Mouvement des Focolari

Être et rester famille

Fév 14, 2017

Une relation qui fait naufrage, une solitude difficile à gérer, une fille victime d’un accident mortel. Paola, italienne, raconte comment elle trouve la force pour continuer, en pardonnant, à s’ouvrir aux autres et à rester famille.

sunset-401541_960_720Pendant les premiers mois du mariage, heureuse et amoureuse, tout semblait aller à merveille. Bien vite cependant, les tensions entre moi et mon mari sont devenues toujours plus fréquentes et me rendaient toujours plus triste. Je faisais certainement beaucoup d’erreurs, mais j’essayais aussi de maintenir le rapport, convaincue que cela ne pouvait pas être la fin de notre amour. Nous avons continué avec des hauts et des bas. Après cinq ans, une petite fille est arrivée puis un fils. Notre fille est née avec une maladie congénitale, ce qui a voulu dire beaucoup d’hospitalisations, loin de la maison. Notre fils était aussi fragile de santé et souvent, lui aussi devait se rendre à l’hôpital. Une délicate intervention chirurgicale pour notre fille a été positive, mais ce furent des années fort difficiles. Mon mari se sentait écrasé par cette situation et disait qu’il ne pouvait plus vivre avec tous ces problèmes. Quand je me suis rendu compte qu’il était tombé amoureux de ma meilleure amie, c’était déjà trop tard pour réussir à ce qu’il fasse marche arrière. C’est ainsi qu’après 13 ans de mariage, je suis restée seule avec les deux enfants de 8 et 5 ans. J’étais tellement mal en point que je n’avais plus envie de vivre. La mort ne me faisait pas peur et avec une grande dose de médicaments j’ai tenté le suicide. Mais mon plan n’a pas fonctionné et après dix jours d’hôpital, je suis rentrée à la maison. C’est à ce moment-là que j’ai découvert Dieu Amour à travers la spiritualité des Focolari. L’Évangile a commencé à entrer dans ma vie, expérimentant la joie que donne le fait d’essayer de le vivre. Les enfants souffraient beaucoup de notre séparation et j’avais beaucoup de difficultés aussi  avec eux. Mais Dieu n’a jamais cessé de guider ma vie en mettant sur ma route des personnes qui m’ont aidée à surmonter toutes les problématiques que je rencontrais, comme le désir énorme d’avoir près de moi l’affection d’un homme ou l’envie de m’amuser ou simplement de penser à moi-même. Et chaque fois, la lumière revenait dans ma vie. Même lorsque j’ai dû affronter l’expérience la plus tragique pour un parent : voir ma fille bien aimée, de 21 ans, victime d’un accident mortel. En ce moment-là j’ai été déchirée par la douleur, mais j’ai demandé à Dieu de me donner la force de Lui  répéter mon ‘oui’. Et Lui ne m’a pas laissée dans le désespoir. Je l’ai tout de suite sentie vivante, à côté de moi. Depuis qu’elle nous a quittés, plusieurs signes de l’amour de Dieu me parviennent et même si je ne peux pas la voir ou l’embrasser, je suis dans la paix. Comme elle voulait devenir enseignante et était presque diplômée, grâce à la générosité de beaucoup de monde, un projet d’alphabétisation est né en Côte d’Ivoire, adopté aussi par la paroisse pour quelques années. Il y a maintenant l’idée de construire une école et l’engagement continue. L’amour de Dieu se manifeste aussi quand les amis de ma fille me font part de ce qu’ils vivent : ils m’invitent à la remise de leur diplôme, viennent me trouver, m’emmène avec eux à la pizzeria, me demandent conseil et m’appellent ‘’Mamy due’’ (deuxième Mamy). Actuellement mon fils vit encore avec moi et moi, je suis heureuse d’être disponible aux besoins des autres. Quand j’entends dire qu’il y a des personnes d’autres villes, hospitalisées dans l’hôpital d’oncologie près de chez moi, je propose ma disponibilité pour leur être proche, en essayant d’être pour elles un reflet de l’amour que Dieu a pour moi. Un jour, j’ai trouvé la force de pardonner à mon mari, en réussissant à ne pas le juger. Depuis lors, je me sens libre, vidée du grand poids qui m’oppressait et, même s’il est encore loin de moi, aucun divorce ne me fera dire qu’il n’est plus mon mari. Je me souviens toujours de ce que me disait ma fille : « Maman, ton renoncement à te refaire une famille sauvera Papa », et je suis confiante que ces paroles s’avéreront.

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