Du 4 au 6 juin 2025, à la veille du Jubilé des Mouvements qui a réuni place Saint-Pierre les différentes réalités ecclésiales en présence du pape Léon XIV, a eu lieu au Vatican la Rencontre annuelle des modérateurs des Associations de fidèles, des Mouvements ecclésiaux et des Nouvelles communautés, à laquelle les Focolari ont participé. Réunir les charismes pour contribuer au chemin d’unité dans l’Église est le désir commun qui animait les différents participants, en ce moment historique qui nous montre un monde particulièrement déchiré et polarisé. Nous vous proposons ci-dessous quelques interviews de Présidents et Fondateurs qui mettent en lumière le grand besoin de se sentir frères dans ce parcours et, en même temps, la gratitude de pouvoir se mettre au service pour, tous ensemble, renforcer l’espérance.
Écoutons Chiara Amirante, fondatrice de la Communauté Nuovi Orizzonti
Du 4 au 6 juin 2025, à la veille du Jubilé des Mouvements qui a réuni place Saint-Pierre les différentes réalités ecclésiales en présence du pape Léon XIV, a eu lieu au Vatican la Rencontre annuelle des modérateurs des Associations de fidèles, des Mouvements ecclésiaux et des Nouvelles communautés, à laquelle les Focolari ont participé. Réunir les charismes pour contribuer au chemin d’unité dans l’Église est le désir commun qui animait les différents participants, en ce moment historique qui nous montre un monde particulièrement déchiré et polarisé. Nous vous proposons ci-dessous quelques interviews de Présidents et Fondateurs qui mettent en lumière le grand besoin de se sentir frères dans ce parcours, et, en même temps, la gratitude de pouvoir se mettre au service pour, tous ensemble, renforcer l’espérance.
Écoutons Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté Sant’ Egido.
En regardant la retransmission en direct de la veillée à Tor Vergata, dans la banlieue de Rome, et en voyant ces images d’une immense foule, une question peut se poser : qu’est-ce que ces jeunes sont venus chercher ici ? Être près du pape Léon XIV ? Cela ne me semble pas être une motivation suffisante. Découvrir Rome ? Peut-être, mais ils n’auraient certainement pas choisi ces conditions d’hébergement, de nourriture et de transport. Mais c’est dans le silence profond et prolongé pendant l’heure d’adoration que se trouve la réponse. Ces jeunes venus du monde entier ont été attirés par Jésus, peut-être à leur insu, pour cette rencontre personnelle et communautaire, où Il a sans doute parlé au cœur de chacun d’entre eux, qui rentrent chez eux transformés, avec une foi plus solide, avec une expérience du divin qu’ils n’oublieront jamais.
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La semaine du Jubilé dédiée aux jeunes a commencé le 28 juillet et s’est terminée le dimanche 3 août 2025. De nombreuses activités ont été organisées pour accueillir ceux qui venaient à Rome pour vivre ces journées : visites de lieux historiques, de basiliques, événements culturels, concerts, catéchèse.
Le Mouvement des Focolari a également proposé quatre parcours spéciaux à Rome, suivant le Pèlerinage des Sept Églises, conçu par Saint Philippe Néri : un itinéraire historique qui accompagne les pèlerins depuis le XVIe siècle. Un chemin de foi et de communion fraternelle, fait de prières, de chants et de réflexions sur la vie chrétienne, avec des activités de groupe, des catéchèses et des témoignages, aidés par un livret de méditations pour un approfondissement spirituel à la lumière du charisme de l’unité. Le groupe nombreux qui a adhéré à la proposition était composé de jeunes de langue anglaise, hongroise, néerlandaise, italienne, allemande, roumaine, coréenne, espagnole et arabe.
Tout le « voyage » s’est articulé autour de quatre idées clés : pèlerinage (un chemin), porte sainte (une ouverture), espérance (regarder vers l’avenir), réconciliation (faire la paix).
« Espérance » est la parole qui résonne dans le témoignage de Samaher, une jeune Syrienne de 28 ans : « Les années de mon enfance ont été douloureuses, sombres et solitaires. La maison n’était pas un lieu sûr pour une enfant à cause des conflits, ni la société, à cause du harcèlement. J’affrontais tout seule, sans pouvoir en parler à personne, en allant jusqu’à tenter de mettre fin à mes jours à cause d’une forte dépression et de la peur. L’Évangile m’a changée, après que la vie en moi s’était éteinte et que tout était devenu sombre… il m’a redonné la lumière ».
Les catéchèses ont eu lieu au Focolare meeting point et ont été animées par Tommaso Bertolasi (philosophe), Anna Maria Rossi (linguiste) et Luigino Bruni (économiste). « Un regard qui part de l’amour et suscite l’amour, n’est-ce pas là le visage le plus concret de l’espérance ? » est la question provocante posée par Anna Maria Rossi aux jeunes pèlerins.
José, un jeune Panaméen de 18 ans, l’a confirmé dans le témoignage qu’il a partagé au sujet de la période de sa maladie : : « Mon expérience montre que lorsque tu mets en pratique l’art d’aimer, qui consiste à voir Jésus en chacun, à aimer tout le monde, à aimer tes ennemis, à aimer comme toi-même, à s’aimer les uns les autres…, non seulement ta vie change, mais celle des autres aussi. C’est précisément cet art d’aimer, que beaucoup de personnes ont partagé avec moi, qui a créé un équilibre si fort qu’il m’a aidé à ne pas m’effondrer dans les moments difficiles, me soutenant et me renforçant à travers chaque obstacle que j’ai rencontré ».
Laís, du Brésil, n’a pas non plus caché les difficultés rencontrées à cause de la séparation de ses parents : « Il y a eu des moments où je ne comprenais pas pourquoi ils vivaient séparés et où je souhaitais qu’ils se remettent ensemble. Cependant, lorsque j’ai mieux compris ce qui s’était passé entre eux, j’ai pu leur poser des questions sincères, et aucun des deux n’a caché la vérité. Cela m’a aidée à accepter la réalité de notre famille. Aujourd’hui, ils entretiennent une relation amicale et cela, pour moi, est un exemple de maturité, de pardon et d’amour véritable, qui va au-delà des difficultés et des erreurs. Il est possible de recommencer quand on s’engage vraiment ».
Le pape Léon a fait à plusieurs reprises des interventions et des saluts imprévus, comme lors de la messe de bienvenue, où il a tenu à être présent à la fin en parcourant, à bord de la « papamobile », la place Saint-Pierre et la via della Conciliazione, bondées de jeunes, pour les saluer. S’exprimant spontanément, il a déclaré : « Nous espérons que vous serez tous toujours des signes d’espérance. (…) Marchons ensemble avec notre foi en Jésus-Christ et notre cri doit aussi être pour la paix dans le monde ».
Puis, le samedi 2 août, alors que la nature offrait un magnifique coucher de soleil, répondant aux questions des jeunes à Tor Vergata, il a réitéré son appel : « Chers jeunes, aimez-vous les uns les autres ! S’aimer dans le Christ. Savoir voir Jésus dans les autres. L’amitié peut vraiment changer le monde. L’amitié est un chemin vers la paix ». Et il a ajouté : « Pour être libres, il faut partir d’une base solide, du roc qui soutient nos pas. Ce roc, c’est un amour qui nous précède, nous surprend et nous dépasse infiniment : c’est l’amour de Dieu. (…) Nous trouvons le bonheur lorsque nous apprenons à nous donner, à donner notre vie pour les autres ». Et il a indiqué la voie à suivre pour suivre Jésus : « Voulez-vous vraiment rencontrer le Seigneur ressuscité ? Écoutez sa parole, qui est l’Évangile du salut ! Recherchez la justice, en renouvelant votre mode de vie, pour construire un monde plus humain ! Servez les pauvres, en témoignant du bien que nous aimerions toujours recevoir de notre prochain ! ».
Lors de la messe dominicale, le pape Léon XIV a dit aux jeunes que nous sommes faits « pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour. Et ainsi, nous aspirons continuellement à un « plus » qu’aucune réalité créée ne peut nous donner ; nous ressentons une soif si grande et si brûlante qu’aucune boisson de ce monde ne peut l’étancher ». Il a conclu son homélie par une invitation poignante : « Très chers jeunes, notre espérance, c’est Jésus. (…) Aspirez à de grandes choses, à la sainteté, où que vous soyez. Ne vous contentez pas de moins ».
En les saluant à la fin, il a qualifié ces journées de « cascade de grâce pour l’Église et pour le monde entier ». Réitérant encore son appel à la paix : « Nous sommes avec les jeunes (…) de toutes les terres ensanglantées par les guerres. (…) Vous êtes le signe qu’un monde différent est possible : un monde de fraternité et d’amitié, où les conflits ne sont pas résolus par les armes mais par le dialogue ».
Un compagnon à tes côtés
L’expérience unique et irremplaçable du Jubilé des jeunes 2025 touche à sa fin. Au cours de ce voyage incroyable, nous avons marché, chanté, dansé, ri, prié, marché, ri et marché encore… portés par un objectif commun et accompagnés de nombreux compagnons de route. Oui, car au-delà du programme merveilleux qui nous a enrichis culturellement et spirituellement, l’image de milliers de jeunes comme nous qui marchaient restera à jamais gravée dans nos yeux. Si nous avions demandé à certains d’entre eux quel était leur but, ils auraient peut-être répondu quelque chose comme : « Nous allons à l’église Sainte-Marie-Majeure » ou « Nous allons enfin nous reposer », mais je suis tout aussi convaincu que si nous leur avions également demandé comment ils s’y prenaient, ils auraient raconté avec des yeux pleins d’énergie les chansons qu’ils ont chantées, les jeunes avec lesquels ils se sont liés d’amitié et la plénitude d’esprit que cette marche leur a apportée. Au fond, pour nous, le Jubilé a été cela, un chemin comme aucun autre, dans une ville comme aucune
autre, où se rejoignent les rêves, les espoirs, les joies et les peines d’une foule immense, où même si vous marchez seul, vous avez toujours un compagnon à vos côtés, où le monde est à la fois minuscule et immense, où tout crie l’Unité. Nous rentrons chez nous avec un souvenir qui ne s’effacera pas facilement, le souvenir d’un Monde Uni qui se tient par la main et marche, la tête haute et le cœur rempli d’un esprit plus grand.
Je m’appelle Letícia Alves et je vis dans le nord du Brésil, à Pará.
En 2019, j’ai participé au Projet Amazonie, et pendant 15 jours, moi et un groupe de volontaires avons consacré nos vacances à vivre avec les habitants de la basse Amazonie, dans la ville d’Óbidos.
Avant de me lancer dans cette aventure, je me demandais si j’allais pouvoir me consacrer entièrement à cette expérience, qui se déroulait dans une réalité si différente de la mienne. Au cours du projet, nous avons visité des communautés riveraines de l’Amazone, et tous nous ont accueillis avec un amour inégalé.
Nous avons fourni des services de santé, de soutien juridique et familial, mais la chose la plus importante était d’écouter profondément et de partager la vie, les histoires et les difficultés des personnes que nous avons rencontrées. Les histoires étaient aussi diverses que possible : le manque d’eau potable, l’enfant qui avait une brosse à dents pour toute la famille, ou encore le fils qui voulait tuer sa mère… Plus nous écoutions, plus nous comprenions le sens de notre présence.
« Le défi urgent de protéger notre maison commune comprend la préoccupation d’unir TOUTE la famille humaine. »
LS, 13
Et parmi tant d’histoires, j’ai pu voir à quel point nous pouvons faire la différence dans la vie des gens : à quel point le simple fait d’écouter fait la différence, à quel point une bouteille d’eau potable fait la différence.
Le projet était plus que spécial. Nous avons pu planter une graine d’amour au milieu de tant de douleur et « construire ensemble » nous a fait grandir. Lorsque Jésus est présent parmi nous, tout devient inspirant, plein de lumière et de joie.
Ce n’est pas quelque chose que j’ai vécu pendant 15 jours et puis c’est fini, mais c’est une expérience qui a vraiment transformé ma vie, j’ai senti une forte présence de Dieu et cela m’a donné la force d’embrasser les peines de l’humanité autour de moi dans cette construction quotidienne d’un monde uni.
Je m’appelle Francisco. Je suis né à Juruti en Amazonie, une ville près d’Óbidos. J’ai été surpris d’apprendre que des personnes de différentes régions du Brésil traversaient le pays pour donner de leur personne afin de s’occuper de mon peuple et j’ai voulu me joindre à eux.
Ce qui m’a le plus frappé, c’est le bonheur de tous, des volontaires et des habitants, qui, bien que vivant avec si peu de biens matériels, ont fait l’expérience de la grandeur de l’amour de Dieu.
Après avoir vécu le projet Amazonia à Óbidos, je suis retournée à Juruti avec un nouveau regard et l’envie de continuer cette mission, mais dans ma propre ville. J’y ai vu les mêmes besoins qu’à Óbidos. Ce désir est devenu non seulement le mien, mais celui de toute notre communauté, qui s’est ralliée à la cause. Ensemble, nous avons pensé et donné naissance au projet Amazonia dans la communauté de São Pedro, aux fins d’écouter et de répondre au « cri » de ceux qui en ont le plus besoin et qui, souvent, ne sont pas entendus. Nous avons choisi une communauté sur le continent, nous avons commencé à suivre ses besoins et nous sommes partis à la recherche de professionnels bénévoles.
Avec la collaboration de plusieurs personnes, nous avons apporté la vie de l’Evangile, des soins médicaux, psychologiques, des médicaments et des soins dentaires à toute cette communauté. Surtout, nous avons essayé de nous arrêter et d’écouter les difficultés et les joies des personnes rencontrées.
J’ai une certitude : pour construire un monde plus fraternel et plus solidaire, nous sommes appelés à écouter les cris de ceux qui souffrent autour de nous et à agir, avec la certitude que tout ce qui est fait avec amour n’est pas petit et peut changer le monde !
Beaucoup a déjà été dit – et le sera encore – sur l’importance œcuménique de l’année 2025. Le 1700ᵉ anniversaire du Concile de Nicée n’est que l’un – même s’il est fondamental – des nombreux anniversaires importants pour l’ensemble de la chrétienté célébrés cette année. Pourquoi est-il essentiel de se souvenir de Nicée encore aujourd’hui ? Quelle est son actualité ? Pour bien le comprendre, il faut remonter au IVᵉ siècle.
Entre 250 et 318 évêques venus de tout l’Empire se rendirent à Nicée. L’objectif principal était de défendre et de confirmer la foi et la doctrine transmises par les apôtres sur la personne divine et humaine de Jésus-Christ, face à une autre doctrine qui se répandait parmi les chrétiens : celle du prêtre Arius d’Alexandrie d’Égypte et de ses partisans, qui soutenaient que Jésus-Christ n’était pas Dieu de toute éternité, mais la première et plus sublime créature de Dieu.En 313, l’empereur Constantin accorda la liberté de culte aux chrétiens, mettant fin aux persécutions religieuses dans tout l’Empire. Plus tard, en 324, Constantin devint l’unique autorité sur l’ensemble de l’Empire, tant occidental qu’oriental, mais il comprit qu’une controverse doctrinale risquait de troubler la paix dans ses territoires. Il décida donc de convoquer un Concile de toute l’Église afin de trancher cette question. Il était en effet conscient qu’il s’agissait d’un problème religieux, mais également convaincu que l’unité religieuse était un facteur important de stabilité politique.
Porte de Constantinople (Ancienne ville de Nicée)Porte de Lefke (mur de Nicée)
Il est compréhensible qu’un tel mystère – celui de la personne de Jésus-Christ – ait représenté un défi pour l’intelligence humaine. Mais en même temps, le témoignage des apôtres et de nombreux chrétiens, prêts à mourir pour défendre cette foi, était plus fort. Même parmi les évêques présents au Concile, beaucoup portaient encore les marques des tortures et souffrances subies pour cette raison.
Ainsi, ce Concile définit la foi sur laquelle repose le christianisme et que toutes les Églises chrétiennes professent : le Dieu révélé par Jésus-Christ est un Dieu unique mais non solitaire : le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont un seul Dieu en trois Personnes distinctes, existant de toute éternité.
Se souvenir de Nicée aujourd’hui est donc d’une grande importance et d’une grande actualité : c’est un Concile qui a posé les bases de la structure synodale de l’Église, que nous cherchons aujourd’hui à concrétiser davantage ; un Concile qui a unifié pour toute l’Église la date de la célébration de Pâques (des siècles plus tard – jusqu’à aujourd’hui – en raison du changement de calendriers, cette date est devenue différente pour les Églises d’Occident et d’Orient) et qui a fixé les points clés de la foi chrétienne. Ce dernier point, en particulier, nous interpelle fortement aujourd’hui. Peut-être que la tendance à ne pas croire en la divinité de Jésus-Christ n’a jamais complètement disparu. Aujourd’hui, pour beaucoup, il est plus facile et plus confortable de parler de Jésus en mettant en avant ses qualités humaines – homme sage, exemplaire, prophète – plutôt que de le croire Fils unique de Dieu, de même nature que le Père.
Iznik, l’ancienne Nicée, aujourd’hui une petite ville de Turquie
Face à ces défis, nous pouvons penser que Jésus-Christ nous adresse encore aujourd’hui la même question qu’un jour il posa aux apôtres : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,13-17).
Accepter et professer ensemble le Credo de Nicée est donc œcuméniquement important, car la réconciliation des chrétiens signifie une réconciliation non seulement entre les Églises aujourd’hui, mais aussi avec la tradition de l’Église primitive et apostolique.
En considérant le monde actuel, avec toutes ses angoisses, ses problèmes et ses attentes, nous prenons encore davantage conscience que l’unité des chrétiens n’est pas seulement une exigence évangélique, mais aussi une urgence historique.
Si nous voulons confesser ensemble que Jésus est Dieu, alors ses paroles – et surtout ce qu’il a défini comme son commandement nouveau, le critère par lequel le monde pourra nous reconnaître comme ses disciples – prendront une grande valeur pour nous. Vivre ce commandement « sera le seul moyen, ou du moins le plus efficace, de parler de Dieu aujourd’hui à ceux qui ne croient pas, de rendre la Résurrection du Christ traduisible en des catégories compréhensibles pour l’homme d’aujourd’hui »[1].