Juin 8, 2015 | Non classifié(e)
En face des énormes défis auxquels la société européenne se trouve confrontée – en particulier cette année après les attentats de Paris et de Copenhague – on perçoit la montée d’une méfiance au sein des communautés et entre elles. Au début des années 90, à l’initiative de Jacques Delors, qui était à l’époque président de la Commission Européenne, le dialogue avec les Eglises et les organisations non confessionnelles, offre déjà l’occasion d’un échange de vues entre institutions et acteurs de la société civile au sujet des politiques européennes. Comment vivre ensemble et construire une société où chaque personne et chaque communauté puissent se sentir chez elles et en sécurité? Comment trouver les moyens d’accueillir les différences quand fondamentalement on n’est pas d’accord ? Ce sont là quelques questions ouvertes qui seront débattues avec ces leaders religieux. Parmi les invités Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari. En répondant à l’invitation elle précise que l’engagement prioritaire des Focolari est « de construire des ponts à travers un dialogue respectueux aux niveaux les plus divers, pour contribuer à ce que des personnes de convictions diverses et d’origines sociales et ethniques les plus variées, puissent vivre ensemble dans la paix et la fraternité ».
Juin 8, 2015 | Non classifié(e)
“A Sarajevo on respire une atmosphère de paix”, s’était exclamé le cardinal Puljic à la veille de l’arrivée du Pape. La ville l’a attendu avec une grande joie, en se préparant depuis quelques mois. Les voix qui signalaient des problèmes de sécurité ont été démenties grâce à une préparation concertée: les services de l’Eglise et de l’Etat ont travaillé en harmonie. Ce travail, et la bonne disposition des citoyens prêts à respecter les règles, ont fait que tout s’est bien passé ». Sarajevo, la ville que Jean-Paul II a définie comme la Jérusalem de l’Europe, a attendu la Pape dans un climat de fête.
La paix soit avec vous, ce fut le leitmotiv souvent repris par le Pape lors de sa visite en Bosnie-Herzégovine, «une terre éprouvée par des conflits dont le dernier reste très présent à la mémoire de ses habitants : bosniaques, serbes et croates », écrit Gina Perkov journaliste à Novi Svijet (Croatie). «La guerre a eu en effet des conséquences tragiques : morts, massacres et exil de nombreuses personnes. La présence des catholiques (en majorité croates) a diminué de moitié ». Les habitants ont apprécié que cette fois-ci les yeux du monde entier soient fixés sur eux pour une heureuse occasion, espérant que cette visite aide à résoudre divers problèmes politiques « dont quelque pays de l’Union Européenne, qui a permis et aidé la purification ethnique, porte la responsabilité», comme en témoigne dans son récent livre Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka (l’actuelle République Serbe). Au stade olympique de Kosevo, au cours de la célébration eucharistique, en présence de 70 000 personnes (dont 23000 venues de Croatie), le Pape a adressé un vigoureux message de paix. « La paix est le rêve de Dieu, c’est le projet de Dieu pour l’humanité… Aujourd’hui s’élève encore une fois dans cette ville le cri du peuple de Dieu et de tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté : jamais plus la guerre !… Construire la paix est un travail artisanal : cela demande de la passion, de la patience, de l’expérience et de la ténacité. Heureux sont ceux qui sèment la paix à travers leurs actions quotidiennes, , leurs attitudes et leurs gestes de service, de fraternité, de dialogue, de miséricorde…La paix est l’œuvre de la justice…une justice mise en pratique et vécue…La vraie justice consiste à faire à cette personne, à ce peuple, ce que je voudrais que l’on me fasse à moi, à mon peuple…La paix est un don de Dieu parce qu’elle est le fruit de sa réconciliation avec nous… Aujourd’hui demandons ensemble au Seigneur un cœur simple, la grâce de la patience, la grâce de lutter et de travailler pour la justice, d’être miséricordieux, de travailler à la paix, de semer la paix et non la guerre et la discorde. C’est le chemin qui procure joie et bonheur» a-t-il conclu. Moments inoubliables avec cet homme, le Pape, qui s’est exprimé non seulement avec des paroles (synthétiques et claires), mais aussi des gestes. Un nouveau pas vers la paix a été accompli. « Aujourd’hui il n’y a aucun litige, aucun problème, ce devrait être ainsi chaque jour », a commenté un passant. Au cours de l’après-midi François s’est rencontré avec les prêtres, les religieux, les religieuses et les personnes consacrées dans la cathédrale, en présence de représentants des diverses confessions et religions ; et à la fin avec les jeunes. La communauté du mouvement des focolari s’est manifestée à travers des présents et a participé aux divers moments de rencontre.
L’Idéal de l’unité est arrivé en Bosnie-Herzégovine en 1975 à travers quelques jeunes présents à lamariapolis de Zagreb (Croatie) En 1992 la guerre éclate: pertes innombrables, destructions, morts, réfugiés. De nombreuses personnes fuient vers les divers pays d’Europe. On cherche à soutenir de toutes les manières possibles celles qui restent sur place. Comme les routes sont barrées, on leur envoie des lettres ou des colis de nourriture. A travers l’amour concret de ceux qui vivent la spiritualité de l’unité, de nombreux musulmans et chrétiens rencontrent cet idéal de vie et, après la guerre, une fois rentrés en Bosnie, eux-mêmes se font porteurs et témoins de cet esprit nouveau. “Au début de l’année 1996 on est encore en guerre, mais dès que c’est possible on se rend chez eux – racontent les témoins de cette période – . On se trouve au milieu de décombres, de maisons détruites, de chars d’assaut, avec des contrôles de police permanents et parfois l’explosion d’une grenade…La ville de Sarajevo n’avait plus d’arbres, parce que tous brûlés par les grenades ou bien par les habitants qui, lors des hivers froids, avaient cherché quelque moyen de se réchauffer ». Les quelques personnes qui, de nombreuses années avant, avaient accueilli et gardé à cœur la flamme de l’Idéal de l’unité l’ont pleinement ravivée en eux précisément durant la guerre. Ces personnes marquées par la souffrance, privées de beaucoup de choses, assoiffées de vérité, sont capables de percevoir ce qui est essentiel. Ils sont catholiques, mais aussi musulmans, orthodoxes, tous reconnaissants d’avoir découvert l’amour de Dieu qui a transformé leur vie. La situation actuelle de la Bosnie n’est pas résolue. Les catholiques émigrent, surtout les jeunes, et l’on redoute un autre conflit. La communauté des focolari puise sa force dans l’unité, petit signe concret de cette unité désirée par Jean-Paul II en 1997, à l’occasion de sa visite à Sarajevo, lorsqu’il a souhaité que la ville devienne, après la tragédie de la guerre, un modèle du « vivre ensemble » pour le troisième millénaire.
Juin 7, 2015 | Non classifié(e)
Les conversations de Chiara Lubich sur l’Eucharistie ont été pour moi comme une révélation. Elles m’ont fait connaître de façon plus vaste, plus précise, plus profonde l’effet de l’Eucharistie, non seulement sur la personne, mais sur la société. J’ai compris que le progrès de la conscience chrétienne, tant au niveau personnel que social, dépend du degré de conscience que les chrétiens ont de l’Eucharistie. En d’autres termes: si nous savons ce qu’est vraiment l’Eucharistie et que nous en vivons réellement, nous pouvons alors tirer du christianisme sa valeur la plus profonde, pour le bien de notre âme et celui de la société. L’Eucharistie, en effet, réalise l’union de l’homme avec Dieu ; elle représente le mystère de l’amour du Christ envers l’humanité. C’est la communion avec le Christ et avec nos frères, c’est l’unité de ces deux réalités. Si l’on veut que progressent les aspirations communautaires et unitaires au sein de la société d’aujourd’hui, qui sont les aspirations les plus belles et qui vont à l’encontre des particularismes, des racismes, des dictatures etc., il nous faut progresser dans la conscience que nous avons de l’Eucharistie, il nous faut vivre cette réalité en profondeur. On peut dire que la relation avec Dieu et avec l’homme même est un mystère eucharistique, celui où Dieu se fait homme afin que l’homme devienne Dieu. Rien de moins. . Chiara, par ses explications, veut nous insérer consciemment non seulement dans la pensée du Christ, mais dans la personne du Christ, dans son humanité et sa divinité. Elle nous invite à vivre unis, à travers la communion sacramentelle, à la fois à la divinité et l’humanité de Jésus. Il s’agit d’une révolution qui déifie l’homme, le préserve et le place au-dessus du processus de dégradation en cours dans la société. Grâce à l’Eucharistie commence le combat contre la mort. Chiara imprime ainsi un caractère héroïque et saint à notre vie. La médiocrité n’est d’aucune utilité pour demeurer au milieu des hommes; me revient à l’esprit la question posée par l’ange aux âmes que Dante fait entrer au purgatoire : « Ô race humaine, née pour voler au ciel, pourquoi tombes-tu ainsi au moindre vent ? » (Divine Comédie, Purgatoire,chant XII). C’est-à-dire : homme, toi qui es né pour voler vers Dieu, pourquoi donc te laisses-tu si facilement tomber dans le péché et perds-tu cet envol ? La sainteté demande l’héroïsme, mais c’est un héroïsme immensément facilité par le pain eucharistique que nous prenons chaque jour. Cela implique une ferveur quotidienne, assidue, qui grandit de jour en jour, au-dessus de la médiocrité dont se contente une grande partie de l’humanité d’aujourd’hui. Une médiocrité faite de mensonges, de luxure, de violence, ce qui n’est pas une manière de vivre, mais d’organiser stupidement notre agonie. Avec l’Eucharistie on s’envole ! ». Igino Giordani, Con l’Eucaristia si vola, “GEN”, novembre 2004 p. 10-11 www.iginogiordani.info
Juin 4, 2015 | Non classifié(e)
Le gender est en discussion dans le monde occidental : dans les pays en développement c’est le drame de l’exploitation des gens qui préoccupe ; au Moyen Orient les droits des femmes et la paix. Encore en Occident, contraintes à choisir entre travail et famille ; vies qui subissent la violence… Voilà quelques-uns des défis et des problématiques – différents selon les zones géographiques – en discussion aux Nations Unies, en vue d’un nouvel agenda pour les Objectifs pour le développement durable à mettre en place après 2015 (date où les 193 états membres souhaiteraient rejoindre ces fameux Objectifs du millénaire). Non seulement un panorama sur les questions les plus urgentes liées aux conditions de la femme, mais pas un seul instant ils ont dénoncé les violations de sa dignité et de ses droits. Les 120 femmes de différents pays du monde ont voulu offrir leur appui par des expériences et des idées, traduites ensuite dans un document final orienté vers le nouvel agenda des Nations Unies pour le Développement post-2015. Dans son message au cardinal Turkson, président de Justice et Paix, le pape François a justement voulu que s’expriment les instances organisées par l’univers catholique féminin dans les processus internationaux, en invitant ceux qui sont engagés dans la défense de la dignité des femmes et dans la promotion de leurs droits » à se laisser « guider par l’esprit d’humanité et de compassion au service du prochain ». « Ainsi – continue le pape – vous ferez émerger les dons immenses dont Dieu a enrichi la femme, en la rendant capable de compréhension et de dialogue pour recomposer les grands et petits conflits, de sensibilité pour guérir les plaies et prendre soin de toute vie, même au niveau social, ainsi que ses dons de miséricorde et de tendresse pour garder l’unité entre les personnes ». Les interventions recouvraient : l’anthropologie féminine, femmes et éducation, femmes et dialogue interreligieux, technologie liée à la vie et à la procréation, les droits humains, femmes et travail agricole, entreprise et finance etc. suivies par des travaux dans des ateliers à thème (expression qui rappelle l’art du « travail artisanal » fait avec finesse et diligence, ce qui est le propre des femmes) sur les Objectifs pour le Développement durable, pour une élaboration de propositions. Rita Mousallem, co-directrice du Centre pour le dialogue interreligieux du mouvement des Focolari, est intervenue sur le « Dialogue interreligieux, voie pour une paix durable. Rôle des femmes », en faisant référence à sa propre expérience personnelle de chrétienne au Moyen Orient. Au cours des diverses interviews qui lui ont été faites, elle a confirmé la capacité d’écoute, caractéristique de la femme, qui donne la possibilité d’entrer dans intériorité de soi et des autres ; de savoir souffrir et d’espérer jusqu’au bout, parce que – étant mère – elle sait bien combien vaut la vie. Ces aspects, avec d’autres, font partie du « génie féminin » – que le pape François a aussi rappelé – don et beauté typique de la femme, appelée à jouer son rôle dans la société d’aujourd’hui, pour le bien de tous. Lire aussi: Aleteia.
Juin 1, 2015 | Non classifié(e)
En Pologne les musulmans, au nombre de 25000, soit 0,08% de la population, font partie des minorités religieuses de ce pays de 38 millions d’habitants. Leur présence remonte à l’arrivée des Tartares au XIVème siècle ; puis à l’immigration de la seconde moitié du XXème siècle et à celle qui suit la chute du mur de Berlin. La journée d’échanges qui vient juste d’être vécue s’insère dans le sillage de trois événements sur lesquels s’appuie le dialogue entre chrétiens et musulmans en Pologne. C’est le Père Adam Was, membre du Comité pour les religions non chrétiennes de la Conférence Episcopale Polonaise, qui a en retracé le cadre: la Journée de l’Islam dans l’église catholique de Pologne instaurée au cours de l’année 2000 par la Conférence Episcopale Polonaise à la demande du Conseil Mixte des Catholiques et des Musulmans, célébrée chaque année le 26 janvier ; la « Prière pour la Paix et la Justice dans le Monde », née après le 11 septembre 2001, à l’initiative des musulmans tartares polonais ; enfin un événement « sans précédent dans le monde entier », comme l’a souligné le Mufti Nedal Abu Tabaq, « La Journée du Christianisme parmi les Musulmans en Pologne », fixée le 29 mai et proposée il y a trois ans par les musulmans de la Ligue Musulmane en Pologne. Invitées par l’imam Abdul Jabbar Koubaisy, directeur du Centre et vice-président de la Ligue Musulmane en Pologne, cinquante personnes sont intervenues au cours de ce rendez-vous : des représentants des autorités locales, des Eglises catholique, orthodoxe et luthérienne, de l’Université de Silésie et aussi de la Communauté Juive de Katowice. Invités d’honneur : Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari et Jesús Morán, coprésident.
“Le dialogue interreligieux est une condition nécessaire pour la paix dans le monde, et donc un devoir pour les chrétiens, tout comme pour les autres communautés religieuses” (EG, 250), a rappelé le métropolite de Katowice, l’archevêque Victor Skworc, dans son message lu par le père Tadeus Czakański, son délégué pour le dialogue avec l’Islam. Et, en s’appuyant sur le thème de cette rencontre, il a souligné comment « le fondement de tout l’enseignement de Jésus-Christ repose sur l’amour miséricordieux envers le prochain », en souhaitant que cette rencontre interreligieuse à Katowice nous aide tous « à vivre plus profondément le mystère de la miséricorde de Dieu » et qu’elle « contribue à une plus grande ouverture des uns envers les autres pour travailler de manière plus efficace au service des opprimés et des exclus ». Ensuite Maria Voce, dans son discours, a rappelé quelques passages des Ecritures chrétiennes qui parlent de Jésus, avant même sa naissance, en mettant
l’accent sur son amour concret envers chaque homme. « C’est cet amour universel, sans réserves, qui a attiré tous ceux qui font partie du Focolare et qui est devenu notre règle de vie », a fait remarquer la présidente des Focolari. « Une des intuitions de Chiara Lubich, qui constitue l’un des fondements de la spiritualité de l’unité depuis ses débuts, fut la découverte de la valeur du commandement par excellence de Jésus : « Ceci est mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas d’amour plus grand que celui-ci : donner sa vie pour ses amis » Jn 15, 12-13) “ Aimer toujours n’est pas facile – a souligné Maria Voce – parfois ou très souvent cet amour envers le frère nous coûte beaucoup, demande des sacrifices… Mais dans ces moments-là aussi Jésus est pour nous un modèle : il nous a aimés jusqu’au point de donner sa vie pour nous ». Et, à la fin, elle a souhaité à tous : que Jésus – « le plus grand et le plus miséricordieux, nous aide à nous regarder tous comme des frères, avec la mesure que lui-même nous a révélée, pour construire ensemble un monde où règne la fraternité et donc la paix pleine et vraie que nous attendons tous ».
Le Mufti Nedal Abu Tabaq, responsable de tous les imams en Pologne, en parlant de Jésus Christ a souligné qu’il « n’est pas seulement notre frère, mais notre chef à tous », et qu’il faut donc le suivre. Dans le Coran il est écrit – a affirmé le Mufti – que « Jésus est le signe (…). Non seulement il a été conçu miraculeusement, mais il a aussi accompli des miracles, il a soigné les malades, il a ressuscité les morts. Chacun de nous – a-t-il aussi souligné -, doit « ressusciter la lumière en celui qui souffre (…) Nous ne sommes pas comme des bougies qui peuvent s’éteindre, mais nous sommes la lumière qui en est désormais sortie et cette lumière est présente en chaque homme, mais nous devons toujours la révéler, la faire ressortir (…) en ceux qui sont dans le besoin, comme l’a fait Jésus-Christ (…). Voilà le Jésus que j’aime, que je connais, que je loue ». Action commune en faveur du dialogue interreligieux, la menace qui pèse sur la valeur de la famille et la nécessité de la protéger ensemble en tant que croyants, l’éducation des enfants au dialogue, voilà quelques unes des questions traitées dans un dialogue fraternel avec Maria Voce et Jesús Morán , au cours de la seconde partie de la rencontre. La prière du “Notre Père” récitée par les chrétiens et la prière “Douâa” par les musulmans ont conclu l’événement. Le signe de la paix, échangé entre tous en se serrant la main ou en s’embrassant, a exprimé l’amour fraternel vécu au cours de ces heures entre chrétiens, musulmans et juifs. Cette Journée du Christianisme au milieu des Musulmans en Pologne mérite qu’on s’en souvienne.
Mai 28, 2015 | Non classifié(e), Parole di vie
Que d’affection dans la répétition de ce nom : Marthe, Marthe !… Aux portes de Jérusalem, Jésus a l’habitude de s’arrêter à la maison de Béthanie et de s’y reposer avec ses disciples. Alors qu’en ville, il doit affronter discussions, opposition et refus, ici, au contraire, il trouve la paix et l’accueil. Marthe est une femme active et pleine d’initiatives. Elle le montrera aussi au moment de la mort de son frère, lorsqu’elle engage avec Jésus une conversation un peu vive et l’interpelle avec énergie. C’est une femme forte qui montre une grande foi. À la question : “Crois-tu que je suis la Résurrection et la Vie”, elle répond sans hésiter : “Oui, Seigneur, je crois ” (cf. Jean 11,25-27). Maintenant aussi, elle s’affaire à préparer un accueil digne du Maître et de ses disciples. C’est elle la maîtresse de maison – comme le dit son nom : Marthe signifie ” patronne” – et elle en sent toute la responsabilité. Marie, sa sœur, l’a laissée seule avec ses préoccupations. Contrairement aux coutumes orientales, au lieu d’être à la cuisine, elle est restée avec les hommes à écouter Jésus, assise à ses pieds, comme la parfaite disciple. D’où la demande un peu irritée de Marthe : “Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissée seule à faire le service ? Dis-lui donc de m’aider ! “(Luc 10, 40). Et voici la réponse à la fois affectueuse et ferme de Jésus :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire ».
Pourtant, Jésus n’avait-il pas à se réjouir de l’activité et du service généreux de Marthe ? N’appréciait-il pas son accueil et n’aurait-il pas ensuite goûté volontiers les mets qu’elle était en train de lui préparer ? D’ailleurs, peu après cet épisode, dans les paraboles suivantes, Jésus louera les administrateurs, les entrepreneurs et les employés qui savent bien utiliser les talents et faire fructifier les biens (Luc 12, 42 ; 19, 12-26). Il en loue même l’habileté (cf. Luc 16, 1-8). Il ne pouvait donc que se réjouir devant une femme aussi riche d’initiatives et capable d’un accueil efficace et généreux. Ce qu’il lui reproche en réalité, c’est l’anxiété, la préoccupation, avec laquelle elle travaille. Elle est agitée, affairée « à un service compliqué » (Luc 10, 40) et elle a perdu son calme. Ce n’est plus elle qui guide le travail, c’est plutôt le contraire. Elle n’est plus libre, elle devient esclave de son occupation. Ne nous arrive-t-il pas à nous aussi de nous disperser à cause des mille choses à faire ? Nous sommes attirés et distraits par internet, par les ‘chat’, par les ‘SMS’ inutiles… Et même plongés dans des occupations sérieuses, nous pouvons oublier de rester attentifs aux autres, d’écouter nos proches. Perdre de vue pour quoi et pour qui nous travaillons, voilà le danger… Le travail et les autres occupations deviennent alors des fins en soi. L’angoisse et l’agitation peuvent aussi parfois nous saisir devant des situations difficiles concernant la famille, l’économie, la carrière, l’école, notre avenir ou celui des enfants, au point d’oublier les paroles de Jésus : “Ne vous inquiétez donc pas en disant : ‘qu’allons-nous manger, qu’allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ?’ – tout cela, les païens le recherchent sans répit -, il sait bien, votre Père céleste, que vous avez besoin de toutes ces choses” (Mathieu 6, 31-32). Nous méritons nous aussi le reproche de Jésus :
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire ».
Quelle est l’unique chose nécessaire ? Écouter et vivre les paroles de Jésus. Rien ne peut passer avant ses paroles – et avant Lui qui parle -. La vraie façon de recevoir le Seigneur, de lui ouvrir notre maison, c’est précisément d’agir comme l’a fait Marie qui a tout oublié, en se mettant à ses pieds, ne perdant rien de ses paroles. Nous ne serons pas poussés par le désir de nous mettre en avant ou d’occuper la première place, mais par celui de lui plaire, d’être au service de son royaume. Comme Marthe, nous aussi nous sommes appelés à faire “bien des choses” au profit des autres. Jésus nous a appris que le Père est heureux que nous portions “beaucoup de fruit ” (cf. Jean 15, 8) et même que nous accomplissions des œuvres plus grandes que lui (cf. Jean 14, 12). De nous, il attend donc dévouement, conscience dans le travail que nous devons accomplir, créativité, audace, esprit d’initiative, mais sans souci, ni agitation, au contraire avec cette paix que nous donne la certitude que nous accomplissons la volonté de Dieu. L‘unique chose qui importe, c’est de devenir des disciples de Jésus, de le laisser vivre en nous, d’être attentifs à ce qu’il nous suggère, à sa voix parfois subtile qui nous oriente instant après instant. Ainsi, c’est lui qui nous guidera en chacune de nos actions. Tout en accomplissant “bien des choses”, nous ne serons pas distraits, ni ne risquerons de nous disperser, car en suivant les paroles de Jésus, nous ne serons animés que par l’amour. Dans toutes nos occupations, nous ne ferons toujours qu’une seule chose : aimer. Fabio Ciardi