

Asie – 50 ans de vie

Prison : “les jeunes du comité externe”
« Nous sentons fortement l’exigence de pénétrer dans les blessures de notre ville. Nous avons été entraînés par Patricia, enseignante et collaboratrice de la revue Città Nuova, qui était en train d’écrire un livre sur les jeunes mineurs, fils de détenus, alors qu’elle avait à peine connu le comité Break the Wall. Il s’agit de 7 détenus qui, parmi les diverses activités de la section, ont essayé d’obtenir que les enfants rencontrent leur père dans une atmosphère moins froide que celle des parloirs de la prison. Ils voulaient organiser des fêtes, des événements pour amuser les enfants et leur laisser un beau souvenir de leur père dont ils sont séparés. Entre les détenus du comité et nous, les éducatrices et la directrice de la section, une collaboration de confiance s’est tout de suite instaurée. La première rencontre avec les détenus s’est passée à Noël 2014. Nous avons été frappés en entrant, par les ordres de la police pénitentiaire de tout laisser tous nos objets personnels pour raison de sécurité avant de franchir le seuil du portail. Mais pour nous cela avait une autre signification, c’était comme une invitation à laisser derrière nous tous les préjugés. Les détenus restaient incrédules en voyant que tant de jeunes pouvaientleur consacrer tout un samedi matin. Cette fête a marqué le début d’un parcours qui a dépassé le volontariat, un parcours de relations vraies et profondes construites avec les détenus eux-mêmes. L’un d’entre eux, entendant parler de ce que nous faisons, nous disait qu’il fallait un grand courage. Mais pour nous, il s’agissait d’avoir confiance en l’autre, même s’il avait commis un crime ; espoir que l’on peut changer et recommencer. Nous nous souvenons de la joie de ce détenu heureux de pouvoir utiliser ses talents pour quelque chose de légal, même s’il n’en retirait aucun profit, contrairement aux activités illicites. Pour lui qui n’avait pas d’enfant, travailler pour les petits, comblait son cœur et le satisfaisait. L’année dernière nous avons organisé une rencontre avec les détenus du comité, afin de projeter un nouvel événement. Une de leurs lettres de remerciement a confirmé l’enthousiasme et la joie de cette rencontre durant laquelle nous avons pu nous asseoir ensemble, comme si nous n’étions pas à l’intérieur des murs d’une prison. Nous avons même pris le goûter ensemble, oui, parce qu’ils nous ont accueillis chaleureusement, comme on le fait avec de vieux amis. Maintenant ils nous appellent « les jeunes du comité externe ». A cette occasion ils se sont ouverts en racontant les effets concrets de la détention sur la vie quotidienne. Par exemple ils nous disaient que celui qui est en prison n’arrive plus à régler sa vue sur la ligne d’horizon ; les yeux doivent retrouver la capacité de regarder au loin, après avoir perdu l’habitude de regarder l’horizon. L’un d’eux nous a salués par ce message : « Aux jeunes je dis de continuer à se dédier à cette activité, parce que souvent celui qui est dedans a besoin seulement de voir que de l’extérieur il y a encore un intérêt pour nos problèmes, afin de nous donner une seconde chance. Souvent la prison coupe les ponts et l’abandon crée des monstres. Voilà pourquoi je fais ma part en vous remerciant ». En mars dernier, le jour de la fête des pères, nous avons organisé des jeux et des activités qui ont animé des matinées ou des après-midi. Des demi-journées si simples qu’elles ont permis à ces familles, d’habitude divisées, de vivre de bons moments ensemble ; et à ces enfants de garder de bons souvenirs des relations si délicates et difficiles avec leur père. Quelques-uns de nos amis étaient présents lors de la visite du pape François à la prison le jeudi saint de l’année dernière. Ils ont participé à la célébration de la messe et nous ont raconté l’émotion qu’ils ont vécue. Ce fut pour eux un moment extraordinaire. « La prison – nous disent-ils souvent – nous prive non seulement de liberté mais aussi d’émotions ». Mais ces temps-ci quelque chose a peut-être bien changé : c’est la joie de se rencontrer et de collaborer sans préjugés. Nous avons découvert en eux le visage de Jésus prisonnier, de Jésus marginalisé. Chaque fois que nous sortons de la prison de Rebibbia, nous sentons que nous avons appris le courage de vouloir changer, d’admettre nos propres erreurs, de recommencer. Nous faisons l’expérience de l’amour personnel de Dieu et de son immense Miséricorde ».
Loppiano – Exercices spirituels pour religieuses
Durant l’Année de la Miséricorde, les religieuses qui adhèrent au Mouvement des Focolari bénéficieront d’une semaine d’exercices spirituels dans la cité-pilote de Loppiano, au Centre de spiritualité “Maison Emmaus”. “Les religieuses auront aussi la possibilité d’approfondir leur charisme à la lumière de la spiritualité de l’unité – déclare la responsable, sœur Antonia Moioli – et, dans ce contexte, elles pourront vivre la réciprocité des charismes, grandissant en constructrices de ponts vers tous ceux qu’elles rencontrent.”

Slotmob: une petite idée qui prend de plus en plus d’ampleur
C’était l’été 2013 lorsque, à partir d’un partage dans un groupe de juniors de Rome, nait l’idée de faire quelque chose pour freiner la prolifération du jeu de hasard. On voyait de plus en plus de personnes âgées et de jeunes collés aux slot machines, que l’on trouve dans beaucoup de bars. Ces dernières années, malgré la crise économique, l’offre et la demande du hasard se sont amplifiées vertigineusement en Italie : les italiens dépensent 85 milliards de dollars par an et le nombre de slot-machines de toute dernière génération atteint plus de 50.000, les « accro-du-hasard » sont estimés à 800.000 environ. Nous voyons combien le hasard dévaste nos villes, appauvrissant le tissu social et créant solitude et isolement. Cette croissance exponentielle de l’offre du hasard trouve sa racine dans une vision de l’économie qui s’intéresse au seul profit des multinationales du secteur, avec l’assentiment de l’Etat qui y voit une possibilité de gain. Face à cette scène désolante, ce groupe de juniors romains s’est demandé quoi faire… de là est née l’idée de récompenser les barmans qui ont choisi de ne pas avoir de machine-à-sous dans leur local, mais de prendre un petit déjeuner en masse dans leur bar : ils ont fait comme ça un Slotmob. Au début la proposition était destinée à Rome et Milan, mais l’idée simple et concrète a attiré différentes personnes du nord au sud de la péninsule. Durant ces deux ans et demi 120 slotmob ont été réalisés, le nombre de participation a été de plus de 10.000 personnes, mettant sur le web plus de 200 associations. Des rapports se sont ainsi créés entre des réalités bien différentes entre elles, en créant des espaces de rencontre et de connaissance, pour retisser des liens sociaux que le jeu de hasard avait détruits. “A Rome nous avons concentré nos forces sur une zone surnommée la “Las Vegas” de l’Italie, raconte Maria Chiara. En peu de temps un réseau s’est créé faisant participer 7 associations locales, qui s’occupent du jeu de hasard sous différents aspects. Un rapport sincère est né, non sans difficultés pour travailler ensemble. Ainsi est parti le projet « Ne nous Hasardons pas », qui fait aussi participer quelques écoles de la ville. Parler aux enfants du pouvoir de nos choix et comment nous pouvons changer une réalité injuste en partant de nous-mêmes, n’est pas du tout facile ; mais il est vraiment important de construire un monde plus juste et entrainer les jeunes dans ce processus de changement ».
“L’expérience Slotmob – continue-t-elle – nous permet de rencontrer de nombreuses personnes, beaucoup d’histoire, qui nous font comprendre combien le jeu de hasard est une plaie ouverte dans notre société. Pendant un de ces slotmob, un homme nous avait aidés à organiser des jeux avec des jeunes, il prend le micro et nous raconte son expérience de consommateur assidu de jeux de hasard. Il nous dit : ‘’ ma vie est faite de lumières et d’ombres et c’est la solitude qui me pousse à jouer, mais aujourd’hui je vous vois tous ici et je ne me sens plus seul. Donc je m’engage à ne plus jouer sur ces machines-à-sous et si je devais me trouver devant un de ces jeux, je vous autorise à me reprendre en me rappelant cette promesse que je vous fais aujourd’hui’’ ». « Si l’on se retourne en arrière – conclut Maria Chiara – nous sommes arrivés à des résultats impensables : deux lois ont été bloquées, qui auraient réduit les possibilités des syndicats travaillant pour limiter les jeux de hasard ; nous avons obtenu l’interdiction partielle des publicités à la télévision et une plus grande attention des médias sur le sujet. Nous sommes conscients que la route est encore longue, nous voulons que la publicité sur ce jeu soit totalement interdite et nous voulons que soit remise en discussion la possibilité de confier la gestion des jeux de hasard aux multinationales. Voilà pourquoi le 7 mai nous serons sur plus de 40 places publiques de toute l’Italie, pour répéter notre Oui à une économie différente, en récompensant ces bars qui ont dit non au jeu de hasard ».

Chiara Lubich aux jeunes pour un Monde Uni
«Chers Jeunes Pour un Monde Uni, J’ai su que vous désirez un mot de moi pour contribuer au succès de la Semaine monde uni. De quoi vais-je vous parler, sinon de votre objectif, le monde uni? Est-il possible de parler de monde uni ? Le monde uni est-il envisageable, condition nécessaire pour que la peine que nous prenons, les forces que nous investissons puissent déboucher un jour sur une heureuse issue ? Ou sommes-nous en pleine utopie, poursuivant un objectif irréalisable et imaginaire, comme le pensent certains ? L’époque où nous vivons révèle de nombreux indices d’un acheminement du monde vers cet objectif. En premier lieu la conviction même que l’unité est un signe des temps. En d’autres termes, les spécialistes qui, par leur compétence et leur aptitude, savent scruter les signes des temps, affirment que le monde est en train de s’acheminer à l’unité. Moi-même j’en ai parlé à plusieurs reprises — certains s’en souviendront — en en soulignant surtout l’aspect religieux. La tension vers l’unité, cependant, se manifeste dans d’autres domaines, notamment dans le domaine politique. À côté des Nations Unies, où convergent presque tous les États du monde, on trouve en Afrique l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), qui regroupe tous les pays d’Afrique. En Asie on citera des associations d’États comme : l’Organisation de la Conférence islamique à laquelle appartiennent 53 pays musulmans, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (A.N.A.S.E.) ; et d’autres encore. Pour l’Amérique, l’Organisation des États américains (O.E.A.) – du Nord, du Centre et d’Amérique du Sud ‑ ainsi que le Système Économique latino-américain. En Europe, la Communauté Économique Européenne Centrale, qui comprend les pays de l’Est, et l’Union Européenne. De nombreux sages de ce monde, de cultures différentes, ont traité ce sujet. Il serait intéressant de les connaître. Malheureusement en ce moment où je me trouve au Brésil, d’où je vous envoie ce message, je ne les ai pas à portée de la main. Je vous citerai seulement les derniers Papes, personnes qui, outre l’autorité morale qui les caractérise, se distinguent également par la sainteté de leur vie. Ce qu’ils disent a un intérêt pour nous tous dans le monde. Pie XII, Jean XXIII et Paul VI s’expriment à ce sujet de façon similaire. Dans la Populorum Progressio, Paul VI affirme : « Qui ne voit la nécessité d’arriver progressivement à instaurer une autorité mondiale en mesure d’agir efficacement sur le plan juridique et politique ? » Le Pape Jean-Paul II a affirmé à notre Genfest de 1990 : « De nombreux signes des temps indiquent comme horizon la perspective d’un monde uni. C’est la grande attente des hommes d’aujourd’hui, leur espérance ainsi qu’un grand défi pour le futur. On pressent qu’une accélération extraordinaire nous pousse vers l’unité ». Très chers jeunes, Vous aspirez, vous travaillez en vue du monde uni. Que faites-vous ? Des actions, qui peuvent apparaître modestes et sans commune mesure, malgré votre intention droite, avec l’objectif que vous avez en vue. Quand vous aurez atteint l’âge de le faire, il se peut que certains d’entre vous travaillent dans les organismes orientés au monde uni. Quoi qu’il en soit, à mon avis, même si tout cela est utile, ce n’est pas ce genre de choses qui sont décisives en vue du monde uni. Ce qui l’est c’est d’offrir au monde, dans ce processus d’unité qui est en cours, une âme. Cette âme, c’est l’amour. Ce que vous devez déchaîner, autour de vous, dans tous les pays du monde où vous êtes, c’est la révolution de l’amour. Il ne suffit plus, dans le monde d’aujourd’hui, de se dévouer dans des œuvres de bienfaisance ou d’assistance, qui permettent néanmoins de donner par amour. Ce que le monde exige aujourd’hui c’est que nous “soyons l’amour”, que nous sentions à l’unisson avec l’autre, que nous vivions l’autre, les autres. Comme le veut notre spiritualité, qui a allumé ses feux ici et là, non sans votre contribution, sur toute la planète, il faut que nous visions à l’unité. C’est encore Jean-Paul II qui nous le disait au Genfest 90 : « Prenez conscience de ceci – je vous le répète avec lui – : le chemin qui mène au monde uni… se fonde sur l’édification de rapports solidaires et la solidarité a ses racines dans la charité » (= dans l’amour). Ce qu’il faut faire, c’est construire des rapports d’unité qui ont leur racine dans l’amour. Cet amour, vous devez le vivre en premier lieu entre vous. C’est la condition pour l’étendre ensuite à de nombreux autres, là où vous êtes : parmi le peuple, par exemple, parmi ceux qui président à sa destinée, dans les institutions, les organisations du monde petites ou grandes… Partout. Ce n’est qu’ainsi que les intentions de ceux qui ont créé ces institutions atteindront leur visée ; que l’on travaillera efficacement pour un monde uni. Courage, chers Jeunes Pour un Monde Uni. Embrassez l’idéal le plus fascinant qui puisse exister sur la terre. Vous n’êtes pas seuls. Vous le savez, vous qui portez le beau nom de chrétiens, car en agissant ainsi, le Christ est parmi vous. Vous le savez, vous tous, quelle que soit votre foi ou vos convictions, que l’union fait la force. Allez de l’avant, soit que vous commenciez ou que vous continuiez, avec l’enthousiasme qui vous caractérise, avec la détermination qui ne vous fera pas défaut. Moi, nous tous, nous sommes avec vous… pour la victoire finale. Quand Dieu voudra. Qui pourra récolter si personne n’a semé ? C’est à vous qu’il appartient de le faire, en ce moment de l’histoire, qui, à y regarder de près, laisse entrevoir que le but final pour lequel vous vivez n’est pas si loin que cela.» Chiara Lubich