Avr 30, 2020 | Non classifié(e)
Jamais comme cette année, la Semaine du Monde Uni est un événement à la fois local et mondial. Plus de 400 micro et macro événements ont lieu dans 65 pays. Le tout strictement en ligne. Samedi 2 mai, à 12h00 (UTC +2), aura lieu le streaming en direct “#InTimeForPeace Web Event”. Vous n’avez que l’embarras du choix : vous pouvez commencer la Semaine du Monde Uni (SMU) en participant au Run4Unity en Australie ou au Texas, puis vous joindre à la prière pour la paix à Cuba et aller voir le « café politique » en Argentine. La série Webinair, promue par le Projet Monde Uni, est également très intéressante. Pour les amateurs de World Music, des événements et des concerts sont organisés dans différents pays africains. Et ce qui est formidable, c’est que vous ne devez même pas choisir : vous pouvez participer à tout et en plus, confortablement assis depuis chez vous. Le Covid-19 aurait pu être le patron de la Semaine du Monde Uni 2020 et il n’en a pas été ainsi ; pas seulement en tout cas. #intimeforpeace – à temps pour la paix – est le titre et le slogan de plus de 400 événements programmés dans 65 pays du monde entier. Cela signifie que pendant une semaine au moins, la paix, les droits de l’homme et la légalité feront l’objet de réflexions et d’actions 24 heures sur 24 et sous différentes latitudes ; cela signifie qu’un nombre croissant de personnes croient que la construction d’un monde régi par des règles, des économies, des cultures inspirées par la paix sous toutes ses formes possibles ne peut plus être reportée. Elle commence le 1er mai et jusqu’au 7 mai. Comme disent les jeunes, il y en aura pour tout le monde ! Sur la page web du Projet Monde Uni, il y a un large choix ; comme pour dire qu’il n’y a pas une seule façon de soutenir la paix, de lutter pour les droits de l’homme, de pratiquer la légalité. Que nous fabriquions des masques, que nous distribuions de la nourriture, que nous tenions compagnie à ceux qui sont seuls ou que nous fassions simplement notre devoir en restant à la maison, chaque geste de proximité, de solidarité, de soutien à distance relève du grand parapluie de la paix. Parmi les actions clés de cette SMU, il y a la pétition pour demander la fin de l’embargo contre la Syrie, promue par l’ONG New Humanity et signée par de nombreuses personnalités: l’appel envoyé au Secrétaire Général des Nations unies et au Président du Parlement européen a la force d’un appel mondial pour sauver un pays déjà à genoux après 10 ans de guerre et qui risque maintenant de sombrer dans l’abîme à cause de la menace du Covid. COMMENT, OÙ ET QUAND SUIVRE LES ÉVÉNEMENTS DE LA SMU L’espace et le conteneur du marathon multimédia “In Time For Peace” est le site www.unitedworldproject.org où vous pouvez également consulter le calendrier des événements locaux. Les événements centraux Samedi 2 mai, à 12h00 (UTC +2), le streaming en direct “#InTimeForPeace Web Event” connectera différentes villes de la planète, en racontant des histoires et des actions, en accueillant des débats et des performances artistiques. Dimanche 3 mai, de 11h à 12h dans chaque fuseau horaire, il y aura virtuellement Run4unity, un événement sportif, un relais non-stop qui embrassera le globe, avec des jeux, des défis, des témoignages et des engagements pour répandre symboliquement un arc-en-ciel de paix sur la Terre.
Stefania Tanesini
www.unitedworldproject.org
Avr 29, 2020 | Non classifié(e)
Tout dépend de la manière avec laquelle on regarde « l’autre », la sœur ou le frère : les situations peuvent se retourner si nous choisissons d’aimer. Des temps durs Krystyna me parlait des temps durs de la Pologne lorsqu’elle était en état de guerre : « Les vivres alimentaires et les produits pour l’hygiène faisaient défaut, nous recevions des choses de la part d’amis qui habitaient dans ce qu’on appelait l’Allemagne de l’Est. Par contre, nos voisins faisaient la fête très souvent avec une utilisation abondante d’alcool. Un jour cependant, nous avons remarqué qu’il y avait un silence inhabituel dans leur appartement et nous avons appris, par leur fillette qui était désormais seule, que la maman était à l’hôpital. J’avais été la trouver en lui apportant du savon et du dentifrice, denrées introuvables à cette époque-là. A peine m’avait-elle vue, qu’elle m’avait montré sa stupéfaction : « C’est vous que j’ai pourtant toujours dérangée, vous qui êtes venue me rendre visite ? Aucun des amis que nous fréquentions n’est venu me trouver. Une fois rentrée à la maison, elle m’invita chez elle. L’accueil fut chaleureux. Puis elle commença à me confier quelque chose de sa triste enfance, le non- sens de sa vie et le besoin de sortir d’un certain cercle vicieux. Je l’avais écoutée avec amour et lui avais assuré que j’allais prier pour elle. Par la suite, l’homme qui vivait avec elle s’en était allé et la fameuse compagnie bruyante avait donc arrêté de fréquenter cette maison. Finalement, cette maman avait pu offrir une vie « normale » à sa fillette ». B.V.- Pologne Un jeune couple du Sud Arrivés du Sud de l’Italie, ils avaient quitté leur terre pour se transférer au Nord afin de quitter un village où la mafia était dominante. Ils avaient besoin de trouver une maison et un travail tous les deux. Ma propre situation financière n’était pas des plus florissantes, mais avec l’aide de la foi, j’ai commencé à les aider et à chercher avec eux un logement. Malheureusement, lorsque je disais qu’ils venaient du Sud, de nombreuses portes se fermaient. J’ai pleuré avec eux et une fois de plus, j’ai compris que seul un pauvre peut comprendre un autre pauvre. J’ai vécu avec ce jeune couple de nombreuses humiliations, et, lorsqu’à la fin, nous avons trouvé maison et travail, je me suis retrouvée enrichie par ces moments vécus ensemble. V.M. – Italie Les nappes volées Je travaille comme caissière dans un restaurant. Je ne me fais aucun scrupule à demander les restes en cuisine pour les apporter aux enfants qui vivent dans les rues. Ils sont tellement nombreux ceux qui tous les jours, je rencontre sur mon chemin quand je rentre chez moi. Un jour, alors que je descends du bus, quelqu’un m’arrache le sac de mes mains et s’enfuit. Je suis interdite : il y avait dans le sac, dix nappes du restaurant à peine retirées du salon lavoir. Comment faire ? Comment vais-je l’annoncer à mon patron ? Acheter le tissu pour les refaire, c’est impensable, c’est beaucoup trop cher pour moi et je ne sais pas comment le dire à ma maman et au directeur du restaurant. Je suis cependant certaine que le Père Éternel m’aidera. Le jour suivant, je raconte à mon patron ce qui m’est arrivé, et lui, sans se décomposer, me dit qu’il attend les nappes le plus vite possible. A ce moment-là, une cliente qui a écouté la conversation s’approche et se déclare disponible pour acheter le tissu nécessaire à la confection des nouvelles nappes. Incroyable ! Ma première raison de me réjouir, fut celle de penser aux enfants que j’allais encore pouvoir aider dans la rue avec la nourriture. D.F. – Philippines Confiance Je rencontrai Alvaro dans une brasserie : 35 ans, négligé et avec une barbe mal rasée. Lorsqu’il me demanda de l’aider pour compléter des formulaires de demande d’emploi, je lui donnai rendez-vous dans mon studio le jour suivant. Il se présenta en soirée en disant qu’en réalité il ne cherchait qu’un peu d’amitié. J’eus pour lui de la compassion et surmontant le dégoût dû à l’odeur qu’il émanait, je lui offris un verre de brandy. Il comprit alors que je ne le jugeais pas et commença à me raconter ses problèmes : lorsqu’il était enfant, il avait été abandonné par sa mère et son père avait fini en prison. Les heures passaient et lui, comme s’il en faisait une confession, continuait à me parler de lui-même. Il rayonnait lorsqu’il se rendit compte qu’il faisait jour et en s’excusant, il me salua. Je le revis d’autres fois, je lui fis connaître mes amis qui l’accueillirent avec une même familiarité. Lui voulait donner sa contribution en faisant de petits travaux : un homme capable de tout faire. Il réussit aussi à trouver un travail stable, il fit même carrière, se maria et devint père de deux enfants. Lorsque, des années après, il me raconta tout cela, il était une autre personne. Il avait retrouvé sa dignité, grâce à la confiance que nous lui avions témoignée. A.C. – Italie
D’après Stefania Tanesini
(extrait de l’Évangile du jour, Città Nuova, année VI, n.2, mars-avril 2020)
Avr 27, 2020 | Non classifié(e)
Dans son homélie du Vendredi Saint 2020, dans la Basilique de Saint-Pierre de Rome, le Père capucin, Raniero Cantalamessa, a dit qu’« il y a des choses que Dieu a décidé de nous accorder à la fois comme fruit de sa grâce et de notre prière ». Cet écrit de Chiara Lubich est une invitation à collaborer avec Dieu, en demandant des grâces et en nous mettant dans les meilleures conditions possible pour les obtenir. « Donc, lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande[1]. » (…) Par cette Parole, Jésus veut nous dire clairement qu’il n’y a pas de communion avec Dieu, de culte vrai, de prière authentique, sans réconciliation avec nos frères. Espérons donc, qu’une telle Parole soit entrée profondément dans tous nos cœurs. Et c’est en raison de cette espérance que je voudrais maintenant vous parler de la prière qui, sur cette base, est certainement reçue par Dieu. Je voudrais vous parler en particulier de la prière de demande, de demande d’aide et de grâces. J’ai l’impression, en effet, qu’on ne lui accorde peut-être pas suffisamment d’importance. Pourquoi ? Aussi pour un motif très noble : ayant abordé notre foi de manière plus approfondie, étant devenus, en pratique, plus religieux, nous avons compris que la religion ne consiste pas seulement à se rendre à l’église pour demander et demander encore, mais qu’elle consiste à aimer Dieu et donc à donner. Et nous engageons notre vie pour mettre en œuvre tous ces principes que notre spiritualité évangélique suggère également, pour faire – comme on dit – toute notre part. C’est certainement un raisonnement plus que valable. Cependant, nous devons faire une considération : aimer Dieu implique d’observer tous ses commandements. Or un des commandements sur lequel Jésus insiste est justement celui de demander : « Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira[2]. » Que devons-nous faire alors ? Demander plus et mieux car c’est ce que Dieu veut. C’est également de cette manière que nous lui manifesterons notre amour. (…) Certainement, nous prions, et cela signifie que nous ne nous appuyons pas seulement sur nos propres forces. Toutefois, nous pouvons nous améliorer dans deux directions : en premier lieu, sans multiplier les prières, mais se rendre mieux compte de ce que l’on demande déjà. Réfléchissons un peu et nous verrons combien de grâces nous demandons dans chacune de nos prières. (…) En second lieu, nous pourrions nous améliorer en priant, comme le disent les saints, en cherchant à obtenir. Et l’on obtient, lorsqu’on demande avec la conscience qu’on ne peut rien faire par nous-mêmes et donc, avec humilité, convaincus en revanche, qu’on peut tout faire avec Dieu, et donc confiants en Lui. On obtient si l’on prie avec persévérance, en demandant toujours avec une insistance pleine d’amour, comme Jésus le désire. Il est donc nécessaire de nous recentrer toujours plus sur ces demandes que nous faisons déjà. Les présenter toujours mieux, avec une vigueur égale à celle que nous mettons à vivre notre Idéal. Ainsi tout sera plus fécond. Et prions tant qu’il en est encore temps. Je me souviens toujours de la recommandation de la maman d’un des premières focolarines avant de mourir : « Priez durant votre vie car à la fin on n’en a plus la possibilité. »
Chiara Lubich
(Extrait d’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 16 février 1984) Texte tiré de :« E’ amore anche domandare », in Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, p. 145. Città Nuova Ed., Rome 2019. [1]Mt 5,23-24. [2]Mt 7,7.
Avr 24, 2020 | Non classifié(e)
« La ” foi” – a écrit Chiara Lubich – est la nouvelle façon de “voir”, pour ainsi dire, de Jésus. »[1] Avec elle, nous pouvons L’approcher dans chaque personne et Le comprendre en profondeur, Le rencontrer au plus profond de notre cœur. Nous n’avons manqué de rien Un jour, le propriétaire de l’entreprise où je travaille a réuni le personnel et, après avoir énuméré les problèmes à résoudre, il nous a proposé de réduire nos heures de service, avec une baisse de salaire de 30 %, pour éviter les licenciements et continuer à rétribuer tous les salariés. Que faire ? Ce fut une période difficile, vu que j’ai une famille… mais comme cela permettait à un grand nombre d’entre nous de continuer à travailler, j’ai accepté. À la maison, ma femme et moi nous sommes engagés à faire confiance à la providence de Dieu et nous avons également associé nos enfants à notre prière, non seulement pour les besoins de notre famille, mais aussi pour d’autres familles en difficulté. Un des premiers signes que Dieu nous avait écoutés fut le remboursement d’une somme que j’avais prêtée à un ami il y a quelque temps et que je n’espérais plus récupérer. Maintenant que de nombreux mois ont passé, nous nous rendons compte que non seulement nous n’avons jamais manqué de rien, mais que nos enfants se sentent désormais beaucoup plus responsables. S.d.O. – Brésil Téléachat Je me trouve très fréquemment dans la situation délicate de devoir dire non à un télévendeur. Souvent, ces appels téléphoniques non désirés arrivent au moment le moins indiqué de la journée. Au fil des ans, j’ai mis en place une série de réponses : tantôt faire semblant d’avoir un accent étranger et de ne pas comprendre , tantôt prétexter d’un manque de temps en raccrochant rapidement. Cependant, chaque fois que j’ai utilisé ce genre de tactique, je me suis sentie mal à l’aise, sachant que je n’avais rien fait de positif pour cette personne qui n’avait pas d’autre choix que de travailler dans le téléachat. Que faire alors ? Refuser doucement mais fermement avant que mon interlocuteur fasse ses propositions, pour lui éviter de perdre du temps avec moi ? Mais lorsque je me souviens que la personne qui rend ce service est un prochain à aimer, je l’écoute… mais plus je l’écoute, plus je suis contrariée lorsque je dois finalement lui signifier mon refus. J’essaie d’apprendre, de lui souhaiter au moins une “Bonne journée !” avant de terminer. C.C. – USA Percevoir l’amour Un homme de 52 ans qui s’était tiré une balle dans la tête pour des problèmes familiaux a été admis dans mon service. Par chance, son cerveau ne présentait aucune lésion, mais en revanche ses yeux avaient été été touchés. L’opération était très compliquée. Lors des visites qui ont suivi, il ne faisait que répéter qu’il voulait mourir. Après la période de soins intensifs, il a été affecté dans mon service, où je profitais de toutes les occasions pour aller le saluer. Un jour, je lui ai demandé : « Sais-tu qui est à côté de toi ? » Et lui de me dire : « Je ne vois pas, mais je pense que c’est la doctoresse qui m’a opéré. Pendant l’opération, j’ai ressenti beaucoup d’amour ». Je lui ai promis de faire tout mon possible pour sauver au moins un de ses yeux. Un espoir qui s’est confirmé quand un matin il m’a dit qu’il commençait à percevoir une lueur lumineuse. Sa vue s’est améliorée de jour en jour. Quelques mois après sa sortie de l’hôpital, il est venu me voir. C’était une personne différente : une nouvelle vie avait commencé pour lui, y compris dans son couple . Mais il a surtout tenu à me dire qu’il avait découvert la foi. Je lui ai répondu en plaisantant qu’il avait dû perdre un œil pour mieux voir! F.K. – Slovaquie
Propos recueillis par Stefania Tanesini
extrait de : Il Vangelo del giorno, Città Nuova, année VI, n.2, mars-avril 2020 [1] C. Lubich, Parola di Vita avril 1980, in eadem, Parole di Vita, édité par Fabio Ciardi (Opere di Chiara Lubich 5 ; Città Nuova, Rome 2017), p. 169-170.
Avr 23, 2020 | Non classifié(e)
Une manière inattendue de vivre le centenaire de Chiara Lubich. L’intervention de Marie Voce pour l'”Osservatore Romano”. 2 avril 2020
«Célébrer pour rencontrer » est le mot d’ordre que, comme Mouvement des Focolari, nous avons choisi pour commémorer en 2020, dans le monde entier, les 100 ans de la naissance de notre fondatrice, Chiara Lubich. Jusqu’à il y a quelques semaines, ce slogan nous semblait un choix judicieux pour célébrer, sur les modalités les plus variées, la personne de notre fondatrice et le charisme que Dieu lui a donné et qu’elle a généreusement transmis. Nous espérions en effet que les personnes la rencontrent vivante aujourd’hui, qu’elles ne l’évoquent pas comme un souvenir nostalgique mais qu’elles la retrouvent dans sa spiritualité, dans ses œuvres et surtout dans son “peuple”, c’est-à-dire dans ceux qui vivent, aujourd’hui, son esprit de fraternité, de communion et d’unité. Et depuis le 7 décembre 2019, nous nous sommes réjouis des très nombreux événements qui ont eu lieu dans le monde entier. Nous aurions aimé que la fête se poursuive. Mais en peu de temps, le scénario a changé et le slogan « célébrer pour rencontrer » risque de paraître anachronique : nous avons, nous aussi, suspendu toute forme de célébration ou d’événement. La pandémie causée par le coronavirus oblige de plus en plus de pays de la planète à prendre des mesures drastiques pour ralentir sa propagation : le confinement et la distance physique sont pour l’instant les instruments les plus efficaces. C’est ce que nous démontrent les indices qui nous parviennent de la Chine, que nous avons suivie avec inquiétude, pendant des semaines. Mais ici en Italie et dans plusieurs autres pays du monde, la situation est encore très grave.

© Horacio Conde – CSC Audiovisivi
Pour beaucoup d’entre nous qui vivons le confinement, c’est une expérience complètement inédite. Elle a non seulement une dimension sociale ou psychologique, mais aussi une forte répercussion spirituelle. Cela vaut pour tous, et en particulier pour les chrétiens. Une situation qui touche également au plus profond, notre spiritualité spécifique en tant que Focolari. Nous sommes faits pour la communion et l’unité. Savoir créer des relations est peut-être la qualité la plus caractéristique d’une personne qui a connu et accueilli l’esprit de Chiara. Et c’est précisément cette dimension qui semble maintenant limitée au maximum. Mais l’amour ne se laisse pas limiter. C’est la grande expérience que nous vivons en ces jours dramatiques et douloureux. Plus que jamais, je reçois du monde entier des témoignages de personnes qui mettent en œuvre la créativité et l’imagination, et qui se donnent aux autres même dans des conditions difficiles et inhabituelles : des enfants qui racontent les petits ou grands gestes d’amour pour surmonter les difficultés du confinement ; des jeunes qui se mettent en réseau pour créer un relais de prière ; des chefs d’entreprise qui vont à contre-courant pour ne pas profiter de l’urgence mais plutôt se mettre au service du bien commun, fût-ce au détriment de leur intérêt personnel. Il y a beaucoup de façons d’offrir soutien et réconfort: par la prière avant tout ; par un appel téléphonique, un message WhatsApp, un e-mail…, afin que personne ne se sente seul, ceux qui sont chez eux, mais aussi les malades et ceux qui font le maximum pour guérir, consoler et accompagner ceux qui subissent les conséquences de cette situation. Et puis il y a des messages de solidarité qui nous aident à ouvrir grand nos cœurs au-delà même de l’urgence coronavirus, comme celui des jeunes de Syrie qui, malgré leurs conditions dramatiques, trouvent la force de penser à nous, en Italie. Ce sont les jeunes qui nous enseignent que ces expériences partagées sur les réseaux sociaux peuvent se multiplier, car le bien aussi peut être contagieux. À travers ces témoignages, une conviction a mûri en moi : le centenaire de Chiara Lubich n’est pas suspendu et le mot d’ordre « Célébrer pour rencontrer » est plus actuel que jamais. C’est notre Père du Ciel, ou peut-être Chiara elle-même, qui nous invite à vivre cette année jubilaire d’une manière plus profonde et plus authentique. Au-delà des conditionnements, et même dans l’impossibilité où nous sommes de célébrer l’Eucharistie ensemble, nous redécouvrons la présence de Jésus, vivante et forte dans l’Évangile vécu, dans le frère que nous aimons et parmi ceux qui – même à distance – sont unis en son nom. Mais de manière toute particulière, notre fondatrice nous fait redécouvrir son grand amour, son époux : Jésus Abandonné – « le Dieu de Chiara » –, comme aime le définir Mgr Lauro Tisi, l’archevêque de Trente. C’est le Dieu qui est allé jusqu’à la limite, pour accueillir en Lui toute expérience de limite et la valoriser. C’est le Dieu qui s’est fait périphérie pour nous faire comprendre que, même dans l’expérience la plus extrême, nous pouvons encore Le rencontrer. C’est le Dieu qui a pris sur lui toute sorte de douleur, d’angoisse, de désespérance, de tristesse, pour nous apprendre que la souffrance acceptée et transformée en amour est une source inépuisable d’espoir et de vie. Tel est le défi de cette urgence planétaire : ne pas fuir, ne pas chercher seulement à survivre pour arriver au but sains et saufs, mais bien nous enraciner dans le présent, en regardant, en acceptant et en affrontant chaque situation douloureuse – personnelle ou concernant d’autres – pour en faire un lieu de rencontre avec « Jésus Abandonné » et trouver, dans l’amour pour Lui, la force et la créativité pour construire des relations de fraternité et d’amour aussi dans cette situation difficile. Pour Chiara, chaque rencontre avec « l’Époux », avec « Jésus Abandonné », était une fête, une célébration. En le rencontrant – j’en suis convaincue – nous la rencontrerons également parce que nous apprendrons, comme elle-même a essayé de le faire, à regarder chaque situation avec le regard de Dieu. Peut-être pourrons-nous, nous aussi, refaire l’expérience de Chiara et de ses compagnes, qui ne s’étaient « pratiquement » pas rendu compte de la guerre ni du moment où elle avait pris fin car, prises par Dieu et par son amour, elles sentaient que la réalité qu’elles vivaient, l’amour concret qui circulait entre elles et beaucoup d’autres personnes dans leur ville, était plus fort que tout. Nous ne savons pas combien de temps durera cette urgence : peut-être des semaines ou des mois. Mais cela passera. Et le monde que nous trouverons au bout du tunnel, nous le construisons maintenant.
Maria Voce
Source Osservatore Romano – https://www.vaticannews.va/it/osservatoreromano/news/2020-04/radicarci-bene-nel-presente.html
Avr 22, 2020 | Non classifié(e)
Regina Betz est décédée à l’âge de 99 ans le 17 mars. Focolarine allemande, elle était professeure de sociologie, pionnière du mouvement des Focolari en Allemagne et en Russie, passionnée d’œcuménisme et d’engagement pour le renouveau chrétien de la société, Elle était toujours pressée. Depuis que je connais Regina, j’entends son pas accéléré. Non pas celui de qui se sent poussé ou poursuivi, mais plutôt le pas de quelqu’un qui a un but à atteindre et qui ne veut pas perdre de temps. Si, au contraire, elle s’arrêtait à toi, elle était pleinement présente : avec ce regard intelligent et vif, avec ce sourire sans équivoque, canaille, qui illumine toute ta journée. Regina Betz a eu beaucoup à faire dans sa vie. Elle naît à Göttingen (Allemagne) dans une famille catholique. Elle est l’aînée de deux garçons et elle grandit dans une région à majorité luthérienne où l’on vit un œcuménisme naturel, renforcé par la résistance commune au nationalisme hitlérien. Elle passe, la Seconde Guerre mondiale en Italie, elle s’installe à Rome, après avoir étudié l’économie sociale de 1955-1958, pour travailler au Conseil pontifical pour les laïcs. C’est là qu’elle découvre le mouvement des Focolari et qu’elle est frappée par « une lumière et une force » comme elle l’écrira plus tard dans un de ses livres1). Pour en découvrir le secret, elle participe à la Mariapolis de 1958 et découvre – comme elle le raconte – « des chrétiens qui vivent volontairement l’unité » et le modèle d’une « société nouvelle et humaine ». « J’avais enfin trouvé ce que je cherchais depuis longtemps. Je chantais de joie ». De retour en Allemagne, où il n’y a pas encore de focolare, elle poursuit son travail dans l’Église et effectue d’importants voyages en Asie et en Amérique du Sud. En 1966, elle fait partie des Volontaires du mouvement des Focolari lorsqu’elle reçoit l’invitation à enseigner la sociologie à l’école de formation de Loppiano (Italie), où elle se sent encouragée à entrer – à l’âge de 46 ans – comme consacrée au focolare. De 1968 à 1990, elle est professeure de sociologie à Ratisbonne (Allemagne) et est collaboratrice de « l’Institut pour les Églises orientales », ce qui lui permet de rencontrer les chrétiens d’Europe de l’Est et de faire des voyages dans divers pays des Balkans, en Bulgarie et en Roumanie. Elle est particulièrement impressionnée par l’enthousiasme des jeunes communistes, animés par leur amour pour les plus petits. En 1989, on lui propose un poste dans le milieu universitaire à Moscou, ce qui permet d’ouvrir le focolare. « La vie à Moscou s’est avérée être une vie d’ensemble: ensemble au focolare, ensemble avec tant de Russes qui venaient connaître notre vie. J’ai découvert l’âme russe, pleine de générosité et de cordialité. J’ai fait l’expérience d’une grande hospitalité où tout était partagé. Pas de structures mais beaucoup d’amis ». La floraison de la vie autour du focolare a cependant un prix. Comme elle me l’a confié personnellement, Regina tenait à ce qu’en parlant d’elle après sa mort, la partie “sombre” de sa vie soit également partagée. Elle écrit dans son journal de l’époque: « Je n’ai plus rien à donner mais c’est une consolation de savoir Jésus avec moi dans le trou … Pour moi, chaque instant est fatiguant, j’ai peur et je n’arrive pas imaginer que je puisse encore conclure quelque chose ». En 2008, Regina retourne en Allemagne, à la cité œcuménique d’Ottmaring. Ce sont des années empreintes de relations avec les personnes les plus variées, qu’elle suivait par des visites et des milliers de lettres manuscrites pleines de sagesse. Elle était attentive aux événements de l’Eglise et de la société et en parlait. Et même lorsque ses forces diminuent, elle reste fidèle à la Parole de Vie personnelle que Chiara Lubich lui avait donnée : « Quiconque veut sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perd sa vie à cause de moi l’assurera (Mt 16,25) ». « Combien de fois ai-je tout quitté pour recommencer ailleurs à zéro ! Et combien j’en ai retiré : combien d’expériences, combien de connaissances sur la vie des pays et des cultures, combien de relations avec d’innombrables personnes ». Le 17 mars, Regina Betz a terminé sa course et a tout quitté définitivement. Je suis sûr qu’elle a trouvé une vie inimaginable.
Joachim Schwind
1) Regina Betz, Immer im Aufbruch, immer getragen, Verlag Neue Stadt, München 2014.