Mouvement des Focolari

“Le Christ crucifié et abandonné, visage de Dieu Amour et chemin pour l’humanité”

 Des évêques amis du mouvement des Focolari se retrouvent à Castelgandolfo du 11 au 17 février. C’est cette année la 30e édition de ce rendez-vous qui réunit une centaine de participants de toutes les parties du monde. Au programme de leur rencontre, le 15 février, l’audience générale avec Benoît XVI. Point de référence de ces journées, animées par le cardinal Miloslav Vlk, archevêque de Prague, l’encyclique “Deus caritas est”, approfondie avec, notamment, une intervention du cardinal Ennio Antonelli, archevêque de Florence. Les participants approfondiront également le thème de “Jésus crucifié, source et modèle de l’amour”, focalisant l’attention sur la souffrance de l’abandon ; mystère si difficile à comprendre et pourtant si proche de l’homme moderne, comme le souligne Chiara Lubich avec la spiritualité de l’unité. Parmi les autres points approfondis : l’Evangélisation parmi les jeunes, la collaboration entre les nouveaux mouvements d’Eglise en vue du grand rendez-vous qui leur a été donné par Benoit XVI place Saint Pierre pour Pentecôte cette année ; ils mettront également en commun les occasions de vivre l’oecuménisme, avec des témoignages d’évêques, de prêtres et de laïcs. Autres points importants de cette rencontre : les célébrations liturgiques, animées chaque jour par des évêques d’un continent différent, et la communion fraternelle, dans l’intention de revivre l’atmosphère du Cénacle, où les apôtres unanimes étaient réunis avec Marie, la Mère du Seigneur. L’expérience de ces 30 dernières années a été pour les évêques qui participent à ces rencontres un stimulant pour découvrir de nouveaux espaces de communion ; et une occasion de parcourir avec leurs communautés diocésaines, les voies du dialogue, afin d’être au milieu des nombreux conflits, levain de réconciliation et de paix. L’objectif de ces rendez-vous est d’approfondir l’expérience de partage spirituel et de fraternité entre évêques, commencée en 1977 à l’initiative de Mgr Klaus Hemmerle, évêque d’Aix la Chapelle ; expérience tout de suite encouragée par Paul VI, puis par Jean-Paul II. Puisant à la spiritualité de l’unité, les évêques amis des Focolari veulent actualiser et promouvoir cette “spiritualité de communion” que le pape Jean-Paul II a proposé de façon répétée au peuple de Dieu et en particulier aux évêques.

Commentaire de Chiara Lubich

Cette journée de sabbat qui venait de s‘écouler à Capharnaüm avait été particulièrement chargée pour Jésus. Il avait parlé dans la synagogue, laissant tout le monde frappé par son enseignement. Il avait libéré un homme possédé par un esprit impur. En sortant de la synagogue il s’était rendu à la maison de Simon et d’André, où il avait guéri la belle-mère de Simon. La nuit venue, on lui avait amené tous les malades et les possédés : il avait guéri des infirmes de maux de toutes sortes et chassé de nombreux démons.
Après une journée et une nuit aussi intense, au matin, tandis qu’il faisait encore noir, Jésus se leva, sortit de la maison, et

«… il s’en alla dans un lieu désert ; là il priait. »

Il avait la nostalgie du Ciel. C’est de là qu’il était venu, pour nous révéler l’amour de Dieu, pour partager notre vie en tout et nous ouvrir le chemin du ciel. Il avait parcouru les routes de Palestine pour enseigner les foules, guérir le peuple de ses maladies et de ses infirmités, former ses disciples.
Mais la sève vitale qui, comme l’eau d’une source, jaillissait de son sein, lui venait d’un rapport constant avec son Père. Lui et son Père se connaissent, s’aiment, Jésus est dans le Père et le Père est en lui, ils ne font qu’un.
Le Père est l’« Abba », ce qui veut dire le papa, celui vers qui on peut se tourner avec une confiance sans bornes et un amour infini.

«… il s’en alla dans un lieu désert ; là il priait. »

Cependant, comme il était venu sur terre par amour pour nous, il a désiré que nous soyons nous aussi dans cette situation privilégiée de prière. En mourant pour nous, afin de nous délivrer, il nous a faits enfants de Dieu, ses frères. Et il nous a donné, à nous aussi, la possibilité de faire nôtre son invocation divine : « Abba, Père ! » avec tout ce qu’elle comporte d’abandon à son amour, de consolations divines, de force et d’ardeur qui naissent au cœur de ceux qui se savent aimés…
Une fois entrés dans la « chambre intérieure » de notre âme, nous pouvons lui parler, l’adorer, lui dire notre amour, le remercier, lui demander pardon, lui confier nos besoins et ceux de l’humanité entière, et pourquoi pas nos rêves et nos désirs… Quand on sait qu’une personne nous aime immensément et qu’elle est toute puissante, ne peut-on pas tout lui dire ?
Nous pouvons parler avec la Parole de Dieu, avec Jésus. Nous pouvons surtout l’écouter, le laisser nous répéter ses paroles : « Confiance, c’est moi, n’ayez pas peur ! », « Je suis avec vous tous les jours » ; et ses invitations : « Viens et suis-moi », « Pardonne soixante-dix fois sept fois », « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ».
Nous pouvons prolonger ces instants, ou les renouveler fréquemment tout au long de la journée, presque comme un rapide regard d’amour, en disant : « Tu es, Seigneur, mon unique bien », « C’est pour toi que je fais cette action ».
Nous passer de la prière serait comme vouloir vivre sans respirer. La prière est la respiration de l’âme, l’expression de notre amour pour Dieu.
Nous sortirons raffermis de ce dialogue, de ce rapport de communion et d’amour, prêts à affronter la vie de chaque jour avec une intensité et une confiance nouvelles. Nous trouverons aussi un contact plus vrai avec les autres et avec les événements.

«… il s’en alla dans un lieu désert ; là il priait. »

Si nous ne fermons pas notre âme à toutes les sollicitations de l’extérieur, si nous ne nous recueillons pas, tu ne peux, Seigneur, venir à notre rencontre et t’entretenir avec nous comme ton amour le désire.
Mais une fois détachés de tout, nous ne voudrions plus revenir en arrière, tant l’union avec toi est douce et tout le reste caduc.
Ceux qui t’aiment avec sincérité te trouvent souvent, Seigneur, dans le silence de leur chambre, au plus profond de leur cœur. Cela les émeut comme s’ils étaient chaque fois touchés au vif.
Et ils te remercient de leur être si proche, d’être Tout, celui qui donne un sens à leur vie et à leur mort.
Ils te remercient, mais souvent ils ne savent ni le faire ni le dire. Ils savent seulement que tu les aimes, qu’ils t’aiment, et qu’il n’existe rien sur terre d’aussi doux, rien qui ne soit comparable, même de loin, à cela. Ce qu’ils éprouvent dans leur âme, quand tu te présentes, est paradis et « si le ciel est ainsi, disent-ils, oh, quelle merveille ! »
Ils te remercient, Seigneur, de leur avoir donné toute la vie, de les avoir menés jusque-là. Et s’il reste encore à l’extérieur des ombres qui pourraient obscurcir leur paradis anticipé, quand tu te manifestes, tout cela s’éloigne et n’est plus.
C’est Toi qui es.
Voilà la réalité.

La ville : lieu de défi et de réalisation de la fraternité

La ville : lieu de défi et de réalisation de la fraternité

 

 

Des personnalités politiques, des administrateurs, des personnes de la fonction publique de Vérone et la région, de différents partis et de toutes tendances, se sont interrogés sur le sens de leur expérience politique.
La soirée était consacrée au thème : “La ville : lieu de défi et réalisation de la fraternité”, une réflexion sur ce que signifie et implique l’idéal de fraternité pour la vie de la commune. “La fraternité – selon la pensée de Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari -, ne vient pas s’ajouter à la réflexion et à la pratique politique de l’extérieur, mais on peut la considérer comme ’l’âme’ avec laquelle faire face aux problèmes d’aujourd’hui.”

Après la présentation du thème et l’audition par video conférence de l’intervention de Chiara Lubich au Conseil municipal de Trente, en juin 2001, deux expériences de vie ont été présentées, qui montraient comment il est possible de vivre la fraternité, aussi en politique.
Les interventions du public présent ce soir-là ont mis en évidence la difficulté de vivre la valeur de la fraternité à l’intérieur d’un monde complexe et difficile, miné par les luttes, qui porte souvent à perdre la dimension de l’esprit originel du service pour le bien commun.
Néanmoins, d’une part, le témoignage de ceux qui sont engagés dans cette direction depuis un certain temps et, d’autre part, la présence et les interventions de nombreuses personnes, ont laissé entrevoir la possibilité que naisse, dans la ville, un climat de collaboration plus serein en ceux qui sont impliquées dans la politique.

La soirée a été un petit signe de la manière dont, en restaurant la dimension du dialogue et de l’écoute réciproque, on peut créer les conditions pour favoriser une expérience politique qui sache promouvoir la fraternité.

(D’un article de Lino Cattabianchi, dans l’Arena du 6 février 2006)

« Le dialogue interreligieux pour former l’unité de la famille humaine »

« Le dialogue interreligieux pour former l’unité de la famille humaine »

Ils étaient environ 250 (chrétiens, humanistes, de nombreux musulmans, des juifs, et quelques représentants d’autres religions) à suivre avec attention l’introduction de Annie Hesius, sociologue, sur la fraternité comme chance et défi pour la société de demain. Le forum n’avait donc pas comme objectif de poser l’une ou l’autre thèse à défendre, mais plutôt de créer la possibilité de s’interroger ensemble en profondeur, sur la base des valeurs qui nous sont communes. A. Hesius a expliqué que, contrairement aux deux autres principes prônés par la Révolution française (l’égalité, la liberté), la fraternité a trouvé jusqu’ici peu d’applications dans la vie de nos sociétés. Elle n’est certes pas une question de sentimentalisme mais plutôt le fruit d’une tension continue à voir l’autre comme un autre moi-même et à le traiter en conséquence. Etre de bonne foi et grandir dans un amour capable d’aller au-delà de certaines limites constituent des facteurs qui garantissent le développement de relations réussies entre les personnes et les groupes. Un montage vidéo a illustré les moments forts vécus par le Mouvement des Focolari dans le domaine du dialogue interreligieux, depuis la fin des années ’70. Les rencontres que Chiara Lubich, la fondatrice du Mouvement, a eues avec des personnalités bouddhistes, musulmanes, juives et hindoues ont été à l’origine de rapports de confiance et d’amitié, créant des espaces de fraternité un peu partout dans le monde. Le dialogue interreligieux, une nécessité vitale Mohammed Boulif, consultant en économie musulmane, et Albert Guigui, le Grand Rabbin de Bruxelles prennent ensuite la parole. Le public est impressionné par ce qu’ils partagent : leur vision du dialogue en général et également dans le cadre des contacts avec le Mouvement des Focolari, leur participation en 2005 à deux symposiums internationaux, l’un judéo-chrétien et l’autre islamo-chrétien, organisés par le Mouvement des Focolari. M. Boulif souligne l’importance de privilégier ce qui nous rapproche, pour pouvoir arriver à une connaissance approfondie et à un enrichissement mutuel. Dans cette dynamique, la sincérité est de rigueur. En guise d’illustration l’ex-président de l’Exécutif des Musulmans a repris ce que des amis musulmans d’Algérie lui avaient confié : les contacts avec leurs amis chrétiens des Focolari leur ont permis de découvrir leur religion plus en profondeur. M. Boulif a plaidé pour un « dialogue du peuple », à engager « dans la permanence ». Un dialogue indépendant des pressions de minorités auxquelles les responsables politiques sont bien souvent soumis. En Belgique, les efforts entrepris dans ce sens commencent à porter des fruits certes limités encore mais durables. En faisant allusion au récit biblique de Caïn et Abel, le Grand Rabbin Guigui a illustré le fait que l’absence de communication est bien souvent la source de tout conflit. La solution : le vrai dialogue qui implique la compréhension de l’autre et se situe « à l’abri des idées préconçues ». Il a également évoqué le sujet brûlant du fanatisme religieux. Alors que le croyant se met au service de Dieu, le fanatique met Dieu à son service. A l’opposé du fanatisme se situe l’attitude de celui qui accepte l’autre tel qu’il est et non tel qu’il veut qu’il soit. « La survie passe par le dialogue », a dit le Grand Rabbin avec force et conviction. Les clés du dialogue Dans la deuxième partie du forum, Paul Lemarié du Centre international du dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari, a approfondi les clés du dialogue, les conditions qui permettent de construire des ponts entre croyants de différentes religions. Il a partagé son expérience personnelle – il a vécu 25 ans en Algérie et au Proche-Orient – au cours de laquelle les contacts avec des musulmans et des juifs l’ont amené à redécouvrir ou approfondir certains aspects de sa foi catholique. Paradoxalement, le dialogue interreligieux renforce en chacun sa croyance, tout en s’ouvrant à celle de l’autre. Ne faut-il pas une forte motivation pour arriver à construire un tel dialogue? Cette motivation réside dans ce que P. Lemarié a appelé l’art évangélique d’aimer : un amour qui pousse à prendre l’initiative, à considérer l’autre comme un autre soi-même, à aimer d’un amour gratuit et concret. C’est un art qui demande beaucoup d’exercice et d’engagement, un art qui élève le dialogue à un niveau tel que les fruits sont multiples et ouvrent toujours de nouveaux horizons. Tel un avion qui pour décoller consomme une énergie considérable, mais continue ensuite sa vitesse de croisière sans trop d’efforts. P. Lemarié a conclu en disant que personne aujourd’hui ne peut dire où le dialogue nous mènera. A nous d’interpréter ce signe des temps et d’y donner une réponse. Un élément poignant de son intervention, étaient aussi les extraits de témoignages de musulmans amis et membres du Mouvement des Focolari qui vivent cet aspect inhabituel du dialogue à l’intérieur même du mouvement, un dialogue mené à partir d’une spiritualité de communion. L’éducation à la paix : un projet enthousiasmant L’importance d’éduquer les jeunes générations au dialogue est évidente. Un groupe d’enfants de l’école St Joseph à Uccle avec leur enseignante Yolande Iliano ((présidente de la WCRP – Religions pour la Paix) a présenté ses projets de paix et de dialogue interreligieux. Entre autres ils ont mis sur pied un rassemblement de 1500 enfants (juifs, musulmans et chrétiens) de la commune d’Uccle en mars 2005 à l’occasion des « Tambours pour la Paix ». Ces enfants ont fini par remercier le public adulte de les prendre au sérieux. Communiquer-dialoguer-connaître-aimer, voilà les étapes qu’ils ont proposées à tous pour aboutir à un véritable dialogue. Leur témoignage enthousiaste et concret a touché l’assistance et a été relevé au cours de la table ronde qui a suivi : l’éducation au dialogue empêche tout fondamentalisme. Ce sujet a été approfondi durant le moment d’échange entre la salle et les intervenants. L’autre point d’échange a concerné la réaction à avoir face aux points sensibles du dialogue interreligieux et des violences qui le menacent parfois. Plutôt que des théories destinées à fonctionner comme recette miracle, ce sont les expériences vécues sur le terrain qui indiquent des pistes. Mgr Van Cauwelaert, un des derniers témoins vivants qui ont participé à la totalité du Concile Vatican II, a rappelé, dans son intervention spontanée, que Jean XXIII avait souligné à la fin du Concile que l’unité nous est d’ores et déjà donnée, que d’une certaine façon nous sommes déjà un, même si cette unité n’est pas complète. Appel à s’engager pour une culture de l’unité dans la diversité Les co-responsables du Mouvement des Focolari pour la Belgique et le Luxembourg, ont conclu la rencontre en remerciant l’ensemble des participants de l’expérience de communion fraternelle vécue. Ils ont proposé à tous de s’engager à donner vie à une culture de la fraternité, du respect profond de chacun dans sa diversité de religion et de croyances. Pour conclure, ils ont rappelé la Règle d’Or qui est commune à toutes les traditions religieuses, et qui pour le christianisme s’exprime ainsi : « Traiter l’autre comme tu voudrais être traité toi-même » ou, comme Gandhi l’exprimait : « Toi et moi nous sommes Un. Je ne peux te blesser sans me faire mal à moi-même ».

L’évêque luthérien Christian Krause reçoit le prix “Klaus Hemmerle”

L’évêque luthérien Christian Krause reçoit le prix “Klaus Hemmerle”

  Le Prix Klaus Hemmerlé est donc conféré cette année à l’évêque luthérien Christian Krause, personnalité du dialogue oecuménique. Il lui a été remis officiellement le 20 janvier, au dôme impérial d’Aix la Chapelle en Allemagne. Ce prix revêt pour le lauréat une signification toute particulière : “C’est un prix, a-t-il déclaré – qui me touche profondément car il rappelle le souvenir d’une personne exceptionnelle : Mgr Klaus Hemmerle.” C’est la seconde fois que ce prix est attribué, en souvenir de l’évêque d’Aix la Chapelle à présent décédé : un pionnier de la vie oecuménique de l’Eglise allemande et, en même temps, grand théologien qui disait avoir trouvé chez les Focolari sa “lymphe vitale”. La première édition du prix avait récompensé, en 2003, le professeur juif Ernst-Ludwig Ehrlich. Cette seconde édition a choisi comme lauréat une personnalité éminente de l’Eglise luthérienne et un passionné de l’oecuménisme.   Christian Krause, ami personnel de Klaus Hemmerle, a été dans les circonstances les plus variées de sa vie un constructeur de ponts. En 1971, est appelé par la Fédération luthérienne mondiale à diriger un grand projet en faveur des réfugiés en Tanzanie. De 1972 à 1985, les relations extérieures de l’Eglise Evangélique Luthérienne en Allemagne lui sont confiées. A ce poste puis, plus tard, comme secrétaire général de la “Journée évangélique de l’Eglise” (1985-1994), il se consacre avec beaucoup d’énergie à l’oecuménisme et à la solidarité, au niveau mondial. Une amitié profonde le lie à de nombreux chrétiens dans le monde entier, notamment en Afrique, en Asie et en Amérique Latine. Un des fruits de cette confiance qui lui est faite, est qu’après sa consécration comme évêque de l’Eglise régionale du Braunschweig, au cours de la réunion plénière de la Fédération luthérienne mondiale à Hong Kong, en 1997, il en est élu président. C’est à cette fonction qu’en 1999, il signe à Augsbourg, la Déclaration conjointe sur la Doctrine de la justification, avec le cardinal de l’Eglise catholique, Edward I. Cassidy.   A ce jour, Christian Krause dirige le Centre luthérien de Wittenberg, en Allemagne, ville d’où partit, en 1517, la Réforme de Luther. L’idée qui a donné vie à ce Centre est de pouvoir donner au “tourisme luthérien” qui se développe “un souffle spirituel, oecuménique et mondial”. Pour l’avenir de l’Eglise, l’évêque luthérien, souhaite que des relations nouvelles s’instaurent entre la hiérarchie et les mouvements et charismes nouveaux. “Il pourrait en naître, affirme-t-il, une compréhension de l’Eglise toute nouvelle.” Son modèle pour l’oecuménisme est le même que celui de Mgr Klaus Hemmerle : “Nous devons apprendre, à tous les niveaux, à devenir des amis et à nous traiter comme tels.” (de Joachim Schwind – Revue Città Nuova – n. 1/06)

Compagnons de voyage sur les sentiers de la réconciliation

 Mariés depuis 35 ans, ils ont trois filles et un petit-fils. Elle est catholique, lui est protestant (Église luthérienne). Il y a 35 ans, il n’était pas facile de se marier et d’envisager la vie à deux en appartenant à des Églises différentes.

E. : J’ai grandi dans un petit village où il n’y avait que des catholiques. Je me suis rendu compte de la division entre les confessions au moment de faire des études pour devenir institutrice. J’habitais Nuremberg, où se trouvait une université de pédagogie protestante. Les écoles étaient alors strictement séparées en écoles catholiques et écoles protestantes. Pour ne pas courir le risque de ne jamais obtenir de poste, j’ai dû chercher une université catholique et aller à Eichstätt.

P. : J’ai passé mon enfance à Ochsenfurt sur le Main. Nous, protestants, nous vivions en diaspora. Nous n’avions aucun contact avec la paroisse catholique. A la fin des années soixante, j’ai fréquenté à Munich un cours de spécialisation pour « écoles différentielles ».

E. : Je faisais partie du même cours et c’est là que nous nous sommes connus et fréquentés. Dans un premier temps, nous avions laissé de côté l’idée de fonder une famille. A cette époque-là, nos deux Églises mettaient les personnes en garde à propos des mariages dits « mixtes ».

Par hasard, une amie m’a envoyé une invitation pour un voyage à Rome. Je l’ai parcourue rapidement et, pensant à un voyage touristique, j’ai décidé d’y aller. Je me suis retrouvée à une rencontre œcuménique du Centre « Un » du Mouvement des Focolari, dont je ne connaissais rien. Au début, je n’étais pas du tout enthousiaste, puis j’ai été séduite par l’explication qu’a faite Chiara Lubich de la phrase de Jésus dans l’évangile de Matthieu : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). L’évangile ne disait pas : « Là où deux ou trois catholiques… », ni « Là où deux ou trois protestants… », mais « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». A la rencontre suivante, j’ai invité mon ami.

P. : Nous avons trouvé le courage de fonder ensemble une famille. Je me suis proposé d’aimer l’Église de ma femme comme la mienne. Naturellement, j’avais moi aussi des difficultés à accepter des formes de piété typiquement catholiques, comme lorsque nos filles ont participé fièrement dans leurs robes blanches à la procession de la Fête-Dieu, fête du Corps du Christ. J’y suis allé moi aussi, mais uniquement par amour pour ma famille.

E. : Pour moi, c’était nouveau et inhabituel de le voir lire tous les jours un passage de la bible, comme le demande la tradition luthérienne. Pendant quelques temps je l’ai laissé lire seul, puis j’ai passé ce moment avec lui, au début seulement par amour pour lui. Aujourd’hui, je ne pourrais plus m’en passer. Depuis que nous avons fait nôtre la méditation de Chiara Lubich sur Jésus au milieu de nous, nous terminons par la promesse commune de tout faire pour qu’Il soit présent parmi nous. Malgré nos erreurs, nos limites et nos faiblesses, nous essayons de rester dans l’amour réciproque et de toujours recommencer.

(E. et P. – Allemagne)

Pas seulement des aides mais une onde d’amitié

Pas seulement des aides mais une onde d’amitié

 

A la date du 16 janvier 2006, les fonds parvenus pour l’urgence dans le Sud Est asiatique par l’intermédiaire de l’AMU (ONG Action pour un Monde Uni, Organisation Non Gouvernementale de développement qui s’inspire de la spiritualité de l’unité), approchaient le million d’euros. La plus grande partie de ces fonds ont été destinés en grande partie à des projets en Indonésie, au Sri Lanka, en Thailande et en Inde.

Le restant des fonds sera attribué conjointement à de nouveaux projets en cours d’évaluation et aux projets réalisés actuellement, en fonction de l’état d’avancement et des nécessités.

Ces fonds, récoltés dans le monde entier, ont souvent comme origine “la petite pierre” posée par une multitude de personnes : des enfants du Kenya, de Colombie, de Russie et de nombreux pays où le don même d’un euro est un acte de grande générosité.

Reportons à présent quelques notes de voyage de Stefano Comazzi, représentant de l’AMU, un an après la catastrophe qui a touché le Sud-Est asiatique.

J’ai effectué un voyage pour visiter les différentes activités effectuées dans la région par nos volontaires et nos collaborateurs. Et j’ai fait une partie de ce parcours avec un groupe de jeunes européens du mouvement des Focolari qui déjà auparavant s’étaient rendu sur place auprès des populations aidées par les projets de l’AMU en Indonésie.

Ces jeunes étaient allé précédemment sur l’île de Nias, au sud de Sumatra, où ils avaient effectué un camp de travail, collaborant à la reconstruction d’un village et animant de nombreuses initiatives pour les enfants. Ils se sont rendu par la suite dans la province de Aceh, la région la plus touchée par le raz de marée du 26 décembre 2004, à l’extrémité septentrionale de l’île de Sumatra.

L’arrivée à Banda Aceh, et au village voisin de Lampuuk – où de jeunes indonésiens des Focolari sont venus également passer quelques semaines, vivant au coude à coude avec la population locale – a été vraiment impressionnant. Plusieurs mois après le raz de marée, beaucoup de choses ont changé, mais quelques signes sont là, encore visibles, pour rappeler la force extraordinaire de la nature et de cet événement. Comme par exemple, un énorme bateau transporté depuis la mer jusqu’à plusieurs kilomètres de la côte, s’abattant sur un quartier de la ville. Des quartiers entiers de Banda Aceh, totalement rasés, sont devenus des marécages d’eau stagnante, de même que dans de nombreux villages alentour, comme à lampuuk.

Nos jeunes collaborateurs ont gagné l’estime et l’amitié de la population (entièrement musulmane), qui s’expriment par de nombreux gestes et attentions : la maison mise à leur disposition gratuitement durant ces mois – et où beaucoup d’entre nous ont été hébergés -, en est un exemple éloquent. A Lampuuk, les fonds de l’AMU ont servi à construire des barques pour les pécheurs.

A Medan, ville la plus étendue de l’île et une des principales villes d’Indonésie, j’ai fait la connaissance de jeunes du lieu, qui ont collaboré les mois précédents au projet soutenu par notre ONG. Il s’agit de jeunes gens et de jeunes filles qui appartiennent au mouvement des Focolari. Parmi eux se trouvent des chrétiens, des bouddhistes et des musulmans et cela constitue déjà un témoignage fort.

Tous, en outre, ne sont pas indonésiens, comme par exemple J.P.W. étudiant de Malaisie qui a suspendu son cursus universitaire pendant quelques mois pour pouvoir se consacrer entièrement aux activités du projet. D’autres jeunes comme lui, se sont engagés à temps plein, tant pour la gestion des activités logistiques et d’organisation , que pour des séjours prolongés dans les provinces de Aceh et de Nias.

Après être passés de Medan à Aceh, nous avons rencontré quelques communautés de pécheurs qui vient dans la partie méridionale de la province. Ce sont devenus désormais des amis de nos volontaires et, à notre arrivée, ils nous ont accueilli chaleureusement, nous manifestant des signes d’amitié extraordinaires. Avec une banderole de bienvenue de leur toute nouvelle association qui s’appelle “Silaturrahmi” (“tous sont les bienvenus”).

Les jeunes indonésiens qui nous accompagnaient les avaient déjà connus lors des précédents voyages. Ils avaient partagé avec eux les quelques biens matériels apportés avec eux, mais surtout écouté l’histoire de chacun, la souffrance et le désarroi des survivants. Grâce aux aides recueillies, ils ont pu revenir et organiser ensemble, avec les habitants des villages, des actions de reconstruction, signes d’une renaissance.

A Blang, Nibong et à Padan Kasab, toujours dans la province d’Aceh, nous avons constaté directement combien de barques avaient été construites et combien étaient en cours de construction. A Blang Nibong, nous étions attendus pour la remise officielle des dix premiers bateaux conçus et distribués suivant les critères de composition des noyaux familiaux (des familles nombreuses recevaient un bateau, tandis que des groupes plus petits partageaient le même bateau) et des pertes subies lors du raz de marée. Les jeunes qui nous accompagnaient ont aussi participé à la mise à l’eau d’une des barques de pêche déjà prêtes, et nous avons tous fait un tour d’inauguration sur la mer chaude de Malacca.

Ce voyage a vraiment été constructif et il nous a confirmé à quel point il est important de travailler “avec” les personnes, sur le terrain, en privilégiant l’écoute et le partage qui devient réciproque.

(Tiré des Nouvelles de l’AMU – AMU Notizie, n°4 2005)

Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de janvier 2006

 « Emmanuel », « Dieu avec nous » ! Voilà la nouvelle bouleversante que nous transmet Matthieu au début de son Évangile 1 : en Jésus, l’Emmanuel, Dieu est venu parmi nous.

Et cet Évangile se conclut par une promesse encore plus inouïe : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » 2.

La présence de Dieu au milieu de nous dure au-delà de la venue historique de Jésus sur la terre. Il reste avec nous pour toujours.

Comment est-il présent ? Comment pouvons-nous le rencontrer ?

La réponse, nous la trouvons au cœur de l’Évangile de Matthieu, là où Jésus définit les lignes de vie de sa communauté, l’Église. De l’Église, Jésus parle à plusieurs reprises : elle est fondée sur le rocher que représente Pierre, rassemblée par sa parole et réunie autour de l’Eucharistie… Mais dans notre verset, il en révèle l’identité la plus profonde : l’Église, c’est sa propre présence au milieu de ceux qui sont réunis en son nom.

Jésus peut être sans cesse présent au milieu de nous. Nous pouvons expérimenter ce qu’est l’Église vivante, vivre l’Église dans sa réalité la plus profonde.

« Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Si c’est lui, le Seigneur ressuscité, qui rassemble les croyants, les unit à lui et entre eux, et fait d’eux son corps, alors chaque division dans nos familles et nos communautés altère le visage de l’Église. Le Christ n’est pas divisé. Un Christ fragmenté est défiguré, méconnaissable.

Cela concerne également les rapports entre les différentes Églises et communautés ecclésiales. Le cheminement œcuménique nous a fait comprendre que « ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise ». Et s’il nous manque encore la pleine communion de foi dans quelques aspects de doctrine et de pratique chrétiennes, déjà nous avons « l’élément le plus important de notre unité, à savoir la présence du Christ Ressuscité ».

Pouvoir nous réunir au nom de Jésus pour prier ensemble, connaître et partager les richesses de la foi chrétienne, nous demander réciproquement pardon, c’est déjà le terreau favorable au dépassement de toutes ces divisions. De petites initiatives peut-être ? Mais « rien n’est petit de ce qui est accompli par amour ». Jésus parmi nous, « source de notre unité », nous indiquera « comment devenir des instruments de l’unité que Dieu désire pour nous ».

C’est ce qu’ont exprimé dans un document conjoint la Commission Foi et Constitution du Conseil Œcuménique des Églises et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Ils ont proposé comme thème général cette « parole de vie », et les textes de prière corrélatifs ont été préparés par un groupe œcuménique de Dublin. Depuis 1968, en effet, durant la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, nous vivons tous ensemble un même thème, une « parole de vie ». C’est un signe d’espérance dans notre cheminement vers la pleine communion visible entre les Églises.

« Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Mais que signifie être unis au nom de Jésus ?

Simplement être unis en Lui, dans sa volonté. Et nous savons que son plus grand désir – « son » commandement – est que l’amour réciproque règne parmi nous. Ainsi, là où au moins deux personnes sont prêtes à s’aimer de cette manière et à faire tout passer au second plan pour susciter sa présence, tout change autour d’elles. Jésus entre dans les maisons, dans les lieux de travail et d’étude, dans les parlements et les stades, et peut les transformer.

Sa présence nous éclaire pour trouver les solutions à nos difficultés, elle nous donne la créativité nécessaire pour affronter les situations personnelles et sociales les plus inattendues, le courage pour persévérer dans nos choix les plus ardus. Bref, elle est un ferment pour notre vie tout entière.

Il peut être présent spirituellement, mais réellement, dans nos familles, et dans tous nos milieux de vie.

Jésus qui vit au milieu de nous grâce à l’amour réciproque que nous établissons explicitement entre nous et que nous renouvelons continuellement, est présent dans le monde d’une manière nouvelle, le libère des nouveaux esclavages. Et l’Esprit Saint ouvre des voies nouvelles.

« Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »

Oui, nous en faisons l’expérience et cela nous remplit de gratitude envers Dieu : si nous sommes unis, Jésus est parmi nous. Je l’écrivais il y a fort longtemps et combien c’est vrai aujourd’hui encore ! Et c’est cela qui compte. Plus que tous les trésors de notre cœur. Plus que père et mère, frères ou enfants. Plus que la maison et le travail. Plus que la propriété. Plus que toutes les œuvres d’art d’une grande ville comme Rome. Plus que nos affaires. Plus que la nature qui nous entoure avec ses fleurs et ses prés, la mer et les étoiles. Plus que notre âme !

Quelle force de témoignage représente pour le monde l’amour réciproque entre des chrétiens de deux Églises différentes, par exemple entre un catholique et un méthodiste, entre un pentecôtiste et un orthodoxe !

Aujourd’hui comme alors, vivons dans la charité, la vie qu’il nous donne instant après instant.

L’amour de nos frères est le commandement de base, de sorte que tout acte qui est expression d’une charité fraternelle sincère a de la valeur. Alors que, sans amour pour nos frères, rien de ce que nous faisons n’a de valeur. Car Dieu est Père: il a dans le cœur toujours et uniquement ses enfants.

Vivons pour que Jésus soit toujours présent au milieu de nous, afin de le porter dans le monde qui ignore sa paix.

 

Chiara Lubich

 

1 Cf. Mt 1, 23.

2 Mt 28, 20.

 

Noël 2005 – Nouvel An 2006

Noël 2005 – Nouvel An 2006

 C’est Noël !

Les vitrines des magasins sont décorées pour les fêtes – ornées de boules dorées, de petits sapins de Noël – et exposent de somptueux cadeaux. La nuit, les rues scintillent d’étoiles filantes ou de comètes. Le long des trottoirs, les branches des arbres sont chargées de lumières multicolores, créant une atmosphère féerique.
L’attente est dans l’air et tout le monde la ressent.

Noël n’est pas uniquement le souvenir traditionnel de la naissance d’un enfant il y a 2005 ans… Noël est vivant ! Et non seulement dans les églises avec la crèche, mais aussi dans les relations entre les personnes, marquées par l’atmosphère de joie, d’amitié, de bonté que cette fête crée chaque année.

Pourtant le monde est encore affligé par d’énormes problèmes : pauvreté jusqu’à la famine, tremblement de terre au Pakistan, des dizaines de guerres, le terrorisme, la haine entre ethnies, mais aussi entre groupes et entre personnes…

Le monde a besoin de l’Amour ! Il a besoin que Jésus revienne en plénitude !
L’Enfant-Jésus est toujours l’immense don du Père à l’humanité, même si tous ne le reconnaissent pas.

Que devons-nous faire ? Exprimer, pour eux aussi, notre gratitude au Père. Fêter Noël et renouveler notre foi dans le petit enfant-Dieu venu nous sauver, venu créer une nouvelle famille de frères unis par l’amour, une famille qui s’étend à toute la Terre.
Regardons autour de nous… Que notre amour s’adresse à tous, mais en particulier à ceux qui souffrent, qui sont dans le besoin, seuls, démunis, sans défense ou malades… Que l’affection et les biens partagés avec eux manifestent la beauté d’une famille où l’on est vraiment frères, d’une famille qui, unie, fête Noël mais ne s’arrête pas là.
Qui pourra résister à la puissance de l’amour ?

Dans la lumière de Noël, posons des gestes, suscitons des actions concrètes. Ce remède aux maux de toutes sortes sera, certes, minime, mais appliqué à grande échelle, il apportera lumière et espérance pour la solution des graves problèmes de notre temps.

Joyeux Noël à tous !

Chiara Lubich

Jeunes

Jeunes

    C’est une Église vitale, joyeuse, authentique, en chemin vers et avec la société, qui a attiré 2 300 jeunes Hollandais un dimanche de fin novembre à Utrecht, au premier rendez-vous national organisé suite aux JMJ de Cologne en août dernier. Une participation qui n’avait pas été atteinte depuis des dizaines d’années. La manifestation est un fruit de la collaboration dans un climat de grande communion entre diocèses et mouvements, dont le Renouveau charismatique, le comité des jeunes catholiques, l’Emmanuel et les Focolari. Une communion entre charismes qui avait déjà été vécue lors de la préparation des JMJ. « Le bonheur que vous cherchez, le bonheur que vous avez le droit de goûter a un nom et un visage : celui de Jésus de Nazareth » : c’est un passage central du message autographe du pape. Benoît XVI a encouragé les jeunes à approfondir leur relation avec Jésus en se nourrissant des sacrements, pour pouvoir assumer leurs responsabilités dans leur vie personnelle et dans la société.   Le rassemblement s’est poursuivi par des travaux et approfondissements en groupes sur des catéchèses et des applications sociales. Il a été question de foi, d’éthique et de science, de la façon de vivre en tant que chrétien en politique, dans l’enseignement ou en économie. L’œcuménisme et le dialogue interreligieux ont aussi été à l’ordre du jour. Tout cela a mis en évidence le désir de ces jeunes d’approfondir leur foi et leur soif de la vérité. « Le brouillard qui a recouvert la jeunesse pendant des dizaines d’années dans l’Église catholique de Hollande a disparu » a dit dans son homélie Mgr de Jong, évêque auxiliaire de Roermond, responsable de la pastorale des jeunes, à la messe concélébrée avec le cardinal Simonis qui a conclu la journée. Ces paroles exprimaient une certitude partagée par tous : dans une société qui ne cesse de se séculariser, une réalité nouvelle et irréversible est née au sein de l’Église.    Ce qui se passe aux Pays-Bas est un phénomène que l’on observe aussi dans d’autres pays d’Europe. Comme le remarque Lorenzo Fazzini dans l’Avvenire du 8 décembre, c’est « un vent de spiritualité » et la conséquence de cette intériorité retrouvée est l’ouverture aux autres qui se traduit en de nombreux cas par un engagement social et le choix de servir les plus pauvres.

Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de decembre 2005

Une parole d’espérance retentit enfin au sein du peuple d’Israël, exilé depuis 50 ans à Babylone, au Moyen-Orient. C’est celle du prophète Isaïe que le Seigneur envoie annoncer au peuple sa libération, son retour dans sa patrie.

Comme à l’époque de l’esclavage en Égypte, Dieu va se mettre à la tête de son peuple et le reconduire en Terre Promise. Il faudra alors réparer les chemins, combler les trous, dégager les passages impraticables, comme il était d’usage lorsqu’un roi allait visiter l’une de ses provinces.

Cinq siècles plus tard, sur les rives du Jourdain, l’annonce joyeuse d’Isaïe va retentir à nouveau par l’intermédiaire de Jean le Baptiste ; cette fois c’est le Messie en personne qui est sur le point d’arriver.

« Dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez une chaussée pour notre Dieu. »

Chaque année, pendant la période de préparation de Noël, cette même invitation nous est adressée. Depuis toujours Dieu a manifesté son désir de se tenir parmi ses enfants. Mais voici maintenant qu’il vient « habiter au milieu des siens »1. Aujourd’hui encore, il se tient à la porte et il frappe, car il veut entrer pour « prendre son repas »2 avec nous.

Que de fois nous désirerions nous aussi le rencontrer, qu’il chemine à nos côtés, que sa lumière nous éclaire ! Pour qu’il entre dans notre vie, éliminons ce qui lui fait obstacle. Il ne s’agit plus là de route à niveler, mais de cœur à lui ouvrir.

Quelles barrières ferment notre cœur ? Jésus en énumère quelques-unes : « intentions mauvaises, inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidité, méchancetés, fraudes, débauche, envie, diffamation, orgueil, démesure… » 3. Il s’agit parfois de rancœurs à l’égard de parents ou de connaissances, de préjugés raciaux, d’indifférence devant les besoins de ceux qui nous sont proches, de manques d’attention et d’amour en famille…

Pour nous aider à surmonter ce qui fait obstacle à notre rencontre avec Dieu, cette invitation résonne à nouveau :

« Dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez une chaussée pour notre Dieu. »

Concrètement, comment lui préparer la route ?

En lui demandant pardon chaque fois que nous prenons conscience d’avoir dressé une barrière qui nous empêche d’entrer en communion avec lui. Par cet acte sincère d’humilité et de vérité, nous nous présentons devant lui tels que nous sommes, en lui montrant notre fragilité, nos erreurs, nos péchés. Nous lui déclarons notre confiance et nous reconnaissons son amour de Père, « miséricordieux et bienveillant » [4]. Nous exprimons notre désir de corriger nos points faibles et de repartir du bon pied.

Chacun de nous trouvera le meilleur moment pour s’arrêter, considérer la journée écoulée et demander pardon : peut-être le soir, avant de s’endormir.

Une autre possibilité de demande de pardon pour nos péchés nous est proposée au début de toute célébration eucharistique : vivons-la avec davantage de conscience et d’intensité avec toute la communauté.

Enfin recourons à la confession personnelle où Dieu nous donne son pardon. Cela peut énormément nous aider. Nous y rencontrons le Seigneur à qui nous pouvons confier toutes nos fautes. Nous en repartons sauvés, certains d’être renouvelés et tout joyeux de nous sentir à nouveau véritables enfants de Dieu.

Par son pardon, Dieu lui-même enlève tout obstacle, « dégage le chemin » et rétablit un rapport d’amour avec chacun de nous.

« Dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez une chaussée pour notre Dieu. »

Louise en a été témoin. Sa vie avait été mouvementée : de mauvaises fréquentations, la spirale de la drogue, la débâcle morale. Après plusieurs tentatives, elle réussit finalement à se libérer de la toxicodépendance, mais en reste irrémédiablement marquée. Après un mariage civil précipité, les premiers symptômes du sida se manifestent. Son mari la quitte.

Louise se retrouve seule avec le poids de ses erreurs passées. Elle finit par rencontrer un groupe de chrétiens qui, pour vivre la Parole de Dieu, partagent leurs expériences. Elle découvre un monde ignoré jusque-là. Elle sait maintenant que Dieu est Père, qu’il est Amour. Elle ne peut plus garder ses péchés pour elle, elle croit à son pardon. Sa vie change. De se savoir pardonnée, une joie jamais éprouvée l’inonde, malgré la maladie et la souffrance. Son visage reflète une beauté que la progression du mal ne flétrit pas. Les médecins sont stupéfaits de sa sérénité.

Elle connaît une nouvelle naissance.

Sur son lit de mort, à sa demande, elle est habillée de blanc. Le chemin avait été nivelé pour la Rencontre, pour le Ciel.

 

Chiara Lubich

 

NB : Selon la TOB (Traduction Œcuménique de la Bible) : « Dégagez un chemin pour le Seigneur, nivelez dans la steppe une chaussée pour notre Dieu. » (Es 40,3/Is 40,3)

1 Jn 1, 14.

2 Cf. Ap 3, 20

3 Mc 7, 21-22 « intentions mauvaises, inconduite, vols, meurtres, adultères, cupidité, perversités, ruses, débauche, envie, injures, vanité, déraison… » selon la TOB.

4 Cf. Ps 103, 8

 

Les relations humaines et le Droit : quelle place pour la fraternité ?

 PROGRAMME Vendredi 18 novembre 9 h 30 Communion et droit : origines, proposition, idéal Maria Voce, commission centrale Communion et droit Message de Chiara Lubich Fondatrice et présidente du mouvement des Focolari Introduit par Giovanni Caso, président honoraire de la Cour suprême de cassation, Italie Réflexions sur fraternité et droit Fausto Goria, professeur de droit romain, université de Turin, Italie 15 h 30 SESSION DE DROIT PUBLIC ET INTERNATIONAL PRESIDEE PAR MARCO AQUINI Enseignant en coopération au développement, université Angelicum, Rome Éléments de fraternité en droit constitutionnel Agnès Bernhard (Autriche), conseillère en droit constitutionnel et communautaire Un espace possible pour le principe de fraternité en droit administratif Nino Gentile (Italie), avocat spécialisé dans le droit administratif Une expérience de résolution alternative des conflits au Pérou Cesar Guzman Barrón (Pérou), directeur du centre d’analyse et résolution des conflits, université catholique du Pérou Relations entre citoyens et administration : un quartier pilote à Gela, Sicile Rocco Galdini (Italie) A la recherche de la fraternité dans le droit de la communauté internationale Vincenzo Buonomo (Italie), professeur de droit international, université du Latran, Rome Fraternité et Droits de l’Homme : l’article 1 de la déclaration universelle Marco Aquini (Italie), enseignant en coopération au développement, université Angelicum, Rome Humanité et subjectivité internationale Esther Salamanca (Espagne), professeur de droit international Partenariat dans la coopération internationale Salvina Infantino (Italie), vice-présidente de l’ONG Azione per un Mondo Unito (AMU) Samedi 19 novembre 9 h 30 SESSION DE DROIT PRIVÉ PRESIDEE PAR FAUSTO GORIA Professeur de droit romain, université de Turin, Italie Relations juridiques et fraternité Oscar Vasquez (Argentine), magistrat et professeur de droit en procédure civile Université du congrès, Mendoza Éléments de fraternité dans le droit d’entreprise Amy Uelmen (USA), directeur de l’Institut de religion, droit et éthique étrangère, école de Loi, Fordham university, New York Le conseiller juridique d’entreprise Salvador Morillas Gomes (Espagne), avocat Collégialité dans la gestion d’entreprise Mario Spreafico (Italie), comptable L’économie de communion et l’ÉdeC Beatrice Vecchione (Italie), conseillère E di C, s.p.a. La fraternité dans les lois de famille Angel Cano (Saint-Domingue), avocat, membre de la commission de rédaction du code de famille Le juge et la famille Adeline de Lataulade (France), magistrat, Paris L’institution de l’adoption internationale et la réalité sociale brésilienne Munir Cury (Brésil), magistrat, membre de la commission de rédaction du statut de l’enfant et de l’adolescent Expériences de médiation dans des conflits familiaux Martha Uelmen (USA), avocate Expérience d’un avocat de famille Mary O’Malley (Irlande), avocate Une école pour médiateurs familiaux Carlo Fusco (Italie), avocat Lafayette Pozzoli (Brésil), avocat La conciliation comme méthode ordinaire de résolution des conflits Antonio Caputo (Italie), notaire SESSION DE DROIT PÉNAL PRESIDEE PAR ANNE DE PARDON Magistrat, Paris Droit pénal et fraternité Adriana Cosseddu (Italie), professeur de droit pénal commercial Expérience de traitement des drogués Gerald Uelmen (USA), avocat La fraternité comme critère d’application des normes juridiques Elena Massucco (Italie), magistrat Expérience d’un avocat pénaliste Orazio Moscatello (Italie), avocat L’exécution de la peine à l’horizon de la fraternité Pedro Vaz Patto (Portugal), magistrat Communauté Emmaüs pour la réinsertion sociale des anciens détenus Expérience et vidéo – Autriche Le projet « Georgia Justice » Douglas B. Ammar (USA), avocat SOIREE ARTISTIQUE CONCERT DE PIANO – ENRICO POMPILI Dimanche 20 novembre SESSION DE CLÔTURE 9 h 30 Table ronde : confrontation et dialogue sur les thèmes du congrès entre intervenants et participants Modérateur Giovanni Caso

La fraternité pour revitaliser les relations et humaniser la justice

La fraternité pour revitaliser les relations et humaniser la justice

Fin du 1er congrès international : « Les relations dans le domaine juridique : quel espace pour la fraternité ? », organisé du 18 au 20 novembre par « Comunione e Diritto », du mouvement des Focolari, au centre mariapolis de Castel Gandolfo (Rome).

La fraternité peut devenir une nouvelle sève pour revitaliser les relations et humaniser la justice. Elle ouvre de nouvelles perspectives au niveau culturel. C’est ce qui ressort des 3 journées intenses qui ont rassemblé 700 professionnels du droit : magistrats, professeurs d’université, avocats et étudiants de 35 pays sur les quatre continents.
 
 Un riche échange de réflexions et d’expériences qui s’est conclu par un salut du président de l’association nationale des magistrats, Ciro Riviezzo.

Fraternité et droit. Une proposition qui a des racines très anciennes. On en trouve des traces dans le droit romain et des développements au Moyen-Âge, avant d’arriver au fameux trinôme « liberté, égalité, fraternité » de la révolution française, comme l’a relevé le professeur Fausto Goria de l’université de Turin.

Mais quelle fraternité ? Chiara Lubich, fondatrice et présidente du mouvement des Focolari, ouvre un vaste horizon dans son message lu à l’ouverture du congrès : « La fraternité est inscrite dans l’ADN de tout homme, elle en constitue la vocation ultime. Elle correspond au dessein de Dieu de pleine réalisation de l’homme et de l’humanité » et elle peut être mise en pratique en étendant aussi au monde juridique le commandement évangélique de l’amour réciproque.
C’est dans cette perspective qu’ont été abordés les différents domaines du droit et de la justice.

Droit international : il en est ressorti que le principe de fraternité peut inspirer des modèles concrets d’intervention et des méthodes d’analyse dans le processus actuel d’interdépendance croissante entre les peuples.

Droit administratif : dans les relations entre l’administration et les citoyens, ce principe peut constituer un « accélérateur » pour mettre en actes la participation démocratique.

Droit privé : dans le droit de la famille apparaissent de nouvelles figures comme le médiateur familial pour la protection de la famille et la résolution des conflits ; dans le droit économique, la fraternité peut tempérer la logique du profit et faire naître des entreprises gérées selon les principes de l’Économie de communion.

Droit pénal : le délit est actuellement considéré essentiellement comme une violation de la loi, plus que comme une offense à la victime et une blessure au tissu des relations sociales. On ne peut se limiter à la « justice rétributive », il est nécessaire d’instaurer une « justice restauratrice » des relations.

Les avancées se font ensemble et non isolément. C’est la constatation faite dans les conclusions par les membres de la commission centrale Communion et Droit, présidée par le magistrat Gianni Caso, ancien juge à la cour suprême de cassation. Le réseau de relations qui s’est tissé lors de cette rencontre continuera à distance par un échange d’expériences et de réflexions pour travailler à une justice qui réponde de mieux en mieux aux besoins de l’humanité.

« Zenit », le nouveau CD du Gen Rosso

« Zenit », le nouveau CD du Gen Rosso

 

Le Gen Rosso fête ses 40 ans avec une nouvelle production discographique. Dix morceaux choisis parmi les chansons les plus importantes et les plus appréciées sur les 300 qui constituent son répertoire, revisitées par de nouveaux arrangements. Avec aussi un morceau inédit. Dans « Zenit », fruit d’une précieuse collaboration avec plusieurs musiciens, des chanteurs italiens se produisent en duo avec les solistes du Gen Rosso : Francesco Guccini, Antonella Ruggiero, Rosalia Misseri, Francesco Silvestre (Modà), Cheryl Porter, Kate Kelly. Ils ont prêté leur voix à un album qui allie message et sensibilité musicale raffinée, partageant la richesse des valeurs véhiculées de puis le début par le Gen Rosso. « Zenit » a été présenté à la presse à Rome le 17 novembre 2005, en présence des artistes qui ont collaboré à sa réalisation. Le nouveau CD est distribué par Multimedia San Paolo. Une partie des bénéfices contribuera à financer un nouveau centre multiculturel et interreligieux en faveur du dialogue entre les peuples à Jérusalem. Multiethnique par sa naissance, œcuménique par vocation, porte-voix musical d’amour, de paix et de fraternité, tel est le Gen Rosso qui en 40 ans s’est affirmé comme une des expressions les plus mûres de la musique inspirée par les valeurs de la culture chrétienne. Musiciens, chanteurs, danseurs et techniciens unissent leur bagage professionnel et humain pour donner vie à une expérience musicale unique. 2 000 concerts, 170 tournées dans 43 pays, 54 albums et 300 chansons publiées.

La force de l’évangile dans les camps de réfugiés

En octobre, à la fin de la semaine Monde Uni 2005, une conférence téléphonique a relié des jeunes du monde entier. De Tanzanie, deux amis ont raconté leur expérience. Quand la guerre a éclaté, ils ont fui le Burundi et se sont retrouvés dans un camp de réfugiés de la région de Kigoma. Ils ont porté témoignage de la force de l’unité et de la cohérence chrétienne, qui rend forts les doux et, avec d’autres, ils ont éclairé ce camp d’un rayon d’espérance. Maintenant tous deux ont commencé des études de journalisme. Ils ont pu sortir du camp de réfugiés pour aller à la faculté grâce aux bourses d’études données par le Projet Afrique. « En 1993, quand la guerre civile a commencé au Burundi – raconte R. – je vivais avec ma famille, j’étais un petit garçon et j’essayais de vivre l’évangile. Là, dans ce climat de violence et de haine, je trouvais la force de continuer à aimer tout le monde, même les ennemis, et la certitude que le bien l’emporte toujours sur le mal. Un jour, avec ma famille, nous avons aidé des enfants de l’autre ethnie. Nous aurions dû les considérer comme des ennemis, mais nous avons réussi à les sauver, au péril de notre vie. En 1996, la situation a empiré. Il y avait beaucoup de violence dans mon école et j’ai été torturé. Même dans cette situation, j’ai prié Dieu de me donner la force de pardonner et d’aider mes frères à changer de vie. Cependant, j’étais en danger et j’ai été contraint de fuir. J’ai trouvé refuge dans un camp de réfugiés de Tanzanie, dans la région de Kigoma, où j’ai vécu neuf ans. » « Notre vie dans les camps n’était pas facile – continue K. – nous avons affronté de grandes difficultés : tout nous manquait, le toit, la nourriture, les vêtements… Mais notre choix de vivre le christianisme de façon cohérente nous a aidés, un choix qui nous a amenés à faire de chaque difficulté un tremplin et à la transformer en amour. Nous étions 42 JPMU (Jeunes Pour un Monde Uni) dans notre camp. Cette année, nous avons pu construire deux cases de banco (argile et paille) pour deux réfugiés âgés qui n’avaient pas où habiter… Nous sommes aussi allés dans deux “écoles supérieures” du camp pour partager avec les autres jeunes nos expériences d’évangile vécu. Grâce au soutien financier de beaucoup de jeunes du monde entier dans le cadre du Projet Afrique, nous avons pu monter de petits commerces comme la vente de manioc, de maïs et d’huile de palme. Il y a quelques semaines, toujours grâce à cette aide concrète, nous avons reçu un don. Nous avons pu alors quitter le camp de réfugiés et entrer vraiment en Tanzanie où, avec deux bourses d’études, nous pouvons maintenant suivre les cours à l’école de journalisme. » (R. et K. – Tanzanie)

Novembre 2005

Par cette béatitude de la douceur, Jésus nous propose d’être nous-mêmes des « provocateurs » d’un nouveau genre : de tendre l’autre joue, de faire du bien à ceux qui nous font du mal, de donner aussi notre manteau à qui nous demande notre vêtement… Cette béatitude nous apprend à vaincre le mal par le bien. Et, à ceux qui vivent ainsi, Jésus fait cette stupéfiante promesse :

«… ils auront la terre en partage. »

La promesse de la terre évoque une autre patrie, celle de Jésus. Dans la première et la dernière béatitude, Il l’appelle « Royaume des cieux ». Elle consiste dans la vie en communion avec Dieu, dans la plénitude de vie qui n’aura pas de fin.

Celui qui vit cette douceur-là est heureux dès maintenant. Car dès maintenant il voit la possibilité de changer le monde autour de lui, principalement en transformant les relations avec autrui. Il devient « signe de contradiction » dans une société dominée souvent par la violence, l’arrogance et les rapports de force. Il y répand la justice, la compréhension, la tolérance, la douceur, l’estime des autres.

Les doux travaillent à l’édification d’une société plus juste et plus vraie – évangélique – et savent qu’ils se préparent à recevoir le Royaume des cieux en héritage et à vivre dans « des cieux nouveaux et une terre nouvelle ».

« Heureux les doux, ils auront la terre en partage. »

Comment vivre cette Parole de Vie ? Il suffit de regarder comment Jésus a vécu, lui qui a dit : « Sachez que je suis doux et humble de cœur. » 1 À son école, la douceur apparaît comme une qualité de l’amour. L’amour vrai, celui que l’Esprit Saint a diffusé dans nos cœurs, est en effet « joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, douceur, maîtrise de soi. » 2

Oui, celui qui aime de cet amour-là ne vit ni dans l’agitation ni dans la hâte, il n’offense, ni n’injurie personne. Celui qui aime se domine, il est doux et patient.

Existe-t-il un « art d’aimer » évangélique ? Bien sûr. Il émane même de tout l’Evangile. Dans notre mouvement, les enfants l’apprennent. Je sais qu’ils jouent avec un dé spécial qu’ils appellent le « dé de l’amour ». Chacune des faces porte une phrase expliquant comment aimer, en suivant l’enseignement de Jésus : aimer tout le monde, s’aimer réciproquement, être les premiers à aimer, se faire un avec l’autre, aimer Jésus dans l’autre, aimer son ennemi. Ils lancent le dé au début de chaque journée et s’efforcent de mettre en pratique la phrase qu’ils ont tirée. Ensuite, ils racontent comment ils l’ont vécue.

Un jour le papa de François, un enfant de trois ans qui vit à Caracas, rentre à la maison irrité parce qu’il s’est disputé avec un de ses collègues. Il le raconte à sa femme, qui en veut elle aussi à cet homme. François va chercher son dé et leur dit : « Lancez le dé de l’amour ! » Ils le font tous ensemble : « Aime ton ennemi », est la phrase qui apparaît. Les parents comprennent…

Si nous regardons autour de nous, nous nous apercevrons qu’il existe des personnes qui rayonnent la douceur dans leur vie quotidienne. De grands personnages qui ont quitté cette terre et dont la vie a eu un impact sur la société et sur l’histoire – comme Jean-Paul II, Mère Teresa de Calcutta, Roger Schutz – nous en ont laissé un exemple convaincant.

Chiara Lubich

1 Mt 11, 29

2 Ga 5, 22

Dans les hôpitaux, les musulmans donnent une grande leçon de foi

Dans les hôpitaux, les musulmans donnent une grande leçon de foi

  Le tableau dramatique des conséquences du séisme qui a frappé le Cachemire est bien connu: plus de 50.000 morts, 65.000 blessés et plus de 4 millions de sans-abri. Il y a encore des villages de montagne qui n’ont pas pu être contactés, même par hélicoptère. Les blessés transportés par hélicoptère dans les hôpitaux de Rawalpindi et d’Islamabad sont plus de 5.000, mais les structures ne sont absolument pas adaptées. L’urgence sanitaire augmente d’heure en heure, avec le risque de propagation d’épidémies et d’infections. On compte déjà de nombreux cas de tétanos. La terre continue de trembler. Il ne s’agit pas de faibles répliques, mais de fortes secousses sismiques. Les nuits sont très perturbées, et de jour, l’activité de secours est très intense. Mais on assiste à un extraordinaire mouvement de générosité de la part d’un grand nombre de pays et d’organisations internationales – même si tout cela est insuffisant, face à l’ampleur du séisme. Certains ont dit que les aides, arrivées très rapidement d’Europe et des Etats-Unis, sont un baume sur la plaie ouverte entre l’Occident et le monde islamique. On est frappé par la générosité de la population. Une générosité qui ne connaît pas de frontières de classe, de religion, de nationalité. Au contact des blessés et des sans-abri qui ont tout perdu, nous recevons une grande leçon de foi. Une foi qui croit qu’au-delà de tout, il y a un Dieu qui nous aime et nous fait redécouvrir ce qui a vraiment de la valeur dans la vie. Voici les nouvelles qui nous parviennent de quelques amis chrétiens et musulmans du Pakistan. Ils nous ont écrit une lettre touchante qui nous aide à voir le visage humain de cette catastrophe: “Nous voudrions surtout partager avec vous l’histoire de quelques-unes des innombrables victimes du séisme, pour vous les faire connaître au moins un peu à travers ces quelques lignes. Nous voudrions prendre sur nos épaules un peu de leurs souffrances, pour qu’ils ne soient plus seuls et qu’ils se sentent compris et aidés dans leur situation”.

Voici leur témoignage: Avec les victimes du séisme dans les hôpitaux de Rawalpindi: “Les blessés, au fur et à mesure qu’ils étaient sortis des décombres, étaient transportés à Islamabad et à Rawalpindi et répartis dans les différents hôpitaux. Nous essayons d’apporter un réconfort aux blessés, car il n’y a personne pour les écouter, les laver et les aider. Tous les employés sanitaires des hôpitaux nous ont suggéré ce travail, qu’ils estimaient d’une nécessité absolue. Les gens ont besoin de raconter à quelqu’un ce qu’ils ont vécu. Nous sentions toute l’importance d’être là pour accueillir cette souffrance et être des signes concrets de l’amour de Dieu. Alexandre est allé au Rawalpindi General Hospital. Il raconte: “La scène qui s’est présentée à moi, à l’entrée de l’hôpital, m’a figé sur place; le hall d’entrée, les couloirs, le moindre endroit disponible, était occupé par des brancards et des lits d’enfants, où se tenaient des femmes, des hommes, des enfants, soignés à la hâte, certains visiblement dans un état grave; et tous, ou presque, étaient silencieux, le regard perdu, comme en état de choc” Mais la plus grande leçon nous vient précisément des victimes du tremblement de terre, que nous rencontrons dans les hôpitaux et qui nous racontent des histoires douloureuses et terrifiantes. Une étudiante de 17 ans: “J’étais en classe quand les premières secousses ont commencé; j’étais près de la porte et j’ai eu le réflexe de courir dehors. En me tournant, j’ai vu sous mes yeux la terre s’ouvrir et engloutir toute ma classe. Je suis la seule rescapée”. Beaucoup ont tout perdu, et, dans de nombreux cas, c’est leur famille tout entière qu’ils ont perdue. Mais grâce à la foi qu’ils puisent dans l’Islam, ces gens croient au-delà de tout qu’il y a un Dieu qui les aime, et redécouvrent ce qui a vraiment de la valeur dans la vie. Aujourd’hui Rani, en visitant un secteur de l’hôpital, s’arrête auprès d’une petite fille; elle est encore en état de choc, elle a une jambe plâtrée et une blessure à l’autre. Elle lui offre une pomme et la petite ébauche un sourire, mais elle ne parle pas. Le papa intervient avec douceur: “Allez, dis comment tu t’appelles”, dit-il avec un grand sourire. Rani, émue par cette scène, lui demande où est sa femme. “Elle n’est plus là”, répond-il, avec le même sourire et la même sérénité bouleversante. Dans cette atmosphère de gratitude réciproque, tout semble passer au second plan, pour ne laisser place qu’à l’amour concret et réel, qui fait de nous une seule famille.

La «chose publique» est une affaire qui me concerne

 Il y a quelque temps, j’ai appris par la presse qu’une jeune fille aux Etats-Unis, P.C. âgée de 18 ans, était condamnée à mort. Je n’ai jamais approuvé la peine de mort et, en lisant son histoire, j’ai ressenti encore plus fort tout ce qu’elle a d’absurde. Que faire ? Je n’arrive même pas à me faire enlever une amende que j’ai eue en ville ! Qu’est-ce que je peux faire auprès d’un tribunal, et, de plus, un tribunal étranger ? Beaucoup de gens sont contre la peine de mort, mais, passée l’émotion médiatique, plus personne n’en parle. Ne voulant pas rester à attendre passivement, je commence à faire circuler une pétition dans ma classe, puis dans toute l’école et je vais au siège du journal local, qui décide de faire un petit article. A la suite de cela, quelques hommes politiques adhérent à la pétition, et l’évêque aussi. Le journal, qui ne s’y attendait pas du tout, m’accorde un espace pour un autre court article. De nouvelles signatures arrivent. Deux mois se passent, et le journal ne s’y intéresse plus, mais il y a beaucoup à faire : Je photocopie chaque feuille de signatures reçues, que j’envoie à cinq endroits différents : à des ambassades, à l’ONU, à des juges, etc., et cela me coûte aussi un peu financièrement. Le découragement s’insinue en moi, mais je veux faire ma part jusqu’au bout. Or, voilà que je reçois, quand je ne m’y attendais pas, une invitation d’une chaîne de télévision nationale dans l’un de ses programmes de grande écoute. Après la première apparition à la télévision, un petit groupe de jeunes se constitue pour m’aider, et je reçois aussi une aide financière d’une inconnue de Gênes. Je reçois aussi des signatures de personnes célèbres au niveau national, et je suis invité de nouveau à la même émission de télévision. Le groupe est même invité à une conférence, organisée dans ma ville par le journal qui nous avait laissés tomber. A la fin, nous totalisons plus de 45.000 signatures. Ce n’est sûrement pas seulement à cause de notre action, mais la jeune fille est graciée et nous recevons une lettre d’elle, nous remerciant avec beaucoup de chaleur.

Le monde uni est possible !

Le monde uni est possible !

 Cette année encore, et pour la dixième fois, la Semaine Monde Uni se déroule en même temps dans les principales villes des cinq continents : dans les pays frappés par le tsunami, aux Etats-Unis, en Afrique, à Moscou, en Terre de Feu, au Moyen-Orient et en d’autres points chauds de la planète.

Le slogan choisi pour cette année : « Give a hand to our city » (Mettons la main à la pâte dans notre ville) montre l’engagement des « Jeunes pour un Monde Uni » (JPMU) – qui en sont les organisateurs – pour leur ville, leur pays ou leur village. Ils sont avant tout attentifs à ceux qui sont dans le besoin et interpellent en leur faveur les institutions et les administrations locales, afin d’amener le plus grand nombre de personnes à croire que « le monde uni est possible ! ».
Les jeunes prennent le relais des ados qui viennent de terminer leur course de relais « Run4 unity », qui s’est déroulée dans 300 villes.

La Semaine Monde Uni se terminera les 15 et 16 octobre avec deux « liaisons téléphoniques planétaires » au cours desquelles les jeunes, rassemblés en une centaine de villes sur toute la planète, écouteront un message de Chiara Lubich et échangeront leurs impressions et expériences.

La Semaine Monde Uni est née il y a 10 ans. A la fin du Genfest 1995, à Rome, « une proposition nous a été lancée, à tous, aux jeunes du monde entier, aux institutions nationales et internationales, publiques et privées, à tous. Sous forme de rendez-vous : la Semaine Monde uni. Son but ? Mettre en évidence et valoriser les initiatives qui veulent promouvoir l’unité… à tous les niveaux ». Dix ans plus tard, le bilan est extrêmement positif. Toutes les éditions de cette manifestation ont bénéficié d’une grande participation en tous points de la terre.

Faisons revivre nos villes

Faisons revivre nos villes

« Faisons revivre nos villes », c’est le slogan de la course de relais internationale « Run4unity » : des ados de langues, cultures et religions différentes se sont donné rendez-vous dimanche 9 octobre entre 11 heures et midi dans des lieux symboliques de leurs pays pour demander que se réalise au plus vite la fraternité universelle. Une journée sportive, pour témoigner de l’engagement à construire un monde uni, en partant de différentes villes et en vivant la Règle d’or : « Agis avec les autres comme tu voudrais qu’on agisse envers toi », que l’on trouve dans l’évangile et dans les livres sacrés des principales religions du monde. A pied, en patins, à vélo, ils feront la course vers un lieu où existent de vives tensions ou bien un lieu symbole de paix. Une communion des biens sera réalisée entre les pays du Nord et ceux du Sud :objets qui seront redistribués à d’autres jeunes moins favorisés ou participer à des bourses d’étude pour des jeunes de pays pauvres ou en guerre.

En temps réel : Du samedi 8 octobre à 11 heures au dimanche 9 à 11 heures auront lieu des informations par radio en streaming et des liaisons téléphoniques avec Nouméa (Nouvelle Calédonie), Coimbatore (Inde), Jérusalem, Fontem (Cameroun), Buenos Aires, Sao Paolo et New York.

Du 10 au 16 octobre, les ados passeront le relais aux jeunes du mouvement des Focolari pour la Semaine Monde Uni www.mondounito.net , rendez-vous mondial, avec diverses manifestations et actions pour la paix et l’unité à tous les niveaux, pour sensibiliser l’opinion publique et les institutions à l’idéal du monde uni et réaliser des pans de fraternité.