Juil 14, 2015 | Non classifié(e)
Le manque de communication et l’incapacité à accueillir l’autre, à voir le positif dans sa différence et à définir la bonne distance vis-à-vis des familles d’origine, sont souvent des facteurs de crise conjugale dans une société individualiste qui ne croit pas que l’on peut s’engager pour la vie sur la voie du mariage et dans une relation. L’expérience du cours organisé à Loppiano (20-27 juin) par la branche Familles Nouvelles, destiné à renforcer l’unité au sein du couple et qui en est cette année à sa septième édition, montre que la volonté de se remettre en question, conjuguée à un échange profond avec les animateurs et les autres familles, ainsi qu’à l’aide d’experts, peuvent redonner un nouvel élan à une relation qui s’est grippée. Ainsi, on peut venir à bout même des difficultés les plus graves, comme le prouve un couple qui s’est ressoudé après neuf ans de séparation, offrant ainsi un témoignage émouvant de pardon inconditionnel. Cependant, le chemin pour « se retrouver » est ardu. « Lorsque les couples arrivaient, leurs visages tendus et leur expression triste exprimaient mieux que des mots une profonde souffrance », racontent Marina et Gianni Vegliach, animateurs de Familles Nouvelles. « Les uns évoquaient leur quête de sens, les autres disaient ne pas connaître leur conjoint, d’autres doutaient de pouvoir envisager l’avenir ensemble, d’autres encore évoquaient l’impossibilité de dialoguer ou confiaient : ‘Je ne réussirai jamais à me pardonner.’ » « À mesure que nous approfondissions le programme du cours intitulé (Par)cours de lumière au sein du couple, la spiritualité de l’unité des Focolari, associée à une aide psychologique, à des expériences, à des exercices pratiques, à des entretiens et à des moments de détente, a permis aux cœurs et aux âmes de se transformer. Cela transparaissait à travers les changements dans les visages et dans les regards qui avaient gagné en sérénité », poursuivent les Vegliach. « Alors que nous étions arrivés vidés, obsédés par le mot fin, nous repartons avec le mot début », confiait un couple. Parmi les familles animatrices, deux couples qui, après avoir suivi ce cours dans les années passées, souhaitent à présent se mettre au service des autres. Grâce à leur investissement, leur sérieux et leur compétence, ils ont su accompagner ceux qui étaient dans le brouillard, encourager et soutenir les couples par leur témoignage. Le cours aborde plusieurs sujets : la connaissance de soi, la différence, le conflit et l’accueil de l’autre. On essaie d’identifier justement la blessure particulière qui demande à être regardée en face, y compris, si besoin est, grâce à un soutien psychologique adapté. Le partage avec d’autres couples aide chacun à considérer sa situation personnelle sous différents angles, mais aussi à trouver la force et le courage nécessaires pour reconstruire une relation de qualité, en sortant de cette solitude qui lui fait croire que la crise est irréversible. Le rendez-vous quotidien au sanctuaire de la « Theotokos » et l’atmosphère spéciale que l’on respire à Loppiano, la cité-pilote internationale des Focolari, à Incisa Valdarno (près de Florence), où l’on apprend spontanément à se mettre à la place de l’autre en vivant la fraternité, ont contribué à la réussite de ce cours. Celui-ci a ouvert de nouvelles possibilités pour « envisager l’avenir ensemble, en partageant les bons et les mauvais moments, pour « redécouvrir le dialogue et l’espérance et pour recommencer à s’occuper l’un de l’autre ». Comme disait l’un des participants : « Maintenant, nous avons les moyens de sortir de notre coquille, et nous espérons pouvoir continuer à nous en servir au moment opportun. » Afin de consolider les résultats, un week-end de contrôle et d’évaluation est prévu l’hiver prochain. En outre, une rencontre internationale, qui se tiendra à Castelgandolfo du 24 au 27 septembre 2015, ouverte à pas plus de 60 animateurs et experts, permettra de développer les possibilités de multiplier ces (par)cours de lumière y compris à l’échelle locale.
Juil 12, 2015 | Non classifié(e)
« La fonction principale de la famille est de croître et de se multiplier : augmenter la vie ; coopérer à l’œuvre créatrice du Créateur. Son unité ne s’interrompt pas mais augmente et se prolonge dans la progéniture. Dans les enfants, l’amour des deux époux s’incarne ; l’unité se fait personne : père, mère, fils forment une vie à image et ressemblance, d’une certaine manière, de la divinité, de laquelle ils furent créés et sont vivifiés. Trois points par lesquels passe le circuit de l’unique amour, qui part et s’alimente de l’amour de Dieu ». (Giordani, 1942) Ici Giordani, par le fait de tracer le profil divin de la famille, anticipe d’une certaine façon ce qui sera déclaré par la suite dans les textes de Vatican II, que ce soit dans le fait de souligner le privilège des époux à « coopérer à l’œuvre créatrice du Créateur » que dans le fait de voir la famille comme un miroir de la vie trinitaire, de laquelle elle en tire le dessein. Ce fut-là une doctrine chère à S. Jean-Paul II, qui donnera à ses catéchèses historiques, le thème de l’amour humain dans les années ’80. Le 23 juin dernier, la Commission préparatoire du Synode a divulgué l’Instrumentum Laboris, à partir duquel, le mois d’octobre prochain, les pères synodaux seront appelés à réfléchir, pour proposer ensuite au Saint Père de possibles solutions à mettre en œuvre en faveur des familles. Le document, centré sur la vocation et la mission de la famille, commence avec un regard sur les multiples problématiques qui investissent la famille aujourd’hui ainsi que sur les graves défis culturels et sociaux qui la minent. Mais ce que l’on perçoit d’aussi critique ne concerne pas seulement cette époque-ci. En ’75, il y eut une lettre émise par l’épiscopat du Québec qui contenait une analyse préoccupante en ce sens-là. Giordani en fut très touché, au point qu’il en reporta quelques passages dans un de ses écrits, afin d’offrir aux familles son message ‘haut et lumineux’ : « Les difficultés de la vie n’écrasent pas une famille ancrée en Dieu ; alors que bien trop souvent, elles la balaient car elle est ancrée sur l’argent. L’union des conjoints fait leur force : mais l’union est le fruit de l’amour. C’est pour cela que dans l’intérêt qu’ils portent à la manière de s’aimer, ils mettent à profit les épreuves, les douleurs, les désillusions pour se sanctifier. Le mariage n’unit pas seulement les époux l’un à l’autre, en tant qu’époux, père et mère : il les unit à Dieu. Cette unité en Dieu, de l’homme et de la femme, des parents et des enfants, est le sens le plus profond du mariage et de la famille ». (Giordani, 1975) Texte préparé par : Centre Igino Giordani Passages extraits de : Igino Giordani, Famille communauté d’amour, Città Nuova, Rome 2001 et Igino Giordani, La société chrétienne, Città Nuova, Rome, 2010
Juil 9, 2015 | Non classifié(e)

Mary Robinson, Lorna Gold
180 personnes en provenance de plus de 40 nations: militants, ONG, organisations sociales, chercheurs, congrégations religieuses, personnes engagées du monde catholique, mais pas seulement… tous ensemble pour répondre concrètement à l’Encyclique du Pape François Laudato Si’. Lorna Gold et John Mundell, venus respectivement d’Irlande et des USA, professionnels de l’Environnement, représentaient le Mouvement des Focolari et Eco-One. Lorna Gold travaille de puis plus de 13 ans dans le domaine de l’Environnement à Trocaire – Agence de l’Eglise Catholique en Irlande pour aider au développement des peuples – et John Mundell est président d’une entreprise de conseil en environnement à Indianapolis, la Mundell & Associates, Inc. qui fait partie de l’Economie de Communion. “La réalité la plus importante de cette conférence sont les différentes personnes, organismes et associations qui se sont réunis pour donner une réponse immédiate à l’Encyclique du Pape – affirme Lorna Gold. Nous sommes venus du monde entier, en qualité de représentants de la société civile. Il y a des militants comme Naomi Klein – auteur mondialement reconnue pour sa réflexion écologique et économique à l’ère de la globalisation – , il y a des représentants des mouvements écologiques, comme le responsable de Greenpeace – Kumi Naidoo – il y a tout le réseau du CIDSE – regroupant les ONG catholiques qui travaillent pour la justice sociale et globale ». Ces trois jours de rencontre ont permis de vivre une dynamique active en vue d’aider à la concrétisation des idéaux contenus dans l’Encyclique Laudato Si’. Parmi les expériences présentées, il y avait aussi celle du Dé de la Paix, conçue par Eco-One, le réseau des professionnels de l’environnement qui s’inspirent de la spiritualité de l’unité.
Tous les participants avaient conscience de la difficulté et de la complexité de la question de l’environnement: ce problème ne concerne pas seulement la science et la planète, mais aussi l’économie et la politique. Souvent les choix retenus dans ces deux domaines vont à l’encontre de la nature et engendrent plus de pauvreté, mais, selon Naomi Klein, on peut encore faire beaucoup : « Nous pouvons prévenir de nombreuses souffrances. On ne peut pas justifier l’inaction en prétextant de la difficulté.» «Nous avons besoin de choses difficiles mais surmontables plutôt que de choses faciles mais condamnables », a-t-elle déclaré. « Nous devons arrêter de faire des difficultés une limite à ce qui est possible et faire en sorte que ce qui est possible devienne réalité ». Inverser la tendance est possible si on a la force d’affronter le problème. La présence de personnes engagées sur des fronts aussi divers a donné espérance et permis d’expérimenter ce que le Pape affirme dans l’Encyclique : le tout est supérieur à la somme des éléments. Une autre nouveauté de ce congrès, soulignée par John Mundell, a été « le rôle moteur des femmes lors des échanges et des discussions sur les changements climatiques. Au cours de ce congrès nous avons comme expérimenté la vision du futur d’une Eglise ouverte au dialogue avec le monde, en quête de relation avec toutes les personnes de bonne volonté, pour l’avènement d’ un monde plus uni et plus en contact avec toute la planète ». Laudato Si’ nous appelle à revoir notre style de vie : « L’Encyclique du Pape n’est pas seulement destinée au monde catholique, soutient avec force Noami Klein… en tant que féministe juive d’un milieu sécularisé, je puis dire que j’ai senti qu’elle s’adresse aussi à moi ». https://vimeo.com/133043698
Juil 4, 2015 | Non classifié(e)
“Le monde moderne, avec sa laïcité, a voulu s’éloigner de Dieu parce que […] on ne lui a pas assez dit que l’homme était Dieu, qu’il avait été divinisé, qu’il n’était pas seulement dépendant d’un être inconnu et éloigné: c’était de manière mystérieuse un autre petit Dieu, parce qu’il participait à la nature divine à travers la vie de Jésus, de manière particulière à travers l’Eucharistie. Lorsque je repense à certains écrits de Marx, dans lesquels il nie la valeur de la religion parce qu’elle aliène l’homme, parce qu’elle le rend étranger à lui-même, parce qu’elle le fait dépendre de quelque chose qui est extérieur à lui: je pense que s’il avait su que l’homme trouve sa déification et donc son autonomie, entendue dans le sens trinitaire, il n’aurait jamais pensé à ces choses. […] On peut dire la même chose d’Hegel, qui a influencé Marx; ainsi que de tous les immanentistes, tous ceux qui ont nié Dieu pour mettre en lumière l’homme, jusqu’à Sartre, jusqu’à Camus, jusqu’aux derniers. Sartre a dit: “Dieu ne peut pas exister, parce qu’alors je n’existerais pas”, justement parce qu’il m’écraserait. Ce n’est pas possible parce que ce Dieu, qui s’est fait homme, t’a fait Dieu, il t’a associé à sa nature divine. […] Tous les jours, nous constatons qu’aucun problème de l’humanité ne peut être résolu individuellement, ni en groupes particuliers, ni en groupes nationaux. Les problèmes doivent désormais être résolus collectivement, en donnant vie à l’unité que Jésus a apportée. Et nous savons que rarement on peut créer cette unité s’il n’y a pas de vie spirituelle. Donc, on ne crée pas une communauté de corps, on crée une communion de personnes, et ces personnes, si elles ne sont pas nourries par quelque chose qui les rassemble, elles ne le feront jamais. Ce quelque chose peut, dans un sens éloigné, être la science, il peut être la recherche mise en œuvre par l’homme. Mais ce qui par excellence crée l’unité, c’est l’Homme par excellence, c’est-à-dire Jésus, c’est Lui qui nous rend hommes et nous rend communauté. […] D’un côté, l’Eucharistie est un immense mystère, de l’autre, c’est une invitation, c’est-à-dire un centre de fraternité humaine naturelle. […] L’Eucharistie est l’âme, elle doit devenir l’âme de cette socialité.” Tiré de: Lumière qui s’incarne, commentaire sur les 12 points de la spiritualité, Pasquale Foresi, Città Nuova 2014, pp.107-109
Juin 30, 2015 | Non classifié(e)

(C) CSC Media
De nombreuses personnes, venues d’Italie et d’autres Pays européens, se sont rendues à Rocca di Papa (Roma) pour un dernier hommage à Pasquale Foresi. Sans parler des innombrables connexions en streaming qui témoignent de l’estime et de la gratitude envers cette figure incontournable des Focolari. Don Foresi a beaucoup contribué au développement du Mouvement. Très tôt Chiara Lubich, fait appel à lui, pour être, ainsi qu’Igino Giordani, cofondateur. Aujourd’hui tous les trois – Chiara-Giordani-Foresi – reposent dans la petite chapelle du Centre International, signe visible que cette triade, désormais réunie au ciel, continue à soutenir tous ceux qui dans le monde s’engagent dans la vie d’unité qui jaillit du charisme de Chiara. Pasquale naît à Livourne en 1929. Agé d‘à peine quatorze ans, « pour se mettre au service son Pays », comme il le laisse par écrit, il quitte les siens et va rejoindre des groupes de Résistants qui luttent pour une Italie nouvelle. C’est au cours de cette période que naît en lui l’idée du sacerdoce. De retour à la maison, il entre au séminaire diocésain de Pistoia (où sa famille s’était transférée) et ensuite au Collège Capranico de Rome pour fréquenter l’Université Grégorienne. Mais cette vie ne semble pas le satisfaire pleinement. 
Pasquale Foresi et Igino Giordani – (C) CSC Media
Entre temps son père, Palmiro, député au Parlement italien, fait la connaissance d’Igino Giordani qui à son tour lui présente Chiara Lubich. Profondément marqué par la cohérence évangélique de cette jeune fille de Trente, le député Foresi espère lui faire rencontrer son fils en quête d’un christianisme authentique. Aussi l’invite-t-il à rencontrer les catholiques engagés de la ville de Pistoia. Ne pouvant s’y rendre personnellement, Chiara envoie à sa place Graziella De Luca, une de ses premières compagnes, qui, en raison d’un malentendu, arrive à Pistoia un jour après la date convenue. C’est Pasquale qui l’accueille à la maison paternelle. Il n’est pas du tout enclin à faire sa connaissance. Néanmoins, par pure politesse, il lui propose de l’accompagner chez un prêtre qui aurait dû venir à la rencontre programmée pour la veille. Au cours du trajet, toujours pour ne pas manquer à la politesse, il lui pose quelques questions sur son expérience spirituelle. Les réponses de Graziella de Luca le marquent si profondément qu’il lui demande de faire connaissance avec Chiara. A l’occasion de la fête de Noël (1949), Pasquale passe quelques jours à Trente : c’est pour lui une rencontre si lumineuse qu’il décide d’aller vivre dans le premier focolare masculin de Rome. Il y trouve la confirmation de sa vocation au focolare, ce qui lui fait dire : « Ce n’était pas entrer dans un institut religieux plus beau et plus saint que les autres, mais faire partie d’une révolution chrétienne, à la fois religieuse et civile, qui aurait renouvelé l’Eglise et l’humanité ». 
(C) CSC Media
Chiara perçoit en Pasquale une caractéristique toute particulière et lui demande de partager avec elle la conduite du Mouvement. En se donnant à Dieu dans le Focolare, Pasquale voit satisfaite sa soif de cohérence évangélique et sent renaître l’appel au sacerdoce. Son rôle va alors se préciser encore plus. En raison de sa profonde connaissance de la théologie, Pasquale Foresi saura reconnaître toute la portée théologale et doctrinale des intuitions de Chiara et c’est un interlocuteur qualifié pour les relations avec l’Eglise, surtout lorsque le mouvement, à ses débuts, est examiné par le Saint Office. Mais son rôle primordial est celui de « l’incarnation » : il a aidé Chiara à réaliser concrètement tout ce que le charisme de l’unité a déposé en elle : la Cité pilote de Loppiano près de Florence, le groupe éditorial Città Nuova, l’Institut universitaire Sophia qui voit le jour à Loppiano en 2007. “A un certain moment – raconte-t-il lui-même – j’ai eu l’impression de m’être trompé sur toute la ligne et en particulier au sujet des choses positives auxquelles j’avais contribué : il me semblait qu’elles venaient de moi et non de Dieu ». Une épreuve intérieure que Dieu permet aux grands spirituels en vue d’une purification profonde et d’un détachement de tout ce qui ne vient pas de Lui. Et pourtant, durant cette épreuve spirituelle, qui semble compromettre aussi sa santé, fleurissent d’innombrables œuvres. Chiara les voit se réaliser grâce à la présence de Don Foresi qui est à ses côtés comme coprésident. Parmi ses écrits deux ouvrages fondamentaux, pétris de sagesse, ont inspiré d’autres autres auteurs du Mouvement: Théologie de la socialité et Conversations avec les focolarini. Après le décès de Chiara, au cours de l’Assemblée générale habilitée à élire la première présidente après la fondatrice, sa vision clairvoyante et sereine a joué un rôle déterminant. Merci Don Foresi!
Juin 28, 2015 | Non classifié(e), Parole di vie
«Ces mots concluent les paroles d’adieu que Jésus adresse à ses disciples, au cours de la dernière cène, avant d’être livré aux mains de ceux qui allaient le mettre à mort. Dialogue dense, dans lequel Jésus révèle toute la profondeur de son rapport avec le Père et de la mission que celui-ci lui a confiée. Jésus est sur le point de quitter cette terre, tandis que ses disciples poursuivront son œuvre dans le monde. Comme lui, ils connaîtront la haine, la persécution, et même la mort (Jn 15,18.20 ; 16,2). Comme la sienne, leur mission sera dure. Il connaît bien les difficultés et les épreuves qui les attendent : “En ce monde vous êtes dans la détresse”, leur dit-il (Jn 16, 33). Jésus s’adresse ainsi aux apôtres réunis autour de lui pour ce dernier repas, mais il a aussi devant lui toutes les générations de disciples – la nôtre également – qui le suivront au long des siècles. Sans aucun doute, dans notre vie, joies mais aussi “détresses” ne manquent pas : avenir incertain, emploi précaire, pauvretés, maladies, souffrances engendrées par les calamités naturelles et les guerres, violence au sein des familles et entre les nations. Des détresses qui tiennent aussi au fait d’être chrétiens : lutte quotidienne pour vivre en cohérence avec l’Évangile, sentiment d’impuissance face à une société qui semble indifférente à la Parole de Dieu, railleries, mépris, quand ce n’est pas une persécution ouverte de la part de ceux qui ne comprennent pas l’Église ou qui s’opposent à elle. Jésus connaît toutes ces tribulations pour les avoir vécues lui-même ; et pourtant, il déclare : “Prenez courage, j’ai vaincu le monde.” Cette affirmation ferme et convaincue semble contradictoire. Comment Jésus peut-il affirmer qu’il a vaincu le monde, alors que, quelques instants après avoir prononcé ces paroles, il sera fait prisonnier, flagellé, condamné, tué de la façon la plus cruelle et la plus ignominieuse ? Il semble bien ne pas avoir triomphé, mais plutôt avoir été trahi, rejeté, réduit à néant, dans un échec retentissant. En quoi consiste donc sa victoire ? Dans sa résurrection ! La mort ne peut le retenir en son pouvoir. Sa victoire est si puissante, qu’il nous y fait participer avec lui. Il se rend présent parmi nous et nous entraîne avec lui dans la plénitude de la vie, dans la nouvelle création. Cependant, avant tout, sa victoire est l’acte d’amour le plus grand, celui par lequel il a donné sa vie pour nous. C’est là, au cœur de la défaite, qu’il triomphe totalement. En pénétrant tous les aspects de la mort, il nous a libérés de tout ce qui nous opprime, il a transformé tous nos actes négatifs, nos ténèbres, nos souffrances, en une rencontre avec Lui, Dieu, Amour, plénitude. À chaque fois qu’il pensait à la victoire remportée par Jésus, Paul exultait de joie. Oui, affirmait-il, Jésus a affronté toutes les adversités, jusqu’à l’épreuve suprême de la mort, et il en est ressorti vainqueur ; alors nous aussi, avec lui et en lui, nous pouvons vaincre toutes les difficultés, bien plus, “nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, […], ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur”. (Rm 8, 37-38 ; 1 Cor 15, 57). On comprend alors cette invitation de Jésus à ne plus avoir peur de rien : “Prenez courage, j’ai vaincu le monde.” Cette parole de Jésus, que nous garderons vivante en nous durant tout le mois, pourra nous insuffler confiance et espérance. Quelles que soient les circonstances où nous nous trouvons, aussi dures et difficiles soient-elles, nous avons la certitude qu’il les a déjà assumées et surmontées. Même sans avoir la force intérieure qui a été la sienne sur terre, nous l’avons, lui en personne, qui vit et qui lutte avec nous. Quand nous nous sentons submergés par les difficultés, les épreuves, les tentations, nous pouvons alors lui dire : « Si toi, tu as vaincu le monde, tu sauras aussi triompher de cette “détresse” que je vis. Pour moi, pour ma famille, pour mes collègues, ce qui nous arrive semble être un obstacle insurmontable, nous avons l’impression de ne pas y arriver ; mais, avec toi présent au milieu de nous, nous trouverons le courage et la force d’affronter cette adversité, jusqu’à être “plus que vainqueurs” ». Il ne s’agit pas d’avoir une vision triomphaliste de la vie chrétienne, où tout serait facile et sans difficultés. Jésus est victorieux, précisément quand il vit le drame de la souffrance, de l’injustice, de l’abandon et de la mort. Sa victoire, c’est d’avoir affronté la souffrance par amour, d’avoir cru en la vie après la mort. Peut-être devrons-nous parfois, comme Jésus et comme les martyrs, attendre le Ciel pour voir une victoire totale sur le mal. Nous avons peur, souvent, de parler du Paradis, comme si le fait d’y penser était une drogue pour ne pas affronter avec courage les difficultés, un anesthésiant pour atténuer les souffrances, un alibi pour ne pas lutter contre les injustices. L’espérance du Ciel et la foi en la Résurrection sont au contraire un stimulant puissant pour affronter toutes les adversités, soutenir les autres dans leurs épreuves, et croire que le dernier mot est à l’amour qui triomphe de la haine, à la vie qui met la mort en échec. Alors, à chaque difficulté, personnelle ou chez nos proches, ou encore chez d’autres à travers le monde, renouvelons notre confiance en Jésus. Présent en nous et au milieu de nous, il a vaincu le monde, nous associant à sa victoire, et nous ouvrant le Paradis où il est allé nous préparer une place. Nous trouverons ainsi le courage d’affronter toutes les épreuves. Nous pourrons tout surmonter, en celui qui nous donne la force». Fabio Ciardi