Fév 10, 2015 | Non classifié(e)
Un pacte éducatif à reconstruire harmonieusement: entre la famille, l’école, les institutions civiles, la culture. C’est l’idée qui est à la base du projet des Scholas Occurrentes, [les écoles qui viennent à la rencontre, écoles proches] nées en Argentine à l’initiative de l’archevêque de l’époque de Buenos Aires J.M. Bergoglio et relancées aujourd’hui au niveau international. «Scholas veut d’une certaine manière réintégrer l’effort de tous pour l’éducation, veut refaire d’une manière harmonieuse le pacte éducatif, car c’est seulement ainsi que, si nous tous, responsables de l’éducation de nos enfants et jeunes, nous harmoniserons nos pratiques, que l’éducation pourra changer. C’est pour cela que Scholas recherche la culture, le sport, la science; c’est pour cela que Scholas cherche à créer des ponts, sort de ce qui est ‘petit’ et va les chercher plus loin. Elle est en train d’actualiser cette interaction dans tous les continents, confirme le pape François, à la conclusion du 4ème congrès mondial qui s’est déroulé au Vatican du 2 au 5 février derniers. Le moment fort de ces jours-ci, fut la liaison en video conférence avec quelques adolescents, chacun compétent à sa manière, qui participent au programme d’inclusion scolaire des 400.000 écoles liées au projet. Parmi eux, Isabel de 13 ans, non voyante, qui aime l’athlétisme et demande au Pape de dire à ceux qui sont en difficulté ”de ne pas abandonner car avec un peu d’effort, on peut arriver où on veut”. Oui, car ”en vous tous, il y a un coffre”, a dit François dans le message vidéo aux adolescents «et à l’intérieur, il y a un trésor. Votre travail consiste à ouvrir le coffre, en faire sortir le trésor, le faire grandir, le donner aux autres et recevoir le trésor des autres». Ils étaient au nombre de 250, parmi les plus grands experts en matière d’éducation et de responsabilité sociale, de fois et de cultures différentes, de délégations et organisations sportives, ainsi que des représentants du monde de l’art, du spectacle et de la culture, de sociétés de Technologie de l’information et de la communication (ITC) qui, à travers les technologies les plus avancées, permettent de «construire un lieu où tous trouvent une place», comme l’a déclaré José Maria del Corral, directeur des Scholas.
Redécouvrir donc, le jeu comme matériel éducatif, éduquer à la beauté, retrouver l’harmonie entre le ”langage de la tête” et le ”langage du cœur”, ce sont les pistes de travail pour l’éducation définies par le Pape dans son intervention. Éléments déclencheurs pour les personnes intéressées, présentes au Congrès de Scholas, qui les jours précédents, avaient apporté des expériences, recherches et projets éducatifs dans lesquels l’apprentissage et la solidarité se fondent en une ligne pédagogique inclusive: élèves avec des besoins éducatifs particuliers, dépendances, pauvreté, soin de l’environnement. A ce propos, on a présenté, entre autre, quelques projets nés dans le cadre des Focolari, comme le projet Udishaen Inde, la mobilisation contre le jeu de hasard de Slot Mob en Italie, le projet Living Peace en Egypte. Deux matinées ont été consacrées en outre à approfondir la pédagogie de l’Apprentissage et du Service Solidaire: celle-ci, s’étant développée à partir des années ’60 aux Etats-Unis, dans les 20 dernières années, a été mise en œuvre par Maria Nieves Tapia des Focolari, avec beaucoup d’autres personnes les plus variées issues des réseaux et organisations les plus divers. Col CLAYSS (Centre latino- américain d’apprentissage et de service solidaire) on essaie aussi de le mettre en dialogue avec les recherches sur la fraternité et la pro socialité. Au Congrès, elle a été présentée dans ses principes théoriques par Carina Rossa d’ Eduquer à la Rencontre et à la Solidarité (EIS) LUMSA et d’ Eduquer à l’Unité (EDU); et le réseau de Scholas s’est engagé à l’ exécuter. «Ceux qui y gagnent ce sont les enfants», a conclu le pape François, en soulignant ainsi l’importance de ce travail qui porte à construire des ponts entre les jeunes de chaque nation et je crois, en éduquant à la paix et à la fraternité. Il a même encore affirmé: «Nous ne changerons pas le monde si nous ne changeons pas l’éducation». Un vrai et réel ”plan de sauvetage” en acte, comme il l’a défini en d’autres occasions, pour endiguer cette culture du rejet qui ne laisse pas de place dans la société pour toute une génération d’enfants et de jeunes. Et continuer à croire que ”la vie est un beau trésor, mais qu’ elle n’a de sens que si nous la donnons». Info pour adhérer au projet: www.scholasoccurrentes.org Discours intégral du Pape
Fév 7, 2015 | Non classifié(e)
“Vingt-huit ans de mariage, quatre enfants dont trois qui sont restés à Lubumbashi (Congo) pour étudier à l’université. La redécouverte de Dieu comme amour, Le mettre à la première place dans notre vie spirituelle et dans celle du couple. Ce sont ces aspirations spirituelles qui nous ont conduits à tout quitter pour suivre le Christ.
Depuis longtemps, la communauté du mouvement au Gabon demandait l’ouverture d’un focolare à Libreville, et c’est ainsi qu’en 2011 nous arrivons en tant que “focolare-famille”.
Un choix, le nôtre, qui nous a amené à nous mettre à disposition, laisser notre travail et partir pour une nouvelle terre. Nous ne nous sommes jamais séparés de nos enfants durant une aussi longue période. Evidemment, ce n’était pas facile, mais grâce à une entente familiale, nous avons senti que nous pouvions le faire. Il y avait beaucoup d’interrogations … Cependant la confiance en Dieu-Amour était plus grande que tout.
Quand nous sommes arrivés au Gabon, notre première préoccupation a été de renforcer notre amour en tant qu’époux. De cette façon, l’amour entre nous a grandi encore plus, et nous a amenés à renouveler notre amour réciproque et à aimer tous ceux que nous trouvions sur notre chemin.
Ici nous avons trouvé une communauté vraiment accueillante, réceptive et généreuse malgré les difficultés de la vie. Nous avons voyagé plusieurs fois à travers tout le pays pour rencontrer les communautés, mêmes les plus éloignées . Tout le mode nous a accueillis avec enthousiasme. Dans certains villages, les gens attendaient le long des routes pour exprimer leur joie avec des branches d’arbres plantées tout au long du parcours en signe de joie.
Ici comme dans toute l’Afrique, la famille chrétienne souffre des mutations socioculturelles et ceci nous a beaucoup remis en question. Nous accompagnons sur le chemin de la foi de nombreux couples et aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont reçu le sacrement du mariage, d’autres font le chemin pour se préparer à la régularisation de leur union.
Nous avons fortement expérimenté la providence de Dieu, à commencer par la maison qui nous a été donnée par l’archevêque de Libreville pour les activités du mouvement. Pour l’aménager, chacun a amené ce qu’il pouvait : un lit, un matelas, une paire de draps, une cuisinière, une fourchette, une plaque … En même temps, toute la communauté du Gabon s’est organisée pour nous aider concrètement dans notre vie quotidienne. De temps à autre, nous recevons du manioc, du riz, des bananes,… Souvent quelqu’un sonne à la porte et c’est avec surprise que nous voyons qu’il a apporté ce dont on avait besoin.
L’unité, l’amour, et la foi dans l’Evangile nous ont permis de surmonter les inévitables difficultés que nous rencontrons ici : la précarité de l’emploi, la maladie, le manque de compréhension…
Après trois ans, sous sommes revenus à Lubumbashi. Nos enfants ont grandi en âge et en sagesse et nous avons vu en cela une réalisation de l’Evangile. Le fait de les revoir nous a procuré une extrême joie et nous avons ressenti avec chacun d’eux une profonde unité de cœur et d’âme.
Quand nous sommes repartis, ils ont renouvelé leur disposition à “nous envoyer” à nouveau en mission, ce qui consiste à faire rencontrer Dieu aux personnes à travers notre amour réciproque et réaliser, grâce à la chaleur familiale et à notre unité, ce grand désir d’un focolare ressenti par les communautés du Gabon ».
Jeanne et Augustin Mbwambu
Fév 3, 2015 | Non classifié(e)
La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens et l’année dédiée par l’église catholique. Deux heureuses coïncidences dans lesquelles la vocation de Heike Vesper, focolarine de l’église évangélique-luthérienne allemande, apparaît plus que jamais significative.
« J’avais seize ans lorsque mon frère jumeau, ayant un grave handicap mental, mourut – nous raconte-t-elle. A partir de cet événement tellement douloureux est né en moi le désir de vivre une vie qui ait réellement un sens. Mais je ne pensais certainement pas à une vie de consécration à Dieu. Dans les églises de la Réforme, la vie monastique avait quasiment disparu. Pour Luther, chaque chrétien baptisé a déjà en soi l’appel totalitaire à suivre Jésus, qui se réalise substantiellement dans le travail et dans la famille. Luther donc, ne voyait pas dans la consécration à Dieu, un état privilégié, justement parce que nous sommes tous appelés à la perfection, qui est seulement atteignable avec l’amour de Dieu, avec sa miséricorde. En ce qui me concernait, la consécration à Dieu m’ était donc complètement étrangère. Etrangère aussi par le milieu athée qui m’entourait avec le communisme de l’Allemagne de l’Est de l’époque.
Quelques mois après, au printemps 1977, j’ai connu les jeunes des Focolari, un mouvement né dans l’Église catholique, ouvert au dialogue avec les fidèles d’autres églises ou religions et avec les personnes de convictions non religieuses. Fortement attirée par la radicalité de leur choix évangélique, je me suis également engagée avec eux dans les nombreuses activités formatives et sociales qui étaient proposées ou que nous suscitions nous-mêmes. Nos animateurs étaient des personnes un peu plus âgées que nous, les focolarine et les focolarini. Ceux-ci avaient fait un choix totalitaire de Dieu, en vivant en communauté. Une vie, leur vie, qui suscitait une grande fascination mais que je voyais trop élevée pour moi, inaccessible.
A un moment donné, il y a eu une incompréhension entre le Focolare et mon pasteur, par le fait d’un choix personnel pris par l’un d’entre nous. Ce n’était rien de grave mais suffisamment pour me faire comprendre combien il fallait peu pour réveiller de vieux préjugés et ouvrir à nouveau des blessures qui semblaient en voie de guérison. Cela a été une très forte expérience à travers laquelle j’ai senti que Dieu m’appelait à donner, avec ma vie, un exemple que l’ unité est possible et que cela, je pouvais le réaliser à travers le Focolare. Face à cet appel, j’ai éprouvé de la joie mais aussi de la peur. Je ne me sentais en effet pas capable d’affronter 24 heures sur 24, la tension de la diversité entre nos églises. Pendant deux ans, j’ai tâché de faire taire en moi cet invitation de Dieu, mais de temps en temps, celle-ci remontait à la surface avec plus de force encore.
Lors d’une visite de Chiara Lubich en Allemagne, un groupe d’évangéliques lui posait des questions. C’est grâce à ces réponses que tous mes nœuds se sont dénoués. Par ses paroles, j’ai compris qu’entrer au focolare signifiait vivre l’Evangile aidés par des frères animés par la même proposition radicale; vouloir la vivre ensemble, en tant que chrétiens catholiques et évangéliques; ce qui signifiait choisir comme modèle Jésus dans son abandon du Père lorsqu’en criant un ”pourquoi” resté pour lui sans réponse, il a recomposé l’unité entre Dieu et les hommes, entre les peuples, entre les différentes églises, entre nous tous.
A ce moment-là, je n’ai pas pensé que tout cela pouvait signifier que je me consacre à Dieu, mais bien seulement répondre à son appel à témoigner avec ma vie que l’unité est possible. Cette passion pour l’unité m’a marquée cœur et âme et m’a toujours donné les ailes aussi dans les moments où je ne comprenais plus rien ou dans moments d’épreuve.
Lorsque je me trouvais au focolare de Lipsia, j’allais souvent à la Sainte Cène des frères de la Christusbruderschaft. Un jour, une personne parmi celles-ci me demanda comment nous faisions pour rester fidèles à notre église et pour vivre une vie spirituelle intense avec des catholiques. Alors j’ai compris la grande valeur de ce que Chiara nous a confié: Jésus abandonné. En l’aimant lui qui s’était fait pour nous, division, non seulement nous trouvons la force de ne pas nous sentir divisés en nous-mêmes, mais pour être unité pour les autres. En Lui, nous découvrons l’importance de vivre avec Jésus présent spirituellement au milieu de nous, attiré par notre amour réciproque. Une présence qui n’est liée à aucun sacrement, mais à la vie de la Parole».
Fév 2, 2015 | Non classifié(e)
“La spiritualité de Chiara Lubich propose qu’on s’ouvre à la communion avant tout au sein de la famille, et, l’unité une fois construite, qu’on l’élargisse à d’autres familles. Aucune famille n’est une île. Nous avons besoin de partager nos biens spirituels et matériels, nos résolutions, nos connaissances, notre temps, nos compétences pour construire des réseaux en mesure de se mettre au service du monde qui attend de voir le témoignage d’un amour qui peut toujours recommencer »
C’est avec joie qu’Anna-Maria et Alberto Friso commentent l’ouverture de la cause de béatification de Chiara Lubich, mardi dernier [27 janvier] à Frascati. Ils sont encore jeunes mariés, quand de Padoue ils se rendent à Rocca di Papa pour participer à un congrès de familles avec leur fils premier né : c’est là qu’ils connaissent personnellement la fondatrice du Mouvement des Focolari. En 1967 Chiara fera naître « Familles Nouvelles », une des premières associations pour la famille, dont par la suite Anna et Alberto seront responsables pendant 12 ans.
“ Nous avons été frappés par le fait qu’une femme consacrée puisse avoir autant à cœur la famille et que son idéal puisse être appliqué aussi à notre vocation d’époux », rappellent-ils. Mais pas seulement : « Chiara était une femme moderne, belle sans souci de le faire voir, élégante mais sans affectation, dotée d’une élocution séduisante et harmonieuse – font remarquer les Friso – Nous arrivions de la province, tous deux simples employés, plutôt désorientés. Avec simplicité et conviction elle nous a dit que Jésus comptait aussi sur nous, comme personnes et comme famille » Chiara Lubich était en effet convaincue que la spiritualité de l’unité était particulièrement adaptée à la famille, parce qu’à l’origine c’est une petite communauté de personnes unies par l’Amour ».
Aujourd’hui Alberto et Anna s’occupent de l’ONLUS “Action pour familles nouvelles” au service des populations du Sud et des adoptions à distance. Quand ils étaient responsables de « Familles nouvelles » , ils se voyaient régulièrement avec la fondatrice : « Elle écoutait les difficultés rencontrées et les projets, mais surtout elle nous redonnait ce courage sans lequel il aurait été trop compliqué pour deux pauvres créatures d’accompagner un mouvement de familles aussi nombreuses et aux dimensions du monde. Elle nous indiquait le chemin, nous confirmait, elle rêvait avec nous. Mais le plus souvent elle exprimait sa confiance en nous les mariés ».
Membres du Conseil Pontifical pour la famille, les époux Friso étaient invités par Chiara Lubich à avoir une attention particulière envers les couples séparés, divorcés et remariés qu’elle définissait elle-même comme étant « le visage de Jésus crucifié et abandonné ». Le charisme de Chiara continue à annoncer à la famille et aux familles du Mouvement l’amour que Dieu a pour chacun, « une conviction qui émane non seulement de l’Ecriture, mais pour l’avoir éprouvé personnellement, dans notre propre vie. Une annonce qui s’avère efficace même pour celui qui désormais n’espère plus ou a perdu la foi, ou pense que la séparation est désormais inévitable. Et si Dieu m’aime, s’Il a donné sa vie pour moi, moi aussi je dois – je peux ! – répondre à cet amour, en aimant le prochain qui est à mes côtés. Et qui est plus mon prochain que mon conjoint, mes enfants et mes proches ? » se demandent Alberto et Anna, et de poursuivre : « Si en toute honnêteté nous nous mettons sur le rayon d’un amour qui vient de l’Absolu, tout devient possible : l’accueil, le service, l’écoute, l’amour désintéressé, la gratuité, le pardon… ».
Jan 30, 2015 | Non classifié(e), Parole di vie
Avant de se rendre à Rome – et de là continuer pour l’Espagne – l’apôtre Paul annonce sa visite par une lettre aux communautés chrétiennes de la ville. Bientôt, celles-ci témoigneront par de nombreux martyrs leur profonde adhésion à l’Évangile. Elles connaissent cependant, comme ailleurs, tensions, incompréhensions et même rivalités, provenant d’origines sociales, culturelles et religieuses des plus variées.
Les chrétiens de Rome viennent, en effet, du judaïsme ou du monde grec, de l’antique religion romaine et parfois même du stoïcisme ou d’autres courants philosophiques. Ils portent en eux leurs propres traditions de pensée et de convictions éthiques. Certains sont définis « faibles » en raison de leurs coutumes alimentaires particulières : nourriture végétarienne par exemple ou jours de jeûne prévus sur un calendrier. D’autres, libres de ces conditionnements, sont dits « forts » car exempts de tabous alimentaires ou de rites particuliers. À tous, Paul adresse un appel pressant :
« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».
Au début de cette lettre, Paul avait abordé le sujet en s’adressant d’abord aux « forts », les invitant à accueillir les « faibles » sans discuter leurs opinions ; puis aux « faibles » pour qu’ils accueillent à leur tour les « forts » sans les juger, puisqu’eux aussi ont été « accueillis » par Dieu.
Paul est en effet convaincu que chacun, malgré la diversité des opinions et des coutumes, agit par amour du Seigneur. Il n’y a donc aucune raison de mal juger celui qui pense différemment, encore moins de le scandaliser par un comportement arrogant et supérieur. Il faut, au contraire, viser le bien de tous, l’« édification mutuelle », c’est-à-dire la construction de la communauté, son unité (cf. Romains 14,1-23)
Dans ce cas aussi, il s’agit d’appliquer la norme de la vie chrétienne, rappelée au début de la lettre de Paul : « L’amour est (…) le plein accomplissement de la Loi » (Romains 13,10). En ne se comportant plus « selon l’amour » (Romains 14,15), les chrétiens de Rome avaient laissé s’affaiblir l’esprit de fraternité qui doit animer les membres de toute communauté.
L’apôtre propose comme modèle d’accueil réciproque celui de Jésus quand, à sa mort, il prit sur lui nos faiblesses (Romains 15,1-3). Du haut de la croix, il attira tous les hommes à lui, et aussi bien le juif Jean que le centurion romain, Marie-Madeleine ou le malfaiteur crucifié avec lui.
« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».
Dans nos communautés chrétiennes aussi, tout en étant tous « bien-aimés de Dieu (…) et saints par l’appel de Dieu » (Romains 1,7), comme dans celles de Rome, les désaccords ne manquent pas, les oppositions entre des façons de voir différentes et des cultures souvent éloignées les unes des autres.
Souvent s’opposent traditionalistes et innovateurs – pour utiliser un langage peut-être un peu simpliste, mais tout de suite compréhensible – des personnes plus ouvertes et d’autres plus fermées, certaines s’intéressant à un christianisme plus social ou plus spirituel. Les différences sont alimentées par des convictions politiques et par des origines sociales différentes. Le phénomène d’immigration actuel ajoute à nos assemblées liturgiques et aux groupes ecclésiaux variés des composantes nouvelles de diversification culturelle et de provenance géographique.
Les mêmes dynamiques peuvent éclater dans les relations entre chrétiens d’Églises diverses mais également en famille, dans les milieux de travail et en politique.
Alors s’insinue la tentation de juger celui qui ne pense pas comme nous et de se considérer supérieurs, dans un affrontement stérile et avec parfois des réactions d’exclusion réciproque.
Le modèle proposé par Paul n’est pas l’uniformité qui nivelle, mais la communion entre diversités qui enrichit. Ce n’est pas par hasard qu’il parle dans la même lettre, deux chapitres avant, de l’unité du corps et de la diversité des membres, ainsi que de la variété des charismes qui enrichissent et animent la communauté (Romains 12,3-13).
Si nous prenons une image donnée par le Pape François, « Le modèle n’est pas la sphère, qui n’est pas supérieure aux parties, où chaque point est équidistant du centre et où il n’y a pas de différence entre un point et un autre. Le modèle est le polyèdre, qui reflète la confluence de tous les éléments partiels qui, en lui, conservent leur originalité. (…) Même les personnes qui peuvent être critiquées pour leurs erreurs ont quelque chose à apporter qui ne doit pas être perdu. C’est la conjonction des peuples qui, dans l’ordre universel, conservent leur propre particularité ; c’est la totalité des personnes, dans une société qui cherche un bien commun, qui les incorpore toutes en vérité ».
« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ».
Cette parole de vie est une invitation pressante à reconnaître le positif qui existe dans l’autre, au moins par le fait que Christ a donné sa vie aussi pour cette personne que l’on serait porté à mal juger. C’est une invitation à écouter en laissant tomber les mécanismes de défense, à rester ouvert au changement, prêt à accueillir les différences avec respect et amour, afin d’arriver à former une communauté à la fois pluraliste et unie.
Cette parole a été choisie par l’Église protestante d’Allemagne pour être vécue par ses membres et devenir pour eux une lumière tout au long de l’année 2015. La partager au moins durant ce mois-ci entre membres de différentes Églises veut être déjà un signe d’accueil réciproque.
Nous pourrons ainsi rendre gloire à Dieu d’un même cœur et d’une seule voix (Romains 15,6) car, ainsi que l’a dit Chiara Lubich dans la cathédrale protestante de St Pierre à Genève : « Le temps présent (…) exige de chacun de nous amour, unité, communion, solidarité. Il appelle aussi les Églises à recomposer l’unité brisée depuis des siècles. C’est cela la réforme par excellence que le Ciel nous demande. C’est le premier pas, indispensable, vers la fraternité universelle avec tous les hommes et les femmes du monde. En effet, le monde croira si nous sommes unis » .
Fabio Ciardi
Jan 28, 2015 | Non classifié(e)

Sœur Mariella Giannini (deuxième à gauche) au centre des religieuses du Mouvement des Focolari à Grottaferrata, Roma
Défendre la vie humaine en situation de fragilité. C’est ce qui anime les Sœurs Hospitalières du Sacré Cœur de Jésus, la famille de sœur Mariella Giannini, une religieuse qui vit de la spiritualité du mouvement des Focolari qui nous livre ici son histoire. « A travers la rencontre avec le charisme de l’unité de Chiara Lubich, raconte-t-elle, j’ai pu retrouver mon identité de religieuse, habitée par le charisme de l’hospitalité, spécifique à notre institut.»
Les Philippines, l’Espagne et l’Italie sont les étapes qui ont marqué mon cheminement. La découverte que « Dieu nous aime immensément » l’a fortement marquée ; et malgré cela arrive assez vite une période de tristesse qu’on voudrait éviter à tout prix, surtout quand on a choisi de donner sa vie d’une façon aussi radicale.
« Il s’agissait d’une forte douleur morale nous confie sœur Mariella, d’un moment d’épreuve et peut-être aussi de tentation ; en tous cas, d’un moment de lutte contre Dieu. L’obscurité est arrivée à l’improviste ; la nuit s’est installée en même temps que le silence d’une mer obscure et profonde … comme un fleuve boueux à traverser. Je me demandais où cela allait finir ; je n’avais plus d’avenir. »
Elle se rappelle avec émotion ces moments terribles et nous confie que malgré l’obscurité, elle n’a pas cessé de se donner aux autres. « Puis, d’une façon inattendue, la rencontre avec le cri de Jésus sur la croix : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Lui qui, de façon absurde est sans réponse, c’est Lui la clef de ma douleur et de toute souffrance humaine. »
Un passage délicat qui a trouvé une issue non pas par la force de la volonté mais dans l’abandon confiant à Dieu. « Dans chaque famille religieuse -continue sr Mariella-, il est inévitable qu’il y ait des problèmes car l’égoïsme n’est jamais pour toujours déraciné. Mais c’est dans ton for intérieur que changent certaines choses. Je l’ai expérimenté d’une façon spéciale avec nos collaborateurs laïcs que je ne regarde plus comme des étrangers ou même comme des personnes qui dépendent de moi, mais comme des frères et des sœurs, avec qui je partage le charisme de l’unité pour réaliser ensemble de nouveaux projets. En outre, Dieu m’a donné aussi une nouvelle famille avec le mouvement des Focolari. Mon cœur s’est dilaté. Le charisme de l’hospitalité et celui de l’unité sont devenus pour moi une unique force, une dynamite qui renouvelle la maison de Dieu : l’Église. »
Elle parle en connaissance de cause, étant donné les responsabilités diverses et délicates qui lui ont été confiées en tant que conseillère provinciale et dans ses déplacements à travers le monde. « L’amour appelle toujours l’amour, dit-elle avec conviction. J’ai pu le constater et le vivre, puisque, après la charge de provinciale pour l’Italie que la congrégation lui a confiée, elle a été envoyée aux Philippines comme formatrice du juniorat. Cette première formation est une tâche délicate, fascinante et prenante, mais lorsqu’on prend le temps de dialoguer et d’établir un rapport de cœur à cœur, alors je deviens le giron où se déverse toute souffrance passée et présente. Vivre ainsi me fait dépasser les barrières de langue, de culture et de génération ».
Des Philippines elle se rend en Espagne pour préparer les jeunes sœurs aux vœux perpétuels. De retour en Italie, à Viterbo, elle est au service d’un groupe de malades psychiques, alcooliques et de personnes présentant des troubles de comportement. Elle visite régulièrement les détenus dans la grande maison d’arrêt de la ville. Jésus donne beaucoup de joie aussi à ces derniers puisque c’est Lui qui, le premier, a choisi d’être le dernier. Lorsque se rencontrent ces deux pôles : Dieu et l’homme, le rapport s’illumine mystérieusement et les cœurs se réchauffent. »