Juil 11, 2023 | Non classifié(e)
Le dimanche 9 juillet 2023, le pape François a nommé 21 nouveaux cardinaux de la Sainte Église romaine, comme d’habitude à la surprise des intéressés. Parmi eux figure Mgr Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem. En félicitant Sa Béatitude pour cette nomination, nous partageons avec joie une interview de lui, réalisée il y a exactement un an en Terre sainte. Voir la vidéo (activer les sous-titres en français) https://youtu.be/JFjWb1-y0ug
Juil 7, 2023 | Non classifié(e)
Dans le cadre de l’ouverture de la Conférence internationale du Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ) à Boston, USA, le dimanche 18 juin, le professeur Joseph Sievers a reçu le Prix Seelisberg 2023. Notre interview à son retour à Rome. Le Prix Seelisberg s’inspire et vise à commémorer le rassemblement novateur qui a eu lieu dans le petit village suisse de Seelisberg du 30 juillet au 5 août 1947 pour aborder les enseignements chrétiens concernant la discrimination à l’égard des Juifs et du judaïsme. Cet événement est largement reconnu comme l’inauguration de la transformation des relations entre juifs et chrétiens.
Le prix Seelisberg est décerné chaque année (depuis 2022) par le Conseil international des chrétiens et des juifs (ICCJ), issu de la conférence de Seelisberg, et le Centre de théologie interculturelle et d’étude des religions de l’université de Salzbourg. Les personnes honorées sont celles qui, par leurs études et leur enseignement, ont joué un rôle important dans la promotion du rapprochement entre juifs et chrétiens. Le Professeur et Docteur Joseph Sievers (Prix Seelisberg 2023) est né en Allemagne et a commencé ses études à l’université de Vienne et à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Il est titulaire d’un doctorat en histoire ancienne de l’Université de Columbia (1981) et d’une Lic. Theol. de l’Université pontificale grégorienne (1997). Il a enseigné à CUNY, Seton Hall Univ., Fordham Univ. et d’autres institutions aux États-Unis, en Italie et en Israël. De 1991 à 2023, il a enseigné l’Histoire et la Littérature juives de la période hellénistique à l’Institut biblique pontifical de Rome, où il était professeur titulaire. En outre, de 2003 à 2009, il a été directeur du Centre Cardinal Bea pour les études juives à l’Université Pontificale Grégorienne. Depuis 1965, il est membre du mouvement des Focolari, avec lequel il collabore depuis 1996 dans le cadre du Centre pour le Dialogue Interreligieux. Il a publié plusieurs livres et de nombreux articles, notamment dans le domaine de l’histoire du Second Temple (en particulier Flavius Josèphe) et des relations judéo-chrétiennes. Avec Amy-Jill Levine, il a édité The Pharisees (Grand Rapids, MI : Eerdmans, 2021 ; traduction italienne Milan, San Paolo, 2021 ; traduction allemande prévue pour 2024). Professeur Sievers, qu’est-ce que cela signifie pour vous de recevoir ce prix ? Ce fut une grande surprise et lorsqu’on m’a demandé de parler de mon expérience, j’ai ressenti une grande gratitude en regardant en arrière, en pensant à tous les moments, à toutes les personnes que j’ai rencontrées, aux situations dans lesquelles j’ai pu être présent et parfois être utile. Une grande gratitude et, en même temps, une responsabilité pour le présent et l’avenir. Dans votre discours lors de la cérémonie de remise du prix, vous avez déclaré : « Les difficultés peuvent nous aider à mieux nous comprendre. Les difficultés peuvent nous unir ». Au cours de votre longue expérience de ce dialogue, qu’est-ce qui a été le plus difficile pour vous, et qu’est-ce qui a été le plus surprenant au point de dire : « On peut y arriver » ?
Il y a eu plusieurs moments difficiles, mais je me souviens particulièrement de celui où nous avons dû organiser une réunion de dialogue à Jérusalem en 2009. Quelques semaines après un conflit, une opération qui a fait de nombreux morts et blessés. En même temps, il y avait aussi la situation de l’évêque (Richard Nelson) Williamson qui niait l’holocauste. Il y avait des difficultés de tous les côtés qui rendaient un dialogue ouvert très difficile. Cependant, nous avons réussi à organiser cette réunion. Nous sommes allés de l’avant et ce furent des moments de communion spirituelle très forts, au-delà de tous les problèmes. Et puis vous me demandez aussi ce qui a été possible, malgré les difficultés ? Il n’était certainement pas facile d’organiser une conférence sur les Pharisiens et de publier ensuite un livre. À plusieurs reprises, j’ai senti que la route était barrée. Soit pour des raisons financières, soit parce que quelqu’un n’était pas d’accord avec ce que nous voulions faire, soit parce qu’il semblait impossible d’avoir une audience avec le Pape, pour une conférence de ce type… Au contraire, en collaborant, et c’était vraiment une collaboration, surtout avec un collègue juif, mais aussi avec d’autres, il a été possible de résoudre ces problèmes pour donner quelque chose qui était basé sur des études sérieuses, mais qui s’adressait aussi à des situations concrètes dans les églises, dans les paroisses. Il est certain qu’il y a eu un succès qui n’a pas eu un effet immédiat partout, mais par exemple un évêque m’a écrit : « Voilà, maintenant nous devons changer tout notre enseignement sur les pharisiens et le judaïsme dans les séminaires ». C’est déjà quelque chose. Comment votre appartenance au mouvement des Focolari a-t-elle influencé cette expérience ? Sans le mouvement des Focolari, je ne serais probablement pas entré dans ce domaine. C’est du Mouvement qu’est venue l’envie d’étudier les langues de la Bible, et c’est de là qu’est né tout le reste. Je suis entré au focolare précisément le 28 octobre 1965, c’était un jeudi. Je suis arrivé au focolare de Cologne (Allemagne) avec mon vélo, amené en train avec mes deux valises le soir même où, à Rome, au Concile, on approuvait Nostra Aetate (Déclaration sur les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes). Cela a toujours été très important pour moi, de lier l’engagement dans le Mouvement à l’engagement dans le dialogue. Vous avez également été appelé à collaborer officiellement au dialogue de l’Église catholique avec les juifs… Oui. Depuis 2008, je suis consultant de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, une commission du Saint-Siège. Et j’ai participé à plusieurs réunions de l’ILC à Buenos Aires, au Cap ou encore à Budapest, Madrid, Varsovie, Rome… Et vous faites des pas en avant ?
Un pas, c’est déjà d’être ouvert pour se rencontrer, pour se parler et aussi pour surmonter les difficultés en cours de route. Parfois, il vaut mieux faire face à tout en dînant ensemble qu’en envoyant des lettres enflammées. Des pas sont faits et il y a certainement beaucoup plus à faire, il faut étendre le réseau. En d’autres termes, la plupart des chrétiens et des Juifs ne sont pas impliqués, parfois ils ne savent même pas qu’il existe ces relations, qu’il y a ce chemin ensemble. Il y a encore beaucoup à faire pour faire connaître et appliquer ces principes. Une chose que j’ai beaucoup apprise en dialoguant avec des Juifs, c’est que les questions sont parfois plus importantes que les réponses. C’est que je ne prétends pas et ne peux pas prétendre avoir toutes les réponses et que je ne peux donc pas aborder l’autre personne comme quelqu’un qui a trouvé toutes les réponses et qui l’aborde à partir d’une position de supériorité. Ma position est d’être un chercheur ensemble. C’est ce à quoi nous devons faire face ensemble tôt ou tard, de la manière la plus dramatique qui soit, lorsqu’il s’agit de la Shoah, l’Holocauste. Une chose essentielle est de regarder, d’être aussi sensible que possible aux engagements et aux besoins de chacun. Et puis aussi d’être ouvert, et si l’on se trompe, on peut toujours recommencer si l’intention est bonne : entrer sur la pointe des pieds dans l’environnement de l’autre, et non pas avec l’attitude de quelqu’un qui dit « je sais tout ». Enfin, en recevant ce prix, outre le sentiment de gratitude, Joseph Sievers est-il motivé par quelque chose d’autre ? Oui, en effet. Par exemple, il y a des questions ouvertes et cela me stimule à les aborder davantage. Et peut-être même que cela me donne une certaine autorité pour les aborder avec certaines personnes. Je ne sais pas si cela se produira, mais c’est aussi une incitation à poursuivre ce travail, qui n’est pas terminé, qui ne le sera jamais, mais où certaines étapes peuvent être franchies ensemble.
Carlos Mana
Juil 5, 2023 | Non classifié(e)
Le samedi 24 juin 2023, un séminaire théologique s’est tenu à Loppiano (Incisa Valdarno, Florence), sur le thème « Participer/Présider/Décider. Racines sacramentelles et dynamiques de communion dans le parcours du peuple de Dieu en mission ». Plus de trente chercheurs ont répondu à l’invitation du Centre Evangelii Gaudium (CEG) de l’Institut universitaire Sophia pour élaborer une proposition de révision du droit canonique afin de rééquilibrer – comme l’exhorte le document de base (Instrumentum laboris) de la XIVe Assemblée du Synode des évêques – « le rapport entre le principe d’autorité, fortement affirmé dans la législation actuelle, et le principe de participation ». Puisque « toutes les discussions doctrinales, morales ou pastorales »,
assure le pape François, « ne doivent pas être résolues par des interventions du magistère » (Exhortation apostolique Amoris laetizia, n° 3), l’écoute du sensus fidelium de l’ensemble du peuple de Dieu (pasteurs et fidèles) dans la variété des cultures qui le composent est décisive. Le dialogue entre la théologie et le droit est donc animé par une démarche sincère d’inculturation, sans laquelle le risque est réel de poser les bases d’une méprise pratique des principes généraux énoncés par l’Église. « La question, souligne le professeur Vincenzo Di Pilato, coordinateur académique du CEG, est précisément celle-ci : comment rendre effective la participation active de tous les fidèles à nos assemblées synodales ? Restera-t-elle seulement consultative ? Ou sera-t-elle aussi délibérative ? S’agira-t-il de négocier une “concession” juridique ou de “reconnaître” la capacité de décision du sujet collectif de l’action ecclésiale telle qu’elle ressort de l’ecclésiologie de Vatican II et du magistère postconciliaire ? Et sera-t-il donc nécessaire de mettre à jour le Code de droit canonique ? » Dans son message d’ouverture aux participants, le Cardinal Mario Grech, Secrétaire général du Synode, a souligné comment le chemin synodal entre dans une nouvelle phase : il est appelé à devenir une dynamique génératrice et non pas simplement un événement parmi d’autres. On ne peut en effet écouter l’Esprit Saint sans écouter le peuple saint de Dieu dans cette “réciprocité” qui constitue le “Corps du Christ”. C’est dans ce lien communautaire que prend forme cette méthodologie particulière de la
conversation dans l’Esprit, bien décrite lors de la présentation de l’Instrumentum laboris. D’où la nécessité – rappelée à plusieurs reprises par le Cardinal Grech – de mieux articuler le principe de la restitution. En d’autres termes, cela signifie que l’unité du processus synodal est garantie par le fait qu’il revient à son point de départ, à l’Église particulière, et qu’il constitue un moment important de “reconnaissance” de ce qui a mûri dans l’écoute de ce que l’Esprit dit à l’Église d’aujourd’hui. Le chemin synodal apparaît donc comme un moment significatif de la vie de l’Église, capable de stimuler et d’activer l’élan créatif et la proclamation évangélique qui naissent de la redécouverte de la relation avec Dieu qui innerve la relation entre les croyants, et aussi comme un signe pour un contexte culturel dans lequel il y a un cri silencieux de fraternité dans la recherche du bien commun. Si dans le rapport « Les problèmes de synodalité entre ecclésiologie et droit canonique » du Prof. Severino Dianich, la récupération de l’ecclésiologie paulinienne de l’être-corps du Christ et la valorisation de la co-essentialité dynamique des dons hiérarchiques et charismatiques ont émergé ; pour le Prof. Alphonse Borras, ce tournant nécessite une explication canonique, qui esquisse une praxis procédurale flexible, capable d’accompagner les processus décisionnels et participatifs à travers les différents organismes déjà prévus (conseil épiscopal, presbytéral, pastorale diocésaine, pastorale paroissiale…). Le cardinal Francesco Coccopalmerio, ancien président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, s’est inscrit dans cette ligne lors de son intervention « Synodalité ecclésiale : un passage rapide du consultatif au délibératif est-il envisageable ? » Selon lui, il est possible de trouver dans le droit canonique une définition claire de la synodalité, entendue comme « communion des pasteurs et des fidèles dans l’activité de reconnaissance de ce qu’est le bien de l’Église et dans la capacité de décider comment mettre en œuvre le bien identifié ». A l’issue du séminaire, la proposition a été faite par beaucoup de mettre à disposition les résultats obtenus par la publication des interventions. Le CEG y travaille déjà afin que cela advienne d’ici septembre en tant que contribution supplémentaire au prochain Synode.
Antonio Bergamo
Juin 30, 2023 | Non classifié(e)
Au Japon, un groupe de femmes de différentes religions a mis sur pied le “Projet CommuniHeart”, un projet de prévention du suicide, axé sur la conscience de soi, la communication et le soutien d’une communauté. Le Projet CommuniHeart est un projet promu par ‘’Religions pour la Paix’’ Japon (Conférence Mondiale des Religions pour la Paix). https://youtu.be/pRf6Q_gNlYU
Juin 27, 2023 | Non classifié(e)
Le niveau atteint par les intelligences artificielles nous pose de nouvelles questions éthiques : comment promouvoir un développement technologique respectueux de l’homme ? Call to action (Appel à l’action) pour les développeurs et les innovateurs du monde numérique. Un horizon qui nous concerne tous.
Juin 2023, Institut universitaire Sophia : sur l’écran de l’Aula Magna, une hôtesse numérique ouvre élégamment le séminaire « Towards a Digital Oath / Vers un serment numérique ». Nous franchissons un seuil : les préparatifs sont en cours depuis un certain temps, mais
l’accélération de ces derniers mois dit quelque chose de nouveau. Promu par une plateforme d’acteurs – le centre de recherche Sophia Global Studies, le Movimento Politico per l’Unità, NetOne, New Humanity et Digital Oath -, la rencontre vise à aborder les questions les plus urgentes du monde numérique sous différentes perspectives : philosophique, technologique, éthique, social, politique, jusqu’à discuter de la proposition d’un « serment » qui pourrait représenter quelque chose d’analogue au serment d’Hippocrate des médecins pour ceux qui travaillent dans le monde numérique. D’où vient ce besoin ? Avec quels objectifs ?
Le monde technologique tend à changer rapidement et, de plus en plus, à une vitesse qui dépasse notre capacité d’adaptation. La complexité des machines et des systèmes qui structurent la réalité affecte non seulement notre façon de vivre, mais aussi notre façon de voir le monde et de penser l’avenir. Le niveau atteint par les « intelligences artificielles »- IA, voit l’émergence, à côté de l’enthousiasme pour leurs capacités opérationnelles, d’une inquiétude générale quant aux nouvelles possibilités ouvertes par ces systèmes et aux effets qui peuvent résulter de leur utilisation malveillante.
La diffusion récente du ChatGPT (novembre 2022) et de tous ses dérivés a massivement rapproché les IA de notre vie quotidienne, soulevant de nouvelles questions de sens liées à la compréhension de ce qui est humain et de ce qui ne l’est pas. Sur la scène mondiale, l’évolution de ces dispositifs a produit une certaine désorientation, non seulement parce que leur utilisation semble être à la portée de tous, mais surtout parce qu’ils démontrent qu’ils font quelque chose qui était auparavant l’apanage des êtres humains, avec des capacités quantitativement supérieures. Le fait que nous soyons confrontés à des systèmes qui ne sont pas « intelligents » au sens humain du terme et qui gèrent leur base de connaissances par des calculs statistiques ne change rien au résultat final : le sentiment de ne plus être les auteurs de choix fondamentaux, concurrencés par des machines qui sont un peu moins des « outils » et un peu plus des « compagnons de travail ».
A ces questions, le séminaire « Vers un serment numérique / Towards a Digital Oath » a ajouté un thème central : s’interroger sur l’éthique des technologies, c’est s’interroger sur l’humain. En effet, nombreux sont ceux qui considèrent le développement technologique comme l’activité humaine qui nous caractérise le plus. En effet, les technologies numériques, et en particulier l’IA, sont celles qui reflètent plus que d’autres, comme dans un miroir, notre façon d’être et de comprendre l’existence. Les crises du siècle dernier (valeurs, environnementales, sociales et politiques) leur sont étroitement liées et nous disent que le développement technologique doit s’accompagner d’un engagement éducatif tout aussi déterminé, afin que toutes les formes de progrès puissent être guidées par une conscience éthique plus profonde. Le sens d’un « serment » pour le monde numérique va précisément dans ce sens. Le programme des premiers jours de juin a réuni des experts qualifiés (lien vers le programme). Après une première présentation générale des technologies numériques actuelles, le débat a porté sur les risques et les réglementations liés à leur utilisation en Italie et dans l’UE, aux États-Unis, au Brésil et en Chine, mêlant solutions technologiques et questions politiques, réflexions philosophiques et phénomènes sociaux.
« Il est nécessaire de rendre visible et de souscrire à un engagement concret et universellement partagé », explique Fadi Chehadé, ancien PDG de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) et promoteur du « serment » pour une éthique du monde numérique, professeur invité à l’Institut Sophia, « avec lequel les développeurs, les techniciens et les utilisateurs des technologies numériques peuvent fermement ancrer leur travail sur une approche centrée sur l’humain ». Fadi Chehadé a accompagné les premières étapes du parcours depuis novembre 2019, lorsqu’un premier groupe s’était réuni à Trente (Italie) pour donner forme au projet. Par la suite, le groupe promoteur a impliqué des chercheurs de différents pays et a participé à la consultation publique promue par l’ONU pour le Global Digital Compact 2024.
Aujourd’hui, l’objectif du Digital Oath est précis : suggérer des lignes directrices et motiver éthiquement les développeurs et les innovateurs du monde numérique à se concentrer sur la dignité et la qualité de vie des personnes et des communautés, sur le sens humain de l’existence et sur le respect des droits fondamentaux et de l’environnement. « La proposition de traduire, pour ainsi dire, le Serment d’Hippocrate pour le monde numérique », rappellent les promoteurs de la conférence, « est déjà apparue dans diverses études internationales, qui soulignent l’urgence de la question et la responsabilité de ceux qui créent et gèrent des services numériques et administrent des données. On pense non seulement aux nouveaux réseaux neuronaux, mais aussi aux réseaux sociaux, ou aux crypto-monnaies… Notre travail rejoint celui d’autres réseaux : il s’agit maintenant d’unir nos efforts pour une coalition entre universités, le secteur privé et les organisations engagées dans la rédaction d’un code d’éthique, d’un protocole d’autorégulation dont des personnes, des sociétés et l’environnement pourront bénéficier ».
Une première formulation du serment est disponible pour tous sur le nouveau site web du Digital Oath et les inscriptions affluent ; le texte est ouvert aux suggestions et aux modifications avec une élaboration progressive. Le site inclura également bientôt les enregistrements et les documents du Séminaire. Bien que le chemin soit certainement ascendant, nous sommes nombreux à marcher : c’est un horizon qui nous concerne tous. Andrea Galluzzi
Juin 23, 2023 | Non classifié(e)
La Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe a tenu sa quinzième session plénière du 1er au 7 juin 2023 à Alexandrie (Égypte), accueillie par le Patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie et de toute l’Afrique, et est parvenue à un accord sur un nouveau document intitulé « Synodalité et primauté au deuxième millénaire et aujourd’hui ». Notre entretien avec le théologien Piero Coda, présent à la réunion. Mgr Coda, pouvez-vous nous dire ce qu’a été cette rencontre, qui y a participé et quel était son objectif principal ? Il s’agissait de la 15ème session plénière de la « Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe » qui s’est tenue à Alexandrie, en Égypte, sous la présidence du Métropolite Job de Pisidie (Patriarcat œcuménique de Constantinople) et du Cardinal Kurt Koch (Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens), avec l’hospitalité cordiale du Patriarche Théodoros II d’Alexandrie. Il s’agissait de compléter la phase de dialogue inaugurée par le document de Ravenne (2007), qui prévoyait, après la mise au point du cadre théologique commun aux orthodoxes et aux catholiques sur l’interdépendance dans la vie de l’Église de la synodalité et de la primauté, l’examen historique de la situation vécue au premier millénaire, proposé par le document de Chieti (2016), pour arriver à la description de la situation vécue au deuxième millénaire, objet du document approuvé à Alexandrie. En raison des vicissitudes bien connues qui agitent le monde orthodoxe, le Patriarcat de Russie a abandonné les travaux de la Commission. Les représentants des Patriarcats d’Antioche, de Bulgarie et de Serbie étaient également absents d’Alexandrie, tandis que les 10 délégations restantes des autres Patriarcats (Constantinople, Alexandrie, Jérusalem, Roumanie, Géorgie) et des Églises autocéphales (Chypre, Grèce, Pologne, Albanie, Tchécoslovaquie et Slovaquie) étaient présentes. Dans quels termes peut-on parler de synodalité dans la sphère œcuménique et quelles sont les considérations qui se dégagent du passé ?
Le thème est illustré dans l’introduction : « Le présent document considère l’histoire troublée du deuxième millénaire (…) il s’efforce de donner autant que possible une lecture commune de cette histoire et offre aux orthodoxes et aux catholiques l’occasion de s’expliquer mutuellement sur divers points, afin de promouvoir la compréhension et la confiance mutuelles qui sont des conditions préalables essentielles à la réconciliation au début du troisième millénaire. » Il en résulte une compréhension plus claire et plus partagée des motifs qui ont conduit – souvent pour des raisons de nature historico-politique plutôt que théologique – à favoriser une distance qui a non seulement empêché les tentatives de réconciliation au cours des siècles de porter leurs fruits, mais qui a exacerbé les interprétations polémiques envers l’autre partie et le durcissement apologétique de sa propre position. Il faut noter que l’ouverture à une situation nouvelle marquée par le rapprochement opéré au XXème siècle est à valoriser : elle favorise une évaluation plus pertinente de la signification réelle et du poids théologique de ce qui fait encore obstacle à l’unité pleine et visible. Quelles sont les perspectives d’avenir ? Le document souligne que le “retour aux sources” de la foi et la stratégie du dialogue de la charité entre les “Églises sœurs” promues, dans le sillage de Vatican II, par Paul VI et le Patriarche Athénagoras sont décisifs. L’engagement actuel de l’Église catholique, poursuivi avec ténacité par le pape François, de redécouvrir et de réactiver le principe de synodalité stimule également l’espoir. Dans quelle direction allons-nous ? Le document souligne que « l’Église n’est pas correctement comprise si on la voit comme une pyramide, avec une primauté la gouvernant d’en haut, mais elle n’est pas non plus correctement comprise si on la considère comme une fédération d’Églises autosuffisantes. Notre étude historique de la synodalité et de la primauté au cours du deuxième millénaire a montré l’inadéquation de ces deux visions. De même, il est clair que pour les catholiques, la synodalité n’est pas simplement consultative et que pour les orthodoxes, la primauté n’est pas simplement “honorifique “.» L’interdépendance entre synodalité et primauté, donc – c’est le point établi -, est « un principe fondamental dans la vie de l’Église. Elle est intrinsèquement liée au service de l’Église aux niveaux local, régional et universel. Cependant, le principe doit être appliqué dans des contextes historiques spécifiques (…) Ce qui est requis dans de nouvelles circonstances, c’est une application nouvelle et correcte du même principe. » Cette perspective ouvre la voie à la poursuite du voyage et à l’ouverture d’une nouvelle phase.
Carlos Mana e Maria Grazia Berretta (photos: ©Dicastero per la promozione dell’Unità dei cristiani)