Mouvement des Focolari
Avec la famille des Focolari en Australie

Avec la famille des Focolari en Australie

Nous sommes arrivés à l’étape australienne du voyage de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident du Mouvement des Focolari, un continent aux richesses culturelles extraordinaires et une famille des Focolari diversifiée et multiculturelle.

Depuis Suva jusqu’à Sydney

Arrivo a SidneyAu cours de ce voyage, Margaret Karram et Jesús Morán ont fait des sauts spectaculaires : il suffit de penser au “saut” entre le Japon et les îles Fidji. Il en a été de même avec le vol du 9 mai vers l’Australie, où les villages de pêcheurs de la côte sud des îles Fidji ont soudainement cédé la place au joyau scintillant qu’est la ville de Sydney. Les lumières de son port emblématique brillaient tandis que notre avion survolait la ville, qui affichait fièrement sa beauté.

Dans cette métropole multiculturelle, la communauté locale des Focolari (elle aussi) très diversifiée, nous a accueillis dans de nombreuses langues. Ils viennent de Corée du Sud, des Philippines, de Chine, de Hong Kong, du Liban, du Soudan, d’Irak, de Syrie, du Bangladesh, du Brésil et, bien sûr, d’Australie. Ils sont catholiques, melkites, chaldéens, anglicans ; les Focolari de Sydney suivent également les villes de Brisbane, Canberra, la capitale australienne, et les régions environnantes.

Rencontre avec l’archevêque de Canberra

À chaque étape, le contact avec l’Église locale est toujours une priorité. Au cours d’une rencontre profonde et pleine d’humour, Mgr Christopher Prowse, actuel archevêque de Canberra, a évoqué la vie de Mary MacKillop, la première sainte d’Australie. « Si Mary Mackillop vivait aujourd’hui, elle se sentirait très à l’aise avec les Focolari », a déclaré l’archevêque, soulignant ses efforts en faveur du dialogue entre les religions. Il nous a conduits sur sa tombe et a prié pour que, comme elle, le charisme de l’unité fleurisse comme une rose et diffuse son parfum dans toute l’Australie.

L’art, porte ouverte sur la culture aborigène

Ad una mostra di arte aborigena contemporanea presso la Galleria d’arte del New South Wales

L’art ouvre toujours une fenêtre importante sur une culture indigène, mais pour comprendre ce que l’on regarde, la présence d’un guide est essentielle. Alexandra Gaffikin, une volontaire anglaise qui vit à Sydney et possède une grande expérience des musées et du patrimoine, nous a accompagné à une exposition d’art aborigène contemporain à la galerie d’art de New South Wales (Nouvelle-Galles du Sud).

Les peintures sur écorce sont bien plus qu’une peinture, par exemple, elles représentent des histoires, mais aussi des cartes, des titres de propriété et même des règlements. Elles peuvent être tridimensionnelles, avec en dessous des strates  qui peuvent même révéler des sources d’eau souterraines. Dans la culture aborigène, ces œuvres d’art, peintes à l’origine sur le corps humain, sont des collections vivantes qui se transmettent depuis des millénaires.

Une visite à Sydney

Malgré leur emploi du temps chargé, Margaret Karram et Jesús Morán ont réussi à trouver le temps de visiter Sydney, en embarquant à bord de l’un des nombreux ferries à destination de Circular Quay et de l’emblématique Opéra. La vue est spectaculaire !

Des cultures différentes, la nouveauté de cheminer ensemble

Cette visite a été l’occasion pour les focolarini de toute la Zone – y compris de Perth, de Wellington en Nouvelle-Zélande et des îles Fiji – de se réunir pour quelques sessions significatives. C’est une période de réorganisation pour le Mouvement et, par voie de conséquence, des cultures très différentes (pensez à la Corée, au Japon et à la zone de langue chinoise, par exemple) se retrouvent à travailler directement ensemble.

« Je pense que jusqu’à présent, nous n’avons pas compris les aspects positifs de tout cela, même si ce processus n’a pas été facile. Je pense que nous en verrons les conséquences dans quelques années, car cela nous aide à faire tomber vraiment toutes les barrières… avant tout dans nos cœurs, et les barrières entre les nations… »

« Si nous voulons la paix, nous devons d’abord la vivre entre nous, focolarini, et entre les communautés. Nous devons regarder les autres pays comme s’ils étaient les nôtres et découvrir que nous pouvons être cette ‘’famille interconnectée’’ (…). »

« Nous ne devons pas donner aux autres notre richesse, mais les aider à découvrir la leur. »

Margaret Karram

 

Une présence spéciale, malgré les défis de santé

Un moment particulièrement significatif a été celui où trois focolarines mariées, gravement malades, ont pu à distance saluer tout le monde

« Je veux tout simplement vous assurer de mon unité , a dit l’une d’elles. Je m’étais inscrite et j’étais prête à venir, mais j’ai dû changer mes plans, parce que Dieu m’avait réservé quelque chose de différent. »

« Je sens que je suis là où Dieu veut que je sois, même si ce n’est pas là où je voudrais être », a déclaré une autre.

« Physiquement, je ne peux pas courir, a déclaré la troisième, mais j’ai en moi un grand désir de le faire, je suis tellement émue. L’enthousiasme n’a pas d’âge. »

 

La bienvenue en Australie

Ali Golding

La culture aborigène en Australie est la plus ancienne au monde, sans interruption ; elle remonte à au moins 60 000 ans. Le protocole approprié pour tout événement ou rassemblement en Australie prévoit de commencer par un « Bienvenue dans le pays » de la part d’un ‘’ancien’’, un aborigène, ce qui constitue une reconnaissance formelle des gardiens traditionnels de cette terre.

Lorsque la communauté des Focolari s’est réunie de toute l’Australie, nous avons eu le privilège de compter parmi nous Ali Golding, connue sous le nom de “Tante Ali“, qui a donné la bienvenue à tous. C’est une ‘’ancienne’’ du peuple Biripi, qui a grandi dans une mission aborigène. Pendant plus de 20 ans, elle a ensuite vécu dans une banlieue de Sydney et, dans les années 1980, Ali a été l’une des premières assistantes d’éducation aborigène. En 2004, elle a obtenu un diplôme en théologie.

Elle a participé à différents forums locaux, nationaux et internationaux, dont le New South WalesReconciliation Council et Australians for Native Title and Reconciliation. Une grande contribution pour la compréhension et l’approfondissement de la culture et de l’histoire indigènes.

La présence d’Ali à notre événement a certainement renforcé l’appréciation de ce “trésor national” et du riche patrimoine aborigène. « C’est l’un des accueils les plus chaleureux qu’il m’ait été donné de vivre », a déclaré Ali Golding, « Ici, j’ai ressenti l’esprit du Créateur. »

La meilleure rencontre de tout le voyage (jusqu’à présent)

Margaret Karram et Jesús Morán ont eu une rencontre dynamique et profonde avec une trentaine de 30 jeunes. Lorsqu’on leur a demandé de parler des défis qu’ils ont à relever, ils n’ont pas hésité à parler ouvertement de l’indifférence à laquelle ils sont confrontés chaque jour avec les jeunes de leur âge. Ils ne sont pas nombreux et les distances sont énormes.

Margaret Karram a raconté ses premières années de vie Gen à Haïfa avec sa sœur et comment ils ont commencé à quelques-uns, recevant le ‘’journal Gen’’ par la poste. Elle était fière de leurs débuts et a déclaré qu’elle était tout aussi fière d’eux qui étaient là et avaient persévéré dans leur vie Gen.

Jesús Morán a également encouragé les jeunes, les rassurant sur le fait qu’il est positif de partager ses difficultés. « Cette rencontre a été la meilleure de tout le voyage – a-t-il déclaré à la fin -, je l’ai beaucoup appréciée. »

Une riche expérience

Margaret Karram e Jesús Morán con i gen 2 e le gen 2

Interrogés sur la manière dont ils vivent le dialogue et la fraternité dans des situations de conflit, Rita Moussallem et Antonio Salimbeni, Conseillers au Centre International pour l’Asie et l’Océanie, se sont appuyés sur leur expérience personnelle.

« Dans mon expérience de dialogue avec des personnes d’autres religions, a raconté Antonio, j’ai compris que nous allons ensemble vers Dieu. » Et Rita : « Le dialogue est une rencontre. Ce qui est vraiment important, c’est de rencontrer l’autre et de découvrir que l’amour chasse la crainte. »

 

Apprendre le “bodysurf” (spirituel)

Le surf est l’un des sports nationaux en Australie et il est très pratiqué aussi sur la côte de Sydney, où jeunes et moins jeunes enfilent des combinaisons, prennent leur planche et s’élancent à l’assaut des vagues. Le “bodysurfing” est également très populaire : les personnes surfent sur les vagues de l’océan, mais sans planche. Un spectacle extraordinaire !

Incontro con la comunità dei Focolari

Mais pour arriver là où se trouvent les meilleures vagues, il faut d’abord affronter les vagues puissantes qui se dressent contre nous : celles que nous voudrions éviter, celles pour lesquelles nous ne sommes pas prêts.

« Quelqu’un m’a expliqué la dynamique de ce sport et cela m’a tout de suite rappelé notre amour pour Jésus abandonné », a déclaré Margaret.

Ceux qui pratiquent le bodysurf plongent en profondeur sous les vagues déferlantes qu’ils ne veulent pas chevaucher, si profond qu’ils arrivent à toucher le sable sur le fond. Ils évitent ainsi d’être emportés par la puissance de l’océan. Une fois la vague passée, ils remontent à la surface pour trouver une autre vague sur laquelle s’élancer.

« De même qu’ils ne luttent pas contre les vagues, de la même manière on ne “combat pas les épreuves”, mais on va au fond de son cœur, reconnaissant Jésus dans chaque souffrance ; et, continuant à L’aimer, on remonte, trouvant à travers l’amour, la lumière. »

T. M. Hartmann

Évangile vécu : « Soyez unis les uns aux autres par l’affection fraternelle, rivalisez de respect les uns pour les autres. » (Rm 12,10)

Dans ces paroles de saint Paul, la fraternité est un appel au bien, à vivre la grâce de notre baptême, et cet ADN d’amour divin nous permet de regarder l’existence de l’autre comme un don précieux pour nous. La bonne note J’étais en troisième année de lycée et une interrogation importante m’attendait en cours de physique. J’ai commencé à réviser avec acharnement, certaine d’être interrogée le lendemain (j’étais la seule de toute la classe à ne pas avoir de note en fin de trimestre). Peu après, ma petite sœur est venue me demander de l’aide pour ses leçons. J’ai d’abord résisté, mais peu de temps après, je me suis souvenue de ce que saint Paul recommande : réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent. J’ai donc commencé à étudier avec elle. Il lui a fallu tout l’après-midi pour se sentir prête, et j’ai à peine pu ouvrir mon livre de physique. Le lendemain, je suis allée à l’école avec appréhension, mais convaincue que Dieu interviendrait d’une manière ou d’une autre. Le professeur entre et commence à interroger d’autres camarades de classe. À la fin du cours, je lui demande pourquoi il ne m’a pas appelée. Il regarde le registre et me dit : « Mais tu as déjà ta note et c’est une bonne note. » Je savais très bien que je n’avais jamais été interrogée, il l’avait donc peut-être inscrite lors d’une intervention que j’avais faite. (S.T. – Italie) Comment aborder la journée Un homme en fauteuil roulant mendiait devant les chariots du supermarché. En sortant, je me suis approchée de lui et, après avoir échangé quelques mots avec lui, je l’ai invité à choisir parmi mes achats ce dont il avait besoin. Heureux, il a pris quelque chose et s’est immédiatement mis à manger. En le saluant, j’ai ressenti en moi une joie qui m’a aidée à relever les défis d’une journée qui avait péniblement commencé. À partir de ce simple fait, j’ai compris que débuter la journée par un acte d’amour concret est une bonne chose. Je m’y suis engagée en surmontant de nombreuses habitudes et en surprenant non seulement mon mari, mais surtout nos enfants qui ne tiennent pas compte de ce qu’ils reçoivent parce qu’ils pensent que tout leur est dû. Un soir, grand silence dans la famille après avoir appris qu’un oncle était atteint d’une grave maladie. Notre fils aîné, qui étudie à l’université, demande ce que nous pourrions faire pour lui. Et notre petite dernière de lui répondre : « Il faut faire comme maman qui met de l’amour dans tout ce qu’elle fait. C’est ainsi que nous découvrirons ce dont il a besoin. » (L. D. F. – Hongrie) Adèle Bipolarité… Je n’aurais jamais imaginé qu’Adèle, ma chère camarade de classe, était atteinte d’une maladie aussi grave. C’est sa mère qui me l’avait expliqué. Après un séjour à l’hôpital, certains jours où son équilibre semblait instable, elle ne comprenait pas elle-même ce qui lui arrivait. Les médicaments devaient trouver leur juste dosage et cela prenait du temps. Mais mon affection et mon estime pour elle sont restées les mêmes. J’ai été surprise le jour où elle m’a demandé de prier le chapelet. Il semblait qu’en priant elle était parfaitement concentrée. À partir de ce jour, nous avons commencé à lire des livres de spiritualité ou des histoires au contenu positif. J’avais l’impression que mon amie comprenait tout plus profondément que moi. Lorsque nous abordions certains sujets, je voyais en elle un altruisme sans limite. Ensemble, nous avons rejoint un groupe de bénévoles au service des pauvres. Adèle a retrouvé sa forme, son équilibre, son courage. Plus que quiconque, elle savait être proche de ceux qui étaient dans le besoin. L’expérience vécue avec elle m’a clairement montré que le véritable épanouissement de la personne se réalise dans la fraternité en acte. (P.A.M. – Italie)

Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

(Extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année IX – n° 1 mai-juin 2023)

Trame d’amour : un projet pour cultiver les bons sentiments

Trame d’amour : un projet pour cultiver les bons sentiments

Le 12 mai, au théâtre Cuminetti de Trente (Italie), a eu lieu la cérémonie de remise des prix de la troisième édition du concours scolaire « Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich citoyenne du monde », pour lequel 136 candidatures ont été déposées. Nous vous partageons l’interview de Cinzia Malizia, enseignante de la classe 1A de l’I.C. Camerano – Giovanni Paolo II – Sirolo (Ancona-Italie), qui a remporté le premier prix dans la section des écoles primaires. « Trame d’amour » est le titre de l’œuvre graphique-multimédia gagnante de la section primaire de la troisième édition du concours national pour les écoles 2022-2023. « Une ville ne suffit pas. Chiara Lubich citoyenne du monde », promu par le Centre Chiara Lubich en collaboration avec le Ministère de l’Éducation et du Mérite, la Fondation du Musée historique du Trentin et Humanité Nouvelle du mouvement des Focolari. Cette vidéo a été réalisée par les enfants de la classe de 1ère A de l’I.C. Camerano – Giovanni Paolo II – Sirolo di Camerano (Ancône-Italie), sous la direction de leur enseignante, Cinzia Malizia. Professeur Cinzia, comment avez-vous découvert ce concours ? Comme vous pouvez le voir sur la vidéo que nous avons réalisée, ma classe est très vivante, parfois même complexe et difficile à gérer. Malgré le fait qu’ils aient 7 ans, ils me donnent beaucoup à faire et, étant aussi un peu des enfants du Covid, j’ai remarqué une certaine difficulté à entrer dans leurs sentiments, à faire ressortir les « bonnes » choses, les bons gestes et les bonnes paroles. Je me suis demandée : « comment entrer dans le cœur de ces enfants ? » J’ai commencé à chercher des projets, des concours parmi ceux du Miur qui pourraient être utiles, surtout des figures qui pourraient servir d’exemple. C’est ainsi qu’est arrivée Chiara Lubich, une figure dont j’avais entendu parler mais que je connaissais peu. J’ai commencé à lire son histoire et, petit à petit, avec les enfants, nous avons construit un parcours dans le but de leur faire redécouvrir, avant tout, cette curiosité, cette crainte, cet émerveillement qui semblent malheureusement s’être perdus dans la société d’aujourd’hui. Sur quoi avez-vous travaillé en particulier ? Avec eux, j’ai voulu travailler beaucoup sur les émotions, comprendre ce qu’ils avaient en eux. Nous avons affronté la peur, travaillé sur la colère, sur la joie, et beaucoup d’expériences sont ressorties. Ils ont commencé à parler, à s’exprimer à leur manière, et ce qui était le point faible de ma classe s’est transformé en une véritable force. Ils ont été les premiers à comprendre à quel point cela fait du bien au cœur de « demander pardon », de dire « merci » ou « bonjour ». J’ai donc l’impression que la distance initiale commence à se réduire. Ce n’est pas que les enfants aient radicalement changé, ils sont toujours ceux qui ne tiennent pas en place, qui crient, qui ne respectent pas les règles, mais il commence à y avoir des gestes qui sont petits mais en même temps grands parce qu’ils font partie d’un cheminement fait ensemble. Chiara Lubich a été un guide, une figure rassurante, presque une « grand-mère », qui, par ses messages d’amour, d’espoir et d’exemple, a vraiment œuvré à la création d’un monde meilleur. Le simple fait de regarder l’autre avec amour, toujours, indépendamment du milieu social, de la religion, de la couleur de peau ou de la culture, les a beaucoup impressionnés. Ils en ont fait l’expérience en classe avec leur camarade musulman et c’est ce que signifie cultiver de bons sentiments, espérer une société différente. Nous, enseignants, ne pouvons pas baisser les bras. Ces enfants ont tant à donner. Comment les enfants ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris qu’ils avaient remporté le premier prix ? Ils étaient aux anges et vraiment heureux. Nous avons travaillé pendant des mois et des mois et je pense vraiment qu’ils le méritent. Malheureusement, nous n’avons pas pu trouver les moyens de faire venir tout le monde à Trente pour la cérémonie de remise des prix. Nous avons pris contact avec certains d’entre eux, mais six enfants étaient présents, accompagnés de leurs familles qui, avec une grande joie, ont mis leurs propres moyens à disposition pour le voyage. Eux aussi ont été très heureux de ce projet, nous avons tellement travaillé ensemble qu’à la fin de l’année nous ferons une pièce de théâtre sur les émotions. Les parents eux-mêmes ont collaboré en fabriquant une grande partie des masques que les enfants porteront, et nous avons même apporté certains d’entre eux à la cérémonie de remise des prix. Notre voyage ne s’arrête donc pas là. La directrice de l’école, le Dr Flavia Maria Teresa Valentina Cannizzaro, m’a dit au début : « Professeur, ils sont si jeunes, comprennent-ils ce que vous dites ? » J’espère que oui ! Au moins ils ont entendu et entendre de bonnes choses ne fait jamais de mal. Je pense qu’il est important que les enfants comprennent qu’avant d’être capable, ce qui compte c’est d’être bon, d’avoir une bonté d’âme qui nous permet de changer les choses pour le mieux. Je pense que l’expérience de Chiara Lubich les a vraiment aidés.

Maria Grazia Berretta

Les Focolari dans le Pacifique, une seule famille

Les Focolari dans le Pacifique, une seule famille

Les îles Fidji ont été la troisième étape du voyage en Asie et en Océanie de Margaret Karram et Jesús Morán, Présidente et Coprésident des Focolari. Dans cette région du Pacifique, la spiritualité de l’unité s’est diffusée à partir de la fin des années 1960.

Bien qu’ils soient arrivés aux îles Fidji le 3 mai 2023 nous devons dire que l’étape en Océanie du voyage de Margaret Karram et Jesús Morán n’a officiellement commencé que deux jours plus tard, avec la cérémonie du “Sevusevu“, qui a rassemblé plus de 200 personnes, y compris les représentants de l’Église locale. Cette cérémonie a marqué leur entrée et celle de la délégation du Centre qui les accompagne, dans la communauté ecclésiale et sociale fidjienne.

Sevusevu” : le don de l’accueil

Isole Fiji_cerimonia del “Sevusevu”

Avec la cérémonie du “Sevusevu” – qui signifie “don” – celui qui arrive dans l’archipel est accueilli et, à partir de ce moment, il n’est plus visiteur mais fait partie de la communauté et en est membre, il peut alors fouler le sol fidjien avec tous les droits et privilèges. La Présidente et le Coprésident des Focolari ont reçu de précieuses guirlandes et la racine de Kava, un dérivé de la plante du poivre, à la signification ancestrale. Les deux “candidats” ont été présentés à la communauté par les “hérauts“, qui ont parlé en leur nom. Ils ont ensuite bu d’un seul trait la coupe de Kava et reçu le “Tabua”, une dent de cachalot ayant une signification sacrée : c’est l’objet le plus précieux de la culture fidjienne, qui leur a été offert en signe de la plus haute estime et honneur.

Les traditions dans le Pacifique : racines du présent et de l’avenir des peuples

D’emblée, on perçoit que les traditions dans le Pacifique sont des réalités vitales et actuelles ; elles ne sont pas reléguées à un passé qui n’a rien à voir avec la vie quotidienne des personnes, mais elles constituent le fondement de leur style de vie. Respect, accueil, réciprocité, solidarité sociale, un lien très profond et millénaire avec la nature, sont les valeurs que les traditions perpétuent.

« Margaret Karram, Jesús Morán et la délégation des Focolari sont arrivés à un moment particulier de la vie des îles Fidji – explique Peter Emberson, fidjien, consultant et analyste politique pour le gouvernement des îles Fidji et les Nations Unies, qui a grandi au sein du Mouvement depuis son plus jeune âge. Le gouvernement actuel est plus ouvert et plus démocratique et je vois la visite de Margaret et Jesús dans le cadre de ce processus de renouveau social et politique. Il y a deux questions qu’ici, dans le Pacifique, nous posons toujours à une délégation officielle qui débarque sur les côtes de nos îles : “D’où viens-tu ?” et “Pourquoi es-tu venu ?” Au “Sevusevu”, Margaret Karram a pris la parole devant le peuple fidjien et a offert son engagement et celui du Mouvement des Focolari pour construire, ici aussi, l’unité. C’est une réponse identitaire, qui en dit long sur la contribution que le Mouvement peut apporter à notre pays. Et cela construit la confiance. »

Une région encore trop peu connue

Isole Fiji

L’Océanie est un continent peu connu et, bien qu’il soit le plus grand du globe d’un point de vue territorial, c’est le plus petit en termes de masse terrestre. Outre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, elle comprend la région du Pacifique, composée de 26 États nationaux et territoires. Les principaux groupes ethniques sont les Mélanésiens, les Micronésiens et les Polynésiens. Au total, la région du Pacifique compte 16 millions d’habitants et, ces 100 dernières années, les îles Fidji (près d’un million d’habitants) sont devenues le cœur politique et économique de la région, avec un contexte religieux diversifié. Le christianisme est la religion la plus représentée, suivi par l’hindouisme et l’islam. Le catholicisme est arrivé au XIXe siècle et on compte aujourd’hui un peu plus de 82 000 fidèles.

Le Père Soane Fotutata, Secrétaire de la Conférence Épiscopale du Pacifique (CEPAC), lors d’un dîner au focolare, a clarifié les défis sociaux mais aussi ecclésiaux de ce vaste territoire où l’Église catholique est présente avec 14 diocèses. Il a expliqué que la crise écologique est une menace existentielle pour les personnes et les communautés. Elle se manifeste par l’élévation du niveau de la mer, l’acidification des océans, la sécheresse, les inondations et les phénomènes météorologiques extrêmes devenus plus fréquents. Il y a également des fléaux sociaux tels que l’émigration économique et climatique, qui est en train de dépeupler de nombreuses îles ; la prostitution, l’alcoolisme, la pauvreté, auxquels l’Église locale tente elle aussi de répondre.

2022 : l’arrivée des focolares à Suva

C’est dans ce contexte ecclésial qu’il y a un an ont été ouverts à Suva, la capitale des îles Fidji, les focolares féminin et masculin. Leur présence, en effet, est aussi liée à un projet soutenu par Missio Écosse et MissioAustralie, pour collaborer à la pastorale diocésaine des jeunes confirmands et post-confirmands avec un programme visant à soutenir la transmission des richesses culturelles entre les générations. « À notre arrivée, racontent Lourdes Rank, du Brésil, et Stephen Hall, de Nouvelle-Zélande, l’archevêque nous a demandé d’être avant tout au service de l’Église et de nous insérer dans ses activités et ses projets. Nous nous sommes lancés dans la catéchèse, auprès des jeunes et dans la vie de nos paroisses. Une approche qui a été très positive : nous faisons à présent vraiment partie de la vie de l’Église et nous avons commencé à nouer des relations avec différents prêtres, religieux et laïcs. »

À cet égard, le vicaire général de l’Archidiocèse de Suva, Mgr Sulio Turagakacivi, a exprimé sa gratitude pour le service que les focolares rendent à l’Église locale. En le remerciant, Margaret Karram a déclaré : « Nous pouvons apprendre de l’Église d’ici comment vivre le processus synodal et comment maintenir la fraîcheur de la rencontre de l’Évangile avec la culture et la société locales. »

À Futuna, la première semence de la spiritualité de l’unité

Mais la première semence de la spiritualité de l’unité dans le Pacifique a été plantée à la fin des années 60 par sœur Anna Scarpone, missionnaire mariste, sur l’île de Futuna. Le premier focolare du Pacifique s’est ensuite ouvert à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) de 1992 à 2008, accompagnant la naissance et la croissance d’une communauté locale dynamique. Aujourd’hui, les focolares des îles Fidji sont “la maison” pour toutes les communautés du Mouvement de la région Pacifique, présentes – en plus de la Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji – à Kiribati et Wallis et Futuna, avec quelques personnes qui connaissent la spiritualité aussi en Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Samoa et à Vanuatu.

Pour la première fois ensemble

Isole Fiji-Margaret Karram e Jesús Morán con alcuni membri della comunità dei Focolari

À l’occasion de la visite de Margaret Karram et Jesús Morán, les communautés se sont rencontrées à Suva pendant quelques jours ; cela a été leur première rencontre dans l’un des pays du Pacifique et de nombreux gestes, comme l’accueil et le fait de se mettre en valeur réciproquement, ont montré que tous étaient conscients du caractère précieux de ces journées. Pour ces peuples, se retrouver comme famille des Focolari ne signifie pas seulement vivre une communion spirituelle, mais également contribuer à la vie quotidienne – qui inclut la cuisine, la préparation de la liturgie de la Messe, les chants et les danses – en offrant chacun son propre “don” humain et culturel, qui rencontre celui de l’autre.

Ici aussi, Margaret Karram et Jesús Morán ont rencontré les focolarini et les focolarines durant une matinée de communion profonde et ont pu vivre différents moments avec la communauté, comme les repas, la Messe et de nombreux moments de dialogue en toute simplicité. Le partage des expériences leur a permis ensuite de connaître les défis et l’engagement du Mouvement dans le Pacifique. En Nouvelle-Calédonie, la communauté est engagée au service de l’Église et, au niveau social, à créer des espaces d’unité entre les différentes entités ethniques dont le peuple est composé. À Futuna et Kiribati, la Parole de Vie est centrale, générant des expériences de pardon et de réconciliation dans les familles et des projets sociaux au service des femmes et des plus démunis. À Fidji, la communauté se développe et partage avec les focolarini l’engagement au service de l’Église.

Run4Unity aux îles Fidji : cheminer ensemble

Le 6 mai était la journée du Run4Unity et Margaret Karram a donné le coup d’envoi du relais mondial depuis le Pacifique, le premier lieu du monde à voir le soleil se lever. Avec les Juniors pour un Monde Uni présents, elle a planté avec Jesús deux arbres caractéristiques des îles Fidji : « l’arbre à bois de santal et l’arbre à agrumes, qui ont besoin l’un de l’autre pour grandir », a-t-elle expliqué.

« Le bois de santal possède le parfum et le citrus, qui est un agrume, lui fournit tous les nutriments dont il a besoin. C’est un merveilleux exemple de soin réciproque qui existe dans la nature. C’est ce que les habitants des îles du Pacifique veulent nous dire à tous : la seule façon d’offrir notre précieux don, l’unité, est de cheminer ensemble, en prenant soin les uns des autres. C’est ainsi que nous pourrons transformer notre monde. »

Un message qui rappelle ce qui est peut-être la principale caractéristique de ces îles : la vie communautaire, telle qu’elle est apparue lors de la rencontre de Margaret Karram et Jesús Morán avec la communauté du Mouvement des Focolari, l’après-midi et la soirée du 7 mai. « Je suis venue ici pour être proche de vous et partager votre vie, au moins pour quelques jours », a confié à tous Margaret. « Ce que j’ai trouvé ici est très proche de mon cœur et de la culture dont je suis issue, qui encourage le respect des personnes, de leur langue et le sens de la famille. Vous aussi, vous êtes peu nombreux, mais ne vous inquiétez pas : ce qui compte, c’est de vivre l’Évangile et d’apporter l’unité à ceux que nous rencontrons. Ce que vous avez partagé ces jours-ci m’a beaucoup touchée : vous nous avez donné Jésus par votre amour, votre hospitalité et votre accueil. Mais, en vous écoutant, j’ai compris que la perle la plus précieuse que nous possédons est Jésus abandonné, pour qui nous avons tout quitté et qui est le secret pour aimer tout le monde. »

« Les expériences de pardon que vous avez racontées m’ont profondément touché », a poursuivi Jesús, « et elles témoignent du fait que vous vivez l’Évangile, car le pardon est la plus grande nouveauté qu’il contient. Le pardon n’est pas humain, seul Jésus en nous peut pardonner, et vous l’avez raconté avec une pureté unique. »

À la question de savoir ce qu’elle espère pour l’avenir du Mouvement en Océanie, Margaret a répondu en disant ce qu’elle souhaite pour le Mouvement dans le monde entier : qu’il devienne toujours plus une famille non pas repliée sur elle-même, mais ouverte, qui dialogue pour réaliser la prière de Jésus au Père, comme l’a rêvé Chiara Lubich.

Reprenant la parole, elle a ajouté : « Je voudrais encore dire que pour contribuer à réaliser l’unité, chaque pays, culture ou continent ne doit pas perdre son identité propre. Nous devons rester nous-mêmes. Cela pourrait être un grand don pour tout le Mouvement et aussi pour le monde : être nous-mêmes, avec nos richesses et nos contradictions, et vivre le charisme de l’unité sans éliminer ce que nous sommes. » Les applaudissements qui ont suivi ont exprimé la gratitude des participants pour s’être sentis compris.

Commencée par la cérémonie du “Sevusevu“, cette visite ne pouvait que se conclure avec la même solennité. La cérémonie d’adieu, “I-Tatau”, semblait donc boucler la boucle : en fidjien, les “hérauts” parlant au nom de Margaret et Jesús ont remercié la communauté et ont demandé, en leur nom, l’autorisation de prendre congé ; tandis que l’orateur parlant au nom de la communauté fidjienne le leur accordait et leur souhaitait un bon voyage avec l’espoir de se revoir encore.

La soirée-concert préparée par les communautés du Pacifique a été une extraordinaire “expo”  des expressions artistiques des peuples présents, où les danses et les chants disent leur lien profond avec la terre et la nature, la fierté de leurs traditions et leur désir de les partager.

Mais ce qui restera gravé dans les mémoires, nous le croyons, c’est les salutations que les communautés de Nouvelle-Calédonie et des îles Fidji se sont échangées : assis les uns en face des autres, ils ont entonné chacun leur chant d’adieu, ils se sont salués de la main, en se regardant dans les yeux, comme on quitte un frère de sang.

« Nous t’assurons que nous serons une seule famille – ont-ils dit à Margaret Karram -, et malgré nos faiblesses, nous ferons tout pour garder Jésus au milieu de nous en Océanie. »

Stefania Tanesini

Festival œcuménique de la jeunesse

Festival œcuménique de la jeunesse

Le Festival œcuménique de la jeunesse naît du cœur de nombreux jeunes chrétiens et a pour devise « Marcher tous ensemble dans la lumière du Christ ». L’événement a eu lieu à Timisoara (Roumanie), capitale européenne de la culture, du 1er au 7 mai 2023. L’événement Un véritable festival où les jeunes sont les protagonistes et où chacun est témoin de la fraternité générée par la rencontre avec le Christ. C’est le cœur du Festival œcuménique de la jeunesse, le festival œcuménique qui s’est déroulé du 1er au 7 mai en Roumanie, à Timisoara. La motivation pour cet événement est venue après la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens en 2022, d’un groupe de jeunes de 6 confessions différentes : catholique romaine, catholique grecque, orthodoxe roumaine, servite, luthérienne et calviniste. L’évêque catholique romain József-Csaba Pál a déclaré que les 14 mois de travail en commun ont été « une véritable école de l’unité ». Le programme du festival a été riche en rencontres, conférences, débats et ateliers, enrichi par une belle procession œcuménique et des visites d’églises et de musées des différentes confessions à Timisoara. Les activités de loisirs n’ont pas manqué, comme celles organisées dans le parc Carmen Sylva, la soirée des jeunes à la maison Kolping et la promenade en bateau sur la rivière Bega. Le groupe « Ensemble pour l’Europe » (together4europe.org)  a organisé un atelier avec la participation de 100 jeunes sur le thème de la participation citoyenne et de la transformation de la ville. Une initiative importante dans le cadre du « Progetto Dialogue ». Le 6 mai, le groupe Gen Verde a donné un concert dans la salle du Capitole de la Philharmonie de Banat à Timisoara. Un spectacle qui est le fruit du projet Start Now : cinq jours d’ateliers de danse, de chant, de percussion et de théâtre qui ont impliqué des jeunes Roumains de différentes confessions dans la production du spectacle, auquel ont assisté quelque 850 spectateurs. La ville Timisoara a été choisie comme capitale culturelle de l’Europe pour l’année 2023. La ville de plus de 300 000 habitants reste fidèle à son esprit, accueillant actuellement 21 cultures et 18 religions.  Dans une atmosphère accueillante, ce lieu rassemble diverses communautés culturelles, notamment des Roumains, des Allemands, des Hongrois, des Serbes, des Croates, des Italiens, des Espagnols et des Bulgares. « Timisoara est le lieu où l’on peut le mieux vivre l’œcuménisme », explique le jeune orthodoxe Cezara Perian. La ville s’inspire de son passé (elle a accueilli la première bibliothèque publique avec salle de lecture de l’Empire des Habsbourg ou la première séance de cinéma), tout en explorant le pouvoir de transformation de la culture pour façonner son avenir. Timisoara est une ville accueillante qui compte plus de 40 000 étudiants, un secteur créatif dynamique et une multitude d’institutions culturelles accueillantes. La richesse du tissu urbain, composé de plus de 10 000 bâtiments historiques, d’espaces publics généreux et de quartiers historiques aux identités distinctes, associée au développement de corridors bleu-vert le long du canal de la Bega, rend la ville attrayante pour les familles, les professionnels délocalisés du monde entier, ainsi que pour les esprits libres qui parcourent l’Europe avec leur sac à dos. Les jeunes Au cours de ces journées du festival, les jeunes portant le T-shirt caractéristique de l’événement étaient nombreux à arpenter les rues de Timisoara. Plusieurs d’entre eux ont participé en tant que bénévoles à l’organisation de déjeuners publics, de promenades et d’activités dans toute la ville. Le jeudi 4 mai, des garçons et des filles de différentes confessions, accompagnés de leurs communautés et de prêtres, ont organisé une procession qui a traversé quatre églises. Partant de l’église gréco-catholique Sfânta Maria Regina Păcii, 300 personnes ont occupé les rues de Timisoara en chantant l’hymne du Festival œcuménique de la jeunesse. La première étape a été la Parohia Reformată Timișoara, de l’Église réformée, où les jeunes ont pu marcher dans le silence et la prière, incités par des messages sur les murs encourageant la réflexion. Arrivés à la Mitropolitană Orthodoxă Cathedrala, les participants à la procession ont prié ensemble et ont eu droit à un chœur d’opéra orthodoxe. Enfin, à la cathédrale catholique romaine Saint-Georges, tout le monde a déposé ses bougies, formant un cœur devant l’église. Ciobotaru Luca Paul, un jeune catholique romain, a déclaré : « En cette fête œcuménique, renouvelons notre foi, collaborons et ne laissons pas nos croyances nous diviser ». Deux femmes de passage en ville ont demandé en quoi consistait l’événement. Elles ont été impressionnées car, en tant que jeunes femmes orthodoxes, elles ont reconnu que les bougies utilisées provenaient de leur tradition, même si elles ne connaissaient pas les chants. Lorsqu’elles ont réalisé qu’il s’agissait d’une procession œcuménique, elles se sont demandées : « Mais comment est-il possible qu’il y ait autant de chrétiens ensemble ? »

C’est ce message d’unité dans la diversité que l’événement a voulu transmettre.

Ana Clara Giovani

Assemblée continentale d’Amérique latine : un appel à se faire entendre

Assemblée continentale d’Amérique latine : un appel à se faire entendre

Les assemblées régionales de la phase continentale du Synode 2021-2024 se sont conclues par l’Assemblée du Cône Sud, qui s’est tenue à Brasilia en mars 2023. Nous vous partageons quelques réflexions de membres du mouvement des Focolari qui ont participé à ce parcours et aussi à l’Assemblée de clôture.   « Dès que j’ai appris mon élection, outre la grande joie de pouvoir participer, j’ai ressenti une grande responsabilité, celle d’être un véritable canal par lequel laisser passer l’Esprit Saint ». Tels sont les propos de Mercedes Isola, Volontaire du mouvement des Focolari, élue comme laïque par les Évêques de la région de La Plata (Argentine) pour participer à l’Assemblée continentale du Synode du Cône Sud, qui s’est déroulée à Brasilia (Brésil), au siège de la CNBB (Conférence Nationale des Évêques du Brésil). Un espace de grand échange où il a été possible de redécouvrir, a poursuivi Marcedes, la « dignité baptismale qui nous rend tous frères, peuple de Dieu, coresponsables de la mission, quelle que soit la vocation de chacun. Les “communautés de discernement”, composées de personnes issues de réalités et de vocations différentes, ont confirmé cette réalité : l’Esprit Saint souffle en chacun, sans distinction ». La rencontre, à laquelle ont participé plus de 200 personnes, a commencé par l’entrée des images de la Vierge Marie, patronne de chaque pays, à qui ont été confiés les travaux de cette Assemblée qui a rassemblé des Brésiliens, des Chiliens, des Uruguayens, des Argentins et des Paraguayens. Dans la diversité de chaque peuple, la beauté de l’individu qui devient constructeur d’une véritable synodalité en dialoguant avec l’autre. « S’ouvrir à une Église avec une plus grande participation des laïcs, inclusive, transparente, cohérente à la suite de Jésus et concrète dans son service et sa mission, sont quelques-uns des points qui ont été abordés et approfondis au cours de ces journées », nous dit Eliane de Carli, focolarine brésilienne mariée. « Cette expérience, poursuit-elle, faite par une pratique appelée “conversion spirituelle”, nous a permis de vivre une communion très profonde dans les groupes de travail. De plus, la richesse de cette internationalité nous a permis de connaître les défis de l’Eglise dans chaque pays, parfois très similaires ». Ce fut une semaine de travail intense qui s’est transformée en expérience de vie. Marise Braga, Focolarine brésilienne, en témoigne : « La journée a commencé par un moment de prière, organisé chaque jour par un pays différent. Pour la rédaction du document final, et sur la base des questionnaires recueillis dans les différents pays au cours de la phase locale, il a fallu que le groupe réponde à trois questions : mettre en évidence les lumières qui se dégagent de ces rapports, souligner les ombres, les tensions et les défis de certaines questions dans chaque pays, et enfin, reconnaître les priorités à aborder au cours du Synode ». Le rôle des femmes dans l’Église a été l’un des thèmes récurrents de cette Assemblée continentale du Cône Sud, une question qui gagne en importance, tout comme les problèmes de la jeunesse qui doivent être abordés. « Avant la messe de clôture de cette phase synodale, les jeunes ont demandé la parole », a déclaré Mercedes Isola. C’était très fort d’entendre de leur bouche pourquoi leurs amis ne sont plus dans l’Église. Les jeunes eux-mêmes ont demandé une plus grande ouverture, une Église qui permette à tout le peuple de Dieu d’être protagoniste, avec des portes ouvertes comme le dit le pape François ». Un appel qui semble unir tous les continents dans ce processus synodal et qui, comme l’a affirmé le père Pedro Brassesco, secrétaire adjoint du CELAM (Conseil épiscopal latino-américain et caribéen), nous pousse à « apprendre une nouvelle manière d’être Église ». « L’Église nous a appelés à être écoutés, a conclu Marise, pas seulement les Évêques, mais tout le peuple de Dieu. Il faut souvent inverser la pyramide pour savoir ce qu’il y a en bas, mais il faut de la patience pour voir les fruits de ce travail. Peut-être que nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants en profiteront. Nous sommes en train de planter une graine, mais nous devons garder l’espérance. C’est un premier pas vers une Église plus proche ».

Maria Grazia Berretta