
Qui sont les saints?
“Qui sont les saints? Ce ne sont pas des surhommes inabordables, issus d’un christianisme qui entend nous décourager et nous abattre, nous qui sommes médiocres, ce ne sont pas de très hautes cimes, inaccessibles au point qu’il est préférable, pour des gens comme nous, de rester à leurs pieds et de nous débrouiller dans la plaine. Les saints sont les petits, ceux qui sont vraiment petits. Ceux que Jésus déclare bienheureux dans son Discours sur la Montagne, les pauvres, les affligés, les doux et ceux qui ont faim et soif de justice, les miséricordieux et les purs de cœur, les artisans de paix et les persécutés pour la justice. Des hommes qui s’en remettent eux-mêmes à Dieu et remettent leur propre destin entre ses mains – et la main de Dieu est alors libre d’en faire quelque chose qui soit une bénédiction pour le monde. Ils vivent près de Dieu et ils y vivent pour nous – et nous pouvons vivre avec eux. Leur exemple est un passé qui nous entraîne, leur vie auprès de Dieu un présent qui nous accueille dans une communion à laquelle la mort ne peut mettre de limites, leur bonheur un futur qui nous invite et nous encourage ». Klaus Hemmerle, La luce dentro le cose (La lumière au-dedans des choses) Città Nuova Editrice, 1998, pag. 339

Jour de la Réforme
C’est dans l’esprit d’un travail œcuménique fécond que s’est déroulé le 12 septembre dernier, dans la cité-pilote allemande de Zwochau, une rencontre à laquelle environ 80 chrétiens de différentes dénominations ont participé. La présidente du Mouvement des Focolari, Maria Voce, avait déjà exprimé le désir de connaître davantage Martin Luther et les fidèles luthériens, lors de sa visite à Zwochau en 2013 ; et plus récemment, à partir de l’échange de courrier de mai passé entre le cardinal Marx – président de la conférence épiscopale de l’Église catholique en Allemagne – et l’évêque Bedford Strohm – responsable de l’Église évangélique en Allemagne – avait été avancée, la proposition de porter de l’avant des initiatives combinées en vue des 500 ans de la Réforme dont on se remémorera en 2017. Deux axes de réflexion pensés pour la journée. Le premier, guidé par le théologien luthérien Florian Zobel, a eu comme centre la figure de Luther et sa vie, en mettant aussi en évidence différents aspects peu connus et concluant avec les paroles du Pape Benoît XVI, selon lequel, ”Pour Luther, la théologie n’était pas une question académique mais la lutte intérieure avec lui-même. […] La question : quelle est la position de Dieu par rapport à moi, comment je me trouve, moi, devant Dieu? […] Je pense que c’est le premier appel que nous devrions sentir dans la rencontre avec Martin Luther”. Le deuxième axe, tenu par le théologien catholique et chercheur sur Luther Hubertus Blaumeiser, a été centré sur la spiritualité du moine réformateur et, en particulier, sur la ”théologie de la croix” et la signification de ”Réforme”qui s’en suit : ”Ce n’est pas seulement une transformation, un changement ou une amélioration selon les propres plans personnels– a-t-il affirmé – mais un nouveau début, partant des racines. Cela revient à dire le retour à l’Écriture, […] c’est-à-dire à l’Évangile de la grâce de Dieu et au nouveau choix d’une vie avec et pour le Christ Crucifié”. Au cours de l’après-midi, s’est tenue une table ronde animée par Hermann Schweers, avec le pasteur luthérien Axel Meissner de Schkeuditz et avec l’évêque émérite Joachim Reinelt de Dresde : les interventions du public ont été nombreuses et bien ressenties, touchant des thèmes comme l’importance du travail œcuménique dans une société non croyante et la signification de la Réforme aujourd’hui. La journée s’est ensuite conclue avec une célébration œcuménique.

Pasteur Jens-Martin Kruse. Foto: Harald Krille
Rome – Congrès mondial sur l’Education catholique
A l’occasion du cinquantième anniversaire de la Déclaration conciliaire Gravissimum educationis se tiendra à Rome le Congrès mondial «Eduquer Aujourd’hui et Demain. Une passion qui se renouvelle », promu par la Congrégation pour l’Education Catholique. Ce Congrès est ouvert à tous ceux qui sont concernés par la mission éducative dans les écoles et les Universités catholiques du monde entier. A partir d’une approche globale, il propose une réflexion sur l’apport que la communauté chrétienne peut offrir dans le cadre de contextes multiculturels et religieux qui évoluent rapidement. Les urgences actuelles, en matière éducative et sociale, exigent la mise en œuvre de nouvelles propositions de formation, capables de transformer la réalité, d’être à la portée et de répondre aux exigences des enfants, des adolescents et des jeunes. Sont prévus des exposés, des témoignages et des tables rondes avec des experts de divers pays. Le Congrès s’articule autour de trois sessions:
- La session inaugurale (18 novembre, dans la Salle Paul VI, Cité du Vatican)
- La session centrale, subdivisée comme suit : « Ecole et Université » (19-20 novembre, au Centre Mariapoli de Castelgandolfo) et le « Congrès IOEC » (à l’Auditorium de la via de la Conciliazione _ Rome)
- La session de conclusion (21 novembre, dans la Salle Paul VI, Cité du Vatican), avec la participation et l’intervention du Pape François.
Au cours de la session de conclusion, en présence du Saint Père, sera présentée la pédagogie de Service-Learning, une approche qui puise dans la Pédagogie de Communion de Chiara Lubich quelques uns de ses fondements philosophiques et méthodologiques. C’est un des parcours de formation qui a fait ses preuves et que la Congrégation pour l’Education Catholique conseillera aux instances éducatives du monde entier.
Istanbul – 34ème Congrès d’évêques de différentes Eglises.
“Dans un mois je recevrai à Constantinople les évêques amis du Mouvement » : c’est le Patriarche œcuménique de Constantinople lui-même, Bartholomée 1er, qui annonce à la presse la prochaine Rencontre d’Evêques de diverses Eglises amis des Focolari qui se tiendra à Istanbul du 25 au 30 novembre prochains. C’était à Loppiano, le 26 octobre dernier, au cours de l’interview qu’il a accordée aux journalistes, juste après avoir reçu le Doctorat honoris causa en Culture de l’Unité que lui a décerné l’Institut Universitaire Sophia. « Nous aurons une rencontre à Halki – poursuit-il – à l’Ecole de théologie où nous aurons l’occasion de nous souvenir tous ensemble de Chiara Lubich et de prier pour le repos de son âme. Nous pourrons aussi partager nos expériences et notre volonté de travailler à l’unité des Eglises. En tant qu’Eglise de Constantinople, nous sommes prêts à les accueillir, à donner nos expériences et échanger à nouveau le baiser de paix entre Orient et Occident ».
Protagonistes dans la construction d’un monde en paix
S’accueillir l’un l’autre, de la peur à la confiance. C’est le titre mais aussi le souhait de l’Assemblée européenne des Religions pour la paix ( RfP), l’organisme qui réunit au niveau mondial les leaders religieux pour cheminer ensemble dans la recherche de la paix et de la justice, et dont Maria Voce est parmi les coprésidents. En cette période Religions for Peace est engagée – entre autre – dans une campagne mondiale, le projet Faiths for Earth (Religions pour la terre). « Une initiative très importante » – déclare-t-elle – car « l’humanité se trouve face à un défi au niveau planétaire et avec très peu de temps disponible. Les religions sont appelées à descendre sur le terrain une fois encore, afin de convaincre les puissants des nations à intervenir. Je vois-là une situation providentielle en phase avec la lettre encyclique du pape François ”Laudato si”, qui a suscité un grand intérêt mondial ». Dans son intervention lors de l’ouverture des travaux le 29 octobre, la présidente des Focolari parcourt à nouveau les événements récents qui ont transformé le visage de l’Europe. Face à « l’océan de ”réfugiés” sans précédent », phénomène qui de loin dépasse, numériquement parlant, les millions d’apatrides de la Seconde guerre Mondiale », Maria Voce met en évidence la situation dramatique qui « provoque en nous toujours plus d’effroi, perplexité, malaise ». Parmi les choses ciblées, également les ”dramatiques et discutables interventions militaires qui ont bouleversé des nations entières du Nord de l’Afrique, du Moyen-Orient, de l’Afrique subsaharienne et d’autres conflits encore en cours. Et les pays européens ne sont certainement pas innocents face à ces conflits ». « La profonde crise d’identité du continent soulève des préoccupations, elle empêche d’affronter ces urgences d’une façon coordonnée et unitaire » et la constatation que « souvent ces personnes en fuite de la faim et de la guerre sont au centre des disputes qui suscitent des réactions nationalistes » et sont « instrumentalisées pour des calculs stratégiques ». Et voici qu’entrent en ligne de compte les « croyants, appartenant aux fois religieuses les plus variées, ensemble avec toutes les femmes et les hommes de bonne volonté ». « Nous sommes indubitablement différents – affirme Maria Voce – mais restons tous rapprochés par le même impératif, par le biais de la Règle d’or, disséminée et répétée dans toutes nos Écritures : ”Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent” ! Une référence éthique et spirituelle trop souvent oubliée, que le pape François a proposée comme véritable paradigme politico-social dans son discours au Congrès des Etats-Unis ». Une Règle qui « nous interpelle devant ces drames, nous invitant, en tant que leaders en tant que communautés, en tant qu’individus, à un engagement commun, concret, constant, héroïque si nécessaire, pour aller à la rencontre des foules d’humanité souffrantes ». Puis elle ouvre un interstice sur le rôle des religions, parce que, affirme-t-elle « justement la religion, reléguée depuis des siècles dans la sphère privée de la vie des individus et des communautés, est revenue à la mode à l’intérieur de la vie publique de nos pays », comme « protagonistes dans la construction d’un monde en paix ». « Voilà l’extraordinaire aventure qu’il nous est donné de vivre aujourd’hui et Religions for Peace est une plate-forme providentielle. Chacun de nous a un rôle bien précis dans son vaste engrenage. Nous sommes une très belle communauté internationale, interculturelle et interreligieuse, devenue une famille aussi et surtout par l’idéal commun », appuyé sur quelques points fondamentaux : l’unité dans la diversité, la réciprocité des rapports, l’égalité dans la dignité humaine commune. Sur cette « solide base », ce sera possible « d’offrir une contribution efficace pour la paix et la réconciliation en Europe et se donner « un point d’aboutissement, une ligne d’arrivée, un objectif qui se rejoint après un long et souvent laborieux chemin. La ligne d’arrivée est : l’humanité dans le dessein de Dieu réalisé, c’est- à- dire la fraternité universelle ».