Mouvement des Focolari
Benoît XVI : réformateur dans la continuité

Benoît XVI : réformateur dans la continuité

Le théologien Piero Coda évoque le pape Benoît XVI et l’extraordinaire contribution de sagesse qu’il a apportée au cheminement de l’Église de notre temps. Mgr Coda, en 1998, lors du Congrès Mondial des Mouvements ecclésiaux, le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de l’époque, le Card. Joseph Ratzinger, a prononcé un discours historique sur le rôle des Mouvements ecclésiaux. Quels étaient, à votre avis, les points essentiels de cette intervention ? Dans quelle mesure ces paroles ont-elles contribué à modifier le rôle des mouvements dans l’Église ? Oui, c’était en effet un discours historique ! Je l’ai écouté en direct, étant présent au Congrès. La grande compétence théologique et la connaissance de l’histoire de l’Église, ainsi que l’expérience du Concile et ensuite – dans le rôle qu’il a joué au Vatican – de sa mise en œuvre au niveau universel ont permis à Ratzinger de situer clairement la signification des Mouvements ecclésiaux dans la mission de l’Église. Le point central qu’il a proposé consiste à reconnaître en eux l’action de l’Esprit Saint qui, au cours des siècles, renouvelle toujours, par vagues successives, le Peuple de Dieu par le don des charismes : de saint Benoît aux Ordres Mendiants au Moyen-Âge, de la Compagnie de Jésus aux Ordres missionnaires dans les derniers siècles, jusqu’à la floraison charismatique inattendue au moment du Concile. D’où l’affirmation de Jean-Paul II, en accord avec l’enseignement de Vatican II, que l’Église se construit grâce à la co-essentialité des « dons hiérarchiques »- le ministère conféré par le sacrement de l’Ordre – et des « dons charismatiques » – la libre effusion de grâces spéciales de lumière et de vie parmi tous les disciples de Jésus. À l’occasion du décès de Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, le pape Benoît XVI a rédigé un long message de condoléances. Quelle relation Chiara Lubich avait-elle avec lui ? Chiara – elle me l’a dit personnellement – a été très touchée par ce discours du cardinal Ratzinger en 1998 et en a toujours été reconnaissante. En outre, lorsqu’il a visité le Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Rome) et y a célébré la Sainte Messe en la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1989, citant la parabole évangélique, il a dit qu’il avait vu pousser un grand arbre né d’une petite graine, dans lequel les oiseaux du ciel trouvent le repos… Les premières années du pontificat de Benoît XVI ont coïncidé avec les dernières années de la vie de Chiara : elle n’a plus eu la possibilité de le rencontrer en personne et n’a pas non plus pu se réjouir du fait qu’un an après sa mort, le pape Ratzinger ait mentionné l’économie de communion dans son encyclique Caritas in veritate. Que disent la pensée et la vie du pape Benoît XVI à l’Église d’aujourd’hui et de demain, que l’actuel Synode contribue à façonner ? Sa contribution incontournable a été de rappeler, avec son autorité d’homme de Dieu et de grand théologien, une vérité décisive : l’œuvre de renouveau mise en route par Vatican II doit être promue en lien direct avec le noyau vivant de l’Évangile de Jésus et dans le cadre de la Tradition ecclésiale. Comme il l’a souligné dans son discours magistral à la Curie romaine en décembre 2005 – la première année de son pontificat – lorsqu’il a exposé la clé d’interprétation décisive de l’événement conciliaire : « la réforme dans la continuité ». Ce n’est pas un hasard si le livre le plus connu du jeune théologien Ratzinger, paru dans sa première édition en 1968 et traduit dans les principales langues, porte le titre d‘Introduction au christianisme. Cela indique que la rampe de lancement d’un bond en avant prophétique est la foi depuis toujours en Jésus. Il n’est pas non plus anodin qu’en tant que pape, il ait voulu réserver trois encycliques aux vertus théologales : la charité, l’espérance et la foi. En soulignant fortement la primauté de la première, parce qu’elle évoque le nom même du Dieu qui se révèle en Jésus. Ce Jésus à qui il a dédié une trilogie passionnée comme une invitation à rencontrer le principe vivant de la foi, qui n’est pas seulement une belle idée, mais Lui-même. Fidélité, donc, au patrimoine de la foi. Mais pour que s’en dégagent la richesse et la nouveauté de l’Évangile. C’est le secret de la force et de l’attrait durable du Magistère de Benoît XVI. Et pour vous personnellement, quel est le plus beau souvenir que vous gardez du Pape Ratzinger ? Je l’ai rencontré à plusieurs reprises, d’abord lorsqu’il était cardinal, puis en tant que pape, et j’ai toujours ressenti sa grande cordialité et son attention exquise. J’ai également eu l’occasion de m’entretenir longuement avec lui sur la théologie, dans le cadre d’une série de séminaires avec d’autres chercheurs, au niveau international, lorsqu’il était Préfet de la Doctrine de la Foi, réalisant (avec une gratitude croissante envers Dieu) l’extraordinaire contribution de sagesse qu’il a apportée au cheminement de l’Église de notre temps. En accord avec Chiara, j’ai communiqué au pape Benoît l’idée de créer l’Institut Universitaire Sophia : « Une belle chose… – s’était-il exclamé – , si vous y arrivez… ». Je me souviens de sa joyeuse surprise lorsque, le rencontrant lors d’une audience avec le premier groupe d’étudiants, Caelison, une étudiante aveugle, lui confia spontanément : « A Sophia, nous avons trouvé la lumière ! ».

                                                                                                                                  Stefania Tanesini

« Le dernier mot de l’histoire du monde sera la communion »

« Le dernier mot de l’histoire du monde sera la communion »

Les mots de Margaret Karram, Présidente du Mouvement des Focolari, à l’occasion du départ de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI. Estime, reconnaissance et grande émotion remplissent en cet instant mon cœur tandis que j’exprime la plus profonde gratitude pour l’œuvre et la vie du Pape Benoît XVI, en mon nom personnel et au nom du Mouvement qu’il a suivi et accompagné avec proximité et amour. Avec toute l’Église, nous nous rassemblons autour du Pape François pour le redonner à Dieu, certains qu’il a déjà été accueilli dans la gloire du Ciel et je le ferai personnellement, le 5 janvier prochain, en assistant à la messe des funérailles sur la place Saint-Pierre. J’ai eu le privilège d’accueillir le Pape Benoît à Jérusalem, en mai 2009, participant à différentes étapes de son pèlerinage en Terre Sainte. Deux moments m’ont particulièrement marquée ; ses paroles au Saint-Sépulcre : « Ici, la paix est possible. » « Le tombeau vide, a-t-il poursuivi, nous parle d’espérance, cette espérance qui ne déçoit pas, car elle est le don de l’Esprit de la vie. » La participation à une messe privée dans la Délégation apostolique de Jérusalem, célébrée par le Pape Benoît XVI, a également été très forte pour moi. J’ai perçu sa tendresse paternelle et la grandeur de sa charité qui s’exprimait par un geste de reconnaissance pour tout ce que le Mouvement des Focolari avait fait pour préparer sa visite. En 1989, alors qu’il était encore Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le card. Joseph Ratzinger fut invité par Chiara Lubich à dialoguer avec les focolarines réunies à l’occasion de leurs exercices spirituels annuels, auxquels je participais également. Il a répondu à des questions très variées et, à un moment donné, il a prononcé des paroles que je n’ai pas oubliées. À propos de l’avenir de l’Église et de l’humanité, il a dit : « Le dernier mot de l’histoire du monde sera la communion, ce sera le fait de devenir communion, non seulement entre nous mais, étant incorporés dans l’amour trinitaire, de devenir communion universelle, où Dieu est tout en tous. »[1]. Aujourd’hui, alors que notre bien-aimé Pape Benoît XVI est retourné à la maison du Père, cette expression résonne en moi presque comme un testament spirituel. Ce sont des paroles d’une extraordinaire actualité, qui projettent aujourd’hui lumière et espérance sur une humanité affligée par des conflits dont nous ne voyons pas la fin. Nous nous sommes nourris de sa pensée éclairée, celle d’un grand théologien qui, encore très jeune, a participé au Concile Vatican II, transmettant et présentant au fil des ans la nouveauté d’une Église-communion, faite de connaissance de la Parole et de charité traduite en actes. Au lendemain de son élection comme Pape, Chiara Lubich s’exprimait ainsi : « D’après la connaissance directe que j’ai de lui, possédant des dons particuliers pour saisir la lumière de l’Esprit, il ne manquera pas de surprendre et de dépasser toute prévision. »[2] Nous n’oublierons pas non plus le rôle clé qu’il a joué en 1998, lorsque le Pape Jean-Paul II, à l’occasion de la fête de Pentecôte, convoqua sur la Place Saint-Pierre les Mouvements ecclésiaux et les Nouvelles Communautés. À cette occasion, le card. Ratzinger fit un cours magistral intitulé : « Les Mouvements ecclésiaux et leur cadre théologique », dans lequel il traça le profil des Mouvements et des Nouvelles Communautés et leur relation indissociable de l’Église. Certains passages de son intervention continuent à être pour moi et pour le Mouvement source de lumière pour nous permettre d’être des instruments de communion dans l’Église et les bras du Christ pour l’humanité : « […] Il est très clair que l’Esprit Saint est encore à l’œuvre dans l’Église aujourd’hui et lui confère de nouveaux dons – disait-il alors – grâce auxquels elle revit la joie de sa jeunesse (cf. Ps 42, 4). Gratitude pour les nombreuses personnes, jeunes et âgées, qui adhèrent à l’appel de l’Esprit et, sans regarder autour d’elles ni derrière elles, se lancent avec joie au service de l’Évangile. Gratitude pour les évêques qui s’ouvrent aux nouvelles perspectives, leur font une place dans leurs Églises respectives, débattent patiemment avec leurs responsables pour les aider à surmonter toute unilatéralité et les conduire à la juste conformité. »[3] Avec toute l’Église, je remercie Dieu pour le don que le Pape Benoît XVI a été pour notre temps, et je prie pour que nous sachions saisir et traduire en vie la profondeur de sa pensée théologique, sa fidélité à l’Évangile et le courage d’un témoignage de vie capable de conduire l’Église sur les chemins de la vérité, de la fraternité et de la paix.

Margaret Karram Présidente Mouvement des Focolari

[1] Visite du Card. Joseph Ratzinger à la rencontre des focolarines, réponses aux questions. Castel Gandolfo, le 8 décembre 1989. Archives Chiara Lubich dans les Archives Générales du Mouvement des Focolari. [2] Déclaration de Chiara Lubich in : Communiqué de presse Mouvement des Focolari, 20 avril 2005 [3] Les Mouvements dans l’Église. Actes du Congrès mondial des Mouvements ecclésiaux, Rome, 27-29 mai 1998, Coll. Laici oggi 2, Libreria Editrice Vaticana, Città del Vaticano 1999

Le Gen Rosso à Madagascar et au Liban

Le Gen Rosso à Madagascar et au Liban

Deux étapes décisives pour vivre des échanges culturels, susciter des parcours d’inclusion grâce à l’art et développer des talents musicaux. Yann Dupont est professeur en France. Il enseigne à l’Institut Sainte Catherine à Villeneuve-Sur-Lot. Il avait un rêve : emmener quelques élèves à Madagascar, à Moramanga, pour un échange culturel avec l’école d’Antsirinala. Il se trouve qu’un jour, Yann Dupont a rencontré Valerio Gentile du groupe Gen Rosso. Un dialogue vivant, simple et sincère. Une idée est née : pourquoi ne pas partir ensemble (le Gen Rosso et cinq de ses élèves à Madagascar), pour un échange culturel et humanitaire ? Aussitôt dit, aussitôt fait ! Les jeunes français ont donc été inclus dans le groupe de formation “train the trainer” auquel participaient également des jeunes intéressés par les arts du spectacle. Ils avaient pour devise les mots qu’ils ont ensuite mis en pratique lors des ateliers à Madagascar : « Vivre le respect mutuel, se mettre à la place de l’autre, vivre l’un pour l’autre avec joie, recommencer. » Un circuit de 8 jours en novembre – grâce au soutien financier de l’ONG Edugascar – dans quatre villes différentes : Ambatondrazaka, Moramanga, Antsirinala, Antingandingana. Les journées se sont déroulées entre des ateliers de danse, de percussion, de chant et des concerts. Plus de 500 jeunes ont été impliqués. « Nous pensons que nous avons tous fait ici, à Madagascar, l’expérience d’un monde plus solidaire », c’est le sentiment du Gen Rosso, « nous avons découvert un peuple qui transmet l’espoir, la patience, le sens de l’adaptation, la sérénité et le courage pour affronter la vie avec ses défis quotidiens. » Nancy Judicaelle, une jeune fille de Madagascar, se confie : « D’un côté, je suis triste que mon temps avec eux ait été si court, mais je suis très heureuse et profondément émue, et j’éprouve une joie inexplicable. » Angel, l’un des jeunes participants, ajoute : « Le concert a été formidable, car nous avons eu un échange sur la musique, l’éducation des plus jeunes, le respect de l’environnement. C’était un grand spectacle où les enfants aussi ont pu apporter leur contribution à l’ensemble de notre communauté. » Les cinq élèves français et le Gen Rosso ont poursuivi leur tournée, d’abord à Antsirinala où ils ont été accueillis – dans une ambiance très conviviale – par une école de 200 enfants et jeunes jumelés avec l’école de Villeneuve, puis à Ambatondrazaka. Ici la rencontre avec la communauté des Focolari fut très festive car c’était la première fois que le Gen Rosso débarquait à Madagascar. « J’ai vécu d’incroyables moments d’échanges culturels qui se sont déroulés de manière tout à fait naturelle entre le Gen Rosso et le peuple malgache plein d’humanité », raconte Nicolas Dumoulin, un reporter français qui a suivi le voyage, « y compris un groupe d’étudiants français qui étaient ici dans le cadre d’un échange. Ce fut pour eux une grande aventure de vie. » Étape libanaise Autre rendez-vous important pour le groupe international : le Liban, dans le cadre du projet HeARTmony. Après une expérience en Bosnie, ce programme de formation a fait une halte à Beyrouth en novembre pour les jeunes intéressés par les méthodologies d’inclusion sociale des migrants et des réfugiés à travers l’art. Une incitation à renforcer les compétences interculturelles et à réfléchir sur les causes et les effets de la migration en Méditerranée. Adelson, Michele, Ygor et Juan Francisco, représentant le Gen Rosso, ont rencontré des jeunes de Caritas Égypte, Caritas Liban et des membres d’Humanité Nouvelle Liban. Ils ont atterri à Beyrouth et ont été chaleureusement accueillis par les membres les focolari. L’objectif principal du voyage était d’apprendre à utiliser la musique et l’art comme outils pour rassembler les gens, en particulier ceux qui vivent en marge de la société comme les migrants, afin qu’ils se sentent les bienvenus dans une communauté. « L’art est un moyen d’expression puissant », souligne M. Adelson du Gen Rosso, « la musique permet d’aller là où les mots ne suffisent souvent pas. Une personne peut se sentir aimée et répondre à l’amour de nombreuses façons. » La même méthode est reprise : à travers des ateliers de chant, de musique et de percussion, les talents des participants sont mis en valeur en vue de construire le spectacle final. Un soir, le groupe et les participants au projet ont été invités à une fête organisée par la communauté des Focolari de Beyrouth : faire de la musique et apprendre à se connaître. C’était l’occasion de partager des expériences de vie et d’en savoir plus sur la réalité que vivent les jeunes Libanais aujourd’hui. « Je veux quitter le pays, mais je sens que le Liban ne changera que si j’ai le courage de rester, si je mets en pratique ce que j’ai appris », a déclaré une jeune fille au cours de la soirée. « En ce moment, il est difficile de dire aux jeunes de rester, mais les mots de cette jeune fille m’ont profondément frappé », a poursuivi M. Adelson, « Je pense que c’est là que nous pouvons recommencer : mettre de l’amour dans ce que nous faisons, devenir les protagonistes de notre propre réalité. Peut-être ne verrons-nous pas les résultats immédiatement, mais je suis sûr que bientôt le Liban renaîtra, tel un “phénix” ! »

                                                                                               Lorenzo Russo

     

2022 à travers les yeux du Gen Verde

2022 à travers les yeux du Gen Verde

Les émotions vécues au cours d’une année inoubliable. Perspectives pour la nouvelle année Nous oublierons difficilement 2022. La guerre en Ukraine, comparable à un virus encore sans vaccin, nous a marqués chaque jour de cette année qui s’achève. Cependant, ce fut l’occasion pour de nombreux artistes de donner des messages de paix et d’espoir. C’est ainsi qu’est née la chanson « We Choose Peace » enregistrée par le groupe artistique international Gen Verde au début du conflit en Ukraine. Le vidéoclip, enregistré avec des jeunes de la cité de Loppiano et lancé pendant la Semaine du monde uni, a fait parler de lui tout au long de 2022, notamment lors de divers concerts en Europe. Le groupe a également enregistré une autre chanson « Walk On Holy Ground » , écrite spécialement pour les disciples de St Vincent de Paul mais aussi pour tous ceux qui se sentent appelés à suivre Jésus.   « Me sentir regardée et aimée par Celui qui m’a choisie telle que je suis », dit la chanteuse vénézuélienne Andreína Rivera du Gen Verde, « m’a donné la force de continuer avec encore plus de conviction ». Cette année a également été marquée par le retour des concerts sur les places et dans les salles, avec des ateliers et des laboratoires, après un peu plus de deux ans d’arrêt dû à la pandémie. Le Gen Verde a donné plusieurs concerts en Italie et a effectué une tournée européenne spéciale. L’expérience la plus forte a été celle de la prison pour femmes de Vechta, en Allemagne. « Pour la première fois, j’ai été en mesure de ne pas me sentir en prison. C’était tellement beau », a déclaré une détenue à la fin du concert : « Je n’ai pas senti de différence, elles étaient comme nous ». Certaines d’entre elles avaient les larmes aux yeux. Elles nous ont vraiment comprises. Et encore : « De nombreuses chansons étaient si appropriées à notre situation, en particulier la chanson « On the other side » car elle aide à ne pas juger ceux qui sont différents de toi ». Une autre détenue souligne combien « le temps est passé si vite et nous ne voulions pas qu’il se termine ». Les paroles des chansons sont aussi mon passé et c’est pourquoi je ne me sens pas seule avec ma douleur. Maintenant, je sais que d’autres personnes avec les mêmes histoires, avec la même douleur, ont également réussi à trouver le bonheur ». Nous parlions du retour après la pandémie. Pour Gen Verde, il était passionnant de reprendre le « Start Now Workshop Project », c’est-à-dire de rencontrer les jeunes dans les ateliers d’art et de monter sur scène avec eux. « C’était génial de rencontrer des jeunes de différentes régions d’Europe », confie Raiveth Banfield, une chanteuse panaméenne, originaire du Gen Verde. En partageant nos expériences, tant de lumière est revenue dans leurs yeux. Une confirmation que cela vaut la peine de vivre pour la fraternité universelle ». Ces mots font écho à ceux de deux jeunes filles slovaques : « Avant de venir, nous ne savions pas dans quoi nous nous engagions. Au début, nous ne voulions même pas sortir de nous-mêmes. Puis, dans les ateliers, nous avons découvert que nous avions tous tant de choses en commun, même si nous ne nous connaissions pas ou si nous ne pouvions pas nous comprendre à cause des différentes langues. Nous avons donc découvert que chacun d’entre nous a une petite lumière en lui, malgré quelques ténèbres. Cette expérience est inoubliable : nous la porterons en nous pour le reste de notre vie ». Gen Verde commence à entrevoir un 2023 plein de surprises et de nouveautés. « Nous nous préparons depuis plusieurs mois parce que l’année sera remplie de voyages, de tournées, de concerts et aussi de surprises », déclare Alessandra Pasquali, chanteuse et actrice italienne, « Nous ne pouvons pas encore révéler le contenu car il est en cours d’élaboration et il y a tellement de travail en cours ».

Lorenzo Russo

Info: https://www.genverde.it/

Pérou : la prière, lieu de la rencontre

La prière n’est pas seulement le meilleur moyen de chercher Dieu mais, plus que tout, c’est être disposé à être trouvé par Lui. C’est de cette expérience de la grâce que vient notre force et c’est dans la prière que des jeunes du Pérou, confrontés à une situation douloureuse, ont trouvé la réponse. Comment vivre la prière ? C’est le thème sur lequel les communautés du mouvement des Focolari sont appelées à réfléchir cette année et qui a également joué un rôle de premier plan le 13 novembre 2022, lors de de la Journée Gen2day, qui a mobilisé les jeunes du mouvement des Focolari, reliés en streaming en direct depuis de nombreuses régions du monde. De nombreuses expériences ont souligné l’importance de la prière. On a retenu celle d’un groupe de Gen d’Arequipa (Pérou), relatée dans une vidéo par Verónica, Alejandra, Anel et Katy. « Nous voulons partager avec vous une expérience d’amour, d’unité et de prière que nous avons récemment vécue et qui concerne en particulier une Gen, une grande amie à nous, Pierina. Une semaine après son anniversaire, un événement inattendu se produit, une nouvelle qui choque tout le monde : Pierina tombe malade avec des conséquences très graves. Nous avons immédiatement compris la gravité de la situation et qu’il s’agirait d’un processus long et délicat. Nous étions très inquiets et avions l’impression d’avoir les mains liées. Que faire ? Soudain, une idée a jailli de nos cœurs : réciter un chapelet et une prière par l’intercession de la Bienheureuse Chiara Luce Badano pour la santé de Pierina. Avec la communauté des Focolari d’Arequipa, nous avons commencé tous les jours à 8 ou 9 heures du soir à nous réunir via le web. Nous avons pu voir comment, petit à petit, ce temps passé ensemble a porté des fruits inattendus, même en nous. Chaque soir, ce chapelet était notre force. Même si la situation continuait à être compliquée, nous avons tout mis dans les mains de Dieu : la santé de Pierina, sa guérison et aussi la force pour la famille. Les mois ont passé et il a été très agréable de voir comment Pierina est sortie des soins intensifs et a ensuite commencé un lent rétablissement. Cela nous a semblé être un signe que cette prière devait se poursuivre. Nous nous sommes rendu compte que ce précieux espace que nous nous étions réservé était devenu un moment d’unité entre nous, où chacun pouvait non seulement confier la vie de Pierina à Dieu, mais aussi apporter ses peines, ses fardeaux, partager et découvrir la beauté de la rencontre avec Dieu. C’était une très belle expérience, qui, aujourd’hui encore, est une force pour nous tous. »

                                                          Propos recueillis par Maria Grazia Berretta

Des récits de Paix pour changer le monde

Vinu Aram, directeur de l’Ashram Shanti, visite le Centre International du Mouvement des Focolari (Rocca di Papa – Rome). Un moment de grand partage, rappelant le précieux héritage que la rencontre avec Chiara Lubich lui a laissé : vivre en unité pour un monde meilleur ; une occasion spéciale pour souhaiter un joyeux Noël à tous ceux qui se préparent à vivre cette fête. « Je crois que notre voyage continue d’avoir une grande signification. Il suffit de penser aux premières graines que nous avons semées, au travail que nous avons accompli ensemble et au désir constant d’un monde pacifique. Où en sommes-nous ? Pensez à une famille où chacun a sa particularité, mais où il y a aussi une cohésion. Nous nous faisons confiance, avec respect et beaucoup d’amour ». Ce sont les mots de fraternité utilisés par Viru Aram, indienne et hindoue, directrice du Centre International Shanti Ashram, amie et collaboratrice de longue date du mouvement des Focolari. Sa récente visite à Margaret Karram, présidente des Focolari, le 23 novembre 2022 au Centre International du Mouvement à Rocca di Papa (Italie), a été l’occasion de renforcer ce lien, de réfléchir ensemble à certains des problèmes qui affligent notre époque et d’envisager des voies communes pour rendre le monde meilleur. Vinu, que pensez-vous que le monde ait vraiment besoin aujourd’hui ? Je pense qu’il a besoin d’une écoute véritable et sincère. Ce qui nous est demandé aujourd’hui, c’est de l’humanité et l’humanisation de notre expérience vécue. Nous avons fait beaucoup, parfois bien, mais le coût a parfois été élevé. Nous sommes au beau milieu de ce que nous avons appelé un confluent de crises et la pandémie de la COVID-19 a tout exacerbé. Le virus n’a pas fait de discrimination, mais dans un monde inégal, il a prospéré. Je crois que nous devons agir, forts de tout ce que nous avons fait de bien, mais aussi éclairés par ce que nous pouvons faire de mieux : le respect de l’environnement, de la vie humaine et de son caractère sacré. Notre mode de vie, notre façon de gouverner et de partager les ressources impliquent une responsabilité envers nos enfants. Ils sont notre présent et notre avenir. Il est nécessaire de faire les choses non seulement différemment, mais en tenant compte des intérêts de tous. Aujourd’hui, il y a tant de pays et de régions du monde touchés par la violence et les conflits, dont certains sont oubliés. En tant qu’enseignante, quel message donnez-vous à vos jeunes ? Celle de faire naître en eux une mentalité de paix, afin que non seulement les nations et les communautés puissent travailler pour la paix, mais aussi les peuples eux-mêmes. La paix est la base fondamentale sur laquelle la prospérité progresse. Mais si l’on regarde le monde, les indicateurs de violence l’emportent sur ceux de la vie pacifique. Que ce soit dans la sphère sociale, économique ou autre. Et chaque conflit dans le monde porte atteinte à la dignité essentielle de la vie humaine. Ce qu’il faut, ce sont des récits de paix. Les gens doivent croire que c’est possible.  Nous avons besoin d’expériences vécues à partir desquelles les jeunes et les enfants peuvent dire : « Ah, si ça marche, on peut le faire aussi ».  Nous avons besoin de structures justes, d’un partage et d’un dialogue de la plus haute qualité, sincères, menant réellement à la transformation. Ainsi, comme le disait souvent le Mahatma Gandhi, nous pouvons secouer le monde en douceur.

                                                                                                                      Maria Grazia Berretta

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