«La vie et la pensée de Chiara Lubich ont introduit une nouveauté radicale qui dépasse une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idée, toujours présente, d’un pouvoir exercé seul au sommet d’une pyramide est largement répandue: souvent nous avons tendance à penser qu’un seul homme, ayant les idées claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens élevé et un total respect du pouvoir… Mais en même temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiérarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, présidents d’institutions européennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autorité s’exprimait de façon créative, en offrant des idées et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) à disposition des projets en faveur de la société, surtout des plus pauvres.
Coresponsabilité. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondé, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilité, dans la ligne de la spiritualité de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la présidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modèle de Marie, mère de Jésus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idées-clés de son charisme: la hiérarchie existe, elle a un rôle irremplaçable, mais elle reste à l’arrière-plan ; ce qui émerge c’est qu’avant tout nous sommes tous frères et sœurs, tous enfants d’un unique Père, qui est amour (…). Tous à l’école de Jésus, le seul véritable maître.
Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement à la manière dont Chiara exerçait son rôle de leader au cours de la préparation des deux rencontres des mouvements et communautés de diverses Eglises chrétiennes à Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai été frappé par sa manière de donner sa place à chaque personne, à ses idées et à son questionnement. C’était comme si elle était à l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sérieux et la soumettait à la décision commune, un véritable exemple de leadership collectif en action (…).
Exercer son propre rôle et faire de la place à l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rôle (être), et en même temps faire totalement place à l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas être). C’est une dynamique qui crée la communion, l’unité dans la diversité. L’unité en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, à l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la Trinité (…).
Résoudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la résolution des conflits. Face à un conflit diverses options se présentent : éviter d’affronter la difficulté, laisser décider le chef à la place des autres, ou bien décider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquées dans le conflit : une longue marche qui même peut être douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grâce à une décision individuelle, mais après avoir fait une expérience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve être le résultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vérité, dans le but d’arriver à une solution commune ».
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Chiara Lubich
Politcs for Unity
Making a world of difference
Mars 2015
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