Présentation du Bilan de Communion 2024 qui s’est tenue à Rome (Italie) le 6 novembre 2025. La vidéo est en italien avec une intervention en anglais. Les sous-titres ont été générés automatiquement, il faut les activer et choisir la langue.
En vue de l’Assemblée, le 7 novembre 2025 s’est achevée la première collecte, provenant des différentes régions du monde, des indications de préférences pour l’élection de la Présidente, du Coprésident et des Conseillers/ères généraux, mais aussi la phase de collecte des idées et des propositions de thèmes à aborder lors de l’Assemblée. Quelles sont les prochaines étapes ? Comment ces propositions seront-elles organisées ?
Du monde entier, plus précisément des 15 zones qui composent le Mouvement des Focolari, sont arrivées diverses propositions, issues tantôt d’une réflexion communautaire, tantôt d’une réflexion individuelle. Quelques-unes ont déjà été synthétisées par les commissions zonales présentes dans plusieurs lieux qui, avec toutes les autres, seront lues avec attention, regroupées par thèmes et résumées afin d’en faciliter la lecture. En tant que Commission Préparatoire de l’Assemblée (CPA), nous sommes déjà au travail dans ce sens. Certaines aires thématiques regrouperont les propositions examinées et synthétisées à proposer à l’Assemblée. Un parcours de discernement authentique, dans lequel la communion entre nous sera fondamentale dans le processus de décision opérationnelle. L’Assemblée, en recevant le fruit de ce travail, aura pour tâche d’examiner les idées, d’en envisager de nouvelles si elle le juge nécessaire et de voter pour définir les orientations des cinq prochaines années d’activité de l’Œuvre. Il est bien sûr important de souligner que toutes les propositions que nous avons recueillies en tant que CPA seront consignées dans un « livre des propositions », un dossier que les participants à l’Assemblée pourront lire personnellement ou lors des différentes rencontres. Aucune contribution qui nous est arrivée pendant cette période précieuse ne sera donc perdue, mais figurera dans un vademecum pour pouvoir continuer à cheminer ensemble.
Au cours de cette période, des propositions de modification des Statuts Généraux ont également été recueillies. Pouvez-vous nous expliquer quels sont les critères utilisés pour mener à bien un tel travail ?
En ce qui concerne cette consultation, il faut tout d’abord tenir compte de la nécessité qui s’est fait jour d’approfondir encore plus nos Statuts Généraux, afin de mieux comprendre ce qui est davantage lié au moment historique où ils ont été écrits et ce qui, en revanche, est lié au charisme. C’est pourquoi suivant les indications de Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, nous nous sommes concentrés pour le moment sur des thèmes qui ont guidé nos pas dans la collecte de propositions de modifications aux Statuts Généraux. Par exemple, l’application des dispositions établies par le Décret du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, du 3 juin 2021, qui réduit la durée des mandats à un maximum de 5 ans. Un autre élément à ne pas négliger concerne certaines nécessités apparues dans la vie du Mouvement, compte tenu par exemple de la grande réorganisation territoriale survenue ces dernières années dans les différentes aires géographiques ; cela conduit à responsabiliser davantage tous les membres de l’Œuvre, à la possibilité de réduire encore le nombre des conseillères et des conseillers élus lors de l’Assemblée et à l’attention portée à des propositions déjà formulées lors de la précédente Assemblée Générale de 2021.
Comment passe-t-on concrètement de la proposition à la modification effective des Statuts ?
Comme nous l’avons déjà dit, nous sommes conscients qu’il ne sera pas possible d’engager un changement global dans les Statuts Généraux, mais nous examinerons en particulier les aspects qui ne peuvent être reportés. Nous avons donc vécu un parcours qui nous a conduits à recueillir des propositions du monde entier, par l’intermédiaire de la Commission Préparatoire de l’Assemblée, dans le cadre d’un processus participatif mené dans les différentes aires géographiques où le Mouvement des Focolari est présent. À présent, Margaret Karram a confié l’étude de ces propositions à une commission spécifique, qui procédera aux évaluations nécessaires. Cette commission, composée de personnes compétentes dans différents domaines, élaborera un avis qui viendra s’ajouter à l’étude réalisée ces dernières années par une autre commission mandatée après l’Assemblée de 2021 ; cela permettra de fournir à la Présidente et à la prochaine Assemblée les éléments nécessaires pour discerner si ces propositions sont cohérentes, avant tout avec le charisme, avec le droit canonique, avec la réalité que vit aujourd’hui l’Œuvre de Marie, etc. Les propositions seront donc présentées en mars prochain à l’Assemblée Générale, qui a la faculté de délibérer et d’approuver. Les modifications qui seront éventuellement approuvées par l’Assemblée seront soumises ensuite au Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie, dont nous dépendons comme Mouvement, qui pourra les approuver ou non. Ce n’est qu’après cette approbation qu’elles seront applicables.
La Commission préparatoire de l’Assemblée (CPA), composée de membres du Mouvement des Focolari provenant de différents continents et ayant différentes vocations, lors de sa première réunion en présentiel en avril 2025. Photo Javier García – CSC Audiovisivi
La méthode qui sera utilisée à certains moments de l’Assemblée Générale s’inspirera de celle de la « Conversation dans l’Esprit ». Pouvez-vous nous expliquer en quoi elle consiste ?
Cette méthode, utilisée au cours du Synode, est une dynamique de discernement, un outil que nous avons proposé d’adopter également dans les Assemblées de zone : la conversation dans l’Esprit à la lumière du charisme de l’unité. Il ne s’agit pas d’une simple technique permettant de résoudre pacifiquement des questions entre des personnes qui ont des opinions différentes. C’est quelque chose de très profond qui engage tout le monde et qui se réalise à travers quelques passages essentiels, à commencer, plus précisément, par une préparation personnelle : chacun se confiant au Père, se mettant dans le silence, en prière et à l’écoute de l’Esprit Saint, prépare sa propre contribution inhérente à la question sur laquelle on est appelé à discerner. Ensuite, il est nécessaire de faire place aux autres dans un climat de grande communion : à partir de ce que les autres ont dit, chacun peut partager ce qui a le plus résonné en lui et, en même temps, ce qu’il a le plus de mal à accueillir. Sur la base de ce qui est ressorti, on entame le dialogue afin de discerner et de recueillir le fruit de la conversation dans l’Esprit : reconnaître les intuitions et les convergences, identifier les divergences, les obstacles et laisser émerger de nouvelles questions. Il est très important, dans cette dynamique, de laisser la place à ce qu’on appelle les « voix prophétiques », ces intuitions aptes à lire en profondeur l’histoire, et que chacun, dans cette dimension communautaire, puisse sentir que sa pensée fait partie du résultat final des travaux. Pour cette raison, il convient de faire précéder toute chose par le Pacte d’amour réciproque, qui exprime la ferme volonté de cheminer ensemble vers Dieu concrètement, en s’aidant, en se pardonnant, en recommençant chaque fois que cela est nécessaire. Ce faisant, la conversation dans l’Esprit facilitera le discernement requis. Elle sera utile pour “reconnaître” la présence de Dieu dans la complexité des événements historiques, les « interpréter” à la lumière du charisme de l’unité et avoir le courage de croire en la possibilité de « mettre en œuvre » ce qui aura été décidé.
Outre les participants ayant droit de vote, certains invités seront également présents à l’Assemblée, mais ils ne pourront pas voter. Quelle est la signification de leur présence ?
C’est le Statut même de l’Œuvre qui prévoit la présence à l’Assemblée d’un certain nombre de participants invités directement par la Présidente, dans la mesure où leur contribution est considérée comme précieuse et très enrichissante. Il s’agit de personnes qui participent au Mouvement de diverses manières et sous différentes formes : membres de différentes Églises, fidèles de différentes religions, personnes de convictions non religieuses ou de cultures différentes, experts dans des domaines variés. Grâce à leur expérience, elles peuvent aider au discernement sur divers thèmes. Leur présence permet d’élargir le regard et les horizons. Ainsi, l’Assemblée pourra mieux représenter l’Œuvre dans sa diversité, la rendant plus apte à vivre pour l’ut omnes. Les invités participeront comme les autres aux discussions en plénière et aux travaux de groupe. La seule différence est qu’ils ne pourront pas voter, mais le vote n’est qu’un des moments de l’Assemblée qui se veut avant tout une expérience profonde d’unité pour réfléchir et discerner ensemble, à l’écoute de l’Esprit Saint, sur l’avenir de l’Œuvre.
Au petit matin du 10 novembre, le moine bouddhiste thaïlandais Phra Maha Thongrattana Thavorn s’est éteint et la nouvelle s’est rapidement propagée parmi les communautés des Focolari à travers le monde. Sa disparition appelle l’attention sur un parcours de dialogue entre les Religions, engagé à œuvrer pour un monde uni, pour la compréhension réciproque et pour la paix.
Son histoire croise celle du Mouvement des Focolari en 1995, lorsqu’il accompagne son disciple Somjit en Italie et visite pour la première fois Loppiano, la cité-pilote internationale du Mouvement. C’est là qu’il rencontra Chiara Lubich. La proximité spirituelle que le moine ressentit dès lors avec la fondatrice des Focolari fut telle qu’il commença à l’appeler « maman Chiara ». De son côté, Chiara reconnut en lui une âme d’une profondeur extraordinaire, à même d’éclairer la voie du dialogue interreligieux de façon authentique et respectueuse, d’où le nom « Luce ardente » (Lumière ardente) sous lequel il est connu de beaucoup. Depuis lors, le moine thaïlandais est devenu un ami fidèle du Mouvement, participant à de nombreux événements en Asie et en Europe. Sa présence était discrète mais profonde, et son message toujours clair : les religions ne doivent pas entrer en concurrence, mais collaborer pour le bien de l’humanité.
« Luce Ardente » con Chiara Lubich a Bangkok , Thailandia (1997)
Margaret Karram, Présidente des Focolari, a écrit ceci aux communautés du monde entier :
« Il a vécu pleinement le nom que Chiara lui avait donné, étant partout un instrument de lumière, de consolation et d’espérance. Jusqu’au dernier instant, il a aimé et vécu pour construire la fraternité. Au cours de sa vie, il a su parler de l’unité de manière unique, avec sagesse et passion, dans des livres, des revues, des émissions de radio, des rencontres avec des moines et des laïcs bouddhistes, non sans avoir à faire face à des difficultés. Un jour, à un moine qui lui demandait, perplexe : « Maître, tu suis une femme chrétienne ?”, il répondit : “Je ne suis pas une femme, mais son idéal de fraternité universelle. Elle n’appartient pas seulement aux chrétiens, elle nous appartient à nous aussi.”
Dans son dernier message, il m’a écrit : « Margaret, je souffre, mais je résiste, je résiste, je résiste, car mes souffrances ne sont rien comparées à celles de Jésus sur la croix. Je résiste parce que je suis un fils de ‘maman Chiara’. Souviens-toi : nous ne nous voyons plus, mais un jour nous nous reverrons. Je vais bientôt la rejoindre. »
Personnellement, je garde dans le cœur chaque mot qu’il m’a écrit et chaque conseil qu’il m’a donné. Il m’a appris ce que signifie « résister par amour », et son unité avec moi a été un don précieux que je n’oublierai jamais.
Luce Ardente a demandé à être enterré à Loppiano, où il a rencontré Chiara et découvert la spiritualité de l’unité. Dans une interview accordée en 2021, il réaffirmait avec force sa vision : « Je voudrais que chacun, dans sa propre religion, cherche la signification profonde de sa doctrine. C’est seulement ainsi que nous pourrons vivre ensemble dans la paix et l’harmonie. » C’est un appel à la profondeur, à la sincérité, au partage. Une invitation qui résonne aujourd’hui comme un testament spirituel.
« Nous avons choisi de raconter des histoires de proximité et de fraternité, fruits de l’engagement de nombreuses personnes et communautés dans le monde qui, au quotidien, cherchent à susciter la confiance. » C’est par ces mots que Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, a ouvert la présentation du Bilan de communion 2024 (BdC) qui s’est tenue le 6 novembre 2025 à l’Institut pontifical patristique Augustinianum de Rome. Un document va au-delà du simple rapport économique et présente les œuvres actives liées aux Focolari, dans différents pays ainsi que leur impact concret sur les personnes, les communautés et les territoires. « Il ne se limite pas à quantifier des chiffres, mais raconte des relations », a souligné Sœur Alessandra Smerilli, secrétaire du Dicastère pour le développement humain intégral. « La communion est un bien stratégique. Ce n’est pas un simple partage de ressources, mais il s’agit de construire des liens qui génèrent confiance, cohésion et résilience. En termes économiques, c’est un capital relationnel : il réduit les coûts de l’exclusion, favorise la participation, rend possibles des processus de développement humain intégral. Là où il y a communion, la fragilité devient une opportunité, car ceux qui sont intégrés dans des réseaux de réciprocité ont plus de chances de sortir de la marginalité. À une époque de grandes inégalités, ce bilan est une dénonciation prophétique et une bonne nouvelle : chaque acte individuel est important. »
Margaret KarramAlessandra Smerilli – Moira Monacelli
Les données
Ruperto Battiston, coresponsable économique des Focolari, présente les chiffres : « Le BdC 2024 enregistre des recettes de 8,1 millions d’euros provenant de dons, de la libre communion des biens des membres et de contributions d’institutions externes pour des projets de formation. Les dépenses s’élèvent à 9,6 millions d’euros et ont été destinées à des initiatives générant une valeur à long terme : projets locaux, cités-pilotes, œuvres sociales, parcours de formation et culturels, de même qu’au soutien du Centre International.
Grâce à une communion des biens extraordinaire de 208 568 euros, il a été possible d’aider les personnes du Mouvement qui se trouvent dans des situations de besoin particulier, ainsi que les structures qui soutiennent les plus pauvres.
En outre, l’Économie de Communion a distribué 394 aides individuelles et soutenu 14 projets dans 13 pays, pour un total de 669 566 euros.
Parmi les nombreuses données, nous avons choisi cette année de mettre en évidence les sommes destinées aux structures liées à la protection de la personne et à la formation à cette protection, comme nous l’a recommandé le récent rapport de la Commission Pontificale pour la Protection des Mineurs. »
De la Sicile à Manille : un voyage dans la communion
Cinq œuvres parmi celles illustrées dans le Bilan ont été présentées : Fo.Co. ONLUS – Italie: une coopérative sociale qui accueille des migrants et des mineurs non accompagnés, en favorisant l’inclusion et le travail. Elle a rouvert un ancien couvent, le transformant en centre d’accueil ; UNIRedes – Amérique latine : un réseau de 74 organisations actives dans 20 pays, qui rejoint chaque année des milliers de personnes par le biais de projets éducatifs, sanitaires et culturels. Le Centre médical Focolari – Man, Côte d’Ivoire : né pendant la guerre civile, il est aujourd’hui un centre de santé ouvert 24 heures sur 24, avec des services de télémédecine et d’hospitalisation. Focolare Carpentry – Philippines : un centre de formation professionnelle qui a redonné dignité et travail à plus de 300 jeunes exclus du système scolaire. TogetherWEconnect – Israël et Palestine : un projet éducatif qui implique 500 étudiants dans des parcours de dialogue, d’estime de soi et de citoyenneté active.
Une méthodologie inspirée de l’Évangile
« La communion n’est pas de l’assistanat, mais une dynamique de protagonisme et de réciprocité », a expliqué Moira Monacelli de Caritas Internationalis. « Être présent ne signifie pas seulement faire pour, mais marcher avec. » Les œuvres présentées dans le Bilan naissent d’un amour concret, qui se traduit par l’écoute, la coresponsabilité, la formation et la confiance en la Providence. « Donner espérance, ce n’est pas le dire avec des mots », a conclu Moira Monacelli, « mais construire des communautés où la fraternité devient réalité. »
Le Bilan de Communion (BdC) est un outil qui s’inscrit dans la lignée des bilans sociaux des organisations non gouvernementales et à but non lucratif : il exprime un style inspiré de l’Évangile et constitue une invitation à encourager les relations de réciprocité et de communion, à contribuer à la réalisation de sociétés où les personnes et les peuples peuvent vivre dans la dignité, la justice et la paix. Pour l’année 2024, le Mouvement des Focolari a analysé les données relatives aux œuvres, projets et actions stables et continues présentes dans de nombreux pays. Les données présentées ne constituent pas une cartographie complète ni exhaustive de toutes les initiatives en cours, mais elles offrent un échantillon significatif qui exprime l’engagement de plus d’une centaine d’œuvres à répondre aux besoins de l’humanité, soutenues par la spiritualité des Focolari, afin de générer confiance, cohésion sociale et sens de la communauté.