Le Patriarche Bartolomé I a parcouru le cheminement œcuménique, quelles sont d’après vous les nouvelles paroles prononcées? « Les nouvelles paroles sont substantiellement au nombre de deux : la première est la parole de la fraternité entre le Pape François et le Patriarche Bartolomé. Le message que le Saint Père a envoyé à Bartolomé a profondément touché le cœur du Patriarche, qui a répondu en invoquant la prière ad multos annos pour le Pape François, afin de porter de l’avant ce chemin d’unité. Et la seconde nouvelle parole qui m’a beaucoup touché est ”l’unité dans la diversité”, qui entre autre est un leitmotif de beaucoup d’interventions du pape François, qui souligne combien l’Évangile n’est pas uniformité, mais bien valorisation des différences. Celles-ci sont unité justement dans la mesure dans laquelle jaillissant de l’unique source, elles se mettent en relation entre elles, elles savent découvrir réciproquement les dons, dont chacun est porteur. C’est ainsi que la diversité est la fleur de l’unité, quand elle est vécue comme relation, c’est-à-dire comme fraternité, comme communion. Celles-ci sont – me semble -t-il – deux très fortes paroles, très nouvelles, qui retentissent avec une efficacité toute particulière et qui soulignent la résonance qu’elles ont eue dans la grande foule présente – 1400 personnes – qui ont souligné les passages fondamentaux des interventions avec des applaudissements bien fournis, applaudissements qui venaient du cœur ». Dans un monde dans lequel les barrières se lèvent au nom de la diversité et de la non-reconnaissance de l’autre, quelle responsabilité les chrétiens ont-ils aujourd’hui ? « Une responsabilité unique, parce qu’au fond, c’est Jésus qui a apporté dans l’histoire de l’humanité, un modèle d’unité qui sait tenir la différence ensemble et sait la valoriser. Aucune vision humaine, aucune idéologie humaine n’ a réussi à garder ensemble unité et diversité. Ou elle est allée dans l’uniformisation ou elle est tombée dans l’anarchie. Jésus nous enseigne la vie, étroite, difficile qui, à la fin, passe également par la croix, mais qui porte à la résurrection, la transfiguration des différences dans l’unité. C’est cela la perle de l’Évangile, l’unité dans la diversité, la communion, la Sainte Trinité incarnée dans les relations avec tous, en commençant par les pauvres, comme nous le rappelle le Pape ». Ce fait de regarder vers la Trinité pour comprendre comment s’orienter dans la direction de l’unité dans la diversité, rappelle vivement le charisme de Chiara Lubich, sa vision des ”rapports trinitaires” comme paradigme sur lequel cheminer… « L’Institut universitaire Sophia est né de l’inspiration de Chiara quand elle a compris que le moment était venu pour que le charisme qui lui avait été donné par Dieu, qui avait fait naître l’expérience aussi universelle que celle du Mouvement des Focolari, devienne aussi expression culturelle. Car des méditations, des paradigmes sont toujours nécessaires – comme dit le Pape François, une révolution culturelle – , pour savoir canaliser l’existence vers de nouvelles frontières. C’est pour cela qu’est né l’Institut universitaire Sophia : une jeune créature, petite, qui connaît toutes les limites du début et des forces humaines, mais qui expérimente aussi la grandeur de l’Esprit de Dieu, du charisme de l’unité, de l‘ut unum sint qui est la clé de notre époque. Notre engagement est alors d’ élaborer culturellement avec prophétie, avec une vision, avec un sens concret, avec réalisme, ce que signifie ce paradigme de l’unité dans la diversité en politique (la politique de la fraternité), en économie, (l’Économie de Communion), au niveau philosophique (le respect de l’altérité) dans tous les domaines. Cette harmonie si profonde me semble importante entre ce que dit le pape François (la mystique du ‘nous’, une Église qui sort), le patriarche Bartolomé (l’unité dans la diversité), le charisme de l’unité donné à cette époque-ci….pour cheminer ensemble. L’Esprit Saint est un artiste, il sème à l’infini des dons de tous genres mais il mise sur un projet bien précis : aujourd’hui c’est assainir ces conflits, ces fractures qui sont présentes dans l’humanité, afin de faire germer ce qu’il y a déjà de positif et qui sont énormément de choses. Donc, ça doit être un laboratoire d’espérance ». Source : interview réalisée pour différents journaux, après l’attribution du doctorat h.c. au Patriarche œcuménique de Constantinople Bartolomé I.
Ouvrir la porte du cœur à la joie
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