Sep 30, 2022 | Non classifié(e)
Voici la forte expérience de Jenny López, responsable du Centre Chiara Lubich pour personnes âgées, à Lámud (Amazonie péruvienne). C’est l’histoire de sa rencontre avec L. Un matin, dans mon bureau à la Municipalité, j’ai reçu un dossier demandant de l’aide pour admettre une femme âgée dans notre Centre. Le dossier ne portait que le nom de la personne, L., et le numéro du document. J’ai donc demandé un rapport plus complet et un diagnostic actualisé de son état de santé. La municipalité d’origine de cette dame âgée m’a expliqué qu’elle avait été victime de violences de la part de sa propre famille. L. était une personne vulnérable, elle avait les bras meurtris, elle était incapable de bouger et elle était dans un état d’abandon total. Il était prudent de l’éloigner de sa famille et de son village. En tant que responsable de la « Casa Hogar Chiara Lubich », j’ai demandé aux autorités locales d’accélérer les formalités administratives pour ce cas qui me semblait urgent. Le Tribunal devait prendre une décision afin que la dame âgée puisse quitter son domicile, mais le juge était en vacances. J’ai donc décidé d’offrir notre volonté de l’accueillir immédiatement, en assumant toute responsabilité.Il nous a fallu sept heures pour la rejoindre sur des routes cahoteuses. Nous l’avons trouvée, seule dans sa petite maison, endormie, presque mourante. Je me suis approché d’elle en l’appelant par son nom mais elle n’a pas répondu. J’ai immédiatement signé le rapport pour pouvoir la transférer et nous avons passé la nuit dans une auberge. Je n’arrivais pas à dormir, mon esprit et mon âme étaient concentrés sur ce qui pouvait arriver. Je me suis levée tôt et j’ai offert toutes mes peurs dans la prière. Le lendemain, j’ai demandé le soutien d’une assistante sociale pour pouvoir enfin rentrer chez moi auprès de mon mari, de mes enfants et de mes parents âgés, mais aucune n’était disponible en ce moment-là.Il était difficile de décider mais je sentais au fond de moi que je ne pouvais pas abandonner. La vie de L., suspendue à un fil, ne dépendait que de notre petit effort. Et ainsi, un autre jour s’est écoulé.J’ai chuchoté à L. : « Tu souffres comme Jésus sur la Croix mais je suis là avec toi. Si tu dois aller au Ciel, tu ne seras pas seule, je t’accompagnerai ». J’ai passé la nuit avec elle, puis, le lendemain matin, les médecins sont arrivés et l’ont soignée, hydratée. Seulement alors, nous avons pu la transférer au Hogar où elle a été reçue avec beaucoup d’affection. Cependant, 23 flacons d’un médicament très fort étaient nécessaires. J’ai fait le tour de nombreuses pharmacies et, finalement, une semblait en avoir, mais la préposée doutait qu’elle en ait 23. En ouvrant la boîte, je constate qu’il y en a effectivement 23. Son visage est surpris : « C’est comme ça quand tu marches avec Dieu », lui ai-je dit joyeusement. Après ce long voyage, L. a pu se reposer. Il y a quelques jours, Dieu l’a appelée à lui, entourée de l’amour et des prières de nous tous et avec l’Onction des malades. Même si chacun était dans la peine, nous avions la joie d’avoir aimé cette chère dame âgée qui a tant souffert mais qui laisse une trainée d’amour et de prières pour elle de la part de personnes du monde entier. Sa brève présence a été un cadeau qui nous a tous laissés sur la pointe des pieds mais avec une confiance renouvelée en Dieu. Jenny López Arévalo (Lámud, Amazonas, Pérou)
Témoignage recueilli par Gustavo E. Clariá
Sep 29, 2022 | Non classifié(e)
Le mouvement des Focolari a publié un Bilan de communion pour la période 2020-2021, un outil d’information pour faire connaître ses principales actions et interventions sociales dans le monde. Il s’agit d’un document détaillé, utile à tous pour vivre et avancer ensemble vers la réalisation de l’unité et de la fraternité. Pour la première fois, le mouvement des Focolari publie un rapport de mission et a décidé de le faire à la lumière de cette période de crise et d’incertitude, qui porte en elle les séquelles de la pandémie et les plaies encore ouvertes des nombreux conflits dans le monde. Mais c’est précisément lorsque les problèmes les plus importants et les plus communs apparaissent qu’un sentiment populaire de véritable fraternité et de solidarité semble émerger.
C’est pourquoi, plutôt que d’être un simple rapport, ce bilan de la Communion vise à donner au lecteur un récit explicatif des actions et des interventions du mouvement des Focolari, en mettant en évidence ce qui unit et ce qui doit encore être amélioré. Le rapport met particulièrement l’accent sur le mot clé qui en ressort : la communion. Le style de vie proposé par le Mouvement, en effet, se fonde sur son choix de mettre en pratique l’amour qui a ses racines dans l’Évangile. Un amour qui – comme le disait la fondatrice du mouvement des Focolari Chiara Lubich (1920-2008) – exige d’aimer tout le monde, d’aimer en premier, de “se mettre dans la peau de l’autre”, afin que cet amour se prolonge jusqu’à devenir réciproque, pour devenir, précisément, communion. Dans cette perspective, le document veut mettre en évidence les effets de la communion elle-même, de ce que l’on a et de ce que l’on est, dans un partage volontaire et libre. En même temps, elle veut devenir elle-même un instrument qui ouvre le dialogue et la communion, comme l’a dit la Présidente Margaret Karram dans son discours : « C’est avec ces sentiments que je souhaite l’offrir à vous tous afin qu’il devienne lui aussi un instrument de dialogue, pour construire des ponts et diffuser une culture et une pratique de la fraternité. Il me tient à cœur que nous apprenions à vivre toujours mieux cette communion, cet échange, dans une relation de réciprocité qui fait de nous des sœurs et des frères et promeut une authentique famille dans laquelle la diversité nous enrichit et nous lie dans une unité harmonieuse. »
Stefania Tanesini
Pour lire le rapport sur la Communion, cliquez ici.
Sep 26, 2022 | Non classifié(e)
Si nous voulons imiter Jésus, nous devons essayer de mettre en pratique ce qu’il a dit et fait. Des paroles et des gestes que nous trouvons dans l’Évangile, un texte toujours d’actualité et tout à vivre. Nous verrons ainsi qu’il est possible de trouver des pistes pour résoudre aussi les conflits et les problèmes auxquels nous sommes confrontés. Laver les pieds… Il n’y a aucun doute : ce geste de Jésus est une illustration claire, concrète et efficace du commandement de l’amour. Jésus veut apprendre à ses disciples l’humilité qui est la base de l’amour. […] C’est justement parce que Jésus est le Seigneur et le Maître que son exemple devient norme pour les siens. La communauté chrétienne – et donc chacun de nous – est invitée à en faire la règle d’or de sa propre vie. Peu après Jésus l’exprimera comme loi fondamentale de L’Église : le disciple doit aimer ses frères comme lui nous a aimés. […] L’imitation que Jésus nous demande ne consiste pas à répéter son geste au pied de la lettre, même si nous devons toujours l’avoir devant nous comme un exemple lumineux et sans pareil. Imiter Jésus signifie comprendre que nous ne sommes cohérents, en tant que chrétiens, que si nous vivons « pour » les autres, si nous concevons notre existence comme un service pour les frères, si nous établissons toute notre vie sur cette base. Nous aurons alors réalisé ce qui tient le plus à cœur à Jésus. Nous aurons saisi l’essentiel de l’Évangile. Nous serons vraiment heureux.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, Parole di Vita, Città Nuova, 2017, p. 234)
Sep 23, 2022 | Non classifié(e)
S’approcher de l’autre signifie diminuer la distance qui nous sépare de lui, ce qui implique de perdre cette tranche d’espace qui nous appartient en propre ; cela signifie mettre de côté ce que nous avons à faire pour embrasser la vie de l’autre. Choisir le dernier endroit pour se mettre au service. Une patiente exigeante Dans le service où je travaillais en tant qu’infirmière, une dame dans une chambre individuelle exigeait d’être servie pour chaque petit besoin. Je voyais qu’elle souffrait : peut-être sentait-elle que la fin approchait. Un jour, après avoir d’une manière impolie, renvoyé le prêtre qui rendait visite aux malades, elle a fait écrire un avis sur la porte : elle ne voulait pas de visites, surtout pas de prêtres. Chaque matin, en commençant mon service, afin d’aimer le Jésus souffrant dans cette dame, j’essayais de satisfaire tous ses désirs : remettre son oreiller à la bonne place, lui apporter un verre d’eau, ouvrir davantage la fenêtre, la refermer, etc. Un jour, elle m’a demandé : « Comment pouvez-vous être si patiente avec moi ? ». J’ai montré le crucifix accroché au mur : « C’est lui qui me la donne ». Depuis lors, la relation entre nous s’est améliorée. Une nuit au cours de laquelle son état s’est aggravé, elle a insisté auprès de l’infirmière de service pour qu’elle appelle la paroisse afin qu’un prêtre vienne immédiatement. Peu après, elle s’est confessée et a reçu la communion. Quand je suis arrivée au travail, elle était tranquille. À dix heures, elle est décédée. (Vreni – Suisse)
Faire sourire le monde Mohammed n’a pas encore 22 ans, il est kurde d’Irak et a déjà vécu quelques années en Suède. Maintenant, il est venu en Italie pour une question de documents. Il a deux yeux clairs et bons. Je le fais s’asseoir dans le bureau pour lui expliquer le fonctionnement du dortoir de Caritas où il sera temporairement logé. Grâce à l’anglais, nous pouvons nous comprendre un peu. J’essaie de m’intéresser à lui et à sa famille, aux raisons qui l’ont poussé à quitter sa patrie et à son passé bref mais déjà intense, en oubliant les situations – assez douloureuses – que j’avais connues avant son arrivée. Quand il est arrivé, il semblait fatigué et tendu, maintenant je le vois se détendre lentement. Il sourit souvent. À la fin, il me dit : « En six ans, je n’ai jamais rencontré une personne qui m’a accueilli comme vous l’avez fait ce matin. Tu as fait disparaître mon stress ». Et il me remercie. Il me demande ensuite d’écrire mon nom sur un morceau de papier, mais lorsque l’entretien se termine et qu’il me salue, il m’appelle « papa ». (S.U. – Italie)
Maria Grazia Berretta
(extrait de « Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année VIII, n°2, septembre-octobre 2022)
Sep 20, 2022 | Non classifié(e)
C’est dans une atmosphère de joie, de paix et de fraternité que la 11e Assemblée générale du Conseil Œcuménique des Églises s’est achevée il y a quelques jours à Karlsruhe, en Allemagne. Voici le récit de l’équipe du « Centro Uno », le secrétariat international pour l’œcuménisme du mouvement des Focolari qui a participé à l’événement. « L’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité ». C’est autour de ce thème christologique que la 11e Assemblée générale du Conseil Œcuménique des Eglises (CEC) s’est déroulée à Karlsruhe (Allemagne) du 31 août au 8 septembre 2022. Étaient présents des représentants de quelque 350 Églises, des délégués et des dirigeants membres du CEC, des responsables d’autres communautés religieuses collaborant avec le Conseil pour l’unité de l’humanité, ainsi qu’une délégation de l’Église ukrainienne et de l’Église russe. Un signe fort et un témoignage concret de la manière dont ce Conseil est véritablement une plateforme perpétuellement ouverte au dialogue. Les participants, venus de tous les continents, ont emmené avec eux l’image vivante de toute l’humanité, dans sa diversité, sa souffrance et sa richesse. Ils ont partagé leur vécu, leur grand amour pour le Christ, leurs luttes pour la paix, et leur désir de viser précisément l’unité. Un projet qui nécessite pas un quelconque amour pour se réaliser, mais l’Amour qui vient du cœur de la Trinité, qui ne peut être trouvé qu’au contact de Dieu. Cela s’est traduit par l’importance et le soin particuliers accordés à la prière. Chaque journée, en effet, commençait et se terminait par une prière, à l’intérieur d’une tente spacieuse et lumineuse dressée en souvenir du lieu de l’alliance, où le peuple juif se rencontrait avec Moïse. La diversité des liturgies, des langues, des musiques, des chants et des coutumes a alimenté la joie et l’émerveillement face à la richesse de la foi commune exprimée de manière infinie. Les délégations sont venues à Karlsruhe comme des pèlerins désireux de s’accompagner et de se soutenir mutuellement, de tracer de nouvelles directions et de témoigner ensemble de l’amour de Dieu. Le cardinal Kurt Koch était à la tête de la délégation de l’Église catholique. À l’ouverture de l’événement, il a fait don de quelques mots du pape François écrits pour l’occasion, encourageant les participants à grandir dans la communion fraternelle au nom du Christ, pour être crédibles en tant qu’Église sortante et à réconforter le monde en ces temps de divisions et de guerres. La contribution du mouvement des Focolari s’est insérée comme un tasseau dans cette grande mosaïque par la présence de 30 personnes, catholiques et de diverses Églises, dont des Évêques amis des Focolari, des focolarines et des focolarini, des Gen (les jeunes du mouvement), des Volontaires de Dieu et un ami musulman. Être rassemblés avec tant de personnes de différentes Églises a été une expérience unique pour chacun d’entre nous et une occasion précieuse de nous sentir unis dans l’amour du Christ. L’assemblée a conclu en délibérant sur un rapport, accepté à la majorité, qui fait référence à trois défis importants de notre temps : la justice climatique, la justice raciale et l’égalité entre hommes et femmes, en soulignant comment les Eglises peuvent les relever. Des éléments qui non seulement nous mettent sur la voie mais, comme nous le lisons dans quelques lignes du document final, révèlent la similitude avec les objectifs et l’esprit qui guide le mouvement des Focolari : « On peut définir la recherche de l’unité inspirée par l’amour et enracinée dans une relation profonde et réciproque : un “œcuménisme du cœur”. C’est l’amour chrétien qui nous pousse à marcher honnêtement et de tout cœur les uns à côté des autres, à essayer de voir le monde à travers les yeux de l’autre et à ressentir de la compassion les uns pour les autres ».
“Centro Uno”
Sep 19, 2022 | Non classifié(e)
Saint Paul, dans le verset choisi comme « Parole de Vie » de septembre 2022, affirme qu’il s’est fait le serviteur de tous. Dans le commentaire de la Parole de Vie de 1972, Chiara Lubich encourage ceux qui veulent être porteurs d’unité à servir humblement leurs frères et sœurs. Toute personne qui veut réaliser l’unité doit vivre ce que dit Paul : « Libre à l’égard de tous, je me suis fait l’esclave de tous, pour en gagner le plus grand nombre[1][1]. » Dans le Nouveau Testament, le verbe ‘’servir’’ revêt deux nuances différentes : parfois il signifie : « servir par amour », et d’autres fois : « servir comme un esclave. » On sait que les esclaves n’avaient alors aucun droit. Ils n’existaient que pour leur maître. Ainsi, les chrétiens devaient considérer tout ce qu’ils possédaient – leur travail, leurs charismes, leurs prières – au service de leurs frères et sœurs. En ce qui concerne, par exemple, le charisme de chacun, Pierre écrit : « Mettez-le au service les uns des autres[2]. ». Concernant le travail : « Ceux qui ont volé qu’ils ne volent plus, qu’ils se donnent plutôt de la peine… pour avoir quelque chose à donner à ceux qui sont dans le besoin[3].» En ce qui concerne la prière : « Epaphras votre compatriote, serviteur de Jésus-Christ vous salue. Il est assidu à la prière pour vous[4].» La prière était aussi au service des autres. Et nous chrétiens que pouvons-nous faire (…) dans notre vie chaque jour ? Tout d’abord, raviver en nous l’humilité, en mettant en pratique ce que dit Luc : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert[5]. » S’il en est ainsi, certaines attitudes de supériorité dans le commandement, si odieuses et anachroniques, disparaîtront complètement. Et dans un christianisme renouvelé, on ne connaîtra plus la servilité. Au contraire, la fraternité chrétienne resplendira, dans sa beauté caractéristique qui nous fait nous exclamer : « Oh ! qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble[6]. » Puis nous devrons recommencer chaque jour à servir nos proches, à chaque occasion qui se présente, en suivant l’exemple de Jésus, en travaillant pour les autres, en mettant nos talents et nos dons à leur service, en priant pour eux, comme pour nous-mêmes. Si tous les hommes ou du moins un petit groupe d’entre eux se faisaient de vrais serviteurs de Dieu dans leur prochain, bientôt le monde appartiendrait au Christ.
Chiara Lubich
(Chiara Lubich, in Parola di Vita, Città Nuova, 2017, p.101)
[1] Cf. 1 Co 9,19 [2] Cf. 1 Pierre 4,10 [3] Cf Eph 4,28 [4] Col 4, 12 [5] Cf. Lc 22, 26 [6] Ps 133,1