Mouvement des Focolari
Giordani : Le mystère pascal

Giordani : Le mystère pascal

20150401-01« Dans la liturgie pascale, on remercie Dieu pour avoir fait resplendir « en pleine lumière, Christ, qui, après avoir sauvé les hommes avec son mystère pascal, remplit l’Église d’Esprit Saint et l’enrichit admirablement de dons célestes », parmi lesquels le sacerdoce royal conféré à tous les fidèles. L’Église donc est sainte, car pleine d’Esprit Saint ; c’est le corps du Christ qui est la sainteté totale. Christ l’a instituée pour continuer avec elle à racheter et il en a fait l’instrument de libération du mal et de l’attraction au bien. L’Évangile réalisé, l’humanité récupérée, la vie avec Dieu en unité éternelle, la grâce communiquée d’une façon ininterrompue : voilà l’Église.

Et l’Église, c’est nous, coéquipiers, avec les sacrements et la doctrine, autour du pape et des évêques composant un corps social, dont les artères portent le sang du Christ, dont l’âme est l’Esprit Saint, origine de sanctification. Ainsi l’Église est la digne chambre de la Trinité sur terre. Manzoni l’appelle « mère des saints, image de la ville éternelle ».

Sa tâche est notre sanctification. Et le mystère pascal résume le but pour lequel nous sommes sur cette planète et le but pour lequel il est descendu sur cette planète, à être crucifié, lui, le Fils de Dieu ».

Giordani continue en soulignant combien l’homme a soif de sainteté et de vérité et refuse de traîner une existence insignifiante et sans couleur : il veut vivre et non se languir. C’est pour cette raison que nous nous trompons si nous proposons un christianisme illuminé, ambigu, en se faisant des illusions d’attirer ainsi les personnes.

« Ce fait de dire et de ne pas dire génère un ”no man’s land”, une zone désertique.

Ce n’est pas un service au Seigneur, dont la parole fut toujours explicite ; cela ne sert pas à Dieu et provoque le dégoût de ceux-là mêmes auxquels on pense rendre l’idée religieuse plus appétissante .

Celui qui a rendu la vérité plus molle, celui qui a camouflé la croix avec des décorations, a soustrait au peuple la beauté et la puissance du commandement divin, qui invite à donner à Dieu le corps, l’âme, tout, en prenant position pour Christ, jusqu’à se faire Lui. Que ton oui soit oui et ton non soit non, voilà ce qu’enseigne l’Évangile et exige l’Église.

Le ”ni oui ni non” défigure la foi et rend nulle l’Église. Sanctifie-les dans la vérité ; ta parole est vérité ! C’est ce que Jésus demanda au père alors qu’il était en train de consumer le sacrifice suprême. Dans la vérité, non dans la neutralité ou la médiocrité ou dans la banalité…

Si on accueille Jésus entier, alors toute la journée, pour n’importe quel travail que nous fassions, celui-ci sert à professer la foi. La vie alors devient une opération merveilleuse, presqu’une liturgie ininterrompue, où les riches et les pauvres, les malades et les personnes saines, les hommes ou les femmes, les vieux ou les jeunes, tous ont à faire ; tous peuvent édifier. Édifier un destin éternel avec des matériaux de l’époque.

Voilà la sanctification. Celle-ci n’est pas une désertion de la vie. C’est la vivre, la vie, entière et saine, en éliminant les toxines.

Christ demanda à tous, aussi à toi et à moi, de le suivre en rompant les ponts avec le passé, avec ce qui est mort, nous retrouvant dans une jeunesse éternelle. Ça c’est la liberté.

Regardée de cette façon, l’église, avec laquelle le Sauveur donne la santé, un divin ministère de la santé apparaît : sacrement qui résout la mort en résurrection ».

 

De Igino Giordani, Le mystère pascal, Città Nuova, Rome, n.6 du 25.3.1977, pp 24-25

 

Kiribati: vague de solidarité après le cyclone Pam

Kiribati: vague de solidarité après le cyclone Pam

CyclonePamLa route qui relie la capitale et le port au reste de l’île de Tarawa, la plus grande de l’archipel des Kiribati, en Océanie, est détruite. Les digues qui protégeaient les plages des marées n’existent plus et de nombreuses habitations traditionnelles ont été emportées. Le cyclone Pam, l’un des plus violents enregistrés dans le Pacifique méridional, a particulièrement touché les îles de Vanuatu, Salomon et Kiribati, avec de très hautes vagues renforcées par un vent qui a atteint les 250/300 kms heures. La Croix-Rouge locale signale qu’il y a pénurie d’abris d’urgence, de nourriture, d’eau potable pour un grand nombre des 253000 habitants et la population est en train de déserter les secteurs les plus touchés.

« Nous avons eu des nouvelles par la communauté locale du Mouvement des Focolari – écrit Mary Cass, correspondante du projet AMU depuis Perth, Australia – . Tous vont bien et sont engagés dans le travail de reconstruction, et d’approvisionnement en eau et en nourriture pour les familles du village de Buota (où le projet est en cours) et qui est en ce moment coupé du reste du pays : la route et le pont qui le relient au reste de Tarawa sont en effet détruits. Ils ont à l’esprit la Parole de Vie du mois qui invite à prendre sa croix et espèrent pouvoir se retrouver rapidement pour renforcer leur esprit d’unité en ce moment difficile ». « Le climat redevient normal – écrit l’un d’entre eux – les vagues sont à nouveau souriantes. Nous sommes heureux que tous aillent bien ».

Mais si l’esprit et la dignité des habitants de Tarawa sont admirables, la situation reste de toute façon très grave: l’eau potable devient rare parce qu’avec l’inondation de nombreux puits et réservoirs ont été contaminés par l’eau de mer ; la nourriture manque aussi à cause des récoltes détruites et des voies de communications coupées ; il y a pénurie d’essence et 80% des maisons traditionnelles ont été détruites…

La république de Kiribati doit par ailleurs faire face à un gros problème de fond : l’élévation progressive du niveau de la mer entraîne la disparition de terres cultivées, avec des répercussions négatives sur l’emploi et la qualité de l’alimentation. 10% seulement de la population a un travail stable, tous les autres vivent d’expédients. Ne pouvant pas arrêter l’avancée de la mer, à cause du réchauffement global, le gouvernement cherche à donner aux habitants la possibilité de s’installer à l’étranger ou dans d’autres régions du Pays. On prévoit que d’ici quelques années tout l’archipel sera submergé.

Kiribati_03Le projet de l’AMU (Action pour un Monde Uni), ONG qui s’inspire des principes du Mouvement des Focolari, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie de la communauté de Buota, un des villages les plus pauvres de l’île de Tarawa, à travers des initiatives en faveur des femmes et des enfants. Une aide au développement de petites unités de production est engagée.

“La première – poursuit Mary Cass – consiste à produire et à vendre de la glace, grâce à un congélateur ; la seconde se concentre sur la vente d’objets artisanaux à l’aéroport de Tarawa. Avec les aides de l’AMU nous avons fait l’acquisition d’une machine à coudre. Il y a aussi une bonne production de pain vendu et dans trois magasins situés dans le village et les environs. Les recettes liées à ces activités – outre la rétribution du travail des femmes engagées – permettent de financer notre école maternelle « Love and Unity » et de subvenir à quelques besoins alimentaires des enfants et de leurs familles ».

Kiribati_02Comment est-ce que l’on vit sur une terre sans avenir? « La vie de la communauté locale des Focolari à Buota va de l’avant : les groupes Parole de Vie – disent-ils – réunissent les personnes de villages dispersés sur toute l’étroite frange de terre. L’évêque de Tarawa, avec l’aide des prêtres, traduit chaque mois le commentaire de la Parole de Vie dans la langue du lieu, le gilbertois . Les familles s’entraident à reconstruire les maisons détruites par les catastrophes naturelles et recommencent à se rencontrer pour partager leurs expériences une fois leur toit refait. La communauté a baptisé son propre centre, où se trouve une petite école, « Loppiano, Centre d’Unité et d’Amour » – qui reprend le nom de la première Cité pilote des Focolari – avec le désir d’être un exemple d’amour et d’unité pour tous ».

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Avril 2015

Dans la première Lettre à la communauté de Corinthe (d’où est tirée la Parole de Vie de ce mois), Paul doit se défendre du peu de considération que certains chrétiens avaient pour lui. Ils mettaient en doute ou même niaient son identité d’apôtre. Après en avoir revendiqué à juste titre la qualification puisqu’il a « vu Jésus, notre Seigneur » (1 Corinthiens 9,1) Paul explique les motifs de son comportement humble et modeste, jusqu’à renoncer à toute forme de rétribution pour son travail. Bien qu’il puisse faire valoir l’autorité et les droits de l’apôtre, il préfère se faire « l’esclave de tous » (1 Corinthiens 9,19) . C’est cela sa stratégie évangélique.

Il se fait solidaire de chaque catégorie de personnes, au point de devenir l’un d’eux, dans le but d’y apporter la nouveauté de l’Évangile. Il répète, au moins cinq fois : « Je me suis fait un » avec l’autre. Avec les Juifs, par amour pour eux, il se soumet à la loi de Moïse, bien qu’il ne s’y sente plus assujetti. Avec les non-Juifs, qui ne suivent pas la loi de Moïse, il vit lui aussi comme affranchi de cette loi, alors qu’il a au contraire une loi exigeante, Jésus en personne. Avec ceux qui étaient définis « faibles » – probablement des chrétiens scrupuleux qui se posaient le problème de manger ou non les viandes sacrifiées aux idoles – il se fait lui aussi faible, bien qu’il soit « fort » et éprouve une grande liberté. En un mot, il se fait « tout à tous ».

À chaque fois, il répète qu’il agit ainsi pour « gagner » chacun au Christ, pour « sauver » à tout prix au moins quelques-uns. Il ne se fait pas d’illusion, il n’a pas d’attentes triomphalistes, il sait bien que seuls quelques-uns répondront à son amour, toutefois il aime tout le monde et il se met au service de tous selon l’exemple du Seigneur, venu «… pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » (Matthieu 20,28). Qui, plus que Jésus Christ, s’est fait un avec nous ? Lui qui était Dieu, «… il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2,7).

« Je me suis fait tout à tous ».

Chiara Lubich a fait de cette parole l’un des points forts de son « art d’aimer », synthétisé par cette expression : « se faire un ». Elle y a vu une expression de la « diplomatie » de la charité. « Si quelqu’un pleure – a-t-elle écrit – pleurons avec lui. S’il rit, réjouissons-nous avec lui. Ainsi la croix est partagée et portée par de nombreuses épaules. La joie est multipliée et de nombreux cœurs y participent. (…) Nous ‘faire un’ avec le prochain pour et par l’amour de Jésus jusqu’au moment où, doucement touché par l’amour de Dieu en nous, il en viendra à se faire un avec nous dans un échange réciproque d’aides, de projets, d’idéaux, de sentiments.
(…) C’est la diplomatie de la charité, qui revêt des formes et des expressions de la diplomatie courante. Elle ne dit pas tout si cela doit peiner le frère et donc offenser Dieu ; elle sait attendre, trouver les mots justes, pour atteindre son but. Divine diplomatie du Verbe qui se fait homme pour nous diviniser » .

Avec une fine pédagogie, Chiara Lubich repère aussi les obstacles quotidiens pour « se faire un » : « Parfois ce sont les distractions ou la mauvaise habitude de vouloir dire tout de suite notre idée, de donner notre conseil de façon inopportune. En d’autres occasions, nous sommes peu disposés à nous ‘faire un’ avec le prochain, car nous croyons qu’il ne comprend pas notre amour, ou bien nous sommes freinés par d’autres jugements à son égard. Dans certains cas, il existe un désir caché de le conquérir à notre cause ». Aussi, « il est vraiment nécessaire de couper, de déplacer tout ce qui encombre notre esprit et notre cœur pour nous ‘faire un’ avec les autres ».
Il s’agit donc d’un amour continuel et infatigable, persévérant et désintéressé, qui se confie à son tour à l’amour plus grand et puissant de Dieu.

Ces indications précieuses nous aideront à vivre ce mois-ci la parole de vie en nous mettant sincèrement à l’écoute de l’autre, pour le comprendre de l’intérieur, nous identifiant à ce qu’il vit et ressent et partageant ses soucis et ses joies.

« Je me suis fait tout à tous ».

Cependant, nous ne pouvons pas prendre cette invitation évangélique dans le sens d’une invitation à renoncer à nos propres convictions, comme si nous approuvions sans esprit critique n’importe quelle façon d’agir de l’autre, comme si nous n’avions pas une ligne de conduite bien à nous ou une pensée personnelle.

Si l’on a aimé jusqu’à devenir l’autre et si ce que l’on partage a été un don d’amour et a créé un rapport sincère, on peut et on doit exprimer sa propre idée, même si elle risque peut-être de faire mal, mais en restant toujours dans cette attitude d’amour profond. Se ‘faire un’ n’est pas un signe de faiblesse, ni la recherche d’une vie avec l’autre tranquille et pacifique ; c’est l’expression d’une personne libre qui se met au service et cela demande courage et détermination.

Il est aussi important de ne pas perdre de vue le but de “se faire un”.
La phrase de Paul que nous vivrons ce mois-ci continue avec cette expression : «… afin d’en sauver à tout prix quelques-uns ». Paul justifie le fait de « se faire tout à tous » par son désir d’amener quelques-uns au salut. C’est un chemin pour entrer dans l’autre et pour faire émerger en plénitude le bien et la vérité qui déjà l’habitent, pour brûler les erreurs éventuelles et y déposer le germe de l’Évangile. Cette tâche, pour l’Apôtre, ne connaît ni limites, ni excuses, il ne peut s’y dérober car c’est Dieu lui-même qui la lui a confiée et il doit l’accomplir « à tout prix », avec cette créativité dont seul l’amour est capable.

Voilà l’intention de fond qui donne le motif essentiel de « se faire un ». La politique et le commerce eux-mêmes trouvent leur intérêt à se faire proches des gens, à entrer dans leur pensée, à en cueillir les exigences et les besoins, mais il y a souvent derrière la recherche d’un avantage, d’un profit. Par contre, la « diplomatie divine – dirait encore Chiara Lubich – a ceci de grand et de spécifique – et c’est peut-être vraiment unique – elle agit pour le bien de l’autre et est dépourvue de toute trace d’égoïsme ».

« Se faire un » donc, pour aider chacun à grandir dans l’amour et ainsi contribuer à réaliser la fraternité universelle, le rêve de Dieu sur l’humanité, le motif pour lequel Jésus a donné sa vie.

Fabio Ciardi

Palmira Frizzera: Dieu comme idéal

Palmira Frizzera: Dieu comme idéal

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Palmira avec Chiara Lubich

« Répandre l’amour de Dieu partout, selon le commandement de Jésus de nous aimer l’un l’autre ». C’était cela l’idéal de Chiara Lubich qui attire toujours des centaines de personnes dans le monde entier. Aujourd’hui, à l’occasion du septième anniversaire de la mort de la fondatrice du mouvement des Focolari célébré dans le monde entier et à quelques jours de l’ouverture de son procès de béatification et canonisation, il s’agit de Palmira Frizzera, qui l’a connue en 1945 et, frappée par l’idéal de la « fraternité universelle », décida de la suivre. Voici son témoignage :

« Le concept de fraternité universelle est justement ce que j’ai trouvé lorsque je suis entrée dans le premier focolare, il y a presque 70 ans : nous étions des sœurs avec Chiara, mais avec un « Maître », un guide, qui était Jésus au milieu de nous, Jésus qui vit là où deux ou plus sont unis en Son nom ».

Quel est le but qui vous a fait aller de l’avant ensemble pendant tant d’années ?

« Nous sommes allées de l’avant en ne pensant en réalité à rien… nous avions choisi Dieu comme idéal de notre vie, nous voulions L’aimer, conscientes que nous pouvions mourir d’un jour à l’autre sous les bombardements. Donc nous avons essayé de réaliser le Testament de Jésus, l’amour réciproque, jusqu’à arriver à l’unité entre nous. Ce que j’ai senti dans ma rencontre avec Chiara, et toutes ses premières compagnes en général, c’est qu’elle possédait une lumière, une nouveauté… – à ce moment-là nous ne l’appelions pas « le charisme » – avec laquelle nous avons été engendrées à une vie totalement nouvelle ! ».

Ce fut donc l’amour évangélique vécu entre vous, incarné et communiqué aux autres qui a fait naître tout le mouvement ?

« Mais Chiara n’a jamais pensé fonder quelque chose ! On dit maintenant que Chiara est la fondatrice du mouvement des Focolari qui s’est répandu dans le monde entier. Moi, cependant je ne l’ai jamais sentie comme une personne qui fondait quoi que ce soit, mais comme une personne qui donnait vie à quelque chose de nouveau. Chiara nous disait : « Nous ne voulons rien fonder. Nous voulons porter Dieu au fond des âmes, par l’amour ; porter l’amour partout ». Voilà justement ce message que Jésus nous a laissé ». Cela a conduit à la fraternité universelle ».

Depuis janvier de cette année, Chiara a été déclarée Servante de Dieu et un procès de béatification et de canonisation a commencé. Quel effet cela vous fait-il ?

« Je sens que Chiara n’appartient pas seulement à l’Eglise catholique : Chiara appartient aussi aux autres Eglises, aux autres religions et grâce aux dialogues ouverts dès les premiers temps, même avec des personnes qui n’ont pas de credo religieux. Sous cet aspect, je n’aime pas la restreindre uniquement à l’Eglise catholique, mais je comprends que cette béatification est un grand don pour l’Eglise et pour nous tous ».

Pourquoi les nouvelles générations que vous rencontrez et que vous formez, même si elles ne l’ont pas connue, et depuis longtemps, sont attirées par Chiara et sa spiritualité ?

« Chiara est partie, mais sa lumière est restée, son charisme demeure. Et c’est après cette lumière que les jeunes courent, pas après les personnes ».

Ce septième anniversaire aborde la dimension politique du charisme et montre comment la spiritualité de Chiara peut être vécue en politique. Qu’est-ce qu’elle peut nous enseigner dans ce domaine ?

« Elle peut nous enseigner l’art d’aimer, de comprendre, d’écouter… C’est un trait d’union avec tous : si l’on ne fait pas ça, comme alternative il n’y a que la violence et la guerre».

Source : Radio Vatican

En souvenir de Chiara sur les rives du Bosphore

En souvenir de Chiara sur les rives du Bosphore

Istanbul

Istanbul: le Patriarche Bartholomée fait les honneurs de la maison dans l’église orthodoxe de Aya Strati Taksiarhi pour plus d’une centaine de représentants du monde orthodoxe et catholique réunis à l’occasion du 7ème anniversaire du départ de Chiara Lubich, fondatrice des focolari. Sont présents les métropolites Irénéos, Apostolos et Elpidophoros; deux archimandrites, p. Vangeli qui traduit du grec au turc, et le Grand Archimandrite Vissarion. Il y a aussi, entre autres, l’archevêque des arméniens catholiques, Levon Zekiyan et l’évêque catholique, Louis Pelatre. La linguiste Maria Caterina Atzori, du Centre d’Etudes des Focolari, présente les ouvrages de Chiara traduits en grec. Le modérateur est le journaliste Nikos Papachristou d’ Athènes.

“Au cours des siècles, la divine épiphanie du Seigneur s’est manifestée de nombreuses façons, pour faire comprendre les choses de Dieu aux hommes » a déclaré le Patriarche après avoir introduit la rencontre par une prière pour Chiara et entonné l’hymne au Saint Esprit. « Il ne s’est pas lassé de faire surgir parmi nous des hommes et des femmes qui par l’exemple de leur sainteté, grâce à leur amour imprégné de philanthropie divine et à leur parole inspirée par l’Esprit Saint, nous invitent continuellement à une « métanoia », une conversion du cœur pour toute l’humanité qui souffre ».

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Vidéo: “Atenagora, Paolo VI et Chiara Lubich”

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Dans son discours, il a présenté le profil spirituel de Chiara, en qualité de témoin direct de ses rencontres avec le Patriarche Athénagoras : « Comment ne pascueillir la Sagesse de Dieu dans l’œuvre bénie que notre sœur Chiara a offerte à nos Eglises, à nos Sociétés et à tous les hommes de bonne volonté. Elle que notre Prédécesseur bien-aiméappelait cordialement Técla, nom de la disciple de St Paul, qui est l’égale des apôtres »

Il a ensuite retracé les points forts du chemin spirituel qu’elle a ouvert dans l’Eglise et au-delà: “ La douce Chiara a répondu à l’appel de Dieu en se faisant en tout semblable à son Maître, mais surtout en se laissant transformer en un vase qui offre des chemins de salut, afin de conduire tous les hommes au Christ. Elle a passé sa vie à chercher des voies de rencontre et de dialogue avec tous, avec le souci d’un profond respect envers chaque culture qu’elle savait orienter sur le chemin de la rencontre, de la connaissance réciproque et de la collaboration réciproque ».

“Chiara Lubich débute son parcours de vie consacrée au Seigneur dans les souffrances de la guerre. Dans cette souffrance vit le Christ crucifié et abandonné et elle comprend qu’il n’y a pas de Résurrection sans passer à travers la chute. La souffrance du Christ devient sa propre souffrance personnelle, sans jamais verser dans le désespoir ».

20150327Istanbul“Sa vie est caractérisée par un amour passionné de la Sainte Ecriture. Celle-ci devient en elle Parole vivante qui édifie et élève. Elle a vécu jusqu’au bout le commandement du Seigneur « (…) Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres » (Jean, 13,34). Jusqu’à entraîner de nombreuses personnes, toutes différentes les unes des autres, mais unies par un idéal concret de communion.

Chiara a toujours été fidèle à son Eglise. Profondément convaincue d’une communion partagée, elle a ressenti le drame de la division, de l’impossibilité de boire au même Calice.

Sensible au cri de douleur causé par ce déchirement, elle s’offre tout entière, en raison du charisme de l’unité, comme instrument dans les mains de Dieu et va à la rencontre des responsables d’ Eglises tout comme des simples fidèles. Mais elle ne se limite pas à cela : elle sollicite, encourage, invite, propose qu’on trouve des chemins de communion nouveaux »

“Chiara a un amour tout particulier pour la Sainte et Divine Eucharistie du Seigneur. Elle y perçoit le don d’amour de Celui qui s’est offert une fois et pour toujours, afin d’attirer l’homme à Lui. Nous pourrions affirmer qu’en elle se forme une conscience eucharistique de l’unité ». « Nous pouvons encore découvrir un autre aspect dans l’œuvre de Chiara : l’unité, à travers l’Eucharistie, passe de la Trinité sur la famille (…) lieu où resplendit davantage l’amour réciproque qui lie naturellement ses membres. (…) C’est dans ce contexte qu’on peut entrevoir l’unité de la famille humaine dans tous ses aspects, dans la société, dans la politique, l’économie, dans le respect de l’œuvre de Dieu pour chacun de nous personnellement et dans toute sa merveilleuse création. Aussi le message et l’œuvre de Chiara sont-ils toujours plus actuels, surtout dans le contexte mondial où nous vivons ».

De ce fait “ le don qu’offre aujourd’hui le Mouvement des Focolari en proposant l’œuvre de Chiara Lubich en grec s’avère très précieux... Nous l’accueillons comme un don entre frères qui fera assurément apprécier au public grec, aux fidèles grecs-orthodoxes, ce merveilleux message d’unité et d’amour ».

A la fin, avant de donner sa bénédiction, il s’adresse à Chiara afin qu’elle intercède “ Afin que puisse surgir rapidement l’aube d’un jour nouveau pour notre humanité blessée et divisée et que les sentiments pour lesquels elle a dépensé toute sa vie, produisent des fruits abondants là où aujourd’hui nous ne voyons rien sinon les ténèbres et le sang des martyrs ».

Congo: une guerre oubliée

Congo: une guerre oubliée

20150322-01

Bukavu, République Démocratique du Congo

La République Démocratique du Congo: un grand pays avec d’immenses ressources naturelles. 72 millions d’habitants, quelques centaines d’ethnies différentes. Les relations difficiles avec l’Occident, la guerre pour l’exploitation des minerais, le drame d’une population oubliée.

Nous avons interviewé le biologiste congolais Pierre Kabeza, syndicaliste, père de famille, qui, depuis trois ans, a dû quitter sa ville, Bukavu, dans la région des Grands Lacs, et maintenant fréquente l’Institut universitaire Sophia.

Vous avez dû vous expatrier, quittant femme et enfants. Pour quelles raisons? “Parfois, il y a des choses que l’on ne peut comprendre, ni bien voir, sauf avec des yeux qui ont pleuré, disait Mgr Munzihirwa, évêque de Bukavu, tué en raison de sa lutte pour la justice. Après sa mort, nous étions tous découragés, mais Mgr Kataliko est arrivé. Il a choisi de suivre la même voie: parler pour les opprimés. Kataliko a essuyé les larmes d’un peuple qui n’était plus écouté. Le 24 décembre 1999, il a écrit un message dans lequel il dénonçait la guerre injuste, l’occupation du Congo par les pays voisins, l’exploitation et le pillage des ressources minières. En conséquence, il n’a pas pu faire son travail pastoral pendant sept mois et vingt jours. Les cloches n’ont plus sonné. Nous manifestions chaque jour pour qu’il revienne dans le diocèse. Musulmans et chrétiens de Bukavu, nous sommes allés ensemble à la cathédrale, où Mgr Kataliko a célébré une messe de pardon pour ceux qui l’avaient fait souffrir. Il est mort quelques semaines après en Italie.

Pour continuer l’œuvre de nos évêques – défense de la vérité, lutte pour la justice et pour la liberté – est né le groupe “Dauphin Munzihirwa Kataliko” (DMK). Les initiatives pour les honorer dérangeaient leurs ennemis. Avec le groupe DMK, dont j’étais responsable, nous nous sommes engagés dans le domaine de l’éducation, à commencer par la scolarisation des enfants. Les professeurs, en effet, ne sont pas payés par l’État et sont soutenus par les parents. Nous avons tout mis en œuvre pour que le gouvernement congolais assume ses responsabilités. Manifestations, sit-in, grèves… prison: nous étions considérés comme des personnes qui perturbent l’ordre public. J’ai rencontré tous les responsables du pays, même le président de la République, auquel j’ai rappelé l’article 43 de notre constitution, qui reconnaît la gratuité et l’obligation pour les enfants de fréquenter l’école élémentaire. Il m’a écouté, mais, malheureusement, rien n’a changé. Cependant, à cause de mon engagement, j’ai été menacé, arrêté et torturé. Ma maison a été attaquée deux fois. Ils ont tout détruit. C’est pour cela que j’ai dû partir pour sauver ma vie.”

Une guerre oubliée. Six millions de morts, deux millions de femmes et d’enfants fuyant leurs villes et villages. Pouvez-vous nous expliquer?

“Oui. Maria Voce, présidente des Focolari, a dit qu’il semble que les morts “des pays loin de l’Occident” ont moins de valeur en termes d’humanité et “moins de poids politique sur la conscience de la communauté internationale”. C’est le cas du Congo. Nos morts n’intéressent pas la communauté internationale, parce que nous sommes dans les périphéries du monde. Pourtant, aujourd’hui, la guerre est l’ennemi commun de tous. Mandela nous a enseigné que “nous sommes nés pour être frères”.

On parle peu de la guerre du Congo, ici en Europe, et sans dire toute la vérité. Il ne s’agit pas seulement de guerres ethniques. Il est vrai que nous avons beaucoup de problèmes en Afrique, mais je me demande: pourquoi le feu s’allume seulement dans les pays riches, où il y a des minerais et du pétrole? Il y a toujours le feu où se trouvent le coltan, l’or, les diamants. Et où terminent ces minerais de sang? Ils sont utilisés pour faire des smartphones, airbags, navigateurs, etc. On calcule que pour chaque kilo de coltan extrait au Congo, deux enfants meurent. D’autres sont obligés de devenir “des enfants soldats”. Il est important que nos enfants sachent qu’en jouant à leur jeu vidéo, un autre enfant perd la vie dans les périphéries du monde.”

Que signifie pour vous de faire cette expérience intellectuelle et humaine à l’Institut universitaire Sophia? Quelles sont vos attentes personnelles, et en vue du bien dans votre pays?

“Sophia a été un des dons que j’ai reçu en Italie. Je pense qu’il aurait été préférable de faire l’expérience de Sophia avant de m’engager comme syndicaliste, parce qu’ici j’ai compris l’importance de la fraternité. Je crois que la faillite de notre société congolaise provient du fait que nous avons oublié le principe de la fraternité, une force qui nous unit tous, qui n’exclut personne. Aujourd’hui, j’ai compris que l’autre fait partie de moi, que ses problèmes sont les miens. L’engagement politique devrait nous aider à comprendre que nous sommes responsables les uns des autres. À Sophia, j’ai compris aussi le sens de la diversité entre nous. Nous sommes égaux, mais différents, et si les hommes exploitaient cette richesse, ce serait un bien. Sophia m’a aussi enseigné à comprendre le chemin du dialogue. Le vrai dialogue est celui qui donne de l’espace à l’autre, où il y a toujours une part de vérité.”

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