Mouvement des Focolari

Chiara Lubich: partageons

Dans ce passage, Chiara Lubich nous invite Ć  partager avec le prochain, lui donnant ce qui lui manque pour avoir une vie digne. C’est la meilleure faƧon de nous prĆ©parer Ć  NoĆ«l, que nous fĆŖterons dans quelques jours. […] La conversion du cœur, demandĆ©e pour aller Ć  la rencontre de JĆ©sus, ne consiste pas en belles paroles ni en Ć©lans sentimentaux. Elle consiste Ć  faire la volontĆ© de Dieu et surtout Ć  aimer notre prochain, Ć  ĆŖtre concrĆØtement solidaire avec lui, Ć  partager avec lui nos biens, lorsqu’il manque du nĆ©cessaireĀ : nourriture, vĆŖtements, logement, assistance,Ā etc. C’est ce que JĆ©sus enseignera plus tard. Car la vie chrĆ©tienne ne demande pas principalement de faire de longues priĆØres ni des pĆ©nitences extĆ©nuantesĀ ; elle n’exige pas non plus de changer de mĆ©tier — Ć  moins que celui-ci ne soit mauvais en soi — mais elle demande de vivre, dans l’activitĆ© ou dans l’état de vie qui est le nĆ“tre, l’amour du prochain. « Si quelqu’un a deux tuniques, qu’il partage avec celui qui n’en a pasĀ ; si quelqu’un a de quoi manger, qu’il fasse de mĆŖme.Ā Ā» […] Nous sommes dans le mois où l’on cĆ©lĆØbre la fĆŖte de NoĆ«l. NoĆ«l, pour l’Église, n’est pas la simple commĆ©moration d’un Ć©vĆ©nement du passĆ©. C’est la cĆ©lĆ©bration d’un mystĆØre toujours prĆ©sent, toujours actuelĀ : la naissance de JĆ©sus en nous et au milieu de nous. Comment alors nous prĆ©parer Ć  NoĆ«lĀ ? Comment faire en sorte que JĆ©sus naisse ou renaisse en nous et parmi nousĀ ? En aimant concrĆØtement. Soyons attentifs Ć  ce que notre amour du prochain ne s’arrĆŖte pas aux dĆ©clarations ou aux sentiments, mais qu’il passe toujours Ć  l’action, aux rĆ©alisations, petites ou grandes.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, prƩparƩ par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, CittƔ Nuova, 2017, p. 422-423)

l’UniversitĆ© Populaire Mariale (UPM) : L’espace de la conscience

l’UniversitĆ© Populaire Mariale (UPM) : L’espace de la conscience

Le 6 novembre 2021 a Ć©tĆ© inaugurĆ© le cycle de leƧons du nouveau cours de l’UniversitĆ© Populaire Mariale (UPM) du mouvement des Focolari, qui s’intitule cette annĆ©e « LĆ  où l’homme est seul avec Dieu : la conscienceĀ Ā»2. Catherine Belzung, neuroscientifique, et Emanuele Pili, confĆ©rencier, sont les intervenants de la deuxiĆØme leƧon et rĆ©pondent Ć  quelques questions. « La conscience est le noyau plus secret et le sanctuaire de l’homme, lĆ  où il est seul avec Dieu dont la voix rĆ©sonne dans l’intimité ». Ces mots, que l’on trouve dans la Constitution pastorale Gaudium et Spes, inspirent le titre du nouveau cours de l’UPM (UniversitĆ© Mariale) des Focolari pour l’annĆ©e acadĆ©mique 2021-2022 : « LĆ  où l’homme est seul avec Dieu : la conscienceĀ Ā». Un espace « saintĀ Ā» est celui de la conscience morale, comme l’a expliquĆ© Renata Simon, coresponsable de l’aspect sagesse et Ć©tude du mouvement des Focolari lors de la premiĆØre rencontre de ce parcours le 6 novembre 2021 : « La conscience n’enferme pas l’homme dans une solitude impĆ©nĆ©trable, comme dans une cellule isolĆ©e, mais l’ouvre Ć  l’appel de DieuĀ Ā». Analyser le thĆØme dans ses diffĆ©rentes dĆ©clinaisons et dans le contexte de la spiritualitĆ© de l’unitĆ©, rĆ©flĆ©chir Ć  la capacitĆ© d’agir selon la responsabilitĆ© de chacun d’entrer en dialogue avec soi-mĆŖme et avec cette voix, sont quelques-uns des objectifs que ce cours vise Ć  atteindre. Un grand dĆ©fi, surtout dans le monde actuel, comme l’expliquent Cahterine Belzung, neuroscientifique et professeur au dĆ©partement « Imagerie et CerveauĀ Ā» de l’UniversitĆ© FranƧois Rabelais de Tours (France) et Emanuele Pili, professeur adjoint au dĆ©partement de thĆ©ologie, philosophie et sciences humaines de l’Institut universitaire Sophia. Tous deux interviendront lors de la deuxiĆØme rĆ©union prĆ©vue le 18 dĆ©cembre 2021 sur le thĆØme : La conscience dans un monde pluriel, diffĆ©rentes perspectives. La confĆ©rence traitera des aspects psychologiques en relation avec la conscience morale, introduisant d’une certaine maniĆØre la question de la libertĆ© et de ses Ć©ventuels conditionnements, sujet de rĆ©flexion lors de la troisiĆØme rencontre. « Chacun d’entre nous doit choisir en fonction des valeurs et nous trouvons cela dans diverses perspectives disciplinairesĀ Ā», explique Catherine Belzung. Ce qui varie souvent, ce sont les concepts et le langage utilisĆ©s. Dans les neurosciences, on parle de « mĆ©canismes de prise de dĆ©cisionĀ Ā», dans d’autres domaines on parle de « conscience moraleĀ Ā». Il faut construire un dialogue pour comprendre si les diffĆ©rents mots utilisĆ©s correspondent Ć  un concept commun. Sommes-nous conditionnĆ©s neurologiquement dans nos actions ou sommes-nous libres ? « Nous sommes des personnes totalement libres – affirme Catherine Belzung.Ā  Certaines recherches ont Ć©tĆ© mal interprĆ©tĆ©es et identifient l’homme comme une marionnette aux mains de son matĆ©riel gĆ©nĆ©tique, son cerveau. En rĆ©alitĆ©, nous ne sommes pas dĆ©terminĆ©s par notre biologie. Comprendre ce qui fait obstacle Ć  l’Ć©coute de soi et Ć  la voix de Dieu dans une rĆ©alitĆ© bruyante comme celle que nous habitons semble ĆŖtre la vraie question. « L’Ć©poque dans laquelle nous vivonsĀ Ā», explique Emanuele Pili, « est si bruyante et frĆ©nĆ©tique que, parfois, un manteau Ć©touffant se crĆ©e autour de nos dĆ©sirs les plus intimes et les plus authentiquesĀ Ā». L’omniprĆ©sence de la technologie modifie le processus mĆŖme de formation de l’identitĆ© personnelle. Par consĆ©quent, le dĆ©fi d’Ć©couter notre moi intĆ©rieur est rĆ©el et n’est pas simple Ć  releverĀ Ā». Comment sortir de cette impasse ? « Il s’agit, je crois, de trouver un moyen de percer le voile qui tend Ć  obstruer la possibilitĆ© de rentrer en soiĀ Ā», poursuit Emanuele Pili. –Ā  Je pense que l’essentiel passe par la redĆ©couverte, aidĆ©e aussi par l’expĆ©rience de la pandĆ©mie, des relations vraies et simples vĆ©cues dans leur dimension corporelle et Ć©motionnelle, capables de laisser de cĆ“tĆ© la superficialitĆ© et la mĆ©diocritĆ©. (…) La redĆ©couverte de l’intĆ©rioritĆ© et du dĆ©sir qui l’anime est le jeu sĆ©rieux et non sĆ©rieux de la normalitĆ© de la vie. Peut-ĆŖtre, aujourd’hui, percer le voile qui ne nous permet pas d’accĆ©der Ć  l’intĆ©rioritĆ© passe aussi et surtout par le fait de savoir Ć©couter ce cri, parfois silencieux ou Ć©touffĆ©, dont les plus jeunes, par exemple, sont, pour le meilleur et pour le pire, le tĆ©moignage le plus vivant et le plus efficaceĀ Ā».

Maria Grazia Berretta

l’affiche en PDF

La musique de la fraternitƩ sur la route des Balkans

La musique de la fraternitƩ sur la route des Balkans

Le voyage du groupe international Gen Rosso sur la route des Balkans, où des milliers de migrants vivent dans des situations dramatiques en essayant de rejoindre l’Europe en quĆŖte d’un avenir meilleur. Cette expĆ©rience est Ć©galement le point de dĆ©part de leur prochain concert de NoĆ«l intitulĆ© “Refugee”, qui sera diffusĆ© gratuitement en streaming. « Nous sommes fatiguĆ©s, trĆØs fatiguĆ©s de vivre dans ces conditions, mais aujourd’hui nous avons trouvĆ© et expĆ©rimentĆ© la joieĀ Ā». C’est ce qu’a dit Mariam, visiblement Ć©mue, en remerciant le groupe international du Gen Rosso dans le camp de rĆ©fugiĆ©s en Bosnie, aprĆØs une journĆ©e passĆ©e ensemble. Mariam est iranienne et, avec d’autres migrants, elle vit actuellement dans le camp de rĆ©fugiĆ©s parce qu’elle cherche un avenir meilleur, où il n’y a pas de guerre, de haine et de persĆ©cution. Des milliers de rĆ©fugiĆ©s comme elle sont bloquĆ©s dans le froid et le gel sur la « route des BalkansĀ Ā», dans l’espoir d’ atteindre l’ Europe. Le Gen Rosso s’est rendu en Bosnie en octobre 2021 pour apporter un peu de soulagement et d’espoir Ć  ces migrants, notamment par l’art, la musique et la danse. Un camp de rĆ©fugiĆ©s gĆ©rĆ© par le ā€˜Jesuit Refugee Service’, Service jĆ©suite des rĆ©fugiĆ©s (JRS), qui fournit un logement et une aide essentielle aux demandeurs d’asile et aux migrants qui tentent de traverser la frontiĆØre croate. « Nous n’avions aucune idĆ©e de ce que nous allions rencontrer ni de qui nous allions rencontrerĀ Ā», expliquent les membres du groupe, « mais nous avions le dĆ©sir de faire en sorte que ces personnes contraintes Ć  une pĆ©rĆ©grination douloureuse de plusieurs annĆ©es, ressentent la fraternité ». Les migrants ont besoin non seulement de nourriture et de vĆŖtements, mais aussi de moments d’accueil et de sĆ©rĆ©nitĆ©. Au dĆ©but, « nous nous sommes retrouvĆ©s sous le regard interrogateur et quelque peu mĆ©fiant de familles qui gardaient leurs distances. Ce n’Ć©tait pas facile de commencer avec des personnes de cultures et de traditions diffĆ©rentes, habituĆ©es Ć  l’indiffĆ©rence, voire Ć  l’ hostilitĆ©, de tant de personnesĀ Ā», explique le groupe. Ce sont les enfants qui ont brisĆ© la glace initiale. EncouragĆ©s, ils se sont approchĆ©s pour essayer de jouer avec le tambour brĆ©silien d’ Ygor du Gen Rosso. Lentement, tout le monde a surmontĆ© sa mĆ©fiance. « Qui sait ce que ces enfants ont vĆ©cu et ce qu’ils portent dans leur cœur – raconte Michele –Ā  chanteur du groupe. Une belle atmosphĆØre s’est immĆ©diatement instaurĆ©e. Le fait que les enfants soient lĆ , avec leur immĆ©diatetĆ© et leur simplicitĆ©, a beaucoup aidé ». Et c’est ainsi que les premiers dialogues ont commencĆ©. Comment t’appelles-tu ? D’où viens – tu? Et la mĆ©fiance a commencĆ© Ć  faire place Ć  la confiance. « Nous avions prĆ©vu de nous sĆ©parer en petits groupes –Ā  racontent les musiciens –Ā  mais nous avons rĆ©alisĆ© qu’ils voulaient tous rester ensemble et, aprĆØs si longtemps, faire la fĆŖte, avec des chants et des danses populaires, selon leurs propres traditions. Certaines mamans, pour nous montrer une danse typique, nous ont laissĆ© leurs bĆ©bĆ©s dans les bras avec la confiance que l’on accorde aux frĆØres Ā». Un rĆ©fugiĆ© blessĆ© Ć  la jambe « s’est accrochĆ© Ć  mon tambour –Ā  raconte HelĆ¢nio – ses yeux brillaient, c’Ć©tait presque sa seule faƧon de s’exprimer. J’ai Ć©tĆ© heureux de lui donner cette opportunité ». « Une femme a demandĆ© si elle pouvait danserĀ  – raconte Raymund, danseur -. Elle a senti que quelqu’ un l’apprĆ©ciait. J’ai compris ce que cela signifie d’aller Ć  leur rencontre Ć  travers la musique, qui peut reconstruire l’Ć¢me des personnes, et il Ć©tait Ć©vident dans leurs yeux brillants qu’ils Ć©taient heureuxĀ Ā».

Une expĆ©rience indĆ©lĆ©bile qui a Ć©galement inspirĆ© le prochain concert de NoĆ«l, que le Gen Rosso a intitulĆ© “Refugee”. Il aura lieu le 18 dĆ©cembre 2021, Ć  21h00 (UTC+1), Ć  l’auditorium de Loppiano – vous pouvez acheter des billets ici ou Ć  l’extĆ©rieur de l’auditorium – et sera diffusĆ© gratuitement sur la plateforme web publica.la. Une soirĆ©e dĆ©diĆ©e en particulier Ć  tous ceux qui se trouvent en ce moment dans des situations de souffrance et d’inconfort, avec le dĆ©sir d’apporter soulagement, paix et espĆ©rance.

Lorenzo Russo

Vie de l’ÉvangileĀ  : «  Heureuse celle qui a cruĀ Ā» (Lc 1, 45)

AprĆØs avoir Ć©tĆ© visitĆ©e par la puissance du TrĆØs-Haut, Marie se prĆ©cipite chez sa cousine Elisabeth avec un cœur en fĆŖte. C’est le premier geste missionnaire que fait la MĆØre de Dieu aprĆØs avoir dit son “oui”, en allant Ć  la rencontre de l’autre pour annoncer la bonne nouvelle. NoĆ«l est le moment où nous pouvons nous aussi apporter avec gĆ©nĆ©rositĆ© cette annonce au monde. Comme une flaque d’eau Dans la famille, au nom de la libertĆ©, les enfants avaient perdu toute mesure et tout respect. Un jour, pour ne pas mal rĆ©agir et retrouver mon calme, je suis allĆ©e me promener et, comme je le fais souvent, j’ai commencĆ© Ć  prier le chapelet. J’ai pensĆ© alors Ć  Marie. Elle avait Ć©tĆ© Ć©pouse et mĆØre. Elle avait silencieusement tout gardĆ© dans son cœur, mĆŖme sa douleur. Bien que je ressente un mĆ©lange de nĆ©gativitĆ©, la priĆØre et la rĆ©flexion m’ont donnĆ© la paix et la force d’essayer de ramener cette sĆ©rĆ©nitĆ© Ć  la maison. Soudain, alors que je marchais, j’ai vu une flaque d’eau dans laquelle le ciel se reflĆ©tait. Je me sentais un peu comme Ƨa : une flaque d’eau qui peut reflĆ©ter le ciel. C’Ć©tait suffisant pour recommencer avec une nouvelle joie. (F.A. – Albanie) Ensemble J’avais prĆ©vu avec mon mari qu’il resterait Ć  la maison aprĆØs le travail pour tenir compagnie Ć  notre fils John, atteint du syndrome de Down, afin que je puisse assister Ć  une rĆ©union paroissiale Ć  laquelle je tenais. Ces derniers temps, cependant, ce va – et – vient des responsabilitĆ©s parentales par rapport Ć  John se produisait un peu trop souvent, et j’avais remarquĆ© des rĆ©actions nĆ©gatives qui meĀ  semblaient injustifiĆ©es chez le garƧon. AprĆØs rĆ©flexion, j’ai dĆ©cidĆ© de renoncer Ć  la rĆ©union pour ĆŖtre avec lui. Lorsqu’il a appris que nous allions rester tous les trois Ć  la maison, son attitude dĆ©fiante a disparu. Pendant que je prĆ©parais le dĆ®ner, il s’est approchĆ© de moi et m’a dit : Ā« Je suis dĆ©solĆ© de ne pas avoir Ć©tĆ© poli, Maman. RecommenƧons Ā». Il faisait rĆ©fĆ©rence Ć  quelque chose qu’il avait fait la veille et voulait dire Ā« recommenƧons Ć  nous aimer Ā». J’Ć©tais heureux qu’il se soit souvenu de ce moment où il avait Ć©tĆ© grossier. Mon mari Ć©tait Ć©galement prĆ©sent et l’harmonie familiale a Ć©tĆ© rĆ©tablie. Nous avons passĆ© une merveilleuse soirĆ©e. Quand John s’est couchĆ©, il Ć©tait visiblement heureux. (R.S. – USA) A l’hĆ“pital Hier matin, Ć  l’hĆ“pital où je fais du bĆ©nĆ©volat, je suis allĆ© accueillir un patient plutĆ“t Ć¢gĆ©. Lorsque je lui ai demandĆ© s’il souhaitait recevoir l’Eucharistie, il a souri et secouĆ© la tĆŖte : Ā« Cela fait longtemps que je n’ai pas communiĆ©… Ā». Je lui ai alors proposĆ© : Ā« Voulez-vous au moins dire une priĆØre ? Ā» Il a rĆ©pondu : Ā« Oui, mais vous devez m’aider, car je ne me souviens pas comment faire Ā». J’ai commencĆ© et, parole aprĆØs parole, il m’a suivi. A la fin de la priĆØre, il a conclu en souriant : Ā« Je me suis Ć©mu Ā». Et dire qu’Ć  premiĆØre vue, je l’aurais dĆ©crit comme une personne plutĆ“t dure. Je l’ai saluĆ© d’une caresse. (Umberto – Italie)

Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ā  Ɖcrit par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, annĆ©e VII, n.4, novembre-dĆ©cembre 2021) Foto Ā© Joachim Schwind – CSC Audiovisivi

ƉTATS-UNIS | Une entreprise familiale pour la protection de l’environnement

Depuis plus de 25 ans, John et Julia Mundell travaillent dans la protection de l’environnement. Leur entreprise, Mundell and Associates, est nĆ©e Ć  Indianapolis dans le but de rĆ©parer les dommages environnementaux et de rĆ©soudre les problĆØmes causĆ©s par les dĆ©chets toxiques. Aujourd’hui, leur action est connue dans tous les Ɖtats-Unis et dans plusieurs pays. Travailler Ć  la prĆ©servation de la terre est pour eux une vocation, un moyen de construire l’unitĆ© et de prĆ©server notre maison commune au bĆ©nĆ©fice des prochaines gĆ©nĆ©rations. https://vimeo.com/651033296

L’École AbbĆ  : une fleur Ć  quatre pĆ©tales

L’École AbbĆ  : une fleur Ć  quatre pĆ©tales

AprĆØs l’AssemblĆ©e GĆ©nĆ©rale du mouvement des Focolari au dĆ©but de l’annĆ©e 2021, l’Ɖcole AbbĆ  (Centre d’Ć©tudes du mouvement des Focolari) a redĆ©marrĆ© avec une nouvelle configuration. Pour en savoir plus, nous avons interviewĆ© son directeur, Mgr Piero Coda, ancien doyen de l’Institut Universitaire Sophia de Loppiano (Italie), rĆ©cemment nommĆ© par le pape FranƧois SecrĆ©taire GĆ©nĆ©ral de la Commission ThĆ©ologique Internationale. Vous Ć©tiez dans le premier groupe convoquĆ© par Chiara Lubich pour former l’Ɖcole Abba : quels sont les objectifs de ce groupe d’Ć©tude ? Quelle a Ć©tĆ© votre expĆ©rience intellectuelle et spirituelle au contact de la pensĆ©e et de la vie de Chiara Lubich ? C’est assurĆ©ment une grĆ¢ce particuliĆØre qui m’a conduit Ć  participer en 1989 au lancement de ce projet, avec Monseigneur Klaus Hemmerle, avant l’ouverture officielle de l’Ɖcole Abba l’annĆ©e suivante, en 1990. L’objectif que Chiara Lubich a confiĆ© dĆØs le dĆ©but Ć  ce Centre d’Ć©tudes original Ć©tait d’Ć©tudier et de dĆ©gager les implications thĆ©ologiques, culturelles et sociales du charisme de l’unitĆ©. Mais avant tout, il s’agissait de faire une expĆ©rience vĆ©cue et partagĆ©e de l’Ɖvangile de JĆ©sus dans la lumiĆØre qui dĆ©coule du charisme. ƀ tel point que l’une des derniĆØres instructions que Chiara a donnĆ©es Ć  l’Ć©cole Abba en 2004 Ć©tait : « Soyez un cĆ©nacle de saintetĆ© ! C’est le don et la mission de l’Ɖcole Abba : apprendre Ć  habiter avec sa vie, et donc aussi avec ses pensĆ©es, ce lieu où nous introduit la prĆ©sence de JĆ©sus ressuscitĆ© au milieu des siens, ce lieu qui est la vie de Dieu, le sein du PĆØre. Cette vie – nous enseigne Chiara, conformĆ©ment Ć  l’Ɖvangile et Ć  la foi de l’Ɖglise – est la vie mĆŖme de la TrĆØs Sainte TrinitĆ©, non seulement au ciel, mais au milieu de nous : “… sur la terre comme au ciel “.Ā Ā» Pour moi, ce fut et c’est toujours, une expĆ©rience unique. Je pourrais la dĆ©crire avec les mots de la premiĆØre lettre de Jean : « Mes yeux ont vu, mes mains ont touchĆ©, mes oreilles ont entendu … la Parole de vieĀ Ā» : les sens de mon Ć¢me se sont Ć©veillĆ©s et ont expĆ©rimentĆ© la lumiĆØre de JĆ©sus abandonnĆ© et ressuscitĆ© avec laquelle regarder la rĆ©alitĆ© d’une maniĆØre nouvelle. Ainsi, plus qu’auparavant, la thĆ©ologie est devenue pour moi une rĆ©alitĆ© vitale et passionnante. Par ailleurs, comme des experts de toutes les disciplines participent Ć  l’Ɖcole AbbĆ , tous attentifs Ć  vivre l’unitĆ©, y compris dans la communion de pensĆ©e, l’horizon de l’inter- et de la transdisciplinaritĆ© s’est ouvert, mettant Ć  jour la racine et du but commun de toutes les formes de connaissance, dĆ©sormais concrĆØtement appelĆ©es Ć  dialoguer entre elles. La thĆ©ologie que je pratique a Ć©tĆ© extraordinairement enrichie par ce dialogue qui se situe non seulement au niveau interpersonnel mais aussi interdisciplinaire. L’Ɖcole Abba a rĆ©cemment connu un nouveau dĆ©veloppement, et vous en ĆŖtes devenu le directeur en mars 2021. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste ce dĆ©veloppement ? L’Ɖcole AbbĆ  a maintenant plus de 30 ans et s’est dĆ©veloppĆ©e et enrichie au cours de cette pĆ©riode. PrĆØs de 50 personnes ont rejoint cette Ɖcole Ć  diffĆ©rents momentsĀ : jusqu’en 2004 la prĆ©sence de Chiara a Ć©tĆ© constante et trĆØs prĆ©cieuse. Puis, des groupes de disciplines diverses sont nĆ©s autour de ses membres : psychologie, sociologie, politique, Ć©conomie, sciences naturelles, art, dialogue… actuellement plus de 300 personnes dans le monde. ƀ la suite de l’AssemblĆ©e GĆ©nĆ©rale de l’Œuvre de Marie et comme fruit de tout un parcours de discernement communautaire, on a constatĆ© que ces derniĆØres annĆ©es la “fleur” de l’Ɖcole Abba s’est dĆ©ployĆ©e en “quatre pĆ©tales” : on a donc cherchĆ© Ć  leur donner une configuration qui permette tout Ć  la fois leur unitĆ© et leur distinction, de maniĆØre Ć  reconnaĆ®tre et favoriser ce dĆ©veloppement au service de la mission de l’Œuvre de Marie. Le premier “pĆ©tale” est composĆ© de ceux (une quinzaine de personnes) qui sont appelĆ©s Ć  poursuivre l’Ć©tude spĆ©cifique de la signification charismatique et culturelle de l’Ć©vĆ©nement de 1949 qui fut une expression particuliĆØre du charisme de l’unitĆ© dans l’expĆ©rience vĆ©cue par Chiara, Foco (Igino Giordani), par ses premiĆØres compagnes et ses premiers compagnons et ensuite, progressivement, par tous ceux qui vivent ce charisme. De cette pĆ©riode de grĆ¢ce nous conservons un prĆ©cieux tĆ©moignage Ć©crit par Chiara elle-mĆŖme. Le deuxiĆØme “pĆ©tale” s’engage Ć  transmettre ce patrimoine de lumiĆØre et de doctrine aux nouvelles gĆ©nĆ©rations : Ā c’est un groupe de 27 jeunes chercheurs compĆ©tents dans diffĆ©rentes disciplines et provenant du monde entier. Le troisiĆØme “pĆ©tale” rĆ©unit ceux qui ont fait partie de l’Ɖcole Abba jusqu’Ć  prĆ©sent et qui continuent Ć  en faire partie (un bon groupe de 29 personnes), en vue de rĆ©aliser des projets de recherche inspirĆ©s par le charisme et au service de l’Œuvre, sur la base de leurs compĆ©tences et expĆ©riences respectives. Enfin, le quatriĆØme “pĆ©tale” est celui des groupes spĆ©cialisĆ©s dans une discipline et porteurs d’une vocation internationale. Quels projets avez-vous en tĆŖte pour l’avenir ? Nous mettons des projets sur la table pour discerner ensemble ce qu’il faut faire et comment le faire. Certaines choses intĆ©ressantes apparaissent dĆ©jĆ . La premiĆØre est de donner forme Ć  un “lexique” de la vie de l’unitĆ© : une sorte de vademecum dans lequel les idĆ©es-forces issues du charisme de l’unitĆ© sont prĆ©sentĆ©es de maniĆØre universelle et enrichies Ć  la lumiĆØre de tous les progrĆØs rĆ©alisĆ©s jusqu’Ć  prĆ©sent. Une deuxiĆØme chose est d’offrir une contribution, Ć  partir de la spĆ©cificitĆ© du charisme, au parcours synodal de l’Ɖglise que le pape FranƧois vient de lancer. Nous pensons, en effet, qu’il y a lĆ  quelque chose d’important : car Chiara, en 1949, dit que l’“Ƃme”, – ce nouveau sujet, tout Ć  la fois personnel et communautaire, qui naĆ®t du pacte de l’unitĆ© – se prĆ©sente avec “les caractĆ©ristiques de l’Ɖglise”, est accueilli dans le sein de la TrinitĆ© et constitue un “groupe” en marche. Synode est en effet le nom de l’Ɖglise qui marche aux cĆ“tĆ©s de tous, Ć  commencer par les plus pauvres et les plus dĆ©laissĆ©s et avec tous ceux en qui nous reconnaissons le visage et le cri de JĆ©sus abandonnĆ©. Il y a ensuite le grand thĆØme anthropologique qui interpelle notre Ć©poque : en particulier, les relations entre les personnes, entre l’homme et la femme et entre les diffĆ©rentes cultures. Et enfin, les relations entre les religions : un signe des temps et un objectif propre au charisme de l’unitĆ©. Un membre des Focolari pourrait demander: comment puis-je participer Ć  l’Ɖcole Abba ? Comme l’a dit Chiara, le Mouvement est nĆ© comme une Ć©cole. Dans l’Ɖcole Abba, et donc dans l’Œuvre, il s’agit de se mettre Ć  l’Ć©cole dĆ©cisive que Dieu a fait vivre Ć  Chiara, Foco, aux premiĆØres focolarine, aux premiers focolarini, surtout en 1949. L’engagement, par consĆ©quent, est que l’Ɖcole Abba ne doit pas ĆŖtre un Ć©difice inaccessible, mais Ć©quipĆ© de nombreuses portes et fenĆŖtres, afin que chacun puisse y participer. Je pense, par exemple, Ć  la petite expĆ©rience que nous vivons Ć  Loppiano pour offrir quelques Ć©clairages afin que chacun puisse participer Ć  cette lumiĆØre. C’est un fait extrĆŖmement positif parce que, lorsqu’elle atteint les personnes dans leurs diffĆ©rentes situations, dans leurs diffĆ©rentes compĆ©tences, dans leurs diffĆ©rentes sensibilitĆ©s, cette lumiĆØre suscite joie et crĆ©ativitĆ©. L’Ɖcole Abba n’est pas une rĆ©alitĆ© Ć  sens unique qui ne partirait que de la lumiĆØre qu’elle a reƧue. Non ! Sa lumiĆØre va et vient, enrichie par l’expĆ©rience, les questions, les solutions que la vie du peuple de Chiara acquiert et offre. C’est donc une dynamique vertueuse, qui doit ĆŖtre de mieux en mieux activĆ©e et promue.

Carlos Mana

Chiara LubichĀ : Corriger nos points faibles et repartir du bon pied

Chaque annĆ©e, pendant la pĆ©riode de prĆ©paration de NoĆ«l, cette mĆŖme invitation nous est adressĆ©eĀ : prĆ©parez le chemin du Seigneur. (cf. Is. 40, 3). Depuis toujours Dieu a manifestĆ© son dĆ©sir de se tenir parmi ses enfants, Il vient « habiter parmi nousĀ Ā». Chiara Lubich, dans cet extrait, nous suggĆØre comment nous pouvons nous prĆ©parer Ć  sa venue, comment ouvrir notre cœur Ć  JĆ©sus qui naĆ®t. Que de fois nous dĆ©sirerions nous aussi rencontrer JĆ©sus, qu’il chemine Ć  nos cĆ“tĆ©s, que sa lumiĆØre nous Ć©claireĀ ! Afin qu’il entre dans notre vie, Ć©liminons ce qui lui fait obstacle. Il ne s’agit plus lĆ  de route Ć  niveler, mais de cœur Ć  lui ouvrir. Quelles barriĆØres ferment notre cœurĀ ? JĆ©sus en Ć©numĆØre quelques-unesĀ : « intentions mauvaises, inconduite, vols, meurtres, adultĆØres, cupiditĆ©, mĆ©chancetĆ©, fraudes, dĆ©bauche, envie, diffamation, orgueil, dĆ©mesure… » (Mc 7, 21-22). Il s’agit parfois de rancœurs Ć  l’égard de parents ou de connaissances, de prĆ©jugĆ©s raciaux, d’indiffĆ©rence devant les besoins de ceux qui nous sont proches, de manques d’attention et d’amour en famille… ConcrĆØtement, comment lui prĆ©parer la routeĀ ? En lui demandant pardon chaque fois que nous prenons conscience d’avoir dressĆ© une barriĆØre qui nous empĆŖche d’entrer en communion avec lui. Par cet acte sincĆØre d’humilitĆ© et de vĆ©ritĆ©, nous nous prĆ©sentons devant lui tels que nous sommes, en lui montrant notre fragilitĆ©, nos erreurs, nos pĆ©chĆ©s. Nous lui dĆ©clarons notre confiance et nous reconnaissons son amour de PĆØre, « misĆ©ricordieux et bienveillantĀ Ā» (Cf. Ps 103, 8). Nous exprimons notre dĆ©sir de corriger nos points faibles et de repartir du bon pied. Chacun de nous trouvera le meilleur moment pour s’arrĆŖter, considĆ©rer la journĆ©e Ć©coulĆ©e et demander pardonĀ : peut-ĆŖtre le soir, avant de s’endormir. Une autre possibilitĆ© de demande de pardon pour nos pĆ©chĆ©s nous est proposĆ©e au dĆ©but de toute cĆ©lĆ©bration eucharistiqueĀ : vivons-la avec davantage de conscience et d’intensitĆ© avec toute la communautĆ©. Enfin recourons Ć  la confession personnelle où Dieu nous donne son pardon. Cela peut Ć©normĆ©ment nous aider. Nous y rencontrons le Seigneur Ć  qui nous pouvons confier toutes nos fautes. Nous en repartons sauvĆ©s, certains d’être renouvelĆ©s et tout joyeux de nous sentir Ć  nouveau vĆ©ritables enfants de Dieu. Par son pardon, Dieu lui-mĆŖme enlĆØve tout obstacle, « aplanit le cheminĀ Ā» et rĆ©tablit un rapport d’amour avec chacun de nous.

ChiaraĀ Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, prƩparƩ par Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, CittƔ Nuova, 2017, p. 766-768)

Avoir pour ami un saint

Le 8 octobre 2021, la phase diocĆ©saine du procĆØs de bĆ©atification d’Alberto Michelotti et de Carlo Grisolia a pris fin Ć  GĆŖnes (Italie). Leur histoire est celle d’un itinĆ©raire commun, d’une vĆ©ritable amitiĆ© capable de tout surmonter. Comment “devenir saints ensemble” ? Ce n’est pas facile. Cela prend du temps et, surtout, il est nĆ©cessaire de marcher dans la mĆŖme direction, de regarder vers la mĆŖme source lumineuse. C’est l’histoire d’Alberto Michelotti (GĆŖnes 1958 – Monte Argentera 1980) et de Carlo Grisolia (1960 Bologne – GĆŖnes 1980), deux jeunes de GĆŖnes (Italie) trĆØs diffĆ©rents l’un de l’autre Ć  certains Ć©gards, mais liĆ©s par une solide amitiĆ© et un seul dĆ©sir : mettre Dieu au centre de leur vie. L’idĆ©al et le charisme du mouvement des Focolari les ont fortement attirĆ©s et unis dans une relation de vĆ©ritable partage et de fraternitĆ©. Tous deux sont dĆ©cĆ©dĆ©s en 1980, Ć  40 jours d’intervalle, Alberto lors d’une ascension en montagne, Carlo des suites d’une tumeur. Deux amis et un seul procĆØs de canonisation, ouvert en 2005 par le Cardinal Tarcisio Bertone, ArchevĆŖque de GĆŖnes. La phase diocĆ©saine du procĆØs s’est achevĆ©e le 8 octobre dernier. Mais qui sont vraiment ces deux jeunes ? Alberto a l’Ć©toffe d’un leader, d’un battant, mais son leadership repose sur un “service” qui le rapproche toujours plus de son prochain, en particulier des plus dĆ©munis et des jeunes. NĆ© et vivant avec sa famille dans la banlieue de GĆŖnes, il frĆ©quente la paroisse de San Sebastiano avec ses parents. Il prend une part active Ć  la vie paroissiale et, aprĆØs un premier engagement dans l’Action catholique, grĆ¢ce Ć  un prĆŖtre, Mario Terrile, il se familiarise avec la spiritualitĆ© de Chiara Lubich, qui le bouleverse. C’est au cours de la Mariapolis de 1977, une rencontre du mouvement des Focolari, qu’Alberto reƧoit une grĆ¢ce qui va changer sa vie pour toujours : ” Dieu Amour “. La mĆŖme annĆ©e, il rejoint les Gen (GĆ©nĆ©ration Nouvelle), la branche des jeunes du Mouvement, et c’est lĆ  qu’il rencontre Carlo avec qui il fait l’expĆ©rience d’une profonde unitĆ© qui leur permet de dĆ©passer leurs diffĆ©rences de caractĆØre. Carlo, contrairement Ć  Alberto, est un garƧon plus portĆ© Ć  l’intĆ©rioritĆ© et poĆØte Ć  ses heures. Il Ć©tudie l’agriculture et aime lire, jouer de la guitare et Ć©crire des chansons. C’est un rĆŖveur, un idĆ©aliste, rien Ć  voir avec la grande passion d’Alberto pour la montagne et sa rigueur mathĆ©matique de futur ingĆ©nieur. Et pourtant une grande aspiration les unitĀ : leur dĆ©sir de porter aux autres l’idĆ©al Ć©vangĆ©lique du monde uni dans la joie et l’enthousiasme et, surtout, de toujours mettre en pratique le message de JĆ©sus « LĆ  où deux ou plusieurs sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux.Ā Ā» (Mt 18, 15-20). Au contact du mouvement des Focolari, qu’il connaissait depuis son enfance grĆ¢ce Ć  ses parents, Carlo a cultivĆ© l’art de “devenir saints ensemble”, une invitation lancĆ©e par Chiara dans l’un de ses messagesĀ : voilĆ  qui est devenu pour lui un objectif prioritaire, surtout aprĆØs son dĆ©mĆ©nagement Ć  GĆŖnes Ć  cause du travail de son pĆØre. Vir, “homme vrai, homme fort” n’est pas seulement le nom que lui donne la fondatrice du mouvement des Focolari, mais il devient au fil du temps un programme de vie pour Carlo qui puise sa force en JĆ©sus, la seule source d’Ć©nergie possible, comme il l’Ć©crit dans une de ses chansons : « Et respire dans l’air l’amour que te donne ce nouveau soleil qui se lĆØve sur toiĀ Ā». L’amitiĆ© entre ces deux jeunes a durĆ© trois ans, et pourtant ils semblaient avoir la maturitĆ© de personnes avisĆ©es et fortes d’une longue expĆ©rience, ce qui caractĆ©rise en gĆ©nĆ©ral la sagesse des anciens. Dans leur quĆŖte d’un Amour authentique, ils dĆ©couvrent la puretĆ© comme moyen d’atteindre la vraie libertĆ© ensemble et de partager cet idĆ©al avec leurs amisĀ : leurs pensĆ©es, profondes, s’entrecroisent en forme de motifs aux couleurs variĆ©es sur des feuilles de papier, les messages whatsapp d’autrefois. Alberto Ć©crit Ć  Carlo le jour de son dix-neuviĆØme anniversaire : « Ce sera probablement une annĆ©e de service militaire pour toi – peut-ĆŖtre de nouvelles difficultĆ©s, de nouvelles joies – Un peu comme la journĆ©e d’aujourd’hui, qui a commencĆ© par un temps merveilleux et qui, Ć  16 heures, s’est assombrie comme en hiver (…) Mais nous savons que derriĆØre ces nuages, il y a le soleil.Ā Ā» Alberto et Carlo ont cultivĆ© cet amour rĆ©ciproque qui leur a permis d’accueillir les joies et les peurs, les luttes et les conquĆŖtesĀ : confiants dans l’Amour qui peut tout faire, ils Ć©taient disposĆ©s Ć  vivre les paroles de l’Ɖvangile : « Personne n’a de plus grand amour que celui-ci : donner sa vie pour ses amisĀ Ā» (Jn 15,13). Alberto a perdu la vie dans les montagnes de Cuneo, le 18 aoĆ»t 1980, Ć  la suite d’une chute en escaladant un ravin gelĆ© dans les Alpes maritimes. Carlo n’a pas pu assister Ć  ses funĆ©railles. Le 16 aoĆ»t, il revient de la caserne pour des tests aprĆØs une sĆ©rie d’Ć©vanouissements et de paralysies des membres. Au bout de quelques heures, et aprĆØs avoir consultĆ© un mĆ©decin qui n’a pas cachĆ© la gravitĆ© de son Ć©tat, il est hospitalisĆ©. Il s’agit d’une nĆ©oplasie. On lui fait part de la mort d’Alberto, mais ses jours sont comptĆ©s et il doit se rendre de toute urgence Ć  l’hĆ“pital. 40 jours sĆ©pareront les deux amis avant qu’ils ne se retrouvent, unis pour toujours. Au cours des derniers jours qu’il a passĆ©s Ć  l’hĆ“pital, Carlo, bien que trĆØs affaibli, a saluĆ© tout le monde avec un grand sourire : « Je sais où je vais – a-t-il dit Ć  une infirmiĆØre – je vais rejoindre un de mes amis qui est parti il y a quelques jours dans un accident de montagne.Ā Ā» Il sent la forte prĆ©sence d’Alberto Ć  ses cĆ“tĆ©s et il est impatient de faire ce “saut en Dieu” dont il parle Ć  sa mĆØre Ć  l’hĆ“pitalĀ : une plongĆ©e dans l’immensitĆ© qui l’a ramenĆ© Ć  la maison du PĆØre le 29 septembre 1980. Aujourd’hui, 40 ans plus tard, ce pacte invisible scellĆ© dans l’amitiĆ© par Alberto et Carlo est plus fort que jamais et passe par une nouvelle phase. Ce qui est en rĆ©alitĆ© Ć©tonnant, c’est le caractĆØre extraordinaire de l’Ć©vĆ©nement. Dans l’histoire de l’Ɖglise, il n’est jamais arrivĆ© que le procĆØs de canonisation de deux personnes distinctes soit menĆ© en mĆŖme temps et concerne deux amis. Pour qu’Albert et Charles soient d’abord bĆ©atifiĆ©s et ensuite saints, deux miracles par leur intercession sont nĆ©cessaires, mais comme la priĆØre est la mĆŖme pour tous les deux , ils seront de toute faƧon “saints ensemble”. C’est la confirmation d’une amitiĆ© spirituelle comme chemin possible vers la saintetĆ©. En vivant “sur la terre comme au ciel”, ils ont expĆ©rimentĆ© la vraie joie, fruit d’une inspiration prophĆ©tique de Chiara : « Je souhaite que vous deveniez des saints, de grands saints, rapidement. Ainsi je suis sĆ»re de vous mettre le bonheur entre les mains. Ā»

Ā Maria Grazia Berretta

Friederike Koller : proximitƩ et vastes horizons

Friederike Koller : proximitƩ et vastes horizons

Toujours prĆŖte, disponible, proche et en mĆŖme temps capable d’avoir une vision globale. Elle nous a quittĆ©s le 5 dĆ©cembre dernier. Depuis 2014, elle Ć©tait ConseillĆØre au Centre International du Mouvement des Focolari.

Friederike Koller colle fondatrice du mouvement des Focolari Chiara Lubich

Aujourd’hui, savoir regarder et contenir un horizon qui s’élargit toujours davantage est une qualitĆ© nĆ©cessaire Ć  ceux qui occupent des postes de direction dans des organisations internationales où se rĆ©vĆØle la grande complexitĆ© qui caractĆ©rise notre Ć©poque. Friederike Koller avait cette capacitĆ©. Elle nous a quittĆ©s le 5 dĆ©cembre dernier aprĆØs une maladie foudroyante et une vie intense, passĆ©e principalement entre l’Europe et l’Afrique, mais vĆ©cue aux cĆ“tĆ©s de nombreuses personnes en provenance de tous les continents. De 2014 Ć  2020, en effet, Friederike, focolarine allemande, a Ć©tĆ© ConseillĆØre au Centre International du Mouvement des Focolari en tant que DĆ©lĆ©guĆ©e centrale, une responsabilitĆ© partagĆ©e avec Ɓngel Bartol ; c’est-Ć -dire qu’ils ont Ć©tĆ© les plus proches collaborateurs de la PrĆ©sidente et du CoprĆ©sident du mouvement, chargĆ©s d’une responsabilitĆ© importante et dĆ©licate : travailler au maintien de l’unitĆ© des communautĆ©s des Focolari dans le monde. Il s’agissait d’une mission qui concernait sur des rĆ©alitĆ©s locales et globales, pour ainsi dire, avec des dĆ©fis continuels et extrĆŖmement variĆ©s, où les diversitĆ©s culturelles, sociales et politiques exigeaient une vision globale de peuples entiers, sans oublier l’attention Ć  chaque personne. Friederike Ć©tait mĆ©decin de profession et comme le dit Peter Forst, un focolarino allemand – « elle a toujours eu le souci de guĆ©rir, jamais d’infliger de nouvelles blessures. Ɖcouter, savoir attendre, se laisser toucher profondĆ©ment par les situations, se mettre toujours en question, ĆŖtre proche, ne pas fuir les conflits, gagner la confiance : voilĆ  quelques-unes de ses grandes qualitĆ©s. Ā» L’attention portĆ©e Ć  chaque personne et le dĆ©sir de faire quelque chose de grand caractĆ©risent les choix de Friederike depuis sa plus tendre enfance : Ć  commencer par la musique et la danse qui, explique-t-elle, lui ont permis « d’entrer dans un monde qui ne passe pas, qui a saveur d’Ć©ternitĆ©.Ā Ā» Mais avec l’adolescence, elle commence Ć  se poser les grandes questions sur le sens de sa vie. Cette recherche l’amĆØne d’abord Ć  s’inscrire Ć  la facultĆ© de philosophie, puis Ć  changer complĆØtement d’orientation : elle choisit la mĆ©decine et pense pouvoir ainsi aider beaucoup de personnes et peut-ĆŖtre saisir le “secret” de la vie. Un Ć©pisode tragique marque un pas de plus vers la dĆ©couverte du sens qu’elle cherchait tant : paradoxalement, la mort absurde d’une amie, Ć  la suite d’un grave accident, lui ouvre une porte sur la prĆ©sence de Dieu en elle et une premiĆØre conversation avec Lui. « Pour la premiĆØre fois – raconte-t-elle – ce Dieu qui me semblait n’ĆŖtre qu’un “juge” est devenu vie, beautĆ© et harmonie.Ā Ā» C’est ainsi qu’elle a dĆ©couvert en Lui la VĆ©ritĆ© qu’elle avait tant cherchĆ©e. Le premier contact avec la spiritualitĆ© des Focolari coĆÆncide pour Friederike avec la dĆ©couverte d’un Ɖvangile ” possible ” et rĆ©alisable. « Ma conception individualiste de la pensĆ©e et de l’action – raconte-t-elle – s’est Ć©croulĆ©e, et peu Ć  peu j’ai commencĆ© Ć  regarder les personnes qui m’entouraient comme de vĆ©ritables frĆØres et sœurs, confiante dans l’Amour du PĆØre pour chacun.Ā Ā» La vie est devenue intense et riche : au travail, avec les jeunes, au service des plus pauvres. « Je sentais en moi le dĆ©sir de me donner pleinement Ć  Dieu ; en mĆŖme temps, j’avais une peur folle de perdre ma libertĆ©.Ā Ā» C’est Ć  cette Ć©poque qu’elle approfondit sa connaissance de Marie, la mĆØre de JĆ©sus : « Un jour, je me suis souvenu de ce “oui” qu’elle avait dit contre tout raisonnement humain, et malgrĆ© toutes les peurs qu’elle Ć©prouvait aussi. Cela m’a donnĆ© le courage de dire aussi mon “oui”.Ā Ā» AprĆØs l’Ć©cole de formation des focolarines Ć  Loppiano (Italie), elle retourne vivre en Allemagne, d’abord Ć  Cologne, puis Ć  Solingen. Elle exerce la profession de mĆ©decin pendant quinze ans, qu’elle dĆ©finira comme « une Ć©cole d’humanitĆ©, de partage, mais aussi d’humilitĆ© et de profond respect devant la vie de tant de personnes aux difficultĆ©s inimaginables.Ā Ā»

Friederike avec des jeunes au Nigeria

En 2010, le mouvement des Focolari cherchait une responsable pour le NigĆ©ria, Ć  un moment difficile pour la situation sociale du pays soudainement confrontĆ© au terrorisme. Friederike, alors coresponsable des Focolari dans le nord-ouest de l’Allemagne, n’a pas demandĆ© ce serviceĀ  Ć  d’autres, mais elle s’est proposĆ©e pour y aller. « Elle aimait vraiment le peuple nigĆ©rian – rappellent les focolarine de ce pays – avec ses Ć©normes dĆ©fis gĆ©ographiques, ethniques et religieux. Elle a su partager nos difficultĆ©s, accompagnant chaque situation jusqu’au bout. Elle nous a Ć©paulĆ©es et nous a encouragĆ©es Ć  toujours choisir les plus petits.Ā Ā» Elle avait un amour de prĆ©dilection pour les laissĆ©s-pour-compte, les pauvres, les oubliĆ©s, et sa sollicitude envers tous ceux qu’elle rencontrait n’a jamais changĆ©, mĆŖme lorsqu’elle avait d’importantes responsabilitĆ©s. Au cours de ces derniĆØres annĆ©es, tous les 15 jours, elle se rendait comme bĆ©nĆ©vole Ć  Rome au Centre Astalli, qui accueille des femmes immigrĆ©es. Elle prĆ©parait le dĆ®ner et, si nĆ©cessaire, aidait Ć  nettoyer la cuisine. Parfois, un dialogue spontanĆ© s’instaurait avec ces femmes, et, dans certains cas, son expĆ©rience de mĆ©decin a Ć©tĆ© prĆ©cieuse. Elle restait Ć©veillĆ©e jusqu’Ć  ce que la derniĆØre soit rentrĆ©e, souvent tard dans la nuit. Le lendemain matin, elle partait trĆØs tĆ“t pour Rocca di Papa, afin de rejoindre directement son bureau au Centre International des Focolari. Tous les 15 jours, de faƧon discrĆØte et presque incognito, elle se rendait Ć  Rome au Centre Astalli, comme bĆ©nĆ©vole, offrant accueil et consolation aux femmes immigrĆ©es. Elle a Ć©galement partagĆ© avec simplicitĆ© et naturel sa vie de communautĆ© au quotidien. « Elle faisait tout avec beaucoup de soin. Avec elle, il Ć©tait trĆØs difficile d’aimer en premier, on arrivait inĆ©vitablement toujours en second…Ā Ā» « Ce fut une grande chance d’apprendre Ć  connaĆ®tre Friederike – nous confie Conleth Burns, un jeune Irlandais avec qui Friederike a travaillĆ© pour le projet Pathways – elle Ć©tait toujours disponible, serviable, proche, capable de voir chaque rĆ©alitĆ© dans une perspective globale. Pour elle, l’unitĆ© avait toujours deux dimensions : grande et petite, quotidienne et stratĆ©gique, personnelle et sociale. Je pense que la meilleure faƧon de nous souvenir d’elle est de suivre son exemple et de le vivre pleinement.Ā Ā»

Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Anna Lisa Innocenti et Stefania Tanesini

Chiara LubichĀ : Veiller et prier

Nous sommes dans le temps liturgique de l’Avent. D’attente donc, de prĆ©paration pour NoĆ«l. Un temps pour veiller et prier. Mais comment faireĀ ? En cette occasion aussi, nous sommes aidĆ©s par les circonstances, par les frĆØres et les sœurs que nous rencontrons tout au long de nos journĆ©esĀ : l’amour que nous saurons donner sera notre priĆØre et elle sera agrĆ©able au Ciel. « Veillez et priezĀ Ā» (…) ces simples mots renferment le secret qui permet d’affronter aussi bien les Ć©vĆ©nements dramatiques de la vie que les inĆ©vitables Ć©preuves quotidiennes. Mais aujourd’hui, dans le rythme frĆ©nĆ©tique où la vie nous entraĆ®ne, comment rĆ©ussir Ć  ne pas nous laisser sĆ©duire par le chant de si nombreuses sirĆØnesĀ ? Et pourtant ces paroles de l’Ɖvangile sont faites pour nous aussi… JĆ©sus ne peut pas nous demander quelque chose que nous ne serions pas en mesure de rĆ©aliser, mĆŖme aujourd’hui. Il ne peut nous exhorter Ć  faire quelque chose sans nous donner aussi le moyen de vivre selon sa parole. Comment rester alors Ć©veillĆ©s et sur nos gardes comment ĆŖtre sans cesse recueillis dans la priĆØreĀ ? Peut-ĆŖtre avons-nous cherchĆ© Ć  le faire en nous protĆ©geant de tout et de tous. Mais ce n’est pas la bonne route et l’on ne tarde pas Ć  s’apercevoir qu’il faudra un jour ou l’autre, rebrousser chemin. La voie qu’il faut suivre, nous la trouvons aussi bien dans l’Ɖvangile que dans l’expĆ©rience humaine. Quand on aime une personne, notre cœur veille sans cesse tandis que nous l’attendons, chaque minute qui passe sans elle, est vĆ©cue en fonction d’elle. Celui qui aime est un bon veilleur. Veiller est le propre de l’amour. C’est ainsi qu’agit celui qui aime JĆ©sus. Il fait tout en fonction de Lui, Lui qu’il rencontre Ć  tout moment dans les manifestations simples de sa volontĆ© et qu’il rencontrera solennellement au jour de sa venue. (…) Ce sourire Ć  donner, ce travail Ć  accomplir, cette voiture Ć  conduire, ce repas Ć  prĆ©parer, cette activitĆ© Ć  organiser, cette larme Ć  verser pour le frĆØre ou la sœur qui souffre, cet instrument Ć  jouer, cet article ou cette lettre Ć  Ć©crire, cet Ć©vĆ©nement joyeux Ć  fĆŖter, ce vĆŖtement Ć  nettoyer… Si nous faisons tout cela par amour, tout, tout peut devenir priĆØre. Pour veiller, pour prier sans cesse, il faut donc ĆŖtre dans l’amourĀ : aimer la volontĆ© de Dieu et chaque prochain qu’il placera Ć  nos cĆ“tĆ©s. Aujourd’hui j’aimerai. Ainsi je veillerai et je prierai Ć  chaque instant.

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, in Parole di Vita, a cura di Fabio Ciardi, Opere di Chiara Lubich, CittĆ” Nuova, 2017, pag. 634-636)