Mar 30, 2016 | Non classifié(e)
Dans le même site, il sera aussi possible d’accéder aux éditions intégrales et aux nouvelles particulières des liaisons précédentes.
Mar 29, 2016 | Non classifié(e), Parole di vie
Pourquoi ces mots si réconfortants de Jésus reviennent-ils si souvent dans les paroles de vie que nous choisissons chaque mois? Sans doute parce qu’ils sont au cœur de l’Évangile et que le Seigneur nous les redira pour l’examen final de notre vie. Chaque jour, nous pouvons nous y préparer.
Avons-nous donné à manger et à boire à ceux qui avaient faim et soif ? Accueilli les étrangers ? Vêtu nos frères sans vêtements ? Visité les malades ou les prisonniers ? Petits gestes certes, mais ils ont saveur d’éternité. Rien n’est petit de ce qui est fait par amour. Non seulement il n’a pas suffi à Jésus de se faire proche des pauvres et des marginaux, ni de guérir les malades, il les a aimés d’un amour de prédilection. Il est allé jusqu’à les appeler ses frères, jusqu’à s’identifier à eux dans une mystérieuse solidarité. Aujourd’hui encore Jésus est présent en ceux qui subissent injustice et violence, chômage et précarité, ceux que les guerres contraignent à quitter leur pays. Combien de personnes souffrent autour de nous et attendent, en silence, notre aide ! Elles sont Jésus, qui nous demande un amour concret, un amour qui invente de nouvelles « œuvres de miséricorde ». Personne n’est exclu. Si une personne âgée ou malade est Jésus, comment pourrais-je ne pas lui venir en aide ? Si j’apprends la langue de mon pays à un enfant immigré, je l’enseigne à Jésus. Si je viens donner un coup de main à une maman pour le ménage, c’est Jésus que j’aide. Si j’apporte l’espérance à un prisonnier, si je console quelqu’un qui pleure, si je pardonne à celui qui m’a blessé, c’est à Jésus que je le fais. À chaque fois, cela donnera de la joie non seulement à l’autre, mais à nous aussi, une joie encore plus grande. Quand nous donnons, nous recevons, nous sommes heureux parce que, même si nous ne nous en rendons pas compte, nous avons rencontré Jésus. Comme l’écrivait Chiara Lubich, l’autre est la “voûte” sous laquelle il faut passer pour arrà Dieu. Elle évoquait ainsi l’impact de cette parole de vie dès le début de son expérience : « Notre manière ancienne de considérer le prochain et de l’aimer s’est écroulée. Si le Christ était de quelque manière en tous, nous ne pouvions faire de discrimination, ni avoir de préférence. Tous les concepts humains qui classent les hommes se sont effondrés : compatriote ou étranger, âgé ou jeune, beau ou laid, antipathique ou sympathique, riche ou pauvre, le Christ était en chacun. Chaque frère était réellement un “autre Christ” […].
Vivant ainsi, nous nous sommes aperçus très tôt que le prochain était pour nous le chemin pour arriver à Dieu. Le frère nous est même apparu comme une “voûte” sous laquelle passer pour rencontrer Dieu.
Dès les premiers jours, nous l’avons expérimenté. Quelle union avec Dieu, le soir, durant la prière ou dans le recueillement, quand nous l’avions aimé toute la journée dans nos frères! Qui nous donnait une telle consolation, une union intérieure si nouvelle et divine, sinon le Christ, qui vivait la parole de son évangile: “Donnez et on vous donnera” (Luc6,38). Nous l’avions aimé toute la journée dans nos frères, et voilà que maintenant c’était lui qui nous aimait (1).»
Fabio Ciardi
1 Cf. Chiara LUBICH, Dieu cœur de l’homme, Nouvelle Cité 1979, pp.
132-133
Mar 27, 2016 | Non classifié(e)
« La providence de Dieu m’a conduite à approfondir la réalité de Jésus ressuscité, après son abandon et sa mort en croix. Mieux : j’ai eu l’occasion de méditer intensément, avec mon esprit et mon cœur, bien des détails de la résurrection de Jésus et de sa vie après la résurrection. J’ai été stupéfaite – le mot n’est pas trop fort – de me rendre compte de la majesté et de la grandeur qui émanent de cet événement. Stupéfaite de me rendre compte que le Christ ressuscité est unique, que cet événement divin est, pour autant que je sache, unique au monde. C’est la raison pour laquelle, cette fois-ci, je ne peux m’empêcher de le mettre en lumière. […] La résurrection est ce qui caractérise principalement le christianisme, ce qui distingue son fondateur, Jésus. Le fait est qu’il est ressuscité ! Ressuscité des morts. Non pas comme d’autres qui sont revenus à la vie, comme Lazare, mais qui sont morts ensuite en leur temps. Jésus est ressuscité pour ne plus jamais mourir, pour continuer à vivre comme homme au paradis, au cœur de la Trinité. Ce n’est pas du tout un fantôme : plus de cinq cents personnes l’ont vu. C’était bien lui : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance ta main et enfonce-la dans mon côté » (Jn 20,27), dit-il à Thomas. Il mange avec ses disciples, parle et demeure avec eux pendant quarante jours… Il avait renoncé à son infinie grandeur par amour pour nous et s’était fait petit, homme parmi les hommes, comme l’un de nous. […] En ressuscitant, il brise, il dépasse les lois de la nature, du cosmos tout entier, et se manifeste plus grand que tout ce qui existe, que toute sa création, que tout ce que l’on peut imaginer. Si nous avons l’intuition de cette vérité, nous ne pouvons que reconnaître sa divinité. Impossible de ne pas tomber à genoux, comme Thomas, en adoration devant lui, pour lui dire de tout notre cœur : « Mon Seigneur et mon Dieu. » […] Et j’ai vu avec un autre regard ce que Jésus a fait pendant ces quarante jours extraordinaires et nouveaux. Après que l’ange ait roulé la pierre du sépulcre et annoncé qu’il est vivant, le voilà qui apparaît ressuscité d’abord à Marie Madeleine, elle qui avait beaucoup péché : il s’était fait homme pour les pécheurs. Le voilà, sur le chemin d’Emmaüs, lui, si grand, qui se fait le premier exégète pour expliquer l’Écriture aux deux disciples. Le voilà, fondateur de son Église, qui impose les mains à ses disciples pour leur donner l’Esprit Saint. Le voilà qui adresse à Pierre, qu’il a placé à la tête de son Église, des paroles hors de l’ordinaire. Le voilà qui envoie ses disciples dans le monde entier annoncer l’Évangile, le nouveau Royaume qu’il vient de fonder, au nom de la Trinité, dont il était venu et qu’il allait rejoindre dans son corps par son ascension. […] À cause de sa résurrection, voici que les paroles qu’il avait prononcées avant sa mort rayonnent d’une lumière nouvelle, expriment des vérités indiscutables. En premier lieu, les paroles annonçant notre résurrection à nous. Je le savais, j’y croyais parce que je suis chrétienne. Maintenant pourtant ma certitude a redoublé : je ressusciterai, nous ressusciterons. […] ». Chiara Lubich, In unità verso il Padre, Città Nuova editrice, Roma 2004, p.102-105
Mar 26, 2016 | Non classifié(e)

Ave Cerquetti “Crocifissione” Lienz (Austria) 1975
Tandis que, le ciel et la terre, terrifiés eux aussi, s’obscurcissent et tremblent, « Le mystère tragique de la mort en croix, se déverse sur les femmes au pied du calvaire. Le Père avait abandonné le Fils ; le Fils avait abandonné la Mère : tout s’écroulait dans l’horreur et les ténèbres, il ne restait que cette femme debout, à qui était confiée l’humanité abandonnée. Notre destin fut remis entre ses mains comme en ce jour lointain et tranquille où elle prononça le premier fiat. Lorsque le Père tourna son regard sur cette colline d’horreur, devenue le pivot sanglant de l’univers, il vit l’humanité agrippée à cette femme, au pied du sacrifice cruel de l’homme-Dieu. – Martyre, et plus encore – dit St. Bernard. Au pied de la croix, Marie. On peut vraiment dire, dans un certain sens, que Jésus eut besoin d’elle, non seulement pour naître, mais aussi pour mourir. Il y eut un instant où sur la croix, abandonné des hommes sur la terre, il se sentit aussi abandonné de son Père du ciel : il se tourna alors vers sa mère, au pied de la croix, sa mère qui n’avait pas fui et qui dominait sa nature pour ne pas crouler sous une épreuve qu’aucune femme n’aurait supportée. Comme Goethe en a eu l’intuition dans Faust, la souffrance de Marie et de Jésus sur le Calvaire fut une « unique douleur ». Puis, une fois son fils mort, la mère continua à souffrir. Il fut déposé mort sur ses genoux : plus impuissant que lorsqu’il était enfant. Un Dieu mort sur les genoux d’une mère ! C’est alors qu’elle fut vraiment reine. Comme Jésus récapitulait l’humanité, il était l’humanité de tous les temps que Marie tenait sur ses genoux et, dans sa détresse, elle apparut la mère et la reine de la famille humaine qui chemine sur les routes de la souffrance. Sa grandeur n’eut d’égal que son angoisse. Mais, comme on le voit, sa royauté ne fut qu’une primauté de souffrance : la seule manière d’être la plus proche du Crucifié et de s’en rapprocher tout à fait. Si l’on pense au déchirement de Marie au pied de la croix, à la souffrance de la mère devant son fils supplicié, victime volontaire de toutes les fautes du monde et de toutes les souffrances des hommes, on peut entrevoir l’immensité de la tragédie qu’elle a endurée: une tragédie cosmique. Et l’on ne peut que mesurer notre mesquinerie quand nous lui vouons quelques rapides dévotions ou quelques invocations machinales… nous considérons cette méditation et cette compassion comme une perte de temps : au risque de perdre l’éternité. Parce que se glisser dans cette douleur, c’est s’introduire dans la rédemption. Avec elle, prenons position aux côtés du Crucifié, en choisissant le rôle de victime et non de bourreau, en étreignant la douleur et non la fascination de l’argent, la croix et non le vice : pour être ensuite avec Elle et tenir sur les genoux, au cœur de l’abandon, le corps exsangue de Jésus, son corps mystique que les persécutions privent de son sang. Dans les moments où l’Eglise est déchirée, où le Christ souffre dans les chrétiens, on revoit Marie qui prend sur ses genoux son corps couvert de plaies. Et parce que le Christ résume l’humanité, qu’il s’est identifié à l’humanité, voilà que l’Eglise se présente comme Marie elle-même qui prend soin des peuples en pleine guerre ». (Igino Giordani, Marie modèle parfait, Città Nuova, Rome, 2001, pp.124-129)
Mar 25, 2016 | Non classifié(e)

©Ave Cerquetti, ‘L’unico Bene’ – Mariapoli Ginetta (Brasile) 1998
Au début des années 70, le monde se présentait déjà interconnecté en raison de « la situation nouvelle issue des contacts, désormais irréversibles, qui s’établissent entre les peuples et les civilisations du monde entier, provoqués et renforcés par l’explosion des moyens de communication sociale et l’énorme développement technologique ». Chiara Lubich, tout en mettant en évidence le positif de cette nouveauté, avertit les jeunes que « l’homme d’aujourd’hui n’est pas toujours préparé à cette rencontre », souvent déstabilisante. Il s’aperçoit que sa manière de penser n’est pas la seule possible. Chiara invite à ne pas confondre les valeurs absolues, liées à l’Éternité, avec ses propres structures mentales. Devant l’effondrement des certitudes, Chiara propose aux jeunes un modèle à suivre, une clé qui leur ouvrira les portes de la construction d’un monde nouveau. « Comment vivre alors cette époque terrible où, par un mystérieux cataclysme, les valeurs les plus élevées semblent vaciller comme d’énormes gratte-ciel qui chancellent et s’écroulent ? Y a-t-il une réponse concrète (…), un moyen sûr, sur lequel s’appuyer pour contribuer à engendrer le monde qui viendra ? Existe-t-il, en pratique, un homme-monde modèle, qui ressente, qui ait senti en lui ce terrible raz de marée qui menace d’engloutir ce qu’on avait cru jusqu’alors intangible ? Et qui, bien que doutant presque que la vérité absolue elle-même ne l’abandonne à son propre destin, plongé comme il l’était dans la confusion la plus noire, a su pourtant, en même temps, surmonter une telle épreuve, payant ainsi un monde nouveau qu’il a retrouvé en lui et qu’il a engendré pour les autres ? Oui, il existe. Mais on comprend tout de suite que cet homme ne pouvait pas être simplement un homme, mais qu’il devait être l’Homme : c’est Jésus abandonné. Son humanité parfaite, bien que faible et sujette à la douleur et à la mort, est le symbole de toutes les structures humaines qui, malgré leurs limites, ont réussi à contenir, en diverses circonstances, quelque chose d’illimité, telles que les vérités humaines absolues comme la Vérité. Sur la croix, au seuil de la mort physique, et dans l’abandon qui est sa mort mystique, Jésus ressent l’écroulement de toute son humanité, de son essence d’homme, de sa propre structure humaine pour ainsi dire. Et, au point culminant de cet écroulement, le Père permet mystérieusement qu’il doute de la présence de Dieu en lui, presque comme si elle s’était évanouie. C’est pour cela qu’il crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46). Mais justement dans ce cri, Jésus, parce qu’il est Dieu, a la force de surmonter cette douleur infinie. Et il donne à sa chair mortelle la puissance de l’immortalité, en l’insérant, ressuscitée, au sein de la Trinité immortelle. Plus encore, par cet acte d’acceptation formidable de la plus terrible destruction que le ciel et la terre aient jamais connue, Jésus donne aux hommes la possibilité de ressusciter, dans l’autre vie, par la résurrection des corps, et de ressusciter spirituellement en cette vie de n’importe quelle mort, de n’importe quelle destruction dans laquelle l’homme peut se trouver ». « C’est Jésus abandonné qui se met à la tête des Gen comme un point de repère absolument sûr. Tout comme, après son abandon au Calvaire, il avait envoyé la plénitude de l’Esprit Saint sur les apôtres, il offre aussi à ceux qui l’aiment et qui le suivent l’Esprit de Vérité ». Les jeunes, affirme Chiara, « en le suivant, auront la force de ne trembler devant aucune situation ; ils les affronteront au contraire avec la certitude que toute vérité humaine, y compris le Royaume de Dieu qui est la Vérité, pourra trouver, grâce à leur apport, les nouvelles structures mentales adaptées au monde ». Elle conclut : « À vous de l’accueillir dans votre cœur comme la perle la plus précieuse que l’on puisse aujourd’hui vous confier, pour vous, pour les peuples que vous représentez ici, mais surtout pour ce monde nouveau qui doit voir tous les hommes, unis. Pour ce monde nouveau qui accueillera non pas de nombreux peuples mais le peuple de Dieu ». Source : Chiara Lubich, Colloqui con i gen anni 1970/74, Città Nuova, ed. 1999, pp. 73-83 Traduit en français in : Entretiens avec les jeunes, Tome I, Nouvelle Cité 1995, p 47-49