Mouvement des Focolari
Rendez-vous en 2009 : « Des villes unies pour un monde uni »

Rendez-vous en 2009 : « Des villes unies pour un monde uni »

C’est par cette consigne projetée dans l’avenir, en 2009, que s’est terminée la manifestation de Budapest : « Maintenant, le défi est lancé à chacun de nous : nos pays, nos villes nous attendent ». Valeria Ronchetti et Giuseppe di Giacomo, proches collaborateurs de la fondatrice des Focolari, ont annoncé : « Chiara Lubich a eu cette idée : réunir dans trois ans, en 2009, à une date précise, toutes nos villes en un seul réseau qui montre les fragments de fraternité réalisée ». Cette future manifestation a déjà trouvé son titre : « Des villes unies pour un monde uni ». La proposition a été accueillie avec enthousiasme. De nouvelles perspectives s’ouvrent donc, après le rassemblement de Budapest qui a montré l’impact novateur de la fraternité dans le monde économique (présenté le matin) et les tentatives de réponse aux défis posés par la communication, à ces maux répandus que sont l’illégalité et la corruption, à la crise de la politique (dans la deuxième partie de la journée). La fraternité comme antidote à la pratique courante de l’illégalité et de la corruption a été au centre de la table ronde sur le droit. Simon Borg, professeur de droit international à l’université de Louvain, en Belgique, a montré comment considérer la justice autrement que sous le seul aspect de la répression. Le sens de la fraternité – a-t-il déclaré – demande de prendre en charge les situations de souffrance sociale, de mettre tout en œuvre pour en éliminer les causes et de ne pas se taire devant les injustices. Des choix pas faciles, mais réalisables. Marisa Gentiletti, argentine, mère de deux enfants, dont le petit-fils de 8 ans a disparu, en a porté le témoignage. Dans un pays où existe un vide légal qui ne garantit pas l’intervention immédiate de la police, Marisa a mis en place une vaste campagne de conscientisation et des initiatives concrètes pour la défense des mineurs. Son action a gagné l’opinion publique, les institutions et la police. Communication. La fraternité, dans ce domaine capital, représente un modèle de communication ayant pour objectif le monde uni. Avec pour base la valeur de la dignité humaine, la méthode est le dialogue et la règle est l’amour qui peut transformer radicalement la communication. C’est ce qu’a développé Manuel Bru, professeur à l’université San Pablo-CEU de Madrid. Parmi les applications sur le terrain, Geert Vanoverschelde, belge, responsable d’une importante entreprise de production de télévision, a montré comment il est possible de conjuguer qualité, programmes positifs et succès d’audience. La fraternité ouvre aussi de nouveaux horizons dans le domaine de la politique. C’est l’expérience du Mouvement politique pour l’unité (MPPU), présent dans 15 pays, qui se définit comme « un laboratoire international de travail politique commun, entre citoyens, fonctionnaires, spécialistes et élus politiques à divers niveaux, qui placent la fraternité à la base de leur vie ». Lucia Fronza Crepaz, ancien député au parlement italien et présidente du MPPU, en a illustré les objectifs et les concrétisations. Parmi les témoignages, celui de César Romero, conseiller aux programmes de développement pour les paysans du Paraguay, qui s’emploie à atténuer les grandes disparités sociales. Grâce au MPPU, il a réussi à mettre en place un protocole d’entente et de jumelage pour soutenir et promouvoir un échange entre les politiques de développement local auquel 22 villes ont adhéré. La manifestation s’est achevée sur une chorégraphie intitulée « L’aube sur la ville ». Cinquante ans après, cette ville de Budapest qui a vécu en 1956 des heures dramatiques marquées par la violence est le point de départ d’un nouvel élan de renouveau et de fraternité avec l’espoir qu’il se propagera dans toutes les villes des 92 pays présents.  

Les Volontaires de Dieu

«Lorsque nous étions à Vienne, nous avons pu parler avec des groupes de réfugiés. Le monde a vraiment compris la tragédie de ce peuple et est accouru à son aide. En effet, les réfugiés ont pu recevoir tant de choses: la nourriture, la sucrerie, les vêtements, l’abris, la marque de bienveillance, mais surtout ils ont pu respirer la liberté. L’un d’entre nous s’est approché d’un jeune garçon de seize ans. Il tenait encore son fusil à la main. Il avait été bléssé au cours d’un combat et s’enorgueillissait d’avoir fait seize victimes. Mais quand on s’intéressa à lui plus particuliérment, il commença à pleurer et manifesta le désir de revoir sa mére. On lui demanda s’il connaissait Dieu. Non, répondit-il, nettement. Puis il ajouta qu’il avait entendu ses parents blasphémer Dieu. Ayant été élevé ainsi, il fut très surpris de L’entendre invoqué par sa mère, au début des désordres en Hongrie. Donc pour lui Dieu n’existait pas. Il en était de même pour de nombreux autres que nous avons côtoyés. Ce fut en face de cette destruction totale du nom de Dieu dans ces âmes que nous avons mieux compris et d’une manière plus profonde pourquoi le Saint Père avait exalté le nom de Dieu par ce cri: “Dieu! Dieu! Dieu!”. “Dieu vous aidera, Dieu sera votre force, Dieu! Dieu! Dieu! Que retentisse ce nom ineffable – source de tout droit, de toute justice et de toute liberté – dans les Parlements, sur les places, dans les habitations et dans les usines…” (Message radiodiffúsé de Sa Sainteté Pio XII le 10.11.1956). Si donc il y eut une société capable d’arracher du coeur des hommes le nom de Dieu, la providence de Dieu, l’amour de Dieu, il doit y avoir une société capable de Le remettre à sa vraie place. Dieu existe. Il existe. Non seulement parce que nous le croyons, mais parce que, dirai-je, nous le voyons.  Qui donc a fait cette terre magnifique ? Qui a parsemé le ciel d’étoiles ? Qui nous a donné une âme capable de distinguer le bien du mal ? Mais qui donc nous a créés? Dieu veut que l’on combatte pour Lui, afin de Le sauver dans l’humanité et de sauver l’humanité pour Lui!  Il faut des personnes qui suivent Jésus comme il veut être suivi ; en renonçant à soi-même et en prenant sa croix. Des personnes qui croient que cette arme, la croix, est plus puissante que les plus puissantes bombes atomiques, parce que la croix est un passage dans les âmes, au moyen duquel Dieu pénètre dans le coeur de Ses enfants et les fait Ses athlètes et Ses soldats. Aux forces du mal, il faut opposer les forces divines. Il faut faire un bloc d’hommes de tous les âges, de toutes les races, de toutes les conditions sociales, unis par le lien plus fort qui existe: l’amour réciproque que Dieu fait homme, en mourant, nous a laissés comme testament, comme idéal suprême et force insurpassable. L’amour réciproque qui fusionne les chrétiens dans une unité divine qu’aucune attaque de l’homme et du mal ne puisse atteindre; l’amour qui seul peut s’opposer à l’unité guidée par l’intérêt, par des motifs humains, par la haine. L ‘amour réciproque qui signifie: faire des gestes concrètes, projeter tout notre amour vers nos frères par amour de Dieu. Dans un mot, il faudrait d’authentiques disciples de Jésus, non seulement dans les convents, mais dans le monde. Il faudrait des disciples qui, volontairement, Le suivent, animés seulement par un amour illuminé pour Lui et pour son Eglise en cette heure de ténèbres. Il faut des personnes qui soient prêtes à tout pour que triomphent Dieu, Jésus, Marie, l’Evangile, l’Eglise. Il faut une armée de volontaires, parce que l’amour est libre. Il faut édifier une société nouvelle renouvelée par la Bonne Nouvelle, toujours ancienne et toujours nouvelle, où resplendissent, outre l’amour, la justice et la vérité. Une société qui dépasse en beauté et dans le concret toute autre société rêvée des hommes, qui soit un don de Dieu à Ses fils qui Le reconnaissent et L’adorent comme Père! Une sociétè qui rend témoignage à Dieu seul. Puisque, de même que pour ce réfugié hongrois, la liberté et le pain ne suffisaient pas, mais qu’il lui fallait sa mère (et ceci est le rappel à ce que la nature a de plus pur, le premier pas vers le Créateur), ainsi que pour ceux qui sont disséminés dans le monde et croient au triomphe des idées apparemment belles, mais menacées à la base par l’athéisme, le don de Dieu est nécessaire».

Dieu seul peut combler le vide creusé dans des âmes depuis tant d’années.

Chiara Lubich

15 janvier 1957

Leaders religieux réunis pour mettre en lumière le chemin de la paix

 

 « En un temps où la religion est manipulée par les extrémistes, les leaders religieux réunis à Kyoto démontrent au monde entier la capacité des communautés religieuses de mettre en lumière le sentier de la paix lorsqu’ils travaillent ensemble » a affirmé à la conclusion de la VIIIe Assemblée mondiale, le professeur Vendley, Secrétaire Général de la Conférence mondiale des Religions pour la Paix (WCRP). 2000 personnes ont participé à cette Assemblée.

Parmi les 800 délégués, provenant de plus de 100 pays, se trouvaient des représentants bouddhistes, chrétiens, Indous, Musulmans, Juifs, Sikhs, Shintoïstes, Zoroastriens et Indigènes. Et, parmi les musulmans figuraient des personnalités connues, comme l’ex président iranien Khatami et le prince de Jordanie, Hassan Tatal. Le rabbin David Rosen, président de la Commission internationale du judaïsme, conduisait la délégation juive. Et le cardinal Stephen Fumio Hamao, japonais, conduisait la représentation catholique, avec le cardinal bolivien, Mgr Julio Terrazas Sandoval.

Les leaders religieux d’Iraq, de Corée du Sud, du Sri Lanka et du Soudan ont démontré la capacité toute particulière de l’Assemblée de réunir des délégués provenant de zones en conflit. Les leaders religieux chiites, sunnites et kurdes d’Iraq, en conflit dans leur pays, ont affirmé dans une déclaration conjointe : « Nous avons parlé avec audace, courage et avec confiance. A présent, nous sommes engagés sur ce sentier de dialogue. Si Dieu le veut, nous rejoindrons une ligne verte de paix pour tout l’Iraq. » Les représentants hindous et bouddhistes provenant du Sri Lanka se sont serré la main publiquement et ils ont demandé le cessez-le-feu et la reprise des pourparlers de paix.

A la conclusion de l’Assemblée, les délégués ont adopté les vingt recommandations d’une Déclaration qui « place les communautés religieuses au centre des efforts pour faire front localement à la violence sous toutes ses formes ». Le document est adressé aux leaders religieux mais également aux gouvernements et aux organisations internationales pour faire avancer la sécurité de tous par le soutien, l’éducation, la collaboration réciproques entre les communautés religieuses.

Les racines spirituelles du dialogue entre les religions et leur engagement pour la paix ont été au centre du message de Chiara Lubich, l’une des présidents honoraires de la WCRP, représentée par une délégation internationale du Mouvement des Focolari. La présidente des Focolari a mis l’accent sur l’ « amour qui unit », « celui que chacun d’entre nous, en commençant par lui-même, peut insuffler dans toutes ses relations ». Jusqu’à « faire resplendir, ensemble, par l’amour réciproque la présence de Quelqu’un qui nous transcende et qui est infiniment plus grand que nous ». « Une présence nouvelle de Dieu qui apporte tolérance, compréhension, pardon, paix, joie et allume cette flamme d’amour qui crée la communion entre les hommes, éclaire le chemin de l’existence et ne peut que toucher le cœur de tous ».

Deux sessions de l’Assemblée mondiale ont donné la parole aux femmes et aux jeunes des différents credo. 400 participants de 65 pays ont conclu l’Assemblée des femmes des Religions pour la Paix, le 25 août, avec une déclaration où est affirmé notamment que « les femmes de foi redonnent force et espérance lorsque tout semble sans espoir ». L’Assemblée des jeunes, réunis à Hiroshima du 21 au 25 août a proclamé dans une autre déclaration que les jeunes choisissent « l’espérance car c’est la seule voie pour progresser ».

La Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (WCRP) est le plus grand organisme mondial qui regroupe des leaders et des organisations des différentes religions. Instituée en 1970, elle est fondée sur le principe du respect profond des diversités religieuses. Elle promeut la coopération pour apaiser les conflits, construire la paix et le développement. Ces grandes rencontres périodiques favorisent avant tout la connaissance réciproque et le dialogue.

Cardinal Willebrands : « Un pasteur infatigable pour l’unité »

« L’amour que le Christ a demandé à Pierre ne se limite pas à un groupe, ni seulement à l’Eglise catholique : tous sont ses brebis. Et pour cela, l’amour s’adresse à tous les chrétiens et cet amour requiert avant tout l’unité car lorsqu’une famille est divisée, c’est une grande souffrance. C’est dans cet esprit que j’ai compris cette nouvelle mission et je l’ai remplie de tout mon cœur et avec toutes les forces – spirituelles et matérielles – que Dieu m’a données. Le Seigneur m’a béni et je lui suis profondément reconnaissant de s’être servi aussi longtemps de mon travail pour son Eglise. » C’est le témoignage direct du cardinal Johannes Willebrands en 1989, lors d’une interview sur Radio Vatican ; il avait 80 ans et se terminait pour lui, en raison de son âge, sa charge de Président du conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Benoît XVI : « Un pasteur infatigable au service du peuple de Dieu et de l’unité de l’Eglise», qui a donné, dit encore le Pape, « un nouvel élan au dialogue œcuménique ». C’est en ces termes que Benoît XVI a défini le cardinal Willebrands, le 2 août dernier, dans le télégramme qui annonçait son décès à l’âge de 97 ans. Il remerciait le Seigneur pour sa vie. Son engagement au service de la cause œcuménique avait débuté en 1951, 10 ans avant le début du Concile Vatican II . Quelques notes biographiques Le cardinal Johannes Willebrands est né en 1909 à Bovenkarspel, aux Pays-Bas. Professeur de philosophie puis recteur du Grand Séminaire de Warmond, en Hollande, il manifeste tout de suite un vif intérêt pour la cause de l’union des chrétiens, organisant en 1951 la Conférence catholique pour la question œcuménique. En 1958, l’épiscopat hollandais le désigne comme délégué pour les activités œcuméniques et, deux ans plus tard, Jean XXIII le nomme secrétaire du Secrétariat pour l’Union des chrétiens à peine constitué qui, au cours du Concile Vatican II va s’occuper, sous la houlette du cardinal Béa, de la préparation des documents relatifs à l’œcuménisme, à la liberté religieuse et aux relations avec les religions non-chrétiennes. Consacré évêque en 1964, il promeut un grand nombre d’initiatives pour intensifier le dialogue entre l’Eglise catholique et les autres Eglises chrétiennes, avecde nombreux contacts avec des orthodoxes, des anglicans et des luthériens. Il succède au cardinal Bea en 1969 : Paul VI le nomme président du Secrétariat pour l’Union des Chrétiens (qui deviendra ensuite le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens), le faisant cardinal peu de temps après. Témoignage des frères de différentes Eglises Parmi les nombreux témoignages de nos frères et sœurs de différentes Eglises, évoquons un épisode significatif dont le pasteur luthérien allemand Dieter Fürst a été le témoin. En 1986, rappelant une rencontre du cardinal Willebrands avec un groupe de luthériens au Centre Un – Centre œcuménique des Focolari – à Rome, le pasteur Fürst se souvient qu’avant de rencontrer le cardinal, « ils craignaient que la grande, puissante Eglise catholique veuille écraser la petite, la faible Eglise évangélique ». Le pasteur ajoute que, parmi les participants à cette rencontre, se trouvaient également des représentants des Eglises libres, qui nourrissent cette crainte de manière toute spéciale. Mais les paroles du cardinal Willebrands ont été si paternelles et remplies d’Esprit Saint qu’elles sont suscité l’enthousiasme de la part de ces frères : « Le cardinal, ont-ils déclaré ensuite, nous a montré l’Eglise et la chrétienté dans une dimension beaucoup plus vaste que celle que nous avions auparavant. » L’encouragement à l’œcuménisme des Focolari Le card. Willebrands a souligné à plusieurs reprises l’importance du baptême : « Une des grandes thèses et positions que le card. Béa a toujours défendue pendant le Concile, est le fait que, par le Baptême, nous sommes tous nés à une vie nouvelle, même si cette vie s’est développée ensuite le long de sentiers différents ; nous devons néanmoins partir de ce fondement commun, de cet ‘être famille’ du Christ. » Le cardinal avait exprimé à plusieurs occasions son estime pour la spiritualité du focolare, pour sa contribution à l’édification de la « famille du Christ ». Citons quelques passages d’une de ses interventions, faite lors de l’inauguration d’un Centre des Focolari à Baak, dans son diocèse d’Utrecht, en Hollande, le 24 septembre 1983. Ces extraits sont tirés d’un article publié le 25 septembre 83 dans la revue Città Nuova, sous la signature de Gabri Fallacara, responsable du Centre Un des Focolari. « Le cardinal Willebrands ouvre l’inauguration par une synthèse des contacts – qui remontent aux années 60 – entre Chiara Lubich, pour le mouvement œcuménique et le card. Bea. » « Au cours de ces années, raconte-t-il, intervenant aux rencontres d’anglicans, orthodoxes ou luthériens qui se tenaient au Centre Mariapolis de Rocca di Papa, j’ai pu constater à quel point cette œuvre du Focolare en faveur du Mouvement œcuménique était précieuse, et pas seulement pour le fait qu’ils organisaient des rencontres pour des chrétiens d’autres dénominations. Mais aussi parce que j’ai senti émerger, du cœur même du Mouvement, que sa spiritualité, dans son inspiration la plus profonde, est une contribution significative pour rétablir l’union de tous les chrétiens : le Mouvement des Focolari, d’une certaine manière, prend dans son cœur le grand mouvement vers l’unité et le soutient. » Il cite comme exemple les paroles d’un archiprêtre orthodoxe russe, Borovoi, qui fut un observateur au Concile Vatican II. Ayant participé à une de ces rencontres œcuméniques, il avait dit : « Diffusez cet esprit. L’unité des chrétiens s’actualisera alors, en partant de l’amour de Dieu qui, d’une certaine manière, est communiqué ici. » Le card. Willebrands ajoute ensuite : « C’est vraiment ce que j’ai expérimenté ici. » « En vivant cet amour, nous faisons déjà de la théologie et nous la construisons, dit-il encore. J’ai été frappé avant tout, pour sa signification œcuménique, de la possibilité que le Mouvement des Focolari, en tant que mouvement catholique, organise ces rencontres pour des chrétiens d’autres confessions et qu’il permette à des chrétiens d’autres Eglises de faire partie de ce Mouvement ; que cet esprit de famille en Christ puisse exister aussi entre tous ceux qui, par le baptême, sont nés à une nouvelle vie en Lui, devenant frères et sœurs. »

Lueurs de paix dans le Liban en flammes

 

A Biacout, comme dans tous les villages libanais qui n’ont pas encore été visés par les bombardements, affluent des familles qui ont fui les régions du sud de Beyrouth, chrétiennes et musulmanes sans distinction. C’est un petit quartier pilote créé pendant la guerre, dans les années quatre-vingts, par des volontaires des Focolari, pour en faire une oasis de paix et de convivialité. Il retrouve aujourd’hui un nouveau visage de sa vocation première.

Au centre médicosocial, nous rencontrons Acia que nous avions connue il y a vingt ans, quand elle avait fui son village du sud Liban avec sa famille et des centaines d’autres personnes. Nous l’avions trouvée sur une plage, sans abri, sans nourriture, dépourvue de tout. Nous nous étions faits proches d’elle et depuis, nous sommes restés en relation.

Aujourd’hui, l’histoire se répète. Acia accueille chez elle trois familles de son village natal et deux personnes âgées. Sa situation précaire ne l’empêche pas de tout partager avec eux. « Nous nous arrangeons au mieux – dit-elle – heureusement que nous sommes en été, les hommes dorment sur la terrasse, mais nous avons besoin de matelas et surtout de médicaments pour les enfants, pour ma mère et ma belle-mère et aussi pour mon mari ». Depuis un an en effet, son mari est atteint de la maladie de Charcot et doit suivre un traitement en permanence. Elle continue : « Aujourd’hui ma voisine vient d’accueillir d’autres familles qui sont dans une situation encore plus déplorable. Ils manquent de tout ».

Nous partageons ce que nous avons et nous continuons notre tournée. Nous arrivons à la maison Notre Dame, qui a été construite en pleine guerre pour être un lieu de paix, d’écoute et de partage. Sawsan, la maîtresse d’école, héberge huit familles musulmanes. Elles remercient Allah d’être arrivées là et espèrent retrouver sains et saufs les membres de leur famille qui habitent près de la frontière.

« Qu’Allah brûle tous ceux qui tuent ! » s’exclame l’une des femmes en colère. Puis aussitôt : « C’est plus fort que moi, je m’échauffe et me mets en colère à cause des événements, à cause de ce qui nous est arrivé, mais je sais que de l’autre côté de la frontière, les autres souffrent autant que nous de la furie de cette guerre ». Fatmé ajoute : « Nous sommes tous enfants de Dieu. Qu’Allah, le tout-puissant, calme les cœurs et les esprits et nous fasse retrouver la paix ».

Arrive Wardé, une jeune chrétienne qui a fui le sud pendant la dernière guerre avec son mari et ses enfants. Il y a peu de temps, elle était retournée vivre dans le sud. « Nous voilà de retour à Biacout. Rendons grâce à Dieu, personne n’a été blessé ! Nous sommes trois familles à habiter ensemble. Nous n’avons rien et nous avons peur de ce qui arrive et de ce qui nous attend peut-être encore ».

Tandis que nous parlons, je vois de longs chapelets entre les mains de quelques femmes chiites. Elles invoquent Allah le Grand et le louent en lui rendant grâce. Nous nous quittons sur cette belle note spirituelle.

Wardé nous accompagne et nous partageons son angoisse. Nous retournons à la voiture avec au cœur la douceur de ces instants passés ensemble à la maison Notre Dame et l’amertume du cri de douleur qui s’élève partout.
                                                                                                                                                                

                                                                                                                                                                                    Mona

Nouvel appel du Liban

 

La communauté du Mouvement au Liban nous a envoyé un nouveau témoignage, un aperçu du drame que vit la population chrétienne et musulmane de ce petit pays, et de l’engagement en faveur de la paix et de la solidarité qui l’emporte sur la peur, la haine et la violence.

Les dons en espèces peuvent être adressés pour la France à l’Association Humanité Nouvelle (voir ci-dessous)

Témoignage

Je suis en voiture. La circulation est très lente. Les gens sont massés autour des supermarchés. Ils ont le regard éteint ou plein de révolte. Seule dans ma voiture, je revois ce que je croyais oublié.

L’attention suspendue à la radio, qui nous prévient du danger qui peut surgir d’un instant à l’autre, j’entends à nouveau l’indicatif musical de Flash information radio Liban, celui-là même que nous entendions aux moments les plus graves de la longue guerre, que nos oreilles ont enregistré pour toujours et qui nous donne encore la chair de poule : « Ici la rédaction : les villages Sud de Kleya, Debl, Marjehyoun et d’autres sont dans une situation très critique. Les habitants sont entassés dans les églises et dans le hall des mairies, en grande précarité. Ils lancent un appel à l’aide pour évacuer les malades, les handicapés, les personnes âgées, les blessés… Ils n’ont ni vivres, ni médicaments, ni eau, ni électricité. C’est une urgence humanitaire, la situation ne peut durer… ».

Quelques secondes plus tard, la même musique, la même voix grave : « La périphérie de Zahlé a subi un intense bombardement, la centrale électrique est endommagée… Appel à tous : ne circulez qu’en cas d’extrême nécessité ».

Mon portable sonne : c’est une amie qui habite Achrafieh, à Beyrouth. Elle me demande de trouver un endroit sûr pour sa mère…

La guerre, cette fois, présente un nouveau danger, celui d’anéantir un pays et un peuple. La bataille consiste à détruire les ponts, les routes, toutes les infrastructures publiques et privées. Toutes les régions sont visées, aucune n’est épargnée : le sud, la Bekaa, le nord, la côte, Beyrouth. Le danger est partout. Les habitants sont épuisés. Et on comprend que la fin n’est pas pour demain…

Mais…
… dans cet enfer et cet état de désolation générale, il existe toujours un rayon de lumière, de nouvelles énergies, pour donner l’espoir, pour motiver et redonner courage.

Par exemple à l’IRAP (école de sourds-muets), où les gens ont envahi la grande salle et les couloirs et où les classes deviennent des chambres de fortune.

Nous essayons d’établir des contacts avec les institutions sociales pour coordonner l’aide. Papier hygiénique, couvertures, stocks de vivres, médicaments pour les enfants en proie à de violentes diarrhées sont envoyés vers un centre d’accueil à Bourg Hammoud. Des matelas et des vêtements sont donnés par les Libanais eux-mêmes pour les familles avec de jeunes enfants.

Nous essayons de contacter nos amis du sud, isolés sans aucun secours. Mais beaucoup de lignes téléphoniques sont détruites.

La volonté de vivre et de faire vivre est la plus forte même si les possibilités sont limitées.

Chrétiens, musulmans chiites et sunnites, tous subissent le même sort et sont unis à cause de la violence qui se déchaîne sur eux sans distinction. Ils sont unis parce qu’ils sont Libanais, parce qu’ils aiment leur pays, parce qu’ils sont fidèles à leurs racines.

C’est cet esprit de solidarité que nous voulons garder vivant. La paix pour laquelle nous nous mobilisons, soutenus par la prière, nous devons la construire en nous à chaque moment et recommencer, recommencer. Pour vaincre les sentiments de peur, de haine et de violence qui voudraient nous abattre.

Un groupe de jeunes a quitté notre Centre pour aller aider d’autres personnes. L’un d’eux m’a dit : « Nous avons vécu ici des moments de paradis ». Je lui ai répondu : « Que chacun de vous porte le paradis là où il va ».

C’est le bien le plus grand que nous essayons de donner à ceux qui sont autour de nous. Nous avons besoin de beaucoup de choses. Certains ont tout perdu. Mais nous avons surtout besoin d’amitié, de solidarité, de prière.

Le Pays du cèdre renaîtra une fois encore, il vivra ! L’espérance de Claudel et des grands saints est vive en nous. Notre Dame d’Harissa veille sur ce petit pays, jardin de Dieu, « morceau de ciel sur la terre » que chacun voudrait posséder, comme le proclame un chanteur libanais.

Nous lançons un appel à tous nos amis, aux organismes qui ont déjà collaboré avec nous : mettez en place une chaîne de prière, un réseau d’aide. Mobilisez l’opinion publique en faveur de la souveraineté du Liban. Tout geste de solidarité sera le bienvenu !

Janine et Mona, de l’équipe de l’IRAP
Comment aider

En plus de l’aide aux organismes humanitaires présents au Liban, il est possible de contribuer à la solidarité avec la communauté Focolari. Vos dons (qui peuvent faire l’objet d’une déduction fiscale) sont à envoyer par chèque libellé à l’ordre de « Association Humanité Nouvelle – Opération Liban », 6 rue de la Ferme, 91390 Morsang-sur-orge.

Juillet 2006

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Le poème (ou psaume) d’où est tirée cette Parole de vie est tout entier un hymne de louange à Dieu. Rien n’échappe à son grand amour : il enveloppe l’univers entier et se penche sur tout être vivant, sur la moindre de ses créatures.
La créature, quant à elle, est dépeinte comme invoquant son Seigneur pour sa nourriture et les nécessités de la vie. Et Dieu ouvre ses mains avec générosité. Il prend soin de tous, soutenant celui qui est faible et redressant celui qui fléchit . Il remet sur le droit chemin celui qui s’était égaré.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Loin d’être un Dieu absent, lointain, indifférent au sort de l’humanité, le Seigneur est attentif au sort de chacun d’entre nous. Nous le constatons bien souvent. Pourtant, il nous arrive parfois de nous sentir abandonnés, seuls, fragiles, désemparés face à des situations qui nous dépassent.
Voilà que naissent en nous des sentiments de révolte ou d’antipathie, voire de haine, envers certaines personnes. Des situations sans issue depuis des années, en famille ou dans notre milieu de travail, nous oppressent. Nous nous sentons l’objet de méfiances – petites ou grandes – de jalousies, d’envies, victimes de tyrannies. Ou bien encore nous avons l’impression d’étouffer dans un monde endurci par les passions et le carriérisme, en manque d’idéal, de justice et d’espérance.
Notre cœur semble crier : « Seigneur, où es-tu ? ». « M’aimes-tu vraiment ? Nous aimes-tu réellement ? Mais alors, pourquoi tout cela arrive-t-il ? »
Et voilà que la Parole de vie éveille en nous une certitude : nous ne sommes jamais seuls.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Cette parole nous invite à raviver notre foi : Dieu existe et il m’aime. Je peux et je dois le réaffirmer en chacune de mes actions, devant chaque événement : Dieu m’aime. Je rencontre une personne ? Je dois croire que Dieu a quelque chose à me dire à travers elle. Je me consacre à un travail ? Je continue à ce moment-là à avoir foi en son amour. Une souffrance survient ? Je crois que Dieu m’aime. Arrive une joie ? Dieu m’aime.
Il est ici avec moi, il est toujours avec moi, il sait tout de moi et partage chacune de mes joies, de mes pensées, de mes désirs, il porte avec moi chaque préoccupation, chacune de mes épreuves.

« Le Seigneur est proche de tous ceux qui l’invoquent, de tous ceux qui l’invoquent vraiment. »

Comment raviver cette certitude ? Voici quelques suggestions.
Puisqu’il nous le demande : invoquons-le ! Le Seigneur était bien dans la barque de Pierre quand la tempête s’est déchaînée, mais les disciples se sentaient seuls et sans défense, parce que Jésus dormait. Ils l’appelèrent : « Seigneur, au secours, nous périssons ! »  et il calma le vent et la mer.
Jésus lui-même, sur la croix, n’a plus ressenti la proximité du Père. Il l’invoqua par la plus bouleversante des prières : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » . Parce qu’il a cru à l’amour du Père et s’est remis à nouveau entre ses mains, le Père l’a ressuscité d’entre les morts.
Comment faire grandir notre foi en sa présence ?
En le cherchant au milieu de nous. Il a promis d’être là où deux ou trois sont unis en son nom . Partageons entre nous ce que la Parole nous a permis de vivre et nous constaterons les fruits de sa présence : joie, paix, lumière, courage.
Il restera avec nous et nous continuerons à le sentir proche et agissant dans notre quotidien.

Chiara LUBICH

La Parole de Vie du mois de juillet est extraite des lectures du dimanche 30 juillet 2006.
Le mois prochain : « Soyez bons les uns pour les autres, ayez du cœur ; pardonnez-vous mutuellement, comme Dieu vous a pardonné en Christ » (Ep 4, 32).

Commentaire de Chiara Lubich

« Marchez sous l’impulsion de l’Esprit […]. Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi » (Ga 5, 16. 18).

« C’est à la liberté que vous avez été appelés » . Paul de Tarse s’adresse en ces termes aux chrétiens des communautés de Galatie, faisant écho aux paroles de Jésus : « Vous serez réellement des hommes libres » .
Mais libres de quoi ? Les chrétiens de Galatie avaient été libérés des prescriptions de la loi de Moïse, et cette liberté s’était ensuite étendue à tous les chrétiens. Plus encore, nous avons été libérés du péché et de ses conséquences : nos peurs, la recherche effrénée de nos intérêts, les conditionnements culturels, les conventions sociales… Nous sommes donc libres en observant les normes religieuses et sociales du christianisme, car nous ne les ressentons pas comme des obligations imposées de l’extérieur.
La loi nouvelle qui nous a été donnée, Saint Paul l’appelle la « loi du Christ » . Elle est inscrite dans notre cœur, elle jaillit de l’intérieur de la personne renouvelée par l’amour de Jésus. C’est une « loi de liberté »  qui contient en même temps la force de la vivre.
Nous sommes libres parce que guidés par l’Esprit de Jésus qui vit en nous. D’où l’invitation :

« Marchez sous l’impulsion de l’Esprit […]. Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi. »

En cette période de Pentecôte, nous revivons l’événement de la descente de l’Esprit sur Marie et les disciples réunis au Cénacle. Par ses langues de feu, il a répandu l’amour de Dieu dans nos cœurs . Voilà la « loi nouvelle » : c’est l’amour.
L’Esprit Saint est l’Amour de Dieu qui transforme notre cœur en venant en nous, qui y insuffle son amour et qui nous apprend à agir dans l’amour et par amour.
L’amour nous fait progresser, nous suggérant la réponse aux situations et aux choix de la vie. Il nous enseigne à discerner « Cela est bien, je le fais. Cela est mal, je ne le fais pas » et nous pousse à agir en recherchant le bien de l’autre.
Nous ne sommes pas guidés de l’extérieur, mais par un principe de vie nouvelle que l’Esprit a répandu en nous. Les forces, le cœur, l’esprit, toutes nos capacités peuvent marcher « sous l’impulsion du Saint Esprit », parce qu’elles sont unifiées dans l’amour et placées à la complète disposition du projet de Dieu sur nous et sur la société.
Nous sommes libres d’aimer.

« Marchez sous l’impulsion de l’Esprit […]. Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi. »

« Si vous êtes conduits par l’Esprit… » Sans cesse nous pouvons faire obstacle à la pleine possession par l’Esprit de notre cœur, de notre esprit. Nous pouvons même résister à sa voix et à ses suggestions au point de « l’attrister » , au point « d’éteindre sa présence en nous » . Nous préférons si souvent suivre nos désirs plutôt que les siens, notre volonté plutôt que la sienne.
Comment donc se laisser guider par cette voix qui parle au-dedans de nous ? Où nous emmène-t-elle ? Paul nous le rappelle quelques versets plus haut : toute la loi nouvelle se résume en un seul précepte : l’amour du prochain. En pratique, suggère l’apôtre, être libre signifie se faire l’esclave de l’autre, se mettre au service les uns des autres . Cette voix intérieure (= l’amour) nous pousse à être attentifs à ceux qui sont auprès de nous, à les écouter, à partager avec eux.
En définitive, toute Parole de vie nous conduit à aimer. Est-ce étrange ou exagéré ? Non, c’est la logique de l’Évangile.
Nous ne sommes des chrétiens authentiques que si nous vivons dans l’amour.

« Marchez sous l’impulsion de l’Esprit […]. Si vous êtes conduits par l’Esprit, vous n’êtes plus soumis à la loi. »

Laissons à l’Esprit la liberté de nous conduire sur le chemin de l’amour. Nous pouvons le prier ainsi :
Tu es la lumière, la joie, la beauté.
Tu entraînes les âmes, enflammes les cœurs, suscites le désir de la sainteté et fais prendre des résolutions et des engagements inattendus.
Tu sanctifies.
Toi qui es si discret dans ton impétuosité bouleversante, toi qui souffles comme un zéphyr timide que bien peu savent entendre, ne nous tiens pas rigueur de notre rudesse, de notre grossièreté. Fais de nous tes fidèles. Que pas un jour ne passe sans que nous ne t’invoquions, te remerciions, t’adorions, t’aimions, sans que nous soyons tes disciples assidus. Voilà ce que nous te demandons.
Chiara LUBICH

La Parole de Vie du mois de juin est extraite des lectures du dimanche 4 juin 2006.

Une proposition de fraternité pour la ville

Une proposition de fraternité pour la ville

 

 

 

Chiara Lubich a reçu la citoyenneté d’honneur de la commune de La Spezia le samedi 13 mai “Pour son engagement en faveur du dialogue entre les peuples, les cultures et les religions et pour la diffusion de l’esprit de solidarité et de fraternité entre les hommes”.
La cérémonie a eu lieu au Théâtre Civico, en présence d’un millier de personnes de La Spezia, de la région de Ligurie et d’autres régions limitrophes.

“La fraternité à l’horizon de la ville” a été la proposition de Chiara Lubich, représentée par Mme Maria Rita Cerimele, une des deux responsables des Focolari du Piemont et de Ligurie. Un tthème cher à différentes personnalités politiques qui, au cours de ces mois de préparation, ont désiré approfondir approfondir la pensée de Chiara Lubich et du Mouvement politique pour l’unité qu’elle a fondé.
La ville, représentée dans toutes ses institutions, semblait vibrer unaniment à la proposition de faire devenir “praxis quotidienne, à tous les niveaux, la fraternité”. Parcours semble-t-il déjà partagé par beaucoup, comme en témoigne la récente attribution à la ville par le Président Ciampi, d’une Médaille de valeur civile pour son soutien et son aide concrète à la communauté juive fuyant les camps nazis.

Dans leurs interventions, les autorités – le président du Conseil municipal, M. Franco Bravo, le maire, M. Giorgio Pagano, le Président de la Province, M. Ricciardi, l’assesseur régional, M. Merlo, ainsi que Mgr Bassano Staffieri, l’évêque du lieu – avaient souligné les différents traits de la personnalité et de l’oeuvre de Chiara Lubich.

Depuis les galeries du Palais, les jeunes et les très jeunes, enthousiasmés par la projection d’un grand rendez-vous mondial des jeunes avec Chiara L., ont suivi avec attention les épisodes de sa vie, racontés par Ulrike Buechl, du Mouvement des Focolari, et la découverte, faite à leur âge par Chiara et ses premières compagnes la scoperta, de “Dieu Amour” au milieu de la haine et de la destruction de la guerre.

Cette journée de fête de La Spezia s’est conclue en soirée par un spectacle, offert par des artistes locaux. A signaler la présence de deux détenus qui, au nom de leurs camarades, ont voulu exprimer leur gratitude envers Chiara par une chanson qu’ils ont présentée ainsi : “… lorsqu’on nous a fait connaître cette femme courageuse, nous ne nous sommes plus senti seuls dans la condition où nous sommes. Nous sentons qu’elle nous comprend, qu’elle est du côté des faibles et de ceux qui, comme nous, sont différents.”

Proposition : vivre la fraternité dans la ville et au-delà

Proposition : vivre la fraternité dans la ville et au-delà

A Loppiano, le rendez-vous des Jeunes pour un Monde Uni avait pour thème cette année, la ville comme lieu de fraternité : la construire et l’expérimenter au-delà de toute division. Le rendez-vous du Portugal, misait lui aussi sur la construction d’un monde uni, en ce temps caractérisé par la peur de l’autre et les conflits.

Loppiano (Florence) – La ville comme terrain privilégié d’expérimentation de la fraternité. C’est sur ce thème que s’est focalisé le 1er mai à Loppiano, rendez-vous annuel pour des milliers de jeunes italiens et européens, qui en arrive désormais à sa 36e édition.

Au programme : De nombreux témoignages ont été donnés par des jeunes des zones chaudes de la planète ou des régions qui sont le théâtre des “guerre oubliées” : Colombie, Irak, Burundi, Biélorussie et Corée? Ces jeunes étaient invités à raconter leur itinéraire et leur contribution dans leur pays à la construction de la paix, de la solidarité et de la cohésion sociale. Chiara Lubich leur a envoyé un message qui était aussi un défi : “Une ville ne suffit pas”.
Un espace spécial était également réservé à l’Economie de Communion, et en particulier au dialogue avec des chefs d’entreprise italiens qui souhaitent déplacer une partie de leurs activités sur le nouveau pôle industriel de la cité pilote. Ce dernier sera inauguré au mois d’octobre prochain et accueillera une trentaine d’entreprises qui adhèrent au projet de l’Economie de communion.

Le rendez-vous se dédouble – Cette année, le rendez-vous de Loppiano s’articulait en deux journées. Dès le 30 avril, à 15h, 7 workshop d’approfondissement était en place : Economie de communion, dialogue interreligieux, dialogue avec la culture, écologie, sport, musique, architecture, communication. Ces centres d’intérêt ont été proposés à la réflexion mais aussi à l’action des jeunes, avec la présence d’experts, des espaces de dialogue et des contributions videos.

Arc-en-ciel (Portugal) : “Légende pour l’unité” est le titre qu’avaient choisi les jeunes portugais. Sous-titre qui peut construire une communication nouvelle grâce aux nouvelles technologies que les Jeunes pour un Monde Uni du Portugal proposent aux jeunes de leur âge. Une communication marquée par le dialogue pour parvenir à construire un monde de paix. 1500 participants était attendus, nombre en constante augmentation depuis la première édition de 2002.
La cité pilote de Loppiano est la première des 33 cités pilotes des Focolari nées sur les 5 continents. Elle est située sur les collines de Toscane, près de Florence, sur la commune d’Incisa Val d’Arno : avec des écoles de formations, des entreprises, des centres artistiques, elle compte aujourd’hui près de 900 habitants de 70 nationalités. Parmi eux, des jeunes, des familles, des religieux(ses), des prêtres, étudiants, enseignants, professionnels, artisans, agriculteurs, artistes. Il y a également des chrétiens de plusieurs Eglises et des croyants d’autres religions. Sa caractéristique est l’internationalité, qui en fait un lieu privilégié pour le dialogue entre peuples et cultures.

La cité pilote Arc-en-ciel, située à Abrigada, à 45 km de Lisbonne, est née en 1997. Sa construction se poursuit progressivement, grâce à la contribution généreuse de beaucoup. Dès les débuts, elle a pu compter sur l’appui et les encouragements des autorités civiles et religieuses, considérée par la municipalité de Alenquer comme un projet d’utilité publique. Outre le fait d’être un espace privilégié pour le dialogue avec des personnes de différentes cultures et convictions, elle est aussi un point de rendez-vous pour les jeunes. L’engagement commun de tous les habitants est de mettre en pratique l’unique loi commune à toutes les cités pilotes : l’amour évangélique, pour témoigner qu’une vie pacifique et fraternelle entre personnes de conditions sociales et d’âges les plus divers est possible.

Commentaire de Chiara Lubich

« Je me rends compte en vérité que Dieu est impartial et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui » (Ac 10, 34-35).

Comme est grand le cœur de Dieu ! Il ignore les divisions entre peuples et nations, entre ethnies et langues. Il ne voit en nous que ses enfants, d’égale dignité.
Pourtant, les premiers chrétiens de Jérusalem avaient bien du mal à comprendre cette mentalité ouverte et universelle. Tous issus d’un même peuple, et conscients d’appartenir au peuple élu, il leur était difficile d’établir des rapports de fraternité authentique avec des membres d’autres pays. Et ils avaient été scandalisés d’apprendre que Pierre, à Césarée, était entré dans la maison de Corneille, un centurion romain, un étranger. Pourquoi donc fréquenter ces gens-là ?
Mais pour Dieu, personne n’est étranger.
« Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes » . Dieu aime tous les hommes, sans distinction.
Cela, Pierre l’avait affirmé devant le soldat romain, dépassant lui aussi tous les préjugés à l’égard d’autres peuples.

« Je me rends compte en vérité que Dieu est impartial et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. »

Si Dieu se comporte ainsi, nous devons, nous ses enfants, agir comme lui, ouvrir grand notre cœur, abattre toutes les barrières, nous libérer de tout esclavage.
Car ne sommes-nous pas devenus esclaves de nos divisions entre riches et pauvres, générations, races, cultures et nations ? Combien de préjugés portons-nous vis-à-vis des immigrés, des étrangers ? Que d’idées toutes faites n’entend-on pas sur ceux qui sont différents de nous ! Cela fait naître un sentiment d’insécurité, la crainte de perdre son identité, l’intolérance…
Et que dire des barrières encore plus subtiles séparant notre famille des autres, notre groupe religieux d’un autre qui suit d’autres orientations, les quartiers d’une même ville, les partis, les clubs sportifs… Ne cherchons pas plus loin l’origine des méfiances, des rancœurs sourdes et profondes, des inimitiés persistantes…
Avec un Dieu qui ne fait aucune différence entre les personnes, comment ne pas avoir à cœur la fraternité universelle ?

« Je me rends compte en vérité que Dieu est impartial et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. »

Étant tous frères et sœurs, aimons donc tous les hommes, en commençant par celui qui se trouve à côté de nous. Et ne nous arrêtons pas. Ainsi, notre amour ne sera ni platonique ni abstrait, mais concret, fait de service.
Aimons-les d’un amour capable d’aller à la rencontre de l’autre. D’engager un dialogue, de se mettre à la place de l’autre quand il est dans la peine, de porter le poids de ses préoccupations. Au point qu’il se sente compris et accueilli dans sa différence et libre d’exprimer toute la richesse qu’il porte en lui.
Un amour qui entretient des rapports vivants et actifs entre personnes de convictions différentes, sur la base de la « règle d’or » : « Fais aux autres ce que tu voudrais que l’on te fasse », reportée par tous les livres sacrés et inscrite dans les consciences.
Un amour qui nous pousse à mettre nos biens en commun, à aimer le pays de l’autre comme notre patrie, qui nous fait construire des structures nouvelles, qui croit possible de faire reculer les guerres, le terrorisme, la faim, les innombrables maux qui déchirent le monde.

« Je me rends compte en vérité que Dieu est impartial et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. »

Moira, une jeune indigène catholique du Guatemala, descendante des mayas Cakchiquel et aînée d’une famille de onze enfants, en a fait l’expérience. Les indigènes, victimes de nombreuses discriminations, ont un fort complexe d’infériorité vis-à-vis des métis et, plus encore, des blancs. Sa rencontre avec Fiore, l’une de mes premières compagnes de Rome, devait la marquer profondément.
Fiore, témoigne Moira, n’avait pas de préférence, sa façon d’être allait droit au cœur des gens et faisait tomber toute barrière :« Je n’oublierai jamais l’accueil chaleureux de Fiore. Son amour envers moi était un reflet de l’amour de Dieu. Ma culture indigène et l’éducation familiale m’avaient habituée à des comportements durs et fermés, qui éloignaient les gens de moi. Fiore a été pour moi une maîtresse, un guide, un modèle… et m’a aidée à sortir de moi pour m’ouvrir aux autres avec confiance. Elle m’a aussi proposé de reprendre mes études, m’a soutenue et encouragée lorsque, devant les difficultés de culture et de méthode, j’étais tentée de tout laisser tomber. Cela m’a permis d’obtenir mon diplôme de secrétariat. Elle m’a surtout donné conscience de ma dignité humaine et libérée de ce sentiment d’infériorité profondément ancré en moi. Depuis mon enfance, je rêvais de me lancer dans une bataille de libération de mon peuple. Fiore m’a fait comprendre que je devais commencer par moi-même. Il fallait que je sois “nouvelle”, si je voulais que naisse un “peuple nouveau”. »
Avec un Dieu qui ne manifeste de préférence pour aucun de ses enfants, on peut, comme Moira, avoir de grandes ambitions : « En disant oui à Dieu, je pouvais ouvrir une voie me permettant de faire connaître cette façon de vivre à mon peuple et je dois dire que cela s’est déjà en partie réalisé dans ma famille » .
Chiara LUBICH
La Parole de Vie du mois de mai est extraite des lectures du dimanche 21 mai 2006.

Culture du donner : la révolution des ados

  Panama – Les “Clubs du don” : voyage à Cebaco Les Juniors pour un Monde Uni organisent de nombreuses activités pour soutenir leurs projets. L’une d’entre elles, comparable aux Foires de Foire de Printemps d’Italie qui se poursuivent dans la durée, se passe au Panama. Il s’agit des “Clubs du don” qui existent désormais depuis des années : on peut devenir membre seulement si l’on vit la “culture du donner”, en commençant par donner un objet auquel on tient beaucoup. En 2005 le Ministre de l’Education du Panama, venu à connaissance de cette initiative, l’a insérée dans le programme d’activités à suivre dans le cadre des heures de service social obligatoire. Les Juniors pour un Monde Uni Panama écrivent : “Nous n’avons plus à obtenir l’autorisation des chefs d’établissement pour nous présenter dans les différentes écoles : il suffit de faire référence à la circulaire du Ministre ! La chose la plus belle c’est que tous les professeurs y participent aussi.” Et cette année, il y a eu une nouveauté : grâce à une embarcation, une délégation de juniors, accompagnée de parents et d’enseignants, se rend sur l’île de Cebaco – à 8 heures de voyage de là – pour porter aux familles dans le besoin les produits d’alimentation récoltée les mois précédents. La population les accueille à bras ouverts, leur offrant tout ce qu’ils ont de meilleur. “La relation construite avec eux ces huit dernières années est très belle – poursuivent les Juniors – et nous avons tous expérimenté qu’en allant là-bas pour donner, nous recevons beaucoup. En effet, nous sommes revenus très heureux.” L’un dentre eux, Jorge, dit ancore : “Très souvent, nous avons envie de choses dont nous n’avons pas réellement besoin. Maintenant que j’ai connu les amis de Cebaco, je ne peux pas m’arrêter ; nous devons faire beaucoup plus ! Et je suis heureux de ne pas devoir attendre d’être grand pour pouvoir donner !” En Allemagne – un bon gain pour le projet Scoolmates Nous sommes à Mannheim. Les écoliers de fin du primaire doivent réaliser un projet pour les matières d’économie et droit. Une idée est alors proposée : pourquoi ne pas lancer la proposition de trouver un travail pour quelques matinées, de façon a gagner un peu d’argent pour le projet Scoolmates ? La proposition plaît à tous, mais une première difficulté se présente : trouver un poste de travail. Un des jeunes élèves qui a réussi à se faire embaucher après trente tentatives, affirme : “A présent, je sais à quel point c’est difficile de trouver un travail.” Boulangers, électriciens, coiffeurs, commis épiciers, jardiniers, employés dans un restaurant, dans une entreprise de transports publics, employés de bureau : à la fin, tous les élèves de la classe ont obtenu un petit travail. Résultat final : 1443 euros, gagnés par l’ensemble de la classe et redonnés avec joie pour que d’autres jeunes puissent eux aussi aller à l’école.

“Jésus crucifié et abandonné, le prêtre par excellence !”

“Jésus crucifié et abandonné, le prêtre par excellence !”

  Joie d’avoir “vécu un esprit de famille”, d’avoir “partagé les difficultés”, “prié en profonde unité” et “d’avoir participé à un grand moment d’Eglise… telles sont quelques-unes des impressions recueillies à chaud auprès du millier de prêtres, diacres permanents et séminaristes, provenant de 52 pays, à la conclusion du Congrès. Du 19 au 21 avril dernier, ces journées se sont déroulées sur le thème : “Eglise aujourd’hui. Spiritualité de communion et dialogue”, en présence de participants de plusieurs Eglises chrétiennes.

La rencontre avait débuté par une vaste réflexion sur “Le profil du prêtre et du diacre aujourd’hui : vécu et défis.” Des témoignages de participants de différentes parties du monde, des interventions d’experts ont mis en évidence, dans cette première étape, les défis auxquels doit faire face l’Eglise de notre temps et, avec elle, les prêtres : crise de crédibilité et d’influence, fragmentation sociale et culturelle, individualisme et surcroît de travail… Mais également, pauvreté, conflits et injustices. Et il ressortait qu’au cœur de ces difficultés, apparaissent néanmoins des signes d’espérance, dont une importante “soif de Dieu” à laquelle il faut apprendre à répondre, la multiplication des petites communautés ecclésiales et l’apport des nouveaux charismes.

L’idée centrale du Congrès a été mise en évidence par le message de Chiara Lubich : “Jésus crucifié et abandonné est celui qui a ouvert à tous les hommes la voie de la fraternité universelle. C’est au moment de l’abandon qu’il a rétabli le lien entre les hommes et Dieu. Mais il est aussi “le lien d’unité entre les hommes. Voici pourquoi on parle de Lui : il est le prêtre par excellence !” D’où ce souhait précis que “chacun voie en lui son modèle, afin que l’Eglise aujourd’hui se trouve enrichie de prêtres-Christ, de prêtres offerts pour l’humanité ; Christ authentique, prêts à donner leur vie pour tous”.

La seconde partie du Congrès a été consacrée à l’Eglise communion et à la soif d’une spiritualité de communion dont il faut tenir compte. Giuseppe Maria Zanghi, responsable de Centre d’études du Mouvement des focolari a parlé du “passage, que traverse notre époque, d’une spiritualité et d’une vision de l’homme principalement individuelles à une vision qui élargit l’intériorité de l’individu à l communion avec tout homme et toute femme”. Silvano Cola, du Mouvement sacerdotal des Focolari, a fait part de sa rencontre avec la spiritualité de l’unité, faisant ressortir trois dimensions fondamentales pour la vie chrétienne et la vie sacerdotale aujourd’hui : “Découvrir Dieu-Amour comme le “tout” de l’expérience chrétienne ; apprendre à voir en tous des enfants de Dieu ; centrer sa vie personnelle sur Jésus crucifié qui, même au moment où il expérimente la séparation du Père, s’en remet à Lui, par amour.”
La prière de ce soir-là était animée par des prêtres et des séminaristes orthodoxes, avec notamment l’hymne Akathistos, qui s’adresse à la Vierge.
 La matinée du 20 avril, la rencontre a atteint le cœur central du thème abordé cette année. Unité, communion et réciprocité – a-t-il été dit -, restent une utopie si elles ne s’enracinent pas dans un amour qui se mesure à la donation radicale de Jésus sur la croix. Pour illustrer cela, plusieurs prêtres ont donné leur témoignage : notamment deux qui ont su susciter de nombreux fruits dans des milieux très éloignés de la vie ecclésiale, et un prêtre engagé au Brésil auprès des “enfants des rues”.

La concélébration de la seconde journée était présidée par MgrtGian Carlo Bregantini, évêque de Locri en Calabre, témoin d’un grand courage évangélique dans la lute contre le crime organisé. L’après-midi, Mgr Aldo Giorano, Secrétaire général du Conseil des Conférences épiscopales européennes, a proposé à tous des réflexions stimulantes sur le thème : “Pour une pastorale de la communion.”

Quelques témoignages ont été donnés ensuite comme illustration de pastorale missionnaire. Parmi ceux-ci, l’expérience de prêtres et de laïcs dans la paroisse de Saint Jean de la Croix à Rome ; là se conjuguent de façon harmonieuse et féconde les énergies et manières de faire des nouveaux mouvements ecclésiaux et des structures paroissiales. A été également redonnée une action d’aide à la Bosnie mise sur pied et soutenue par un centre de jeunes en Allemagne, qui s’est transformée en expérience d’Evangélisation, avec des retombées dans 45 pays différents. Enfin, le témoignage d’un jeune prêtre brésilien sur la croissance de 2000 petites communautés qui, dans le diocèse brésilien de Ponta Grossa, animent la vie de l’Eglise et le tissu social avec l’art d’aimer évangélique.

L’aspect de la culture et du dialogue a été au premier plan de la matinée du 21 avril, avec une intervention de Pasquale Foresi, premier focolarino prêtre, sur le thème : “Une nouvelle école de pensée”. Véra Araujo et Carlos Clarià, du Conseil général du Mouvement des Focolari sont intervenus sur le thème : “Ame du monde : nouveaux horizons de la mission aujourd’hui.”

Le Congrès s’est terminé par un intense moment de prière. Là, les participants ont pris l’engagement – proposé par Natalia Dallapiccola au nom de Chiara Lubich – de conformer leur vie au modèle de Jésus sur la croix, pour aller à la rencontre des multiples visages de douleur dans le monde d’aujourd’hui et “sécher les larmes de la tribulation dans de nombreux cœurs, proches ou au loin”. Dans le salut final, Silvano Cola, l’un des organisateurs de la rencontre disait : “Comme il y a 2000 ans à ses disciples, Jésus semble nous dire aujourd’hui : ’Allez dans le monde entier et annoncez l’Evangile vécu !”

Adresse internationale : www.chiesaoggi.focolare.org

Fraternité derrière les barreaux : des pas vers la lumière

  «Cher A., comme tu le vois, nous cherchons à aider à notre petite mesure les compagnons de captivité qui ont beaucoup de difficultés… Ce que nous faisons est bien peu de choses mais ça nous donne la force d’avancer sur le chemin où se trouve la lumière. Lorsque nous nous endormons le soir, nous nous sentons libres et la conscience en paix. Avec les camarades, je cherche toujours à avoir un dialogue : un mot de réconfort est parfois utile, il suffit d’autres fois d’être disponibles,il nous arrive de dire ensemble une prière afin que le Seigneur nous aide à dépasser ces mauvais moments.» Ces lignes sont écrites par un détenu à A., qui tous les jeudis matins descend à Rome pour se rendre au nouveau complexe pénitentiaire de Rebibbia, où l’attendent ses amis détenus. Depuis quelques années, il met ainsi à profit son jour de liberté du travail, prenant sur lui les espérances de personnes qui, souvent, ont touché le fond. A titre tout à fait exceptionnel, A. a obtenu la permission de rencontrer les détenus de tous les quartiers. Il en suit une cinquantaine et, à travers les plus disponibles, il arrive à en toucher d’autres encore. Il les aide aussi en leur donnant la Parole de vie mensuelle et la revue Città Nuova. Beaucoup de ses amis détenus disent qu’ils trouvent en cela un aliment et une grande aide pour voir les choses d’un autre point de vue, comme l’exprime cette poésie écrite par l’un d’entre eux. «Le silence de la nuit / est comme un lit accueillant et chaud (…). C’est la voix de notre conscience / (…) Les prisonniers peuvent se repentir / les aveugles voir les couchers de soleil / les clochards rêver d’un chemin lumineux./ Les puissants peuvent devenir humble et sages / les malades recommencer à sourire./ Le silence de la nuit / c’est le lit chaud où tous / règlent leurs comptes avec la vérité.» Souvent, ce lien continue avec ceux qui ont fini de purger leur peine où qui sont transférés dans un autre lieu : c’est le cas de l’auteur de la poésie, qui écrit depuis un autre établissement : «Je suis en prison depuis 1996. Privations, deuils en famille et de nouveau, prison… Heureusement que j’ai appris à aimer et à croire, parce qu’aujourd’hui, s’il n’en avait pas été ainsi, je ne sais pas comment cela se serait terminé. Je veux te faire une confidence : je continue à prier et je cherche à porter cette vie d’amour à ceux qui en ont le plus besoin. Même dehors, je sais que ce ne sera pas facile mais il faut régler ses comptes avec le passé, l’accepter, prendre son courage à deux mains pour dire avec humilité : j’ai besoin d’aide. Je ne cache pas qu’il y a eu des moments où j’ai expérimenté dans ma peau quelque chose de ce qu’a vécu Jésus : l’abandon, la persécution, l’indifférence de nombreuses personnes… mais ensuite, je me dis en moi-même : moi je suis coupable, Lui était innocent. Il a sacrifié sa vie pour nous racheter, pour nous faire comprendre jusqu’à quel point nous devons aimer. Comment peut-on ne pas l’aimer et l’adorer ?» Les expériences recueillies jusque-là sont un témoignage émouvant. Voici quelques flashs. «Un garçon de la cellule en face de la mienne était désespéré car il avait perdu l’anneau que lui avait offert sa femme. J’ai essayé de démonter le siphon du lavabo et ainsi nous l’avons retrouvé. Il est difficile de décrire sa joie. Le soir, j’ai écrit une lettre pour rendre service à un détenu analphabète… J’ai offert avec plaisir un paquet de dix cigarettes, quitte à rester sans.» «J’ai travaillé pendant deux mois pour construire un bateau avec des cure dents. Je voulais le vendre pour en tirer un peu d’argent. Mais un de mes amis n’avait pas de cadeau à offrir à sa femme et j’ai été heureux de pouvoir lui offrir mon bateau.» Des extraits de vie nouvelle qui nous font mieux comprendre comment devenir les “prochains” – comme Jésus l’a fait sur la croix – de ceux qui passent à côté de nous dans la vie : en étant prêts à nous “faire un” avec eux, à assumer un manque d’unité, à partager une souffrance, à résoudre un problème, par un amour concret qui se fait “service”. (Extrait de Città Nuova n° 5/2006)

Commentaire de Chiara Lubich

« Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance » (Jn 12, 24).

Plus éloquentes qu’un traité, ces paroles du Christ laissent entrevoir quel est le secret de la vie.
En Jésus, il n’y a pas de joie sans accepter la douleur ni de résurrection sans passer par la mort. Jésus, ici, parle de lui, il explique la signification de son existence. Il n’est qu’à quelques jours d’une mort atroce, humiliante. Pourquoi doit-il mourir, lui qui s’est justement proclamé la Vie ? Pourquoi doit-il souffrir, lui qui est innocent ? Pourquoi faut-il qu’il soit calomnié, giflé, qu’on se moque de lui et qu’il soit cloué sur une croix, pour subir la mort la plus infamante ? Et surtout, pourquoi lui, qui a vécu dans une union constante avec Dieu, devra-t-il se sentir abandonné de son Père ? Lui aussi a peur de la mort ; mais elle aura un sens : elle aboutira à la résurrection.
Il était venu pour réunir les enfants de Dieu dispersés , abolir toute barrière séparant les êtres et les peuples, ramener la fraternité entre les hommes divisés, apporter la paix et construire l’unité. Mais il y avait un prix à payer : pour attirer à lui tous les hommes, il devra être élevé de terre, sur la croix . Et il nous dit cette parabole, la plus significative, sans doute, de tout l’Évangile :

« Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance »

Ce grain de blé, c’est lui.
En ce temps de Pâque, il nous apparaît du haut de la croix, dans son martyre et sa gloire, signe de l’amour extrême. Là, il a tout donné : le pardon à ses bourreaux, le paradis au larron ; à nous, il a donné son corps et son sang, sa vie, jusqu’à crier : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » J’écrivais dans une lettre en 1944 : « Sais-tu qu’il nous a tout donné ? Que pouvait nous donner de plus un Dieu qui, par amour, semble même oublier qu’il est Dieu ? » Et il nous a donné la possibilité de devenir enfants de Dieu : il a engendré un peuple nouveau, une nouvelle création.
Dès le jour de la Pentecôte, le grain de blé tombé en terre et mort fleurissait en un épi fécond : trois mille personnes, de tous peuples et de toutes nations, devenaient « un seul cœur et une seule âme », puis cinq mille, puis…

« Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance »

Cette Parole donne aussi sens à notre vie, à nos souffrances, et à notre mort qui viendra un jour. La fraternité universelle pour laquelle nous voulons vivre, la paix, l’unité que nous voulons construire autour de nous ne sont qu’un vague rêve et une chimère si nous ne sommes pas prêts à parcourir le même chemin que le Maître.
Comment a-t-il fait pour « porter du fruit en abondance » ?
Il a tout partagé avec nous. Il a endossé nos souffrances. Il s’est fait avec nous ténèbres, tristesse, épuisement, contradiction… Il a éprouvé la trahison, la solitude, il s’est senti orphelin… Bref, il s’est fait « un avec nous », en prenant sur lui tout ce qui nous écrasait.
Comment ne pas être remplis d’amour pour ce Dieu qui s’est fait notre « prochain » ? Et comment lui exprimer notre reconnaissance pour son amour infini sinon en vivant comme il a vécu ? À notre tour, devenons les « prochains » de ceux qui passent auprès de nous dans la vie, en cherchant à nous « faire un » avec eux, à prendre sur nous les divisions, à partager une souffrance, à résoudre une difficulté, avec un amour concret fait de services rendus.
Jésus, dans son abandon, s’est donné tout entier ; en celui qui vit la spiritualité née de Lui et centrée sur Lui, doit resplendir pleinement le Ressuscité et la joie doit en être le témoignage.
Chiara LUBICH
La Parole de Vie du mois d’avril est extraite des lectures du dimanche 2 avril 2006.

50° anniversaire de Città Nuova : villes en dialogue, villes de la fraternité

50° anniversaire de Città Nuova : villes en dialogue, villes de la fraternité

   «En regardant nos villes, ce qui attire l’homme d’aujourd’hui, dans ses exigences les plus profondes, c’est vraiment cette “nouvelle cité”, celle ville de la fraternité qui rend frères au-delà de toute division. La revue Città Nuova veut être un chemin de fraternité, instrument de dialogue à tous les niveaux, de communion, d’unité.» C’est ce qu’écrivait Chiara Lubich dans l’éditorial du premier numéro de 2006, année du 50e anniversaire de la revue des Focolari. Et pour appuyer cette nouvelle perspective aux principales villes italiennes, Città Nuova a préparé un calendrier de rendez-vous. Parmi les premières étapes : Rome et Milan. Milan : des signes visibles de fraternité Une nouvelle manière de ‘vivre la ville’ : devenir des « citoyens à part entière, capables de regarder en face la réalité et, en même temps, de modifier le cours des événements, en commençant à faire des projets en partant de la rencontre de l’autre.» C’est la proposition lancée le 11 mars dernier par Lucia Fronza Crepaz, présidente du Mouvement pour l’unité en politique, en présence de 1600 personnes massées dans le grand amphithéâtre de l’université d’Etat. En effet, «la tolérance n’est pas suffisante». Comme l’a affirmé la sociologue brésilienne Vera Araujo, il devient nécessaire d’aller jusqu’au don de soi aux autres, à la solidarité, jusqu’à parvenir à la fraternité universelle. «Nous devons passer d’une culture qui a privilégié le ‘quoi’?, la substance, à une culture qui mette au centre le ‘qui’?, la personne, l’homme dans sa vocation de personne, dans cette communion qui dépasse l’individualité», a affirmé le Pr Giuseppe Maria Zanghì, philosophe, au Centre d’études interdisciplinaire du mouvement des Focolari. L’invitation est de «sortir de la fermeture de nos lieux compartimentés pour aller vers l’ouverture infinie qu’est l’amour. Nous devrions donner à nos villes de pierre la clarté et le souffle du jardin d’Eden retrouvé dans les espaces de la vie trinitaire.» Rome : suite du parcours L’édition romaine est inscrite sur le calendrier, au 25 mars, 16 heures. Le rendez-vous est prévu dans les locaux de l’université de Rome III, sous le patronage de la Commune de Rome, et il porte sur le tissu citadin et les dynamiques locales qui font de Rome une ville universelle. C’est ce qu’indique le titre de la rencontre : “Rome, ville en dialogue : entre dynamiques locales et perspectives universelles.” Il s’agit de la suite d’un parcours déjà commencé depuis des années dans la capitale : il vise à accroître le dialogue avec la ville, la présence active sur le territoire. Avec les acteurs d’expériences concrètes vécues dans la ville, un expert des mass media (Giampiero Gamaleri), un sociologue (Bennie Callebaut) et un journaliste (Michele Zanzucchi), offriront des pistes de réflexion sur le défi multiculturel actuel.

Diffuser une mentalité solidaire, valoriser les ressources

Diffuser une mentalité solidaire, valoriser les ressources

 Dans l’une des régions les plus pauvres du Nordeste brésilien, touché par une grande sécheresse, a été donné le départ d’un projet de développement qui prévoit la construction d’infrastructures, des interventions d’éducation à la santé, des informations sur différentes sortes de cultures, sur la mise en valeur des ressources et de l’irrigation. L’aspect le plus innovateur est illustré par le Pr Luigino Bruni, un des responsables du projet : « Les agriculteurs doivent découvrir leurs ressources propres et leurs talents : ils apprennent à mettre en commun leurs découvertes, leur savoir-faire, leurs progrès, et ils mettent aussi en commun les bénéfices que ce parcours leur procure. Si la communion ne devient pas une culture, il n’y a pas d’espoir que le problème social puisse un jour être résolu. » Le projet gouvernemental « Sertao vivo » a comme objectif de rejoindre 4 millions d’agriculteurs de 180 communes de cette région semi désertique. Il a été inauguré officiellement en juillet 2005, fruit de la collaboration entre le gouvernement du Cearà, la communauté Shalom et l’expérience de l’Economie de communion, née justement au Brésil il y a 15 ans, à l’initiative de Chiara Lubich. L’Etat du Cearà se trouve juste en dessous de l’Equateur et compte 7 millions d’habitants. Le revenu par habitant est de très loin inférieur au revenu national, avec un taux de chômage très élevé, une forte mortalité infantile et une grosse proportion d’analphabétisme. Développements futurs. Après le premier cours d’Economie humaine et réciprocité, et l’ouverture en juin 2005, d’un centre d’animation culturelle géré par trois organismes, il est prévu pour l’avenir de réaliser deux cours d’Economie par an, qui s’adresseraient aux formateurs, et des études sur le territoire grâce à la collaboration des universités et l’octroi de bourses d’études. La direction scientifique du projet est confiée à Emmir Nogueira, co-fondatrice de Shalom, et à Luigino Bruni, enseignant en économie à l’université de Milan et responsable de la Commission internationale de l’Economie de communion. (Article publié dans « Il Regno » n° 2/2006)

Un projet innovateur pour les malades du sida en Afrique…

Un projet innovateur pour les malades du sida en Afrique…

 Ayubu a 42 ans et vit à Akum, au Cameroun. Il confectionne des sacs en raphia, activité artisanale typique de son village : «Lorsqu’on m’a dit que j’avais le sida, j’ai continué à vivre comme un mort vivant. J’avais en moi deux personnes : l’une d’elles était déjà morte, l’autre était le corps qui bougeait. On m’a invité au Club. Là, j’ai été surpris de voir beaucoup de personnes dans les mêmes conditions que moi, qui riaient et parlaient normalement. Peu à peu, je suis revenu à la vie : je n’avais plus en moi deux personnes mais une seule. J’ai recommencé à être un homme vivant. Même mes sacs se vendent et je suis en train d’apprendre la céramique.» Le“Club” auquel Ayubu fait référence est l’un des groupes de soutien pour les malades du sida mis sur pied par le Mouvement des Focolari au Nigeria, au Cameroun, au Kenya et en République Démocratique du Congo. Grâce l’implantation de ce réseau de Clubs dans différents disctricts, est offerte une approche globale de la personne, pour soutenir les malades, leurs familles t les personnes à risque. L’initiative est devenue partie intégrante du projet de l’ONU, et les résultats – soit la constitution dans chaque communauté d’un tissu social de solidarité qui grandit et fait boule de neige, avec des coûts d’intervention très bas -, ont été présentés lors de la XIVe Conférence mondiale sur le Sida (Barcelone, 7-12 juillet 2002). Et ils ont été publiés dans les Actes, parmi les “Interventions et programmes d’amélioration”. Comment est née l’idée ? Le projet a commencé en 1992, dans l’hôpital d’une mission au Nigeria, sous la direction de deux médecins et une religieuse. Ensemble, ils se sont rendu compte que pour enrayer la diffusion du virus et éviter que les malades soient marginalisés, il n’est pas suffisant de suivre le protocole offert par l’hôpital pour le traitement des maldes du Sida. En effet, une collaboration est nécessaire entre les différents acteurs de la santé, les membres de la famille, les enseignants, les autorités locales, les guérisseurs traditionnels, afin de faire naître un sens de fraternité et une culture d’acceptation envers les personnes séropositives. Le témoignage d’un des acteurs de cette initiative, le médecin espagnol Fernando Rico Gonzàles: «Pour différentes raisons, en particulier par manque de formation et de conaissances, les personnes séropositives refusent souvent d’accepter le diagnostic. J’ai été interpellé par la souffrance profonde, le manque d’espérance rencontrés en beaucoup d’entre elles. J’ai alors commencé à parler à mes patients et je leur ai demandé s’ils seraient contents que nous trouvions ensemble d’autres personnes, confrontées aux mêmes problèmes, pour pouvoir s’aider réciproquement.» A partir du Nigeria, l’expérience a été reprise dans d’autres pays d’Afrique. Par exemple, aujourd’hui, une centaine de personnes sont en lien avec les deux clubs de Akum et Bali, au Cameroun. Une vingtaine d’entre elles sont des enfants. D’autres personnes gravement malades sont soignées et visitées à domicile. Ces clubs sont soutenus financièrement par l’ONG Action pour un Monde Uni (AMU). 16 000 € ont été récoltés jusqu’à présent pour ce projet. Le budget prévisionnel annuel tourne autour de 18 600 €. Des versements peuvent être faits à l’ordre de l’ONG Action pour un Monde Uni, en stipulant bien sur le chèque : “Projet Bamenda”. (Extrait de AMU Nouvelles et Living City 5/2005)

Commentaire de Chiara Lubich

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière » (Jn 3, 21).

« Faire » la vérité ? On pense d’ordinaire que celle-ci s’apprend ou se dit… Mais Jésus, une fois de plus, nous surprend. Pour lui, la vérité « se fait ».
Nicodème, un rabbin membre du Sanhédrin, en est lui aussi étonné. Alors qu’il demande à Jésus comment on peut entrer dans le Royaume des cieux, il s’entend répondre qu’il faut renaître, c’est-à-dire accueillir la vie nouvelle que Jésus est venu apporter, se laisser transformer intérieurement jusqu’à devenir enfant de Dieu et entrer ainsi dans son monde à lui. Plutôt qu’une conquête humaine, le salut est un don qui vient d’En Haut.
Nicodème, venu trouver Jésus de nuit, dans les ténèbres, en sort tout illuminé.

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »

Cette Parole de vie nous invite à agir conformément à la vérité, à être cohérents avec l’Évangile. Elle nous demande de ne pas nous contenter d’écouter la Parole de Dieu, mais de la mettre en pratique . Comme l’affirme un Père de l’Église, Hilaire, évêque de Poitiers, « il n’est rien des paroles de Dieu qui ne doive s’accomplir ; et tout ce qui a été dit comporte la nécessité d’être mis en œuvre, car les paroles de Dieu sont des décrets. »
Foi et comportement moral sont étroitement liés.
L’entretien profond de Jésus avec Nicodème nous indique clairement qu’en Jésus la lumière, la vie et l’amour en acte coïncident. Il en sera donc de même pour ceux qui, accueillant le Christ, deviennent en lui enfants de Dieu. « Celui qui obéit au Seigneur et suit, par son intermédiaire, l’Écriture – écrit Clément d’Alexandrie, un autre père de l’Église – est transformé pleinement à l’image de son Maître : il se met à vivre comme Dieu de chair » .
Or, même celui qui ne reconnaît aucune religion n’est pas exempté d’être cohérent. Lui aussi doit traduire en fait les convictions profondes que lui dicte sa conscience.

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »

Vivre dans la vérité nous fait déboucher sur la lumière, « accueillir » le Christ. Jésus l’a promis : « Celui qui m’aime… je me manifesterai à lui » . Lui est la « vraie lumière » .
Mais faire la vérité constitue aussi un témoignage social. Jésus l’a dit, en nous invitant à faire resplendir notre lumière « aux yeux des hommes, pour qu’en voyant nos bonnes actions ils rendent gloire à notre Père qui est aux cieux » .
La cohérence de la vie est le plus éloquent des discours. Les enfants la demandent à leurs parents : ils les veulent unis, occupés à établir l’harmonie familiale. Les citoyens attendent cette même cohérence de la part de leurs élus : la fidélité à leur programme, le souci du bien commun et l’honnêteté dans leur gestion. Les étudiants désirent que leurs enseignants soient cohérents dans leur travail didactique et éducatif. Probité, transparence, compétence sont exigées des commerçants, des ouvriers, de tout travailleur…
La société se construit aussi par la correspondance entre nos idéaux et nos choix concrets quotidiens.

« Celui qui fait la vérité vient à la lumière. »

C’est l’expérience d’hommes comme Nelson Mandela qui, pour être fidèle à son engagement pour l’égalité, a fait de longues années de prison, avant de revenir sur le devant de la scène pour diriger son Pays ; ou comme Martin Luther King, qui a payé de sa vie sa cohérence.
C’est encore l’expérience de nombreux hommes et femmes inconnus, sans être pour autant moins authentiques dans leurs choix. Ainsi ce chef d’entreprise, dont un gros client exige des pots-de-vin en échange d’une commande de nouvelles fournitures. Conscient qu’il risque de perdre une grande partie de son chiffre d’affaires, il ne renie pas ses principes. Sa décision est douloureuse mais ferme. Le grand magasin qui distribue ses produits retire, comme prévu, ses commandes, mettant ainsi son fournisseur au bord de la faillite. Mais quelques mois plus tard, cette grande surface est obligée de faire machine arrière devant les protestations de ses clients. En effet ceux-ci ne trouvent plus dans les rayons les produits auxquels ils sont attachés. La cohérence de vie a ainsi été reconnue.

Chiara LUBICH

La Parole de Vie du mois de mars est extraite des lectures du dimanche 26 mars 2005.