Mouvement des Focolari
Les rêves de Dieu peuvent être ralentis, mais pas arrêtés !

Les rêves de Dieu peuvent être ralentis, mais pas arrêtés !

Hier, le 8 juin 2022, s’est ouvert en Turquie le 5ĆØme sommet de Halki, organisĆ© conjointement par le Patriarcat de Constantinople et l’Institut Universitaire Sophia. Nous avons fait un rĆŖve… Oui, c’Ć©tait en janvier 2019 et une dĆ©lĆ©gation de l’Institut universitaire Sophia (IUS) rendait visite au Patriarche œcumĆ©nique BartholomĆ©e dans le Fanar, le quartier historique grec de l’actuelle Istanbul (Turquie). ƀ cette Ć©poque, nous avions Ć©galement Ć©tĆ© accueillis avec une belle cordialitĆ© par le mĆ©tropolite Elpidophoros de Bursa, alors abbĆ© du MonastĆØre de la Sainte-TrinitĆ© sur l’Ć®le de Halki et professeur Ć  l’École de ThĆ©ologie de l’UniversitĆ© de Thessalonique (il allait devenir ensuite archevĆŖque d’AmĆ©rique au mois de mai suivant). Nous avons ressenti une profonde communion avec lui d’où est nĆ© le dĆ©sir d’organiser ensemble une Ɖcole d’Ć©tĆ© Ć  Halki avec des Ć©tudiants et des enseignants catholiques et orthodoxes, sur le thĆØme de l’Ć©cologie, si cher aux deux Ɖglises sœurs de Rome et de Constantinople. La pandĆ©mie n’a rĆ©ussi qu’Ć  la retarder, mais aujourd’hui ce rĆŖve est devenu rĆ©alitĆ©. Nous sommes le mercredi 8 juin 2022, il est 18h30 et nous nous trouvons une fois de plus dans la «  reine des villesĀ Ā» – comme on appelait, non sans raison, la splendide ville de Constantinople – et le Patriarche BartholomĆ©e a adressĆ© un message intense et Ć©clairant aux participants, Ć©tudiants et confĆ©renciers de tous les continents aux expĆ©riences interdisciplinaires et œcumĆ©niques trĆØs variĆ©es. Il Ć©tait accompagnĆ© de Mgr Marek Solczynski, nouveau nonce apostolique en Turquie, de Mgr Vincenzo Zani, SecrĆ©taire de la CongrĆ©gation pour l’Éducation Catholique, de l’archevĆŖque Elpidophoros lui-mĆŖme et de Margaret Karram, prĆ©sidente du Mouvement des Focolari et vice-chanceliĆØre de l’IUS. « Tout est dans une relation d’amourĀ Ā», a notamment dĆ©clarĆ© Margaret Karram, rappelant le destin d’unitĆ© inscrit dans l’univers que les hommes et les femmes sont appelĆ©s Ć  favoriser par l’action et la pensĆ©e, aujourd’hui plus que jamais, audacieuses, prophĆ©tiques. Le titre du cinquiĆØme Sommet de Halki, organisĆ© conjointement par le Patriarcat de Constantinople et l’IUS, qui a dĆ©butĆ© le mercredi 8 juin, l’indique clairement : « Soutenir ensemble l’avenir de la planĆØteĀ Ā». Ce n’est pas une coĆÆncidence si le Patriarche BartholomĆ©e a voulu mettre l’accent sur deux mots dans ce titre : ā€˜futur’ et ā€˜ensemble’. Le premier rappelle le fort lien intergĆ©nĆ©rationnel inhĆ©rent au respect de l’environnement dans lequel nous vivons ; le second, en revanche, l’approche interdisciplinaire Ć  laquelle on ne peut dĆ©roger, Ć  adopter face Ć  l’immensitĆ© et Ć  la complexitĆ© des problĆØmes Ć©cologiques. « Il devient Ć©videntĀ Ā», a dĆ©clarĆ© le Patriarche, « que seule une rĆ©ponse coopĆ©rative et collective – de la part des chefs religieux, des scientifiques, des autoritĆ©s politiques, des institutions Ć©ducatives et des organisations financiĆØres – sera en mesure d’aborder efficacement ces questions vitales de notre Ć©poqueĀ Ā». ƀ la fin de son discours, il a ensuite abordĆ© deux concepts trĆØs chers Ć  la thĆ©ologie et Ć  la spiritualitĆ© orthodoxes : ā€˜Eucharistie’ (dans le sens d’une Ā« action de grĆ¢ce Ā» pour le don de la crĆ©ation) et ā€˜ascĆØse’ (comprise comme une Ā« maĆ®trise de soi Ā» des passions consumĆ©ristes). Le Patriarche nous a toutefois invitĆ©s Ć  considĆ©rer ces concepts non pas simplement dans un sens liturgique ou monastique, mais comme diffĆ©rentes faƧons de parler de la communion. « Et c’est ici que la vision de notre frĆØre le Pape FranƧois, a-t-il admis avec Ć©motion, coĆÆncide avec la vision du monde que nous proposons et promulguons depuis plus de trente ansĀ . Nous sommes tous deux convaincus que ce que nous faisons Ć  notre monde, « nous le faisons aux plus petits de nos frĆØres et sœursĀ Ā» (Mt 25, 40), tout comme ce que nous faisons aux autres, nous le faisons Ć  Dieu lui-mĆŖme (cf. Mt 25, 45). Ce n’est pas une coĆÆncidence si, immĆ©diatement aprĆØs avoir publiĆ© l’encyclique sur l’environnement Laudato Si’, l’encyclique suivante du pape FranƧois Ć©tait ā€˜Tous FrĆØres’ ». En effet, il existe de nombreuses dĆ©clarations conjointes du Pape et du Patriarche – ainsi que de l’ArchevĆŖque de Canterbury – sur l’urgence de la durabilitĆ© environnementale, l’impact social et l’importance de la coopĆ©ration mondiale. C’est ce qu’Ć©crit Ć©galement le Pape FranƧois dans Laudato Si’ : « Lorsque l’importance d’un pauvre, d’un embryon humain, d’une personne handicapĆ©e… n’est pas reconnue dans la rĆ©alitĆ© elle-mĆŖme, les cris de la nature elle-mĆŖme ne seront guĆØre entendus. Tout est lié » (n. 117). Et le Patriarche de prĆ©ciser en la replaƧant dans son contexte : « Des liens entre nous et l’ensemble de la crĆ©ation de Dieu, entre notre foi et notre action, entre notre thĆ©ologie et notre spiritualitĆ©, entre ce que nous disons et ce que nous faisons ; entre la science et la religion, entre nos convictions et toute discipline ; entre notre communion sacramentelle et notre conscience sociale ; entre notre gĆ©nĆ©ration et les gĆ©nĆ©rations futures, entre nos deux Ć©glises, mais aussi avec d’autres Ć©glises et d’autres communautĆ©s de foiĀ Ā». Oui, tout est reliĆ© par un lien que seul l’amour rĆ©ciproque entre les personnes peut rendre visible pour chaque homme et chaque femme de cette merveilleuse planĆØte terre.

Ā Vincenzo Di Pilato (Foto: Alfonso Zamuner)

ā€œSeed Funding Programā€ : une occasion d’agir localement

ā€œSeed Funding Programā€ : une occasion d’agir localement

Appel Ć  projets Ć  impact Ć©cologique adressĆ©s aux communautĆ©s locales du mouvement des Focolari. RĆØgles et conditions de participation. Les propositions seront acceptĆ©es jusqu’au 30 juin 2022. https://youtube.com/shorts/PPgfzteJGDo En quoi consiste le projet ? “Le programme de microfinancement vise Ć  soutenir et Ć  encourager des initiatives significatives et prometteuses dans diffĆ©rentes parties du monde, en vue de la crĆ©ation de plans Ć©cologiques locaux/nationaux pour les personnes et la planĆØte au sein des communautĆ©s des Focolari. L’objectif principal est de construire des plans Ć©cologiques locaux au sein des communautĆ©s des Focolari afin de cheminer ensemble vers une Ć©cologie intĆ©grale. Notre inspiration Le monde est confrontĆ© Ć  une crise sociale et environnementale complexe. L’encyclique Laudato Si’ du pape FranƧois explique que le cri des pauvres est sensiblement interconnectĆ© avec le cri de la planĆØte. Nous ne pouvons pas considĆ©rer notre relation avec la nature comme sĆ©parĆ©e de la fraternitĆ©, de la justice et de la fidĆ©litĆ© envers le prochain. Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari, a affirmĆ© que c’est en commenƧant par les petits problĆØmes locaux que se forme une conscience morale capable de s’attaquer aux problĆØmes Ć  l’Ć©chelle mondiale. En fait, a poursuivi Chiara, ce qui manque, ce ne sont pas les ressources techniques et Ć©conomiques, mais un supplĆ©ment d’Ć¢me, c’est-Ć -dire un nouvel amour pour l’humanitĆ©, pour que nous nous sentions la responsabilitĆ© envers tous. Participez ! Le Seed Funding Program est Ć  la recherche d’initiatives intergĆ©nĆ©rationnelles dirigĆ©es par des jeunes (initiatives en cours ou Ć  venir) qui visent Ć  un changement de notre mode de vie personnel et communautaire, en envisageant une relation durable entre la nature et les ĆŖtres humains, tout en travaillant dans un contexte local. 10 projets seront sĆ©lectionnĆ©s et financĆ©s jusqu’à une valeur de 1000 euros. Un jury international et interdisciplinaire sĆ©lectionnera les projets en fonction des critĆØres suivants : 1. Le projet doit ĆŖtre orientĆ© vers une Ć©cologie intĆ©grale (favorisant les personnes et la planĆØte) ; 2. Le projet doit impliquer des efforts intergĆ©nĆ©rationnels avec des jeunes jouant un rĆ“le significatif dans la direction et la mise en œuvre de chaque projet ; 3. Le projet doit impliquer la communautĆ© locale (Ć©ventuellement au niveau national) 4. Le projet doit montrer comment les valeurs spirituelles motivent l’action Ć©cologique (Ć©ventuellement avec une dimension œcumĆ©nique et interreligieuse). Soumettez votre Ć©coplan et entrez sur ce chemin que nous parcourons ensemble ! https://www.new-humanity.org/fr/project/seed-funding-program/ Afin de participer, vous devrez peut-ĆŖtre remplir certaines informations cruciales. Ne manquez pas le cadre du plan et l’appel Ć  projets. Appel Ć  projets Cadre du plan La date limite pour soumettre votre candidature est le 30 juin 2022. Vous saurez si votre projet a Ć©tĆ© retenu pour recevoir un financement de dĆ©marrage le 15 juillet 2022. Une fois le financement accordĆ©, vous vous engagerez Ć  prendre les premiĆØres mesures dans le cadre de votre projet entre juillet et septembre 2022 et nous aimerions voir votre premier rapport Ć  la fin du mois d’octobre 2022. Pour plus d’informations, n’hĆ©sitez pas Ć  nous contacter Ć  l’adresse ecoplan@focolare.org Pour plus d’informations sur le plan de foi pour les personnes et la planĆØte, consultez le site https://www.faithplans.org/

Les jeunes et l’œcumĆ©nisme

Les jeunes et l’œcumĆ©nisme

En AmĆ©rique latine, la majoritĆ© de la population appartient Ć  l’Ɖglise catholique romaine mais la relation entre les diffĆ©rentes Ɖglises se dĆ©veloppe depuis un certain temps. Le travail partagĆ© dans le domaine social permet aux chrĆ©tiens de trouver de plus en plus d’espaces pour une vĆ©ritable unitĆ©. L’un des moments les plus forts est la semaine de priĆØre pour l’unitĆ© des chrĆ©tiens, cĆ©lĆ©brĆ©e dans l’hĆ©misphĆØre sud autour de la fĆŖte de PentecĆ“te. Les jeunes prennent de plus en plus l’initiative de mener des actions concrĆØtes.Ā  Les jeunes ont toujours Ć©tĆ© attirĆ©s par ce qui est inconnu, par ce qui est diffĆ©rent d’eux, par tout ce qui reprĆ©sente quelque chose de nouveau, mĆŖme dans le domaine religieux; ils sont de plus en plus ouverts Ć  ceux qui ne sont pas de leur propre Ć©glise. C’est une expĆ©rience menĆ©e par IkumĆ©ni, un atelier destinĆ© aux jeunes chrĆ©tiens d’AmĆ©rique latine (ou latino-amĆ©ricaines) appartenant Ć  diffĆ©rentes Ć©glises et traditions chrĆ©tiennes. « DĆØs le premier jour, j’ai compris que cela allait ĆŖtre un dĆ©fi personnel pour chacune des personnes prĆ©sentes, Ć  commencer par moi, qui frĆ©quente quotidiennement des personnes majoritairement catholiques, comme moi.Ā  Dans ce cours, tout Ć©tait nouveau et chaque participant venait d’une Ć©glise diffĆ©renteĀ Ā», raconte Carolina BojacĆ”, une jeune Colombienne du mouvement des Focolari. Des jeunes chrĆ©tiens de diffĆ©rentes traditions deviennent compagnons de route dans cette formation qui constitue une expĆ©rience sans prĆ©cĆ©dent dans le domaine œcumĆ©nique. ƀ partir d’une foi commune en Christ, chacun se prĆ©pare Ć  servir, que ce soit dans le domaine du dĆ©veloppement durable, de la paix ou de l’aide humanitaire. « En aoĆ»t 2021, j’ai assistĆ©, sous forme virtuelle – poursuit Carolina – Ć  une formation pour les jeunes sur les bonnes pratiques œcumĆ©niques et interreligieuses. DĆØs le dĆ©but, une trĆØs bonne atmosphĆØre s’est crƩƩe entre tous et nous avons ressenti une forte envie de nouer des relations et de mieux nous connaĆ®tre… En abordant chaque question, nous nous sommes Ć©galement rendu compte que, pour avancer, nous devions souvent nous dĆ©faire des prĆ©jugĆ©s ou des idĆ©es prĆ©conƧues qui se crĆ©ent souvent au sein d’une communautĆ© et qui ne nous permettent pas d’ouvrir notre esprit et notre cœur pour accueillir l’autre. Ce n’est qu’ainsi qu’il est possible de dĆ©couvrir la beautĆ© de ce qui nous unit mais aussi les diffĆ©rences qui font de nous ce que nous sommes en tant que Ɖglise ou rĆ©alitĆ©, sans que cela ne soit un obstacle pour travailler ensemble Ć  un monde plus fraternel. Au fil des mois, nous avons appris Ć  nous connaĆ®tre et nous avons eu notre premiĆØre rencontre en face Ć  face. C’Ć©tait vraiment agrĆ©able de voir nos relations se renforcer, de pouvoir s’embrasser, prier, dialoguer et dĆ©couvrir la diversitĆ© et la richesse de chacun, y compris la mienneĀ Ā». Les jeunes qui suivent cet atelier se prĆ©parent au service commun. Comme le dit le document Servir le monde blessĆ© du Conseil œcumĆ©nique des Ɖglises et du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux. Les chrĆ©tiens doivent maintenant ressentir l’urgence d’un tĆ©moignage commun : les chrĆ©tiens ensemble au service, s’impliquant Ć©galement avec les personnes d’autres religions dans une solidaritĆ© interreligieuse. Carolina et son groupe ont Ć©galement retroussĆ© leurs manches : « En dĆ©cembre, avec une autre fille du mouvement des Focolari qui participait Ć©galement au cours, nous avons voulu apporter des cadeaux Ć  une communautĆ© indigĆØne dĆ©placĆ©e par la violence, dans la banlieue de Bogota. Nous avons proposĆ© l’idĆ©e Ć  tout le monde et la rĆ©ponse a Ć©tĆ© trĆØs positive : beaucoup ont donnĆ© quelque chose et ont assurĆ© leurs priĆØres, montrant que, mĆŖme si nous appartenons Ć  une Ć©glise diffĆ©rente, ce qui nous motive est cet amour inspirĆ© par JĆ©sus qui est notre modĆØle commun. Pour terminer notre formation, poursuit Carolina, chacun de nous a dĆ» raconter ses activitĆ©s lors d’une rĆ©union en prĆ©sence qui a eu lieu Ć  Buenos Aires, en Argentine. Nous avons rencontrĆ© les participants du cours IkumĆ©ni, mais nous avons Ć©galement eu la prĆ©sence de membres d’autres religions qui ont joyeusement partagĆ© leurs pensĆ©es et leurs actions concrĆØtes. C’Ć©tait un moment spĆ©cial de pouvoir nous ouvrir Ć©galement au dialogue interreligieuxĀ Ā». Une expĆ©rience totalement nouvelle ; un tĆ©moignage de la fraternitĆ© qui se construit Ć  partir de l’effort de chacun et du grand dĆ©sir de se connaĆ®tre et de faire de grandes choses, tous ensemble. « MĆŖme si le cours est terminĆ©, conclut Carolina, ce n’est que le premier pas pour rĆ©pondre Ć  un appel personnel et continuer Ć  renforcer nos relations, afin de pouvoir nous entraider dans ces actions qui dilatent nos cœurs et continuer Ć  travailler pour que le monde uni devienne une rĆ©alité ».

Carlos Mana

Chiara Lubich: « Ma nuit n’a pas d’obscurité »

En 1976, lors de la premiĆØre Ć©cole des Gen, Chiara Lubich a rĆ©pondu aux questions de nombreux jeunes membres des Focolari venus du monde entier. Faisant rĆ©fĆ©rence Ć  ce qu’elle vivait Ć  l’Ć©poque, elle a dĆ©clarĆ© ce qui suit. J’ai lu une petite page, que vous avez peut-ĆŖtre lue vous aussi. […] Elle dit ceciĀ : « JĆ©sus abandonnĆ©, Ć©treint, serrĆ© contre soi, consumĆ© en un avec nous, nous, consumĆ©s en un avec lui, devenus douleur avec lui, douleur, voilĆ  comment on devient Dieu, l’Amour.Ā Ā» Cette phrase m’a particuliĆØrement touchĆ©e, parce que ce sont des Ć©crits que j’ai faits alors que j’Ć©tais dans une phase d’illumination, lorsque j’Ć©crivais des choses plus grandes que celles que je pouvais vivre, ou [disons que] je les vivais Ć©galement, mais de faƧon plus limitĆ©e. Plus j’avance, et plus j’en dĆ©couvre la valeur et la profondeur. […] Cela m’a plu et l’Esprit saint m’a touchĆ©e sur [ce fait de] « ne pas ĆŖtre deuxĀ : moi et JĆ©sus abandonnĆ©, c’est-Ć -dire moi et la souffrance qui me submerge, moi et le doute qui me vient, moi et le reconnaĆ®tre et puis, petit Ć  petit l’Ć©treindre, et dire Ć  JĆ©sus… » Autrement dit mettre quelques minutes [Ć  le faire]… NonĀ ? tchacĀ ! [tout de suite]Ā ! « Devenus douleur avec Lui, douleurĀ Ā», vouloir uniquement cela, « VoilĆ  comment on devient DieuĀ Ā», comment on devient DieuĀ ! « l’AmourĀ Ā», l’AmourĀ ! Ensuite […] je venais juste de recevoir une carte de Loppiano du PĆØre Mario Strada, Ć  laquelle il avait joint – en plus de sa carte, de son message -, quelques photos de sa nouvelle petite Ć©glise de Cappiano – me semble-t-il -, avec de trĆØs belles fresques. Sous l’une d’elles Ć©tait Ć©crite cette phraseĀ : « Nox mea – ma nuit – obscurum non habetĀ Ā», « ma nuit n’a pas d’obscuritĆ©.Ā Ā» Elle m’a Ć©normĆ©ment plu, c’est comme si le Seigneur me l’avait envoyĆ©e, car – je me suis dit – c’est ce que je veux vivre. DĆØs que la douleur survient, je dois l’Ć©treindre avec une telle rapiditĆ©, je dois la serrer contre moi, je dois la consumer en un, […] devenue douleur avec lui, douleur, voilĆ  comment on devient, non pas la douleur, mais l’Amour, Dieu. […] J’ai vu, Gen, qu’en la vivant toute la journĆ©e, c’est une cure reconstituante d’IdĆ©al inimaginable, oui, inimaginable, car on commence le matin, peut-ĆŖtre es-tu…qui sait… un peu fatiguĆ©e, tu n’as pas dormi la nuit, voilĆ , la fatigue, ahĀ ! c’est magnifiqueĀ ! « ma nuit n’a pas d’obscurité », autrement dit, cette souffrance n’existe pas, parce que je l’aime, [Lui]. Je me lĆØve, je rencontre peut-ĆŖtre des difficultĆ©s ou des problĆØmes tout de suite, quelqu’un me dit « Chiara, il faut que je te dise quelque choseĀ Ā». En moiĀ : « C’est magnifique JĆ©sus, nous y sommes. Je t’Ć©treins, je te serre contre moi, devenue avec toi, douleurĀ Ā», je me fais tout de suite [un]… « Ma nuit n’a pas d’obscurité ». Et on continue ainsi toute la journĆ©e. Je crois que oui…je crois qu’en vivant simplement cela, on avance davantage spirituellement en une semaine, qu’en plusieurs mois, en vivant d’une autre maniĆØre. […] [C’est valable] pour tout ce qui cause une souffrance, le mal aux pieds te fait un peu souffrir, le froid aussi, une rĆ©ponse pas trĆØs gentille te fait un peu mal, cela te coĆ»te de devoir aller faire quelque chose, cela te fait mal… VoilĆ , Il est tout de suite lĆ Ā ; […] au point de pouvoir toujours proclamer le soir, lorsqu’on se couche : Ā« JĆ©sus, ma nuit n’a pas eu d’obscuritĆ©. Ā» […] on ressent vraiment…on peut le dire – maintenant, que Dieu le confirme – [on ressent] que ce n’est pas nous qui vivons, mais c’est l’Amour qui vit en nous, c’est Dieu. […]

Chiara Lubich

(Grottaferrata, 2 juin 1976, Ć  l’Ć©cole Gen) https://www.youtube.com/watch?v=y16jD70KxRI

La musique en action. Le Gen Rosso en Bosnie-Herzégovine 

La musique en action. Le Gen Rosso en Bosnie-Herzégovine 

Un voyage pour apporter la solidaritĆ© aux migrants qui quittent leur pays Ć  cause de la guerre et des persĆ©cutions. La musique du Gen Rosso dans le sillage du partage et de la fraternitĆ©.Ā  « Nous sommes confrontĆ©s Ć  tant de problĆØmes mais avec vous, avec ce genre d’activitĆ©, nous nous sentons poussĆ©s Ć  aller de l’avantĀ Ā». Ce sont les mots d’un migrant qui a fui le Pakistan en raison des problĆØmes qui affligent le pays. Aujourd’hui, il se trouve, comme des milliers d’autres migrants, dans un camp de rĆ©fugiĆ©s Ć  Lipa et Borići en Bosnie-HerzĆ©govine et a pu rencontrer le Gen Rosso. Du 4 au 8 mai 2022, en effet, le groupe artistique international est retournĆ© pour la deuxiĆØme fois sur les lieux de la ā€˜ā€™route des Balkans’’, où transitent chaque jour des migrants qui fuient leur pays Ć  cause de la guerre ou des persĆ©cutions. SolidaritĆ© et dignitĆ© pour les migrants, susciter leur espoir d’un monde meilleur, renforcer leur estime de soi et respirer ensemble l’atmosphĆØre de la famille : tel Ć©tait le but du voyage organisĆ© avec l’aide du Service JĆ©suite des RĆ©fugiĆ©s (JRS), qui fournit un hĆ©bergement et une aide essentielle aux demandeurs d’asile et aux migrants. « Nous sommes dĆ©jĆ  venus ici en octobre 2021Ā Ā», explique Michele Sole, l’un des chanteurs, « et c’Ć©tait un sentiment positif que de revenir dans des lieux familiersĀ Ā». Cette fois-ci, nous sommes allĆ©s dans un camp de rĆ©fugiĆ©s plus grand, Ć  Lipa, où nous avons rencontrĆ© d’autres rĆ©fugiĆ©s et ce qui est toujours Ć©tonnant, c’est de voir comment des sourires et un accueil sans prĆ©jugĆ©s peuvent faire la diffĆ©rence et illuminer leurs visages !Ā Ā» Des gestes de bienvenue, des petits cadeaux dans les brefs moments passĆ©s avec eux, ont offert aux uns et aux autres, une lueur de joie et de lumiĆØre. Une autre Ć©tape fut celle de la visite de l’Ć©cole ā€˜ā€™Jean-Paul II’’ de Bihać et la rencontre avec une centaine d’enfants qui ont pu participer Ć  des ateliers de danse et de chant et assister Ć  deux concerts du Gen Rosso. Pendant ces journĆ©es, aux cĆ“tĆ©s des Ć©lĆØves et de leurs parents, certains migrants originaires du Pakistan, d’Afghanistan et d’Iran ont Ć©galement pu participer activement aux Ć©vĆ©nements artistiques. « C’Ć©tait notre faƧon d’essayer d’intĆ©grer tout le monde et de faire l’expĆ©rience de combien est important et inimaginable, le don du partage fraternel avec cette partie souffrante de l’humanité », a ajoutĆ© Michele. « Je ne sais pas ce qui m’est arrivĆ© ce matin, a dĆ©clarĆ© une musulmane prĆ©sente, mais j’ai senti que votre musique est entrĆ©e en moi et je me suis sentie Ć©mue et chanceuse d’ĆŖtre iciĀ .Ā Ā» «  Merci, merci beaucoup, pour la passion et l’espoir que vous nous avez donnĆ©sĀ Ā», dit un jeune Afghan, «  le chant Ć©tait trĆØs beauĀ Ā». A l’ensemble des messages de joie et d’espĆ©rance s’ajoute celui du directeur de l’Institut de Bihać : «  Le concert Ć©tait quelque chose de spĆ©cial. Nous espĆ©rons sincĆØrement nous rencontrer Ć  nouveau. C’Ć©tait un grand honneur et un plaisir pour nous de vous recevoir dans notre Ć©cole Ā».

Lorenzo Russo

Urgence en Ukraine : distribuer l’espoir

Urgence en Ukraine : distribuer l’espoir

Nous avons rencontrĆ© le pĆØre Vyacheslav Hrynevych, directeur de Caritas-Spes Ukraine, qui est de passage Ć  Rome, et il nous a expliquĆ© ce qu’ils font pour soutenir la population aujourd’hui, en pensant aussi Ć  demain. « Le plus difficile est qu’on ne voit pas la fin de cette guerre. Au cours des deux derniĆØres semaines, j’ai visitĆ© nos centres Ć  Tchernihiv, Kharkiv, Getormel et les villages environnants : il y avait lĆ -bas des gens pauvres avant la guerre, mais aujourd’hui ils le sont encore plus, Ć©galement Ć  cause de l’expĆ©rience de la guerre. C’est aussi pourquoi nous voulons organiser un accompagnement psychologique et spirituel que nos bĆ©nĆ©voles qui arrivent sur place peuvent offrir Ć  ces personnes.Ā Ā» Le PĆØre Vyacheslav (Wenceslas) est le jeune directeur de Caritas-Spes Ukraine, il a un sourire rassurant et l’Ć©nergie nĆ©cessaire pour endurer et continuer Ć  aider la population dans le contexte de ce conflit. En visitant les diffĆ©rents centres et villes, il a Ć©tĆ© frappĆ© par certaines scĆØnes, comme celle du mĆ©tro de Kharkiv, transformĆ© en une ville souterraine parallĆØle : « Des gens vivent dans le mĆ©tro, ils se sont organisĆ©s, explique-t-il, il y a un point de distribution de nourriture, avec des horaires pour le petit-dĆ©jeuner, le dĆ©jeuner, le dĆ®ner, il y a un accueil mĆ©dical, mais les gens, y compris les enfants, vivent dans les wagons. Et lorsque nous avons proposĆ© d’organiser l’Ć©vacuation, ils ont rĆ©pondu qu’ils voulaient rester, parce que c’est leur ville, elle est importante pour eux. Cela se produit dans toutes les stations et lorsqu’il manque quelque chose d’un cĆ“tĆ©, par exemple un produit tel que du sucre, on l’obtient en rejoignant une autre station voisine, par les tunnels de connexion. C’est une belle image de l’organisation du peuple ukrainien, mais en mĆŖme temps l’effrayante visiod’une ville en guerre.Ā Ā» Dans les centres, en plus de la distribution des repas pour la journĆ©e, de nombreuses activitĆ©s sont organisĆ©es : les uns restent avec les enfants, d’autres offrent un soutien psychologique, sans oublier ceux qui distribuent des vĆŖtements, tout le monde est mobilisĆ©. Au moment où nous demandons des nouvelles des enfants, le pĆØre Wenceslas nous dit qu’il est frappĆ© par le fait qu’ils semblent avoir acceptĆ© la guerre, mais sans en comprendre le caractĆØre tragique et brutal. Un enfant, nous dit-il, nous a expliquĆ©, de maniĆØre simple, la diffĆ©rence entre le bruit de la pluie et celui des bombardements. Pour eux et leurs familles, le soutien psychologique est important et le sera mĆŖme aprĆØs : « Je pense que 80 % des enfants, si ce n’est plus, sont sĆ©parĆ©s de leurs pĆØres qui sont en guerre, les femmes et les enfants sont Ć  l’extĆ©rieur du pays ou dans des abris. Un jour, nous devrons faire quelque chose pour rĆ©unir ces familles. Je suis au contact de cette situation depuis 2014. MĆŖme Ć  ce moment-lĆ , lorsque les hommes sont revenus, ils n’Ć©taient plus les mĆŖmes, ils souffraient du syndrome post-traumatique. C’est un grand dĆ©fi, une tĆ¢che qui prendra des annĆ©es et des annĆ©es.Ā Ā» Lorsque nous l’interrogeons sur la fin de la guerre, le pĆØre Wenceslas ne sait pas comment nous donner une rĆ©ponse prĆ©cise: « La guerre ne se termine pas avec la signature d’un accord de paix, elle reste dans les mĆ©moires, ainsi que les bombardements dont nous nous souviendrons toute notre vie, les images hideuses, les familles sĆ©parĆ©es, les amis disparus… La guerre se terminera par le pardon et nous devons y travailler lentement, avec un grand examen de conscience…Ā Ā» Puis, reprenant un fil d’espoir : « J’attends le moment où je pourrai rentrer chez moi et jouer au football Ć  cinq avec mes amis. Ce sera un temps de paix. Lorsque les gens pourront prier dans les Ć©glises sans les sirĆØnes. Lorsqu’ils entreront dans les Ć©glises pour prier, Ā pour la messe et non des actions humanitaires ou pour distribuer des mĆ©dicaments, comme c’est le cas maintenant. Mais c’est difficile Ć  dire en ce moment, la situation est tellement mouvementĆ©e et on ne peut voir aucun signe, aucune perspective.Ā Ā» La guerre dĆ©truit la vie des gens, et le pĆØre Wenceslas est reconnaissant qu’en ce moment, le mouvement des Focolari ait choisi d’ĆŖtre Ć  leurs cĆ“tĆ©s : « Voir les visages de personnes qui, de maniĆØre trĆØs belle, vivent le charisme du mouvement des Focolari, me donne beaucoup d’espoir. Avec ceux d’entre eux qui vivent en Ukraine et collaborent avec Caritas-Spes, nous faisons un excellent travail, du matin au soir, avec beaucoup de respect. Je voudrais aussi remercier ceux qui ne peuvent pas aider financiĆØrement, mais qui sont proches de nous par la priĆØre, merci. MĆŖme dans cette guerre, nous faisons l’expĆ©rience de l’amour de Dieu.Ā Ā»

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Riccardo Camillieri et Stefano Comazzi

Pour ceux qui souhaitent contribuerĀ : Action pour un Monde Uni ONLUS (AMU) IBAN : IT 58 S 05018 03200 000011204344 Ć  Banca Popolare Etica Codice SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Action pour les Familles Nouvelles ONLUS (AFN) IBAN : IT 92 J 05018 03200 000016978561 chez Banca Popolare Etica Codice SWIFT/BIC: ETICIT22XXX Motif du paiement : Ukraine Urgence

Chiara Lubich : La Trinité en nous

Si nous traduisons en vie les paroles de l’Ɖvangile, les commandements de JĆ©sus, en particulier l’amour rĆ©ciproque, LaĀ TrinitĆ© viendra demeurer en nous. Comment le chrĆ©tien peut-il parvenir Ć  contenir Dieu en soiĀ ? Quel est le chemin pour pĆ©nĆ©trer dans cette profonde communion avec luiĀ ? C’est l’amour envers JĆ©sus. Un amour qui n’est pas simple sentimentalisme mais qui se traduit en vie concrĆØte et, prĆ©cisĆ©ment, dans l’observance de sa parole. C’est Ć  cet amour du chrĆ©tien, vĆ©rifiĆ© dans les faits, que Dieu rĆ©pond par son amourĀ : LaĀ TrinitĆ© vient habiter chez lui. (…) Quelles sont les paroles que le chrĆ©tien est appelĆ© Ć  observerĀ ? Dans l’Évangile de Jean, l’expression « mes parolesĀ Ā» est souvent synonyme de « mes commandementsĀ Ā». Le chrĆ©tien est donc appelĆ© Ć  observer les commandements de JĆ©sus. Cependant il ne s’agit pas tellement d’un catalogue de lois. Tous ces commandements sont en effet rĆ©sumĆ©s dans ce que JĆ©sus a illustrĆ© en lavant les pieds Ć  ses apĆ“tresĀ : le commandement de l’amour rĆ©ciproque. Dieu commande Ć  chaque chrĆ©tien d’aimer l’autre jusqu’au don complet de soi, comme JĆ©sus l’a enseignĆ© et fait. (…) Comment arriver au point où le PĆØre lui-mĆŖme nous aimera et où LaĀ TrinitĆ© viendra demeurer en nousĀ ? En mettant en pratique de tout notre cœur, de faƧon radicale et avec persĆ©vĆ©rance, l’amour rĆ©ciproque entre nous. C’est lĆ , principalement, que le chrĆ©tien trouve aussi le chemin de la profonde ascĆØse que le crucifiĆ© exige de lui. C’est en effet par l’amour rĆ©ciproque que fleurissent dans son cœur les diffĆ©rentes vertus. C’est lĆ  qu’il peut Ć©valuer avec certitude sa propre sanctification. Enfin, c’est dans l’amour rĆ©ciproque que JĆ©sus est prĆ©sent, ressuscitĆ©, dans le cœur des chrĆ©tiens et au milieu d’eux.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, CittĆ  Nuova, 2017, p. 262/3 – Parole de Vie du mois de maiĀ 1983)

Familles en crise et monde de la sĆ©paration : l’aide des Familles Nouvelles

La sphĆØre des couples en difficultĆ©, des personnes sĆ©parĆ©es et des personnes sĆ©parĆ©es qui vivent de nouvelles unions est un cri de dĆ©tresse qui appelle Ć  l’aide. Le Mouvement Familles Nouvelles, une ramification des Focolari, a mis en place des parcours de soutien pour ces familles. Il existe de nombreux couples en difficultĆ© qui, Ć  cause de malentendus, de perte de dialogue, de froideur dans la relation, en arrivent Ć  la dĆ©cision la plus radicale : la sĆ©paration. Des familles en crise qui Ć©clatent, des sĆ©parations et de nouvelles unions qui se forment. Souvent, les problĆØmes de couple, petits ou grands, ne peuvent ĆŖtre rĆ©solus seuls et nĆ©cessitent une aide extĆ©rieure. Depuis quelques annĆ©es, le Mouvement des Familles Nouvelles prend soin de ces familles qui se sentent « diffĆ©rentesĀ Ā» simplement parce qu’elles n’ont pas eu un parcours linĆ©aire dans la vie. FranƧoise et Jean (noms fictifs) sont la preuve que, malgrĆ© les imperfections de la vie, on peut toujours former une famille. Au cours de son adolescence, FranƧoise fait la connaissance des Focolari et dĆ©couvre le seul idĆ©al qui vaille la peine d’ĆŖtre vĆ©cu : Dieu-Amour. Le temps passe, ses amies se fiancent, se marient, certaines se consacrent Ć  Dieu, mais pour elle, il n’y a toujours pas d’avenir certain. Entre-temps, elle obtient son diplĆ“me mais ses parents se sĆ©parent. « Je vis cette douleur pour une famille que je dĆ©couvre aprĆØs presque 30 ans, diffĆ©rente de ce que j’avais imaginé », dit-elle. « Pourtant, l’amour est possible mĆŖme aprĆØs tant d’annĆ©es, car je l’ai vĆ©cu dans l’idĆ©al !Ā Ā». Entre-temps, FranƧoise a changĆ© de ville pour poursuivre son rĆŖve professionnel. Un soir, une amie insiste pour qu’elles sortent avec d’autres amis Ć  une fĆŖte de village. C’est ainsi qu’elle rencontre Jean, mignon et gentil… mais il est sĆ©parĆ© et pĆØre de deux enfants. « Non merci ! Je rĆ©ponds Ć  ses appels, mais quand il m’invite Ć  sortir, je suis contrariĆ©e parce que je ne veux pas et ne peux pas avoir une liaison avec un homme sĆ©parĆ©. Comment pourrais-je concilier ma vie, mon identitĆ© chrĆ©tienne avec quelqu’un comme luiĀ Ā»? Avec le temps, l’histoire prend forme, mais son cœur s’agite de plus en plus. « Connaissant la pensĆ©e de l’Ɖglise sur ces unions, je vais Ć  la messe mais je dĆ©cide de ne plus communier car je ne me sens plus digne. Je dĆ©cide de partager cette histoire avec le prĆŖtre qui me connaĆ®t depuis toujours. Et ainsi nous nous confions Ć  MarieĀ Ā». L’histoire continue. « Je sens que mon histoire avec lui est peut-ĆŖtre ā€˜ma voie’, ajoute FranƧoise, mais ce qui me fait souffrir c’est surtout l’idĆ©e de ne plus pouvoir recevoir JĆ©sus dans l’Eucharistie. Toutefois, si c’est l’indication de l’Ɖglise, je la respecte et je vais de l’avant. Je reste donc fidĆØle Ć  la messe du dimanche, mĆŖme si elle est privĆ©e de l’Eucharistie. En 2016, elle reƧoit une invitation des Familles Nouvelles Ć  participer Ć  une rencontre Ć  Rome pour les couples sĆ©parĆ©s en nouvelle union. « Jean et moi adhĆ©rons Ć  la proposition. D’un cĆ“tĆ©, j’ai peur de la rĆ©action qu’il pourrait avoir, de l’autre, je pense que c’est une opportunitĆ© pour nous. Ce sont trois jours intenses. Je vois Jean impliquĆ© et trĆØs heureux. Je me sens ā€˜Ć  la maison’ avec la personne qui est importante pour moi, mĆŖme si elle n’est pas canoniquement parfaite. Jean emporte avec lui le sentiment d’ĆŖtre une partie vivante de l’Ɖglise. Non pas marginalisĆ© Ć  cause d’un mariage brisĆ©, mais membre d’un corps vivant et non plus isolĆ© ou exclu. « J’ai dit Ć  Jean que la famille que je voulais dans ma vie devait ĆŖtre construite sur l’amour que nous avions vĆ©cu durant ces jours, dans cette mesure et cette dimension, et que s’il partageait Ć©galement ma pensĆ©e, alors nous pourrions nous marier. Un mariage civil, mais la famille qui est crƩƩe doit avoir ce sceau : l’amour rĆ©ciproque qui nous a Ć©tĆ© rĆ©vĆ©lé ». « En septembre 2017, nous nous marions dans la commune. Je pense que mon grand dĆ©sir de jeunesse d’aller dans le monde s’est rĆ©alisĆ© le jour de notre mariage où toutes les gĆ©nĆ©rations et les cultures Ć©taient reprĆ©sentĆ©es, où il y avait des gens de diffĆ©rents milieux, croyants et non-croyants, mais tous heureux de pouvoir partager notre joie. Depuis des annĆ©es, nous faisons partie d’un groupe de Familles Nouvelles où il y a des couples qui vivent la mĆŖme rĆ©alitĆ© que nous, et cela nous donne l’occasion de nous exprimer librement sans crainte d’ĆŖtre jugĆ©s. Ainsi, nous ne nous sentons plus ā€˜de sĆ©rie B’, mais pleinement acceptĆ©s et reconnus comme famille. Ce groupe nous aide dans notre cheminement de couple Ć  ne pas nous renfermer, Ć  maintenir le dialogue entre nous en partageant avec d’autres couples, Ć  cultiver des relations positives et de belles amitiĆ©sĀ Ā».

Lorenzo Russo

Ɖvangile vĆ©cu: « A ceci tous reconnaĆ®tront que vous ĆŖtes mes disciplesĀ Ā» (Jn 13,35)

Aimer les autres en gĆ©nĆ©rant du bien, en dĆ©passant les limites objectives que la vie nous impose, au-delĆ  de nos prĆ©jugĆ©s, en brisant les barriĆØres pour construire des liens fraternels. C’est le mandat du commandement nouveau donnĆ© par JĆ©sus, le signe distinctif du chrĆ©tien : la rĆ©ciprocitĆ© dans l’amour. Deux crĆŖpes Nous sommes deux couples mariĆ©s chrĆ©tiens et nous sommes pauvres. Il y a peu de temps, nous avons appris qu’une jeune fille du Burundi, elle aussi pauvre, avait plantĆ© un arbre et en rĆ©coltait maintenant les fruits pour aider les ceux qui ont faim. Il ne nous Ć©tait jamais venu Ć  l’esprit que nous pouvions faire quelque chose pour ceux qui sont dans le besoin. Le revenu de notre famille couvre Ć  peine nos dĆ©penses mensuelles, et nous attendions toujours le jour où nous aurions quelque chose de “superflu” Ć  donner. Mais l’exemple de cette jeune fille ne nous a pas laissĆ© tranquilles, au contraire, il nous a beaucoup encouragĆ©s Ć  mettre de cĆ“tĆ© le produit de la vente de deux crĆŖpes par jour, puisque nous tenons une petite boutique dans notre quartier. Maintenant, Ć  la fin de chaque mois, nous avons toujours un petit fonds pour les autres, et mĆŖme si c’est une petite chose, cet acte d’amour nous aide Ć  mener notre activitĆ© avec plus de soin. Quelqu’un, ayant entendu parler de notre expĆ©rience, a fait remarquer que ce geste ressemble Ć  l’offrande de la veuve que nous connaissons dans les Ɖvangiles. Oui, c’est le cas, et nous en sommes trĆØs heureux. (R.J.O. – Kenya) Un hommage floral Dans notre village, il y a peu de pharmacies. Je n’aimais pas aller dans celle qui Ć©tait la plus proche de chez moi parce que la pharmacienne avait des maniĆØres acerbes et semblait toujours en colĆØre. Comme je n’Ć©tais pas la seule Ć  avoir cette impression nĆ©gative, j’ai dĆ©cidĆ© de ne plus aller dans cette pharmacie. Mais un dimanche Ć  la messe, en Ć©coutant le prĆŖtre parler de l’amour de l’ennemi, elle, la pharmacienne, m’est venue Ć  l’esprit. Connaissant son prĆ©nom, j’ai profitĆ© de sa fĆŖte pour lui apporter un bouquet de fleurs. A ce simple geste, elle a Ć©tĆ© presque Ć©mue et a rĆ©vĆ©lĆ© ainsi une gentillesse inhabituelle. Pour moi, c’Ć©tait la confirmation d’une phrase de saint Jean de la Croix : « LĆ  où il n’y a pas d’amour, mets de l’amour et tu trouveras de l’amourĀ Ā». Une loi Ć©vangĆ©lique qui s’applique Ć  toutes les situations. AprĆØs ces fleurs chez la pharmacienne, quelle que soit la situation difficile qui se prĆ©sente, je mets en pratique la devise de ce saint et l’effet est assurĆ©. MĆŖme mes enfants savent maintenant que pour surmonter toute difficultĆ© dans les relations, il faut plus d’amour, et il est agrĆ©able de se raconter ces petites ou grandes victoires quotidiennes. (J.K. – Serbie) A bras ouverts Mon mari est catholique, je suis Ć©vangĆ©lique. Nous avons appris Ć  nous accepter mutuellement dans notre diversitĆ©. Lorsque notre fille a Ć©tĆ© baptisĆ©e dans l’Ć©glise catholique, le pasteur luthĆ©rien Ć©tait Ć©galement prĆ©sent, et depuis lors, une amitiĆ© s’est dĆ©veloppĆ©e entre eux, qui a donnĆ© lieu Ć  diverses initiatives : priĆØres communes, manifestations pour la paix, service de visites aux malades… Je suis responsable des activitĆ©s œcumĆ©niques au sein de mon conseil paroissial, mais par amour pour la paroisse catholique, je consacre Ć©galement du temps Ć  la collecte de fonds pour Caritas. Depuis l’ouverture d’un centre d’accueil pour les rĆ©fugiĆ©s politiques (principalement des musulmans de Tunisie, de Libye, de Roumanie, de Bosnie et du Kosovo), la coopĆ©ration entre les chrĆ©tiens catholiques, Ć©vangĆ©liques et orthodoxes s’est intensifiĆ©e. Un couple d’amis roumains partis dans leur pays nous a confiĆ© temporairement leur fille, et nous avons Ć©galement “adoptĆ©” une famille musulmane en difficultĆ©. Faire des besoins des autres les nĆ“tres est un vĆ©ritable atout pour notre famille. (Edith – Allemagne)

Ā Maria Grazia BerrettaĀ Ā 

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittƠ Nuova, annƩe VIII, n.2, mai-juin 2022)

Chiara Lubich : faire l’expĆ©rience de JĆ©sus au milieu de nous

Dans ce texte, Chiara Lubich raconte comment le Pacte d’amour rĆ©ciproque, avec ses premiĆØres compagnes, les a amenĆ©es Ć  faire l’expĆ©rience de la prĆ©sence de JĆ©sus au milieu d’elles. Nous aussi, nous pouvons vivre la mĆŖme expĆ©rience Ć  condition de mettre Ć  la base l’amour rĆ©ciproque. Un jour on m’a demandĆ© d’expliquer comment nous avions compris pour la premiĆØre fois la prĆ©sence de JĆ©sus au milieu de nous, unis en son nom. Pour ĆŖtre fidĆØle Ć  l’Esprit Saint, j’ai rĆ©pondu Ć  cette question en commenƧant par dĆ©crire les Ć©tapes de notre histoire qui ont prĆ©parĆ© ce moment. Quand, par exemple, nous, les premiĆØres focolarines, risquions de mourir sous les bombardements, et que nous nous sommes demandĆ© s’il existait une volontĆ© de Dieu qui lui tenait particuliĆØrement Ć  coeur, afin de la vivre au moins pendant les jours qui nous restaient. J’ai ensuite expliquĆ© comment le commandement nouveau de JĆ©sus, l’amour rĆ©ciproque vĆ©cu Ć  la mesure mĆŖme de l’amour de JĆ©sus, qui a donnĆ© sa vie pour nous, nous avait apportĆ© la rĆ©ponse. Puis j’ai parlĆ© du PacteĀ : « Je suis prĆŖte Ć  mourir pour toiĀ Ā», « toi pour moi » ; etc. et je me suis Ć©tendue plus longuement, bien sĆ»r, sur ce qui en a dĆ©coulĆ©. Rappelez-vousĀ ! Nous avions constatĆ© en nous un changement positif radical, comme si un filet nous avait Ć©levĆ©es vers le ciel. Nous faisions l’expĆ©rience toute nouvelle d’une paix unique, comme nous ne l’avions jamais expĆ©rimentĆ© auparavant (c’est en ces termes que nous l’avons dĆ©crite et que nous continuons Ć  le faire). Une lumiĆØre donnait sens Ć  tout ce qui nous arrivait. Une volontĆ© ferme venait se substituer Ć  la nĆ“tre, persĆ©vĆ©rante dans ses rĆ©solutions tandis que la nĆ“tre Ć©tait inconstante. Une joie sans Ć©gale jaillissait, pleine de fraĆ®cheur. Une ardeur et un zĆØle nouveaux, sans mesure, nous habitaient. J’ai aussi expliquĆ© que nous nous Ć©tions alors demandĆ© ce qui pouvait entraĆ®ner un tel effet. Nous nous l’étions expliquĆ© ainsiĀ : Ć  ce moment-lĆ , JĆ©sus s’était rendu spirituellement prĆ©sent parmi nous, car nous Ć©tions unies en son nom, c’est-Ć -dire en son amour. Cette paix, cette lumiĆØre, cette ardeur, cette joie, etc. en Ć©taient la preuve. Car, s’il est prĆ©sent, tous ces effets sont lĆ . Sinon, ne nous faisons pas d’illusionsĀ : il n’est pas lĆ . J’ai conclu en disant que nous avions donc compris qu’il Ć©tait prĆ©sent alors mĆŖme que nous faisions l’expĆ©rience de sa prĆ©sence. Il ne s’agit pas, en effet, de croire en sa prĆ©sence uniquement en faisant un acte de foi, d’y adhĆ©rer parce qu’Il l’a dit. NonĀ ! Quand JĆ©sus est parmi nous, sa prĆ©sence est tangible. Nous pouvons en faire l’expĆ©rience. C’est lĆ  la beautĆ© et la grandeur de cette prĆ©sence particuliĆØre Ć  laquelle nous sommes appelĆ©s.

Chiara Lubich

(ChiaraĀ Lubich, Conversazioni, CittĆ  Nuova, 2019, p. 580/1 – Extrait du message de la tĆ©lĆ©rĆ©union du 16Ā dĆ©cembre 1999)