comme la dĆ©couverte de la beautĆ© du travail rĆ©alisĆ© ensemble, raconte encore le pĆØre JosĆ©. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin de dĆ©couvrir que le secret du bonheur rĆ©side dans l’amour vĆ©ritable, et dans l’expĆ©rience, comme le dit le pape FranƧois, de āāsortir de soi-mĆŖmeĀ āā et āād’ĆŖtre lĆ avec et pour les autresāā. C’est cela la vĆ©ritable unité ». Et c’est dans ce fait de āsortirā que l’on retrouve la figure de la Vierge Marie, prĆŖte Ć āāse lever et partir en vitesseāā, comme l’annonce la devise de ces JMJ, pour aller Ć la rencontre de sa cousine Ćlisabeth. Une « invitation Ć la rencontre avec JĆ©sus vivant dans la famille, au travail, dans la vie sociale et politiqueĀ Ā», expliquent Ana et JosĆ© Maria Raposo, de Lisbonne, de la paroisse Nossa Senhora da Conceição dos Olivais Sul. Volontaires de Dieu au sein du mouvement des Focolari, Ana et JosĆ© sont mariĆ©s depuis 45 ans, ont cinq enfants et quatre petits-enfants, et font partie des nombreuses familles portugaises qui accueilleront chez elles les jeunes qui participeront aux JMJ.
« Pour que les jeunes, comme Marie, puissent vivre leur vocation, il faut croire et les rendre protagonistes, sans oublier l’intergĆ©nĆ©rationnel, nous disent-ils, il faut croire quāon change dĆ©jĆ le monde si l’on change son cÅur, si l’on libĆØre son esprit, si l’on sort de sa propre zone de confort, si l’on regarde autour de soi et si l’on voit JĆ©sus en chacun, il faut croire qu’un monde uni est possibleĀ Ā». Une expĆ©rience qui regarde cette Ć©poque si fragile, mais regarde aussi l’autre et prend de la force grĆ¢ce au tĆ©moignage concret de ceux qui veulent mettre cette certitude de lāamour, au service de āāl’accueilāā ce qui, poursuivent Ana et JosĆ©, « signifie ĆŖtre une famille pour ceux qui arrivent aux JMJĀ . C’est spontanĆ©ment que nous nous sommes joints Ć l’accueil des jeunes pĆØlerins qui participeront aux JMJ. Nous avons toujours accueilli dans notre maison ceux qui en avaient besoin, parce qu’ils Ć©taient de passage ou en voyage, et les derniers mois ont aussi Ć©tĆ© l’occasion de revoir certains aspects et de rĆ©organiser les espaces de notre habitation pour que les jeunes qui arrivent se sentent vraiment Ć la maisonĀ Ā».
Les JournĆ©es Mondiales de la Jeunesse continuent d’ĆŖtre, encore aujourd’hui, un grand Ć©vĆ©nement de lāĆglise qui, autour du Pape et des jeunes du monde entier, devient āCommunautĆ©ā. Et d’ĆŖtre, comme le dit le pĆØre JosĆ© Cardoso de Almeida, « un laboratoire du Royaume de Dieu lui-mĆŖme et l’image de cette fraternitĆ© universelle qui vient de l’ĆvangileĀ Ā».
Maria Grazia Berretta
Juil 25, 2023 | Non classifiƩ(e)
« Celui qui, parce qu’il est disciple, donne ne serait-ce qu’une tasse d’eau fraĆ®che Ć boire Ć l’un de ces petits, je vous le dis en vĆ©ritĆ©, il ne perdra pas sa rĆ©compenseĀ Ā» (Mt 10,42) est la Parole de Vie de ce mois-ci et c’est la mission Ć laquelle chacun de nous, comme les disciples, est appelĆ© : ĆŖtre des tĆ©moins crĆ©dibles de l’Amour du Christ, dans le concret des gestes qui font partie de notre vie quotidienne ; un Amour circulaire, qui se donne avec joie et se reƧoit avec surprise, en abondance. Au parking Au parking, j’ai retrouvĆ© griffĆ©e, la nouvelle voiture que mon pĆØre m’avait prĆŖtĆ©e. Que faire ? DĆ©solĆ© de la peine que je lui causais, je pensais aux frais de rĆ©paration, quand sur le tableau de bord j’ai remarquĆ© un petit objet aimantĆ© avec cette inscription : « …dĆ©chargez-vous sur Lui de tous vos soucis parce qu’Il prend soin de vousĀ Ā». Jāai donc essayĆ© de faire ainsi. Et j’ai ressenti un sentiment de paix, ce qu’il fallait pour comprendre ce qu’il fallait faire. Alors que j’Ć©tais absorbĆ©, j’entends frapper Ć la fenĆŖtre. Une dame demande Ć me parler. C’Ć©tait elle qui avait griffĆ© la voiture et s’Ć©tait enfuie en espĆ©rant s’en tirer Ć bon compte, mais le remords l’avait poussĆ©e Ć faire demi-tour. Maintenant, avec son numĆ©ro de tĆ©lĆ©phone, elle Ć©tait prĆŖte Ć payer le montant des dĆ©gĆ¢ts. StupĆ©fait et reconnaissant, je lui ai racontĆ© comment j’avais trouvĆ© la paix en lisant cette phrase sur le tableau de bord. Et elle m’a dit pensivement : « C’est Lui qui m’a fait revenirĀ Ā». (Z.X. – Croatie) Le bon endroit Lorsque j’ai Ć©tĆ© transfĆ©rĆ©e Ć l’unitĆ© des soins intensifs, j’ai compris que ma mission de mĆ©decin y serait mise Ć l’Ć©preuve et, en mĆŖme temps, j’ai senti que c’Ć©tait āāmaāā place. Au cours de mes annĆ©es de profession, je n’avais pas encore travaillĆ© dans un tel service où, chaque jour, la douleur des gens se prĆ©sente sous les formes les plus tragiques : accidents graves, problĆØmes neurologiques… et, en gĆ©nĆ©ral, des jeunes. Bref, je ne me sentais pas Ć la hauteur. Mais ce qui m’a donnĆ© de la force, c’est l’idĆ©e de me mettre au service de JĆ©sus qui s’identifiait aussi Ć eux : « C’est Ć moi que tu l’as faitĀ Ā», disait-il. AprĆØs six mois de travail, la direction de l’hĆ“pital m’a proposĆ© de devenir chef de service. Les raisons de cette nomination : ma capacitĆ© d’intĆ©gration avec les collĆØgues, mon attitude calme et paisible, mon professionnalisme. Me retrouvant le lendemain dans la chapelle, j’ai remerciĆ© JĆ©sus : ce sont ses paroles qui m’avaient permis d’ĆŖtre ce dont les autres avaient le plus besoin, lĆ , dans ce lieu. (J.M. – Espagne)
L’examen Je prĆ©parais un examen exigeant Ć l’universitĆ© lorsqu’un ami qui traversait une pĆ©riode difficile avec sa petite amie est venu me rendre visite Ć l’universitĆ©. Je l’ai accueilli et pendant que je prĆ©parais le dĆ®ner, nous avons discutĆ©. L’idĆ©e de l’examen me taraudait, mais j’ai essayĆ© de la mettre de cĆ“tĆ© pour me concentrer sur l’Ć©coute de mon ami, qui Ć©tait tellement dĆ©semparĆ© et accablĆ© de chagrin qu’il ne se rendait pas compte de ce qui se passait et c’Ć©tait aussi l’heure Ć un moment donnĆ©, dāaller dormir. Finalement, je lui ai offert l’hospitalitĆ© pour la nuit. Il Ć©tait trĆØs tard et je n’avais mĆŖme pas la force d’ouvrir mon livre. Le lendemain, nous avons Ć©tĆ© rĆ©veillĆ©s par un coup de tĆ©lĆ©phone : un collĆØgue m’informait que j’Ć©tais attendu Ć l’examen. Encore Ć moitiĆ© endormi, je me suis empressĆ© de me prĆ©parer Ć sortir, tandis que mon ami est restĆ© lĆ , endormi. Je māattendais Ć tout sauf Ć rĆ©ussir cet examenĀ ! Tout heureux de la bonne nouvelle, je suis rentrĆ© chez moi, où j’ai trouvĆ© un mot sur la table : « Je ne sais pas comment te remercier. Tu m’as montrĆ© que je vaux quelque chose. Tu māas donnĆ© une nouvelle force. Je voudrais aussi ĆŖtre ātotalement disponible pour les autresāĀ Ā». (G.F. – Pologne)
Maria Grazia Berretta
(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittĆ Nuova, annĆ©e IX – n° 1 juillet-aoĆ»t 2023)
Juil 13, 2023 | Non classifiƩ(e)
Un entretien avec l’auteur sur sa derniĆØre Åuvre littĆ©raire. Un livre conƧu pour donner de l’espĆ©rance, pour garder une foi intacte dans le charisme de l’unitĆ©.Ā Questions au CoprĆ©sident du mouvement des Focolari sur son dernier livre publiĆ© par CittĆ Nuova, intitulĆ© « FedeltĆ dinamicaĀ Ā». JesĆŗs, partons du titre : « FidĆ©litĆ© dynamiqueĀ Ā» … J’ai voulu reprendre l’expression que le Pape FranƧois a utilisĆ©e dans son discours aux participants de l’AssemblĆ©e du mouvement des Focolari en 2021. Il a parlĆ© de fidĆ©litĆ© dynamique. Selon moi, c’est une pensĆ©e trĆØs proche du concept de fidĆ©litĆ© crĆ©ative. Avec l’avantage que « dynamiqueĀ Ā» renvoie au concept grec dynamis qui signifie force de mouvement. La fidĆ©litĆ© dynamique est donc une fidĆ©litĆ© en mouvement, qui n’est pas statique et elle est trĆØs chĆØre au Pape FranƧois. Lorsqu’il s’est adressĆ© Ć nous Ć d’autres occasions, il a insistĆ© sur le fait que les Mouvements doivent ĆŖtre prĆ©cisĆ©ment en « mouvementĀ Ā». Il m’a donc semblĆ© que ce titre Ć©tait plus proche de ce que nous vivons dans notre rĆ©alitĆ© aujourd’hui ā¦. Le livre est divisĆ© en chapitres. Le premier : « prendre le pouls de notre tempsĀ Ā». Quelles sont les perspectives du charisme d’unitĆ© de Chiara Lubich pour aujourd’hui ? Comment actualiser l’identitĆ© et l’histoire du charisme ?
Il me semble que le charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich est toujours trĆØs actuel. En ce qui concerne la synodalitĆ©, le Pape FranƧois insiste sur le fait de nous redĆ©couvrir en tant que peuple de Dieu en marche, où nous sommes tous protagonistes. Synode signifie « marcher ensembleĀ Ā». Il veut une Ćglise où chacun donne le meilleur de lui-mĆŖme en tant que partie intĆ©grante du peuple de Dieu, le corps du Christ. Je pense que le charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich peut apporter beaucoup dans ce sens, avec sa spiritualitĆ© de communion, la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. D’autre part, il y a aujourd’hui beaucoup de conflits, de guerres, de polarisations massives partout – dans le domaine politique, moral, social – et peut-ĆŖtre que nous assistons comme jamais auparavant Ć des contrastes presque irrĆ©conciliables. Je crois que lĆ aussi, le charisme de l’unitĆ© peut apporter beaucoup par sa trame dialogique. Il faut donc aujourd’hui actualiser le charisme de l’unitĆ©, redĆ©couvrir sa vĆ©ritable identitĆ©, en allant Ć l’essentiel, au noyau fondateur du charisme. Cette actualisation passe par la mise en Åuvre de deux moments, non pas au sens chronologique, mais au sens profond. D’une part, se mettre Ć l’Ć©coute des signes des temps, des interrogations du monde, de la sociĆ©tĆ© contemporaine. Dāautre part, aller en profondeur, pĆŖcher dans toutes ces ressources que possĆØde le charisme, dont certaines n’ont mĆŖme pas Ć©tĆ© exprimĆ©es. J’aime beaucoup ce concept d’expression de l’inexprimĆ© qui est en nous. C’est ainsi que l’identitĆ© s’actualise dans une fidĆ©litĆ© dynamique. Avec le processus de purification de la mĆ©moire que nous vivons dans cette phase de post-fondation, je pense que nous sommes prĆŖts Ć franchir cette Ć©tape. L’actualisation d’un charisme se fait avec la contribution de chacun et avec un changement de mentalitĆ©, une forma mentis. Outre l’aide de l’Esprit Saint, que pouvons-nous faire pour mettre cela en Åuvre ? Sans aucun doute, l’aide du Saint-Esprit est fondamentale car nous sommes dans le contexte d’une Åuvre de Dieu. Mais pour actualiser le charisme, il faut l’intelligence,Ā mais pas au sens acadĆ©mique du terme. PlutĆ“t dans le sens de la sagesse. Il faut des talents et des compĆ©tences pour Ć©couter le cri de l’humanitĆ©. C’est important ce qui est dit dans le document de l’AssemblĆ©e gĆ©nĆ©rale de 2021 : aujourd’hui, la demande de l’humanitĆ© que nous devons Ć©couter est le cri de JĆ©sus abandonnĆ©. C’est pourquoi, en plus de l’Esprit Saint, nous avons besoin de l’intelligence du charisme et de la Sagesse qui vient de la vie. Et ce n’est pas un exercice de bureau, un exercice acadĆ©mique. On peut saisir le cri de JĆ©sus abandonnĆ© quand on est en lien avec la souffrance de nos contemporains. Qu’est-ce que la « thĆ©ologie de l’idĆ©al d’unité » ? Pourquoi est-elle importante pour la fidĆ©litĆ© au charisme ? Chiara Lubich elle-mĆŖme a dit que la thĆ©ologie serait importante pour l’avenir du mouvement des Focolari et du charisme. Cela signifie qu’il faut approfondir le charisme de l’unitĆ© Ć la lumiĆØre de la RĆ©vĆ©lation, d’où il est issu, et de la recherche thĆ©ologique. C’est un exercice de comprĆ©hension du charisme qui est fondamental, sinon il n’est pas incarnĆ© et surtout, il ne s’universalise pas. Sans la thĆ©ologie de l’idĆ©al, le charisme reste Ć l’intĆ©rieur du Mouvement. Avec une thĆ©ologie de l’idĆ©al d’unitĆ©, le charisme peut aussi aller Ć l’extĆ©rieur, tout en trouvant une base solide. La thĆ©ologie de l’idĆ©al de l’unitĆ© aide Ć bien le comprendre pour qu’il puisse ĆŖtre transmis aux gĆ©nĆ©rations futures. La vie et le tĆ©moignage passent toujours en premier, mais ce travail est Ć©galement dĆ©cisif. La thĆ©ologie de l’IdĆ©al de l’unitĆ© prĆ©vient les dĆ©viations possibles. Le kĆ©rygme originel, inscrit dans les Ćvangiles, a eu besoin du travail ardu des PĆØres de l’Ćglise, de grands thĆ©ologiens, pour ĆŖtre sauvĆ© dans son intĆ©gritĆ©. L’actualisation ne risque-t-elle pas de faire perdre au charisme son identitĆ© ? Bien au contraire. C’est prĆ©cisĆ©ment la non-actualisation qui fait perdre au charisme son identitĆ©, car l’identitĆ© d’un charisme est toujours dynamique et crĆ©ative. Il s’agit toujours d’ĆŖtre le mĆŖme sans jamais ĆŖtre le mĆŖme. C’est ce que j’ai essayĆ© d’exprimer. La statique fait justement perdre au charisme son identitĆ© parce qu’elle lui fait perdre son lien avec la rĆ©alitĆ©. Pour moi, c’est trĆØs clair : il faut une actualisation constante pour que le charisme conserve son identitĆ©. Et Chiara l’a fait tout au long de sa vie.
Le deuxiĆØme chapitre : « la maison de la connaissance de soiĀ Ā», s’inspire d’une lettre de Catherine de Sienne. Nous y dĆ©couvrons nos limites, nos Ć©checs, notre autorĆ©fĆ©rentialitĆ©, le visage de JĆ©sus abandonnĆ©. Que pouvons-nous faire pour surmonter « l’Ć©preuve de la connaissance de soiĀ Ā» ? Le deuxiĆØme chapitre est fondamental dans cette phase que nous vivons, où nous avons dĆ» nous confronter Ć nos dĆ©fauts, Ć nos erreurs dans l’incarnation du charisme. Que pouvons-nous faire pour surmonter l’Ć©preuve ? Nous devons la vivre pleinement, car il s’agit de reconnaĆ®tre que nous ne sommes pas Ć la hauteur du charisme. Aucun d’entre nous n’est Ć sa hauteur. Cela ne donne pas lieu Ć un sentiment de dĆ©sarroi, mais plutĆ“t Ć une nouvelle confiance en Dieu, en l’Esprit Saint, auteur du charisme. Ainsi, l’Ć©preuve de la connaissance de soi est surmontĆ©e en acceptant l’humiliation de ne pas ĆŖtre Ć la hauteur et en plaƧant toute notre confiance en Dieu. Le troisiĆØme chapitre : « le discernement Ć la lumiĆØre du charisme de l’unité ». Le Pape nous demande de devenir des artisans du discernement communautaire. Comment devons-nous procĆ©der ? Et surtout, le charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich est-il un charisme dans le discernement ? Pour le pape FranƧois, le discernement et la synodalitĆ© vont de pair, tant au niveau individuel que communautaire.Ā C’est un processus trĆØs dĆ©licat, car il demande de l’intelligence, mais surtout l’Ć©coute de l’Esprit Saint. Le discernement nous demande tout et demande tout Ć Dieu. Et ce n’est pas simple, ce n’est pas un exercice de consensus. C’est aller en profondeur dans la recherche de la volontĆ© de Dieu Ć tout moment. Je crois que le dynamisme typique du charisme de l’unitĆ©, que nous appelons JĆ©sus au milieu, c’est-Ć -dire mĆ©riter la prĆ©sence de JĆ©sus parmi nous, est un exercice de discernement. Chiara Lubich l’a trĆØs bien expliquĆ© : pour mĆ©riter cette prĆ©sence, il faut un dĆ©tachement complet de nous-mĆŖmes, une mise Ć l’Ć©coute de l’Esprit Saint. Il faut l’amour rĆ©ciproque. Chiara a mĆŖme dĆ©veloppĆ© l’idĆ©e des relations trinitaires, qui transforment le discernement communautaire en un « discernement trinitaireĀ Ā». Lorsque nous visons Ć avoir JĆ©sus au milieu de nous, nous vivons une expĆ©rience trinitaire, avec toutes les faiblesses, les fragilitĆ©s de notre humanitĆ©, de notre corporĆ©itĆ©, de notre psychologie. Mais nous le faisons et c’est lĆ que le discernement se produit. Nous pouvons lire cette praxis des relations trinitaires Ć la lumiĆØre de la grande idĆ©e du Pape FranƧois sur le discernement et la synodalitĆ©. Dans le livre, tu parles de deux dĆ©viations : « la capture de l’UnĀ Ā» et « la dissolution de l’UnĀ Ā». De quoi s’agit-il et comment les Ć©viter ? Ces tentations sont en rĆ©alitĆ© deux dĆ©viations de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. Dans la premiĆØre, il arrive que quelqu’un s’empare de la mission de la CommunautĆ© et mĆŖme de la mission de chacun. Quelqu’un centralise tout, sans se rendre compte quāil prend la place de l’Esprit Saint dans la dynamique de l’unitĆ©. Dans ce cas, il s’empare du « nousĀ Ā», du nĆ©cessaire pour que chacun s’Ć©panouisse et apporte sa contribution. C’est lĆ que se produisent les abus d’autoritĆ©, les abus de conscience, les abus spirituels, et c’est donc un grand risque. Dans la dissolution de l’Un, c’est le contraire qui se produit, l’esprit de Communion se perd. Un individualisme exagĆ©rĆ© prĆ©vaut. Si auparavant quelqu’un s’empare du nous, dans ce cas le nous disparaĆ®t et l’individualisme de chacun prend le dessus. La vie communautaire devient une organisation où chacun cherche son espace, son Ć©panouissement personnel. LĆ aussi, l’Esprit Saint qui est le dynamisme de la vie chrĆ©tienne disparaĆ®t. Comment les Ć©viter ? Il faut un moment de prise de conscience de soi : comprendre les erreurs commises. En mĆŖme temps, il faut revenir Ć l’Ćvangile vĆ©cu et Ć une authentique vie d’unitĆ©. Surtout, je pense, revenir avec humilitĆ©, avec la capacitĆ© de se dĆ©centrer, en aimant l’autre, en pensant que la personne est toujours un absolu qui ne peut ĆŖtre annulĆ© d’aucune maniĆØre. Je pense donc que la solution est un plus d’amour, de vĆ©ritĆ©, de transparence et de don concret dans la vie de l’unitĆ©, dans la vie de communion. L’unitĆ© est un don de l’Esprit, personne ne peut s’en emparer avec son pouvoir ou le dissoudre avec son individualisme. L’unitĆ© est une expĆ©rience de Dieu qui nous prend tous. Prenons-en conscience. Enfin, que pouvons-nous faire pour que tous ces Ć©clairages contenus dans le livre ne restent pas seulement de bonnes intentions ? Je pense qu’il serait utile d’en parler en communautĆ©. Avoir des moments où nous lisons certains passages, des retraites et examiner nos vies Ć la lumiĆØre de ces Ć©clairages. Ce livre a pour but de donner de l’espĆ©rance, de garder intacte la foi dans le charisme de l’unitĆ©, et si elle a Ć©tĆ© perdue, de la retrouver. J’espĆØre qu’en partageant nos expĆ©riences, nous pourrons restaurer une vie authentique lĆ où elle n’existe plus, car dans de nombreux endroits, la vie s’Ć©panouit, il y a de la gĆ©nĆ©rativitĆ©, il y a beaucoup de belles rĆ©alitĆ©s.
Lorenzo Russo
Juil 12, 2023 | Non classifiƩ(e)
Le samedi 24 juin 2023, un sĆ©minaire thĆ©ologique s’est tenu Ć Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thĆØme « Participer/PrĆ©sider/DĆ©cider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en missionĀ Ā». Plus de trente chercheurs ont rĆ©pondu Ć l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour Ć©laborer une proposition de rĆ©vision du droit canonique afin de rƩƩquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe AssemblĆ©e du Synode des Ć©vĆŖques ā « le rapport entre le principe d’autoritĆ©, fortement affirmĆ© dans la lĆ©gislation actuelle, et le principe de participationĀ Ā». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastoralesĀ Ā», assure le pape FranƧois, « ne doivent pas ĆŖtre rĆ©solues par des interventions du magistĆØreĀ Ā» (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’Ć©coute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidĆØles) dans la variĆ©tĆ© des cultures qui le composent est dĆ©cisive. Le dialogue entre la thĆ©ologie et le droit est donc animĆ© par une dĆ©marche sincĆØre d’inculturation, sans laquelle le risque est rĆ©el de poser les bases d’une mĆ©prise pratique des principes gĆ©nĆ©raux Ć©noncĆ©s par l’Ćglise. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur acadĆ©mique du CEG, est prĆ©cisĆ©ment celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidĆØles Ć nos assemblĆ©es synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi dĆ©libĆ©rative ? S’agira-t-il de nĆ©gocier une “concession” juridique ou de “reconnaĆ®tre” la capacitĆ© de dĆ©cision du sujet collectif de l’action ecclĆ©siale telle qu’elle ressort de l’ecclĆ©siologie de Vatican II et du magistĆØre postconciliaire ? Et sera-t-il donc nĆ©cessaire de mettre Ć jour le Code de droit canonique ?Ā Ā»
Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, SecrĆ©taire gĆ©nĆ©ral du Synode, a soulignĆ© comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelĆ© Ć devenir une dynamique gĆ©nĆ©ratrice et non pas simplement un Ć©vĆ©nement parmi d’autres. On ne peut en effet Ć©couter l’Esprit Saint sans Ć©couter le peuple saint de Dieu dans cette “rĆ©ciprocitĆ©” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette mĆ©thodologie particuliĆØre de la conversation dans l’Esprit, bien dĆ©crite lors de la prĆ©sentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nĆ©cessitĆ© – rappelĆ©e Ć plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unitĆ© du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient Ć son point de dĆ©part, Ć l’Ćglise particuliĆØre, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mĆ»ri dans l’Ć©coute de ce que l’Esprit dit Ć l’Ćglise d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaĆ®t donc comme un moment significatif de la vie de l’Ćglise, capable de stimuler et d’activer l’Ć©lan crĆ©atif et la proclamation Ć©vangĆ©lique qui naissent de la redĆ©couverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternitĆ© dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problĆØmes de synodalitĆ© entre ecclĆ©siologie et droit canoniqueĀ Ā» du Prof. Severino Dianich, la rĆ©cupĆ©ration de l’ecclĆ©siologie paulinienne de l’ĆŖtre-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialitĆ© dynamique des dons hiĆ©rarchiques et charismatiques ont Ć©mergĆ© ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nĆ©cessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procĆ©durale flexible, capable d’accompagner les processus dĆ©cisionnels et participatifs Ć travers les diffĆ©rents organismes dĆ©jĆ prĆ©vus (conseil Ć©piscopal, presbytĆ©ral, pastorale diocĆ©saine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien prĆ©sident du Conseil pontifical pour les textes lĆ©gislatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « SynodalitĆ© ecclĆ©siale : un passage rapide du consultatif au dĆ©libĆ©ratif est-il envisageable ?Ā Ā» Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une dĆ©finition claire de la synodalitĆ©, entendue comme « communion des pasteurs et des fidĆØles dans l’activitĆ© de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Ćglise et dans la capacitĆ© de dĆ©cider comment mettre en Åuvre le bien identifié ». A l’issue du sĆ©minaire, la proposition a Ć©tĆ© faite par beaucoup de mettre Ć disposition les rĆ©sultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille dĆ©jĆ afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplĆ©mentaire au prochain Synode.
Antonio Bergamo
Juil 11, 2023 | Non classifiƩ(e)
Le dimanche 9 juillet 2023, le pape FranƧois a nommĆ© 21 nouveaux cardinaux de la Sainte Ćglise romaine, comme d’habitude Ć la surprise des intĆ©ressĆ©s. Parmi eux figure Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de JĆ©rusalem. En fĆ©licitant Sa BĆ©atitude pour cette nomination, nous partageons avec joie une interview de lui, rĆ©alisĆ©e il y a exactement un an en Terre sainte. Voir la vidĆ©oĀ (activer les sous-titres en franƧais) https://youtu.be/JFjWb1-y0ug
Juil 7, 2023 | Non classifiƩ(e)
Dans le cadre de l’ouverture de la ConfĆ©rence internationale du Conseil international des chrĆ©tiens et des juifs (ICCJ) Ć Boston, USA, le dimanche 18 juin, le professeur Joseph Sievers a reƧu le Prix Seelisberg 2023. Notre interview Ć son retour Ć Rome. Le Prix Seelisberg s’inspire et vise Ć commĆ©morer le rassemblement novateur qui a eu lieu dans le petit village suisse de Seelisberg du 30 juillet au 5 aoĆ»t 1947 pour aborder les enseignements chrĆ©tiens concernant la discrimination Ć l’Ć©gard des Juifs et du judaĆÆsme. Cet Ć©vĆ©nement est largement reconnu comme l’inauguration de la transformation des relations entre juifs et chrĆ©tiens.
Le prix Seelisberg est dĆ©cernĆ© chaque annĆ©e (depuis 2022) par le Conseil international des chrĆ©tiens et des juifs (ICCJ), issu de la confĆ©rence de Seelisberg, et le Centre de thĆ©ologie interculturelle et d’Ć©tude des religions de l’universitĆ© de Salzbourg. Les personnes honorĆ©es sont celles qui, par leurs Ć©tudes et leur enseignement, ont jouĆ© un rĆ“le important dans la promotion du rapprochement entre juifs et chrĆ©tiens. Le Professeur et Docteur Joseph Sievers (Prix Seelisberg 2023) est nĆ© en Allemagne et a commencĆ© ses Ć©tudes Ć l’universitĆ© de Vienne et Ć l’UniversitĆ© HĆ©braĆÆque de JĆ©rusalem. Il est titulaire d’un doctorat en histoire ancienne de l’UniversitĆ© de Columbia (1981) et d’une Lic. Theol. de l’UniversitĆ© pontificale grĆ©gorienne (1997). Il a enseignĆ© Ć CUNY, Seton Hall Univ., Fordham Univ. et d’autres institutions aux Ćtats-Unis, en Italie et en IsraĆ«l. De 1991 Ć 2023, il a enseignĆ© l’Histoire et la LittĆ©rature juives de la pĆ©riode hellĆ©nistique Ć l’Institut biblique pontifical de Rome, où il Ć©tait professeur titulaire. En outre, de 2003 Ć 2009, il a Ć©tĆ© directeur du Centre Cardinal Bea pour les Ć©tudes juives Ć l’UniversitĆ© Pontificale GrĆ©gorienne. Depuis 1965, il est membre du mouvement des Focolari, avec lequel il collabore depuis 1996 dans le cadre du Centre pour le Dialogue Interreligieux. Il a publiĆ© plusieurs livres et de nombreux articles, notamment dans le domaine de l’histoire du Second Temple (en particulier Flavius JosĆØphe) et des relations judĆ©o-chrĆ©tiennes. Avec Amy-Jill Levine, il a Ć©ditĆ© The Pharisees (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 2021 ; traduction italienne Milan, San Paolo, 2021 ; traduction allemande prĆ©vue pour 2024). Professeur Sievers, qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix ? Ce fut une grande surprise et lorsqu’on m’a demandĆ© de parler de mon expĆ©rience, j’ai ressenti une grande gratitude en regardant en arriĆØre, en pensant Ć tous les moments, Ć toutes les personnes que j’ai rencontrĆ©es, aux situations dans lesquelles j’ai pu ĆŖtre prĆ©sent et parfois ĆŖtre utile. Une grande gratitude et, en mĆŖme temps, une responsabilitĆ© pour le prĆ©sent et l’avenir. Dans votre discours lors de la cĆ©rĆ©monie de remise du prix, vous avez dĆ©clarĆ© : « Les difficultĆ©s peuvent nous aider Ć mieux nous comprendre. Les difficultĆ©s peuvent nous unirĀ Ā». Au cours de votre longue expĆ©rience de ce dialogue, quāest-ce qui a Ć©tĆ© le plus difficile pour vous, et quāest-ce qui a Ć©tĆ© le plus surprenant au point de direĀ : « On peut y arriver » ?
Il y a eu plusieurs moments difficiles, mais je me souviens particuliĆØrement de celui où nous avons dĆ» organiser une rĆ©union de dialogue Ć JĆ©rusalem en 2009. Quelques semaines aprĆØs un conflit, une opĆ©ration qui a fait de nombreux morts et blessĆ©s. En mĆŖme temps, il y avait aussi la situation de l’Ć©vĆŖque (Richard Nelson) Williamson qui niait l’holocauste. Il y avait des difficultĆ©s de tous les cĆ“tĆ©s qui rendaient un dialogue ouvert trĆØs difficile. Cependant, nous avons rĆ©ussi Ć organiser cette rĆ©union. Nous sommes allĆ©s de l’avant et ce furent des moments de communion spirituelle trĆØs forts, au-delĆ de tous les problĆØmes. Et puis vous me demandez aussi ce qui a Ć©tĆ© possible, malgrĆ© les difficultĆ©s ? Il n’Ć©tait certainement pas facile d’organiser une confĆ©rence sur les Pharisiens et de publier ensuite un livre. Ć plusieurs reprises, j’ai senti que la route Ć©tait barrĆ©e. Soit pour des raisons financiĆØres, soit parce que quelqu’un n’Ć©tait pas d’accord avec ce que nous voulions faire, soit parce qu’il semblait impossible d’avoir une audience avec le Pape, pour une confĆ©rence de ce type… Au contraire, en collaborant, et c’Ć©tait vraiment une collaboration, surtout avec un collĆØgue juif, mais aussi avec d’autres, il a Ć©tĆ© possible de rĆ©soudre ces problĆØmes pour donner quelque chose qui Ć©tait basĆ© sur des Ć©tudes sĆ©rieuses, mais qui s’adressait aussi Ć des situations concrĆØtes dans les Ć©glises, dans les paroisses. Il est certain qu’il y a eu un succĆØs qui n’a pas eu un effet immĆ©diat partout, mais par exemple un Ć©vĆŖque m’a Ć©crit : « VoilĆ , maintenant nous devons changer tout notre enseignement sur les pharisiens et le judaĆÆsme dans les sĆ©minairesĀ Ā». C’est dĆ©jĆ quelque chose. Comment votre appartenance au mouvement des Focolari a-t-elle influencĆ© cette expĆ©rience ? Sans le mouvement des Focolari, je ne serais probablement pas entrĆ© dans ce domaine.Ā C’est du Mouvement qu’est venue l’envie d’Ć©tudier les langues de la Bible, et c’est de lĆ qu’est nĆ© tout le reste. Je suis entrĆ© au focolare prĆ©cisĆ©ment le 28 octobre 1965, c’Ć©tait un jeudi. Je suis arrivĆ© au focolare de Cologne (Allemagne) avec mon vĆ©lo, amenĆ© en train avec mes deux valises le soir mĆŖme où, Ć Rome, au Concile, on approuvait Nostra Aetate (DĆ©claration sur les relations de l’Ćglise avec les religions non chrĆ©tiennes). Cela a toujours Ć©tĆ© trĆØs important pour moi, de lier l’engagement dans le Mouvement Ć l’engagement dans le dialogue. Vous avez Ć©galement Ć©tĆ© appelĆ© Ć collaborer officiellement au dialogue de l’Ćglise catholique avec les juifs… Oui. Depuis 2008, je suis consultant de la Commission pour les relations religieuses avec le judaĆÆsme, une commission du Saint-SiĆØge. Et j’ai participĆ© Ć plusieurs rĆ©unions de l’ILC Ć Buenos Aires, au Cap ou encore Ć Budapest, Madrid, Varsovie, Rome… Et vous faites des pas en avant ?
Un pas, c’est dĆ©jĆ dāĆŖtre ouvert pour se rencontrer, pour se parler et aussi pour surmonter les difficultĆ©s en cours de route. Parfois, il vaut mieux faire face Ć tout en dĆ®nant ensemble qu’en envoyant des lettres enflammĆ©es. Des pas sont faits et il y a certainement beaucoup plus Ć faire, il faut Ć©tendre le rĆ©seau. En d’autres termes, la plupart des chrĆ©tiens et des Juifs ne sont pas impliquĆ©s, parfois ils ne savent mĆŖme pas qu’il existe ces relations, qu’il y a ce chemin ensemble. Il y a encore beaucoup Ć faire pour faire connaĆ®tre et appliquer ces principes. Une chose que j’ai beaucoup apprise en dialoguant avec des Juifs, c’est que les questions sont parfois plus importantes que les rĆ©ponses. C’est que je ne prĆ©tends pas et ne peux pas prĆ©tendre avoir toutes les rĆ©ponses et que je ne peux donc pas aborder l’autre personne comme quelqu’un qui a trouvĆ© toutes les rĆ©ponses et qui l’aborde Ć partir d’une position de supĆ©rioritĆ©. Ma position est d’ĆŖtre un chercheur ensemble. C’est ce Ć quoi nous devons faire face ensemble tĆ“t ou tard, de la maniĆØre la plus dramatique qui soit, lorsqu’il s’agit de la Shoah, l’Holocauste. Une chose essentielle est de regarder, d’ĆŖtre aussi sensible que possible aux engagements et aux besoins de chacun. Et puis aussi d’ĆŖtre ouvert, et si l’on se trompe, on peut toujours recommencer si l’intention est bonne : entrer sur la pointe des pieds dans l’environnement de l’autre, et non pas avec l’attitude de quelqu’un qui dit « je sais toutĀ Ā». Enfin, en recevant ce prix, outre le sentiment de gratitude, Joseph Sievers est-il motivĆ© par quelque chose d’autre ? Oui, en effet. Par exemple, il y a des questions ouvertes et cela me stimule Ć les aborder davantage. Et peut-ĆŖtre mĆŖme que cela me donne une certaine autoritĆ© pour les aborder avec certaines personnes. Je ne sais pas si cela se produira, mais c’est aussi une incitation Ć poursuivre ce travail, qui n’est pas terminĆ©, qui ne le sera jamais, mais où certaines Ć©tapes peuvent ĆŖtre franchies ensemble.
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Juil 5, 2023 | Non classifiƩ(e)
Le samedi 24 juin 2023, un sĆ©minaire thĆ©ologique s’est tenu Ć Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thĆØme « Participer/PrĆ©sider/DĆ©cider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en missionĀ Ā». Plus de trente chercheurs ont rĆ©pondu Ć l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour Ć©laborer une proposition de rĆ©vision du droit canonique afin de rƩƩquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe AssemblĆ©e du Synode des Ć©vĆŖques ā « le rapport entre le principe d’autoritĆ©, fortement affirmĆ© dans la lĆ©gislation actuelle, et le principe de participationĀ Ā». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastoralesĀ Ā»,
assure le pape FranƧois, « ne doivent pas ĆŖtre rĆ©solues par des interventions du magistĆØreĀ Ā» (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’Ć©coute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidĆØles) dans la variĆ©tĆ© des cultures qui le composent est dĆ©cisive. Le dialogue entre la thĆ©ologie et le droit est donc animĆ© par une dĆ©marche sincĆØre d’inculturation, sans laquelle le risque est rĆ©el de poser les bases d’une mĆ©prise pratique des principes gĆ©nĆ©raux Ć©noncĆ©s par l’Ćglise. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur acadĆ©mique du CEG, est prĆ©cisĆ©ment celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidĆØles Ć nos assemblĆ©es synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi dĆ©libĆ©rative ? S’agira-t-il de nĆ©gocier une “concession” juridique ou de “reconnaĆ®tre” la capacitĆ© de dĆ©cision du sujet collectif de l’action ecclĆ©siale telle qu’elle ressort de l’ecclĆ©siologie de Vatican II et du magistĆØre postconciliaire ? Et sera-t-il donc nĆ©cessaire de mettre Ć jour le Code de droit canonique ?Ā Ā» Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, SecrĆ©taire gĆ©nĆ©ral du Synode, a soulignĆ© comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelĆ© Ć devenir une dynamique gĆ©nĆ©ratrice et non pas simplement un Ć©vĆ©nement parmi d’autres. On ne peut en effet Ć©couter l’Esprit Saint sans Ć©couter le peuple saint de Dieu dans cette “rĆ©ciprocitĆ©” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette mĆ©thodologie particuliĆØre de la
conversation dans l’Esprit, bien dĆ©crite lors de la prĆ©sentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nĆ©cessitĆ© – rappelĆ©e Ć plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unitĆ© du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient Ć son point de dĆ©part, Ć l’Ćglise particuliĆØre, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mĆ»ri dans l’Ć©coute de ce que l’Esprit dit Ć l’Ćglise d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaĆ®t donc comme un moment significatif de la vie de l’Ćglise, capable de stimuler et d’activer l’Ć©lan crĆ©atif et la proclamation Ć©vangĆ©lique qui naissent de la redĆ©couverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternitĆ© dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problĆØmes de synodalitĆ© entre ecclĆ©siologie et droit canoniqueĀ Ā» du Prof. Severino Dianich, la rĆ©cupĆ©ration de l’ecclĆ©siologie paulinienne de l’ĆŖtre-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialitĆ© dynamique des dons hiĆ©rarchiques et charismatiques ont Ć©mergĆ© ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nĆ©cessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procĆ©durale flexible, capable d’accompagner les processus dĆ©cisionnels et participatifs Ć travers les diffĆ©rents organismes dĆ©jĆ prĆ©vus (conseil Ć©piscopal, presbytĆ©ral, pastorale diocĆ©saine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien prĆ©sident du Conseil pontifical pour les textes lĆ©gislatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « SynodalitĆ© ecclĆ©siale : un passage rapide du consultatif au dĆ©libĆ©ratif est-il envisageable ?Ā Ā» Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une dĆ©finition claire de la synodalitĆ©, entendue comme « communion des pasteurs et des fidĆØles dans l’activitĆ© de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Ćglise et dans la capacitĆ© de dĆ©cider comment mettre en Åuvre le bien identifié ». A l’issue du sĆ©minaire, la proposition a Ć©tĆ© faite par beaucoup de mettre Ć disposition les rĆ©sultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille dĆ©jĆ afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplĆ©mentaire au prochain Synode.
Antonio Bergamo
Juin 30, 2023 | Non classifiƩ(e)
Au Japon, un groupe de femmes de diffĆ©rentes religions a mis sur pied le āProjet CommuniHeart”, un projet de prĆ©vention du suicide, axĆ© sur la conscience de soi, la communication et le soutien dāune communautĆ©. Le Projet CommuniHeart est un projet promu par āāReligions pour la Paixāā Japon (ConfĆ©rence Mondiale des Religions pour la Paix). https://youtu.be/pRf6Q_gNlYU
Juin 27, 2023 | Non classifiƩ(e)
Le niveau atteint par les intelligences artificielles nous pose de nouvelles questions Ć©thiques : comment promouvoir un dĆ©veloppement technologique respectueux de l’homme ? Call to action (Appel Ć l’action) pour les dĆ©veloppeurs et les innovateurs du monde numĆ©rique. Un horizon qui nous concerne tous.
Juin 2023, Institut universitaire Sophia : sur l’Ć©cran de l’Aula Magna, une hĆ“tesse numĆ©rique ouvre Ć©lĆ©gamment le sĆ©minaire Ā« Towards a Digital Oath / Vers un serment numĆ©riqueĀ Ā». Nous franchissons un seuil : les prĆ©paratifs sont en cours depuis un certain temps, mais
l’accĆ©lĆ©ration de ces derniers mois dit quelque chose de nouveau. Promu par une plateforme d’acteurs – le centre de recherche Sophia Global Studies, le Movimento Politico per l’UnitĆ , NetOne, New Humanity et Digital Oath -, la rencontre vise Ć aborder les questions les plus urgentes du monde numĆ©rique sous diffĆ©rentes perspectives : philosophique, technologique, Ć©thique, social, politique, jusqu’Ć discuter de la proposition d’un « sermentĀ Ā» qui pourrait reprĆ©senter quelque chose dāanalogue au serment d’Hippocrate des mĆ©decins pour ceux qui travaillent dans le monde numĆ©rique. D’où vient ce besoin ? Avec quels objectifs ?
Le monde technologique tend Ć changer rapidement et, de plus en plus, Ć une vitesse qui dĆ©passe notre capacitĆ© d’adaptation. La complexitĆ© des machines et des systĆØmes qui structurent la rĆ©alitĆ© affecte non seulement notre faƧon de vivre, mais aussi notre faƧon de voir le monde et de penser l’avenir. Le niveau atteint par les « intelligences artificiellesĀ Ā»- IA, voit l’Ć©mergence, Ć cĆ“tĆ© de l’enthousiasme pour leurs capacitĆ©s opĆ©rationnelles, d’une inquiĆ©tude gĆ©nĆ©rale quant aux nouvelles possibilitĆ©s ouvertes par ces systĆØmes et aux effets qui peuvent rĆ©sulter de leur utilisation malveillante.
La diffusion rĆ©cente du ChatGPT (novembre 2022) et de tous ses dĆ©rivĆ©s a massivement rapprochĆ© les IA de notre vie quotidienne, soulevant de nouvelles questions de sens liĆ©es Ć la comprĆ©hension de ce qui est humain et de ce qui ne l’est pas. Sur la scĆØne mondiale, l’Ć©volution de ces dispositifs a produit une certaine dĆ©sorientation, non seulement parce que leur utilisation semble ĆŖtre Ć la portĆ©e de tous, mais surtout parce qu’ils dĆ©montrent qu’ils font quelque chose qui Ć©tait auparavant l’apanage des ĆŖtres humains, avec des capacitĆ©s quantitativement supĆ©rieures. Le fait que nous soyons confrontĆ©s Ć des systĆØmes qui ne sont pas « intelligentsĀ Ā» au sens humain du terme et qui gĆØrent leur base de connaissances par des calculs statistiques ne change rien au rĆ©sultat final : le sentiment de ne plus ĆŖtre les auteurs de choix fondamentaux, concurrencĆ©s par des machines qui sont un peu moins des « outilsĀ Ā» et un peu plus des « compagnons de travailĀ Ā».
A ces questions, le sĆ©minaire « Vers un serment numĆ©rique / Towards a Digital OathĀ Ā» a ajoutĆ© un thĆØme central : s’interroger sur l’Ć©thique des technologies, c’est s’interroger sur l’humain. En effet, nombreux sont ceux qui considĆØrent le dĆ©veloppement technologique comme l’activitĆ© humaine qui nous caractĆ©rise le plus. En effet, les technologies numĆ©riques, et en particulier l’IA, sont celles qui reflĆØtent plus que d’autres, comme dans un miroir, notre faƧon d’ĆŖtre et de comprendre l’existence. Les crises du siĆØcle dernier (valeurs, environnementales, sociales et politiques) leur sont Ć©troitement liĆ©es et nous disent que le dĆ©veloppement technologique doit s’accompagner d’un engagement Ć©ducatif tout aussi dĆ©terminĆ©, afin que toutes les formes de progrĆØs puissent ĆŖtre guidĆ©es par une conscience Ć©thique plus profonde. Le sens d’un « sermentĀ Ā» pour le monde numĆ©rique va prĆ©cisĆ©ment dans ce sens. Le programme des premiers jours de juin a rĆ©uni des experts qualifiĆ©s (lien vers le programme). AprĆØs une premiĆØre prĆ©sentation gĆ©nĆ©rale des technologies numĆ©riques actuelles, le dĆ©bat a portĆ© sur les risques et les rĆ©glementations liĆ©s Ć leur utilisation en Italie et dans l’UE, aux Ćtats-Unis, au BrĆ©sil et en Chine, mĆŖlant solutions technologiques et questions politiques, rĆ©flexions philosophiques et phĆ©nomĆØnes sociaux.
« Il est nĆ©cessaire de rendre visible et de souscrire Ć un engagement concret et universellement partagé », explique Fadi ChehadĆ©, ancien PDG de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) et promoteur du « sermentĀ Ā» pour une Ć©thique du monde numĆ©rique, professeur invitĆ© Ć l’Institut Sophia, « avec lequel les dĆ©veloppeurs, les techniciens et les utilisateurs des technologies numĆ©riques peuvent fermement ancrer leur travail sur une approche centrĆ©e sur l’humainĀ Ā». Fadi ChehadĆ© a accompagnĆ© les premiĆØres Ć©tapes du parcours depuis novembre 2019, lorsqu’un premier groupe s’Ć©tait rĆ©uni Ć Trente (Italie) pour donner forme au projet. Par la suite, le groupe promoteur a impliquĆ© des chercheurs de diffĆ©rents pays et a participĆ© Ć la consultation publique promue par l’ONU pour le Global Digital Compact 2024.
Aujourd’hui, l’objectif du Digital Oath est prĆ©cis : suggĆ©rer des lignes directrices et motiver Ć©thiquement les dĆ©veloppeurs et les innovateurs du monde numĆ©rique Ć se concentrer sur la dignitĆ© et la qualitĆ© de vie des personnes et des communautĆ©s, sur le sens humain de l’existence et sur le respect des droits fondamentaux et de l’environnement. « La proposition de traduire, pour ainsi dire, le Serment d’Hippocrate pour le monde numĆ©riqueĀ Ā», rappellent les promoteurs de la confĆ©rence, « est dĆ©jĆ apparue dans diverses Ć©tudes internationales, qui soulignent l’urgence de la question et la responsabilitĆ© de ceux qui crĆ©ent et gĆØrent des services numĆ©riques et administrent des donnĆ©es. On pense non seulement aux nouveaux rĆ©seaux neuronaux, mais aussi aux rĆ©seaux sociaux, ou aux crypto-monnaies… Notre travail rejoint celui d’autres rĆ©seaux : il s’agit maintenant d’unir nos efforts pour une coalition entre universitĆ©s, le secteur privĆ© et les organisations engagĆ©es dans la rĆ©daction d’un code d’Ć©thique, d’un protocole d’autorĆ©gulation dont des personnes, des sociĆ©tĆ©s et l’environnement pourront bĆ©nĆ©ficierĀ Ā».
Une premiĆØre formulation du serment est disponible pour tous sur le nouveau site web du Digital Oath et les inscriptions affluent ; le texte est ouvert aux suggestions et aux modifications avec une Ć©laboration progressive. Le site inclura Ć©galement bientĆ“t les enregistrements et les documents du SĆ©minaire. Bien que le chemin soit certainement ascendant, nous sommes nombreux Ć marcher : c’est un horizon qui nous concerne tous. Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Andrea Galluzzi
Juin 23, 2023 | Non classifiƩ(e)
La Commission mixte internationale pour le dialogue thĆ©ologique entre l’Ćglise catholique et l’Ćglise orthodoxe a tenu sa quinziĆØme session plĆ©niĆØre du 1er au 7 juin 2023 Ć Alexandrie (Ćgypte), accueillie par le Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique, et est parvenue Ć un accord sur un nouveau document intitulĆ© « SynodalitĆ© et primautĆ© au deuxiĆØme millĆ©naire et aujourd’huiĀ Ā». Notre entretien avec le thĆ©ologien Piero Coda, prĆ©sent Ć la rĆ©union. Mgr Coda, pouvez-vous nous dire ce quāa Ć©tĆ© cette rencontre, qui y a participĆ© et quel Ć©tait son objectif principal ? Il s’agissait de la 15ĆØme session plĆ©niĆØre de la « Commission mixte internationale pour le dialogue thĆ©ologique entre l’Ćglise catholique et l’Ćglise orthodoxeĀ Ā» qui s’est tenue Ć Alexandrie, en Ćgypte, sous la prĆ©sidence du MĆ©tropolite Job de Pisidie (Patriarcat ÅcumĆ©nique de Constantinople) et du Cardinal Kurt Koch (DicastĆØre pour la promotion de l’unitĆ© des chrĆ©tiens), avec l’hospitalitĆ© cordiale du Patriarche ThĆ©odoros II d’Alexandrie. Il s’agissait de complĆ©ter la phase de dialogue inaugurĆ©e par le document de Ravenne (2007), qui prĆ©voyait, aprĆØs la mise au point du cadre thĆ©ologique commun aux orthodoxes et aux catholiques sur l’interdĆ©pendance dans la vie de l’Ćglise de la synodalitĆ© et de la primautĆ©, l’examen historique de la situation vĆ©cue au premier millĆ©naire, proposĆ© par le document de Chieti (2016), pour arriver Ć la description de la situation vĆ©cue au deuxiĆØme millĆ©naire, objet du document approuvĆ© Ć Alexandrie. En raison des vicissitudes bien connues qui agitent le monde orthodoxe, le Patriarcat de Russie a abandonnĆ© les travaux de la Commission. Les reprĆ©sentants des Patriarcats d’Antioche, de Bulgarie et de Serbie Ć©taient Ć©galement absents d’Alexandrie, tandis que les 10 dĆ©lĆ©gations restantes des autres Patriarcats (Constantinople, Alexandrie, JĆ©rusalem, Roumanie, GĆ©orgie) et des Ćglises autocĆ©phales (Chypre, GrĆØce, Pologne, Albanie, TchĆ©coslovaquie et Slovaquie) Ć©taient prĆ©sentes. Dans quels termes peut-on parler de synodalitĆ© dans la sphĆØre ÅcumĆ©nique et quelles sont les considĆ©rations qui se dĆ©gagent du passĆ© ?
Le thĆØme est illustrĆ© dans l’introduction : « Le prĆ©sent document considĆØre l’histoire troublĆ©e du deuxiĆØme millĆ©naire (…) il s’efforce de donner autant que possible une lecture commune de cette histoire et offre aux orthodoxes et aux catholiques l’occasion de s’expliquer mutuellement sur divers points, afin de promouvoir la comprĆ©hension et la confiance mutuelles qui sont des conditions prĆ©alables essentielles Ć la rĆ©conciliation au dĆ©but du troisiĆØme millĆ©naire.Ā Ā» Il en rĆ©sulte une comprĆ©hension plus claire et plus partagĆ©e des motifs qui ont conduit – souvent pour des raisons de nature historico-politique plutĆ“t que thĆ©ologique – Ć favoriser une distance qui a non seulement empĆŖchĆ© les tentatives de rĆ©conciliation au cours des siĆØcles de porter leurs fruits, mais qui a exacerbĆ© les interprĆ©tations polĆ©miques envers l’autre partie et le durcissement apologĆ©tique de sa propre position. Il faut noter que l’ouverture Ć une situation nouvelle marquĆ©e par le rapprochement opĆ©rĆ© au XXĆØme siĆØcle est Ć valoriser : elle favorise une Ć©valuation plus pertinente de la signification rĆ©elle et du poids thĆ©ologique de ce qui fait encore obstacle Ć l’unitĆ© pleine et visible. Quelles sont les perspectives d’avenir ? Le document souligne que le “retour aux sources” de la foi et la stratĆ©gie du dialogue de la charitĆ© entre les “Ćglises sÅurs” promues, dans le sillage de Vatican II, par Paul VI et le Patriarche AthĆ©nagoras sont dĆ©cisifs. L’engagement actuel de l’Ćglise catholique, poursuivi avec tĆ©nacitĆ© par le pape FranƧois, de redĆ©couvrir et de rĆ©activer le principe de synodalitĆ© stimule Ć©galement l’espoir. Dans quelle direction allons-nousĀ ? Le document souligne que « l’Ćglise n’est pas correctement comprise si on la voit comme une pyramide, avec une primautĆ© la gouvernant d’en haut, mais elle n’est pas non plus correctement comprise si on la considĆØre comme une fĆ©dĆ©ration d’Ćglises autosuffisantes. Notre Ć©tude historique de la synodalitĆ© et de la primautĆ© au cours du deuxiĆØme millĆ©naire a montrĆ© l’inadĆ©quation de ces deux visions. De mĆŖme, il est clair que pour les catholiques, la synodalitĆ© n’est pas simplement consultative et que pour les orthodoxes, la primautĆ© n’est pas simplement “honorifique “.Ā» L’interdĆ©pendance entre synodalitĆ© et primautĆ©, donc – c’est le point Ć©tabli -, est « un principe fondamental dans la vie de l’Ćglise. Elle est intrinsĆØquement liĆ©e au service de l’Ćglise aux niveaux local, rĆ©gional et universel. Cependant, le principe doit ĆŖtre appliquĆ© dans des contextes historiques spĆ©cifiques (…) Ce qui est requis dans de nouvelles circonstances, c’est une application nouvelle et correcte du mĆŖme principe.Ā Ā» Cette perspective ouvre la voie Ć la poursuite du voyage et Ć l’ouverture d’une nouvelle phase.
Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Carlos Mana e Maria Grazia Berretta (photos: Ā©Dicastero per la promozione dell’UnitĆ dei cristiani)