Mouvement des Focolari
Valence (Espagne) : après la tempête DANA, la solidarité

Valence (Espagne) : après la tempête DANA, la solidarité

La province espagnole de Valence a subi il y a quelques jours l’une des plus grandes catastrophes naturelles de son histoire, après que de fortes pluies ont provoqué des inondations massives – la DANA – dans les villes et villages de la région.

On dénombre actuellement 214 morts et 32 personnes portées disparues. On estime à 800 000 le nombre de personnes touchées, soit un tiers des habitants de la province de Valence. Environ 2 000 petites entreprises ont été inondées par l’eau et la boue et ont tout perdu. Les voitures se sont empilées les unes sur les autres dans les rues, comme s’il s’agissait de barques en papier. La liste des familles qui ont perdu leur gagne-pain n’a pas encore été établie. Une grande catastrophe aggravée par le report indéfini des travaux publics nécessaires pour éviter que de telles inondations ne se reproduisent.

Un grand désastre qui, cependant, a été accompagné d’une grande solidarité. Dans les jours qui ont suivi, lorsque les eaux ont commencé à se retirer et à rendre visible la boue accumulée qui recouvrait tout, des milliers de bénévoles, des jeunes pour la plupart, ont commencé à arriver dans la zone sinistrée, munis de pelles et de balais, pour se mettre au travail.

« Cela a été, et continue d’être, une immense tragédie. Bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer. Nous ne pouvions pas croire que cela était en train d’arriver », déclare José Luis Guinot, médecin oncologue et président de l’association Viktor E. Frankl de Valence pour le soutien émotionnel dans la maladie, la souffrance, la mort et toute perte vitale. Il a été sollicité par la mairie pour collaborer à un centre de soins et de soutien créé pour l’occasion, afin « d’écouter et d’accueillir ceux qui ont besoin de raconter ce qui leur est arrivé et ce qu’ils vivent ».

Le Dr Guinot raconte que quelques jours plus tard, alors qu’il assiste à la messe dominicale, il souffre en entendant que les gens ne prient que pour les morts, pour les sinistrés, sans rien proposer d’autre. Il réfléchit alors et se dit : « Attention, il ne suffit pas de prier, même s’il faut beaucoup prier. Il faut être proche des gens pour leur donner de l’espoir. C’est là que nous, en tant que chrétiens, en tant que mouvement des Focolari, devons donner cette espérance au-delà des choses très dures que nous vivons. Mais c’est ensemble et unis que nous pouvons aider à sortir de cette situation ».

Dans l’une des régions touchées, une famille de Focolari avec de jeunes enfants a vu sa maison inondée. Il n’y a pas eu de conséquences graves, mais rien de ce qu’ils possédaient n’est plus utilisable : machine à laver, réfrigérateur, tous les appareils électroménagers, les meubles… L’aide des autres familles ne s’est pas fait attendre : certaines ont lavé tous leurs vêtements, d’autres leur ont offert une nouvelle machine à laver…

Eugenio est un membre des Focolari qui souffre d’un handicap dû à la poliomyélite. Pendant des années, il s’est engagé dans la Fédération Valencienne de Sport Adapté, dont il a été le Président. Il a de nombreux problèmes de mobilité et, dans les jours qui ont suivi l’inondation, il était incapable de se déplacer. Mais, avec son téléphone à portée de main, il a mobilisé depuis chez lui les associations locales de personnes handicapées qui se sont organisées pour demander de l’aide. « Il faut donner des idées, aider à créer de la solidarité, susciter des dons », précise José Luis Guinot. C’est ainsi que ces associations ont trouvé des fauteuils roulants pour remplacer ceux devenus inutilisables à la suite des inondations.

« Je pense que c’est un signal d’alarme pour toute la société. Il est bien connu qu’en Espagne, nous vivons une période de conflit politique très polarisé », déclare José Luis. « Mais il y a une autre société, il y a de nombreux jeunes qu’on pense toujours attachés aux réseaux sociaux et qui, au contraire, sont maintenant là, dans la boue, exprimant le besoin d’une société vraiment solidaire, un monde uni, une société imprégnée d’une authentique fraternité . Ce message, jusqu’à présent, n’avait pas été bien accepté par les politiques. Mais désormais plus personne ne peut le remettre en question ».

Ils se réuniront le week-end prochain avec la communauté des Focolari, pour réfléchir et planifier ensemble les services qu’ils pourront offrir après ces premières urgences. Car « dans deux ou trois mois, il y aura un besoin de soutien émotionnel, de sentir que l’on fait partie d’un groupe, d’une communauté ou d’une paroisse…. ». Là, nous aurons une tâche très importante : utiliser beaucoup le téléphone, pouvoir rendre visite aux gens, les laisser nous parler, les encourager en sachant que ce qu’ils vivent est très difficile, mais que nous sommes à leurs côtés ». Une tâche dans laquelle tout le monde peut et doit s’impliquer, comme le dit José Luis : « Même si vous ne pouvez pas bouger de chez vous, si vous êtes âgé, si vous avez des enfants en bas âge… vous avez la possibilité de parler à vos voisins, de passer des coups de fil et de les encourager. À ceux qui souffrent de la perte d’êtres chers, de biens essentiels, je n’expliquerai rien, je les prendrai dans mes bras et leur dirai : « Nous vous aiderons à trouver la force d’aller de l’avant ». .

La communauté des Focolari a lancé une campagne de collecte de fonds en collaboration avec la Fundación Igino Giordani, fonds qui seront gérés sur place pour venir en aide aux victimes. Les dégâts matériels et les pertes sont innombrables. Ceux qui ont survécu se sont retrouvés sans lits, ni tables, réfrigérateurs, machines à laver, voitures, matériel de travail…

Les contributions de solidarité peuvent être faites par l’intermédiaire de :
Fundación Igino Giordani
CaixaBank: ES65 2100 5615 7902 0005 6937 Propriétaire : Fundación Igino Giordani
Concept : Emergencia DANA España
Si vous souhaitez déduire votre don, veuillez envoyer vos données fiscales à info@fundaciongiordani.org

Carlos Mana
Photo: © UME/via fotos Publicas

À quoi sert la guerre ?

À quoi sert la guerre ?

La paix est le résultat d’un projet : un projet de fraternité entre les peuples, de solidarité avec les plus faibles, de respect réciproque. C’est ainsi que se construit un monde plus juste, c’est ainsi que se met au rebut la guerre comme une pratique barbare appartenant à la part obscure du genre humain. Bien que de nombreuses années se soient écoulées depuis la première publication de cet écrit, celui-ci demeure aujourd’hui d’une brûlante actualité, tandis que le monde est lacéré par de terribles conflits. L’histoire, nous dit Giordani, pourrait beaucoup nous apprendre…

La guerre est un homicide à grande échelle, revêtu d’une sorte de culte sacré, comme l’était le sacrifice des premiers-nés au dieu Baal : et ceci à cause de la terreur qu’elle inspire, de la rhétorique dont on la revêt et des intérêts qu’elle implique. Quand l’humanité aura progressé spirituellement, la guerre sera cataloguée parmi les rites cruels, les superstitions antédiluviennes et les phénomènes de barbarie.

La guerre est à l’humanité, comme la maladie l’est à la santé, comme le péché l’est à l’âme : elle est destruction et massacre, investissant âme et corps, les individus et la collectivité.

D’après Einstein, l’homme aurait besoin de haïr et détruire : la guerre lui apporterait satisfaction. Mais il n’en n’est pas ainsi : la plupart des hommes, des peuples entiers, ne manifestent pas ce besoin. Au contraire ils le refrènent. Et puis raison et religion le condamnent.

« Toutes les choses désirent ardemment la paix », dit saint Thomas. En effet elles aspirent toutes à la vie. Il n’y a que les fous et les incurables qui désirent la mort. Et la guerre c’est la mort. La guerre n’est pas voulue par le peuple, elle est voulue par une minorité à qui la violence physique est utile pour s’octroyer des avantages économiques ou bien pour satisfaire de basses passions. Surtout aujourd’hui, avec son coût, les morts et les ruines, la guerre apparaît comme une « hécatombe inutile ». Hécatombe on ne peut plus inutile. Une victoire contre la vie, qui est en train de tourner au suicide de l’humanité.

[…] L’esprit humain, destiné à bien d’autres buts, a imaginé et introduit aujourd’hui des instruments de guerre d’une telle puissance qu’ils ne peuvent que susciter de l’horreur dans l’âme de toute personne honnête, surtout parce qu’ils ne frappent pas seulement les armées, mais que, souvent, ils frappent aussi les civils, les enfants, les femmes, les personnes âgées, les malades, de même que les édifices sacrés et les plus éminents monuments de l’art ! Comment ne pas être saisi d’horreur à l’idée que de nouveaux cimetières vont s’ajouter aux cimetières si nombreux du récent conflit et que de nouvelles ruines fumantes de bourgades et de villes vont s’entasser sur d’autres ruines infiniment tristes ? Comment finalement ne pas craindre qu’en détruisant de nouvelles richesses, conséquence inévitable de la guerre, on puisse aggraver ultérieurement la crise économique, dont souffrent pratiquement tous les peuples, et plus particulièrement les classes les plus humbles ? » [1]. […]

En 1951 Pie XII a enfoncé le clou de l’inutilité : « Tous ont manifesté avec la même clarté énergique leur horreur de la guerre, et leur conviction qu’elle n’est pas, et aujourd’hui plus que jamais, un moyen adéquat pour mettre fin aux conflits et rétablir la justice. À cet effet ne peuvent réussir que des ententes librement et loyalement consenties. Que s’il pouvait être question de guerres populaires – dans le sens où celles-ci répondent aux vœux et à la volonté de la population – il n’en serait jamais question que dans le cas d’une injustice si flagrante et si destructrice des biens essentiels d’un peuple qu’elle révolterait la conscience d’une nation tout entière. » [2].

Comme la peste sert à empester, la faim à affamer, la guerre sert à tuer : par-dessus le marché à détruire les moyens de la vie. C’est une industrie funéraire, une fabrique de ruines.

Seul un fou peut espérer tirer bénéfice d’un massacre : santé d’une syncope, énergie d’une pneumonie. Le mal produit le mal comme le palmier produit les dattes. Dans ce domaine aussi, la réalité montre l’inconsistance pratique de l’aphorisme machiavélique d’après lequel « la fin justifie les moyens ».

La fin peut être la justice, la liberté, l’honneur, le pain : mais les moyens produisent de telles destructions de pain, d’honneur, de liberté et de justice, outre que de vies humaines, parmi lesquelles des femmes, des enfants, des personnes âgées, des innocents de toute sorte, qu’ils annulent tragiquement la fin même qu’on se propose.

En substance, la guerre ne sert à rien si ce n’est à détruire des vies et des richesses. »

Igino Giordani, L’inutilità della Guerra, Città Nuova, Roma, 2003, (3e édition), p. 3
da https://iginogiordani.info/

Photos: © Pixabay y CSC Audiovisivi

[1] Pio XII, “Mirabile illud”, 1950.
[2] Discours au corps diplomatique, 1-1-1951.

Le dialogue, un outil puissant pour la paix

Le dialogue, un outil puissant pour la paix

La conférence finale du projet DialogUE, une initiative visant à promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux en Europe, s’est tenue le 16 octobre 2024 au Parlement européen à Bruxelles, en Belgique. L’événement était organisé par l’eurodéputée Catarina Martins (GUE-NGL) et 50 représentants des partenaires du projet, des institutions européennes, des responsables religieux et des membres de la société civile y ont assisté.

L’événement était centré sur la présentation des recommandations pour l’Union européenne du projet DialogUE – « Diverses Identités Alliées, Ouvertes, pour Générer une Europe Unie » sur des questions cruciales pour la situation européenne et mondiale actuelle, résumées dans la brochure brochure “DialogUE Kit”.

« On peut voir à l’œil nu qu’il se passe quelque chose lorsque des gens de paix s’expriment », a déclaré l’eurodéputée Catarina Martins, de la Gauche européenne, qui a ouvert la réunion dans une salle du Parlement européen. « Et c’est justement le cas aujourd’hui. Le dialogue est un outil puissant pour la paix ».

Le projet découle de l’engagement de plusieurs décennies d’Humanité Nouvelle , une expression du mouvement des Focolari, qui a promu de manière significative les bonnes pratiques du dialogue interreligieux et interculturel. L’approche favorise le respect mutuel et la confiance, éléments essentiels pour un dialogue fructueux et des efforts de collaboration.

Francisco Canzani, conseiller général du mouvement des Focolari pour la Culture et la Formation, a souligné dans son intervention que le dialogue se construit à partir de trois éléments : les attitudes, les outils et la méthode. Sur ce dernier point, la méthode du consensus différencié et du désaccord nuancé, née au sein de la plateforme entre chrétiens et marxistes DIALOP, est aujourd’hui une source d’inspiration et de pratique pour d’autres groupes de dialogue.

En 2023 et 2024, le projet a impliqué 4 groupes de dialogue dans 3 domaines principaux : Communication, Écologie et Politiques Sociales. Les groupes de dialogue étaient les suivants :

  • Entre citoyens chrétiens par le biais de la plateforme Together4Europe
  • Entre chrétiens et musulmans par le biais du Centre pour le Dialogue Interreligieux du Mouvement des Focolari
  • Entre chrétiens et personnes sans convictions religieuses, par le biais de la plateforme DIALOP pour un dialogue transversal.
  • entre les citoyens d’Europe de l’Ouest et d’Europe de l’Est par l’intermédiaire du groupe de dialogue Multipolaire.

Le projet a principalement facilité la diffusion du sens et des méthodologies nécessaires à un dialogue efficace. Il a également rassemblé des experts internationaux sur ces trois défis clés, qui ont aidé les participants à comprendre les principaux documents de l’UE sur ces sujets et à explorer les différentes dimensions de chaque question.

Les groupes ont travaillé ensemble pour identifier des principes partagés et des propositions communes. Leur travail a abouti à la formulation de recommandations qui ont été présentées au Parlement Européen.

Le projet DialogUE a été initié par un consortium de 14 organisations de la société civile de 9 États membres de l’UE.

Parmi les principaux résultats obtenus par le projet : 12 réunions internationales et une formation pour les facilitateurs et les experts ; l’implication directe de 1 200 citoyens et plus de 10 000 indirectement ; la création d’un « kit de dialogue » pour les éducateurs, les ONG et les décideurs politiques afin de promouvoir le dialogue et la cohésion sociale. Ces réunions ont débouché sur des recommandations communes à l’intention des décideurs de l’UE afin de promouvoir des politiques plus inclusives et durables.

L’après-midi du 16 octobre, une table ronde organisée par la KU Leuven (Université de Louvain) à Bruxelles a permis aux participants d’analyser certaines bonnes pratiques issues du projet et de discuter de la manière de poursuivre la diffusion de ces initiatives par le biais du « kit de dialogue ».

Ana Clara Giovani – Tomaso Comazzi e Luisa Sello
Photo: ©Marcelo Pardo

Pour plus d’informations sur le projet : https://www.new-humanity.org/en/project/dialogue/https://www.youtube.com/live/AWsnTB57Uo8?si=Ka_iBK2YQj4VRIGy.

Pour revoir l’événement, cliquez ici : https://www.youtube.com/live/AWsnTB57Uo8?si=Ka_iBK2YQj4VRIGy.

Un voyage qui a enrichi ma vie

Un voyage qui a enrichi ma vie

Paola Iaccarino Idelson est biologiste, experte en nutrition. Elle vit à Naples, dans le sud de l’Italie. J’ai appris par une amie très chère qu’elle avait fait un voyage au Brésil au cours de l’été 2024. Intrigué, j’ai essayé de la retrouver sur les réseaux sociaux. J’ai été émerveillé par les belles photos prises lors de son séjour brésilien et par la teneur de ses récits qui révélaient une expérience profonde. J’ai donc décidé de la contacter pour une interview.

Paola, de Naples au Brésil : pourquoi avez-vous choisi de faire ce voyage ?

C’est une très longue histoire. Je suis allée au Brésil pour la première fois il y a quatorze ans, à Florianópolis. J’y suis allée parce que j’étais passionnée par la langue brésilienne. Je ne voulais pas m’y rendre en tant que touriste, alors par l’intermédiaire d’une amie médecin, je suis allée aider une de ses collègues en tant que bénévole. Nous avons soutenu un prêtre dans sa mission quotidienne. Il avait ouvert une école pour aider les enfants à lutter contre la délinquance et avait créé un atelier de réparation de planches de surf pour offrir un travail décent aux jeunes de la région. Pendant trois semaines, j’ai pesé et mesuré la taille des enfants de cette école : c’était une expérience si forte, si intense et si belle qu’à mon retour en Italie, j’ai dû l’effacer de mon esprit pour continuer à vivre ma vie d’avant.

Et ensuite ? Que s’est-il passé ?

L’année dernière, j’ai rompu avec mon petit ami qui n’aimait pas le Brésil. Je me suis donc dit : voilà, le moment est venu de reprendre ce rêve. Mais cette fois, je voulais aussi le vivre non pas en tant que touriste, mais en aidant la communauté locale d’une manière ou d’une autre. J’en ai parlé à une amie focolarina, qui m’a mise en contact avec la communauté des Focolari en Amazonie.

J’aurais aimé me porter volontaire en tant que nutritionniste, ma profession, mais j’étais prête à faire n’importe quoi. L’une des focolarines du Brésil, Leda, m’a parlé du navire-hôpital « Papa Francisco » où je pouvais travailler. Je suis donc finalement partie en août 2024. Leda a été un ange, elle a organisé tout mon itinéraire, m’a mise en contact avec la communauté des Focolari et s’est occupée de moi pendant toute la durée de mon séjour au Brésil.

Le navire-hôpital Papa Francisco : que faisiez-vous à bord ?

Il n’y avait pas de tâche spécifique pour moi en tant qu’experte en nutrition. Il y avait une dizaine de médecins, chacun avec son propre ambulatoire. J’aidais là où je pouvais. Le réveil sonnait à 6 heures du matin, car à 6h30, les gens arrivaient déjà des villages voisins pour être soignés. Nous devions assurer l’accueil, enregistrer les arrivées et gérer l’afflux. J’ai fait du conseil nutritionnel et j’ai réalisé qu’il y avait un problème de surpoids et d’obésité, surtout chez les femmes. Je me suis beaucoup interrogée sur les raisons de ces problèmes d’obésité, un problème assez courant là-bas. En discutant avec quelqu’un, j’ai réalisé qu’il y avait un problème de sédentarité et de consommation généralisée de boissons sucrées, de sucreries et de viande.

Vous avez également pu faire l’expérience de la pauvreté….

J’ai vu des gens très pauvres mais très dignes, qui parviennent à éduquer leurs enfants. Une famille m’a beaucoup impressionnée. Il y a 10 enfants, on peut voir qu’ils vivent dans des conditions très pauvres. Le père a également des problèmes de santé. Malgré cela, les parents ont réussi à scolariser leurs enfants et l’une des filles est sur le point de devenir photographe. Une grande dignité malgré ces conditions de vie.

Vous avez vu l’abondance de la diversité, cette diversité de la nature, celle des couleurs de la peau des gens, de la nourriture, mais aussi des parfums et des saveurs…

C’est l’une des choses qui m’ont le plus impressionné dans ce voyage et que je garde en mémoire. Une énorme diversité dans le mode de vie, en particulier dans l’incroyable variété de fruits, de légumes, de céréales, de fleurs, de plantes, de couleurs des rivières, d’animaux et de personnes. Lorsque j’enregistrais les arrivées pour les visites, dans le logiciel il fallait écrire la couleur de la peau et j’avais quatre options liées à la diversité des ethnies, des origines, de la couleur de la peau… Vivre cette diversité a été une expérience forte et je suis convaincue qu’il s’agit d’une grande richesse

Comment la communauté des Focolari vous a-t-elle accueillie et aidée dans cette expérience ?

L’accueil a été fondamental dans toute mon expérience au Brésil. Je me suis sentie accueillie partout où je suis allée. J’ai découvert l’art d’aimer tout le monde. J’ai toujours senti un amour envers moi, une ouverture très grande et désintéressée. Cela m’a fait beaucoup de bien, un accueil très émouvant.

Vous y êtes allé pour donner de votre temps et de vos compétences, mais vous avez reçu beaucoup plus. Ce voyage a-t-il un peu changé votre vie ?

J’ai cinquante ans, pas vingt. Mais pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que dans ma vingtaine, ou peut-être même dans ma trentaine, j’avais encore l’idée d’aller quelque part pour apporter quelque chose. Aujourd’hui, il est très, très clair pour moi que la possibilité de me donner m’apporte quelque chose en retour. Je savais très bien que le mot « bénévolat » englobait beaucoup de réalités. Donner de son temps est une bonne chose. Tout d’abord pour celui qui donne. J’ai certainement vécu une expérience très forte de partage avec la communauté des Focolari. Bien que cette spiritualité ne fasse pas partie de mes connaissances, j’apprécie énormément toutes ses autres formes d’expression d’un amour concret. Je pense que c’était une très, très belle expérience. Cette idée de pouvoir vivre ensemble, de mettre en commun tout ce que l’on a, c’est précisément l’idée de la communauté. Pouvoir faire du bien aux autres et vivre avec les autres, c’est quelque chose que j’aime beaucoup.

Ce voyage m’a beaucoup enrichi. Il a eu et aura un impact important sur ma vie. Il m’a fait rencontrer des gens merveilleux, des réalités complètement différentes des miennes. J’ai réalisé que le partage est vraiment possible.

Vous êtes ensuite retournée à Naples et vous avez reçu un accueil inattendu !

Oui, en effet, de nombreuses personnes que j’ai rencontrées à mon retour et que je rencontre encore aujourd’hui, me disent qu’elles ont lu mes carnets de voyage sur les réseaux sociaux, me remerciant d’avoir partagé cette expérience. Je reçois tant de remerciements et de demandes diverses pour en savoir plus sur ce voyage. J’ai donc eu l’idée d’organiser une reproduction de photographies et de les montrer lors d’une soirée, où je pourrais également en dire plus. Cela m’a vraiment frappé : nous vivons dans une société où l’on n’a jamais le temps d’avoir des relations. Qu’on me demande de passer du temps ensemble pour en savoir plus sur mon expérience est une belle chose.

Pour conclure, revenons sur votre premier et votre deuxième voyage au Brésil : comment vivez-vous votre vie aujourd’hui ?

Ma première expérience brésilienne, il y a de nombreuses années, comme je l’ai dit, j’ai dû la supprimer. Aujourd’hui, je fais un grand effort pour ne pas effacer ce dernier voyage, pour ne pas l’oublier, pour garder cette expérience dans ma vie à Naples et en Italie. Je veux garder ce souvenir vivant. Pourquoi ? Parce qu’il donne du sens à ma vie et beaucoup de force, ce qui est très gratifiant.

La première chose que j’ai faite, de retour à Naples, a été de contacter mon professeur de portugais, qui est brésilienne, pour mieux apprendre la langue. Mais une autre chose que j’aimerais faire est un jumelage entre un jardin d’enfants napolitain et un jardin d’enfants brésilien qui est en train d’être construit. Ce serait bien d’aider ces enfants en leur envoyant des sacs à dos et tout le matériel nécessaire. Mais surtout, j’aimerais susciter entre les enfants brésiliens et napolitains le partage de leurs expériences.

Lorenzo Russo
(photo: © Paola Iaccarino Idelson)

7 octobre 2024 : journée de prière et de jeûne pour implorer la paix dans le monde

7 octobre 2024 : journée de prière et de jeûne pour implorer la paix dans le monde

Au milieu des tensions dans la poudrière du Moyen-Orient, au milieu des bombes et des missiles qui continuent à plonger dans l’Ukraine « martyre », au milieu des nombreux conflits qui lacèrent et affament les peuples d’Afrique, « les vents de la guerre et les feux de la violence continuent à bouleverser des peuples et des nations entières », le Pape François appelle aux « armes » du jeûne et de la prière – celles que l’Eglise indique comme puissantes – des millions de croyants de tous les continents pour implorer de Dieu le don de la paix dans un monde au bord de l’abîme.

Comme il l’avait déjà fait pour les conflits en Syrie, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, au Liban, en Afghanistan, en Ukraine et en Terre sainte de 2013 à 2023, le pape François a appelé à une nouvelle journée de prière et d’abstention de nourriture pour invoquer le don de la paix pour le lundi 7 octobre 2024, annonçant également une visite de sa part le dimanche 6 octobre 2024 à la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome pour prier le Rosaire et prier la Vierge, en demandant la participation de tous les membres du Synode.

« Nous ne pouvons qu’en appeler une fois de plus aux gouvernants et à ceux qui ont la responsabilité de prendre des décisions », a écrit le cardinal Pierbattista Pizzaballa, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Pierbattista Pizzaballa, patriarche de Jérusalem des Latins, dans une lettre adressée à son diocèse, adhérant à l’appel du Pape – à l’engagement pour la justice et au respect du droit de chacun à la liberté, à la dignité et à la paix ». Le patriarche a ensuite réitéré l’importance de l’engagement de chacun à construire la paix dans son propre cœur et dans les contextes communautaires, en soutenant « ceux qui sont dans le besoin, en aidant ceux qui travaillent à soulager les souffrances des personnes touchées par cette guerre et en promouvant toute action de paix, de réconciliation et de rencontre. Mais nous devons aussi prier, porter à Dieu notre douleur et notre désir de paix. Nous devons nous convertir, faire pénitence, implorer le pardon ».

Édité par Carlos Mana
Source : vaticannews.va

Photo : © Pixabay

Le temps de la création, temps de l’espérance

Le temps de la création, temps de l’espérance

Le 4 octobre, jour de la fête de saint François d’Assise, s’achève la période du Temps de la Création, une période au cours de laquelle il est proposé d’approfondir le dialogue avec Dieu à travers la prière, associée à des actions concrètes pour la sauvegarde de la planète. Le mouvement des Focolari a toujours soutenu cette initiative en participant et en organisant des événements dans différentes parties du monde. Voici quelques initiatives du Temps de la Création 2024.

À Leonessa, dans le centre de l’Italie, une promenade dans la nature a été organisée. L’événement, intitulé « Souffles de la Nature : ensemble pour notre planète », a été suivi par des jeunes et des moins jeunes. Le groupe de participants est parti du couvent des frères capucins, sous la conduite des frères eux-mêmes, des gardes forestiers Carabiniers, du Club alpin italien et du professeur Andrea Conte, astrophysicien et coordinateur italien d’EcoOne, le réseau écologique du mouvement des Focolari. L’excursion s’est terminée à une source, où le professeur Conte a animé une méditation évocatrice sur le voyage d’un atome de carbone dans l’environnement. Il a ensuite montré comment transformer des déchets ordinaires en instruments pour des expériences scientifiques, démontrant ainsi que la science peut être amusante et accessible à tous.

Ensuite, des sujets tels que la sensibilisation à l’environnement, les effets du changement climatique et l’importance de l’éducation au développement durable ont été discutés en profondeur dans l’auditorium de la ville. Le professeur Luca Fiorani, de la commission internationale d’EcoOne, a présenté une analyse approfondie de l’encyclique Laudato Si’ du Pape François, du concept d’écologie intégrale et de la durabilité relationnelle. L’affluence et l’attention des participants ont témoigné d’un intérêt croissant pour les questions environnementales et d’une prise de conscience de l’importance d’agir pour protéger notre planète.

En Océanie, c’est la quatrième année que la communauté des Focolari contribue à la prière œcuménique pour le Temps de la Création. « Ce service de prière est notre effort pour donner de l’espoir à notre vaste région qui s’étend sur 7 000 km de Perth, en Australie occidentale, à Suva, aux Fidji, la plus grande nation insulaire au cœur du Pacifique », ont-ils déclaré. Jacqui Remond, cofondatrice du mouvement Laudato Si’ et conférencière à l’Université catholique australienne, a ensuite parlé de la nécessité de changer les cœurs pour une conversion écologique.

L’archevêque Peter Loy Chong, de l’archidiocèse de Suva (Fidji), n’a pas pu se joindre à eux car il accueillait le Pape François en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mais il a envoyé un message soulignant notamment l’importance du mot « Tagi », qui signifie « le cri des peuples d’Océanie ». C’est le cri des petites îles du Pacifique face au changement climatique, qui n’a pas encore touché le monde. Ou plutôt : le monde n’a pas encore écouté attentivement les voix et surtout les temps du cri des peuples d’Océanie.

Diverses expériences ont suivi, comme la création d’un jardin de réconciliation autochtone au Centre Mariapolis à St Paul. Des étudiants en horticulture et leurs professeurs, qui utilisent le centre pour leurs cours, y ont été invités. Tous migrants, ils se sont montrés très intéressés par les plantes alimentaires indigènes importantes.

Des jeunes de Sydney, Canberra et Melbourne ont quant à eux rejoint un aîné aborigène pour une promenade à la campagne au cours de laquelle ils ont appris à entrer en relation avec la création et à en prendre soin.

Au Mexique, un cours a été organisé sur la conversion écologique et la spiritualité, un dialogue ouvert pour prendre soin de la Maison Commune. Il s’agissait d’une initiative du centre Evangelii Gaudium Mexico, de l’université Sophia ALC et du mouvement des Focolari. Cinq sessions en ligne – une par semaine pendant le Temps de la Création – ont été organisées par le professeur Lucas Cerviño, théologien et missiologue focolarino. Au total, 87 participants de différents pays d’Amérique latine, du Mexique à l’Argentine, y ont pris part. Voici quelques-uns des thèmes abordés : la crise et la conversion écologique ; la métamorphose du sacré et de la spiritualité ; Dieu est amour comme tissu de vie dans l’amour ; l’écoute du cri de la terre et des pauvres comme amour de Jésus abandonné et crucifié ; l’unité vue comme fraternité cosmique pour prendre soin de la Maison Commune ; Marie comme Reine de la création et la présence du corps mystique de Marie.

Enfin, en Italie, dans la ville de Padoue, le « Chemin des 5 C de Laudato Sì » a été inauguré grâce au réseau Nuovi Stili di Vita (Nouveaux modes de vie), composé d’associations civiles, religieuses et laïques – dont le mouvement des Focolari – qui ont à cœur de promouvoir des modes de vie sobres, respectueux de la nature et de l’économie durable et qui stimulent les communautés avec des initiatives et des propositions pour atteindre ensemble le bien commun.

Le parcours des 5C a été installé dans un parterre où, en 2011, les cinq Églises œcuméniques (catholique, orthodoxe, luthérienne, méthodiste et évangélique) ont célébré la Journée de la Garde de la Création en plantant ensemble cinq hêtres. La cérémonie a été précédée d’un court concert donné par un jeune auteur-compositeur-interprète de Vicenza, qui a fait part de la sensibilité et des rêves des jeunes d’aujourd’hui pour un avenir plein d’espérance.

Les 5C soulignent cinq termes tirés de l’encyclique du pape François : (en italien, les 5 mots commencent par un ‘c’) : protection, conversion, communauté, soin, changement. L’événement a été vécu avec intensité et a incité à prendre des résolutions d’engagement concret pour parvenir à un monde meilleur, plus équitable et plus juste, en harmonie avec la Terre que nous habitons.

Lorenzo Russo
Photo: © Pexels et Focolari Padova