Mouvement des Focolari

Sujet de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens – Janvier 2007

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets » (Mc 7, 37).

Umlazi : l’un des nombreux faubourgs des grandes villes d’Afrique du Sud surgi dans les années 50 pour la population de couleur. 750 000 personnes y habitent. On y manque d’écoles, d’hôpitaux, de logements décents, même d’un terrain de foot. Le chômage dépasse les 40 %. La pauvreté engendre abus et violence et le sida frappe une grande partie de la population. Beaucoup se sentent isolés et ont peur de parler de leurs souffrances, de toutes leurs inquiétudes.
Les responsables des différentes communautés chrétiennes d’Umlazi décident de « rompre le silence » et d’établir avec chacun un dialogue d’écoute et de communion de vie pour porter ensemble leurs difficultés. Ils commencent avec les jeunes et créent avec eux des rapports de plus en plus profonds.
Forts de cette expérience, les chrétiens d’Umlazi ont proposé, pour la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens », que l’on mette en pratique ce mois-ci, en de nombreux endroits du monde, le passage de l’Évangile de Marc d’où est tirée cette Parole de vie.
La recherche de l’unité entre chrétiens, tout comme la réponse chrétienne à la souffrance humaine, sont deux intentions présentes dans cette semaine pour l’unité, l’indique le guide à la « Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2007 ».
***
Tandis que Jésus est en voyage, on lui amène un sourd-muet qu’il guérit en prononçant la parole « Ephphata », ce qui signifie « Ouvre-toi ». Voyant cela, les gens, émerveillés, expriment leur joie en s’exclamant :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Si les miracles de Jésus sont l’expression de son amour pour tous ceux qu’il rencontre ils préfigurent aussi le monde nouveau qu’il est venu instaurer. La guérison du sourd-muet est le signe que Jésus est venu pour nous donner une nouvelle capacité d’entendre et de parler.
« Ephphata » : c’est aussi la parole qui a été prononcée sur nous, au moment de notre baptême.
« Ephphata » : Il nous ouvre ainsi à l’écoute de la Parole de Dieu, pour que nous la laissions pénétrer en nous.
« Ephphata » est son invitation à écouter tous ceux en qui il s’est identifié (toute personne, surtout les plus petits, les pauvres, les nécessiteux), et à instaurer avec tous un dialogue d’amour allant jusqu’à partager notre propre expérience évangélique.
Reconnaissants envers Jésus pour sa présence agissante en nous, nous proclamons, comme la foule à son époque :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Comment vivre cette Parole de vie ?
En brisant notre « surdité » et en faisant taire les rumeurs qui, en nous et autour de nous, nous empêchent d’écouter la voix de Dieu, de notre conscience, de nos frères et sœurs.
De toute part nous parviennent, souvent de manière tacite, des demandes d’aide : un enfant qui réclame notre attention, un couple d’époux en difficultés, un malade, une personne âgée, un prisonnier qui a besoin d’assistance. Nous entendons le cri des citadins pour une ville plus vivable, des travailleurs pour une plus grande justice, des peuples entiers dont on nie l’existence… Souvent, nous nous laissons distraire et attirer par d’autres choses, et l’oreille de notre cœur n’est pas attentive à ceux qui nous entourent. Parfois même, repliés sur nous-mêmes, nous préférons faire semblant de ne rien entendre.
La Parole de vie nous demande « d’écouter » pour porter avec les autres leurs soucis et leurs difficultés, aussi bien que leurs joies et leurs attentes, dans une solidarité retrouvée. Elle nous invite à ne pas rester « muets », mais à trouver le courage de parler : pour partager nos expériences et nos convictions les plus profondes ; pour intervenir en faveur de ceux qui sont sans voix ; pour faire œuvre de réconciliation ; pour proposer des idées, des solutions, des stratégies nouvelles…
Et si l’impression de ne pas être à la hauteur des situations nous donne un sentiment d’infériorité, une certitude nous soutiendra : Jésus nous a ouvert les oreilles et la bouche :

« Il a bien fait toutes choses ; il fait entendre les sourds et parler les muets. »

Voici l’expérience de Lucy Shara en Afrique du Sud. Ayant déménagé avec sa famille à Durban, elle s’était trouvée confrontée à la vie d’une grande ville en même temps qu’à un nouveau travail, un poste de responsabilité, rarement confié à une femme africaine dans les années de l’apartheid.
Elle se rend compte un jour que de nombreux ouvriers sont touchés par une forme d’asthme aigu, causé par les mauvaises conditions de vie sur leur lieu de travail. Beaucoup d’entre eux disparaissaient subitement ou s’absentaient pour de longs mois. Elle en parle avec le sous-directeur en proposant une solution : installer des appareils efficaces pour assainir l’atmosphère. Cela représente une grosse dépense et l’entreprise refuse.
Lucy, qui cherche depuis un certain temps à vivre la Parole de vie, trouve en celle-ci force et lumière. Elle sent brûler en elle comme un feu qui lui donne le courage de garder son calme pendant les négociations et d’écouter sincèrement la position de la direction. « À un moment donné – raconte-t-elle – les mots justes me sont venus pour défendre les « sans voix ». J’ai pu faire comprendre que le coût d’une telle opération serait amorti par les meilleures conditions de santé des ouvriers, qui n’auraient plus à s’absenter pour maladie ». Ses paroles convainquent la direction. L’épurateur d’air installé fait baisser l’asthme de 12 à 2 % et reculer d’autant l’absentéisme. La direction la remercie et lui verse même une prime importante. Quant aux ouvriers, leur joie est grande et l’on respire désormais dans l’entreprise une nouvelle « atmosphère », dans tous les sens du terme.
Chiara LUBICH

L’« Ile de l’enfer » n’est plus

« Le message de l’Evangile, vécu par des personnes qui ont tout partagé avec nous et ont cherché en même temps pour nous des moyens de subsistance, a été un élément déclencheur qui nous a libéré intérieurement. Cela nous a ouvert de nouveaux horizons, nous a amenés à faire de notre vie un ‘’saint voyage’’ et nous a rendus « acteurs » de la transformation de notre milieu social. » Je suis né et j’habite sur une île que l’on appelle à présent Ile Santa Terezinha. Elle se trouve à la périphérie de Recife, au Nord Est du Brésil. Il y a trente ans, on l’appelait l’ « Ile de l’Enfer » à cause des conditions de vies dégradées dans lesquelles on vivait. Le Mouvement des Focolari a commencé depuis, dans cette communauté, une action de promotion sociale et, en même temps, spirituelle et culturelle. De cette expérience vécue ensemble est née l’Association des habitants de l’Ile Santa Terezhina dont j’ai été le président durant cinq mandats consécutifs. Cette Association a pour objectif de faire vivre aux habitants une expérience communautaire, tout en devenant acteurs de leur développement. Nous avons choisi comme mot d’ordre la phrase de l’Evangile : « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice… » Nous avons placé en Dieu nos espoirs et l’Evangile est devenu comme la boussole de notre vie car, à l’époque, nous vivions dans un pays de système capitaliste et encore sous un régime militaire : presque toutes les communautés étaient orientées vers des partis qui avaient choisi la lutte comme seule proposition pour dépasser les inégalités sociales. Nous étions en revanche toujours ouverts pour dialoguer avec es administrateurs publics, indépendamment des courants politiques, manifestant clairement nos positions comme communauté. Il s’est ensuivi des avancées et des conquêtes : l’assainissement d’un lieu qui, auparavant, était toujours inondé à cause des pluies et de la marée haute ; la construction de maisons avec le soutien de l’Etat, pour résoudre le problème du manque de logements ; l’institution d’une école primaire qui compte plus de 600 élèves pour combattre l’analphabétisme. Pour stopper le problème de la mortalité infantile, nous avons ouvert un dispensaire en collaboration avec la municipalité de Recife et avec l’appui d’organisations allemandes. Nous avons ouvert également un centre pour soigner les enfants souffrant de dénutrition. Pour combattre le chômage, nous avons créé une entreprise de construction en ciment qui procure du travail à sept pères de famille. Grâce à l’initiative des parrainages d’enfants, est née une association de soutien à l’enfance et à l’adolescence qui effectue un travail de prévention. Elle propose des occupations aux enfants et aux adolescents, dans le temps libre en dehors des heures de classe, avec une formation humaine et une éducation civique. L’estime et la reconnaissance des autorités compétentes n’ont pas tardé à arriver : elles ne connaissaient pas l’expérience évangélique que nous vivions « derrière le rideau » amis elles nous voyaient comme une communauté organisée et un peuple capable de lutter. L’amour qui nous anime nous pousse à grandir et à nous améliorer. Nous ne pouvons pas nous contenter de la manière dont nous avons vécu hier. Avec l’ouverture démocratique son nés de nouveaux systèmes de participation comme le « Bilan Prévention-Participation », selon lequel les communautés élisent leurs représentants pour pouvoir discuter avec la municipalité et décider de l’emploi d’une partie des ressources financières décidées par le maire et son équipe. La ville est divisée en six secteurs, appelés « Régions politico administratives » et les représentants (en tout 470) en sont élus comme délégués de ce budget de participation. Au cours d’une assemblée, j’ai été élu comme délégué de ma région pour représenter dans les négociations, non seulement ma communauté mais également plusieurs villages de la région. Durant l’exercice de ce mandat, je me suis efforcé de voir Jésus dans l’autre, selon les paroles de l’Evangile : « Tout ce que tu as fait au plus petit c’est à moi que tu l’as fait. » C’est facile lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui appartient à la même communauté que moi mais plus difficile lorsqu’il s’agit de quelqu’un qui n’agit pas toujours en accord avec les intérêts de ceux qui sont les moins favorisés. Je devais travailler pour ma communauté mais, en même temps, maintenir le lien avec eux et pas seulement par diplomatie. Un jour, nous discutions en réunion l’attribution des financements. Les délégués présents voulaient inclure seulement les localités des délégués qui participaient à la réunion. Me souvenant que nous devons « aimer la patrie d’autrui comme la nôtre » et, en ce cas, aimer la communauté de l’autre comme la nôtre, je dis qu’il n’était pas juste de sacrifier une communauté seulement parce que ses représentants n’étaient pas présents, et que nous n’avions pas seulement à tenir compte de nos nécessités mais aussi de celles des autres. Ma proposition fut accueillie. A une autre occasion, où je n’avais pu être présent à cause de mon travail, on avait constaté que les fonds destinés à une place de l’Ile Santa Terezinha n’étaient pas suffisants. Et, en mon absence, les autres délégués remirent à disposition une partie de leurs ressources pour la réalisation de notre place. Différents fruits sont nés de ce travail en commun : nous sommes parvenus à goudronner les rues principales de l’Ile, en plus de la construction de la place ; nous avons obtenu des équipements pour notre centre de santé et des et différents patronages pour les manifestations culturelles. Puis, dans d’autres villages et communautés de la région de Recife, nous avons réussi à mettre en route plusieurs œuvres de constructions, en nous mettant d’accord avec d’autres délégués du budget participation. (J. Recife)

Brésil : la fraternité dans l’action politique pour préparer l’avenir

Brésil : la fraternité dans l’action politique pour préparer l’avenir

 La célébration a eu lieu à la Chambre des députés, auprès du Parlement de Brasilia, le 7 décembre dernier, en présence de 200 députés fédéraux, quelques semaines seulement après l’installation des nouveaux organes gouvernementaux et législatifs. Le Président de l’Assemblée parlementaire, M. Aldo Rebelo a envoyé un message. La nouvelle de la session solennelle en l’honneur du Mouvement politique pour l’unité (MPPU) figurait sur le site institutionnel de la Chambre des députés et faisait partie du calendrier officiel des travaux. « En ce moment historique que vit le Brésil, au carrefour de choix politiques cruciaux, sur le plan national comme sur le plan international, pour son peuple comme pour de nombreux pays, nous avons vécu une journée très importante » a déclaré à son retour Mme Lucia Crepaz, Présidente du Mouvement politique pour l’unité international. « Au cours de cette session, j’ai entendu des députés de partis différents s’interroger et prendre position pour la fraternité universelle, principe inspirateur du MPPU. Et je dois dire que, si dans les milieux politiques, on considère souvent la fraternité comme une composante fragile, inadaptée pour satisfaire l’harmonisation des intérêts de chacun, là est ressorti, une fois encore, sa capacité de projet, de se faire à la fois contenu et méthode politique, guide des actions quotidiennes personnelles comme des grandes transformations politiques ». Mme Luiza Erundina, députée brésilienne, a retracé l’historique du MPPU. Elle a rappelé surtout le message adressé aux parlementaires, en 1998, au nom de Chiara Lubich par Ginetta Cagliari – une des premières collaboratrices de Chiara Lubich, co-fondatrice du Mouvement des Focolari au Brésil. Elle a rappelé également la fondation, en 2001, du Mouvement politique pour l’unité, sa diffusion dans plusieurs Etats du Brésil et une série d’initiatives politiques sur tout le territoire et dans les sièges politiques institutionnels, qui ont eu des retombées également sur le Parlement à Brasilia. Au cours des deux journées qui ont suivi, la Convention du MPPU a accueilli quelques dizaines de personnalités politiques, administrateurs, fonctionnaires, chercheurs et citoyens intéressés, provenant de 25 Etats du Brésil. Ensemble, ils ont élaboré les prochaines lignes d’action, à partir de ce qui a été réalisé depuis 2001 jusqu’à aujourd’hui. A cette occasion leur sont parvenus des messages de soutien de la part des centres nationaux du MPPU d’Argentine, d’Uruguay, du Paraguay où cette expérience se poursuit sur les mêmes bases depuis quelques années. Le Mouvement politique pour l’unité. Né en 1996 à l’initiative de Chiara Lubich, le MPPU peut être défini comme un champ d’expérimentation international de dialogue en politique. Il réunit des personnalités politiques de toutes tendances, qui oeuvrent dans les contextes sociaux et politiques les plus variés et puisent dans le charisme de l’unité une source d’inspiration et de motivation pour travailler ensemble en faveur du bien commun.

Noël 2006 – La contestation des plus jeunes : « Ils ont délogé Jésus »

Noël 2006 – La contestation des plus jeunes : « Ils ont délogé Jésus »

« … Ce monde riche s’est emparé de Noël et de son contexte et a délogé Jésus ! De Noël, il aime la poésie, l’ambiance, l’amitié qu’il suscite, les cadeaux qu’il suggère, les lumières, les étoiles, les chants… Il mise sur Noël pour faire les meilleures recettes de l’année. Mais il ne pense pas à Jésus. » De ces paroles de Chiara Lubich, dans la méditation « Ils ont délogé Jésus », est née une initiative mise en œuvre par les plus jeunes du Mouvement des Focolari, les Gen 4. Chaque Noël depuis 1996, ils bravent le froid de l’hiver et la fièvre de consommation et proposent l’enfant Jésus sur les places et dans les centres commerciaux des grandes villes. Pour leur action « Ils ont délogé Jésus », ils sont allés cette année à la conquête du Central Park de New York, Piazza del Popolo à Rome, Via Po au centre de Turin… Du centre Gen 4 mondial sont partis plus de 8 000 petites corbeilles destinées à servir de berceau à l’enfant Jésus qui trouvera un foyer en Espagne, au Japon, en Afrique ou en Suède. Voici quelques échos des quatre coins du monde : Turin  – Porter beaucoup de petits Jésus Après avoir entendu au journal télévisé que des chaînes de supermarché ne vendent plus de crèches parce que c’est un produit « peu rentable », Margherita, une fillette de Turin, s’est exclamée : « Cette année, nous devons porter beaucoup de petits Jésus ! ». Allemagne – Il revient avec deux enveloppes Les Gen 4 d’Allemagne ont installé leur stand sur un marché de Noël. Un homme s’approche, prend une statuette de l’enfant Jésus et la regarde… puis il s’éloigne sans rien prendre. Les Gen 4 décident de la lui offrir et lui courent après. Les yeux de l’homme s’éclairent. Il raconte qu’il a perdu son travail et qu’il n’a pas d’argent pour acheter une statuette, puis il s’en va. Il revient quelques temps plus tard avec deux enveloppes. Lui aussi veut offrir quelque chose aux Gen 4. La première contient une prière qu’il a copiée pour eux et la seconde une lettre avec ces mots : « Chers enfants ! Je veux vous remercier pour le plus grand don qui soit. Je n’oublierai jamais. Vous m’avez fait une grande surprise. Je vous souhaite à tous un bon Noël et de beaux cadeaux ». Dallas (Texas) – Pas le temps de s’arrêter Devant un gratte-ciel de bureaux, les Gen 4 de Dallas ont obtenu pour la première fois la permission de proposer l’enfant Jésus. Ce n’est pas facile : les gens passent, pressés, en murmurant : « non merci » ou « qu’est-ce que c’est ? des gâteaux ? ». Effarés, les Gen 4 se demandent pourquoi tous ces gens n’ont pas le temps de s’arrêter pour emporter Jésus chez eux. Ils demandent à Jésus de les aider à faire arriver son amour à tous. Tant pis s’ils ne récoltent pas d’argent pour les pauvres, ils savent qu’ils sont là pour porter Jésus au monde. Ils ne se laissent pas abattre : ils préparent des panneaux en couleur qu’ils montrent aux passants, en leur offrant l’enfant Jésus en cadeau et en chantant des chants de Noël. Maintenant les gens s’arrêtent et prennent Jésus. Une dame qui voulait prendre une statuette s’aperçoit qu’elle a oublié son porte-monnaie. Les Gen 4 la lui offrent sans hésiter et elle s’en va émue et heureuse. Les Gen 4 aussi sont heureux, Jésus a cette fois encore trouvé une maison. Au moment de compter l’argent de la caisse, ils se souviennent qu’ils doivent donner 10% à l’entreprise devant laquelle ils ont installé leur stand. Ils entrent tous ensemble dans le bureau du directeur et celui-ci, touché, ne veut rien prendre. Il veut apporter lui aussi sa contribution pour que l’argent arrive, par les Gen 4, aux personnes qui en ont besoin. Trente (Italie) – Je vous invite tous chez moi Silvia et Monica se retrouvent pour fabriquer les petits Jésus en plâtre et veulent inviter leurs amis. Silvia prépare des invitations qu’elle distribue à toute sa classe : « Samedi après-midi, je vous invite chez moi pour faire l’enfant Jésus ». Le jour dit, ils sont dix ! Avant de commencer, Silvia et Monica montrent une vidéo dans laquelle les Gen 4 expliquent comment est née l’action : « ils ont délogé Jésus ». Les amis n’ont plus envie de repartir chez eux et se promettent de se revoir bientôt. Pise (Italie) – Je peux faire moi aussi un acte d’amour Un monsieur distingué répond à Lorenzo qui lui propose l’enfant Jésus : « Ça ne m’intéresse pas, je suis athée ». Lorenzo lui demande : « Moi, je suis un Gen 4. Ça veut dire quoi, athée ? ». « Et ça veut dire quoi Gen 4 ? » reprend le monsieur. « Les Gen 4, c’est ceux qui font des actes d’amour ». « Même si je ne crois pas, je peux faire moi aussi un acte d’amour » conclut l’homme qui prend un enfant Jésus et laisse une somme généreuse. (D’autres épisodes sont recueillis dans le livre Hanno sloggiato Gesù, Città Nuova 2005)

Joyeux Noël et Bonne Année !

Joyeux Noël et Bonne Année !

  Noël. L’invisible est devenu visible. Le Verbe s’est fait chair. La lumière a brillé dans les ténèbres. Si Dieu est descendu pour nous du ciel sur la terre, il n’y a pas de doute qu’il nous aime. Et, si Dieu même nous aime, tout est plus compréhensible : derrière les pans obscurs de l’existence nous pouvons découvrir sa main amoureuse, une raison que, souvent, nous ne connaissions pas, mais une raison d’amour.  Chiara Lubich

Amélioration de l’état de santé de Chiara Lubich

L’état de santé de Chiara Lubich est en continuelle progression. Hospitalisée à la Polyclinique Agostino Gemelli de Rome, le 2 novembre dernier, pour une insuffisance respiratoire causée par une infection pulmonaire, elle a quitté le service de soins intensifs. Le Professeur Massimo Antonelli, responsable du service, a déclaré que « la réponse positive aux thérapies mises en œuvre a permis de rejoindre une situation clinique stable et satisfaisante ». La gratitude du mouvement des Focolari est grande pour l’efficacité des soins, et pour la disponibilité et la compétence du chef de service et de ses collaborateurs. Le 21 novembre, le card Tarcisio Bertone, Secrétaire d’Etat du Vatican, avait rendu visite à Chiara Lubich, après avoir présidé la messe pour l’inauguration de l’année académique de l’Université Catholique du Sacré Cœur. Il amenait avec lui une nouvelle bénédiction du pape et lui a remis de sa part un chapelet. La fondatrice des Focolari a reçu, le jour suivant, la visite du Pr Lorenzo Omaghi, Recteur de l’Université Catholique. Parmi les messages qui lui parviennent chaque jour : Celui de la Présidente irlandaise, Mme Mary McAleese, de parlementaires italiens, européens et brésiliens représentant différents partis, de plusieurs maires dont celui de Rome, M. Walter Veltroni, et celui de Trente, Alberto Pacher – la ville natale de Chiara Lubich – qui lui exprimait l’amitié et les souhaits de la ville pour son rétablissement. M. Romano Prodi, chef du Gouvernement italien, souhaite que « son séjour à l’hôpital soit très bref » car, ajoute-t-il « il y a trop besoin d’elle… ». Des vœux de rétablissement et l’assurance des prières lui sont parvenus également de M. William Vendley, Secrétaire Général de la Conférence mondiale des religions pour la paix (WCRP), d’amis juifs parmi lesquels des rabbins et des personnalité d’Israël, d’Argentine et des Etats-Unis. Le grand rabbin de Rome, M. Riccardo Di Segni, lui souhaite « que son corps soit fort comme son esprit et puisse surmonter cette crise ».

« Une amnistie du coeur »

 J’ai été procureur général, spécialisée dans la lutte antidrogue en Colombie, pendant environ 11 ans. J’ai dû suivre de nombreux procès contre le crime organisé, avec 98 % de résultats positifs. J’ai toujours été consciente que chaque délit concerne la vie d’un homme et d’une famille, qui exigent respect, amour, considération, malgré la gravité pénale considérable des actes commis. Je me suis sentie heureuse dans une tâche qui me donnait la possibilité de faire une expérience continue de Dieu. Je me sentais réalisée en même temps personnellement et professionnellement, et j’avais, de plus, une sécurité financière. Je pouvais compter aussi sur une excellente équipe de travail, des détectives expérimentés de grande valeur humaine et professionnelle. La corruption, cependant, cherchait à s’infiltrer plus que jamais dans toutes les instances publiques, surtout parmi les fonctionnaires de la justice. Ma façon d’agir radicale et droite impliquait tout le groupe de travail, c’est pourquoi les investigations avaient toujours lieu dans le plein respect de la loi. Un jour, nous avons « touché » quelqu’un qui se croyait invulnérable. L’offre ne s’est pas fait attendre : plusieurs millions, ce qui pouvait assurer une grande tranquillité financière. Je ne pouvais pas et je ne voulais pas céder, ni faire semblant de rien. À partir de ce moment-là les choses ont changé pour moi, au travail, en famille et dans la vie quotidienne. Face à mon refus j’ai été l’objet de menaces, de pressions de la part de mes supérieurs, et finalement licenciée en même temps que l’un de mes meilleurs enquêteurs qui, comme moi, n’avait pas cédé à la corruption. Au fond de mon cœur j’ai éprouvé amertume, découragement et déception. Je vivais seule avec mes deux enfants parce que mon mari m’avait abandonnée quelques années auparavant. En regardant mes enfants sans défense, j’ai pensé que tout ce qui nous arrive est permis par Dieu pour notre sanctification. Je sentais que je payais le prix pour rester dans le droit chemin. Les enfants et moi nous nous sommes mis d’accord pour réduire toutes nos dépenses. Nous étions tranquilles parce que certains de l’immense amour de Dieu. J’ai demandé à Dieu la force nécessaire de pardonner à ceux qui me contraignaient à changer mon train de vie. En m’efforçant de vivre « une amnistie complète du cœur », j’ai trouvé la vraie liberté et la force de recommencer. Avec l’argent qui me restait de mon indemnité et quelques économies, j’ai acheté un petit car scolaire. Ma journée de chauffeur commençait à 4 h 45 pour emmener les enfants à l’école. Cela me coûtait de circuler dans les rues où je risquais de rencontrer mes précédents collègues ou mes patrons. Rapidement la nouvelle avait circulé que « le procureur, surnommé la ‘dame de fer’, faisait le chauffeur ». Quelques rires et commentaires déplaisants sont même parvenus à mes oreilles. Au bout d’un an environ, quelqu’un que je connaissais et qui exerçait en libéral m’a demandé de travailler avec lui pour la préparation d’un travail pour le bureau antidrogue de l’ONU. Cela m’a permis de rentrer de nouveau dans le domaine de ma spécialité, bien qu’avec une rémunération minime, en collaborant avec des professionnels de toute l’Amérique latine et des Caraïbes. L’Organisation internationale a apprécié ma compétence et mon sérieux, et m’a engagée avec un traitement mensuel honorable. Maintenant, je donne même du travail à mes collègues du Parquet. Au début, j’avais peur de me trouver face à eux, connaissant leur façon incorrecte d’agir et ce qu’ils pensaient de moi. J’ai supplié Marie de me remplir de l’humilité nécessaire pour oublier le passé et ne pas juger. Cela n’a pas été facile, mais je sens très fort l’amour de Dieu pour moi et pour ma famille. (D. L. – Colombia)

Le pôle d’activité Lionello Bonfanti

Le pôle d’activité Lionello Bonfanti

PoloLionelloBonfantiLe card. Antonelli : “L’Economie de communion n’est pas une utopie.” L’archevêque de Florence, le card. Ennio Antonelli, est intervenu lors de l’inauguration du premier pôle d’activités économiques européen des entreprises de l’Economie de communion. Ce nouveau pôle d’activités est en train de voir le jour à Loppiano – cité pilote internationale des Focolari -, sur les collines toscanes, près de Florence. Mgr antonelli avait exhorté, citant le pape : “Benoît VI a dit plusieurs fois que l’histoire est guidée par des minorités créatives. Ce soir Nous participons à un événement important d’une minorité créative.” Il a mis en évidence les racines : l’amour évangélique, un amour qui “ne concerne pas seulement les personnes prises individuellement, l’aumône et le volontariat mais qui concerne la culture, les structures et les éléments moteurs de la société. C’est le critère de transformation du monde”, comme l’affirme le Concile.” “Il me semble – a-t-il ajouté – que nous comprenons mieux ce soir toute ce que cela signifie.” Et il a défini l’idée de l’Economie de communion qui “n’a rien d’une utopie”, mais qui “certes, requière de grandes énergies spirituelles, de grandes motivations et qui est tellement fascinante qu’elle peut influencer beaucoup d’autres entreprises”. Romano Prodi : “Ce que nous inaugurons a valeur d’exemple pour la société.” “Dans toute société, nous avons besoin d’exemples pour avancer.” Le President du Conseil italien est intervenu en ces termes lors de la cérémonie d’inauguration. Romano Prodi s’est dit reconnaissant pour une cette réalisation, pour l’engagement de “transparence dans les budgets, respect des lois et libre partage des bénéfices pour alimenter un réseau de solidarité.” “Chaque société a besoin d’exemples, a-t-il répété – car autrement, elle devient aride et tout devient standard répétitif. Il y a ici un exemple.Il y a ici “un plus” auquel tous ne sont pas appelés mais qui est un signe de progrès dans le ‘vivre ensemble’ humain.” Il pôle d’activités rend visible une voie économique qui cherche à combler le fossé entre riches et pauvres En arrivant sur le lieu du pôle d’activités, on est de tout de suite frappés par la construction originale qui comprend 9600 mètres carrés mais n’apparaît pas comme un simple hangar industriel. Le pôle compte 5621 actionnaires, parmi lesquels des retraités, des mères de famille, des étudiants. Par l’actionnariat qui constitue l’E.diC. spa, ils se sentent partie prenante d’un projet qui a une ampleur mondiale. Déplacer son entreprise ou créer de nouvelles filiales n’est pas une entreprise aisée. C’est ce qui ressort des flashes d’expériences qui ont été donnés par ces chefs d’entreprises. Mais c’est une expérience fascinante – cela a été dit aussi – de venir se rattacher au pôle d’activités pour être une communauté d’entreprises qui s’ouvre au territoire sur lequel elle se trouve, qui se rend visible pour donner sa contribution éthique spécifique au monde de l’économie, au rêve de combler le fossé entre riches et pauvres. Le professeur Zamagni : Pour faire fleurir l’entreprise, il faut tout recentrer sur la personne.” “La finalité ce ces entreprises – a dit Cecilia Manzo, présidente de E.diC. spa, qui gère et promeut le pôle d’activités – suscite la participation du personnel dans la festion de l’entreprise.” C’est ce dernier aspect qu’aspect qu’a souligné le professeur Zamagni, enseignant d’Economie Politique à l’université de Bologne. Aujourd’hui, dans cette époque post-industrielle – a-t-il dit – le facteur stratégique n’est plus la machine, ni le capital, mais la personne. Si nous voulons que l’entreprise refleurisse, il est nécessaire de tout recentrer sur la personne. Et plus que les incitations, il est important d’agir sur les motivations ce ceux qui travaillent.” Et c’est ce qui se produit dans les entreprises de l’Economie de communion : les employés eux-mêmes partagent les objectifs pour lesquels l’entreprise est née : “Une idée génale, a-t-il dit encore, qui est en avance sur son temps.” Chiara Lubich a confié un mot d’ordre au nouveau pôle d’activités : “Dieu agit toujours.” La fondatrice des Focolari, à qui l’on doit le lancement – il y a 15 ans – de l’Economie di communion a fait parvenir un message où elle a souhaité que le pôle d’activités soit “une réponse concrète aux problèmes économiques d’aujourd’hui”. Et elle a donné au pôle d’activités un mot d’ordre : “Dieu agit toujours”. Il a été inscrit sur une plaque en terre cuite – réalisée par un sculpteur, Benedetto Pietrogrande -, découverte ce jour  “Ceci, a-t-elle expliqué, pour nous rappeler de la valeur que Dieu donne au travail, à l’esprit créatif propre à l’homme.” Elle a ensuite précisé un autre aspect de ce projet : Il fait partie à part entière” des cités pilotes du Mouvement des Focolari qui sont appelées à être “une maquette de société nouvelle fondée sur l’Evangile”.

« Une amnistie du coeur »

J’ai été procureur général, spécialisée dans la lutte antidrogue en Colombie, pendant environ 11 ans. J’ai dû suivre de nombreux procès contre le crime organisé, avec 98 % de résultats positifs. J’ai toujours été consciente que chaque délit concerne la vie d’un homme et d’une famille, qui exigent respect, amour, considération, malgré la gravité pénale considérable des actes commis. Je me suis sentie heureuse dans une tâche qui me donnait la possibilité de faire une expérience continue de Dieu. Je me sentais réalisée en même temps personnellement et professionnellement, et j’avais, de plus, une sécurité financière. Je pouvais compter aussi sur une excellente équipe de travail, des détectives expérimentés de grande valeur humaine et professionnelle. La corruption, cependant, cherchait à s’infiltrer plus que jamais dans toutes les instances publiques, surtout parmi les fonctionnaires de la justice. Ma façon d’agir radicale et droite impliquait tout le groupe de travail, c’est pourquoi les investigations avaient toujours lieu dans le plein respect de la loi. Un jour, nous avons « touché » quelqu’un qui se croyait invulnérable. L’offre ne s’est pas fait attendre : plusieurs millions, ce qui pouvait assurer une grande tranquillité financière. Je ne pouvais pas et je ne voulais pas céder, ni faire semblant de rien. À partir de ce moment-là les choses ont changé pour moi, au travail, en famille et dans la vie quotidienne. Face à mon refus j’ai été l’objet de menaces, de pressions de la part de mes supérieurs, et finalement licenciée en même temps que l’un de mes meilleurs enquêteurs qui, comme moi, n’avait pas cédé à la corruption. Au fond de mon cœur j’ai éprouvé amertume, découragement et déception. Je vivais seule avec mes deux enfants parce que mon mari m’avait abandonnée quelques années auparavant. En regardant mes enfants sans défense, j’ai pensé que tout ce qui nous arrive est permis par Dieu pour notre sanctification. Je sentais que je payais le prix pour rester dans le droit chemin. Les enfants et moi nous nous sommes mis d’accord pour réduire toutes nos dépenses. Nous étions tranquilles parce que certains de l’immense amour de Dieu. J’ai demandé à Dieu la force nécessaire de pardonner à ceux qui me contraignaient à changer mon train de vie. En m’efforçant de vivre « une amnistie complète du cœur », j’ai trouvé la vraie liberté et la force de recommencer. Avec l’argent qui me restait de mon indemnité et quelques économies, j’ai acheté un petit car scolaire. Ma journée de chauffeur commençait à 4 h 45 pour emmener les enfants à l’école. Cela me coûtait de circuler dans les rues où je risquais de rencontrer mes précédents collègues ou mes patrons. Rapidement la nouvelle avait circulé que « le procureur, surnommé la ‘dame de fer’, faisait le chauffeur ». Quelques rires et commentaires déplaisants sont même parvenus à mes oreilles. Au bout d’un an environ, quelqu’un que je connaissais et qui exerçait en libéral m’a demandé de travailler avec lui pour la préparation d’un travail pour le bureau antidrogue de l’ONU. Cela m’a permis de rentrer de nouveau dans le domaine de ma spécialité, bien qu’avec une rémunération minime, en collaborant avec des professionnels de toute l’Amérique latine et des Caraïbes. L’Organisation internationale a apprécié ma compétence et mon sérieux, et m’a engagée avec un traitement mensuel honorable. Maintenant, je donne même du travail à mes collègues du Parquet. Au début, j’avais peur de me trouver face à eux, connaissant leur façon incorrecte d’agir et ce qu’ils pensaient de moi. J’ai supplié Marie de me remplir de l’humilité nécessaire pour oublier le passé et ne pas juger. Cela n’a pas été facile, mais je sens très fort l’amour de Dieu pour moi et pour ma famille. (D. L. – Colombia)

Joyeux Noël et Bonne Année !

Rendez-vous en 2009 : « Des villes unies pour un monde uni »

C’est par cette consigne projetée dans l’avenir, en 2009, que s’est terminée la manifestation de Budapest : « Maintenant, le défi est lancé à chacun de nous : nos pays, nos villes nous attendent ». Valeria Ronchetti et Giuseppe di Giacomo, proches collaborateurs de la fondatrice des Focolari, ont annoncé : « Chiara Lubich a eu cette idée : réunir dans trois ans, en 2009, à une date précise, toutes nos villes en un seul réseau qui montre les fragments de fraternité réalisée ». Cette future manifestation a déjà trouvé son titre : « Des villes unies pour un monde uni ». La proposition a été accueillie avec enthousiasme. De nouvelles perspectives s’ouvrent donc, après le rassemblement de Budapest qui a montré l’impact novateur de la fraternité dans le monde économique (présenté le matin) et les tentatives de réponse aux défis posés par la communication, à ces maux répandus que sont l’illégalité et la corruption, à la crise de la politique (dans la deuxième partie de la journée). La fraternité comme antidote à la pratique courante de l’illégalité et de la corruption a été au centre de la table ronde sur le droit. Simon Borg, professeur de droit international à l’université de Louvain, en Belgique, a montré comment considérer la justice autrement que sous le seul aspect de la répression. Le sens de la fraternité – a-t-il déclaré – demande de prendre en charge les situations de souffrance sociale, de mettre tout en œuvre pour en éliminer les causes et de ne pas se taire devant les injustices. Des choix pas faciles, mais réalisables. Marisa Gentiletti, argentine, mère de deux enfants, dont le petit-fils de 8 ans a disparu, en a porté le témoignage. Dans un pays où existe un vide légal qui ne garantit pas l’intervention immédiate de la police, Marisa a mis en place une vaste campagne de conscientisation et des initiatives concrètes pour la défense des mineurs. Son action a gagné l’opinion publique, les institutions et la police. Communication. La fraternité, dans ce domaine capital, représente un modèle de communication ayant pour objectif le monde uni. Avec pour base la valeur de la dignité humaine, la méthode est le dialogue et la règle est l’amour qui peut transformer radicalement la communication. C’est ce qu’a développé Manuel Bru, professeur à l’université San Pablo-CEU de Madrid. Parmi les applications sur le terrain, Geert Vanoverschelde, belge, responsable d’une importante entreprise de production de télévision, a montré comment il est possible de conjuguer qualité, programmes positifs et succès d’audience. La fraternité ouvre aussi de nouveaux horizons dans le domaine de la politique. C’est l’expérience du Mouvement politique pour l’unité (MPPU), présent dans 15 pays, qui se définit comme « un laboratoire international de travail politique commun, entre citoyens, fonctionnaires, spécialistes et élus politiques à divers niveaux, qui placent la fraternité à la base de leur vie ». Lucia Fronza Crepaz, ancien député au parlement italien et présidente du MPPU, en a illustré les objectifs et les concrétisations. Parmi les témoignages, celui de César Romero, conseiller aux programmes de développement pour les paysans du Paraguay, qui s’emploie à atténuer les grandes disparités sociales. Grâce au MPPU, il a réussi à mettre en place un protocole d’entente et de jumelage pour soutenir et promouvoir un échange entre les politiques de développement local auquel 22 villes ont adhéré. La manifestation s’est achevée sur une chorégraphie intitulée « L’aube sur la ville ». Cinquante ans après, cette ville de Budapest qui a vécu en 1956 des heures dramatiques marquées par la violence est le point de départ d’un nouvel élan de renouveau et de fraternité avec l’espoir qu’il se propagera dans toutes les villes des 92 pays présents.  

Les Volontaires de Dieu

«Lorsque nous étions à Vienne, nous avons pu parler avec des groupes de réfugiés. Le monde a vraiment compris la tragédie de ce peuple et est accouru à son aide. En effet, les réfugiés ont pu recevoir tant de choses: la nourriture, la sucrerie, les vêtements, l’abris, la marque de bienveillance, mais surtout ils ont pu respirer la liberté. L’un d’entre nous s’est approché d’un jeune garçon de seize ans. Il tenait encore son fusil à la main. Il avait été bléssé au cours d’un combat et s’enorgueillissait d’avoir fait seize victimes. Mais quand on s’intéressa à lui plus particuliérment, il commença à pleurer et manifesta le désir de revoir sa mére. On lui demanda s’il connaissait Dieu. Non, répondit-il, nettement. Puis il ajouta qu’il avait entendu ses parents blasphémer Dieu. Ayant été élevé ainsi, il fut très surpris de L’entendre invoqué par sa mère, au début des désordres en Hongrie. Donc pour lui Dieu n’existait pas. Il en était de même pour de nombreux autres que nous avons côtoyés. Ce fut en face de cette destruction totale du nom de Dieu dans ces âmes que nous avons mieux compris et d’une manière plus profonde pourquoi le Saint Père avait exalté le nom de Dieu par ce cri: “Dieu! Dieu! Dieu!”. “Dieu vous aidera, Dieu sera votre force, Dieu! Dieu! Dieu! Que retentisse ce nom ineffable – source de tout droit, de toute justice et de toute liberté – dans les Parlements, sur les places, dans les habitations et dans les usines…” (Message radiodiffúsé de Sa Sainteté Pio XII le 10.11.1956). Si donc il y eut une société capable d’arracher du coeur des hommes le nom de Dieu, la providence de Dieu, l’amour de Dieu, il doit y avoir une société capable de Le remettre à sa vraie place. Dieu existe. Il existe. Non seulement parce que nous le croyons, mais parce que, dirai-je, nous le voyons.  Qui donc a fait cette terre magnifique ? Qui a parsemé le ciel d’étoiles ? Qui nous a donné une âme capable de distinguer le bien du mal ? Mais qui donc nous a créés? Dieu veut que l’on combatte pour Lui, afin de Le sauver dans l’humanité et de sauver l’humanité pour Lui!  Il faut des personnes qui suivent Jésus comme il veut être suivi ; en renonçant à soi-même et en prenant sa croix. Des personnes qui croient que cette arme, la croix, est plus puissante que les plus puissantes bombes atomiques, parce que la croix est un passage dans les âmes, au moyen duquel Dieu pénètre dans le coeur de Ses enfants et les fait Ses athlètes et Ses soldats. Aux forces du mal, il faut opposer les forces divines. Il faut faire un bloc d’hommes de tous les âges, de toutes les races, de toutes les conditions sociales, unis par le lien plus fort qui existe: l’amour réciproque que Dieu fait homme, en mourant, nous a laissés comme testament, comme idéal suprême et force insurpassable. L’amour réciproque qui fusionne les chrétiens dans une unité divine qu’aucune attaque de l’homme et du mal ne puisse atteindre; l’amour qui seul peut s’opposer à l’unité guidée par l’intérêt, par des motifs humains, par la haine. L ‘amour réciproque qui signifie: faire des gestes concrètes, projeter tout notre amour vers nos frères par amour de Dieu. Dans un mot, il faudrait d’authentiques disciples de Jésus, non seulement dans les convents, mais dans le monde. Il faudrait des disciples qui, volontairement, Le suivent, animés seulement par un amour illuminé pour Lui et pour son Eglise en cette heure de ténèbres. Il faut des personnes qui soient prêtes à tout pour que triomphent Dieu, Jésus, Marie, l’Evangile, l’Eglise. Il faut une armée de volontaires, parce que l’amour est libre. Il faut édifier une société nouvelle renouvelée par la Bonne Nouvelle, toujours ancienne et toujours nouvelle, où resplendissent, outre l’amour, la justice et la vérité. Une société qui dépasse en beauté et dans le concret toute autre société rêvée des hommes, qui soit un don de Dieu à Ses fils qui Le reconnaissent et L’adorent comme Père! Une sociétè qui rend témoignage à Dieu seul. Puisque, de même que pour ce réfugié hongrois, la liberté et le pain ne suffisaient pas, mais qu’il lui fallait sa mère (et ceci est le rappel à ce que la nature a de plus pur, le premier pas vers le Créateur), ainsi que pour ceux qui sont disséminés dans le monde et croient au triomphe des idées apparemment belles, mais menacées à la base par l’athéisme, le don de Dieu est nécessaire».

Dieu seul peut combler le vide creusé dans des âmes depuis tant d’années.

Chiara Lubich

15 janvier 1957

Leaders religieux réunis pour mettre en lumière le chemin de la paix

 

 « En un temps où la religion est manipulée par les extrémistes, les leaders religieux réunis à Kyoto démontrent au monde entier la capacité des communautés religieuses de mettre en lumière le sentier de la paix lorsqu’ils travaillent ensemble » a affirmé à la conclusion de la VIIIe Assemblée mondiale, le professeur Vendley, Secrétaire Général de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix (WCRP). 2000 personnes ont participé à cette Assemblée.

Parmi les 800 délégués, provenant de plus de 100 pays, se trouvaient des représentants bouddhistes, chrétiens, Indous, Musulmans, Juifs, Sikhs, Shintoïstes, Zoroastriens et Indigènes. Et, parmi les musulmans figuraient des personnalités connues, comme l’ex président iranien Khatami et le prince de Jordanie, Hassan Tatal. Le rabbin David Rosen, président de la Commission internationale du judaïsme, conduisait la délégation juive. Et le cardinal Stephen Fumio Hamao, japonais, conduisait la représentation catholique, avec le cardinal bolivien, Mgr Julio Terrazas Sandoval.

Les leaders religieux d’Iraq, de Corée du Sud, du Sri Lanka et du Soudan ont démontré la capacité toute particulière de l’Assemblée de réunir des délégués provenant de zones en conflit. Les leaders religieux chiites, sunnites et kurdes d’Iraq, en conflit dans leur pays, ont affirmé dans une déclaration conjointe : « Nous avons parlé avec audace, courage et avec confiance. A présent, nous sommes engagés sur ce sentier de dialogue. Si Dieu le veut, nous rejoindrons une ligne verte de paix pour tout l’Iraq. » Les représentants hindous et bouddhistes provenant du Sri Lanka se sont serré la main publiquement et ils ont demandé le cessez-le-feu et la reprise des pourparlers de paix.

A la conclusion de l’Assemblée, les délégués ont adopté les vingt recommandations d’une Déclaration qui « place les communautés religieuses au centre des efforts pour faire front localement à la violence sous toutes ses formes ». Le document est adressé aux leaders religieux mais également aux gouvernements et aux organisations internationales pour faire avancer la sécurité de tous par le soutien, l’éducation, la collaboration réciproques entre les communautés religieuses.

Les racines spirituelles du dialogue entre les religions et leur engagement pour la paix ont été au centre du message de Chiara Lubich, l’une des présidents honoraires de la WCRP, représentée par une délégation internationale du Mouvement des Focolari. La présidente des Focolari a mis l’accent sur l’ « amour qui unit », « celui que chacun d’entre nous, en commençant par lui-même, peut insuffler dans toutes ses relations ». Jusqu’à « faire resplendir, ensemble, par l’amour réciproque la présence de Quelqu’un qui nous transcende et qui est infiniment plus grand que nous ». « Une présence nouvelle de Dieu qui apporte tolérance, compréhension, pardon, paix, joie et allume cette flamme d’amour qui crée la communion entre les hommes, éclaire le chemin de l’existence et ne peut que toucher le cœur de tous ».

Deux sessions de l’Assemblée mondiale ont donné la parole aux femmes et aux jeunes des différents credo. 400 participants de 65 pays ont conclu l’Assemblée des femmes des Religions pour la Paix, le 25 août, avec une déclaration où est affirmé notamment que « les femmes de foi redonnent force et espérance lorsque tout semble sans espoir ». L’Assemblée des jeunes, réunis à Hiroshima du 21 au 25 août a proclamé dans une autre déclaration que les jeunes choisissent « l’espérance car c’est la seule voie pour progresser ».

La Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (WCRP) est le plus grand organisme mondial qui regroupe des leaders et des organisations des différentes religions. Instituée en 1970, elle est fondée sur le principe du respect profond des diversités religieuses. Elle promeut la coopération pour apaiser les conflits, construire la paix et le développement. Ces grandes rencontres périodiques favorisent avant tout la connaissance réciproque et le dialogue.

Cardinal Willebrands : « Un pasteur infatigable pour l’unité »

« L’amour que le Christ a demandé à Pierre ne se limite pas à un groupe, ni seulement à l’Eglise catholique : tous sont ses brebis. Et pour cela, l’amour s’adresse à tous les chrétiens et cet amour requiert avant tout l’unité car lorsqu’une famille est divisée, c’est une grande souffrance. C’est dans cet esprit que j’ai compris cette nouvelle mission et je l’ai remplie de tout mon cœur et avec toutes les forces – spirituelles et matérielles – que Dieu m’a données. Le Seigneur m’a béni et je lui suis profondément reconnaissant de s’être servi aussi longtemps de mon travail pour son Eglise. » C’est le témoignage direct du cardinal Johannes Willebrands en 1989, lors d’une interview sur Radio Vatican ; il avait 80 ans et se terminait pour lui, en raison de son âge, sa charge de Président du conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Benoît XVI : « Un pasteur infatigable au service du peuple de Dieu et de l’unité de l’Eglise», qui a donné, dit encore le Pape, « un nouvel élan au dialogue œcuménique ». C’est en ces termes que Benoît XVI a défini le cardinal Willebrands, le 2 août dernier, dans le télégramme qui annonçait son décès à l’âge de 97 ans. Il remerciait le Seigneur pour sa vie. Son engagement au service de la cause œcuménique avait débuté en 1951, 10 ans avant le début du Concile Vatican II . Quelques notes biographiques Le cardinal Johannes Willebrands est né en 1909 à Bovenkarspel, aux Pays-Bas. Professeur de philosophie puis recteur du Grand Séminaire de Warmond, en Hollande, il manifeste tout de suite un vif intérêt pour la cause de l’union des chrétiens, organisant en 1951 la Conférence catholique pour la question œcuménique. En 1958, l’épiscopat hollandais le désigne comme délégué pour les activités œcuméniques et, deux ans plus tard, Jean XXIII le nomme secrétaire du Secrétariat pour l’Union des chrétiens à peine constitué qui, au cours du Concile Vatican II va s’occuper, sous la houlette du cardinal Béa, de la préparation des documents relatifs à l’œcuménisme, à la liberté religieuse et aux relations avec les religions non-chrétiennes. Consacré évêque en 1964, il promeut un grand nombre d’initiatives pour intensifier le dialogue entre l’Eglise catholique et les autres Eglises chrétiennes, avecde nombreux contacts avec des orthodoxes, des anglicans et des luthériens. Il succède au cardinal Bea en 1969 : Paul VI le nomme président du Secrétariat pour l’Union des Chrétiens (qui deviendra ensuite le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens), le faisant cardinal peu de temps après. Témoignage des frères de différentes Eglises Parmi les nombreux témoignages de nos frères et sœurs de différentes Eglises, évoquons un épisode significatif dont le pasteur luthérien allemand Dieter Fürst a été le témoin. En 1986, rappelant une rencontre du cardinal Willebrands avec un groupe de luthériens au Centre Un – Centre œcuménique des Focolari – à Rome, le pasteur Fürst se souvient qu’avant de rencontrer le cardinal, « ils craignaient que la grande, puissante Eglise catholique veuille écraser la petite, la faible Eglise évangélique ». Le pasteur ajoute que, parmi les participants à cette rencontre, se trouvaient également des représentants des Eglises libres, qui nourrissent cette crainte de manière toute spéciale. Mais les paroles du cardinal Willebrands ont été si paternelles et remplies d’Esprit Saint qu’elles sont suscité l’enthousiasme de la part de ces frères : « Le cardinal, ont-ils déclaré ensuite, nous a montré l’Eglise et la chrétienté dans une dimension beaucoup plus vaste que celle que nous avions auparavant. » L’encouragement à l’œcuménisme des Focolari Le card. Willebrands a souligné à plusieurs reprises l’importance du baptême : « Une des grandes thèses et positions que le card. Béa a toujours défendue pendant le Concile, est le fait que, par le Baptême, nous sommes tous nés à une vie nouvelle, même si cette vie s’est développée ensuite le long de sentiers différents ; nous devons néanmoins partir de ce fondement commun, de cet ‘être famille’ du Christ. » Le cardinal avait exprimé à plusieurs occasions son estime pour la spiritualité du focolare, pour sa contribution à l’édification de la « famille du Christ ». Citons quelques passages d’une de ses interventions, faite lors de l’inauguration d’un Centre des Focolari à Baak, dans son diocèse d’Utrecht, en Hollande, le 24 septembre 1983. Ces extraits sont tirés d’un article publié le 25 septembre 83 dans la revue Città Nuova, sous la signature de Gabri Fallacara, responsable du Centre Un des Focolari. « Le cardinal Willebrands ouvre l’inauguration par une synthèse des contacts – qui remontent aux années 60 – entre Chiara Lubich, pour le mouvement œcuménique et le card. Bea. » « Au cours de ces années, raconte-t-il, intervenant aux rencontres d’anglicans, orthodoxes ou luthériens qui se tenaient au Centre Mariapolis de Rocca di Papa, j’ai pu constater à quel point cette œuvre du Focolare en faveur du Mouvement œcuménique était précieuse, et pas seulement pour le fait qu’ils organisaient des rencontres pour des chrétiens d’autres dénominations. Mais aussi parce que j’ai senti émerger, du cœur même du Mouvement, que sa spiritualité, dans son inspiration la plus profonde, est une contribution significative pour rétablir l’union de tous les chrétiens : le Mouvement des Focolari, d’une certaine manière, prend dans son cœur le grand mouvement vers l’unité et le soutient. » Il cite comme exemple les paroles d’un archiprêtre orthodoxe russe, Borovoi, qui fut un observateur au Concile Vatican II. Ayant participé à une de ces rencontres œcuméniques, il avait dit : « Diffusez cet esprit. L’unité des chrétiens s’actualisera alors, en partant de l’amour de Dieu qui, d’une certaine manière, est communiqué ici. » Le card. Willebrands ajoute ensuite : « C’est vraiment ce que j’ai expérimenté ici. » « En vivant cet amour, nous faisons déjà de la théologie et nous la construisons, dit-il encore. J’ai été frappé avant tout, pour sa signification œcuménique, de la possibilité que le Mouvement des Focolari, en tant que mouvement catholique, organise ces rencontres pour des chrétiens d’autres confessions et qu’il permette à des chrétiens d’autres Eglises de faire partie de ce Mouvement ; que cet esprit de famille en Christ puisse exister aussi entre tous ceux qui, par le baptême, sont nés à une nouvelle vie en Lui, devenant frères et sœurs. »

Lueurs de paix dans le Liban en flammes

 

A Biacout, comme dans tous les villages libanais qui n’ont pas encore été visés par les bombardements, affluent des familles qui ont fui les régions du sud de Beyrouth, chrétiennes et musulmanes sans distinction. C’est un petit quartier pilote créé pendant la guerre, dans les années quatre-vingts, par des volontaires des Focolari, pour en faire une oasis de paix et de convivialité. Il retrouve aujourd’hui un nouveau visage de sa vocation première.

Au centre médicosocial, nous rencontrons Acia que nous avions connue il y a vingt ans, quand elle avait fui son village du sud Liban avec sa famille et des centaines d’autres personnes. Nous l’avions trouvée sur une plage, sans abri, sans nourriture, dépourvue de tout. Nous nous étions faits proches d’elle et depuis, nous sommes restés en relation.

Aujourd’hui, l’histoire se répète. Acia accueille chez elle trois familles de son village natal et deux personnes âgées. Sa situation précaire ne l’empêche pas de tout partager avec eux. « Nous nous arrangeons au mieux – dit-elle – heureusement que nous sommes en été, les hommes dorment sur la terrasse, mais nous avons besoin de matelas et surtout de médicaments pour les enfants, pour ma mère et ma belle-mère et aussi pour mon mari ». Depuis un an en effet, son mari est atteint de la maladie de Charcot et doit suivre un traitement en permanence. Elle continue : « Aujourd’hui ma voisine vient d’accueillir d’autres familles qui sont dans une situation encore plus déplorable. Ils manquent de tout ».

Nous partageons ce que nous avons et nous continuons notre tournée. Nous arrivons à la maison Notre Dame, qui a été construite en pleine guerre pour être un lieu de paix, d’écoute et de partage. Sawsan, la maîtresse d’école, héberge huit familles musulmanes. Elles remercient Allah d’être arrivées là et espèrent retrouver sains et saufs les membres de leur famille qui habitent près de la frontière.

« Qu’Allah brûle tous ceux qui tuent ! » s’exclame l’une des femmes en colère. Puis aussitôt : « C’est plus fort que moi, je m’échauffe et me mets en colère à cause des événements, à cause de ce qui nous est arrivé, mais je sais que de l’autre côté de la frontière, les autres souffrent autant que nous de la furie de cette guerre ». Fatmé ajoute : « Nous sommes tous enfants de Dieu. Qu’Allah, le tout-puissant, calme les cœurs et les esprits et nous fasse retrouver la paix ».

Arrive Wardé, une jeune chrétienne qui a fui le sud pendant la dernière guerre avec son mari et ses enfants. Il y a peu de temps, elle était retournée vivre dans le sud. « Nous voilà de retour à Biacout. Rendons grâce à Dieu, personne n’a été blessé ! Nous sommes trois familles à habiter ensemble. Nous n’avons rien et nous avons peur de ce qui arrive et de ce qui nous attend peut-être encore ».

Tandis que nous parlons, je vois de longs chapelets entre les mains de quelques femmes chiites. Elles invoquent Allah le Grand et le louent en lui rendant grâce. Nous nous quittons sur cette belle note spirituelle.

Wardé nous accompagne et nous partageons son angoisse. Nous retournons à la voiture avec au cœur la douceur de ces instants passés ensemble à la maison Notre Dame et l’amertume du cri de douleur qui s’élève partout.
                                                                                                                                                                

                                                                                                                                                                                    Mona

Nouvel appel du Liban

 

La communauté du Mouvement au Liban nous a envoyé un nouveau témoignage, un aperçu du drame que vit la population chrétienne et musulmane de ce petit pays, et de l’engagement en faveur de la paix et de la solidarité qui l’emporte sur la peur, la haine et la violence.

Les dons en espèces peuvent être adressés pour la France à l’Association Humanité Nouvelle (voir ci-dessous)

Témoignage

Je suis en voiture. La circulation est très lente. Les gens sont massés autour des supermarchés. Ils ont le regard éteint ou plein de révolte. Seule dans ma voiture, je revois ce que je croyais oublié.

L’attention suspendue à la radio, qui nous prévient du danger qui peut surgir d’un instant à l’autre, j’entends à nouveau l’indicatif musical de Flash information radio Liban, celui-là même que nous entendions aux moments les plus graves de la longue guerre, que nos oreilles ont enregistré pour toujours et qui nous donne encore la chair de poule : « Ici la rédaction : les villages Sud de Kleya, Debl, Marjehyoun et d’autres sont dans une situation très critique. Les habitants sont entassés dans les églises et dans le hall des mairies, en grande précarité. Ils lancent un appel à l’aide pour évacuer les malades, les handicapés, les personnes âgées, les blessés… Ils n’ont ni vivres, ni médicaments, ni eau, ni électricité. C’est une urgence humanitaire, la situation ne peut durer… ».

Quelques secondes plus tard, la même musique, la même voix grave : « La périphérie de Zahlé a subi un intense bombardement, la centrale électrique est endommagée… Appel à tous : ne circulez qu’en cas d’extrême nécessité ».

Mon portable sonne : c’est une amie qui habite Achrafieh, à Beyrouth. Elle me demande de trouver un endroit sûr pour sa mère…

La guerre, cette fois, présente un nouveau danger, celui d’anéantir un pays et un peuple. La bataille consiste à détruire les ponts, les routes, toutes les infrastructures publiques et privées. Toutes les régions sont visées, aucune n’est épargnée : le sud, la Bekaa, le nord, la côte, Beyrouth. Le danger est partout. Les habitants sont épuisés. Et on comprend que la fin n’est pas pour demain…

Mais…
… dans cet enfer et cet état de désolation générale, il existe toujours un rayon de lumière, de nouvelles énergies, pour donner l’espoir, pour motiver et redonner courage.

Par exemple à l’IRAP (école de sourds-muets), où les gens ont envahi la grande salle et les couloirs et où les classes deviennent des chambres de fortune.

Nous essayons d’établir des contacts avec les institutions sociales pour coordonner l’aide. Papier hygiénique, couvertures, stocks de vivres, médicaments pour les enfants en proie à de violentes diarrhées sont envoyés vers un centre d’accueil à Bourg Hammoud. Des matelas et des vêtements sont donnés par les Libanais eux-mêmes pour les familles avec de jeunes enfants.

Nous essayons de contacter nos amis du sud, isolés sans aucun secours. Mais beaucoup de lignes téléphoniques sont détruites.

La volonté de vivre et de faire vivre est la plus forte même si les possibilités sont limitées.

Chrétiens, musulmans chiites et sunnites, tous subissent le même sort et sont unis à cause de la violence qui se déchaîne sur eux sans distinction. Ils sont unis parce qu’ils sont Libanais, parce qu’ils aiment leur pays, parce qu’ils sont fidèles à leurs racines.

C’est cet esprit de solidarité que nous voulons garder vivant. La paix pour laquelle nous nous mobilisons, soutenus par la prière, nous devons la construire en nous à chaque moment et recommencer, recommencer. Pour vaincre les sentiments de peur, de haine et de violence qui voudraient nous abattre.

Un groupe de jeunes a quitté notre Centre pour aller aider d’autres personnes. L’un d’eux m’a dit : « Nous avons vécu ici des moments de paradis ». Je lui ai répondu : « Que chacun de vous porte le paradis là où il va ».

C’est le bien le plus grand que nous essayons de donner à ceux qui sont autour de nous. Nous avons besoin de beaucoup de choses. Certains ont tout perdu. Mais nous avons surtout besoin d’amitié, de solidarité, de prière.

Le Pays du cèdre renaîtra une fois encore, il vivra ! L’espérance de Claudel et des grands saints est vive en nous. Notre Dame d’Harissa veille sur ce petit pays, jardin de Dieu, « morceau de ciel sur la terre » que chacun voudrait posséder, comme le proclame un chanteur libanais.

Nous lançons un appel à tous nos amis, aux organismes qui ont déjà collaboré avec nous : mettez en place une chaîne de prière, un réseau d’aide. Mobilisez l’opinion publique en faveur de la souveraineté du Liban. Tout geste de solidarité sera le bienvenu !

Janine et Mona, de l’équipe de l’IRAP
Comment aider

En plus de l’aide aux organismes humanitaires présents au Liban, il est possible de contribuer à la solidarité avec la communauté Focolari. Vos dons (qui peuvent faire l’objet d’une déduction fiscale) sont à envoyer par chèque libellé à l’ordre de « Association Humanité Nouvelle – Opération Liban », 6 rue de la Ferme, 91390 Morsang-sur-orge.

Juillet 2006

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Le poème (ou psaume) d’où est tirée cette Parole de vie est tout entier un hymne de louange à Dieu. Rien n’échappe à son grand amour : il enveloppe l’univers entier et se penche sur tout être vivant, sur la moindre de ses créatures.
La créature, quant à elle, est dépeinte comme invoquant son Seigneur pour sa nourriture et les nécessités de la vie. Et Dieu ouvre ses mains avec générosité. Il prend soin de tous, soutenant celui qui est faible et redressant celui qui fléchit . Il remet sur le droit chemin celui qui s’était égaré.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Loin d’être un Dieu absent, lointain, indifférent au sort de l’humanité, le Seigneur est attentif au sort de chacun d’entre nous. Nous le constatons bien souvent. Pourtant, il nous arrive parfois de nous sentir abandonnés, seuls, fragiles, désemparés face à des situations qui nous dépassent.
Voilà que naissent en nous des sentiments de révolte ou d’antipathie, voire de haine, envers certaines personnes. Des situations sans issue depuis des années, en famille ou dans notre milieu de travail, nous oppressent. Nous nous sentons l’objet de méfiances – petites ou grandes – de jalousies, d’envies, victimes de tyrannies. Ou bien encore nous avons l’impression d’étouffer dans un monde endurci par les passions et le carriérisme, en manque d’idéal, de justice et d’espérance.
Notre cœur semble crier : « Seigneur, où es-tu ? ». « M’aimes-tu vraiment ? Nous aimes-tu réellement ? Mais alors, pourquoi tout cela arrive-t-il ? »
Et voilà que la Parole de vie éveille en nous une certitude : nous ne sommes jamais seuls.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Cette parole nous invite à raviver notre foi : Dieu existe et il m’aime. Je peux et je dois le réaffirmer en chacune de mes actions, devant chaque événement : Dieu m’aime. Je rencontre une personne ? Je dois croire que Dieu a quelque chose à me dire à travers elle. Je me consacre à un travail ? Je continue à ce moment-là à avoir foi en son amour. Une souffrance survient ? Je crois que Dieu m’aime. Arrive une joie ? Dieu m’aime.
Il est ici avec moi, il est toujours avec moi, il sait tout de moi et partage chacune de mes joies, de mes pensées, de mes désirs, il porte avec moi chaque préoccupation, chacune de mes épreuves.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Comment raviver cette certitude ? Voici quelques suggestions.
Puisqu’il nous le demande : invoquons-le ! Le Seigneur était bien dans la barque de Pierre quand la tempête s’est déchaînée, mais les disciples se sentaient seuls et sans défense, parce que Jésus dormait. Ils l’appelèrent : « Seigneur, au secours, nous périssons ! »  et il calma le vent et la mer.
Jésus lui-même, sur la croix, n’a plus ressenti la proximité du Père. Il l’invoqua par la plus bouleversante des prières : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » . Parce qu’il a cru à l’amour du Père et s’est remis à nouveau entre ses mains, le Père l’a ressuscité d’entre les morts.
Comment faire grandir notre foi en sa présence ?
En le cherchant au milieu de nous. Il a promis d’être là où deux ou trois sont unis en son nom . Partageons entre nous ce que la Parole nous a permis de vivre et nous constaterons les fruits de sa présence : joie, paix, lumière, courage.
Il restera avec nous et nous continuerons à le sentir proche et agissant dans notre quotidien.

Chiara LUBICH

La Parole de Vie du mois de juillet est extraite des lectures du dimanche 30 juillet 2006.
Le mois prochain : « Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ » (Ep 4, 32).