Mouvement des Focolari

Voyage du Pape François en Colombie

En répondant à l’invitation des évêques de Colombie et du Président de la République Juan Manuel Santos Calderón, prix Nobel de la paix en 2016, le pape François fera, du 6 au 11 septembre, une visite apostolique dans ce Pays d’Amérique du Sud. Son voyage s’inscrit dans l’accompagnement du difficile processus de paix, dans un Pays éprouvé par des années de guerre civile, en vue de favoriser la réconciliation. « Votre présence nous aidera à découvrir qu’il est possible de nous réunir comme nation pour apprendre à retrouver un regard d’espérance et de miséricorde les uns envers les autres », a affirmé Mgr Fabio Suescún Mutis, responsable du Comité qui prépare cette visite. Une image symbolique représente le Pape en train de faire le premier pas, encourageant tout le peuple à se remettre à construire et à espérer un futur de paix.  

Étudiants chrétiens et musulmans : apprendre à vivre ensemble

En ce moment a lieu à Tonadico (25-30 août) la quatrième Summer School « Interfaith Engagement in Theory and Practice », organisée par l’Institut Universitaire Sophia en partenariat avec l’Islamic Institute of England (Londres, Royaume Uni) et le Risalat Institute (Qum, Iran). 42 étudiants chrétiens et musulmans chiites y participent, en  présence de deux Professeurs d’université : Piero Coda (Président de l’IUS) et Mohammed Shomali (Directeur du Centre Islamique de Londres). L’objectif de la Summer School est d’offrir un espace de réflexion et d’échanges sur les patrimoines culturels et religieux du Christianisme et de l’Islam, ainsi que sur les perspectives de dialogue et de collaboration réciproque, à la lumière des défis actuels.  

Parole de vie de septembre 2017

Se préparant à monter à Jérusalem, Jésus annonce la proximité du Royaume de Dieu. Sentant la grandeur de sa mission, ses disciples ont reconnu en lui l’Envoyé de Dieu attendu par tout le peuple d’Israël. Ils s’attendent à voir enfin la libération de l’occupation romaine et l’aube d’un monde meilleur. Or Jésus refuse d’alimenter ces illusions. Il affirme clairement que son voyage vers Jérusalem ne le conduira pas au triomphe, mais plutôt au rejet, à la souffrance et à la mort. Il révèle aussi qu’il ressuscitera le troisième jour. Paroles difficiles à comprendre et à accepter, au point que Pierre rejette un projet qu’il juge absurde et cherche à en dissuader Jésus. Après l’avoir sèchement réprimandé, Jésus s’adresse à tous les disciples avec cette invitation bouleversante : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » Que demande donc Jésus à ses disciples d’hier et d’aujourd’hui par ces paroles ? Désire-t-il que nous méprisions notre vie ? Que nous embrassions tous une vie ascétique ? Que nous recherchions la souffrance pour plaire à Dieu ? Non, cette parole nous exhorte plutôt à suivre les pas de Jésus, à accueillir les valeurs et les exigences de l’Évangile pour lui ressembler le plus possible. Cela signifie vivre avec plénitude, comme il l’a fait, même lorsque l’ombre de la croix apparaît sur le chemin. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » Nous ne pouvons le nier : chacun à sa propre croix. La souffrance, sous toutes ses formes, fait partie de la vie humaine, mais elle nous semble incompréhensible, contraire à notre désir de bonheur. Pourtant c’est justement là que Jésus nous apprend à découvrir une lumière inattendue, rappelant ces merveilleux vitraux dans des églises où, vus de l’extérieur, ils semblaient sombres et sans beauté. Si nous voulons le suivre, Jésus nous demande de changer nos valeurs, de ne plus nous focaliser sur notre intérêt. Il nous propose de privilégier les exigences des autres, de nous dépenser pour les rendre heureux. Comme il l’a fait lui-même en réconfortant et en rendant espérance à ceux qu’il rencontrait. Cette libération de notre égoïsme nous fera grandir en humanité et réaliser notre personnalité. « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive. » Jésus nous invite à être témoins de l’Évangile, en dépit des incompréhensions de notre entourage. Il nous demande de rester avec lui en donnant notre vie pour l’idéal le plus élevé : la fraternité universelle, la civilisation de l’amour. Cet aspect radical de l’amour est une exigence profonde du cœur humain, comme en témoignent d’ailleurs des personnalités de traditions religieuses non chrétiennes, qui ont suivi la voix de leur conscience jusqu’au bout. Gandhi écrivait : « Si quelqu’un me tue et que je meure avec une prière sur les lèvres pour mon assassin, avec la conscience de la présence vivante de Dieu dans le sanctuaire de mon cœur, alors seulement pourra-t-on dire que je possède la non-violence des forts . » Chiara Lubich a trouvé dans le mystère de Jésus crucifié et abandonné le chemin pour guérir chaque blessure et chaque absence d’unité entre les personnes, les groupes et les peuples. En 2007, à l’occasion d’une grande rencontre de Mouvements et Communautés religieuses de diverses Églises à Stuttgart, elle s’exprimait ainsi : « Chacun de nous, dans sa vie, éprouve également des souffrances semblables aux siennes. […] Lorsqu’une souffrance nous touche, rappelons-nous Celui qui les a faites siennes : elles sont comme un écho de sa présence, une participation à sa souffrance. Et nous aussi, nous pouvons imiter Jésus qui n’est pas resté paralysé, mais, aussitôt après son cri, a prononcé ces mots : “Père, entre tes mains, je remets mon esprit” (Lc 23,46), s’abandonnant de nouveau entre les mains du Père. « Comme lui, nous pouvons aller au-delà, surmonter notre épreuve, en lui disant : “C’est toi, Jésus abandonné, que j’aime dans cette souffrance. Cette épreuve me parle de toi, j’y vois ton visage”. Si, après avoir fait cela, nous nous lançons à aimer nos frères dans le moment qui suit et à faire ce que Dieu désire de nous, nous ferons l’expérience, dans la plupart des cas, que la souffrance se transforme en joie. […] Les communautés où nous vivons […] peuvent connaître des divisions grandes ou petites. Dans ces souffrances-là aussi, nous pouvons discerner son visage. Nous serons en mesure de surmonter ces souffrances et de tout faire pour reconstruire la fraternité avec les autres […]. Jésus crucifié et abandonné est donc la voie, le modèle de la culture de communion . » Commission Parole de vie (La Commission Parole de vie est composée de deux biblistes, de représentants d’Asie, d’Afrique, d’Amérique Latine, de jeunes, du monde de la communication et de l’œcuménisme)

Maria Voce : Dialogue, un style de vie/2

Maria Voce : Dialogue, un style de vie/2

Emmaus 3Après avoir développé les points de l’art d’aimer, selon l’expression chère à Chiara Lubich, Maria Voce se demande : « Mais comment faire pour vivre cet art qui ne se base pas sur des sentiments ou de bonnes résolutions, mais que l’on met en pratique avec la mesure que Jésus veut, c’est-à-dire jusqu’à donner la vie. Existe-t-il une clé, un secret, qui nous rend toujours davantage capables de vivre à cette mesure-là ? ». Elle parle alors du « moment culminant » de la passion de Jésus, lorsqu’il se sent abandonné par le Père (Mt 27,46), et pourtant, il se remet entre ses mains (Lc 23,46), en surmontant « cette immense souffrance ; et de cette manière, il a ramené les hommes dans le sein du Père et dans la communion entre eux ». « Comment pouvons-nous vivre ce mystère de Jésus abandonné-ressuscité ? Comment réussir à progresser quand sur le chemin œcuménique nous nous heurtons au problème de la vérité ? », se demande encore la présidente. « Ayez en vous les mêmes sentiments que le Christ Jésus : – écrit l’apôtre Paul aux Philippiens – Lui, qui était de condition divine, ne retint pas jalousement le fait qu’il était Dieu, mais il s’abaissa lui-même assumant une condition de serviteur, devenant semblable aux hommes ‘ (Phil 2,5-7). Dans cette attitude nous pouvons transmettre de manière crédible la vérité du Christ. Christ qui s’est vidé de tout, comme don d’amour ». Et de citer le pape François en conclusion de la Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens, le 25 janvier dernier : “Si nous vivons cette mort à nous-mêmes pour Jésus, notre vieux style de vie est relégué au passé, et comme cela est arrivé à St. Paul, nous entrons dans une nouvelle forme d’existence et de communion”. « Chiara Lubich appelle cette nouvelle forme d’existence et de communion : “Jésus au milieu de nous”. Cette expression se réfère à la promesse de Jésus de se rendre présent au milieu de ceux qui se trouvent réunis en son nom, qui signifie en son amour (Mt 18,20). Cette présence du Ressuscité parmi les siens est décisive pour l’œcuménisme ». En 1996, après une rencontre avec un millier d’anglicans et de catholiques, Chiara commence à parler d’œcuménisme “du peuple”. C’est dans cet esprit que naît l’élan vers “Ensemble pour l’Europe”, communion et collaboration entre maintenant plus de 300 mouvements et communautés de diverses Églises. « Sans une véritable réconciliation – affirme Maria Voce – on ne progresse pas sur le chemin vers l’unité. Et cette réconciliation caractérise jusqu’aujourd’hui la communion entre les mouvements ». Enfin, conclut la présidente : « Sur les traces de ce qui est advenu à Lund le 31 octobre 2016 lorsque le pape François et le président de la Fédération Mondiale Luthérienne, l’évêque Dr Munib Youman, ont voulu commémorer ensemble les débuts des 500 ans de la Réforme, j’ai senti que je devais donner un nouvel élan à l’engagement œcuménique qui caractérise notre mouvement ». Ainsi est née dans la cité-pilote proche d’Augsbourg “La déclaration d’Ottmaring” qui « veut nous aider à penser œcuméniquement : rappeler que n’importe quel frère que je rencontre, qu’il soit de mon Eglise ou d’une autre Eglise, il appartient au corps du Christ, à ce corps pour lequel le Christ a donné sa vie. C’est un engagement absolu que nous prenons en tant que mouvement des Focolari et que nous pouvons faire pénétrer dans le quotidien et dans tous les aspects de la vie humaine. L’œcuménisme est une nécessité de notre temps. Il doit avancer. Parce qu’il répond au besoin de Dieu que tout le monde a, même si inconsciemment. Si les gens ont l’occasion de rencontrer Jésus présent parmi les chrétiens qui s’aiment, la foi naîtra en eux, ils changeront leur manière de se comporter, ils chercheront la paix et des solutions de justice, et ils s’engageront pour la solidarité entre les peuples. Uniquement si nous sommes unis entre chrétiens, le monde pourra rencontrer Dieu ». Lire le texte intégral en italien

Maria Voce : Dialogue, un style de vie/1

Maria Voce : Dialogue, un style de vie/1

Emmaus 2« Dans le monde d’aujourd’hui, si mondialisé et interdépendant, le dialogue semble l’unique chemin pour que l’humanité puisse survivre. Ou l’on se combat les uns contre les autres jusqu’à la destruction réciproque ou l’on dialogue ; de fait seule l’ouverture à l’autre et le dialogue créent la vie et mènent à la vie, parce qu’ils fondent toute action sur les êtres reconnus comme frères, enfants de Dieu. Et l’Esprit Saint, d’après ce qu’il me semble comprendre, est en train de pousser un peu partout nos Églises dans cette direction : dialoguer pour retrouver l’unité rompue les siècles passés, pour donner en tant que chrétiens un témoignage commun face au monde, selon la prière de Jésus : “Père, que tous soient un, afin que le monde croie” (cf. Jn 17) ». C’est ce qu’exhorte la présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, dans son intervention bien articulée. Une partie de son témoignage œcuménique personnel jusqu’à la rencontre avec la spiritualité de l’unité : « Au cours des années 60, à travers l’expérience de Chiara Lubich qui était entrée en contact avec quelques chrétiens, membres de la “Fraternité de vie commune” d’Allemagne, s’ouvre pour le Mouvement le dialogue œcuménique. En 1965, la cité-pilote d’Ottmaring (Allemagne), voit le jour ; catholiques et évangéliques vivent ensemble ». Durant le Concile Vatican II, Chiara entre en contact avec quelque Observateurs d’autres Églises. Débutent ainsi celles qu’on a appelées les « Semaines œcuméniques », où, chaque année, nous nous communiquons réciproquement les expériences de la Parole vécue entre chrétiens de différentes Églises, en mettant surtout l’accent sur le Commandement nouveau de Jésus : “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés” (Jn 13,34). À la rencontre historique du 13 juin 1967 entre le Patriarche œcuménique Athénagoras I et Chiara Lubich, Maria Voce se trouvait à Istanbul, en Turquie, en tant que responsable du mouvement local. « Ce fut la première des 25 rencontres que Chiara aura avec cette grande figure charismatique. Athénagoras se déclarait « son disciple » et désirait un focolare à Constantinople ». D’autres rencontres œcuméniques importantes suivront. « Des chrétiens des Églises les plus variées ont voulu partager la spiritualité de l’unité et plusieurs se sont sentis appelés à faire partie des différentes vocations spécifiques du mouvement, tout en restant chacun et chacune bien inséré dans sa propre Eglise ». De fait, se rappelle Maria Voce, « le dialogue ne se fait pas entre les cultures, mais bien entre les personnes. Ou mieux, on vit en dialogue ». Et encore : « Le fondement du dialogue est Dieu, Dieu qui est amour et père de nous tous et qui fait de tous des fils dans le Fils, tous frères, tous une unique famille. Dès le début, Chiara a fait de la prière de Jésus « que tous soient un » – que nous pouvons traduire par “transformer l’humanité tout entière en une seule famille” – la devise de sa vie et a invité des millions de personnes, dans le monde entier, à s’engager à vivre pour la réaliser ». Pour les Focolari, donc, « le dialogue est un style de vie, une nouvelle culture, que le mouvement peut et veut offrir aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui ». « Il doit donc être soutenu et imprégné de miséricorde, de compassion, de charité ». Maria Voce cite Chiara Lubich qui, en 1970, écrit : “Si nous n’avons pas la charité, nous n’aurons pas la lumière de Dieu et le dialogue, n’importe quel dialogue, peut devenir stérile, infructueux ” (1). Et, toujours Chiara Lubich : “Celui qui est à côté de moi a été créé en cadeau pour moi et moi j’ai été créée en cadeau pour celui qui se trouve à côté de moi. Sur la terre tout est en rapport d’amour avec tout : chaque chose avec chaque chose. Il faut cependant être l’Amour pour trouver le fil d’or entre les êtres”(2). La présidente des Focolari développe ensuite ce qu’on appelle « l’art d’aimer », qui se résume en quelques points : aimer tout le monde, toujours aimer, aimer en premier, « se faire un » avec l’autre (cf. 1Co 9,22). « De cette manière le prochain se sent compris, accepté, soulagé ».  (Première partie)

  • LUBICH, Discours aux focolarini, 1970. Texte non publié cité par Vera Araújo, Le cinquième dialogue
  • LUBICH, Ecrits Spirituels 1, “L’attraction du temps moderne”, Città Nuova, Rome 1978, 140.