Mouvement des Focolari

L’Évangile vécu : se sentir membre d’une grande famille

Une grande partie de la culture dans laquelle nous sommes immergés exalte l’agressivité sous toutes ses formes comme l’arme gagnante pour atteindre le succès. L’Évangile, en revanche, nous présente un paradoxe : reconnaître notre faiblesse, nos limites, notre fragilité comme point de départ pour entrer en relation avec Dieu et participer avec lui à la plus grande des conquêtes : la fraternité universelle. Récession En raison de la situation de crise dans notre pays, je voyais mon travail diminuer et mes revenus se raréfier. Nos clients ne faisaient plus de commandes. À la maison, nous avons réduit nos dépenses, en essayant de vivre avec moins. J’ai appris à m’endormir malgré les dettes, à passer plus de temps avec les enfants pour que la situation ne pèse pas trop sur eux. J’ai recommencé à prier, à croire fermement en l’Évangile qui dit : « Donne et il te sera donné ». Nous l’avons vécu sans réserve tous les jours. Entre-temps, nous avons fait tout ce que nous pouvions : collecter des journaux, des cartons, des boîtes de conserve et des bouteilles en verre pour les vendre… Les enfants sont allés vendre des sachets de bonbons… De nombreuses personnes venaient nous demander de quoi manger et il nous est arrivé de leur donner la seule chose qui nous restait. Un jour, ma femme leur a donné un kilo de riz et le soir même, nous avons reçu deux kilos de lentilles. Un de nos voisins a laissé une voiture devant notre porte : « Réparez-la, vous la paierez quand vous le pourrez ». Désormais nous pouvons conduire notre troisième fille, née avec le syndrome de Down, au centre de soins qui assure son traitement. (M.T. – Chili) Grandir en tant que parents Nous avions remarqué quelques changements chez notre fils. Un jour, avec une infinie délicatesse, je lui ai demandé s’il y avait un problème. Il m’a confié qu’il s’était drogué. J’en ai parlé à mon mari. Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit. En tant que parents nous nous sommes sentis impuissants et en situation d’échec. Joao a aussi ramené ses amis à la maison. Nous avons souffert à cause de leur façon d’agir. Mon mari et moi étions devant un choix : nous avons décidé d’aimer et de nous mettre au service de ces jeunes. Par amour pour notre fils, nous ne sommes plus partis en vacances pour ne pas le laisser seul. Entre-temps, nous avons eu, mon mari et moi, la certitude toujours plus grande que l’amour serait plus fort. Un jour, Joao nous a dit qu’il ne voulait pas quitter la maison et nous a demandé d’aider aussi ses amis. Une nouvelle vie a commencé. Avec cette expérience, bien que n’ayant pas d’autre formation que la vie de l’Évangile vécu, nous avons fondé dans notre ville le groupe Familles Anonymes, confrontées à ce problème, pour les aider. De nombreux jeunes ont pu s’en sortir. (O.P. – Portugal) Réfugiés Ayant appris qu’un jeune réfugié albanais cherche un logement, nous l’ aidons dans ses recherches et, entre-temps, nous l’ accueillons chez nous. Nos proches ne sont pas d’accord, ils nous posent beaucoup de problèmes et nous disent que nous sommes inconscients. Mais cet isolement momentané, nous incite à trouver dans l’unité entre nous la force de continuer quand même. Après quelques jours, nous trouvons un appartement. Avec B., un artisan qui avait décidé d’embaucher un Albanais, nous nous rendons à la caserne pour concrétiser les choses. Pénétrer dans ce lieu où des centaines de personnes attendent un logement, est un véritable choc. Nous nous sentons impuissants, mais B. décide finalement d’engager non pas un mais trois Albanais, dont un mineur, qu’il hébergera lui-même comme famille d’accueil. Quelques mois suffisent pour que les trois jeunes se mettent au travail et s’intègrent dans la vie du village, où nous avons essayé d’impliquer le plus de personnes possible pour qu’ils se sentent membres d’une grande famille. (S.E. – Italie) Confirmation Ma fiancée, Giorgia, veut se marier à l’église. Il y a besoin d’un certificat de confirmation que je n’ai pas et pour cela il me faut suivre une préparation. Au début, tout semble simple, mais quand je me retrouve au catéchisme avec des garçons beaucoup plus jeunes que moi, cela me semble trop. J’ai envie de tout envoyer balader. Giorgia ne change pas d’avis, elle est convaincue du sacrement de mariage. Notre relation s’enfonce dans un tunnel. Concrètement nous reportons la date de notre mariage. Suivent des mois d’épreuve et de questionnements. Mon éducation m’ a porté à voir l’Église comme une institution rétrograde et maintenant me voilà en train de mendier un certificat ! Ce qui me met en colère, c’est que pour Giorgia, ce n’est pas une formalité, mais une façon de fonder une famille. Notre relation part en fumée. C’est alors qu’à la suite d’un accident ma mère devient paralysée. Giorgia lui rend visite tous les jours et ma mère trouve en elle non seulement de l’amitié, mais aussi une sorte de présence qui l’aide à accueillir son état avec sérénité. Je comprends que Giorgia a de profondes raisons d’agir ainsi. Tous mes doutes disparaissent: quoi qu’il advienne, elle est la femme de ma vie. (M.A. – Italie)

D’après Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, città Nuova, anno VI, n.1, janvier-février 2020)

Florianapolis (Brésil) : Le focolare dans le « Morro » (Bidonville)

Depuis 2014, dans le « Morro de la Croix » vit une communauté de focolarini qui partagent la vie simple et pauvre de ce bidonville populeux de Florianópolis. Vilson Groh, qui vit là depuis plus de 30 ans, affirme : « C’est une expression du désir de Chiara, d’avoir des focolares également dans les banlieues du monde. » https://vimeo.com/378572926

Évangile vécu : ouvrir de nouvelles opportunités

« Nous ne donnons une gloire plus grande à Dieu que lorsque nous nous efforçons d’accepter notre prochain, car alors, nous jetons les bases de la communion fraternelle et rien ne donne autant de joie à Dieu que la réelle unité entre les hommes. L’unité attire la présence de Jésus au milieu de nous et sa présence transforme toute chose ». (Chiara Lubich) Le collège Dans le collège où j’habitais, à Prague, j’avais souvent rencontré la technicienne de surface . Ayant été gentil avec elle, je remarquai qu’elle nettoyait plus souvent la chambre que je partageais avec un bulgare et qu’elle cirait souvent le parquet. Je ne savais pas comment la remercier et, ayant avec moi une machine à café expresso, je pensai un jour lui faire plaisir en lui offrant un bon café. Elle ne me dit rien mais par après, elle me confessa que pour elle, habituée au café « à la manière turque », l’autre était trop fort. C’est ainsi que commença un dialogue sur les habitudes dans les différentes cultures et nous arrivâmes à parler aussi de foi. Elle me raconta que lorsqu’elle était enfant, elle avait fréquenté la paroisse, mais ensuite, pendant le communisme, elle s’en était éloignée. Les jours suivants, une fois terminé le nettoyage, si j’étais au collège, elle s’arrêtait chez moi, toujours avec beaucoup de questions sur la vie chrétienne. Un jour elle me confia : « Ce travail a toujours été humiliant pour moi, mais depuis que j’ai connu cette autre vision de la vie, il me semble avoir retrouvé mon enfance, d’avoir compris le sens de la vie ». (T.M. – Slovaquie) Avec des yeux nouveaux Ma femme et moi étions arrivés à un carrefour : je voyais seulement ses défauts et elle voyait seulement les miens. Les disputes s’étaient intensifiées et il semblait que chaque événement, aussi ceux qui concernaient les enfants, alimentaient cette guerre. Un jour, alors que j’accompagnais la plus jeune à l’école, je me suis entendu dire : « Tu sais Papa, le professeur de religion nous a expliqué que le pardon, c’est comme une paire de lunettes qui fait voir avec des yeux nouveaux ». Cette phrase prononcée par une fillette ne m’a pas laissé tranquille. J’y ai repensé toute la journée. Le soir, en rentrant à la maison, j’ai eu une idée : aller chez le fleuriste et acheter autant de roses que d’années de notre mariage. Au début, ma femme a mal réagi (l’énième gaffe?) puis, vu la joie des enfants, surtout de la plus jeune, elle a changé d’attitude. Ce soir-là, après de longs silences, quelque chose a changé. Cela a été le début d’un nouveau cheminement. Vraiment, il m’a semblé avoir de nouveaux yeux et de voir ma femme et nos enfants comme je ne les avais pas encore vus. (J.B. – Espagne) Tentation Nous étions dans une situation de grande nécessité à cause d’une grosse somme d’argent dont nous avions besoin afin de payer une importante note de frais. Ce matin-là, un client passa chez nous, entra avec l’intention d’acheter six machines. Après avoir conclu l’affaire, il nous fit la proposition d’appliquer un autocollant avec le nom d’une marque réputée. Très surprise, tout en sachant que c’est une pratique habituelle dans notre marché, j’ai vécu un moment de suspension : nous risquions de perdre cette grosse affaire, mais je ne sentais pas que je pouvais accepter cette offre. Après en avoir parlé avec mon mari, nous avons clairement compris que nous ne pouvions pas céder et trahir notre conscience de chrétiens. Le client nous a regardés surpris . A sa question si nous étions chrétiens, nous avons répondu que oui. Son visage s’est détendu. « Aujourd’hui, j’ai constaté ce que signifie être fidèle à sa propre foi. Ne vous préoccupez pas, j’achèterai chez vous. Vous m’avez enseigné quelque chose de très important. J’étais chrétien moi aussi, mais en voyant comme tout le monde fait dans le commerce, je me suis laissé prendre par la tentation. A partir d’aujourd’hui, je ne le ferai plus ». (G.A. – Nigeria) Un travail pour deux Pendant un cours de vendeurs de boissons et baguettes dans les trains, j’avais demandé si on pouvait distribuer les baguettes invendues aux sans domicile fixe. Cela ne rentrait pas dans le cadre de la société où je pouvais travailler, et donc, je n’ai pas été engagé. Déçu mais certain que Dieu viendrait à ma rencontre, j’avais finalement trouvé une place dans la cuisine d’un restaurant. Là, en accord avec les collègues, le soir, je pouvais distribuer de la nourriture à ceux qui en avaient besoin. J’ai ainsi connu des situations dramatiques de faim, de misère, de solitude. Un jour, le chef m’a annoncé qu’il ne fallait plus qu’un travailleur dans la cuisine. Nous étions un homme musulman qui était devenu un ami et moi-même. Lorsque j’ai répondu que je préférais que lui reste, car il avait une famille à sa charge, le chef me répliqua que le choix était tombé sur moi. Malgré la reconnaissance que je lui exprimai, je lui dis aussi ce que je pensais. Et lui de me répondre : « Pour la première fois, je me sens encouragé par un garçon comme toi à revoir ma décision ». Le jour suivant, réexaminant la situation financière de l’entreprise, il avait décidé que nous pouvions continuer à travailler tous les deux ! (D. Angleterre) Pas seulement hôte Nous avions accueilli chez nous durant une année entière une jeune fille brésilienne venue en Italie avec un programme d’échange culturel. Mais Julia ne réussissait pas à s’insérer dans notre famille et nous, la considérant seulement comme hôte, nous ne contribuions pas au but qu’elle se sente bien chez nous. Quand on s’en est rendu compte, et que nous avons commencé à la traiter comme nos deux filles, les choses ont changé : elle s’est sentie aimée et peu à peu, s’est liée à nous comme une de nos filles, avec ses autres sœurs. Julia est devenue un membre à part entière de notre famille à tel point qu’elle a senti le besoin d’approfondir la beauté d’une famille chrétienne, elle nous a demandé de suivre la formation aux sacrement du baptême, de la confirmation et de la communion qu’elle n’avait pas reçue dans son pays même si elle avait 17 ans. Pour l’occasion, ses parents sont venus du Brésil et nous avons fait une grande fête qui a impliqué toute la communauté. Aujourd’hui le lien avec Julia continue. Nous continuons à être pour elle « maman et papa » toutes les fois que nous nous voyons par Skype ou que nous nous écrivons. (A. – Italie)

D’après Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, città Nuova, anno VI, n.1, janvier-février 2020)

Force dans la douceur : Mattarella à Trente évoque le souvenir de Chiara Lubich

Force dans la douceur : Mattarella à Trente évoque le souvenir de Chiara Lubich

«On peut être très forts tout en étant doux et ouverts aux bonnes raisons des autres», et d’ailleurs, «c’est seulement ainsi que l’on est vraiment forts» : c’est l’enseignement de Chiara Lubich selon les mots de Mattarella, qui accueille l’invitation de Maria Voce à «l’extrémisme du dialogue».

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

Le chef de l’État, au Centre Mariapolis « Chiara Lubich » de Cadine (Trente), a participé avec une intervention passionnée en souvenir de la fondatrice des Focolari en ce centenaire de sa naissance. Pour l’accueillir, Maria Voce, présidente du Mouvement, et les autorités locales, avec les citoyens : plus de 400 personnes présentes dans la salle, environ 500 autres dans les autres salles reliées à Cadine et à Trente et plus de 20.000 les visualisations du streaming. La dimension artistique, grâce à la régie de Fernando Muraca, a fait office de toile de fond à la narration, en parcourant à nouveau les passages les plus significatifs de la vie de Chiara comme femme en relation. Entre sons et images se sont entrecroisées les voix des autorités civiles et ecclésiales. Le président de la Province Autonome de Trente, Maurizio Fugatti, a souligné combien Chiara représente, avec d’autres figures comme De Gasperi, « l’excellence de cette terre ». Une région, celle de Trente, dont elle a mis trois caractéristiques en évidence : la force de volonté, le Mouvement coopératif, le fait d’être terre de frontière. « Chiara a su interpréter cette appartenance – a-t-il affirmé – qui est en fait un trait distinctif de notre autonomie, de notre spécificité ».

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

L’archevêque de Trente, Mgr. Lauro Tisi, tout en remerciant son prédécesseur Carlo De Ferrari qui à l’époque, accueillit le « doigt de Dieu » dans la spiritualité de Chiara Lubich, a rappelé que « si aujourd’hui le charisme embrasse toute l’humanité, nous le devons à cet évêque qui l’a protégé » ; et il a montré dans la provocation du « Christ Abandonné » sa grande actualité. Alessandro Andreatta, maire de Trente, a exprimé sa joie en rappelant « la jeune fille qui, il y a presque quatre-vingts ans, se mit au service des pauvres » et qui « continue encore aujourd’hui à nous inviter à l’ouverture, à l’accueil, à l’engagement pour et avec les autres. Car dès le début, cela ne fut pas pour Chiara une expérience personnelle, isolée, solitaire mais un engagement qui ne se comprend seulement que s’il est vu à la lumière du paradigme de la relation ». Ensuite de nombreux témoignages ont été rapportés qui disent la ténacité dans le quotidien de personnes qui ont été et sont, inspirées par Chiara et par son charisme dans sa manière d’agir : comme Amy Uelman, professeure d’éthique et de droit à l’université de la Georgetown University de Washington, qui forme ses étudiants à affronter des sujets de division en évitant les affrontements ; les entrepreneurs Lawrence Chong et Stanislaw Lencz, qui avec leurs entreprises, contribuent à une économie solidaire et durable ; Arthur Ngoy et Florance Mwanabute, médecins congolais qui se consacrent au soin des plus faibles et à la formation sanitaire ; et l’histoire de Yacine, migrant algérien, accueilli comme un frère par quelques jeunes italiens après le difficile voyage à travers les Balkans. Mais aussi celle de l’ex- maire de Trente, Alberto Pacher, qui avec des enseignants et des étudiants, a accueilli l’invitation – le coup de fil d’un enfant – d’où sont nés les projets Tuttopace et Trento, une ville pour éduquer.

© Domenico Salmaso – CSC Audiovisivi

« La lumière donnée à Chiara dépasse les frontières du Mouvement des Focolari et va encourager et inspirer de nombreuses personnes, femmes et hommes de bonne volonté partout dans le monde, comme cet anniversaire est occupé à manifester », a affirmé la présidente des Focolari Maria Voce. « Comme chacun d’entre vous, je sens Chiara vivante, présente, active, proche chaque jour. Elle nous invite à aller vers un public large avec courage ». Et elle a vivement encouragé tout le monde par ces paroles : « A cette société qui semble ne pas avoir de racines ni de but, il faut répondre avec radicalité, avec l’«extrémisme du dialogue », alimenté par la culture de la confiance ». En guise de conclusion de la soirée, la longue et passionnée intervention du Président de la République ; qui a identifié en particulier dans la fraternité, appliquée par l’agir citoyen et politique, le signe distinctif de la spiritualité de Chiara Lubich – en réservant aussi un chaleureux souvenir à Igino Giordani, que Mattarella connut et qui, de cette spiritualité, fut un interprète de premier ordre. Une fraternité qui est « la pierre angulaire de toute civilisation et moteur du bien-être », à tel point que sans celle-ci, « nous risquons de ne pas avoir la force de surmonter les inégalités et pour assainir les fractures sociales ». Chiara Lubich, en proposant avec vigueur la culture du don et du dialogue, en particulier interreligieux qui « en cette période de l’histoire est décisif pour la paix », avait eu l’intuition « avec un esprit de prophétie » de ce que devait être la route à suivre. Un enseignement qui prouve que « l’on peut être très forts tout en étant doux et ouverts aux bonnes raisons des autres. Par ailleurs, à dire la vérité, comme le démontre la vie de Chiara Lubich, c’est seulement ainsi que l’on est réellement forts ».

Stefania Tanesini

Un téléfilm sur Chiara Lubich pour la RAI, la télévision italienne

La réalisation est confiée à Giacomo Campiotti. Le tournage commencera au printemps prochain et se déroulera entre Rome et Trente, sa ville natale. « La force d’une figure comme celle de Chiara aujourd’hui est de nous faire regarder l’autre comme une possibilité, un don, porteur d’une graine de vérité à valoriser et à aimer, aussi lointaine soit-elle. La fraternité universelle est le fondement du dialogue et de la paix ». Nous lisons dans le communiqué de presse que Luca Barbareschi, producteur d’Eliseo Fiction et de Rai Fiction se disent « fiers » d’annoncer qu’un téléfilm sur Chiara Lubich sera réalisé pour la télévision italienne. La réalisation est confiée à Giacomo Campiotti. Le tournage commencera au printemps prochain et se déroulera entre Rome et Trente, sa ville natale. La note poursuit en expliquant que « Chiara est très jeune quand, dans les années de la Seconde Guerre mondiale, elle se sent appelée à construire un monde meilleur, un monde plus uni. Elle se fixe alors pour objectif de jeter des ponts entre les hommes, quelle que soit leur race, leur nation ou leur religion. La fraternité universelle est le fondement du dialogue et de la paix. Le message de Chiara n’appartient pas seulement au monde catholique et sa figure contribue à la valorisation de la femme et de son rôle aussi et surtout en dehors de l’institution ecclésiastique ».

La rédaction de focolare.org

Chiara Lubich – Ville Monde

L’exposition internationale consacrée à la personne et au charisme de Chiara Lubich débute le 7 décembre 2019. C’est la première exposition multimédia jamais réalisée sur elle. Giuseppe Ferrandi, directeur du Musée historique du Trentin et Anna Maria Rossi, l’une des commissaires de l’exposition, en racontent la genèse, le parcours et l’actualité. https://vimeo.com/378573747

Centenaire de Chiara Lubich : message de Maria Voce

Il y a 100 ans naissait à Trente la fondatrice du Mouvement des Focolari . Le mot de la Présidente Maria Voce. Dans un monde où « émergent continuellement des courants de particularismes et de divisions et où se dressent de nouveaux murs et de nouvelles frontières », le message d’unité de Chiara Lubich est « d’une très grande actualité. » Cette pensée est au cœur du message vidéo par lequel Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, rappelle aujourd’hui, 22 janvier 2020, le centième anniversaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. https://vimeo.com/386026053 texte du message

Notre époque demande de recomposer l’unité

La Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est célébrée chaque année du 18 au 25 janvier, dans l’hémisphère nord, entre les fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, dans l’hémisphère sud . Pour 2020, le thème choisi est un verset des Actes des Apôtres proposé par des chrétiens de différentes Églises de l’île de Malte : « Ils nous ont témoigné une humanité peu ordinaire » (Actes 28,2). Nous proposons à cette occasion un extrait d’une intervention de Chiara Lubich, le 27 octobre 2002 dans la Cathédrale protestante Saint-Pierre de Genève (Suisse). L’amour ! Comme le monde a besoin d’amour ! Et nous aussi, chrétiens ! Tous ensemble, de toutes les Églises, nous sommes plus d’un milliard. C’est beaucoup et cela devrait se voir. Mais nous sommes encore divisés et, pour cette raison, beaucoup ne nous voient pas et ne voient pas Jésus qui devrait transparaître de notre vie. Jésus l’a dit : le signe auquel le monde devrait nous reconnaître comme sesdisciples et devrait Le reconnaître à travers nous, c’est l’amour réciproque, l’unité : « Si vous avez de l’amour les uns pour les autres, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples » (Jn 13,35). L’amour réciproque, l’unité, voilà ce qui devrait être notre signe distinctif, notre uniforme. Voilà le signe distinctif de l’Église du Christ. Mais nous n’avons pas maintenu entre nous la pleine communion, la communion visible et, aujourd’hui encore, elle n’est pas réalisée. Aussi sommes-nous convaincus que les Églises, en tant qu’Églises, devraient s’aimer de cet amour-là. Nous nous efforçons de travailler en ce sens. Que de fois les Églises semblent avoir oublié le Testament de Jésus et, par leurs divisions, ont scandalisé le monde qu’elles auraient dû conquérir au Christ ! Un rapide tour d’horizon de nos 2000 ans d’histoire, notamment du second millénaire, nous montre qu’elle est faite d’une succession d’incompréhensions, de conflits, de luttes qui ont déchiré la tunique sans couture du Christ, son Église. La responsabilité, certes, peut être attribuée aux circonstances historiques, culturelles, politiques, géographiques, sociales… Mais également à la défaillance de l’élément unificateur qui devait caractériser les chrétiens : l’amour. Aussi, pour tenter de remédier à un si grand mal, pour trouver de nouvelles forces pour recommencer, nous devons placer toute notre confiance en cet amour évangélique. Si nous diffusons l’amour, l’amour réciproque entre nos Églises, cet amour les conduira à être, chacune dans sa diversité, un don pour les autres. Chers frères et sœurs, Oui, nous l’avons compris : notre époque demande de chacun de nous l’amour, elle demande l’unité, la communion, la solidarité. Et elle appelle aussi les Églises à “recoudre” l’unité déchirée depuis des siècles. C’est cela la réforme par excellence que Dieu nous demande. C’est le premier jalon, un jalon incontournable pour susciter la fraternité universelle avec tous les hommes et femmes du monde. Le monde croira si nous sommes unis. Jésus l’a dit : « Que tous soient un [] afin que le monde croie… » (Jn 17,21). C’est cela que Dieu veut ! Croyez-moi ! Il nous le dit, il nous le crie à travers les circonstances actuelles qu’il permet. Qu’il nous donne la grâce, si ce n’est de voir réalisé tout cela, au moins d’en préparer le terrain.

Chiara Lubich

Extrait de : “Il dialogo è vita” (Città Nuova 2007, p. 16-33)

En Albanie, après le tremblement de terre,  priorité  à la prise en charge des victimes.

En Albanie, après le tremblement de terre, priorité à la prise en charge des victimes.

Le mouvement des Focolari présent aux côtés des nombreuses personnes qui ont subi des pertes et des dommages : « La personne avec son vécu et ses besoins est au centre de nos efforts. Pour l’instant il est essentiel d’accueillir, d’écouter et de partager. Mais un grand effort sera nécessaire pour planifier la reconstruction.» Solidarité avec les victimes du tremblement de terre qui a frappé l’Albanie le 26 novembre 2019, faisant 52 morts, plus de 2 000 blessés et des dégâts matériels considérables. Environ deux mois après le séisme, des initiatives de collecte de fonds, des événements commémoratifs et des secours sur le territoire mobilisent institutions, mouvements d’ Église et de solidarité. Une fois l’urgence passée, toutes les énergies sont orientées pour favoriser la coordination des forces sur le terrain afin de planifier et de démarrer la reconstruction. Dans l’incertitude du présent, un grand réconfort vient du fait de se sentir membre d’une famille, d’un large réseau de personnes qui assurent soutien et proximité. C’est là que se trouve le cœur de l’engagement du mouvement des Focolari. Nous avons entendu Fabio Fiorelli, un focolarino qui vit et travaille dans un des centres de Tirana. Depuis la nuit du tremblement de terre, quelles initiatives le Mouvement a-t-il pu mener à bien pour soutenir les personnes touchées ? ” Certains d’entre nous ont établi des liens avec la Caritas nationale et diocésaine en collaborant à la préparation de vêtements et de couvertures pour ceux qui étaient loin de chez eux, et en se rendant dans les abris temporaires pour écouter les gens et faire jouer les enfants. Sur proposition des familles du Mouvement, le 21 décembre nous avons préparé une après-midi de fête de Noël pour les plus petits – mais pas seulement – avec des chants, des jeux, la crèche ” vivante ” et les cadeaux du Père Noël : une pause de sérénité et de communion pour aller de l’avant. De plus, à Durazzo, une psychologue du Mouvement, dont la maison a été endommagée, collabore avec une équipe qui va dans les villages périphériques très touchés par le tremblement de terre, où les gens vivent sous des tentes et manquent des biens de première nécessité. Sur un plan très pratique, les familles du Mouvement qui ont subi de graves dommages dans leurs maisons ont été interrogées, nos ingénieurs ont effectué des inspections et analysé les coûts de réparation. » Quelles sont les autres activités que vous prévoyez ? « Un “projet” a été élaboré avec des objectifs et la mise en œuvre de stratégies en lien avec l’Association Monde Uni (AMU), qui fait partie du Mouvement, et nous attendons qu’il démarre. » Dès les premières heures après le tremblement de terre, en pleine phase d’urgence, Marcella Ioele, responsable d’un des centres des Focolari à Tirana, est arrivée avec d’autres personnes à Durazzo et dans les environs pour lancer les premiers secours en lien avec la Caritas et l’Église locale et pour apporter un soutien aux victimes. Nous lui avons demandé quelles expériences l’ont frappée en parlant avec des personnes déplacées : « Une jeune femme m’a dit qu’au début des secousses, son frère, qui était à la maison avec la famille, s’est instinctivement enfui pour sortir du bâtiment, mais est immédiatement revenu pour s’occuper d’eux. Ce geste l’a aidée à comprendre que dans ces moments-là, elle ne devait pas seulement penser à elle-même mais aussi à ses proches. Une autre fille aurait voulu agir pour aider les personnes en difficulté, mais devant aider sa mère âgée, elle ne pouvait pas s’éloigner. Mais – nous a-t-elle dit – elle pouvait écouter et réconforter les nombreux passants, et elle était heureuse parce qu’elle sentait qu’elle apportait sa contribution de cette façon. » Quels sont les sentiments qui prévalent aujourd’hui au sein de la population ? « D’une part, on sait que ce type de catastrophe met en jeu les responsabilités de ceux qui ont autorisé la construction de bâtiments peu sûrs et fait ressortir le manque de préparation dans la gestion de l’urgence. D’autre part, la solidarité manifestée par les autres Pays dès le début fait naître l’espoir d’ une Albanie meilleure. Voir travailler ensemble des peuples, encore récemment divisés par de vieilles querelles, a été un signe d’espoir. Il y a un grand sentiment de reconnaissance, surtout envers les Kosovars qui se sont manifestés de manière très forte, comme s’ils voulaient restituer l’amour qu’ils avaient reçu lorsqu’ils étaient ici au moment de la crise du Kosovo. Certains d’entre eux sont venus pour emmener des familles chez eux. « Le tremblement de terre, m’a confié un jeune homme, nous a rapprochés plus que jamais. D’autres nous ont dit avoir ressenti la présence de Dieu, même dans cette réalité douloureuse. »

Claudia Di Lorenzi

Évangile vécu : dépasser les jugements et les préjugés

« Jésus nous a démontré qu’aimer signifie accueillir l’autre tel qu’il est, de la manière identique à celle avec laquelle il a accueilli chacun de nous. Accueillir l’autre, avec ses goûts, ses idées, ses défauts, sa diversité. (…) Lui laisser de l’espace en nous, en désencombrant tout préjugé de notre cœur, tout jugement et tout instinct de rejet ». (Chiara Lubich) Le « village de la misère » Les habitants de ce bidonville qui s’étend sur les rives pentues d’ un fleuve, s’arrangent avec des petits jobs et étant obligés de rester hors de la maison toute la journée, ils doivent laisser leurs enfants seuls. Il y a peu de temps, le fleuve en crue à cause d’une pluie torrentielle a emporté d’une baraque, un bébé de quelques mois à peine. Nous habitons dans un quartier résidentiel proche de ce bidonville. Bouleversés par ce qui s’était passé, nous tentons d’affronter cette terrible plaie en impliquant notre famille et des amis. Nous avons loué des locaux et avons commencé une crèche où les parents peuvent laisser leurs enfants en sécurité toute la journée. Dans des locaux adjacents, nous commençons une école maternelle pour que les plus grands ne traînent pas dans les rues. L’initiative porte ses fruits : de nouveaux liens sont créés entre le personnel qui travaille et les familles, et un partage de biens, de temps et de prestations. Peu à peu un autre rêve devient réalité : enlever le plus grand nombre de familles du « village de la misère ». Avec un système d’autogestion, nous avons construit et inauguré cette année les premières nouvelles maisons. (S.J.B. – Argentine) Convictions politiques C’était inévitable, au bureau, de parler politique. Inévitable, expérimenter la distance qui existait entre les points de vue respectifs. Fatiguée de cette tension qui augmentait de jour en jour, surtout lorsque quelqu’un proclamait des « vérités » inacceptables, j’en suis arrivée à la conclusion que plutôt que changer de bureau, je devais me changer mi-même. C’est ainsi que je me suis efforcée de comprendre davantage ce qui pousse l’un ou l’autre de mes collègues à défendre une certaine position. Cette façon de me comporter a suscité une certaine curiosité, surtout chez ceux qui m’avaient toujours attaquée comme catholique-conservatrice-bigote . C’est certainement la prière qui m’a aidée, mais aussi ma communauté paroissiale qui m’encourageait à être plus dans l’amour. Un jour, mon « ennemi » le plus implacable m’a dit : « Je ne sais plus où t’attaquer… et je vois que tu es heureuse. Ta liberté me désoriente ». Sans trop d’explications, s’est établie entre nous une amitié constructive qui aide maintenant aussi les autres à avoir une attitude plus compréhensive les uns pour les autres, tout en restant chacun avec ses propres convictions. (F.H. – Hongrie) Avec les yeux d’une mère Notre fils avait épousé L. sur vague de contestation, en échangeant par amour, une foi politique commune. Personnellement, je l’aimais comme ma fille et j’ appréciais chez elle, des dons de sensibilité et d’attention envers les plus démunis de la société. Lorsque après à peine un an de mariage, tous les deux sont venus nous communiquer leur difficulté de continuer une vie commune, j’étais presque préparée à cette annonce. Ce fut surtout notre fils qui y perdit beaucoup, car il s’était donné entièrement à la construction d’un rapport conjugal vrai. Quant à L., plutôt que de la juger, j’ai essayé de ne pas oublier ce que j’avais auparavant cueilli en elle de beau et de positif, et de considérer la situation avec les yeux d’une mère. Ses parents, constatant que de notre bouche n’était jamais sortie, ni avec eux, ni avec d’autres, une parole de jugement vis-à-vis de leur fille, ont exprimé leur estime pour cette attitude et ont continué à garder avec nous un rapport fraternel. Depuis lors, de nombreuses années se sont écoulées. L. nous considère désormais comme un point fixe de sa vie. (F.B. – France) Des voleurs dans la maison Je leur avais ouvert la porte parce qu’ils avaient l’air de braves garçons. Au contraire, ils m’ont tout de suite demandé où j’avais mis mon argent et ont commencé à ouvrir les tiroirs, les armoires. Un des deux me tenait fort les bras derrière le dos. Je n’avais même pas la force de crier à cause de la peur…Lorsqu’ils sont partis, je me suis retrouvée par terre, un peu étourdie. Peut-être avaient -ils eu pitié de mon âge. Puis je suis sortie sur le balcon et j’ai crié à l’aide, mais les voleurs s’étaient déjà enfuis. Des voisins ont accouru mais ils ne pouvaient rien faire d’autre que de m’aider à mettre un peu d’ordre dans l’appartement tandis que je me rendais compte de ce qu’ils m’avaient volé. Que faire ? Ce jour – là, la tragédie de la solitude et de la vieillesse m’est apparue dans toute sa cruauté. La nuit, je n’ai pas pu m’endormir : la même scène me revenait toujours à l’esprit. Et pourtant on aurait dit de braves garçons, ils auraient pu être mes petits-enfants. Pourquoi agissaient-ils de la sorte ? j’ai trouvé un peu de paix quand j’ai commencé à prier pour eux et pour leurs mamans. J’ai remercié Dieu d’être toujours en vie. (Z.G. Italie) Ne pas nier la vie Cela faisait de nombreuses années que je ne voyais plus ma voisine et plus précisément depuis que j’avais déménagé. Maintenant, je retrouvais une femme plus vieille que son âge réel, elle était une autre personne. On aurait dit qu ‘elle attendait l’occasion d’ouvrir son cœur car sans tarder elle commença à me raconter ses peines : « Tout a commencé le jour où, me décidant pour l’avortement, j’avais espéré résoudre les problèmes entre mon mari et moi… Au contraire, lui, mettant sur moi la faute du fils que je ne lui avais pas donné, partit avec une autre, me laissant avec un tas de problèmes avec nos deux filles adolescentes. Plus tard, une d’elles me confia qu’elle était enceinte ; son amoureux l’avait coincée : ou elle avortait, ou il la quittait. Je lui racontai ce que je n’avais jamais révélé et lui recommandai de ne pas nier la vie, comme je l’avais fait. Ce fut elle qui me consola en me voyant pleurer. Elle ajouta ensuite que, voyant ma souffrance, elle avait décidé de garder l’enfant. Et elle le fit. Son amoureux ne la quitta pas. Maintenant, ils vivent heureux avec ce petit garçon qui est aussi ma consolation ». (S.d.G. – Malte)

D’après Stefania Tanesini (extrait de : Il vangelo del Giorno, Città Nuova, anno VI, n° 1, janvier-février 2020)

Philippines : la Mariapolis Pace évacuée à cause de l’activité du volcan Taal

Philippines : la Mariapolis Pace évacuée à cause de l’activité du volcan Taal

La nouvelle de l’éruption du volcan Taal a fait le tour du monde. Elle a commencé le 12 janvier dernier à quelques kilomètres à peine de la Mariapolis Pace des Focolari à Tagaytay sur l’île philippine de Luzon. Grâce aux réseaux sociaux, les photos des maisons et des routes couvertes de cendres et de boue sont arrivées partout comme également les nouvelles de première main des très nombreuses personnes qui ces jours-ci sont en train de quitter la région touristique de Tagaytay, située à 60 km environ de la capitale Manille. Les autorités philippines ont sollicité l’évacuation totale d’environ 500.000 personnes suite à l’alerte diffusée par l’institut de vulcanologie et sismologie des Philippines (PHILVOLCS). On craint en effet une éruption explosive. « On dirait qu’on marche dans une ville fantôme – commente une fille sur Facebook, en décrivant Tagaytay, sa ville : tout est d’une seule couleur : le gris ; il n’y a plus d’électricité, plus d’eau et les secousses de tremblement de terre sont fréquentes ». A environ 30 km du volcan Taal, il y a aussi la Mariapolis Pace des Focolari ; elle est née en 1982 avec une vocation marquée au dialogue entre personnes de religions différentes et ce matin, nous avons rejoint Ding Dalisay et Chun Boc Tay, responsables des Focolari dans les Philippines afin d’avoir des nouvelles de ses habitants ; ils nous ont assuré que l’évacuation de ses habitants a été quasiment complète. « Presque toutes les focolarines sont parties ; les prêtres et les séminaristes ont été transférés dans le Séminaire de San Carlos et les 7 Gen – les jeunes des Focolari – sont maintenant à Manille. Les focolarini sont en partie dans leurs familles et quelques-uns sont restés dans leurs focolare respectifs, nos familles vont assez bien et quelques-unes se sont transférées. Nous distribuons de la nourriture et de l’eau à ceux qui en ont besoin et nous sommes en train de nous organiser pour accueillir les personnes évacuées si nécessaire. C’est difficile de communiquer car nous ne pouvons pas recharger les batteries des téléphones portables ni utiliser les ordinateurs. Hier, nous avons célébré la messe et mangé ensemble à la lumière des bougies. Nous essayons de mériter la présence de Jésus au milieu de nous ». Ding raconte ensuite l’extraordinaire résilience du peuple philippin, visible dans des gestes normaux qui deviennent héroïques dans des situations extrêmes comme celle-ci : « C’est incroyable, la créativité des personnes les plus pauvres qui, tout en ne possédant rien, invente des ressources impensables au service de celui qui est plus dans le besoin qu’eux. Nous avons vu un homme avec un handicap qui a mis au bord de la route, une petite table pour distribuer gratis des masques contre la suie ; ou bien le propriétaire d’un petit restaurant qui a écrit sur une pancarte : « Celui qui a besoin d’un repas peut entrer sans payer » ; ou un monsieur qui se propose pour nettoyer les voitures pleines de cendres avec une pompe à eau ». La communauté des Focolari de Tagaytay et des environs remercie toutes les personnes dans le monde pour les prières, les messages, les nombreux appels. Nous continuons à suivre la situation et à en donner des nouvelles surtout par le biais des réseaux sociaux du Mouvement des Focolari.

Stefania Tanesini

Stockholm (Suède) : Le focolare, espace de fraternité

Comment, dans son quotidien, se déroule, la vie d’un focolare ? Nous sommes allés à Stockholm, en Suède, où nous avons accompagné les focolarines chez elles, au travail et dans les diverses activités avec la communauté des Focolari. https://vimeo.com/378573247

Rétablir le dialogue entre les États-Unis et l’Iran

Le Mouvement Politique pour l’Unité et New Humanity encouragent la création d’un comité trilatéral de haut niveau entre les représentants spéciaux des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Iran, avec pour mandat de rétablir le dialogue entre les États-Unis et l’Iran. L’appel a été envoyé à Josep Borrell, (Haut Représentant de l’UE), Seyed Mohammad Ali Hosseini (Ambassadeur d’Iran à Rome) et Lewis M. Eisenberg (Ambassadeur des Etats-Unis à Rome). Voici le texte : Le Mouvement politique pour l’unité exprime sa grave préoccupation face à l’escalade du conflit entre l’Iran et les États-Unis. La politique internationale, avec ses institutions, mais aussi avec ses organisations non gouvernementales, a la responsabilité particulière de mettre son action au service de la paix et des droits des peuples. Seul le dialogue international et la diplomatie – celle résiduelle, celle qui suscite l’espérance contre toute espérance – peut encore prendre des initiatives dans la logique de la paix. C’est l’un des plus grands défis du XXIème siècle. Le chemin vers une solution doit exister et il nous est montré par les valeurs humaines et la docilité des cœurs. « Nous ne voyons plus le visage de l’homme : l’homme qui souffre, qui est limité, tourmenté et finalement massacré sur les champs de bataille », affirmait le député Igino Giordani, dans un vibrant discours au Parlement italien. Nous sommes appelés à voir, à redécouvrir le visage de l’homme pour dire non à la guerre, à tout acte de guerre. Mais pour parvenir à la paix, la diplomatie et la négociation sont indispensables, sans se lasser, car la guerre et le terrorisme sont la grande défaite de l’humanité. C’est pourquoi nous proposons et appelons à la création d’un comité trilatéral de haut niveau entre les représentants spéciaux des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Iran, avec pour mandat de rétablir un dialogue significatif et de parvenir, en fin de compte, à une solution pacifique du conflit. Mario Bruno                                                                                       Marco Desalvo Président – Mouvement Politique pour l’Unité                 Président – New Humanity NGO contact: Mario Bruno +39 334 998 0260 Texte pdf

Trente (Italie) : 7 décembre 1943 – 7 décembre 2019

76 ans après ce fameux 7 décembre 1943, Paolo Balduzzi nous emmène à Trente pour visiter certains lieux des premiers temps de Chiara et de la communauté des Focolari. Aujourd’hui, la ville où tout a commencé porte dans son tissu social et civil, des signes et des pratiques d’une mentalité de fraternité qui, de là, a atteint les extrémités du monde. https://vimeo.com/378573918

Un vrai capitaine Dernier adieu à Albert Dreston

Le 30 août 2019, par une journée ensoleillée de cette fin d’été, Albert Dreston nous a quittés après 52 ans passés à Loppiano (Italie), la cité-pilote internationale des Focolari où il il était professeur, théologien, focolarino et, depuis des générations, grand promoteur du football. Dès les premières années de sa vie son histoire est tout, sauf simple. Né en Rhénanie en 1939, il perd son père à l’âge de six ans pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré sa douleur, il fait sa première grande découverte de Dieu au milieu des larmes : « Soudain – dit-il – une force et une voix en moi, comme si Dieu me disait : ” Tu n’es pas orphelin, je suis ton père “. A partir de ce moment, mon père ne m’a plus jamais manqué, je ne me suis plus jamais senti seul. » Quand il était jeune, on avait dû lui enlever un rein et il semblait qu’il ne pourrait pas vivre longtemps. Mais, comme souvent, la disposition intérieure à tout quitter permet aussi le premier pas vers la révélation d’un grand “trésor”. C’est ainsi qu’en 1957, à Münster, lors d’une rencontre avec quelques focolarini, il est profondément touché par la présence de « Jésus au milieu, fruit de l’amour réciproque. » C’est alors qu’il oriente sa vie sur le chemin de l’Idéal de l’unité qui l’aidera à vivre ses épreuves et ses problèmes de santé un esprit nouveau. L’année suivante, Don Foresi et Chiara donnent leur accord pour qu’il entre au focolare et quelques années plus tard, c’est Don Foresi lui-même qui lui dit qu’une fois terminées ses études Bibliques, il ira enseigner à Loppiano, la première Mariapolis permanente. Nous sommes en 1967, Albert a 28 ans, sa santé physique s’améliore et à Loppiano le sport est considéré comme un élément essentiel pour la relation avec les autres, l’accueil et la connaissance mutuelle. C’est dans ce contexte qu’une nouvelle étape commence pour ce jeune enseignant au milieu de jeunes en provenance du monde entier. Au cours de ses années au service de la cité-pilote, il n’a jamais cessé d’être un point de référence. Il enseignait en classe tout comme sur le terrain de sport, grâce à sa passion pour le football, à la clarté de ses cours et à son amour évangélique. On ne peut pas dire que c’était le champion du jeu raffiné, ni même un grand buteur. Il était plus que cela. Ces dernières années, âgé de plus de 75 ans, il arrivait qu’il n’ait pas envie de jouer, mais il était là, 30 minutes en avance, pour accueillir les joueurs et et les placer sur le terrain qui porte aujourd’hui son nom. Il avait assurément un charisme particulier, il était toujours dans les temps, capable au cours d’un seul match, d’ être le gardien du terrain, l’entraîneur, l’arbitre, le juge de touche, l’avant-centre et surtout le directeur sportif… car il fallait d’abord composer les équipes et il savait toujours trouver parmi les africains, les asiatiques ou les brésiliens deux bons défenseurs. Pour toutes ces raisons, à Loppiano, Albert Dreston incarnait le foot, c’était un vrai capitaine, parce qu’il était le coéquipier de tous, y compris de l’équipe adverse. Une authentique…”légende” à lui tout seul ! Prononcer son nom aujourd’hui, c’est ouvrir tout grand le livre des du Mouvement des Focolari, une histoire peuplée d’êtres chers, de vies précieuses. C’est s’attarder sur le chapitre d’un homme qui, sous les formes les plus diverses, a su offrir son temps pour aider les autres. Ces dernières années, on pouvait se demander s’il pourrait continuer à jouer au foot, si le temps n’était pas venu pour lui d’organiser une dernière partie d’adieu, de mettre ses chaussures au placard et de clore cette aventure en beauté. Certains se sont risqués à le lui suggérer délicatement. Naïves tentatives de notre part! Albert, avec son habituelle détermination d’outre-Rhin, nous a répondu : « Je passerai directement du terrain de sport au terrain sacré (cimetière).» Et, d’une certaine manière, c’est ce qui s’est passé. Il nous a dit adieu un vendredi. Comme d’habitude, tout à fait dans les temps : pour les dernières convocations la veille du match, pour composer les équipes et continuer à renvoyer la balle… au milieu des Champs Élysées. Bons matchs de foot au paradis, capitaine …. et merci !

Andrea Cardinali

Une année révolutionnaire

Chiara Lubich a affirmé à différentes reprises, que travailler pour établir des rapports de paix dans le monde est un fait révolutionnaire. Une nouvelle décennie s’ouvre, elle coïncide aussi avec le centenaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. « Sais-tu qui sont les artisans de paix dont parle Jésus ? C’est ainsi que Chiara Lubich commence son commentaire à la Parole de Vie du mois de février 1981. Une question qu’elle adresse aussi à nous aujourd’hui plus que jamais, en cette Journée internationale de la paix. Celui qui œuvre pour la paix crée et établit des liens, aplanit les tensions – explique Chiara. Nous découvrirons ainsi que les occasions pour être de réels artisans de paix sont infinies. https://vimeo.com/333138318

Burkina Faso : En mission au pays des hommes intègres

Burkina Faso : En mission au pays des hommes intègres

Une des plus beaux aspects de notre travail à la rédaction de focolare.org est la relation avec les personnes et les communautés des Focolari dans le monde. A l’occasion de ces fêtes de Noël nous tenons à remercier ceux d’entre vous qui nous envoient des nouvelles, ils permettent ainsi à la vie du charisme de l’unité de devenir une inspiration pour beaucoup. Dans cet esprit, le courriel du Père Domenico De Martino, 36 ans, originaire de Naples (Italie), en mission actuellement au Burkina Faso, a été un vrai cadeau car il ouvre les portes à une portion du monde qui vit un moment difficile, où la paix, la dignité et la liberté religieuse sont sérieusement menacées, région à l’écart des radars des médias internationaux. Au cours des cinq dernières années, le Burkina Faso a été touché par la violence de groupes extrémistes qui ont causé la mort de centaines de personnes, par une vague d’enlèvements et par la fermeture de nombreuses écoles et églises. Cette violence a entraîné un déplacement massif et continu de populations des régions touchées vers la capitale et les grands centres urbains. Selon les dernières informations des Nations Unies, depuis le début d’octobre, 486 360 personnes déplacées à l’intérieur du pays ont été enregistrées, soit plus de deux fois qu’en juillet, et les chiffres n’arrêtent pas d’augmenter. Certains parlent même d’un million de personnes déplacées. Le père Domenico fait partie de la Communauté Missionnaire de Villaregia. Son premier contact avec les Focolari remonte à l’âge de 12 ans lorsqu’il lit pour la première fois la Parole de Vie, le commentaire mensuel aux Écritures dans l’esprit du charisme de l’unité, commencé par Chiara Lubich il y a plus de quarante ans. C’est en rendant aux missionnaires qu’il le trouve. « A 17 ans, j’ai écrit à Chiara Lubich pour lui demander de m’indiquer une parole de l’Évangile qui pourrait être une lumière pour ma vie et parce que je voulais partager avec elle mon parcours de la quête de ma vocation. Je garde précieusement sa réponse dans ma Bible et de temps en temps je la reprends. La parole qu’elle m’a donnée est : “Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure ” (Jn 14, 23). Une Parole exigeante et forte dont j’essaie de comprendre toujours plus le sens pour ma vie. En 2012, je suis ordonné prêtre après une année d’expérience au Pérou, à Lima ». Le père Domenico est en mission à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, depuis deux ans et s’implique dans des projets de promotion humaine. « Burkina Faso signifie littéralement ‘la terre des hommes intègres’. La famille et le sens de la communauté figurent parmi les valeurs du peuple burkinabé. Nous avons créé une école d’alphabétisation qui compte aujourd’hui 160 élèves ; la plupart sont des filles et des jeunes mères qui n’ont pas pu étudier. Nous avons également activé un projet pour les femmes qui ont lancé de petites activités productrices qui leur permettent de joindre les deux bouts : il y a beaucoup de candidatures et la sélection n’est pas toujours facile. L’Evangile et le désir de s’immerger dans ce peuple nous guident dans les choix. Ces derniers mois, les cours ont repris dans les écoles de la capitale ; on ne peut malheureusement pas en dire autant des autres régions du pays. Dans le nord, le nord-est et le nord-ouest du pays, de nombreuses écoles ont été incendiées par des groupes terroristes et, à la fin de l’année scolaire dernière, plusieurs enseignants ont été tués. Le procédé est toujours le même : les bandits ou les terroristes surgissent dans les villages, prennent tout – le bétail et les récoltes – vident les petites boutiques et cherchent ensuite les enseignants en leur disant que s’ils ne partent pas, ils seront les prochaines victimes à moins qu’ils n’enseignent l’arabe ou ce qu’ils appellent ‘la vraie religion’. J’ai eu l’occasion de parler à certains enseignants qui, malgré cette situation de crise, doivent se rendre à leur travail dans ces provinces car l’État ne peut pas leur permettre de cesser leurs activités, mais ils ont la peur au ventre. Même si notre région est calme, nous essayons d’être proches de nos gens, en partageant les peurs et les angoisses. En septembre dernier, lors d’une attaque à une base militaire, 40 soldats ont perdu la vie, dont 3 de nos jeunes paroissiens. Nous étions particulièrement proches de l’un d’eux, le fils aîné d’une famille que nous connaissons bien. Lorsque nous sommes allés les trouver pour leur présenter nos condoléances, face à sa veuve et à ses deux enfants détruits par la douleur, je n’ai pu donner de réponse au pourquoi de tant de haine et d’horreur. En croisant les yeux de Jean, le père du jeune homme tué, ses paroles me reviennent sans cesse : ‘Vous, les prêtres, vous êtes le signe de Dieu pour nous ; nous pouvons tout vous demander parce que vous nous donnez la parole de Dieu, sa consolation et sa volonté’ ; je n’ai pas pu faire autre chose que lui serrer la main, sans rien pouvoir lui dire, seulement lui faire sentir que Dieu leur est proche. Dans cette situation de grave instabilité, un signe d’espérance est la communion croissante entre les différentes Églises chrétiennes et les personnes d’autres religions, en particulier les musulmans, avec lesquels nous nous réunissons dans la prière et invoquons la paix de Dieu ». Un autre signe d’espoir que le père Domenico nous a partagé est le projet de soutien aux frais scolaires des enfants. A ce jour, 96 enfants en ont bénéficié. « Nous avons été choqués de constater que de nombreux enfants n’ont pas d’acte de naissance et qu’ils n’existent donc pas pour l’État et pour le monde. Les situations que nous rencontrons sont complexes et nécessitent un accompagnement sur plusieurs fronts. Il est beau de voir comment un projet réalisé en mettant Dieu au centre conduit à une compréhension et une gestion plus profonde car nous regardons la personne dans sa globalité. Nous nous organisons pour obtenir des certificats de naissance et cela nous permettra de rendre la dignité aux enfants de nos quartiers ». Entre les lignes, nous comprenons que le père Domenico pourrait nous partager encore beaucoup de choses et ses paroles pleines d’amour pour le peuple burkinabé nous rapprochent de cette terre. « La communion nous aide à être Église au vrai sens du terme, les pieds sur terre et les mains dans la pâte, pour tous les enfants de Dieu qui sont dans l’épreuve et dans le besoin », conclut le père Domenico.

Stefania Tanesini

Romaamor : servir les pauvres pour construire la fraternité

Romaamor : servir les pauvres pour construire la fraternité

Romaamor est une organisation à but non lucratif qui opère dans la capitale italienne depuis treize ans, récupérant les surplus ou les invendus de nourriture. Elle prépare 250 repas par jour pour les pauvres et travaille également à promouvoir leur insertion sociale. L’accumulation et le gaspillage sont des fléaux de notre temps et de nombreuses plaies de nos sociétés ; mais nous rencontrons aussi des personnes qui, en silence, recueillent la nourriture destinée à être jetée et la donnent aux plus pauvres. Elles ne le font pas seulement pour offrir de l’aide mais elles le font comme geste concret d’accompagnement vers un chemin de rédemption. C’est l’histoire de Dino Impagliazzo et de Romaamor (Rome-amour), l’organisation à but non lucratif qu’il a fondée dans la capitale en réponse à l’invitation de Chiara Lubich en 2000, lorsqu’elle reçut la citoyenneté d’honneur de Rome, où elle demanda de coopérer pour une « révolution d’amour » dans la ville. Depuis 13 ans, Romaamor offre 250 repas par jour aux sans-abri assis dans les gares de Tuscolana et Ostiense et sur la place Saint-Pierre. Et Dino, aujourd’hui âgé de 90 ans, éprouve chaque jour la même joie à se donner aux autres : « En aidant ces personnes, il y a parfois de grandes difficultés – explique-t-il – il faut se sacrifier, mais on ressent alors une grande joie d’avoir fait le bien. Le Christ nous a enseigné que l’essence du christianisme est aimer Dieu et le prochain ; Chiara Lubich nous invite à vivre pour la fraternité universelle : c’est le fondement de notre service aux pauvres ». Dino a reçu le Prix International de Carthage 2018 pour son engagement, parce que « son travail de sensibilisation et de formation restitue l’éthique à la ville et crée concrètement des alternatives valables qui redonnent une juste valeur aux personnes et aux choses ». Nous l’avons interrogé : Comment a commencé l’expérience Romaamor ? J’ai commencé seul, par hasard, en apportant un sandwich à un pauvre que j’avais rencontré à la gare, et peu à peu j’ai pensé à inclure le plus de gens possible. En commençant par ma femme, les personnes de mon immeuble et ceux du quartier. Nous avons toujours approché les pauvres en sachant que c’est mon frère qui est dans le prochain, qu’il soit riche, pauvre, en bonne santé ou malade, et quand mon frère est en difficulté, nous devons l’aider et le considérer comme tel. A l’occasion de la Journée de l’Alimentation 2019, le Pape a souligné la nécessité d’un retour à la sobriété dans nos modes de vie, pour entretenir une relation saine avec nous-mêmes, nos frères et la Création…. C’est un choix essentiel. Si tu es chrétien et si tu sais que chaque personne est ton frère, car Jésus te l’a dit, si tu vis non seulement pour toi-même mais en relation avec les autres et si tu sais que parmi nous il y a des personnes qui vont bien et d’autres qui sont malades, alors comment peux-tu penser autrement ? Ta disponibilité doit être toujours pleine et offerte avec joie. Face à la prédominance de la “culture du gaspillage”, vous qui choisissez de servir les pauvres, vous allez à contre-courant…. C’est important, mais nous ne nous contentons pas de ramasser les aliments sur le point d’être périmés, de les cuire et de les apporter aux personnes dans le besoin. Nous essayons d’entrer en contact avec eux pour faire quelque chose de plus que simplement les nourrir. Nous essayons d’adapter les repas aux personnes que nous aidons : les enfants, les personnes âgées, les femmes, les malades ont des besoins différents ; pour nos hôtes musulmans nous préparons des repas sans viande de porc. Notre objectif est aussi de promouvoir l’insertion : j’invite les bénévoles à essayer d’établir une relation étroite avec au moins certaines de ces personnes. En offrant le repas, je leur demande d’apporter deux plateaux, un pour le pauvre et un pour qu’ils puissent s’asseoir et manger avec lui. Quelle est la valeur du groupe ? C’est fondamental, nous faisons tout ensemble, en décidant du menu, de la cuisine, du partage des tâches. Un se renseigne s’il y a des malades, un autre s’occupe de ceux qui ont besoin d’être en contact avec les organismes publics, un encourage l’autre. Nous passons de nombreuses heures ensemble : nous commençons à cuisiner l’après-midi, nous finissons à vingt heures, nous sortons et nous restons deux heures dehors. Nous partageons tout, les joies et les difficultés. Y a-t-il des personnes que vous avez aidées qui sont devenues bénévoles ? Bien sûr ! Parmi les volontaires, un tiers sont des étrangers qui, par exemple, se trouvent dans les centres d’accueil et attendent d’être reconnus comme réfugiés politiques. Certains nous sont signalés par les juges pour faire des services sociaux, et enfin des séminaristes envoyés par les diocèses. Nous venons d’horizons différents, mais nous travaillons tous pour le même but. Pourquoi un jeune homme devrait-il venir à Romaamor ? Parmi les volontaires, il y a un flot de jeunes qui ne cesse de croître. Ils font cette expérience avec joie, ils sont heureux et ils essaient d’amener leurs amis.

Claudia Di Lorenzi

Travailler ensemble pour le bien de l’humanité

Travailler ensemble pour le bien de l’humanité

Signature d’un accord de partenariat entre la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et New Humanity, l’ONG internationale du mouvement des Focolari. Objectif : continuer à travailler ensemble pour vaincre la faim dans le monde d’ici 2030. Un accord qui renforce une collaboration déjà en cours, un document qui confirme notre engagement commun à éradiquer la faim et la pauvreté de notre planète: c’est le sens du partenariat signé le 19 décembre dernier à Rome entre la FAO, la plus grande agence des Nations Unies s’occupant dédiée à l’alimentation et à l’agriculture, et New Humanity, l’ONG internationale du mouvement des Focolari. L’accord vise à promouvoir, en particulier auprès des nouvelles générations, des actions, des activités, des initiatives pour mettre en œuvre le projet Faim Zéro, conformément aux objectifs de l’Agenda 2030 des Nations Unies pour le développement durable. «Merci pour le travail que vous avez déjà accompli avec nous en tant qu’Humanité Nouvelle en collaborant pour les Objectifs de Développement Durable (SDG), pour la Faim Zéro et pour l’avenir de la planète et du monde.» C’est par ces mots que Mme Yasmina Bouziane, Directrice du Bureau de la Communication institutionnelle de la FAO, a accueilli au siège de la FAO à Rome M. Marco Desalvo, Président de l’ONG New Humanity, ainsi qu’une petite délégation de jeunes du mouvement des Focolari. «Nous savons qu’il ne nous reste que 10 ans pour atteindre les objectifs. Ce que vous faites avec les jeunes de tous les horizons est extrêmement important, parce que les jeunes sont porteurs d’innovation, de changement, ce sont eux qui attendent l’ information, sans laquelle nous ne pouvons pas réaliser les actions concrètes que nous voulons faire.» «Ce que nous signons aujourd’hui – a-t-elle ajouté – est une nouvelle confirmation que ce n’est qu’en partenariat que nous pouvons aller de l’avant. Nous apprécions déjà beaucoup ce que le Mouvement des Focolari et Humanité nouvelle ont fait grâce à leurs initiatives, alors, ensemble, je pense que nous pouvons certainement aller de l’avant et soutenir vraiment les pays et la planète entière pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2030.» «Merci. Pour nous aussi, cette signature revêt une grande signification – a dit Marco Desalvo en parlant de l’accord – je pense aux milliers de jeunes qui travaillent déjà pour le projet Faim Zéro. Mais c’est aussi un nouvel engagement pour nous. Hier, j’ai pensé que Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari, avait commencé par aller voir ceux qui avaient faim, à Trente, avec l’idée de résoudre le problème social de la ville. Maintenant, nous sommes partout dans le monde et nous voulons continuer et atteindre ce but.» La collaboration entre la FAO et New Humanity a commencé depuis déjà quelque temps. En réponse à l’invitation de la FAO faite aux jeunes et aux juniors à s’engager particulièrement en faveur de Faim Zéro, de nombreuses initiatives ont été lancées. Un groupe de jeunes de 11 pays a élaboré la “Charte d’engagement” (http://www.teens4unity.org/cosa-facciamo/famezero/) des Juniors pour un Monde Uni vers Faim Zéro. Chaque année en mai, “La Semaine Monde Uni” et la course mondiale de relais “Run4Unity” sont également consacrées à sensibiliser et à agir en vue de Faim Zéro. La revue bimestrielle Teens offre une rubrique consacrée aux thématiques de Faim Zéro (https://www.cittanuova.it/riviste/9772499790212/).- En juin 2018, 630 jeunes filles (de 9 à 14 ans) du mouvement des Focolari (https://www.focolare.org/news/2018/06/26/prime-cittadine-famezero/) ont été accueillies au siège de la FAO à Rome. Grâce à leur engagement dans ce but, chacune d’elles a reçu un passeport et est devenue “première citoyenne Faim Zéro”. Récemment a été publié un livre (http://new-humanity.org/it/pdf/italiano/diritto-allo-sviluppo/214-new-humanity-e-fao-libro-generazione-fame-zero-ragazzi-in-cammino-verso-un-mondo-senza-fame/file.html) fruit de la collaboration entre la FAO et New Humanity pour les adolescents (12-14 ans), intitulé “Génération #FaimZero. Jeunes sur la route d’un monde sans faim”. Il propose, à partir d’un véritable témoignage, un nouveau mode de vie qui peut contribuer à un monde uni et, par conséquent, à vaincre la faim et la pauvreté. Un exemplaire a également été remis à Mme la Professeure Yasmina Bouziane: «Je vais garder précieusement ce livre, merci !» Elle a poursuivi en disant qu’en tant que jeunes et juniors, ils doivent évaluer ensemble quelles sont les priorités sur lesquelles ils veulent s’engager. Les jeunes présents ont expliqué que ces priorités seront également discutées lors des prochaines rencontres internationales de formation pour les nouvelles générations, à Trente au début de 2020 et lors des Chantiers Juniors pour l’Unité, au Kenya et en Côte d’Ivoire. «Notre engagement – a conclu Mme Bouziane – est de travailler avec vous sur vos priorités afin d’atteindre Faim Zéro, car notre priorité est d’atteindre cet objectif avec vous.»

Stefania Tanesini

Un événement presque scandaleux

Un événement presque scandaleux

Vœux de Noël de Maria Voce, présidente du Mouvement des Focolari Noël est pour nous tous qui le célébrons chaque année un moment très attendu, rempli d’émotions, de joie, d’échanges. Mais au milieu de cette atmosphère de Noël si joyeuse et festive, nous oublions souvent qu’à la base de cette fête il y a un événement mystérieux, je dirais presque scandaleux : le scandale d’un Dieu qui s’abaisse et devient homme, du Tout-Puissant qui devient un petit enfant, de l’Illimité qui entre dans les limites de la chair humaine. Et Dieu ne le fait pas seulement par solidarité, pour être proche de nous et partager notre existence. Il entre dans la condition humaine pour nous démontrer, avec notre langage, avec nos gestes, nos émotions, sa vie même : celle d’un Dieu ; une vie capable de réparer des fractures, de guérir des blessures, de reconstruire des relations. Il l’a fait il y a 2 000 ans et il veut le refaire aujourd’hui. Dans un mois, le 22 janvier, nous célébrerons le centenaire de la naissance de Chiara Lubich, la fondatrice de notre Mouvement des Focolari. Et à cette occasion, je ne peux manquer de rappeler le cœur de son message, de sa spiritualité, qui est la spiritualité de l’unité : la découverte que Jésus peut encore naître aujourd’hui, là où deux ou plusieurs personnes s’aiment « par un amour de service, de compréhension, de participation aux souffrances, aux poids, aux angoisses et aux joies de leurs frères, par un amour qui couvre tout, qui pardonne tout, cet amour typique du christianisme . » D’où la proposition de faire de nos rapports humains la crèche, le berceau, qui accueille Jésus parmi nous ; Jésus qui veut recomposer notre monde, aujourd’hui si fragmenté. Mon souhait, en ce Noël, est qu’il soit pour tous une fête de joie profonde, dans l’engagement à nous entraîner chaque jour afin d’attirer, par notre amour réciproque, la présence de Jésus parmi nous, lui permettant ainsi de transformer le monde.

Disparition du Grand Maître Ajahn Thong

Figure de premier plan du bouddhisme theravada thaïlandais, le Vénérable Phra Phrom Mongkol Vi s’est éteint le 12 décembre dernier à l’âge de 97 ans. A haut niveau, l’expérience de dialogue bouddhiste et chrétien entre lui et Chiara Lubich. Au milieu des années quatre-vingt-dix, grâce à Phramaha Thongratana, un moine qui avait eu l’occasion de rencontrer Jean-Paul II et de connaître le Mouvement des Focolari et Chiara Lubich , le Grand Maître avait passé une période dans la cité-pilote de Loppiano, avec son disciple, connu dans le milieu catholique aussi sous le nom de Luce Ardente. Après les premières rencontres que ceux-ci avaient eues avec la fondatrice des Focolari, était né le désir d’un dialogue entre bouddhisme et christianise en Thaïlande, qui, selon les mots du moine, devait être réalisé « doucement, avec une exquise charité, avec beaucoup d’amour et en s’en occupant avec le cœur ». Il ajoutait à cela une considération fondamentale pour le dialogue : « Ces deux termes – bouddhisme et christianisme – sont seulement deux mots […] le bien, l’amour, est ce qui unit tous les hommes de n’importe quelle ethnie, religion, langue et qui fait en sorte que tous puissent se retrouver et vivre ensemble ». De là, son engagement, décidé, et d’un certain côté, surprenant : « Jusqu’à mon dernier soupir, tant que je serai en vie, j’essaierai de construire des rapports vrais, et beaux avec tous les gens dans le monde ». Chiara Lubich confirmait ces sentiments avec une invitation qui est aussi prophétie : « Continuons à préparer la route en vivant selon la Lumière que nous avons reçue et beaucoup nous suivront ». C’est avec cette préparation que l’âgé et vénérable moine était arrivé dans la cité-pilote de Loppiano où il avait séjourné dans le Centre de spiritualité appelé Claritas, qui accueille régulièrement des religieux de différentes congrégations qui désirent vivre une expérience de communion des charismes. Deux moines theravada avec des franciscains, des salésiens, des jésuites, des dominicains et autres : une vraie prophétie. Le Vénérable Phra Phrom Mongkol avait été profondément touché par l’accueil reçu et, rencontrant Chiara Lubich, il avait commenté : « Le fait que tu aies invité des moines bouddhistes à venir ici, au milieu de ton peuple, est une chose très belle ». Tout cela n’était pas seulement une formalité ou de la gentillesse, même si ce sont des aspects typiques de la culture thaï. Il s’agissait des premiers pas d’une profonde expérience spirituelle dont les deux moines étaient bien conscients. Chiara avait confirmé son attente de cette première rencontre avec une attitude d’écoute visant à apprendre plutôt qu’à enseigner : « je suis contente de cette visite aussi pour apprendre quelque chose de beau . Quel est le cœur de votre enseignement ? » De là avait commencé un parcours imprévisible. Au début de l’année 1997, en effet, la leader catholique avait été invitée en Thaïlande par ces personnalités du monachisme bouddhiste et il ne s’agissait pas seulement d’une visite de courtoisie. Chiara fut invitée à adresser sa parole de témoignage chrétien à différents groupes de moines, moniales et laïcs bouddhistes, aussi bien à Bangkok que surtout, à Chiang Mai. C’est justement là, au Wat Rampoeng Temple que le Grand Maître l’introduisit avec ces surprenantes paroles : « Vous tous qui êtes mes disciples, vous vous demandez pourquoi la maman qui est une femme a été invitée. Je voudrais que vous, moines et séminaristes, vous oubliiez cette question et que vous ne pensiez pas qu’elle est une femme. Celui qui est sage, est en mesure d’indiquer la voie juste pour notre vie, qu’il soit homme ou femme, il mérite le respect. C’est comme lorsque nous sommes dans l’obscurité : si quelqu’un vient nous apporter une lampe pour nous guider, nous lui en sommes reconnaissants, et cela ne nous importe pas que cette personne, qui est venue nous apporter la lumière pour nous faire cheminer sur la juste voie, soit une femme ou un homme, un enfant ou un adulte ». En ces quelques mots, semble se condenser la grande sagesse de cet homme capable, avec d’autres, de cheminer sur la voie du dialogue sans crainte, en entraînant d’autres dans cette expérience prophétique. Chiara Lubich elle-même, touchée par cette ouverture et sensibilité, avait cueilli une présence supérieure dans ce rapport et s’était adressée au Grand Maître avec des paroles qui semblent être une prophétie : « Continuons à préparer la voie en vivant selon la Lumière que nous avons reçue et beaucoup nous suivront ». Et il en fut ainsi. Depuis 25 ans, cette expérience de dialogue continue et se développe. Dans la mort également, quelque chose semble rapprocher ce moine vieillard, issu de la millénaire tradition theravada avec la femme catholique fondatrice d’un mouvement ecclésial récent. Le 7 décembre en effet, à Trente, se sont ouverts les festivités pour le centenaire de la naissance de Chiara Lubich qui se concluront avec un événement interreligieux le 7 juin 2020. Le Vénérable Grand Maître avait exprimé le souhait d’être présent à cette occasion. Une amitié destinée maintenant à continuer dans l’éternité.

Roberto Catalano (Coresponsable pour le Dialogue Interreligieux du Mouvement des Focolari)

En conversation avec le Grand Maître Ajahn Thong, un service du Collegamento CH du 13 février 2016 https://vimeo.com/155689880

En Uruguay, on parie sur la paix

En Uruguay, on parie sur la paix

Depuis 15 ans, le Centre « Nueva Vida » des Focolari mène une action sociale importante de soutien aux plus jeunes et à leurs familles dans un quartier de la périphérie de Montevideo (Uruguay). Nous en parlons avec Luis Mayobre, directeur du centre. « Les jeunes sont le moteur de ‘Nueva Vida’ ; cette action sociale nous interpelle et nous stimule à ne pas perdre de vue ce qui est important, c’est-à-dire l’amour réciproque. Nous voudrions que cet amour soit la seule loi de notre centre ». C’est ainsi qu’a commencé Luis Mayobre, président du centre depuis presque le début, en 2004, lorsque l’archevêque de Montevideo a demandé aux Focolari de continuer à gérer un projet social lancé par une religieuse dans un quartier suburbain de la capitale uruguayenne. C’est ainsi que naît « Nueva Vida », dont les objectifs sont inscrits dans son appellation : donner l’espérance d’un nouveau départ à ceux qui franchissent les portes du centre qui fait partie de l’association CO.DE.SO (Communion pour le développement social créée par les Focolari) et collabore avec l’INAU, l’Institut de l’enfance et de l’adolescence, un organisme public qui gère les politiques liées à l’enfance et à l’adolescence en Uruguay. « L’année 2018 a été marquée par un climat de violence dans le ‘Barrio Borro’ – dit Mayobre – ; ce furent des mois d’angoisse. En raison de l’affrontement entre deux familles de narcotrafiquants rivaux, tout le monde risquait sa vie. Les personnes, ainsi que les éducateurs et le personnel de Nueva Vida, ont affronté avec courage les tirs incessants qui ont éclaté de jour comme de nuit. Nous avons dû doubler notre présence au centre parce que les familles nous le demandaient ; beaucoup d’entre elles avaient été cambriolées et leurs pauvres maisons étaient occupées par des narcotrafiquants ». Comment vous êtes-vous comporté dans un climat aussi hostile ? « Nous nous sommes tournés vers le ministre de l’Intérieur ; comme la réponse tardait à arriver, nous avons dû accueillir et protéger certaines familles que nous avons ensuite orientées vers les services de l’État qui leur ont donné de nouveaux logements. L’une de ces familles – deux de leurs enfants participent aux activités de la maison des jeunes – avait été menacée de mort. Notre coordonnatrice a contacté une autre fille, dont l’aide n’était pas prise pour acquise parce qu’elle avait une relation problématique avec ses parents. Tout s’est dénoué de la meilleure des façons car elle a fourni une partie d’un terrain de sa propriété pour la construction d’une nouvelle maison, plus digne et plus sûre. Je me souviens aussi d’un cas de violence familiale dont notre équipe a eu connaissance et qui a conduit à l’intervention des autorités pour protéger les enfants et la mère. Malgré les menaces et les insultes reçues, nous sommes allés de l’avant, en permettant à la famille de retrouver la paix et la sécurité ». Qui s’adresse au Centre et quels services offrez-vous ? « Nous réalisons trois projets : le CAIF, le Club des enfants et la Maison des jeunes. Dans ce climat de violence, nous nous sommes proposés d’être des bâtisseurs de paix, d’espérance et, surtout, de joie, pour vaincre la haine et la peur. L’environnement favorable qui a été créé a permis à 48 enfants de 2 à 3 ans et à 60 plus jeunes – de 0 à 2 ans – de participer à divers ateliers avec leurs mères. Nous avons également organisé des excursions éducatives pour créer des espaces de beauté et d’harmonie. Une expérience positive à laquelle ont également participé des familles dites “rivales”, dont les relations se sont considérablement améliorées ». Au Club des enfants, nous accueillons également 62 enfants en âge scolaire (de 6 à 11 ans). Nous nous engageons dans la lutte contre le décrochage scolaire et nous nous efforçons de faire en sorte que chaque enfant puisse accéder aux classes supérieures. Aujourd’hui, seulement 5 % des enfants abandonnent l’école, contre 36 % en 2004. Nous avons encouragé la tenue d’ateliers d’art, de musique et de loisirs pour sensibiliser les petits aux valeurs culturelles de la coexistence, à l’attention portée aux autres et à la ‘culture du don’. Nous nous sommes efforcés d’exclure la violence des styles de comportement. De plus, les cours de natation et les sorties favorisent l’apprentissage des soins corporels et de l’hygiène. Dans la Maison des jeunes, nous accueillons 52 jeunes âgés de 12 à 18 ans. Cette année, environ 95 % des jeunes participent à des activités qui se déroulent en dehors des heures de classe, un objectif que nous nous sommes fixé depuis le début. Parmi eux 6 fréquentent le lycée, un grand succès puisque dans le quartier la moyenne ne dépasse pas les premières années d’école. Nous organisons également des ateliers complémentaires à leur formation tels que la couture, la menuiserie et la communication. Toutes ces activités sont menées sur une base volontaire par des membres des Focolari ». Quelle relation le centre entretient-il avec les associations qui travaillent dans la région ? « Au fil des années, un réseau s’est constitué avec toutes les institutions travaillant dans le Borro avec lesquelles nous collaborons et nous nous entraidons. Nous participons aussi à la vie de la paroisse de la région, Notre-Dame de Guadalupe. Le curé et un prêtre nous rendent visite une fois par semaine. Des volontaires d’autres pays viennent aussi, comme cette année, Elisa Ranzi et Matteo Allione, des italiens qui ont laissé une marque profonde. Nous remercions toujours ceux qui nous aident. Leur collaboration est très importante pour soutenir une partie des activités que nous menons. Toute aide, aussi petite soit-elle, est précieuse».

Stefania Tanesini

Chiara Lubich et don Oreste Benzi. Les surprises de l’Esprit

Au cours du mois de novembre 2019, la clôture de la phase diocésaine des causes de béatification de Chiara Lubich et de don Oreste Benzi, fondateurs respectivement d’un Mouvement et d’une nouvelle communauté ecclésiale. C’est dans l’effervescence de ‘68, phénomène révolutionnaire du XXème siècle, qui intéresse des pays sous de nombreuses latitudes, que naissent, suscitées par des charismes, de nombreuses Communautés ecclésiales. Fondées par des laïcs, elles font irruption dans la vie de jeunes femmes et de jeunes hommes, elles mettent immédiatement des racines, elles bouleversent et se diffusent dans la société. Celles-ci aussi portent une révolution, mais évangélique, la prière à l’Esprit Saint, des Pères qui avaient participé au Conseil Œcuménique Vatican II, qui s’est terminé en 1965, se montrait sans se faire attendre. Dès les premiers instants du XXème siècle bourgeonnent déjà de nouvelles réalités charismatiques dans l’Église. Vers la moitié du siècle, donc vingt ans avant le Concile, naît le Mouvement des Focolari et apporte avec lui des nouveautés. : l’inspiration est « consignée » à une jeune fille de Trente, laïque, Chiara Lubich. Née en 1920, elle se caractérise par une foi généreuse et réalise son rêve de se donner à Dieu à l’aube du 7 décembre 1943, avec en toile de fond, la seconde guerre mondiale. La prédilection pour les pauvres, la vie communautaire soutenue par une spiritualité collective, qui s’appuie sur la Parole de Dieu, elle est le lieu où s’incarne le charisme de l’unité qui rapidement s’ouvrira au monde. Don Oreste Benzi naît en 1927 à Saint Clément, un village dans l’arrière-pays de la région de Rimini. Ordonné prêtre à l’âge de 24 ans, il se consacre aux adolescents. Faire « une rencontre sympathique avec le Christ », sera le leitmotiv de sa vie. Avec les adolescents, il passe les périodes estivales dans la Maison Marie des Sommets de Canazei, et là, en 1968, naîtra l’Association Pape Jean XXIII, qui prend vraiment l’engagement d’aimer le plus pauvre parmi les plus pauvres en étroite relation avec le Christ car : « seul celui qui sait rester à genoux peut rester debout à côté des pauvres » . Il accomplit des œuvres retenues irréalisables : du partage quotidien avec les marginaux à la lutte contre la traite des êtres humains. Chiara et don Benzi, deux personnes différentes : une femme et un homme, une laïque et un prêtre, une femme de la montagne et un homme des collines proches de la mer, tous deux fondateurs d’œuvres générées par un charisme, lumière qui s’insère dans l’histoire. Réalités inédites dans l’Église, ils proposent à nouveau l’annonce ancienne et nouvelle de Jésus, en impliquant celui qui y adhère dans un cheminement renouvelé de foi et d’humanité. Le témoignage éclatant de l’Évangile, ne s’arrête pas aux fondateurs, mais s’élargit aux membres. C’est aussi grâce à des Mouvements et des Communautés qu’à la fin du troisième millénaire, et après, la sainteté de peuple avance, en s’insérant dans le quotidien. Chiara trouve le sympathique slogan des six S, pour suivre Jésus : « Je serai saint si je suis saint tout de suite . » Variées, chez les Focolari, les causes de béatification en cours. Don Benzi, lorsqu’ arrive en 2004, le Décret ecclésial de reconnaissance définitive de son Association, affirme : « Un don inestimable » car, « les frères et les sœurs membres de la Communauté ( …) peuvent vivre heureux et sereins dans la certitude absolue que la vocation de la Communauté est voie sûre pour se sanctifier (…). » Dans l’Association Pape Jean XXIII a commencé la cause de béatification de la Servante de Dieu, Sandra Sabattini. C’est depuis le 2 octobre dernier que la nouvelle est arrivée : Sandra sera proclamée bienheureuse en l’an 2020. Parmi les derniers coups de fil de don Oreste, celui du 31 octobre 2007 au Centre international du Mouvement des Focolari, sa voix douce souhaite vivement informer Chiara de l’initiative que l’Association est en train d’organiser et si elle a l’intention de la soutenir. Malheureusement, il n’arrivera pas à temps pour entendre la réponse positive de Chiara : la nuit suivante, entre le premier et le deux novembre, il quittera cette terre. En 2008, le 14 mars, Chiara, elle aussi retournera à la maison du Père. Aujourd’hui, ce mois de novembre semble être le symbole de leurs deux parcours, distincts mais proches.

Lina Ciampi

Évangile vécu : une attente pleine de vie

Chaque petit acte d’amour, chaque gentillesse, chaque sourire transforme notre existence en une continue et féconde attente. Chorale d’enfants En préparation à la fête de Noël, nous sommes allés dans un hôpital avec un beau groupe d’enfants pour égayer Jésus présent dans les enfants hospitalisés avec nos chants. On ne nous a pas permis d’accéder à leur service, mais nous avons reçu l’autorisation de chanter dans le hall d’entrée de l’hôpital. C’était impressionnant de constater la métamorphose des visiteurs : ils entraient peut-être avec un visage sérieux et à peine voyaient-ils les enfants chanter, esquissaient-ils un sourire. Plusieurs sont aussi revenus avec les patients qu’ils étaient venus visiter. D’autres malades qui n’attendaient pas de visite, se sont faits porter dans le grand hall afin d’assister à la performance et beaucoup se sont unis à la chorale. Le personnel de l’hôpital s’est également réjoui de cette inhabituelle atmosphère. La direction de l’hôpital nous a déjà invités pour l’an prochain, en promettant de nous faire entrer aussi dans le service réservé aux enfants. (N.L. – Pays-Bas) En cuisine Chef-coq dans la cuisine d’un jardin d’enfants, je me donnais à fond dans mon travail. Un jour, alors que j’entendais une enseignante raconter que pour elle, chaque enfant est un trésor à protéger, je me suis rendu compte qu’en réalité, je ne pensais pas mettre de l’amour dans tout ce que je faisais. Maintenant, au contraire, considérer que chaque repas est un aliment de personnes qui un jour auront le monde en main, est devenu une véritable incitation à la fantaisie. Dans les repas, j’ai commencé à mettre l’une ou l’autre décoration imprévue, à arranger la nourriture d’une manière toujours nouvelle. La joie et la surprise des enfants m’ont confirmé qu’on ne sait pas ce qui peut naître d’un simple acte d’amour. (K.J. – Corée) L’incident Le travail au centre de désintoxication pour drogués était devenu aliénant. Prise dans le tourbillon des choses à faire, je ressentais toujours plus un sens de vide en moi et Dieu toujours plus loin. Un soir où il pleuvait des cordes, ma voiture s’est déportée, a heurté un mur et j’ai fini ma course sur la voie opposée. Lorsque je suis arrivée aux urgences, la vue d’un crucifix suspendu à un mur m’a donné du courage. Tandis que les médecins s’occupaient de moi, je ressentais une paix subtile, comme je ne sentais plus depuis longtemps. Fort heureusement, à part des blessures et des contusions pas trop importantes, il n’ y avait rien de grave, j’ai donc pu quitter l’hôpital mais j’ai dû rester au lit quelques semaines. Autour de mon lit où j’étais immobile, il y eut des allées et venues de personnes, des coups de téléphones et des cadeaux. Touchantes les visites répétées de mes toxicomanes : « Tu l’as échappé belle parce que tu fais beaucoup de bien ». Mes collègues de travail également me furent très proches : un lien solide s’était construit avec eux d’une façon évidente. Grâce à ce repos forcé, je retrouvai aussi le goût de la prière et je crus comprendre pourquoi Dieu ne m’avait pas prise avec Lui cette fois-ci. (Lucia – Italie) Vaisselle à laver Après une fête en paroisse, organisée pour donner un repas chaud aux SDF, je me suis retrouvé au beau milieu d’un désordre de détritus, de casseroles et de vaisselle à laver. En cuisine, le curé était déjà en train de laver la vaisselle, heureux de la soirée. Touché par une de ses phrases : « Tout est prière », je lui ai demandé : « Aussi faire la vaisselle ? »Et lui : « Le trésor le plus grand est d’arriver à comprendre que tout a une valeur immense car derrière cette casserole, il y a un prochain qui a besoin de moi ». A partir de ce moment- là, mon lourd travail de maçon, les enfants à accompagner au jardin d’enfants, le lampadaire à réparer… tout est devenu une occasion pour moi, de sublimer l’action et faire en sorte qu’elle devienne sacrée. (G.F. – Italie)

Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année V, n.6, novembre-décembre 2019)

Les migrations de la rive sud de la Région Méditerranéenne/2ème partie

Le phénomène des migrations forcées vers l’Europe reste un des sujets non résolus du débat entre les pays de l’UE. Trop divisés par des intérêts particuliers pour identifier une politique commune, inspirée par des principes de solidarité et de durabilité. Nous en avons parlé avec Pasquale Ferrara, ambassadeur italien à Alger. Selon l’UNHCR*, du premier janvier au 21 octobre 2019, ont débarqué par la mer sur les côtes européennes d’Italie, de Malte, de Chypre, d’Espagne et de Grèce, 75.522 migrants. A ceux-ci, s’ajoutent les 16.322 arrivés par voie terrestre en Grèce et en Espagne, pour un total de 91.844 personnes, dont 9.270 en Italie, 2.738 à Malte, 1.183 à Chypre, 25.191 en Espagne, 53.462 en Grèce, données qui suivent une tendance à la baisse, et classent la phase d’urgence mais ne suffisent pas à l’Europe pour engager un dialogue élargi et constructif sur le thème : la perspective de la création d’un système européen de gestion des flux est assez lointaine et en général, la confrontation au niveau institutionnel ne tient pas compte de la perspective des pays africains. A Alger, nous avons rejoint l’Ambassadeur italien, Pasquale Ferrra : 2ème Partie On dit depuis longtemps qu’il serait nécessaire de structurer une collaboration avec les pays du Nord de l’Afrique, mais aussi avec ceux de transit. Bonnes intentions mais peu de faits concrets… Pour passer aux faits concrets, il faut prendre acte de la réalité, du fait que les pays africains, surtout ceux du Nord, que nous considérons comme des pays de transit, sont eux-mêmes pays de destination de l’immigration. L’Égypte accueille plus de 200 mille réfugiés sur son propre territoire, alors que pour toute l’Europe, en 2018, sont arrivées à peine plus de 120 mille personnes. Les quelques centaines de migrants irréguliers qui arrivent de l’Algérie sont tous algériens, et non des subsahariens qui transitent par l’Algérie, car bien souvent, ces migrants restent ici. De plus, ces pays n’acceptent pas des programmes qui tendent à créer des « hotspot » (centres de récoltes) pour réfugiés subsahariens. Ici, le modèle de la Turquie ne fonctionne pas, à laquelle l’Union Européenne a donné 6 milliards d’euros, pour gérer des camps où accueillir plus de 4 millions de réfugiés syriens et non seulement. Avec la Turquie, l’opération fonctionna parce qu’il y avait la guerre en Syrie et pour les intérêts stratégiques de la Turquie. En Afrique, les phénomènes sont très différents, il faut trouver d’autres façons. Quelles pourraient être les formes de collaboration ? Des collaborations asymétriques ne servent pas mais bien des partenariats entre égaux. Nous devons considérer que nous ne sommes pas nous européens à être seuls à avoir le problème migratoire, il est donc nécessaire de respecter ces pays avec leurs exigences internes, aussi en matière de migration. C’est seulement ensuite que l’on peut rechercher ensemble à gérer le phénomène. Il existe par exemple déjà des accords de coopération entre l’Italie et l’Algérie qui remontent à l’an 2000 et à l’an 2009 et qui fonctionnent bien. Que prévoient-ils ? La gestion conjuguée du phénomène migratoire en termes de lutte contre l’exploitation et contre la traite des êtres humains, contre la criminalité trans-nationale qui utilise le phénomène pour se financer, avec le danger d’infiltrations terroristes. Il y a aussi des dispositions pour le rapatriement convenu, ordonné et digne des migrants irréguliers. On dit que les pays occidentaux doivent soutenir les pays africains afin de créer des conditions de vie meilleure telles que cela pourrait décourager les départs. Quand cette solution sera-t-elle mise en œuvre ? Dans les conditions actuelles de l’économie et de la culture politique internationale, je ne le vois guère possible et tout compte fait, peu efficace. En premier lieu, nous parlons déjà d’un milliard d’Africain : aucun « plan Marshall » européen ou mondial ne pourrait affronter de telles dimensions démographiques. Par ailleurs, l’Afrique est très diversifiée, il y a des pays en conditions de développement avancées : le Ghana a un taux d’innovations technologiques supérieur à plusieurs pays développés ; l’Angola est un pays très riche en ressources qui est en train d’essayer de réorganiser sa structure économique d’une manière plus participative. Nous avons des leaders, comme le néo- prix Nobel de la paix, le Premier Ministre de l’Éthiopie, Abiy Ahmed Ali qui a 42 ans et regarde vers les nouvelles générations. Il a déjà fait planter 350 millions d’arbres dans un programme de reforestation mondiale appelé « Trillion Tree Campaign ». L’Ouganda vit une phase de fort développement. Le problème plutôt, ce sont les disparités économiques, dramatiques et injustes, et là, l’Occident peut intervenir en aidant à améliorer la gouvernance de ces pays, pour qu’elle soit plus inclusive et participative. Mais souvenons-nous que ce sont les mêmes problèmes de polarisation socio-économique que nous avons en Europe : malheureusement, ; nous ne pouvons pas donner beaucoup de leçons dans ce domaine-là. Dans les réflexions sur le phénomène migratoire, au niveau institutionnel en premier lieu, il y a la dimension économique, alors que la dimension humaine est négligée. Que signifie mettre l’homme au centre du problème migratoire ? Derrière chaque migrant, il y a une histoire, une famille, un parcours accidenté, la fatigue de se procurer l’argent et peut-être des dettes avec des organisations criminelles. Certainement, nous ne pouvons accepter l’immigration irrégulière car tout doit se faire dans le respect des lois, mais donner de la valeur à la dimension humaine signifie tenir compte de ce passé et ne pas voir dans ces personnes des numéros qui arrivent à bord d’embarcations ou par voie terrestre. J’ai profondément été touché par l’histoire de ce garçon de 14 ans, originaire du Mali, avec un bulletin cousu à l’intérieur de sa veste, avec d’excellents points. C’est une histoire qui nous laisse sans voix. Et derrière, il y a une tragédie familiale, humaine, un tissu social lacéré. Je conseille le beau livre de Cristina Cattaneo, « Naufrages sans visages. Donner un nom aux victimes de la Méditerranée ». N’oublions pas non plus cependant les histoires de notre Marine militaire – en particulier celle du commandant Catia Pellegrino – qui a sauvé des milliers de naufragés. Personnes, visages, événements réels. *https://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean (Lisez la 1ère partie de l’interview)

D’après Claudia Di Lorenzi

L’histoire d’une décennie de lumière

L’histoire d’une décennie de lumière

Inauguration de l’exposition “Chiara Lubich Ville Monde” à Tonadico di Primiero « On ne peut pas comprendre Chiara sans la situer dans le contexte où elle a vécu. » C’est par ces mots que Jesús Morán, coprésident du Mouvement des Focolari, a conclu, le dimanche 8 décembre, les interventions de  la cérémonie d’inauguration de l’exposition dédiée à Chiara Lubich, au Palais Scopoli,  à Tonadico di Primiero, juste un jour après celle de Trente. « Pendant la guerre Chiara s’est beaucoup donnée à Trente, sa ville natale, mais c’est à Primiero, en 1949, que Dieu lui a donné la clé pour comprendre ce qu’elle était appelée à réaliser. Chiara a trouvé la lumière ici, dans les montagnes, mais il faut aller à Trente et dans chaque ville pour comprendre les conséquences de son charisme. » C’est ce lien profond qui unit les deux expositions : celle de Tonadico n’est pas une annexe de celle de Trente, mais l’histoire d’une décennie de lumière. La vallée du Primiero a exprimé sa reconnaissance  de diverses manières et à travers différentes voix : celle de la conseillère pour la culture, Francesca Franceschi, (« Primiero représente l’origine, la retraite où Chiara a trouvé des réponses à ses questions »), celle du maire adjoint Paolo Secco (« Notre tâche n’est pas seulement de garder vivant son souvenir, mais d’être une communauté qui répond aux inspirations idéales qui ont  animé Chiara »), celle du président de la Communauté du Primiero, Roberto Pradel, (« Chiara s’est consacrée au développement de relations humaines : que la semence qu’elle a jetée porte du fruit »). Giuseppe Ferrandi, directeur de la Fondation Musée Historique  du Trentin, a illustré le sens profond des deux expositions : “Pour la première fois notre Fondation a réalisé une exposition dédiée à une personne : nous l’avons fait parce que Chiara est une figure avec qui la région de Trente, mais pas seulement, doit composer. Le Trentin, qui l’ vue naître, doit découvrir chez Chiara la dimension d’un fort attachement  aux traditions vivantes, fruit de relations, mais sans s’arrêter à elles, pour s’ouvrir au monde afin de ne pas être stérile. Qui mieux que Chiara Lubich peut nous garantir cette capacité de relations dont le monde a besoin aujourd’hui ? Alba Sgariglia, co-responsable du Centre Chiara Lubich, a exprimé la gratitude de tout le Mouvement envers la Fondation : « Nous avons travaillé en tandem pour cette étape historique. D’ici, depuis ces montagnes, Chiara s’est projetée vers toute l’humanité : c’est la mission qu’elle a comprise ici. » Annamaria Rossi et Giuliano Ruzzier,  les commissaires de l’exposition avec Maurizio Gentilini, en ont souligné les caractéristiques : de grandes images, des citations et de brèves légendes défilent sur le Palazzo Scopoli, juste devant la baïta[1] où Chiara et quelques-unes de ses premières compagnes ont séjouné au cours de l’été 1949. Au rez-de-chaussée du palais, où sont conservés les restes des fresques de la chapelle de San Vittore, il y a quelques écrits et des souvenirs essentiels de cet été, ainsi que des vidéos sur les premières Mariapolis , qui, au fil des étés, jusqu’en 1959, se sont enrichies de personnes de différentes professions, cultures et origines. Sans oublier les “cités-pilotes” du Mouvement dans le monde, les Mariapolis permanentes, où aujourd’hui, tout comme alors dans le Primiero, on  témoigne et on expérimente que l’unité est possible.

Paolo Crepaz

[1] grange ou grenier (d’un chalet de montagne)

Schönstatt et les Focolari : une amitié grandissante

Schönstatt et les Focolari : une amitié grandissante

Le mercredi 20 novembre, les responsables de Schönstatt de différents pays européens ont visité le Centre International des Focolari à Rocca di Papa (Rome, Italie). Le mercredi 20 novembre, les responsables du Mouvement Schönstatt d’Autriche, de République Tchèque, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne et de Suisse ont visité le Centre international des Focolari à Rocca di Papa. Le groupe était accompagné par le Père Heinrich Walter, ancien président du Présidium Général de Schönstatt. « Rencontrer Chiara » en visitant sa maison et en priant devant sa tombe était l’un des objectifs de cette visite. Un deuxième objectif des responsables de Schönstatt était d’entrer en dialogue avec les Focolari au sujet des changements sociaux et politiques en Europe, le rôle des Mouvements avec leurs charismes et le sens de la communion entre eux – surtout Ensemble pour l’Europe – dans le contexte des transformations ecclésiales, politiques et culturelles. La délégation a été accueillie au Centre des Focolari par le coprésident, Jesús Morán, et par divers conseillers. Pour mettre les charismes au service du continent et du dialogue, est apparue clairement la nécessité de réaliser des projets culturels qui soient le fruit de la spécificité de chacun, mais aussi de la communion entre tous. La rencontre et le dialogue vécus ont été qualifiés de cordiaux, précieux et fructueux par les représentants des deux mouvements. Ce n’était évidemment qu’une étape dans le long chemin de communion et de collaboration entre Schönstatt et les Focolari, qui a commencé en 1998, à la veille de la Pentecôte, sur la place Saint-Pierre à Rome. En outre, depuis 20 ans, c’est-à-dire depuis le début, Schönstatt fait également partie du réseau des mouvements et communautés qui composent l’initiative Ensemble pour l’Europe et le Père Heinrich Walter est membre à part entière de son comité directeur. Ces dernières années, des relations fraternelles se sont développées entre les Focolari et Schönstatt, mais pas seulement, toutes orientées vers l’unité entre les chrétiens, entre les différentes Églises et confessions ; une unité qui présuppose comme principe de base une réconciliation profonde et véritable, considérée comme un accès direct à l’unité, tout en maintenant la diversité nécessaire, source d’enrichissement et de complémentatrité réciproques. Le mouvement Schönstatt, doté d’un charisme pédagogique, a été fondé par le P. Josef Kentenich en 1914 à Schönstatt, près de Coblence, en Allemagne. Il est particulièrement présent en Europe, en Amérique et en Afrique et regroupe une vingtaine d’instituts séculiers, d’associations et de mouvements autonomes.

Severin Schmid

Évangile vécu : « Veillez-donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir ». (Mt 24,42)

Veiller: c’est une invitation à garder les yeux ouverts, à reconnaître les signes de la présence de Dieu dans l’Histoire, dans le quotidien et à aider les autres qui vivent dans les épreuves, à trouver la voie de la vie. Un autre fils Est-ce que j’étais prête à avoir d’autres enfants alors que j’en avais déjà trois ? A cette question d’une amie, j’ai répondu en racontant combien chaque enfant est un don unique et l’expérience de la maternité incomparable à aucune autre, parce que la joie qui accompagne une nouvelle naissance est un bien pour toute la famille, sans parler de l’aspect financier qui semble mystérieusement souligner que chaque fils est voulu par le Ciel. Après ma réponse, mon amie m’a confié être enceinte pour la seconde fois. Avec son mari, ils avaient pensé à l’avortement, car une nouvelle créature aurait compromis la situation financière de la famille. En partant, elle me disait : « Je me sens prête à une nouvelle maternité ». (P.A. – Italie) Faire confiance Nous avions un cousin qui « faisait main basse sur des objets » : lorsqu’il venait chez nous, de petits objets disparaissaient pour réapparaître chez notre oncle et notre tante. Délicatement, Maman signala la chose à cet oncle et à cette tante, mais ceux-ci réagirent comme s’ils étaient offensés et rompirent tout contact avec nous. Comme chrétiens, nous avons essayé de reconstruire le rapport et l’occasion se présenta lorsque le cousin, désormais adolescent, fut exclu de son école car on avait découvert qu’il volait ses camarades de classe. A ce moment-là, mon père fit la suggestion du nom d’un spécialiste à mon oncle et ma tante, spécialiste qui allait pouvoir les aider. Tout en étant honteux et en souffrance, l’oncle et la tante admirent que leur fils était cleptomane. Ma mère leur proposa de passer des vacances ensemble, et à nous, elle nous recommanda d’être généreux avec le cousin, en lui faisant confiance un maximum. Ce furent des journées belles et sereines. Lui aussi était heureux. L’accompagnement psychothérapeutique, aidé par des médicaments , fut utile pour toute la famille. Ma tante se confia un jour à nous : « Nous étions si orgueilleux de notre famille que nous nous sentions supérieurs. Nous étions malades d’orgueil ». (J.G. – Espagne) Justice et compréhension En tant que magistrat dans une localité à haute densité mafieuse, j’interrogeais depuis des heures un détenu qui en avait fait voir de toutes les couleurs. L’heure du dîner étant dépassée, on me demanda si je désirais manger. J’acceptai à condition qu’on apporte aussi quelque chose pour le détenu. Ce petit geste représenta pour lui un petit « choc ». Il n’y croyait presque pas. Une peur qui me tomba dessus de me retrouver tout-à-coup face au détenu en ce moment de pause, me suggérait de m’éloigner de lui. Mais puis une autre pensée : « Non, si je suis ici pour aimer ce prochain, je n’ai rien à craindre ». L’interrogatoire se poursuivit avec la même attitude vis-à-vis de lui : j’essayais de lui faire comprendre la gravité de ce qu’il avait fait, mais sans le juger, en lui parlant sereinement. Peu de temps après, une lettre de sa part me parvint. Une demande de réduction de peine ? Non, seulement une longue libération sur papier avec le récit des propres misères et la demande de compréhension. Étrange qu’il l’écrive à moi qui avais émis un jugement de condamnation en ce qui le concernait. Il avait évidemment cueilli quelque chose d’autre. (Elena – Italie)

Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année V, n.6, novembre-décembre 2019)

Centenaire : inauguration de l’exposition « Chiara Lubich, ville monde »

Ouverture à Trente des célébrations du 100ème anniversaire de la naissance de la fondatrice des Focolari. La Province autonome de Trente a décerné à Maria Voce le « Sceau de Saint Venceslas ». « Chiara Lubich, ville monde » est le titre de l’exposition qui a été inaugurée aujourd’hui, ce 7 décembre, aux « Galeries » de Trente. Cet événement a ouvert le Centenaire de la naissance de la fondatrice du mouvement des Focolari. L’exposition, placée sous le haut patronage du Président de la République italienne, est promue par la Fondation du Musée historique du Trentin en collaboration avec le Centre Chiara Lubich. Le directeur de la Fondation du Musée historique, Giuseppe Ferrandi, a introduit et coordonné les interventions de la journée d’ouverture qui ont esquissé le portrait de Chiara Lubich, cette personnalité de grande envergure, profondément enracinée dans la terre du Trentin, dans son histoire, sa culture et ses traditions, mais qui, par son charisme, a su parler un langage universel ; elle a traversé les frontières géographiques et culturelles pour apporter un message de paix et de fraternité. L’exposition propose un parcours interpellant et interactif qui accompagne le visiteur dans la découverte de Chiara Lubich, avec l’invitation à s’engager aujourd’hui pour continuer à rendre concrètes les valeurs qui ont marqué sa vie. La province autonome de Trente a voulu remettre à Maria Voce, la Présidente des Focolari, le « Sceau de saint Venceslas » dont la motivation est : « pour avoir su interpréter les valeurs d’unité et de paix par un engagement inlassable ». Maria Voce répond : « Je suis vraiment reconnaissante et émue par cette reconnaissance car elle souligne les valeurs de la personnalité de Chiara Lubich et des Focolari, je la reçois pour l’ensemble du Mouvement ». « Deux mots me viennent à l’esprit quand je pense à Chiara Lubich : charisme et prophétie », a dit Giorgio Postal, le Président de la Fondation du Musée historique du Trentin, lors de l’inauguration de l’exposition. « S’interroger sur Chiara Lubich et la situer dans l’histoire devient une manière de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés, en tant que société et individus ». « Nous sommes fiers de participer à ce parcours, a déclaré le Président de la Province autonome de Trente, Maurizio Fugatti ; ce parcours nous permet de connaître et d’approfondir le grand message de Chiara Lubich, une figure exceptionnelle, une femme du Trentin, qui a réussi à porter son extraordinaire message de paix et d’unité dans le monde entier ». Monseigneur Lauro Tisi, archevêque de Trente, a invité en cette année chacun, et en particulier le mouvement des Focolari, à « faire connaître le Dieu de Chiara pour renverser le récit de Dieu, ce Dieu de la protection irrévocable de l’autre ». « De cette vision de Dieu amour, conclut-il, naît une vision positive de la création, de la nature, de l’homme et du corps ». Une invitation qui a été immédiatement accueillie par le coprésident du mouvement des Focolari, Jesús Morán, qui a rappelé la devise du centenaire « Célébrer pour rencontrer » Chiara Lubich, une femme qui « a incarné l’unité à 360° et qui nous a donné la carte de navigation pour le troisième millénaire ». « Ce centenaire sera une occasion extraordinaire pour découvrir la grandeur de Chiara », a dit le maire de Trente, Alessandro Andreatta. « Celle de la rencontre, du dialogue, de l’unité. Femme de foi, de service, d’espérance, celle qui est au cœur de l’Église et de l’humanité ». Et Lorenzo Dellai, ancien maire de Trente, qui en 1995 a remis à Chiara Lubich le sceau de la ville, a rappelé comment elle a exhorté les Trentins à être à la hauteur de l’âme de cette ville. « Je pense qu’aujourd’hui il y a un besoin toujours plus grand de ce charisme, de cette prophétie ». Le sénateur Stanislao Di Piazza, sous-secrétaire d’État au ministère du Travail et des Politiques sociales, a apporté le salut du Gouvernement italien : « Chiara était une personne qui aimait particulièrement l’Italie ». Il a rappelé qu’elle avait rencontré des hommes politiques de tous les partis pour mettre en avant la valeur de la fraternité, afin que nous puissions « créer un nouveau modèle politique ». Les représentants des expositions qui s’ouvriront dans le monde au cours de l’année, à Mexico, Sydney, Mumbai, Sao Paulo, Jérusalem, Alger et Nairobi, ont également salué les personnes présentes. Un projet qui a obtenu le patronage du Conseil de l’Europe. Les expositions reproduiront celle du Trentin, mais chacune aura sa propre particularité : de celle de Sao Paulo, où sera central le projet pour une Économie de communion lancé au Brésil par Chiara Lubich, à celle de Sidney, terre multiculturelle ; à celle de Jérusalem, ville qui a peut-être plus que toute autre besoin de paix et de fraternité, à celle de l’Inde représentée par le message de la consule italienne à Mumbai, Stefania Constanza. Etaient également présents à l’inauguration: Veronica Cimino, vice-maire régente de Rocca di Papa (Rome) et Francesca Franceschi, conseillère de la municipalité de Primiero San Martino di Castrozza, Alba Sgariglia et Joao Manoel Motta, co-responsables du Centre Chiara Lubich et les commissaires de l’exposition, Giuliano Ruzzier, Anna Maria Rossi et Maurizio Gentilini, ce dernier auteur de la récente biographie de la fondatrice des Focolari. De nombreux membres de la famille de Chiara Lubich étaient également présents à l’inauguration.

Anna Lisa Innocenti

_________ L’exposition des « Galeries » sera ouverte jusqu’au 7 décembre 2020 (du mardi au dimanche de 9h00 à 18h00) ; elle est traduite dans les principales langues européennes. L’entrée est gratuite. Outre les trois sections de l’exposition installées aux « Galeries » de Trente, une section distincte a été inaugurée le 8 décembre 2019 à 17h00 dans les salles du Palazzo Scopoli, à Tonadico, dans la commune de Primiero San Martino di Castrozza (Tn). Cette section est consacrée en particulier aux années 1949-1959 : de la profonde expérience spirituelle vécue par Chiara Lubich à Primiero en été 1949 à la mariapolis d’été qui s’y est déroulée jusqu’en 1959.

“Dieu”

« Donne-toi toute à moi » – 7 décembre 1943 Aujourd’hui s’ouvre le centenaire de la naissance de Chiara Lubich, qui sera célébré partout où se trouvent des personnes qui ont fait leur son “Idéal” – comme elle avait l’habitude de dire – d’unité et de fraternité universelle. “Célébrer pour rencontrer”, c’est sous cet intitulé que des événements très divers verront le jour tout au long de l’année 2020. “Célébrer” parce qu’on fera mémoire d’elle, mais ce sera pour donner à de nombreuses personnes l’occasion de connaître le message qui était le sien. Aujourd’hui dans les ”Gallerie” (Tunnels) de Trente, sa ville natale, aura lieu l’inauguration de l’exposition “Chiara Lubich Ville-Monde”, une création remarquable réalisée par la Fondation Musée historique du Trentin et le Centre Chiara Lubich (Rocca di Papa). Pourquoi le 7 décembre 2019 et non le 22 janvier 2020, jour de l’anniversaire de Chiara, ou le 14 mars, jour de sa naissance au Ciel (dies natalis) ? Tout simplement parce que le 7 décembre 1943, Silvia Lubich est devenue Chiara, si l’on peut dire ainsi. En effet, quelques jours plus tôt, sa mère avait demandé à ses deux sœurs d’aller chercher du lait dans une ferme voisine : comme elles hésitaient à quitter la maison à cause du froid, Silvia y alla à leur place. Pendant qu’elle accomplissait cet acte d’amour, elle perçut clairement un appel intérieur : « Donne-toi toute à moi. » De retour chez elle, Silvia avait envoyé une lettre enflammée au prêtre qui l’accompagnait et celui-ci, après un entretien approfondi, l’avait autorisée à se donner à Dieu pour toujours. Ainsi, le 7 décembre 1943, avant l’aube, lors d’une messe matinale célébrée pour l’occasion, Silvia avait, dans le plus grand secret – comme elle-même le dira -, “épousé Dieu”. Trente ans plus tard, elle écrit à ce sujet : « Imaginez une jeune fille amoureuse ; amoureuse de cet amour qui est le premier, le plus pur, qui n’est pas encore déclaré, mais qui commence à enflammer son âme. Avec une seule différence : la jeune fille qui est ainsi éprise sur cette terre a dans les yeux le visage de son bien-aimé ; mais elle, elle ne le voit pas, elle ne l’entend pas, ne le touche pas, ne sent pas son parfum avec les sens de ce corps, mais avec ceux de l’âme, par lesquels l’Amour est entré et l’a envahie tout entière. D’où une joie caractéristique, difficile à éprouver à nouveau dans la vie, joie secrète, sereine, exultante. » Silvia Lubich, selon l’état civil, avait été très frappée par la réponse donnée par Claire d’Assise à saint François qui lui avait demandé ce qu’elle voulait : « Dieu ! » Cette jeune fille d’Assise de dix-huit ans, belle et pleine d’espérances, avait su mettre tous les désirs de son cœur en ce seul Être digne de tout l’amour : « Dieu. » Avec cet exemple devant les yeux, Silvia avait transformé son nom en Chiara (Claire), parce qu’elle aussi éprouvait au-dedans d’elle les mêmes sentiments. Changer de nom, c’est comme acquérir une nouvelle identité. Ce changement, désiré d’abord en son cœur, se concrétisait le 7 décembre 1943. Ce matin-là, Silvia épousa Dieu et devint Chiara. Plus tard, le 7 décembre a été choisi comme date symbolique de la naissance du Mouvement des Focolari. Grâce à cet acte de donation totale, en fait, sa première pierre avait été posée. Des années plus tard, l’Église catholique donnera à cet édifice le nom d’ «Oeuvre de Marie ». C’est avec ce nom : « Dieu », que commença la divine aventure de Chiara et avec elle aussi celle du Mouvement des Focolari. « Dieu » résume tout ce que signifie le 7 décembre pour Chiara Lubich. Il n’y a donc assurément pas de meilleure date pour inaugurer l’année du centenaire de sa naissance.

Michel Vandeleene

Réécrire l’histoire de Chiara

De l’intervention d’Andrea Riccardi, fondateur de Saint Égide et ami personnel de Chiara, à la conférence de presse du 18 novembre dernier. A quelques jours de l’ouverture officielle du centenaire de Chiara Lubich, le 7 décembre prochain, nous proposons une grande partie de l’intervention d’Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Saint Égide, à la conférence de presse du 18 novembre dernier. Ami personnel de Chiara, collaborateur dans la construction du cheminement d’unité des mouvements dans l’Église, il offre une réflexion sur l’humanité et l’historicité de sa figure, encore beaucoup à découvrir. Il arrive que le temps réduise les grandes figures à des « images pieuses », les rende poussiéreuses ou les fasse tomber dans l’oubli. Chiara avait un cœur plein de Sainteté, mais elle n’était pas une image pieuse, elle était une femme vraie, une femme « volcanique », une femme de la région de Trente qui s’était ouverte au monde. Elle est partie de Trente pour aller dans le monde entier ; ce fut cela l’histoire de Chiara : de Trente, à Rome, au monde. Et c’est vrai ce qui a été dit : si tu vas dans de nombreuses parties du monde, inconnues, même en Afrique, tu trouves non seulement des filles et des fils de Chiara, mais tu sens le passage de Chiara et de sa pensée. Cent ans sont passés depuis sa naissance. Cent années, c’est beaucoup. Chiara est née en 1920, la même année que Jean Paul II, qui toujours lorsqu’il la voyait l’appelait : « ma contemporaine ». Tous deux ont été touchés par le drame de la Seconde Guerre Mondiale . A Trente, Chiara l’a très fort ressenti et a porté son Charisme à maturation – si je peux m’exprimer ainsi – au cœur de la seconde guerre mondiale, dans un monde profondément divisé et déchiré par la douleur de la guerre. Chiara, selon moi, est une figure importante aussi au-dehors de l’Église car elle n’a pas été seulement une figure interne à l’Église, même si elle était profondément ancrée dans l’Église, en unité avec celle-ci, mais toujours tendue vers le monde. Elle n’a pas été une chrétienne « de sacristie », mais elle a aimé et regardé le monde. Chiara a été un personnage historique. Dans une histoire du christianisme du 20ème siècle, faite en grande partie par les hommes qui ont laissé aux femmes un coin ou l’autre de mystique ou de l’une ou l’autre expérience de charité, Chiara a été une femme qui a fait l’histoire au monde entier : mystique, charité, mais aussi politique, changement de vie, passion. C’est ainsi que je l’ai connue. Elle avait une grande capacité de rapport personnel, d’amitié : elle avait le charisme de l’amitié, personne n’était le même que l’autre. C’était une femme qui rencontrait des milliers de personnes, et pourtant, pour elle, personne n’était égal à un autre. Elle avait ensuite une grande capacité : celle de communiquer une passion. Elle a été une femme passionnée, passionnée par l’unité du monde. L’Unité est ce qui aide à comprendre son existence et sa recherche de la paix, qui est aussi œcuménisme. Elle vécut une profonde sensibilité œcuménique – plus que beaucoup d’experts en œcuménisme – et je voudrais rappeler à ce propos – son rapport avec le Patriarche Athénagoras, dont j’ai parlé aussi dans un de mes livres. Il y a aussi une lettre que j’ai publiée, dans laquelle on affirme ceci : « on dit de la demoiselle Chiara Lubich, par le fait qu’elle est femme et qu’elle n’est pas théologienne, elle se passionne dès lors facilement… », mais aujourd’hui je voudrais dire que, justement parce qu’elle n’était pas théologienne et ayant été une femme, Chiara avait compris plus que les techniciens de l’œcuménisme. Unité, c’est aussi dialogue afin de rejoindre la paix. Chiara écrit « Les enfants de Dieu sont les enfants de l’amour, ils combattent avec une arme qui est la vie elle-même de l’homme ». C’est-à-dire, la vie en tant que don, et, à travers le don de la vie, on lutte pour changer le monde et pour changer les autres et réaliser cet idéal. Chiara a été consumée par la passion pour l’idéal. Et cela me semble, personnellement, un point fondamental sur lequel il faut revenir et réfléchir. Maria Voce a parlé du fait que nous sommes dans une époque de division. J’ajouterais que nous sommes aussi dans une époque de petites passions. Chiara peut aussi être impopulaire aujourd’hui, justement parce que nous pensons en termes de divisions et vivons de petites passions. Mais je crois que cette année que vous dédiez, que nous dédions, à rappeler et à faire revivre et rencontrer Chiara Lubich est aussi une année qui remet en question les modestes passions et la résignation à un monde divisé. Chiara écrit : « Espérons que le Seigneur compose un ordre nouveau dans le monde. Lui est le seul capable de faire de l’humanité, une famille, de cultiver ces distinctions entre les peuples pour que, dans la splendeur de chacun au service de l’autre, reluise l’unique lumière de vie qui, embellissant la patrie terrestre, fait de celle-ci une antichambre de la patrie éternelle ». Je pense que célébrer ce centenaire est un service à l’humanité et aussi à la pensée un peu aride de notre temps. Son contemporain Wojtyla écrivait : « le monde souffre, surtout pour le manque de vision ». Je crois que notre monde peut refleurir grâce à une vision qui est celle de Chiara Lubich. Une seule mise en garde : lorsque nous utilisons la parole célébration, nous devons faire attention. Maria parle à juste titre de rencontre. C’est une rencontre engageante et cette rencontre, chère Maria, doit aussi être histoire. Nous devons avoir le courage de réécrire l’histoire de Chiara Lubich à son époque, afin de mieux comprendre comment son action a changé l’histoire. Je pense par exemple à l’aventure d’envoyer des focolarini dans l’Est européen et combien cela a ainsi contribué aussi à la chute du mur. Chiara n’a pas choisi de se réfugier en Occident, en acceptant le mur. Et donc, je suis certain que cette année, qui s’ouvre aujourd’hui, fera grandir la figure de Chiara dans une nouvelle rencontre avec notre temps et ne la fera pas rapetisser.

Unité et collaboration

Rencontre entre la Présidence de l’Action Catholique italienne et le Conseil Général du Mouvement des Focolari. Décision d’une action commune d’aide aux victimes du tremblement de terre en Albanie. Le 29 novembre 2019 après-midi, une cinquantaine de personnes, parmi les membres de la Présidence nationale de l’Action catholique, du Conseil Général du Mouvement et les responsables des Focolari pour l’Italie, se sont réunis au Centre international des Focolari à Rocca di Papa. L’entente est palpable dès le début et, au fil du déroulement de la rencontre, elle manifeste toute la richesse de la communion : « La saison est propice, l’Esprit souffle dans cette direction », dit Matteo Truffelli, président de l’Action catholique italienne (ACI). « Réunis avec d’autres réalités ecclésiales, nous expérimentons un surplus d’ecclésialité », dit Jesús Morán, co-président du Mouvement des Focolari. Suite à la prière de Mgr Gualtiero Sigismondi, assistant ecclésiastique de l’ACI, Maria Voce, présidente des Focolari, explique la vocation spécifique du Mouvement à l’unité. Matteo Truffelli a à son tour présente le point fort de son association : l’esprit missionnaire auquel le Pape François a invité l’Action catholique. Le défi de l’universalité est celui que nous voulons relever avec enthousiasme. Les deux organisations échangent leurs expériences dans différents milieux. Les Focolari retracent l’inspiration de Chiara dans les domaines interreligieux, culturels et œcuméniques. Une initiative rassemble aujourd’hui des mouvements de diverses Églises chrétiennes (évangéliques, orthodoxes et anglicans), à donner des réponses concrètes à l’Europe dans le parcours « Ensemble pour l’Europe ». Le dialogue interreligieux trouve une clé dans la fraternité humaine. Les relations avec les fondateurs de mouvements d’autres religions sont également fructueuses. A l’ère du pluralisme, le difficile défi est de gérer la diversité culturelle, le rejet de la diversité, le risque du fondamentalisme ou de l’assimilation. Il existe un large éventail d’initiatives dans les domaines politique, économique, du désarmement, environnemental, scolaire, mais nous voulons rendre aussi l’Église plus belle. Les enfants et les jeunes sont parmi les protagonistes des plus importantes questions contemporaines. En nous interrogeant sur comment concrétiser sa propre expérience de foi dans le monde du travail, l’Action Catholique a lancé le projet Fuori Sede pour les jeunes, les étudiants ou les travailleurs, qui doivent poursuivre ailleurs leur obligation. Avec le Pellegrinaggio Mariano nous pensons aussi aux adultes qui ont une affinité avec la religiosité populaire. Nous collaborons aussi avec le projet Policoro de la Conférence épiscopale italienne. A la fin de cet après-midi de communion, Matteo Truffelli propose une action commune pour soutenir la population touchée ces derniers jours par un tremblement de terre sévère en Albanie. Jesús Morán se fait le porte-parole de l’écho immédiatement positif. Les experts des deux organisations élaborent un plan d’action pour mettre en œuvre cette collaboration.

Lina Ciampi

Les migrations de la rive sud de la région méditerranéenne/ 1ère partie

Quelle vision a-t-on, au Nord de l’Afrique, du phénomène migratoire vers l’Europe ? Dans quelle mesure est-il possible de mettre l’homme au centre, en passant ainsi d’une vision purement économique à celle humaine de la migration ? Interview faite à Pasquale Ferrara, ambassadeur italien à Alger. Selon l’UNHCR*, du premier janvier au 21 octobre 2019, ont débarqué par la mer sur les côtes européennes d’Italie, de Malte, de Chypre, d’Espagne et de Grèce, 75.522 migrants. A ceux-ci s’ajoutent les 16.322 arrivés par voie terrestre en Grèce, et en Espagne, pour un total de 91.844 personnes, dont 9.270 en Italie, 2.738 à Malte, 1.183à Chypre, 25.191 en Espagne, 53.462 en Grèce. Données qui suivent une tendance à la baisse et classent la phase d’urgence, mais ne suffisent pas à l’Europe pour engager un dialogue élargi et constructif sur le thème : la perspective de la création d’un système européen de gestion des flux est assez lointaine, et en général, la confrontation au niveau institutionnel ne tient pas compte de la perspective des pays africains. A Alger, nous avons rejoint l’Ambassadeur italien, Pasquale Ferrara : Ambassadeur, quelle vision a-t-on, au Nord de l’Afrique, du phénomène des migrations vers l’Europe ? Vu de l’Afrique, il s’agit d’un phénomène historique et structurel, surtout infra-africain, car l’écrasante majorité des mouvements de migrations et de réfugiés advient entre pays africains : plus de 20 millions de personnes vivent dans un pays différent de celui d’origine. Une autre chose, les migrations vers l’Europe qui craignent un flux incontrôlable. Ici, le cadre dans lequel lire le phénomène est seulement celui du différentiel de développement. En Europe, on fait souvent la distinction entre réfugiés politiques et migrants économiques. Mais souvent, les migrants économiques africains sont le résultat d’une très mauvaise gestion politique des états, car il y a un problème de gouvernance, d’appropriation des ressources de la part des oligarchies, d’inclusion sociale. Et donc, d’une certaine manière, ceux-ci sont aussi qualifiables de réfugiés politiques. Au-delà des migrations irrégulières, en ce qui concernent l’Afrique du Nord, il faudrait rétablir dans la région méditerranéenne, cette mobilité circulaire des populations qu’on a toujours observée au cours de l’histoire. Cela signifie par exemple, la possibilité de venir en Europe pour une période d’étude ou de travail, pour ensuite retourner dans le pays d’origine. Actuellement, ces déplacements sont soumis à l’octroi du visa, qu’il est cependant très difficile à obtenir à cause des nombreux et nécessaires contrôles. Pour de nombreuses personnes, cela représente un drame, d’où la tentation, pour celui qui reçoit le visa, même s’il s’agit de personnes ayant de bonnes intentions, c’est souvent celle de ne plus retourner dans le pays d’origine. Le visa doit être maintenu, mais, dans l’optique de favoriser la mobilité circulaire, il est nécessaire de penser à un système plus structuré. Il y a ensuite un autre facteur qui donne une impulsion à la migration, et c’est la différence en ce qui concerne la qualité des services qu’une société offre : les services de santé et ceux de la sécurité sociale en général, dont le manque de disponibilité et de qualité influence aussi celle-ci, avec d’autres facteurs comme la violence endémique, sur le sentiment d’insécurité, ou les services d’éducation et donc même celui qui ne vit pas une situation de misère absolue tente d’accoster en Europe pour donner une meilleure éducation aux enfants. Nous devrions donc plus investir dans la formation des classes dirigeantes des praticiens, des éducateurs. A Alger, même si c’est pour un nombre limité, nous essayons de le faire, en augmentant les bourses d’étude pour les jeunes algériens qui vont en Italie pour étudier la musique, l’art, la restauration, comme investissement pour leur futur professionnel. Y a-t-il une responsabilité de l’Occident dans l’appauvrissement des pays africains ? « Je serais très prudent. C’est une explication qui donne bonne conscience à certaines oligarchies afro-africaines pour décharger les propres responsabilités aussi au niveau de la gouvernance qui est douteuse dans sa légitimation et dans ses résultats. La période coloniale a beaucoup marqué l’Afrique et les responsabilités passées de l’Occident sont prouvées, mais depuis la décolonisation, 50 années au moins sont passées et il est difficile d’imputer à l’Occident les problématiques des sociétés africaines d’aujourd’hui. La qualité de la gouvernance a un poids très important. Il y a plutôt aujourd’hui, en Afrique, une présence forte de la Chine avec des programmes liés aux ressources naturelles et minérales dans presque tous les pays. La Chine considère l’Afrique comme un grand marché, mais l’échange est asymétrique à la faveur de Pékin. Toutefois, pour compenser ce déséquilibre, la Chine réalise à ses frais, des travaux d’infrastructure, des stades, des théâtres, des centres culturels pour des milliards de dollars. Dans la gestion du phénomène, l’Europe fait des pas incertains. Il manque des politiques communautaires et il semble que le principe de responsabilité partagée ne réchauffe pas les cœurs en Europe… Le choix de la solidarité ne peut pas dépendre de la bonne volonté des différents gouvernements et des différentes variations des orientations de ceux-ci. La question migratoire doit devenir une compétence exclusive de l’Union européenne en tant que telle, comme c’est le cas pour les politiques commerciales pour lesquelles les états de l’UE ont donné à Bruxelles, la responsabilité exclusive de négocier des accords avec des pays extra-européens. Aujourd’hui au contraire, d’un côté, pour une question de souveraineté nationale, les états veulent garder le contrôle sur les migrations et sur les frontières et c’est compréhensible. D’un autre côté, ils accusent l’Europe d’inertie, à laquelle ils ne donnent cependant pas les compétences nécessaires pour œuvrer efficacement. Mais passer à cette dimension décisive me semble improbable maintenant, en considérant la résistance que ce sujet rencontre vis-à-vis des politiques internes. * https://data2.unhcr.org/en/situations/mediterranean Fin 1ère PARTIE

D’après Claudia Di Lorenzi

Albanie: unir nos forces

La communauté locale des Focolari et la Coordination Urgences du Mouvement, travaillent avec la Caritas et d’autres familles religieuses, pour aider les personnes touchées par le séisme. Dans la nuit du 25 au 26 novembre derniers, un violent tremblement de terre a frappé la côte nord de l’Albanie, dans la zone de la ville de Durres. À ce jour, il y a au moins 47 morts, 600 blessés et des milliers de personnes déplacées et il semble qu’il y ait encore de nombreuses personnes sous les décombres. Le séisme a causé d’énormes dégâts – des bâtiments effondrés et des centaines de personnes sans abri – il a été ressenti également dans d’autres régions d’Albanie et de la côte adriatique. La communauté locale des Focolari est engagée – avec la Caritas Albanie, les Caritas diocésaines, les paroisses et d’autres familles religieuses – à cartographier le territoire afin de recenser les maisons, les écoles, les églises et les bâtiments endommagés et à planifier des interventions coordonnées. De Tirana, ils nous ont communiqué : « Nous sommes ensemble avec la Caritas et les autres réalités et, comme toujours, nous agissons ensemble ». Nous portons une attention particulière aux villages et aux zones éloignées des grands centres urbains – inconnus des médias – qui ont pourtant subi des dégâts importants. « Créer des ponts, favoriser les circuits de communication, mettre en réseau les besoins et les ressources – soulignent-ils – est une priorité commune. » Le Mouvement des Focolari apporte un soutien concret en accueillant les familles et les personnes qui ne peuvent retourner dans leurs maisons endommagées, en leur offrant un hébergement dans les maisons d’autres familles, situées dans des zones non touchées par le séisme. On offre également la possibilité de faire une estimation technique des dommages subis. La présence des Focolari est également tangible dans l’assistance psychologique apportée aux victimes du tremblement de terre, qui souffrent également de l’état d’alerte permanent dû à la persistance des secousses. Les centres des Focolari de Macédoine ont manifesté leur solidarité et les jeunes du Mouvement s’activent également pour apporter de l’aide. Il est clair qu’un effort de coordination unanime est la priorité de ces premiers jours d’urgence, tandis que dans les mois à venir, il sera nécessaire de construire un plan de reconstruction. Le Pape François a également voulu exprimer sa proximité spirituelle et son soutien paternel aux personnes et aux territoires touchés : « Je suis proche des victimes, je prie pour les morts, les blessés, les familles – a-t-il dit à l’audience générale du mercredi 27 novembre – que le Seigneur bénisse ce peuple que j’aime tant. »  ________________________________________ Les comptes courants suivants ont été activés pour ceux qui souhaiteraient apporter leur collaboration : Azione per un Mondo Unito ONLUS  (Action pour un Monde Uni ASBL) (AMU) IBAN: IT58 S050 1803 2000 0001 1204 344 Codice SWIFT/BIC: CCRTIT2T À la Banca Popolare Etica Azione per Famiglie Nuove ONLUS (Action pour Familles Nouvelles ASBL) (AFN) IBAN: IT11G0306909606100000001060 Codice SWIFT/BIC: BCITITMM À la Banca Intesa San Paolo MOTIF : Emergenza terremoto in Albania (Urgence tremblement de terre en Albanie) ——————————————— Les contributions versées sur ces deux comptes courants seront gérées conjointement par l’AMU et AFN. Pour de tels dons, des avantages fiscaux sont prévus dans de nombreux pays de l’Union européenne et dans d’autres pays du monde, selon les différentes réglementations locales. Les contribuables italiens pourront obtenir des déductions sur leurs revenus, conformément à la réglementation applicable aux associations sans but lucratif, à concurrence de 10% de leurs revenus et dans la limite de 70.000,00 € par an, à l’exclusion des dons en espèces.

2020 : ce sera l’année de Chiara

2020 : ce sera l’année de Chiara

“Célébrer pour se rencontrer » : l’ouverture du centenaire la naissance de Chiara Lubich a été annoncée à la presse. Elle aura lieu le 7 décembre prochain à Trente, avec l’inauguration de l’exposition internationale “Chiara Lubich ville-monde”.

© CSC Audiovisivi

« Chiara est vivante. Elle est vivante à travers l’esprit qu’elle nous a donné, l’Oeuvre qu’elle a fondée et le nombre considérable de ses disciples, désormais présents dans le monde entier. » C’est avec ces mots que la présidente des Focolari, Maria Voce, a résumé l’esprit avec lequel, partout dans le monde, le mouvement se prépare à vivre l’année 2020, celle du 100e anniversaire de la naissance de sa fondatrice. Chiara Lubich est née le 22 janvier 1920 à Trente, la ville “pilote” qui accueillera de nombreux événements du centenaire, dont celui qui l’ouvrira officiellement le 7 décembre prochain avec une exposition internationale aux “Gallerie de Piedicastello” (les Tunnels de Piedicastello). Une date très symbolique, car c’est le 7 décembre 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale, que Chiara se consacre à Dieu, donnant naissance à “la divine aventure” de sa vie et de celle de millions de personnes dans le monde. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à Rome le 18 novembre au Bureau de la Presse Étrangère, la Présidente a expliqué que le but de cet anniversaire – intitulé “Célébrer pour se rencontrer” – n’est pas de se souvenir de Chiara, mais de la “rencontrer” à travers ses œuvres, les témoignages de ceux qui l’ont connue , la vie des membres du Mouvement et son « message de fraternité, d’unité et de communion. » Un message qu’elle a “vécu d’abord elle-même” en nouant des relations « avec les personnes les plus diverses en termes de culture, de religion et d’ethnie », parce qu’elle était convaincue « que Dieu est notre Père à tous et que chacun est donc un frère. » Un message de fraternité universelle qui est aujourd’hui plus que jamais d’actualité « en raison des courants séparatistes, des divisions, des murs qui s’élèvent, des barrières qu’on essaie de construire et que, convaincus qu’elles peuvent être renversées, nous essayons de faire tomber. » A quelques jours du 30ème anniversaire de la chute du mur de Berlin, Andrea Riccardi, fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, lié à Chiara par une profonde amitié spirituelle, rappelle que «L’odyssée des focolarini envoyés en Europe de l’Est a contribué à la chute du mur.» Pour Riccardi, Chiara est une “figure historique” au profil inédit : « Dans une histoire du christianisme du XXe siècle composée en grande partie d’hommes » et « qui a laissé aux femmes quelques espaces réservés à la mystique ou à la charité, Chiara a été une femme qui a marqué l’histoire à tous points de vue : non seulement dans le domaine de la mystique et de la charité mais aussi de la politique, des modes de vie, de la passion [ndt : des aspirations humaines]. » « L’unité est la clé qui permet de comprendre son existence, sa recherche de la paix, de l’œcuménisme », a-t-il ajouté, en rappelant sa relation avec le Patriarche œcuménique Athénagoras. Selon lui, même si elle n’était pas théologienne, Chiara, précisément en tant que femme, « avait davantage cerné cette question que les spécialistes de l’oecuménisme. » Dans ce monde de divisions et de petites passions, qui « souffre avant tout d’un manque de vision », dit-il en citant Saint Jean Paul II, « Chiara peut être très impopulaire », mais sa conception de la vie peut à juste titre faire “refleurir” l’humanité. La valeur prophétique de son message a été soulignée par Maurizio Gentilini, historien et chercheur, auteur de la biographie “Chiara Lubich, la voie de l’unité entre histoire et prophétie”, qui sera publiée prochainement par Città Nuova. En ce qui concerne les avancées du Magistère de l’Église, observe-t-il, Chiara est, avec 20 ans d’avance, en profonde harmonie avec les perspectives et les intuitions qui seront celles de l’esprit du Concile Vatican II. De plus, « après des siècles d’herméneutique abstraite, Chiara semble donner à la Trinité une valeur empirique parce qu’elle affirme que nous sommes faits de relations » et que « Dieu, qui est Père, Fils et Esprit Saint, qui nous a créés à son image, a imprimé en nous ce désir de communion ». A l’ère de l’individualisme et du choc des civilisations, elle s’approprie ce désir et « le concrétise en prônant la nécessité du dialogue, qui devient le moyen privilégié pour contribuer à l’avènement de la fraternité au sein de la famille humaine ». Dans l’analyse de Gentilini, Chiara Lubich anticipe la nécessité d’une Église en sortie, qui trouvera « une forte impulsion dans l’Evangelii Gaudium » du Pape François, et propose le « critère de l’amour et de la miséricorde » comme guide pour l’application de toute loi, qui sera par la suite “au coeur de Amoris Laetitia”.

© CSC Audiovisivi

L’E xposition qui inaugurera à Trente le riche calendrier de manifestations qui auront lieu sur les cinq continents – promue par la Fondazione Museo Storico del Trentino (Fondation Musée Historique du Trentin) et le Centre Chiara Lubich – est intitulée “Chiara Lubich, Città Mondo”(Chiara Lubich ville-monde) et raconte l’histoire de la naissance et de la diffusion de son message de fraternité universelle, qui dépasse les frontières de cette première ville pour se répandre dans le monde et atteindre les autres cultures, religions, sensibilités, mais aussi celles d’aujourd’hui pour se projeter avec intensité dans le futur. Le choix du lieu est d’ailleurs significatif, explique Giuseppe Ferrandi, directeur de la Fondation : ce sont deux tunnels désaffectés, marqués par l’asphalte et le béton armé, construits au cœur du quartier pour séparer la place et la cathédrale. La rencontre de cette “périphérie” avec Chiara Lubich et son message d’unité “est fantastique”. Les détails de l’Exposition et des événements à venir peuvent être consultés à l’adresse www.centrochiaralubich.org

Claudia Di Lorenzi

Une nouvelle biographie de Chiara Lubich

Une nouvelle biographie de Chiara Lubich

La biographie s’intitule “Chiara Lubich. Le chemin de l’unité entre histoire et prophétie”. Elle est publiée par Città Nuova et sera présentée, – pour l’instant en italien – en avant-première le 30 novembre 2019, à l’Auditorium de la Polyclinique Gemelli à Rome. La biographie s’intitule « Chiara Lubich. Le chemin de l’unité entre histoire et prophétie ». L’auteur est l’historien italien Maurizio Gentilini. C’est la dernière biographie écrite sur la fondatrice du Mouvement des Focolari à la veille du centenaire de sa naissance. Des traductions en anglais, espagnol et coréen sont prévues. Pour ceux qui vivent à Rome ou dans les environs, il sera possible de rencontrer l’auteur le 30 novembre à l’auditorium de la Polyclinique Gemelli, à 16 h 30. C’est l’une des publications que les Éditions Città Nuova ont préparées pour ce centenaire qui débutera le 7 décembre prochain ; une date symbolique car Chiara s’est consacrée à Dieu ce 7 décembre 1943, commençant ainsi l’aventure des Focolari. Ce livre représente une tentative de lecture du parcours biographique de la fondatrice du Mouvement des Focolari, cent ans après sa naissance et douze ans après sa mort. Il est né d’une intention de vulgarisation mais il entend favoriser aussi l’approfondissement des aspects individuels et des grandes questions liées à la figure de Chiara et des Focolari (les laïcs dans l’Église, Vatican II, le monde, l’œcuménisme, la paix …). Il offrira une lecture de Chiara immergée dans le contexte historique qu’elle a traversé au cours de sa longue et complexe existence, contribuant à enrichir une offre éditoriale déjà large, mais peut-être un peu « dépourvue de contributions composées de ces caractéristiques ». L’auteur, qui aime se définir un « simple baptisé », essaie de lire les événements qu’il tente de raconter par une référence constante aux sources, selon l’application de la méthode historico-critique et sa sensibilité de croyant, ainsi qu’avec la clé herméneutique qui trouve sa synthèse dans le rapport entre spiritualité et action, entre histoire et prophétie.

Stefania Tanesini

“Ensemble pour l’Europe” a fêté ses 20 ans

“Ensemble pour l’Europe” a fêté ses 20 ans

Un anniversaire important célébré lors d’ une rencontre qui a eu lieu à la Cité pilote œcuménique d’Ottmaring et qui s’est conclu par une cérémonie à l’Hôtel de ville d’Ausburg (Allemagne). Un engagement renouvelé à être des ambassadeurs de paix et des signes d’espérance dans les différentes Églises et dans la société.

Foto: © Ursula Haaf

Plus de 300 membres du réseau “Ensemble pour l’Europe” (IpE) représentant 55 Mouvements et Communautés de 25 pays se sont réunis du 7 au 9 novembre dans la cité pilote internationale des Focolari d’Ottmaring et à Augsburg en Allemagne. A cette occasion on a aussi fêté le 20ème anniversaire d’ “Ensemble pour l’Europe”. C’est le 31 octobre 1999, jour de la signature solennelle de la “Déclaration commune sur la doctrine de la justification” dans l’église Sainte-Anne d’Augsbourg, qu’un groupe de responsables de différents mouvements chrétiens de différentes confessions s’est réuni à Otttmaring pour prendre conscience de leur responsabilité commune pour promouvoir et vivre ensemble un réel œcuménisme en Europe. Après la signature, par les responsables de la Fédération luthérienne mondiale et de l’Église catholique, d’un document commun mettant fin aux condamnations doctrinales de ces derniers siècles, les représentants des charismes des différentes confessions ont décidé de mieux se connaître et de promouvoir l’unité dans la diversité au sein de leurs Églises, dans la société et en politique. Leur engagement a donné vie à “Ensemble pour l’Europe”. Aujourd’hui cette petite semence porte du fruit dans toute l’Europe : au fil des ans, plus de 300 communautés, mouvements et ministères se sont associés à cette initiative. « Jamais il n’y a eu autant de Pays représentés dans nos réunions annuelles que cette fois-ci, – a fait remarquer l’un des animateurs du groupe des amis du réseau “Ensemble pour l’Europe” – et 20 ans après sa naissance, des liens nombreux et profonds se sont tissés, y compris entre personnes de nations différentes. Les représentants des Églises ainsi que les hommes politiques apprécient notre contribution. »

Foto: © Ursula Haaf

Le grand intérêt dont témoigne aujourd’hui la ville d’Augsbourg pour “Ensemble pour l’Europe” est significatif : les représentants de l’Europe présents à la réunion ont été invités à une réception dans la ” Salle d’Or ” de la Mairie et le maire, M. Stefan Kiefer, les a reçus en soulignant, dans son discours, les nombreuses convergences et les objectifs communs existant entre le réseau et la ville. À l’occasion de son jubilé, la ville a mis l’Hôtel de ville à la disposition de la réunion, exprimant ainsi son estime et sa gratitude. En même temps, la présence des autorités civiles et religieuses a montré que le réseau joue un rôle de “pont” important au sein des Églises et de la société. « Nous devons devenir des citoyens actifs, avoir le courage de défendre les faibles, faire entendre notre voix pour la justice », a été l’invitation du sénateur tchèque Pavel Fischer. La rencontre s’achève par une prière œcuménique émouvante dans l’église luthérienne Sainte-Anne et par la procession aux flambeaux sur la place de l’église : beaucoup se souviennent des mouvements pacifiques qui, trente ans auparavant jour pour jour, avaient conduit à la chute du mur de Berlin et à une nouvelle ère de l’Europe unie. Gerhard Proß, modérateur de cette rencontre, a vu un “fil conducteur” entre ces événements et une mission pour l’avenir : « En ces temps de repli et de tendance à la démarcation, nous voulons être, grâce à “Ensemble pour l’Europe”, un signe prophétique en vue d’une entente et d’une collaboration crédibles en Europe”.

Andrea Fleming

www.together4europe.org/fr/

En Irlande du Nord, 30 évêques de différentes Églises

En Irlande du Nord, 30 évêques de différentes Églises

« Dans un monde divisé, unis dans le Christ » est l’intitulé de la rencontre annuelle qui a eu lieu du 21 au 25 octobre derniers, qui depuis trente-huit ans, rassemble des Évêques de différentes Églises. Un rendez-vous œcuménique que plusieurs ont qualifié d’historique pour la terre d’Irlande. « C’est réellement prophétique, le fait que Belfast ait accueilli cet événement œcuménique international avec des réflexions de grande espérance, même au beau milieu de nombreuses divisions. L’Esprit Saint souffle ! ». C’est Darren O’Reilly, le coresponsable de la communauté Koinonia qui a son siège à Belfast, l’auteur de ce tweet qui résume bien le cœur – mais aussi l’aspect exceptionnel – de ce qui s’est passé du 21 au 25 octobre derniers en Irlande du Nord, à l’occasion du trente-huitième rendez-vous des Évêques de différentes Églises amis des Focolari. Un focus sur cette édition a été le partage de réflexions et de témoignages sur le défi de l’unité dans le Christ, dans un monde divisé comme celui d’aujourd’hui. Ces rencontres, organisées par les Focolari, offrent aux Évêques, un espace de dialogue et de partage autour de la spiritualité de l’unité. Pour cette édition, les 30 évêques appartenant à 18 Églises, arrivés de 14 pays différents, se sont rencontrés dans les villes de Larne et de Belfast, en choisissant comme chaque année, pour leur rencontre annuelle, un lieu symbolique. Cette année, un lieu où les évêques ont pu constater le « peace process », c’est-à-dire l’engagement pour une réconciliation dans une société divisée. Les participants ont pu connaître l’histoire et l’actuel cheminement œcuménique de l’Irlande, en restant très admiratifs des rapports qui y ont été construits et qui ont porté de nombreux fruits. L’évêque anglican Trevor Williams de l’Église d’Irlande, qui a offert une intervention appréciée sur l’histoire du christianisme en Irlande, commentait : « Cela a été encourageant de sentir la préoccupation des évêques pour nos ‘affaires inachevées’ de construction de la paix et de constater leur joie d’assister à de nombreuses activités entreprises par des chrétiens de différentes traditions pour assainir la fracture ». Également l’évêque du lieu, Noël Treanor de Down et Connor, a donné une importante contribution pour dépeindre le panorama ecclésial, social et politique. A Belfast, les évêques ont visité des lieux significatifs pour la réconciliation et la paix comme le Centre méthodiste à Belfast Est où les a accueillis, le pasteur Brian Anderson qui est aussi le Président du Conseil des Églises d’Irlande, et ont participé aux services liturgiques dans les Églises presbytériennes, anglicanes et catholiques. Et dans l’Église catholique de Saint Patrick, devant les fidèles, les évêques ont donné un témoignage de comment vivre le « Commandement nouveau » de Jésus, en renouvelant un « pacte », un engagement solennel à aimer l’Église d’autrui comme la sienne. Ce pacte est, chaque fois, un des moments les plus élevés de ces rendez-vous. Mais ce sera l’après-midi ouvert du 23 octobre dans la session qui a eu lieu à Larne qui restera dans le cœur de beaucoup : un moment défini d’« historique ». Un après-midi que l’évêque catholique de Limerick, Brendan Leahy, a décrit ainsi : « Cela s’est passé comme l’expérience des disciples sur la route d’Emmaüs qui ont vu leurs cœurs brûler alors que Jésus entre eux, expliquait et parlait avec eux ». Y ont participé, en plus d’une centaine de personnes de toute l’Irlande, de nombreuses Églises (Arménienne apostolique, l’Église d’Irlande (anglicane), Orthodoxe (Le Patriarche d’Antioche), Presbytérienne, Catholique, Méthodiste, Moravienne, Luthérienne et Syriaque-orthodoxe). Étaient présents, le Président de l’Église Méthodiste, en Irlande et le représentant du Modérateur de l’Église Presbytérienne en Irlande, les représentants du Conseil irlandais des Églises, du Comité des Églises en Irlande, du Conseil des Églises de Dublin, en plus de différents mouvements et groupes. Ce rendez-vous avec la participation d’évêques de différentes Églises, a mis en lumière les fruits du « dialogue de la vie » que Chiara Lubich a toujours encouragé à vivre : un dialogue fait par le peuple, qui inclut aussi ses pasteurs ; un peuple uni dans le Christ, grâce à l’amour vécu par tous. Un exemple a été le témoignage de réelle amitié en Christ et de collaboration des deux Archevêques d’Armagh, Eamon Martin, catholique et Richard Clarke, anglican, tous deux primats de toute l’Irlande. Un « dialogue de la vie » qui, en Irlande, se concrétise aussi en engagement pour les défis et les blessures sociales et civiles, comme l’adhésion à « Embrace Northem Ireland » qui s’occupe de l’accueil de réfugiés ; l’organisation au « Four Corners Festival » (« Le Festival des 4 angles ») qui soutient la rencontre et l’amitié au-delà des barrières géographiques et sectaires encore présentes à Belfast ; la participation aux rencontres du Conseil des Églises de Dublin auxquelles collaborent 14 Églises. Le pasteur Ken Newell, ex-modérateur de l’Église presbytérienne en Irlande, a décrit l’événement comme une « Nouvelle Pentecôte dans laquelle les chrétiens de différentes Églises du monde entier étaient réunis dans l’Esprit Saint, où on sentait l’unité de l’Église pour le bien-être du monde ».

Stefania Tanesini

Évangile vécu : se faire un

« Pour aimer chrétiennement il faut “se faire un” avec chaque frère […] : entrer aussi profondément que possible dans son âme, comprendre ses soucis, ses exigences, partager ses souffrances, ses joies, se pencher vers lui, se faire lui, d’une certaine façon, se faire l’autre. Voilà le christianisme ! Jésus s’est fait homme, il s’est fait l’un de nous pour nous faire Dieu. De cette manière, le prochain se sent compris, soulagé . » (Chiara Lubich) Élève candidat au redoublement Une de mes collègues me confie qu’elle est en souci pour un élève , avec qui j’ai également à faire dans d’autres disciplines, et qui devrait être proposé pour le redoublement. Je lui demande s’il y a des matières où il réussit bien : « N’a-til pas besoin d’être aidé et encouragé ? » Elle change de ton : « En fait, dans certaines matières il est même bon ». Nous réfléchissons ensemble à ce qu’il faut faire et comment agir. Ensuite, nous invitons l’élève à un entretien et nous l’amenons à regarder la situation en face. En quelques semaines, les choses changent d’une façon incroyable. Me trouvant un jour avec la même collègue, elle me confie : « Cette histoire m’a aussi aidée en famille. J’étais terriblement en colère contre mon aîné qui perdait son temps à jouer de la guitare et négligeait tout le reste. Après notre entretien avec cet élève, j’ai commencé à l’encourager. Il m’a chanté deux poèmes qu’il avait mis en musique : une surprise non seulement pour moi, mais aussi pour mon mari. Ses frères, en revanche, étaient complices et connaissaient son talent. On fait quelque chose pour quelqu’un et voilà que notre cœur s’ouvre et l’on voit ce que l’on ne voyait pas ». (C.A. – Pologne) Épouse et belle-mère Un ami m’a confié sa douleur de ne pas pouvoir mettre d’accord sa femme et sa belle-mère : leurs querelles et leur animosité mettaient la famille de mauvaise humeur et les enfants en souffraient. Je l’ai écouté longtemps. Je ne pouvais que lui dire de ne pas prendre parti, mais d’écouter les deux. Par la suite, à la maison, j’ai pu être proche de cette famille en difficulté en lui faisant parvenir quelques douceurs et autres marques d‘attention. Au bout d’un moment, mon ami est venu me voir au travail. Tout s’était résolu de façon inattendue. « C’est ton écoute qui m’a donné la force de faire la même chose. » (J.F. – Corée) Un cadeau en appelle un autre J’avais offert à un sans-abri une bouteille que je remplissais d’eau et que j’emportais toujours avec moi en voiture. Un jour, assoiffé, je me suis arrêté à une fontaine, mais il n’était pas facile de boire : il aurait fallu une bouteille pour y arriver et je n’en avais plus. J’allais presque partir quand un vieil homme qui chargeait des bouteilles dans sa voiture m’a demandé si j’avais soif. « Oui, mais comme vous pouvez le voir, je n’ai pas les moyens d’accéder à l’eau. C’est alors qu’en me souhaitant bonne chance, il m’a donné une de ses bouteilles qui entrait juste dans ma voiture et qui désormais me comble de joie, parce qu’elle me rappelle qu’un cadeau en appelle un autre. (R.A. – Albanie) La force de l’amitié Quand je me suis retrouvé un jour avec une amie de la paroisse, je me suis entendu dire que j’aurais dû me consacrer davantage à ma famille. Qu’en savait-elle, elle qui n’était même pas mariée ? En tout cas, sa remarque m’a troublée et ne m’a pas laissé tranquille. J’ai analysé la relation que j’avais avec mes quatre enfants. Tout semblait aller bien, mais…. avec M., quelque chose n’allait pas. J’ai trouvé un prétexte pour aller le voir pendant qu’il était dans sa chambre en train d’écouter de la musique et je lui ai demandé son avis à propos d’une affaire. Au bout d’un moment, il s’est effondré et s’est mis à pleurer. C’était étrange pour moi qui le connaissais comme un garçon fort et sûr de lui. Mais au bout d’un certain temps, il est arrivé au cœur du problème : il venait de vivre une grande déception avec sa copine et il avait même eu l’idée du suicide. Je suis restée pétrifiée. Mon amie m’avait ouvert les yeux. J’ai aussi reporté cette “attention” sur mes autres enfants. Je pensais être une mère parfaite, j’avais pensé à tout, mais il me manquait quelque chose : un amour actuel, prêt à affronter les imprévus. (F.G. – Philippines)

Stefania Tanesini (extrait de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, année V, n.6, novembre-décembre 2019)

Travailler à la réalisation de l’unité

Travailler à la réalisation de l’unité

La contribution du Mouvement des Focolari au dialogue entre les Églises chrétiennes.Discours de Maria Voce à l’Angelicum, à Rome, 25 ans après l’encyclique Ut unum sint « Tout commence par la découverte que Dieu est Amour ». Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, identifie ainsi le point de départ de l’itinéraire qui a conduit à l’intuition progressive et à la définition de la spiritualité de l’unité qui anime le Mouvement fondé par Chiara Lubich. La Présidente des Focolari intervenait à l’Université Saint Thomas d’Aquin à Rome, dans le cadre d’une série de conférences consacrées au 25ème anniversaire de l’encyclique Ut unum sint (Que tous soient un). Elle souligna la contribution que le charisme donné par Dieu à Chiara Lubich, et la spiritualité de communion qui en a jailli, offre au chemin d’unité entre les Eglises chrétiennes. Les piliers de cette spiritualité identifient les étapes du chemin qui conduit à l’unité de la famille humaine. Réaliser la prière de Jésus sur la Croix « … Que tous soient un », qui est devenu le but du Mouvement des Focolari. La découverte de l’Amour de Dieu, qui est Père, éveille la conscience que nous sommes tous frères. Par conséquent, Chiara Lubich expliquait « qu’aimer Dieu en tant que fils signifiait aimer les frères ». Maria Voce ajouta : « Un autre pilier de la spiritualité de l’unité qui en découle est l’amour du prochain. Il se réalise concrètement en suivant les chemins de l’Evangile. Chiara Lubich disait : « Nous avons immédiatement perçu le charisme de l’unité comme […] la lumière pour mieux comprendre l’Évangile, la source de l’amour et de l’unité et la force pour le vivre avec détermination ». Maria Voce continue : « Bientôt il devint clair que le commandement nouveau de Jésus, « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres » (Jn 13, 34) indiquait la mesure de l’amour. Ce « comme » signifiait « donner sa vie jusqu’à être prêt à mourir pour l’autre », comme le Christ l’a fait. Les premiers focolarini commencèrent ainsi à vivre dans l’amour réciproque, souscrivant entre eux ce pacte d’unité qui constitua « le début d’un style de vie particulier que l’Esprit Saint proposait : un style communautaire ». En mettant en pratique l’amour mutuel, Chiara et ses compagnes firent l’expérience de la présence de Jésus parmi elles. Maria Voce cita Chiara Lubich : « Nous avons senti en nos âmes un saut qualitatif, une paix nouvelle […]. Nous avons compris ce qui se passait en lisant dans l’Évangile ces paroles « Là où deux ou trois sont réunis se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). La charité mutuelle nous avait unis […]. Jésus présent scellait l’unité entre nous ». Maria Voce explique que c’est de cette recherche de la présence de Jésus que naît le nom sous lequel le Mouvement des Focolari est connu : « Œuvre de Marie », comme expression de la tension à en faire un modèle. De même que Marie a engendré le Christ, ainsi les focolarini vivent en essayant d’engendrer parmi eux et avec les autres la présence de Jésus. En vivant la spiritualité de l’unité, on s’est vite rendu compte qu’elle pouvait s’appliquer aux divers contextes. « Au début des années 1960, Chiara Lubich entra en contact avec des frères et sœurs de l’Eglise luthérienne, puis avec des anglicans, des baptistes, des méthodistes, des orthodoxes et des membres des Eglises orthodoxes orientales, et elle a découvert que cette présence de Jésus au milieu pouvait également être établie entre chrétiens de différentes Eglises ». C’est la découverte qui initiera les chemins du dialogue, tant au niveau théologique qu’au niveau de la “vie”, soutenus par l’expérience concrète d’unité entre chrétiens de différentes Églises qui était déjà une réalité au sein du Mouvement. Il n’est pas rare, cependant, d’éprouver un manque d’unité. Une condition qui, pour les Focolari, est cependant une occasion de « travailler » à sa reconstruction. Et Jésus abandonné sur la croix est le chemin pour réaliser l’unité. Maria Voce reprend les paroles de Chiara Lubich : « Puisque Jésus s’est couvert de tous nos maux, nous pouvons découvrir son visage derrière chaque douleur […], L’embrasser d’une certaine manière dans ces souffrances […] et lui exprimer notre Oui comme Il l’a fait […]. Il vivra alors en nous en tant que Ressuscité ». Plus tard, Chiara découvrira Jésus abandonné dans les divisions entre les Eglises chrétiennes : travailler, ici aussi, pour guérir l’unité brisée est « l’œuvre principale du Mouvement des Focolari ». Dans cette perspective, Maria Voce souligne la contribution qu’une expérience d’unité entre théologiens de différentes Églises « pourrait apporter au dialogue œcuménique » : « Si les théologiens se laissent guider par l’être un en Christ », Jésus « facilitera la compréhension des différents points de vue théologiques » et « la vérité sera redécouverte ensemble ». Un dernier passage est consacré au charisme de l’unité comme chemin de sainteté. Maria Voce rappelle que la phase diocésaine du processus de canonisation de Chiara Lubich vient de prendre fin ; elle est actuellement à l’étude au Vatican.

Claudia Di Lorenzi

La communauté académique de Sophia en audience chez le Pape

La communauté académique de Sophia en audience chez le Pape

L’exhortation de François à l’institut universitaire : « Je vous laisse trois mots, en vous invitant à continuer avec joie, vision et décision votre cheminement: sagesse, pacte, sortie ». « Je suis content du cheminement que vous avez fait en ces douze années d’existence. Allez de l’ avant ! Le cheminement a à peine débuté» a commencé le Pape François en saluant la communauté académique de l’Institut Universitaire Sophia, qu’il a reçue aujourd’hui en audience privée. « Dans le parcours que vous avez devant vous, les points de références ne vous manquent pas : en particulier, l’inspiration du charisme de l’unité d’où votre Université est née, et également, les lignes que j’ai tracées dans la Constitution apostolique Veritatis gaudium, dans laquelle votre projet académique et formatif veut se refléter. Mais aussi, votre participation à la préparation et aux développements du Pacte Éducatif Global va dans cette direction ».

© Servizio Fotografico Vaticano

A l’audience, qui a eu lieu le 14 novembre dernier dans la salle du Consistoire, ont participé le Cardinal Giuseppe Betori, Archevêque Métropolite de Florence et Grand Chancelier de l’Institut, la doctoresse Emmaus Maria Voce, Vice Grande Chancelière de l’Institut et Présidente du Mouvement des Focolari, l’ entière communauté académique de l’Institut Universitaire Sophia, une représentation du groupe de travail d’ « anthropologie trinitaire » du CELAM et les professeurs du futur siège local de « Sophia » en Amérique Latine et dans les Caraïbes. « Je vous laisse trois mots, en vous invitant à continuer avec joie, vision, et décision votre cheminement : sagesse, pacte, sortie » leur a dit le Pape François. La Sagesse qui, a expliqué le Saint Père, illumine « tous les hommes », avec lesquels « nous sommes appelés à cheminer ensemble ». Le Pacte, parce qu’ « il est la clé, à la fois de la création et de l’histoire », « le Pacte entre Dieu et les hommes, le pacte entre les générations, le pacte entre les peuples et les cultures, le pacte, – dans l’école – entre les professeurs et les apprenants et aussi les parents, le pacte entre l’homme, les animaux, les plantes et jusqu’aux réalités même inanimées qui font que notre maison commune est belle et bigarrée ». Le Pape François a invité la communauté académique de Sophia à vivre ce pacte afin d’ « ouvrir les routes du futur à une civilisation nouvelle qui embrasse dans la fraternité universelle, l’humanité et le cosmos ».

© Servizio Fotografico Vaticano

Et à la fin, « sortie » : « Nous devons apprendre avec le cœur, avec l’esprit, avec les mains, à « sortir du campement » – comme le dit la Lettre aux Hébreux (13,13) – afin de rencontrer, justement, là, dehors, le visage de Dieu dans le visage de chaque frère et de chaque sœur ». Au terme de l’audience, Piero Coda, Recteur de l’Institut, a commenté : « Nous sommes reconnaissants vis-à-vis du Pape François qui a apprécié la participation d’étudiants issus des cinq continents et aussi de différentes traditions religieuses, et notre engagement à ne pas regarder du balcon mais à « mettre les mains à la pâte » afin de cheminer en tant que protagonistes sur les voies nouvelles de la fraternité ». L’audience avec le pape François arrive après seulement quelques jours après la cérémonie d’inauguration de l’année académique 2019/2020 (lundi 11 novembre 2019), avec la remise du doctorat h.c. en Culture de l’Unité au philosophe et théologien, le Professeur Juan Carlos Scannone S.J., représentant de la « théologie du peuple » et professeur du jeune séminariste Jorge Mario Bergoglio.

Tamara Pastorelli

Rapport homme-femme: ensemble pour défier le futur

« Défier le futur. Des femmes et des hommes en dialogue » était le titre du rendez-vous qui a eu lieu du 18 au 20 octobre 2019 à Castel Gandolfo, organisé par le Centre pour le dialogue des personnes de convictions non religieuses des Focolari. Donner la parole à des exigences, des aspirations et des idéaux de perspectives culturelles différentes par le biais d’un dialogue de fond entre des personnes n’ayant pas une référence religieuse précise et des chrétiens catholiques ; également présentes, deux jeunes filles musulmanes. Ce fut cela le leitmotiv du congrès « Défier le futur. Femmes et hommes en dialogue », qui a eu lieu à Castel Gandolfo (Rome, Italie) du 18 au 20 octobre derniers et organisé par le Mouvement des Focolari. Un choix thématique dicté par l’effort de lire au plus profond des femmes et des hommes d’aujourd’hui, adultes et jeunes, appartenant à différentes fois ou à des convictions différentes. Qu’est-ce qui les tient ensemble ? Quelle est la contribution spécifique homme-femme pour un futur de paix et pour travailler au bien commun ? « Chacun est différent mais il arrive que les jeunes soient exclus de par leur aspect extérieur. Les véritables héros ne le font pas, même si ce n’est pas toujours facile ». Et l’incipit de « véritables Héros », le court métrage du réalisateur belge Erik Hendricks , a donné le coup d’envoi au congrès. Tourné avec un casting d’étudiants, le documentaire a ouvert la voie à de multiples contributions qui ont été l’âme et la richesse de ces trois jours-là. Au centre du congrès, l’approfondissement d’une spécificité du style opérationnel des Focolari : le travail réalisé ensemble et la coresponsabilité des femmes et des hommes. Très importante également la contribution de Piero Taiti, médecin, pionnier du dialogue avec les personnes de convictions non religieuses, sur l’apport prophétique de Chiara Lubich. Moreno Orazi, architecte, que nous pourrions définir être un chrétien inquiet, en recherche et avec de nombreuses questions de foi, a présenté des témoignages de femmes et d’hommes impliqués dans le domaine social. « Tout en relevant une forte différence d’impact du point de vue psychologique entre le corps féminin et le corps masculin, je constate une substantielle réciprocité de sentiments du point de vue de la condition existentielle et affective au niveau plus profond ; pour tous les deux, la solitude et la reconnaissance manquante de soi-même  et des propres attentes et aspirations est source de profonde souffrance. Il existe une voix intérieure qui émane du corps des femmes, à l’égard de laquelle l’homme s’est placé d’une manière ambiguë dans le passé, amplifiée ou laissée lettre morte selon le propre intérêt du moment mais jamais perçue comme étant la clé pour cueillir l’essence de la féminité ».  Pour Giuseppe Auriemma, médecin psychiatre, la réciprocité qui jaillit du rapport homme-femme est une ressource pour surmonter les différences. « La réciprocité coûte et requiert engagement, demande de dépasser la rigidité de la contradiction, de bloquer la tentation de résoudre les différences dans l’identité du plus fort, de dépasser la mentalité de se posséder et de s’approprier. C’est en réalité un dur cheminement de libération. Hommes et femmes devraient être davantage conscients de leurs caractéristiques spécifiques, quelles soient dons ou richesses, ou qu’elles soient limites. C’est seulement alors qu’ils pourront vivre une relation, une rencontre, parce que chacun aura quelque chose à donner et quelque chose à recevoir ». Donatella Abignente, professeure de Théologie morale, a illustré le point de vue catholique : « Dans l’Église catholique, il y a un débat très vif. Au synode sur l’Amazonie, le Pape demande que soit officiellement reconnu le ministère de la femme sur la Parole. Il y a des résistances de la part de personnes qui ont mis trop l’accent sur les droits individuels et sur les droits des plus forts, c’est pour cela que les femmes ne sont devenues importantes que lorsqu’elles ont acquis la force de faire prévaloir leurs propres droits. Le droit s’affirme sur base de la communion. En ce qui concerne la réciprocité, celle-ci se construit avec la gratuité qui n’est pas le fait de ne pas s’occuper de la pleine réalisation de soi-même, le volontarisme de la mortification ou un altruisme trop semblable à la recherche de la propre perfection par le biais du service. Il ne s’agit pas de devenir femme ou homme mais de devenir des personnes dans la communion gratuite, en nous compromettant nous-mêmes dans une transformation qui dure toute une vie ». Les contributions de personnes originaires des continents extra-européens n’ont pas manqué de s’exprimer, comme par exemple Vania Cheng qui a parlé du rapport homme-femme en Chine, de Ray Asprer dans la société philippine et celles de Mounir Farag, Haifa Alsakkaf et Giovanna Perucca sur la femme dans les pays islamiques. Dans sa relation « Clés interprétatives de l’histoire des relations homme-femme », la sociologue Giulia Paola Di Nicola a présenté une panoramique historique, encadrant les changements advenus au cours des siècles et la division des rôles, des hiérarchies et des valeurs qui ont caractérisé, au cours des millénaires, un certain ordre social et de pensée.

                                                                                                                       D’après la rédaction

En Amazonie, ma boussole est l’amour

En Amazonie, ma boussole est l’amour

Interview faite à Frère Gino Alberati, missionnaire depuis 1970 parmi les gens du sous-continent d’Amazonie. Maintenant que les projecteurs médiatiques sur le poumon vert de la terre se sont éteints, parce que les incendies ont été maîtrisés et que le Synode pour l’Amazonie de l’Église catholique a adopté le document final, il nous semble important de continuer à donner la parole à celui qui habite l’Amazonie et contribue à son développement chaque jour. Le risque est très grand, de regarder cette terre comme une carte postale exotique, loin de la vie de nos métropoles. Il s’agit d’un des laboratoires multi-culturels les plus étendus de la planète, un aspect qui fait certainement moins de bruit que la question environnementale, mais dont le respect et la sauvegarde sont tout autant centraux pour la survie de sa population. C’est pour cela que recueillir le défi culturel en Amazonie et soutenir l’éducation et la formation humaine est d’une importance vitale.

© ACN Kirche in Not

Différentes communautés des Focolari font aussi partie de sa population, des familles, des jeunes et des religieux, comme frei Gino comme tout le monde l’appelle. Frère Gino Alberati est un missionnaire capucin italien qui vit et travaille en Amazonie depuis 1970, en servant des dizaines de communautés sur le fleuve Solimões, à la frontière brésilienne avec la Colombie et le Pérou. Il voyage dans une barque reçue d’un organisme caritatif, et s’occupe lui-même de l’entretien de celle-ci. Cette barque lui donne la possibilité d’aller célébrer la messe et d’apporter la Parole de Dieu aux communautés éparpillées sur un immense territoire et lui permet aussi de sauver des vies humaines car le médecin le plus proche vit bien souvent à plusieurs jours de distance de là. Nous réussissons difficilement à l’atteindre, mais nous pouvons l’interviewer via Whatsapp. A propos de sa préparation à la mission, frère Gino raconte le récit des journées entières qu’il a passées à l’hôpital St Jean à Rome. « Pendant neuf mois, j’entrais dans les laboratoires d’ analyses et dans les salles opératoires ; je le faisais pour apprendre quelque chose en médecine, parce que je savais que dans la mission à laquelle j’étais destiné, il n’y aurait eu aucune structure sanitaire et j’allais devoir m’improviser médecin. J’avais 29 ans lorsque je suis arrivé en Amazonie et ni les distances ni les moyens de transport précaires que j’utilisais ne m’importaient – explique Frei Gino – ma boussole était l’amour. Au cours de ces années-là, j’ai vraiment fait de tout et maintenant, ma mission est de suivre une paroisse qui couvre un territoire long de 400 km, sur le Rio des Amazones et le Rio Içà ». Lorsqu’on lui demande de quoi vivent les gens, il répond que le fleuve est leur vie. « Sur le fleuve, ils voyagent et pêchent ; l’eau fertilise les terres les plus basses. Actuellement, je peux suivre 40 communautés, en plus de la paroisse de la ville de Santo Antonio do Içà. Je suis également conseiller municipal pour la santé publique et j’apporte à l’administration communale, le service  sanitaire nécessaire aux communautés auxquelles je rends visite. Nous n’avons pas vécu de près le drame des incendies car dans cette région, nous sommes loin des grands intérêts ; et cela malgré le fait que la diminution du territoire recouvert par la forêt soit sous le regard de tous. De la population font également partie les ‘Indios’ de l’ethnie Tikuna; ils sont environ au nombre de 45.000 et vivent d’agriculture, de chasse et de pêche. Nous travaillons beaucoup afin de leur donner une formation humaine, culturelle et spirituelle de base. Depuis peu, nous avons consigné à 200 leaders de 24 communautés, la Bible des petits, traduite justement en langue Tikuna ». Frère Gino insiste sur le rôle fondamental des ‘Indios’ pour la conservation de la planète : « De nombreux efforts ont certainement été faits pour combattre le risque de pollution, comme par exemple l’utilisation des moteurs à hydrogène dans les moyens de transport, mais, malgré cela, les grands du monde voient seulement le ‘dieu argent’ et veulent prendre les terres des autochtones pour extraire des minéraux et le pétrole. Le style de vie des ‘Indios’ suit le rythme de la nature ; ils ne prennent que l’essentiel de la terre, travaillent de petites surfaces de terrain et n’ont donc pas besoin de procéder à de grands déboisements ». Quand on lui demande quelle est la chose la plus précieuse dont les femmes et les hommes d’Amazonie ont besoin, après les nécessités matérielles, il répond que c’est sans nul doute, de l’amour, « l’amour réciproque qui porte à la fraternité »,  celui qui est capable de transformer les personnes et les territoires sous toutes les latitudes.

                                                                                                                                Stefania Tanesi

 

Chiara Lubich : clôture de la phase diocésaine de béatification

Chiara Lubich : clôture de la phase diocésaine de béatification

La phase diocésaine de la Cause de béatification et de canonisation et de Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, s’est conclue le dimanche 10 novembre. Plus de 500 personnes étaient présentes dans la cathédrale de Frascati (Rome) où s’est tenue la dernière session de l’enquête diocésaine. Parmi les participants, le cardinal Tarcisio Bertone, la Présidente des Focolari, Maria Voce (Emmaüs) et le Coprésident Jesús Morán, quelques membres de la famille de Chiara Lubich, deux représentants de l’Église orthodoxe, plusieurs maires de la région du Latium, des prêtres, des laïcs et des religieux, et de nombreux amis qui ont connu Chiara et le charisme de l’unité des Focolari. Devant l’autel, la table avec 75 boîtes contenant la documentation recueillie, qui sera remise à la Congrégation pour la Cause des saints près le Saint-Siège, où se poursuivra l’étude et l’évaluation de ce qui a été collecté.

Les 3 dernières boîtes sur 75 sont scellées

La cérémonie était présidée par Mgr Raffaello Martinelli, évêque de Frascati, qui a résumé ainsi ces années de collecte de témoignages et de matériel : « Le Saint-Siège et le procès diocésain doivent mettre en évidence l’héroïcité des vertus, pas simplement la bonté d’une personne mais son héroïcité. C’est ce que j’ai demandé aussi dès le début dans les témoignages. Nous devons démontrer l’héroïcité de la manière dont Chiara a vécu les vertus chrétiennes, c’est-à-dire les vertus théologales (foi, espérance, charité), les vertus cardinales (prudence, justice, force, tempérance), et toute une série de vertus dérivées Dans son rapport, le délégué épiscopal, Mgr Angelo Amati, a noté que 166 témoins avaient été entendus lors de différents déplacements, notamment dans les diocèses de Rome, Albano et Fiesole (Italie), Lausanne-Genève-Fribourg (Suisse), Augusta-Ottmaring et Bamberg-Nuremberg (Allemagne), Westminster (Angleterre), Gand et Bruxelles (Belgique), et deux commissions rogatoires : à Bangkok (Thaïlande) et à Ljubljana (Slovénie). « L’enquête a porté sur la vie, les vertus, le charisme et la spiritualité spécifique de Chiara – a souligné Mgr Amati -, ainsi que sur les questions théologiques présentées telles que : l’unité, Jésus abandonné et Jésus au milieu, sur la fondation de l’Œuvre de Marie (Mouvement des Focolari) et les contacts interconfessionnels et interreligieux. Soit un total de 35 057 pages, rassemblées en 102 volumes », qui contiennent différentes sortes de documents (témoignages, lettres, documents publiés et non publiés, écrits, journaux intimes, etc.). Venait ensuite la déclaration du Promoteur de justice, le P. Joselito Loteria – qui, avec le notaire, Mme Patrizia Sabatini et le délégué épiscopal forment le tribunal diocésain institué pour la Cause de Chiara Lubich –, puis Mgr Martinelli a lu le décret de clôture de la phase diocésaine et a nommé « portitor » (porteur) le Pr Daniel Tamborini, qui sera chargé de remettre la documentation au Saint-Siège Puis les serments du Portitore, de Mgr Martinelli et de tous les membres du Tribunal diocésain et de la Postulation – Postulateur, P. Silvestre Marques ; Vice-Postulatrice, Pr Giuseppina Manici ; Vice-Postulateur, Pr Waldery Hilgeman -, et la signature du procès-verbal de la session de clôture. Le moment central a été la fermeture et la pose du sceau sur les trois dernières des 75 boîtes contenant les 35 000 pages. « Notre seul désir à présent est d’offrir à l’Église, à travers cette vaste documentation, le don que Chiara a été pour nous et pour de nombreuses personnes – a affirmé Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, lors de son intervention dans la cathédrale En accueillant le charisme que Dieu lui donnait, de façon cohérente, jour après jour, cheminant et tendant à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité, Chiara s’est prodiguée pour que ce chemin de vie évangélique soit suivi par beaucoup, dans une détermination toujours renouvelée pour aider ceux qu’elle rencontrait à mettre Dieu à la première place dans leur vie et à “devenir saints ensemble”. Son regard et son cœur, comme cela est démontré à présent, étaient mus par un amour universel, capable d’étreindre tous les hommes au-delà des différences, toujours tendus à réaliser le Testament de Jésus : Ut omnes unum sint (Que tous soient un) C’est une source de joie pour nous tous de savoir que l’Église va étudier et évaluer maintenant la vie et les vertus de la servante de Dieu, notre bien-aimée Chiara. » L’iter diocésain C’est le 7 décembre 2013 que la phase diocésaine de la Cause de béatification et de canonisation de Chiara Lubich a débuté – un peu plus de 5 ans après sa mort, survenue le 14 mars 2008 – avec la signature, à Castel Gandolfo, de la pétition officielle pour l’ouverture de la Cause. Les premiers à être entendus furent les témoins oculaires qui l’avaient connue dès les premiers temps de la fondation du Mouvement des Focolari. Plus tard, Mgr Raffaello Martinelli consulta la Conférence épiscopale du Latium sur l’opportunité d’engager la Cause, obtenant un avis positif. L’évêque a ainsi constitué une Commission de trois experts en matière historique et archivistique qui a eu pour tâche de recueillir tous les documents inédits concernant Chiara. Mgr Martinelli a ensuite nommé trois théologiens qui ont examiné les écrits publiés. Le 29 juin 2014, le Saint-Siège accordait son Nihil obstat (son consentement) à l’ouverture officielle de la Cause. Le 27 janvier 2015, avait donc lieu dans la cathédrale de Frascati la cérémonie d’ouverture de la phase diocésaine, qui s’est conclue le 10 novembre 2019.

Lorenzo Russo Bureau de communication du Mouvement des Focolari

Texte: Salut de conclusion de Maria Voce

Vivre l’Évangile : Voir avec d’autres yeux

Les paroles de saint Paul « Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent » (Rm 12, 15) sont une invitation à « se faire un », à se mettre « dans la peau de l’autre », comme une expression concrète de la vraie charité. En vivant ainsi, nous verrons les choses changer là où nous sommes, en commençant par les relations dans nos familles, nos écoles, nos lieux de travail, notre communauté. Avec gratitude, nous constaterons que, tôt ou tard, l’amour sincère et gratuit nous est rendu et devient réciproque. Accueil Notre communauté s’était vu confier une femme au lourd passé. Quand nous avons découvert qui elle était, la relation est devenue difficile avec elle. Nous avons en effet appris qu’elle avait tué son propre fils et qu’elle n’avait pas été en prison parce qu’elle était enceinte et déprimée. Même si le curé de la paroisse nous rappelait de ne pas juger, il était quand même difficile de ne pas avoir son passé devant nos yeux. Avec le temps, aidés aussi par le curé de la paroisse, cette femme est devenue la mesure de notre capacité d’accueil. Dans cet effort de « voir avec d’autres yeux », notre communauté a fait un saut qualitatif. Il nous a semblé que, précisément à travers cette femme qui avait besoin de notre miséricorde, Dieu nous donnait une grande leçon d’Evangile. Mais le vrai cadeau fut lorsqu’un jour, en pleurant, elle nous a raconté son histoire, les drames qu’elle avait vécus et les violences qu’elle avait subies. Elle nous a remerciés parce que nous lui avions donné la preuve que l’amour existe et que le monde n’est pas aussi mauvais que celui qu’elle avait connu. (M.P. – Allemagne) Un institut pour enfants sourds et muets Notre institut est en partie subventionné par l’Etat, en partie autogéré par de petites activités artisanales internes, mais les besoins sont toujours nombreux. Un jour, un parent d’un élève vient nous dire qu’il ne sait pas comment et où trouver l’argent pour résoudre un problème. Je prends l’argent que nous avions dans la caisse et je lui donne. Dans l’après-midi, nous avons reçu la visite d’une dame inconnue : « J’ai vu la statue de la Vierge dans le jardin et je me suis arrêtée pour prier. Ce que vous faites mérite admiration et respect. Je ne sais pas ce que je pourrais faire pour vous, mais ceci pourrait peut-être vous aider ». Elle nous donne le double du montant donné le matin. (J. – Liban) Croisière Je ne me souviens pas d’avoir vu ma mère en bonne santé. Elle était toujours au lit au cours des dernières décennies. Mon père, malgré une brillante carrière pleine de succès, passait du temps avec elle en ne lui laissant rien manquer en soins et traitement. Un jour, j’ai été invité à une croisière et j’ai accepté, me trouvant mille excuses pour penser que je la méritais. Pendant le voyage, alors qu’un collègue me parlait de sa famille, je me suis rendu compte que j’avais peu à dire de la mienne, j’avais presque honte d’une situation de douleur sans solutions. Quand il m’a interrogé sur mes parents, je lui ai dit combien mon père s’était toujours prodigué pour ma mère, que je me sentais fier d’un tel père et que je comprenais la valeur de la douleur. En rentrant chez moi, j’ai demandé pardon à mes parents, non pas tant pour les vacances que j’avais prises, mais parce que je n’avais pas été capable de deviner s’ils avaient besoin de moi. Avec cette « croisière », ma vie a changé. Les derniers jours de ma mère sont devenus un cadeau pour toute la famille. (S.S. – Espagne) Demander pardon Ce matin-là, dans la cuisine, ma femme et moi étions agités par des problèmes non résolus ; tout nous semblait noir et destiné à donner lieu à une querelle furieuse entre nous, comme cela s’est déjà produit auparavant. Je me suis arrêté un instant : toutes les promesses de recommencer faites devant Dieu tenaient encore ou s’étaient-elles envolées en fumée ? Je me suis approché de ma femme et, même si cela m’a coûté, je lui ai demandé pardon. Elle aussi a immédiatement réagi en disant que tout était de sa faute…. Lorsque les enfants sont arrivés, ils ont trouvé non seulement le petit déjeuner prêt, mais aussi des parents qui grandissaient avec eux, désireux de transmettre à leurs enfants la bonne clé pour bien vivre la vie. (R.H. – Slovaquie)

par Stefania Tanesini (tiré de Il Vangelo del Giorno, Città Nuova, anno V, n.6,novembre-dicembre 2019)

Change le monde qui change

Le Laboratoire Culturel des Focolari s’est terminé le 27 octobre 2019 à Castel Gandolfo. Son objectif : créer des synergies entre les disciplines et les métiers afin de comprendre comment construire un monde plus solidaire dans une société en constante évolution. Essayez d’imaginer le monde de demain. Essayez de vous projeter dans un avenir proche et posez-vous des questions sur le visage que présentera notre planète dans vingt ans. Essayez d’oser les idées les plus utopiques et rêvez de changer le monde, dès aujourd’hui. Le vieux proverbe africain qui dit : “Si tu vous voulez aller vite, avancez seuls ; si vous voulez aller loin, avancez ensemble” exprime bien le défi relevé par le groupe international et multiculturel d’adultes et de jeunes, universitaires et professionnels, réunis à Castel Gandolfo (Italie) : gérer ensemble la complexité du monde, et non pas seuls, mais en mettant les compétences de chacun en réseau. Venant de plus de quarante pays, les participants se sont impliqués en acceptant les propositions des différents témoignages et réflexions, chacun dans son propre domaine d’action et de travail, en entamant un large dialogue, en soutenant et en réalisant des propositions concrètes. “Change le monde qui change”, c’était le titre de la dernière journée et demie du programme, animée par des jeunes et destiné aux nouvelles générations. Certains ont signé leur demande de participation à l’événement “L’Économie de François” qui se tiendra à Assise, du 26 au 28 mars 2020 , auquel le Pape invite les jeunes économistes, entrepreneurs et acteurs du changement. La proposition est de faire avec eux, au-delà des différences de croyance et de nationalité, un pacte pour changer l’économie actuelle et donner une âme à celle de demain afin qu’elle soit plus juste, durable et trouve de nouveaux protagonistes parmi ceux qui sont aujourd’hui exclus. À ce propos, Adelard Kananira, un jeune Burundais, a expliqué le projet Ensemble pour une nouvelle Afrique (T4NA), qui vise à créer les fondations d’une nouvelle classe dirigeante et un nouveau modèle de leadership en Afrique. En 2019, la première session de formation à ce projet a vu le jour au Kenya, avec plus de 150 jeunes, formateurs et enseignants d’Afrique de l’Est, dans le but de faire tomber les barrières qui existent entre tribus, partis politiques, groupes ethniques et même entre pays, pour atteindre l’objectif commun de développement et de paix. Quant à Giada et Giorgia, elles veulent changer la réalité en s’engageant dans leur profession. Giada, 23 ans, travaille dans le domaine du cinéma en tant qu’assistante réalisatrice, un travail très dur mais qu’elle ne changerait pour rien au monde. Elle espère à l’avenir pouvoir réaliser des films qui mettent en valeur l’harmonie, qu’elle s’efforce de créer chaque jour avec ses collègues, certaine que le cinéma est un moyen puissant qui peut vraiment contribuer à changer le monde. Giorgia, 32 ans, est conseillère municipale dans une commune italienne, chargée des politiques concernant la jeunesse, l’innovation, la participation et le secteur de l’économie civile. Son rêve est déjà devenu réalité : dans sa municipalité, le budget participatif est mis en œuvre, les objectifs de l’Agenda 2030 sont pris en compte, de nouveaux modèles de développement sont à l’étude, des initiatives sont prises pour sauvegarder l’environnement, comme les jardins potagers urbains. Forts de leurs engagements pris ensemble, les jeunes et les adultes abordent déjà l’avenir avec des idées de projets à réaliser et de bonnes pratiques à diffuser, en essayant de changer, dès à présent, notre monde en mutation.

Patrizia Mazzola

Colombie: Accepter le frère

Une maladie grave et une hospitalisation inattendue dans un pays étranger sont le début d’un lien profond d’amitié et de partage entre deux communautés des Focolari de Colombie et du Venezuela. Un coup de fil un soir a ouvert un chapitre inattendu de notre vie. On nous avertissait qu’un parent d’un membre des Focolari au Venezuela avait été admis dans l’un des hôpitaux de Bogotá (Colombie). Ce vénézuélien était arrivé en Colombie en tant que migrant dans des conditions précaires et travaillait comme maçon. Il était hospitalisé pour une grave maladie. Deux personnes de la communauté des Focolari se sont retrouvées dans cet hôpital le lendemain, toutes deux ayant compris que Dieu les envoyait aimer ce frère inconnu. Elles se sont présentées et lui ont assuré qu’à Bogota, il pouvait compter non seulement sur eux deux, mais aussi sur une famille élargie formée par la communauté des Focolari. Il leur a expliqué qu’il était à Bogota avec son fils qui le remplaçait maintenant dans son travail. Les médecins ont expliqué que son état était très grave. En contactant le fils, nous avons appris qu’ils vivaient dans une cabane de fortune. Nous avons lancé un appel à notre communauté et nous avons recueilli des vêtements et des chaussures pour eux. Quelque temps plus tard, le fils a également dû quitter le travail pour se consacrer aux soins de son père. Durant cette période, certains parmi nous l’ont accueilli au petit-déjeuner, au déjeuner ou pour se reposer afin de lui faire sentir la chaleur d’une famille. D’autres se sont relayés à l’hôpital pour le remplacer au chevet de son père et nous avons continué à recueillir des produits de première nécessité pour eux. Entre-temps, le père avait exprimé le désir de retourner au Venezuela. Il nous avait confié que la vie en Colombie lui avait fait expérimenter l’amour de Dieu en lui faisant vivre une véritable conversion. Il voulait revoir sa petite fille, saluer sa femme et mourir dans la paix. Pour ce voyage, cependant, il fallait trouver l’argent pour les documents et pour l’avion, il ne pouvait pas en effet voyager par voie terrestre. Même les médecins et les infirmières, touchés par la situation, ont essayé de les aider de diverses manières, en recueillant également une importante somme d’argent. En attendant le voyage, il a fallu entre-temps le transférer dans un centre médical spécialisé. Malgré les difficultés, il a été admis après quelques mois. Sur place, les médecins ont expliqué qu’il n’y avait plus rien à faire, qu’ils auraient dû le renvoyer mais, vu la situation, ils le gardaient à l’hôpital jusqu’à son départ pour le Venezuela. Nous avons aussi demandé à un prêtre de lui rendre visite ; il a ainsi pu se confesser et recevoir l’onction des malades. Le jour où ils étaient déjà à l’aéroport prêts à partir, il y a eu une panne à Caracas (Venezuela) et l’avion a dû retourner à Bogotá. Pendant ces trois jours de suspension, ils ont été logés à l’hôtel près de l’aéroport, puis ce fut enfin le départ. Le fils nous a ensuite communiqué, en nous remerciant pour l’amour reçu, que son père était réussi à rentrer chez lui et était mort paisiblement., quelque temps plus tard,

La communauté de Bogotá (Colombie)

à Fontem la vie continue

Quelle est la situation à Fontem ? Les demandes d’information continuent d’arriver sur la première cité-pilote construite sur le sol africain, dans le sud-ouest du Cameroun, où un conflit armé est toujours en cours. Nous publions la récente lettre des responsables des Focolari de Fontem, Etienne Kenfack et Margarit Long, qui résident actuellement à Douala, à environ 300 km au sud de Fontem. Chers amis de Fontem dans le monde entier ! Merci de l’intérêt que vous portez à notre situation. Votre participation nous donne la joie, le réconfort et le courage d’aller de l’avant. La crise sociopolitique dans ce domaine, qui a également provoqué des actes de violence, n’a pas encore été résolue. Actuellement, il n’y a plus de fusillades, mais la situation reste tendue. Néanmoins, la vie continue. Bien que nous ne puissions offrir qu’un service réduit dans notre hôpital, les gens continuent à demander de l’aide. Au cours des derniers mois, 1894 personnes ont sollicité une consultation. 644 d’entre elles ont été hospitalisées, dont 36 femmes ayant donné naissance à un enfant. Actuellement, c’est la saison des pluies et nous essayons de veiller à l’entretien de la centrale électrique pour assurer l’électricité aux installations les plus importantes. Une petite équipe est également restée au Centre Mariapolis. Avec d’autres personnes, ils forment une équipe merveilleuse qui prend également soin de l’environnement extérieur pour éviter que, en raison du climat tropical, la forêt n’envahisse l’ensemble du territoire. Récemment, à la grande joie de tous, l’Évêque Nkea a de nouveau envoyé un prêtre à Fontem. C’est un signal fort et un signe tangible de la préoccupation de l’Évêque pour le peuple Bangwa. Le prêtre est aussi en contact étroit avec les responsables locaux de notre communauté focolarine. Sa présence a donné une nouvelle motivation à la participation aux sacrements, en particulier à la messe quotidienne et dominicale. Au cours de ces mois, nous avons solennellement commémoré les anniversaires de la mort de deux pionnières de Fontem, Pia Fatica et Fides Maciel, enterrées dans notre cimetière. Nous sommes souvent préoccupés par ceux qui tentent d’exploiter les médias pour des raisons politiques. Nous nous rendons compte que les informations ne sont pas toujours exactes ; c’est pourquoi nous vous demandons d’accueillir avec responsabilité et prudence les nouvelles qui circulent sur Fontem, notamment par les canaux personnels sur les médias sociaux, et de vérifier les sources de ces informations. Notre « stratégie » dans cette crise est d’accroître la communion et la collaboration entre tous dans la cité-pilote pour arriver à des choix partagés. Comme vous pouvez l’imaginer, ce n’est pas toujours facile ; il faut parfois essayer et réessayer, prendre le temps de s’écouter mutuellement. En fin de compte, cependant, tout le monde se rend compte que c’est la seule façon d’avancer ensemble et de continuer le témoignage de la vie apportée par Chiara Lubich sur cette terre. ______________________ Aracelis et Charles sont les responsables de la communauté des Focolari de la première Cité pilote africaine. Ils font le point sur la situation et racontent comment se déroule la vie aujourd’hui. https://vimeo.com/363599741

Slovaquie: Je suis devenue actrice pour te rendre heureux

Slovaquie: Je suis devenue actrice pour te rendre heureux

L’histoire de Dorotka et de sa famille « Quelque chose de plus » est le titre d’un film qui raconte l’histoire de Dorotka, une adolescente de Bratislava, en Slovaquie, affectée du syndrome de Down. Une anomalie génétique qui, malgré les difficultés, se révèle vite être une « valeur ajoutée » pour tous ceux qui l’entourent. Sa maman Viera raconte ce qui se passe dans le cœur d’une famille lorsqu’on découvre qu’on attend un enfant porteur du syndrome de Down : Cela a été un choc! Nous ne nous y attendions pas et n’avions jamais vu une personne semblable jusqu’à présent. Mais Dorotka semblait être exactement comme les autres quatre enfants et nous savions que face à une situation inconnue, paniquer ne sert à rien, il vaut mieux garder son sang froid. Mais dans mon for intérieur, quelque part dans mon âme, j’avais peur que nous ne soyons pas en mesure de l’aimer. Peu à peu, des choses extraordinaires se passèrent. Plusieurs personnes précieuses sont entrées dans notre vie, elles nous ont beaucoup aidés et nous aident encore aujourd’hui. Les rapports en famille sont devenus plus forts. Nos quatre enfants plus grands sont devenus plus sensibles, aimables et toute la famille est unie comme jamais auparavant. Comment fait-on pour passer de la surprise jusqu’à ressentir cela comme un cadeau ? Le nom de Dorotka signifie don de Dieu. Nous lui avons déjà donné ce nom pendant la grossesse, certains que Dieu ne fait pas de mauvais cadeaux. Nous avions reçu quelque chose que nous ne comprenions pas mais nous le sentions comme une épreuve de notre confiance en Dieu. Nous sentions clairement que cela était la volonté de Dieu pour nous. Un ami à nous nous a envoyé une phrase qui disait : « Celle-ci est la vraie joie car elle est construite sur la souffrance ». Pourquoi avez-vous décidé de partager votre expérience avec d’autres familles ? Un médecin nous a présentés à d’autres familles qui avaient des enfants en bas-âge ayant le syndrome de Down. Nous avons suivi ensemble différentes thérapies, nous avons partagé notre expérience et fondé une association appelée « Up-Down syndrome ». Nous voulions que les enfants grandissent ensemble, de manière à ce qu’ils ne soient pas liés seulement à leur propre famille, afin de les préparer à une certaine indépendance. Ainsi avons-nous fondé le théâtre « Dúhadlo », qui ouvre de nouveaux horizons pour les enfants à travers les arts dramatiques. Comment la collaboration avec l’Université de Bratislava est-elle née ? Un de nos amis enseigne éthique médicale à la Faculté de Médecine. Il y a neuf ans, il m’a invitée à raconter notre histoire aux étudiants et à leur faire connaître davantage le syndrome de Down. Je lui en suis très reconnaissante. Nous sentions que les jeunes médecins pouvaient encore être ouverts et au cours des années, nous avons toujours eu des réactions positives de la part des étudiants. « Quelque chose de plus » est le titre du film qui raconte la vie de Dorotka dans son quotidien, entre joies et difficultés. Pourquoi ce titre ? Au départ, l’intention était de faire une brève vidéo pour la Journée Mondiale du Syndrome de Down . Pavol Kadlečik, le réalisateur, n’avait pas d’expérience avec ces personnes et resta tellement émerveillé qu’il décida de faire un film plus long. Aucun de nous ne s’imaginait qu’à la fin, le produit aurait été un si beau documentaire. Le syndrome de Down est une maladie génétique pour laquelle le 21ème chromosome ne forme pas un couple mais un triolet. C’est pour cela que le diagnostique est aussi appelé Trisomie 21. Cela signifie que ces personnes ont un chromosome en plus et souvent, il est appelé le chromosome de l’amour. Il y a quelque chose de plus en eux : ils ont cette capacité spéciale d’amour inconditionnel. Dans le film, il n’y a aucune fiction narrative, on y raconte la vie quotidienne de la protagoniste avec sa famille, les compagnons de classe, de théâtre et de musique, avec les luttes, les joies, les conquêtes, les désillusions. Un témoignage de l’amour réciproque dans cette famille et du « oui » à la vie. Dorotka, t’es-tu amusée à jouer dans un film qui t’est entièrement consacré ? Lorsque j’étais debout devant les caméras, j’étais parfois un peu anxieuse et j’avais peur du podium, c’était donc difficile de ne pas regarder directement dans les caméras. Mais le cameraman était fantastique et il m’a beaucoup plu. Palko a rendu tout le monde heureux avec l’idée de ce film et je voudrais continuer avec un nouveau. Que voudrais-tu dire aux personnes qui lisent cette interview ? Je suis devenue actrice pour te rendre heureux. Cherche l’amour pour les autres.

Claudia Di Lorenzi