Mouvement des Focolari
Évangile et vie: toujours accueillir

Évangile et vie: toujours accueillir

“Notre fille, après une douloureuse et cuisante déception (l’échec de la relation avec son copain), vit chez nous avec sa fille. Elle est souvent peinée et agressive. Un matin, pour un rien, elle nous malmène, ses frères et moi, hurle et part au travail en claquant la porte. Je suis vexée, j’ai l’impression qu’elle a dépassé toute limite. Nous ne méritons pas ce traitement. Mais que faire pour qu’elle ressente mon amour? Je prépare un repas de fête, je fais un gâteau, je mets la plus belle nappe… Lorsqu’elle rentre, je la salue comme si de rien n’était. Elle sourit et je sens que non seulement j’ai pardonné, mais j’ai oublié. L’harmonie revient parmi nous.”

(R.B. – Italie)

20150221-01“Samedi. Mes parents et moi allions fermer notre magasin d’alimentation, lorsque deux types cagoulés sont entrés et nous ont ordonné d’ouvrir le coffre-fort. Papa, pensant à un vol avec des armes factices, leur a demandé de partir. Mais, un coup est parti et l’a blessé superficiellement. Après la fuite des malfrats, en un instant, je me suis rappelé qu’il existe des gens différents, qui œuvrent pour les jeunes d’un quartier à risque d’une autre ville sicilienne. J’ai alors décidé, avec des amis, de faire moi aussi quelque chose pour empêcher tout jeune d’entrer dans le giron de la pègre. Avec une certaine hésitation, je me suis rendu dans un quartier à risque et, une fois les vrais problèmes de l’endroit connus, j’ai pris contact avec l’administration communale, avec les familles de quelques policiers tués… Un groupe est né, et veut prouver, surtout aux plus jeunes, qu’il existe un monde sans violence, meilleur. Ce samedi a changé ma vie.”

M. – Sicile, Italie)

“J’avais douze ans lorsque mes parents se sont séparés. Au milieu de tant de douleurs, une en particulier ne m’apaisait pas: je ne réussissais pas à pardonner à papa de nous avoir quittés pour former une autre famille. Au début, lorsqu’il téléphonait, je ne voulais même pas lui répondre. Jusqu’au jour où, demandant de l’aide à Jésus, j’ai trouvé le courage de lui prouver que je ne lui en voulais plus. La fête des pères m’en a donné l’occasion. Quand je lui ai apporté mon cadeau, je l’ai vu ému. Il m’a confié que, au-delà de tout, pour lui la chose la plus importante étaient et restaient ses enfants. À partir de ce moment-là, c’était comme lui avoir rouvert la porte de mon cœur. Ensuite, le sachant très seul, je lui ai spontanément parlé de Dieu, qui aime chacun immensément. Il s’est apaisé et a exprimé le souhait d’approfondir le sujet. L’expérience avec papa me fait comprendre que tous peuvent se tromper, mais que chacun doit avoir la possibilité de se relever.”

(H. – Brésil)

 

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

PaoloGiusti

Paolo Giusta

«La vie et la pensée de Chiara Lubich ont introduit une nouveauté radicale qui dépasse une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idée, toujours présente, d’un pouvoir exercé seul au sommet d’une pyramide est largement répandue: souvent nous avons tendance à penser qu’un seul homme, ayant les idées claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens élevé et un total respect du pouvoir… Mais en même temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiérarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autorité s’exprimait de façon créative, en offrant des idées et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) à disposition des projets en faveur de la société, surtout des plus pauvres.

Coresponsabilité. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilité, dans la ligne de la spiritualité de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la présidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, mère de Jésus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idées-clés de son charisme: la hiérarchie existe, elle a un rôle irremplaçable, mais elle reste à l’arrière-plan ; ce qui émerge c’est qu’avant tout nous sommes tous frères et sœurs, tous enfants d’un unique Père, qui est amour (…). Tous à l’école de Jésus, le seul véritable maître.

Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement à la manière dont Chiara exerçait son rôle de leader au cours de la préparation des deux rencontres des mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes à Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai été frappé par sa manière de donner sa place à chaque personne, à ses idées et à son questionnement. C’était comme si elle était à l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sérieux et la soumettait à la décision commune, un véritable exemple de leadership collectif en action (…).

Exercer son propre rôle et faire de la place à l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et en même temps faire totalement place à l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas être). C’est une dynamique qui crée la communion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la Trinité (…).

Résoudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit diverses options se présentent : éviter d’affronter la difficulté, laisser décider le chef à la place des autres, ou bien décider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquées dans le conflit : une longue marche qui même peut être douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grâce à une décision individuelle, mais après avoir fait une expérience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve être le résultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vérité, dans le but d’arriver à une solution commune ».

Lire le texte intégral

Chiara Lubich

Politcs for Unity

Making a world of difference

Mars 2015

Info: http://www.politicsforunity.com/

Le Salvador en fête pour Romero

Le Salvador en fête pour Romero

20150214-02“Une prédication qui ne dénonce pas le péché n’annonce pas l’Evangile”, affirmait Mgr Romero dans l’une de ses homélies. Son martyre, survenu le 24 mars 1980 tandis qu’il célébrait l’Eucharistie dans la chapelle de l’hôpital des malades en phase terminale où il habitait, a donné de la force aux familles du Salvador qui ont perdu des proches et des amis durant l’impitoyable guerre civile qui a suivi mort. Et aujourd’hui encore son témoignage est une forte invitation à la paix, à la fraternité et à la réconciliation dont le peuple a besoin.

“L’annonce de la signature du pape François approuvant le décret qui reconnaît le martyre « in odium fidei » de Mgr Oscar Arnulfo Romero, a fait exulter le peuple. Les évêques ont fait carillonner les cloches de toutes les églises du Salvador pour manifester cette immense joie” écrit écrit Filippo Casabianca depuis le siège des focolari en Amérique Centrale. “Depuis que Bergoglio est devenu pape, on a commencé à espérer que, connaissant les besoins urgents des pauvres et les sombres tractations de certaines dictatures latino-américaines, il débloquerait l’avancée de la cause. Et de fait, cette annonce solennelle dont la date reste à fixer à San Salvador, n’a pas tardé à venir”.

Quels sont les dessous de ce blocage?

“A l’époque la pastorale de l’Eglise était traversée par des courants qui allaient d’une authentique fidélité aux orientations du Concile appelant l’Eglise à être proche des plus pauvres, à la tentation de ceux qui considéraient légitime de s’associer à des mouvements de type marxiste. C’est ce dont on a voulu accuser Roméro, jusqu’au point d’arriver à réduire sa voix au silence”.

Au Salvador la spiritualité des focolari s’enracine aussi dans l’humus des horreurs de la guerre. Les premiers voyages des focolarini en Colombie remontent aux années 70 et les premières mariapoli ont eu lieu en 1982 dans la ville de Santiago di Maria.

20150214-01“Les grands axes routiers étaient alors parsemés de patrouilles tantôt de l’armée, tantôt de guérilleros – poursuit Filippo – au point qu’il fallait utiliser les moyens du bord pour se déplacer ou se soumettre à des interrogatoires qui pouvaient se terminer par une réclusion forcée. La guerre avait suivi la mort de Roméro et son message était présent au cœur de tous ». « Les paroles, l’enseignement et le témoignage de Mgr Romero – raconte Reynaldo, un des premiers jeunes du mouvement – résonnaient avec force en ceux qui eurent la chance de rencontrer l’Idéal de l’unité, en particulier à cause du rappel de l’option préférentielle des pauvres». C’était en effet un rappel à vivre le christianisme de manière cohérente, que certains voyaient d’un œil perplexe, que beaucoup ont accueilli et qui fut parfois manipulé. « L’exemple de Mgr Romero, associé à la rencontre de l’expérience de Chiara Lubich et de ses premières compagnes durant la seconde guerre mondiale à Trente, nous a permis d’accueillir de manière plus authentique le Charisme de l’unité et nous aida à avancer à contre-courant ».

Un contre-courant qui reste d’actualité à travers l’engagement social du Mouvement des Focolari au Salvador. L’accompagnement des prisonniers, par exemple, se déroule dans le cadre de la Pastorale de l’Eglise en milieu pénitencier et mobilise une équipe des Focolari : ils visitent régulièrement la prison de Mariona, tristement célèbre, où sont enfermés les plus dangereux cerveaux de la barbarie et du narcotrafic. Actuellement ils sont en contact avec environ 180 personnes qui purgent différentes peines et qui se retrouvent par groupes de 18 personnes autour de la Parole de Vie. Lors de la dernière rencontre quelqu’un disait : « Je demande pardon à mes camarades de cellule parce que je les ai traités avec violence, mais je veux changer ».

D’autres actions sont orientées vers l’insertion sociale dans un petit village à risques. La situation est devenue dangereuse et le curé a conseillé aux membres du Mouvement d’être prudents. Dans deux autres villes ceux-ci aident des écoles et font du soutien scolaire pour freiner l’abandon des études, un facteur qui favorise le recrutement criminel.

Au Salvador, mais pas seulement, l’exemple de Romero réveille chez beaucoup le désir d’être fidèle à l’Evangile qui nous pousse à vivre pour tous, en particulier pour les plus petits, les pauvres et les laissés pour compte.

Zoom sur l’Ukraine

Zoom sur l’Ukraine

20150212-aLe Père Mychayl est un prêtre grec-catholique qui vit la spiritualité des focolari. A travers la revue Città Nuova, il nous a aidés à suivre les vicissitudes de son cher pays aujourd’hui dévasté. Un an après l’explosion du conflit, nous lui avons demandé de faire une relecture des événements. « Presque une année s’est écoulée depuis la révolte de la place Maidan au conflit dans le sud-est et l’on compte aujourd’hui plus de 5000 morts et plus d’un million de réfugiés. La guerre dans le Donbass dure déjà depuis des mois. Les gens sont en train de mourir, les infrastructures de suffoquer et des centaines de milliers de personnes sont en déroute. Le patchwork de territoires contrôlés par les ukrainiens et les séparatistes, le chaos de bandes rivales, de commandants qui se font la guerre, d’armées mal équipées et très mal entraînées, pourraient avoir comme effet collatéral de déclencher une guerre de tous contre tous ». C’est la raison pour laquelle, selon le père Mychayl, l’Ukraine, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une éducation à la paix qui implique le peuple tout entier: adultes et jeunes, éducateurs et adolescents, parents et enfants: “ Une pédagogie de la paix qui soit simple, mais qui mobilise, fondée sur la cohérence entre théorie et pratique, valeurs et expériences. Une éducation pour que s’affirme une culture de paix, la seule qui puisse respecter et répondre aux questions les plus vraies de l’ensemble de la population, sur le difficile chemin de la fraternité universelle en Ukraine ». A la question concernant les pas que doit faire l’Ukraine: «Je me permets de vous répondre en reprenant ce que Chiara Lubich a dit à Londres en 2004 : « … On devrait proposer à tous les acteurs politiques de souscrire un pacte de fraternité pour leur Pays, qui mette le bien commun au dessus de tout intérêt partial, qu’il soit individuel, de groupe, de classe ou de parti. Parce que la fraternité offre des possibilités surprenantes: elle permet de mettre ensemble et en valeur des exigences qui risquent, sinon, de dégénérer en d’interminables conflits. Elle concilie par exemple les expériences d’autonomie régionale avec le sens d’une histoire commune ; elle consolide la conscience du rôle important des organismes internationaux et de tous les processus qui tendent à faire dépasser les barrières et franchir des étapes décisives vers l’unité de la famille humaine ». Mais la crise ukrainienne a déclenché la plus grande vague de réfugiés après celle de la guerre des Balkans: plus de 900000 seulement à l’intérieur du pays. « Dans la ville assiégée de Donetsk une vie normale n’est plus possible. Les personnes âgées – témoins pour la seconde fois des horreurs de la guerre – meurent parce qu’elles sont privées de soins médicaux ou bien doivent quitter leur maison. Depuis l’été, beaucoup de personnes ne touchent plus leur pension de retraite. Dans les secteurs contrôlés par les séparatistes on trouve de tout dans es magasins et les pharmacies, mais il n’y a plus d’argent ! Les banques te les bureaux de poste ont fermé ». Comment reconstruire les maisons, les routes et des ponts pour rétablir la circulation, mais aussi des liens pour soigner les blessures invisibles? « Ce n’est pas chose facile. Accompagner psychologiquement les populations sinistrées c’est moins simple que de reconstruire des routes ou envoyer des aides humanitaires. Depuis quelques années déjà les chercheurs de l’Institut Universitaire Sophia, en collaboration avec Justice et Paix en Ukraine, donnent des cours pour former les jeunes à offrir leur propre contribution, en tant que citoyens, pour la construction du bien commun de l’Ukraine » « Après la vague de protestations et la guerre, le pays a besoin de ces « Ecoles de la participation » qui préparent à un engagement civil et politique bien enraciné dans le tissu social ; il a besoin de lieux où l’on puisse expérimenter une action politique fondée sur des valeurs partagées et nourrie par l’idéal de la « fraternité universelle ». L’Ukraine, grâce aux manifestations de la Place Maidan, est devenue une vraie nation, un peuple qui veut bâtir sa vie sur des valeurs chrétiennes. Il s’agit maintenant de transférer dans le vécu de l’action quotidienne les valeurs défendues sur la Place Maidan; de prendre en charge les attentes et les besoins les plus profonds du Pays, pour ne pas tomber définitivement dans l’apathie ». Les écoles de la Participation fournissent en effet des modèles d’interprétation et des propositions résolutives favorables à l’instauration d’une culture de paix: “L’un des principaux défis que doit relever l’Ukraine concerne la situation des immigrés sur son propre territoire, leur intégration dans les autres régions du pays, et les conséquences des hostilités. Offrir aux personnes des connaissances et des compétences flexibles pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, les droits de l’homme, la médiation, la prévention et la résolution des conflits, l’éducation à la non-violence, la tolérance, l’acceptation d’autrui, le respect réciproque et la réconciliation, tels sont les objectifs que nous voulons placer au centre de l’éducation à venir ».

Chiara Lubich: “Aucun moment de la vie n’est indigne d’être vécu”

Centro Chiara Lubich –  Video (en italien)

«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.

On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.

C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.

En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.

Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.

Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.

En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.

Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?

Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.

En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.

La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.

Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.

Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.

Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.

Et que dire des personnes âgées ?

Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.

Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.

On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.

Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.

La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.

En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.

En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.

Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.

Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.

Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.

Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.

 

 

[:it]Chiara Lubich: «Non c’è porzione di vita indegna di essere vissuta»

[:it]Chiara Lubich: «Non c’è porzione di vita indegna di essere vissuta»

20140211ChiaraLubich1986

«Si nous mettons à la base des lois ou des initiatives sociales, un esprit de non-respect pour celui qui souffre, pour la personne handicapée, la personne âgée, nous créons petit à petit une société fausse, car nous ne donnons du poids qu’à certaines valeurs, comme la santé physique, la force, la productivité intensive, le pouvoir, et nous modifions complètement le but pour lequel vit un État, qui est le bien de l’homme et de la société.

On le sait bien, la santé est un don précieux qu’il convient de sauvegarder.

C’est pourquoi il est nécessaire de faire en sorte que notre physique et celui de nos frères se nourrisse, se repose, ne s’expose pas aux maladies, aux accidents, à une pratique sportive exagérée.

En effet, le corps aussi est important pour un chrétien.

Mais, si l’intégrité du corps venait à être compromise, nous devons nous souvenir qu’il y a une Vie qui n’est pas conditionnée par notre état de santé, mais par l’amour surnaturel qui brûle en notre cœur.

Et c’est cette Vie supérieure qui donne sa valeur à la vie physique, même dans la maladie.

En effet, si nous considérons les maladies seulement avec un regard humain, on ne peut qu’affirmer qu’elles sont des malheurs. Mais, si nous avons un regard chrétien, nous voyons qu’elles sont des épreuves qui peuvent nous permettent de nous entraîner pour la grande épreuve qui nous attend tous, quand nous devrons affronter le passage à l’Autre vie.

Le Saint Père n’a-t-il pas dit récemment que les maladies sont des exercices spirituels (des retraites) que Dieu lui-même nous prêche ?

Les malades ont une richesse de plus que les autres, d’un autre genre.

En ascétisme et en mystique, l’Église parle des maladies non seulement comme appartenant au domaine de la médecine, mais comme des purifications que Dieu envoie, donc comme des échelons vers l’union à Dieu.

La foi nous dit aussi que, dans la maladie, l’homme participe aux souffrances du Christ. C’est donc un autre Christ crucifié qui peut offrir sa souffrance pour ce qui vaut le plus : le salut éternel des hommes.

Nous, dans le tourbillon du travail et de la vie quotidienne, nous sommes parfois tentés de voir dans les personnes souffrantes uniquement des cas marginaux à aider pour qu’elles surmontent vite leur maladie et qu’elles reprennent rapidement leurs activités et nous ne pensons pas qu’elles sont celles qui, actuellement, peuvent faire davantage, agir davantage.

Cependant, les malades sont en mesure de bien remplir leur rôle en faveur de l’humanité s’ils sont compris et aimés. C’est grâce à l’amour qu’ils pourront être aidés à donner son sens à leur état, à être conscients de ce qu’ils représentent.

Et ce qui vaut pour les malades, vaut pour les handicapés. Celui qui est porteur de handicap a besoin d’amour lui aussi. Il a l’exigence d’être reconnu pour la valeur qu’a sa vie : (une vie) sacrée comme toute autre vie, avec toute la dignité qui en découle. Il a besoin d’être considéré comme une personne qui doit vivre le plus possible une ‘vie ensemble’, normale, au milieu des autres hommes.

Et que dire des personnes âgées ?

Chaque vie demande de l’amour. Les personnes âgées aussi ont besoin d’amour.

Aujourd’hui, les personnes âgées constituent même un problème, parce qu’on peut noter une forte augmentation de cette catégorie d’âge, en raison du prolongement de la moyenne du niveau de vie.

On observe, dans la société, une tendance à mettre les personnes âgées de côté, à les considérer comme un poids social, car ils ne sont pas productifs. On parle des vieux comme d’une catégorie à part, comme s’il ne s’agissait plus d’êtres humains. Ensuite, chez les personnes âgées eux-mêmes, à la déchéance physique s’ajoute souvent un grave malaise psychologique : se sentir dépassés.

Il faut redonner l’espérance aux personnes âgées. L’âge avancé n’est que la troisième saison de l’existence.

La vie qui naît, la vie qui croît, la vie qui décline ne sont que trois aspects du mystère de l’existence qui puise en Dieu-Amour.

En certains Pays asiatiques et africains, l’ancien est valorisé parce qu’il est considéré comme un guide de vie, parce qu’il possède la sagesse.

En effet, l’ancien est une personne qui met en évidence ce qui est essentiel, ce qu’il y a de plus important.

Souvenons-nous des paroles de Saint Jean l’Évangéliste, désormais octogénaire, alors qu’il visitait les communautés chrétiennes et qu’il lui était demandé quel avait été le message de Jésus, il répétait toujours : “Aimez-vous les uns les autres” comme s’il n’avait rien d’autre à ajouter. Mais, avec ces mots, il centrait vraiment la pensée du Christ.

Se priver des personnes âgées, c’est se priver d’un patrimoine.

Il convient de les valoriser, en les aimant. Et les valoriser aussi quand ils sont malades et malades graves, quand les espoirs humains n’existent plus et que la demande d’assistance se fait plus exigeante.

Pour Dieu, il n’y a pas de vies, pas de moments de vie indignes d’être vécus.

 

Centro Chiara Lubich

Video (en italien)