Mouvement des Focolari
La découverte de Jésus abandonné

La découverte de Jésus abandonné

En 2000, Chiara rappelle sa première « découverte » de Jésus abandonné : « Dans un épisode des premiers mois de 1944, nous avons une nouvelle compréhension de Jésus. Dans une circonstance particulière, nous apprenons que la plus grande douleur que Jésus a éprouvée, et donc son plus grand acte d’amour, a été lorsque sur la croix il a expérimenté l’abandon du Père : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” (Mt 27,46). Nous en sommes profondément touchées. Et le jeune âge, l’enthousiasme, mais surtout la grâce de Dieu, nous poussent à le choisir précisément dans son abandon, comme voie pour réaliser notre idéal d’amour. A partir de ce moment, il nous a semblé découvrir son visage partout. » Autre moment clef pour la compréhension de ce « mystère de douleur-amour ». Pendant l’été 1949, Igino Giordani rejoint Chiara qui s’est retirée pour une période de repos dans la vallée de Primiero, à Tonadico, dans les montagnes du Trentin. Avec la communauté, ils vivent intensément le passage de l’Évangile sur l’abandon de Jésus. Ce sont des jours d’intense lumière et à la fin de l’été, au moment de descendre de ce petit Thabor pour rejoindre la ville, Chiara écrit d’un seul jet ce texte qui commence par un vers devenu célèbre : « J’ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné. […] J’irai par le monde en le cherchant à chaque instant de ma vie » (C. Lubich, Pensée et Spiritualité, Nouvelle Cité 2003, p. 142). Des années plus tard, Chiara écrit : « Depuis le début nous avons compris que tout a une face cachée, que l’arbre a ses racines. L’Évangile te couvre d’amour, mais il exige tout. “Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas – peut-on lire dans l’Évangile de Jean – il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance” (Jn 12,24). Jésus crucifié en est la personnification, et le fruit en a été la rédemption de l’humanité. Jésus crucifié ! Lui qui avait expérimenté la séparation des hommes d’avec Dieu et entre eux et qui avait senti le Père loin de lui, fut reconnu par nous non seulement dans toutes les douleurs personnelles, qui n’ont pas manqué, et dans celles de notre prochain, souvent seul, abandonné, oublié, mais également dans toutes les divisions, les traumatismes, les scissions, les indifférences réciproques, petites ou grandes : dans les familles, entre les générations, entre pauvres et riches ; dans sa propre Église parfois, puis, plus tard entre les différentes Églises, comme par la suite entre les religions et entre les croyants et ceux qui n’ont pas d’option religieuse ». « Mais toutes ces déchirures ne nous ont pas effrayées – continue Chiara – au contraire, par amour pour Jésus abandonné, elles nous ont attirées. Et c’est lui-même qui nous a enseigné comment les affronter, comment les vivre, comment les dépasser quand, après l’abandon, il a remis son esprit dans les mains du Père : “Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23,46), en donnant ainsi la possibilité à l’humanité de se recomposer en elle-même et avec Dieu, et en lui en indiquant la façon de le faire. Il s’est donc manifesté à nous comme la clé de l’unité, remède à chaque division. Il était celui qui recomposait l’unité entre nous, chaque fois qu’elle avait pu se fissurer. Il est devenu notre unique Époux. Et notre vie avec un tel Époux a été si riche et si féconde qu’elle m’a poussée à écrire un livre, comme une lettre d’amour, comme un chant, un hymne de joie et de gratitude à son égard. »

Évangile vécu: prendre sa croix et le suivre

Évangile vécu: prendre sa croix et le suivre

20170916-01L’imprévu Tout de suite après avoir découvert que nous attendions notre premier enfant, un imprévu s’est présenté: un petit nodule au sein. Les examens révèlent qu’il s’agit d’un cancer. Pour moi et pour mon mari, qui est médecin, ce fut un coup dur. Trois jours après l’entretien avec le spécialiste je suis opérée. Selon lui, garder cet enfant est un facteur aggravant : il propose une interruption de grossesse immédiate pour commencer la chimiothérapie. Nous ne voulions pas nous y résigner. Dans la confiance en Dieu nous avons consulté d’autres médecins, en cherchant des solutions alternatives. Finalement nous avons opté pour une césarienne au septième mois de grossesse, lorsque l’enfant serait parfaitement en mesure  de survivre. Après quoi on pourrait engager la chimiothérapie et la radiothérapie. Huit ans se sont écoulés depuis et nous attendons notre troisième enfant. F.D. – France L’inconnu Un jour j’étais en voiture avec un homme qui m’avait demandé de le prendre. Il était midi. Je lui ai demandé où il allait manger et il m’a répondu : « Je n’ai pas un sou en poche et je ne sais pas comment je vais faire pour manger ». Soupçon et méfiance m’ont traversé l’esprit, mais j’ai chassé ces pensées en disant à Jésus : « Peu importe qui il est, ce que je fais pour lui, c’est pour toi que je le fais ». J’ai fouillé dans mes poches et lui ai donné ce que j’avais, en ajoutant, pour ne pas l’humilier : «Tu chercheras à me rendre cette somme lorsque tu le pourras ». Quelques jours après un client m’a restitué une enveloppe contenant la somme exacte que j’avais donnée  cet inconnu. Voilà qui m’a en quelque sorte confirmé  que l’Évangile est vrai. A.G. –  Italie Fête en famille Plusieurs familles amies ont eu l’idée d’organiser une grande fête pour les sénégalais présents dans notre ville. Nous nous sommes tous engagés à faire que ces jeunes émigrés ressentent la chaleur de la famille. A un certain moment l’un d’eux a fait remarquer : « Tout a dépassé nos attentes. Aucun d’entre vous ne nous  a fait sentir que nous étions différents et du coup  nous nous sommes sentis comme chez nous. Nous avons le même Dieu qui nous rend frères ». La fête s’est terminée, mais non pas l’amitié. G.L.- Italie Nous avons un Père Nous nous étions retrouvées par hasard après des années. Je ne la voyais plus depuis nos années au lycée. En raison de diverses vicissitudes, elle, licenciée en mathématiques, se trouvait dans ma ville sans le sou, obligée de mener la vie de clocharde. Elle était désespérée et je l’ai écoutée. Sur le moment je n’avais rien à lui donner, mais je lui ai promis de l’aider : elle devait en être sûre, parce que – lui ai-je dit – « Nous avons un Père au Ciel ». Nous nous sommes donné rendez-vous pour le lendemain. Entre temps, avec l’aide d’autres personnes, j’ai trouvé une solution temporaire et rassemblé une petite somme d’argent : au moins de quoi pouvoir vivre, manger et se laver. Deux jours après elle est venue me rendre cette somme en m’expliquant qu’on lui avait proposé un travail comprenant logement et nourriture. Et d’ajouter: « Je dois te dire merci pour cet argent, mais surtout  parce que ce jour-là tu m’as redonné ce qui m’était le plus utile : l’espérance et la certitude que j’ai un Père qui m’accompagne ».  Franca – Italie

Le choix exclusif de Chiara Lubich

Le choix exclusif de Chiara Lubich

20170916-02a« En Jésus abandonné se manifeste l’amour infini de Dieu, amour qui est mis dans le cœur des croyants pour réaliser, dès à présent, son dessein sur l’humanité : l’unité. Aimer Jésus abandonné signifie alors revivre sa Pâque en nous-mêmes, le passage continu, pour nous qui sommes encore en chemin, de la mort à la vie, de l’absence de Dieu à sa présence, ce qui caractérise l’existence chrétienne. Il ne s’agit pas de se résigner ou de vouloir souffrir comme Jésus a souffert mais plutôt de parcourir à nouveau le chemin qu’il a ouvert et de reconnaître – au-delà des apparences – sa présence active en tout ce qui n’est pas Dieu en nous et autour de nous. C’est Lui dire oui et le dire comme Lui, de façon à ce que l’Esprit Saint puisse faire irruption dans notre néant voulu et y manifester le don de l’agape divine qui nous ouvre à la vie future, éternelle et nous permet d’y participer. Jésus abandonné, en même temps, nous fait aller à la rencontre de l’humanité justement là où elle souffre davantage et vit dans les ténèbres. Jésus abandonné, embrassé et aimé, met ainsi l’amour là où se trouve la haine, la vie là où se trouve la mort, la communion et l’unité là où se trouve la division. Aimer Jésus abandonné est donc l’espérance contre toute espérance, la proximité de Dieu là où Dieu n’est pas, la présence de Dieu là où se trouve le silence de Dieu. Cette espérance est certitude d’un monde et d’une histoire humaine qui ne s’enferment pas sur elles-mêmes mais s’ouvrent à la rencontre toujours nouvelle avec Dieu et, en Lui, s’ouvrent à la rencontre toujours nouvelle des hommes entre eux, dans une communion fraternelle aux dimensions vraiment universelles. » Da Pasquale Foresi – LUCE CHE SI INCARNA – Città Nuova 2014 pagg. 172-3

La “Désolée” : la Sainte par excellence

La “Désolée” : la Sainte par excellence

20170915-01« Maria Au pied de la croix, dans le déchirant « stabat » qui fait d’elle un océan d’amertume et d’angoisse, Marie est l’expression, la plus élevée qui puisse être dans une créature, de toutes les vertus. Elle est la douceur par excellence, la pauvreté jusqu’à perdre son fils qui est Dieu. Elle est la juste qui ne se plaint pas d’être privée de ce qui lui appartient par pure élection, la pure dans le détachement héroïque qui la prive de son Fils, de son Dieu… En Marie désolée, les vertus de foi et d’espérance triomphent par la charité, ce feu qui l’anima toute sa vie et qui, dans cette participation si vive à la rédemption, l’enflamma tout entière. Dans la désolation, qui la revêt de toutes les vertus, Marie nous enseigne à nous couvrir d’humilité et de patience, de prudence et de persévérance, de simplicité et de silence, pour que dans la nuit de notre moi, de l’humain, brille pour le monde la lumière de Dieu qui habite en nous. Marie, Notre-Dame des douleurs, est la sainte par excellence, monument de sainteté vers lequel les hommes peuvent et pourront tourner leur regard pour apprendre la vraie mortification, que l’Église enseigne depuis des siècles et que les saints, chacun à sa façon, ont toujours rappelée. Nous accordons trop peu de considération à la “passion” de Marie, aux glaives qui lui ont transpercé le cœur, à l’abandon effroyable qu’elle a éprouvé au Golgotha quand Jésus l’a confiée à un autre… C’est peut-être parce que Marie a su trop bien couvrir de douceur, de lumière et de silence les affres de son agonie si vive. Pourtant il n’est pas de douleur semblable à sa douleur… Si, un jour, nos souffrances atteignent des sommets où tout en nous paraît se révolter, parce que le fruit même de notre « passion » nous semble ôté des mains, arraché du cœur, souvenons-nous d’elle. Ce sera par cette détresse que nous deviendrons un peu semblables à elle, que s’imprimeront en nous les traits de Marie, la toute belle, mère de tous parce que détachée de tous et surtout de son fils par la volonté de Dieu. Dans sa désolation au pied de la croix, Marie est la sainte par excellence. Je voudrais la revivre dans sa mortification. Je voudrais savoir rester seule avec Dieu, comme elle, même lorsque je suis parmi mes frères et faire de toute ma vie un dialogue intime avec Dieu. Il faut que je mortifie mes paroles, mes pensées et mes actes qui sont en dehors du moment de Dieu, afin de les enchâsser dans l’instant qui leur est réservé. Marie désolée est certitude de sainteté, source éternelle d’union avec Dieu, vase débordant de joie». Chiara Lubich, Pensée et spiritualité, Nouvelle Cité Paris, 2003, p. 192-194

Changer le monde dépend de toi

Changer le monde dépend de toi

Milonga_ProjectDes milliers de jeunes se préparent au Genfest en récoltant des semences de fraternité disséminées sur toute la planète. Elles font moins de rumeur que les guerres et les attentats, attirent moins les moyens de communication que les récits de « chiens écrasés », mais elles sont efficaces et concrètes en vue de construire un monde sans frontières de barbelés, sans haine ni indifférence. Mille projets sociaux développés dans le monde, un seul réseau de communication. C’est le projet Milonga. Pas la célèbre danse au rythme très soutenu, même s’il conserve les traits du peuple de l’Amérique du Sud, sa chaleur et sa générosité. Mais c’est un programme de volontariat international pour les jeunes.  Milonga veut dire Mille Organisations Non Gouvernementales en Action (www.milongaprojet.org), acronyme qui contient l’immense réalité de tant d’organisations sociales qui s’inspirent du charisme de l’unité. Elles ont toutes pour but de favoriser le désir – de plus en plus répandu chez les jeunes, qui ne laissent pas leur passeport moisir dans un tiroir – de faire une expérience de bénévolat, en se donnant eux-mêmes, en ouvrant tout grand leur cœur aux richesses d’autres cultures. Le projet, lancé par l’Association internationale New Humanity et par les Jeunes pour un monde uni, après une phase d’essai en Amérique Latine (Argentine, Bolivie, Brésil, Mexique, Paraguay, Venezuela t Uruguay), est adopté actuellement aussi en Europe (Italie, Croatie) en Jordanie, dans les Philippines et le continent africain (Kenya, Tanzanie). Milonga_Project_cDu 5 au 11 août dernier, des représentants de 8 cités-pilotes internationales des Focolari et de différentes ONG se sont rencontrés à la Mariapolis Ginetta au Brésil pour échanger sur les stratégies de développement des réseaux sociaux. Ils veulent approfondir la stratégie et la gestion du programme, la sélection et l’accompagnement, le contrôle, la communication, et offrir ainsi une proposition de formation de qualité avec des retombées positives, aussi bien au niveau individuel que vis-à-vis de la communauté d’accueil. 60 jeunes ont déjà profité de cette possibilité dans sa phase pilote, en réalisant leur désir de faire une expérience de bénévolat à l’étranger. Le programme Milonga fournit des modules de préparation au départ, avec proposition de formation personnalisée sur les besoins du bénévole et du groupe qui reçoit ; il prévoit que le jeune soit accompagné d’un tuteur pour toutes les phases (de la préparation à la permanence, jusqu’au retour dans le pays d’origine) et soit accueilli par les cités-pilotes et les communautés des Focolari, afin de leur permettre de vivre une expérience d’immersion dans le contexte local. Chaque participant a la possibilité d’une interaction avec les jeunes de son âge du monde entier, en se reliant à United World Project. Milonga_VolunteeringLe rapport avec Milonga naît de l’expérience qui a muri depuis quelques années et de l’impact que les expériences de volontariat sont en train de produire dans différents milieux. C’est une forme particulière d’action sociale dont la clé est le lien fraternel entre les divers acteurs. Et c’est justement l’esprit de fraternité qui motive la rencontre avec les différentes communautés en situation de vulnérabilité, pour réaliser avec elles une expérience de communion, de dialogue et de véritable échange interculturel. A partir de là on peut trouver ensemble des solutions qui ne « tombent pas du ciel », mais qui sont le plus possible partagées, dans une optique de réciprocité.  “Il n’est pas facile d’exprimer en peu de mots ce que j’ai vécu dans la “Casa de los Niños” dans la ville de Cochabamba durant un mois, raconte une jeune uruguayenne qui a été bénévole auprès d’une ONG en Bolivie. Après le jour de l’an je me suis engagée dans une aventure que j’avais en tête depuis quelque temps, avec mes économies et en me préparant. Je voulais aller dans une ONG où l’esprit des Focolari soit présent, et j’ai été surprise par la fraternité qui se vit à tout instant ». « J’ai connu une réalité sociale très différente de celle que nous vivons nous – c’est la réflexion d’une jeune espagnole – une réalité forte, qui m’a aidée non pas tellement à rencontrer certaines problématiques, que je connaissais peut-être déjà, mais à reconnaître et à accepter que, au-delà de notre origine, de la quantité d’argent que nous possédons, de l’endroit où nous habitons , nous sommes tous égaux ». https://www.focolare.org/es/news/2016/05/16/volontariato-giovani-progetto-milonga