Mouvement des Focolari
Chiara Lubich: comment suivre JƩsus?

Chiara Lubich: comment suivre JƩsus?

ChiaraLubich_GA«Très chers Gen,

Peut-être souhaiteriez-vous connaître une parole qui en vaut la peine : une parole qui exprime tout, qui résume la vérité, qui peut vous fournir une recette pour la vraie vie.

C’est ce sur quoi je mĆ©dite ces jours-ci.

Eh bien, Gen, je suis arrivĆ©e Ć  la conviction qu’il n’existe pas de chemin plus sĆ»r, pour parvenir Ć  la vie parfaite, que celui de la souffrance que l’on Ć©treint avec amour.

C’est ce qu’ont pensĆ© les Saints, tout au long des siĆØcles.

Chacun d’eux a voulu suivre JĆ©sus, et Lui, il a parlĆ© clairement : Ā« Si quelqu’un veut venir Ć  ma suite, qu’il se renie lui-mĆŖme et prenne sa croix, et qu’il me suive Ā». (Marc 8, 34)

«…Qu’il prenne sa croix Ā».

Pour Le suivre, Lui qui est Parfait, chacun n’a d’autre moyen que celui d’accueillir dans son cœur sa propre croix et ses propres souffrances.

Nous en avons tous. Eh bien ! Levons-nous le matin avec un cœur transformĆ©. Nous le savons bien, nous voudrions tous Ć©loigner la souffrance, la mettre de cĆ“tĆ©, l’oublier. L’être humain est ainsi fait. Mais pas le chrĆ©tien. Ɖtant disciple de JĆ©sus, il sait reconnaĆ®tre que la souffrance est prĆ©cieuse, qu’il lui faut l’accepter, comme l’a fait JĆ©sus avec sa croix, et il l’étreint avec tout l’élan de son cœur.

Qu’en rĆ©sultera-t-il ? Quel en sera le fruit ?

Toutes les vertus apparaƮtront : la patience, la puretƩ, la douceur, la pauvretƩ, la tempƩrance etc.

Et avec toutes les vertus, la perfection et la vraie vie.

Vous ĆŖtes d’accord ?

Chaque personne qui veut atteindre un but, doit se soumettre Ơ des entraƮnements, des sacrifices, des efforts.

Notre objectif est JƩsus.

Pour Le suivre il nous faut dĆ©couvrir la valeur de la souffrance et l’aimer.

Ciao Gen, tous mes souhaits pour que vous sachiez ĆŖtre dignes de LuiĀ».

Chiara Lubich

(extrait de l’éditorial de ā€œGenā€, octobre – novembre 1979)

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Mumbai: tout petits artistes en musical

Mumbai: tout petits artistes en musical

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6 semaines de prĆ©paration, 34 acteurs sur scĆØne, et 250 spectateurs. 36 mille roupies rĆ©coltĆ©es, l’équivalent d’environ 500 euros, pas si mal si l’on pense que la somme permettra Ć  plus ou moins 10 enfants de la ville de participer au programme de 5 jours qui se dĆ©roulera Ć  Mumbai.

Le mouvement des Focolari est prĆ©sent en Inde depuis 1980. Aujourd’hui des centres sont ouverts Ć  Mumbai, Bangalore, Goa et New Delhi avec leurs activitĆ©s propres : mariapoli, rencontres mensuelles pour adultes, familles et jeunes. Dans diffĆ©rentes villes – Vasai, Pune, Panjim, Margao, Vasco, Trichy – des groupes de personnes s’activent autour de l’esprit des Focolari.

Cette annĆ©e, un grand but se dessine Ć  l’horizon : la Semaine Monde Uni (SMU), rendez-vous annuel des Jeunes pour un Monde Uni qui a comme objectif de rendre visibles les nombreux pas rĆ©alisĆ©s sur le chemin vers la fraternitĆ© dans les diffĆ©rentes parties du monde.

La SMU 2015 passe par l’Inde. Comme l’annĆ©e derniĆØre en Afrique, autour du concept de Ubuntu, cette fois-ci c’est le subcontinent berceau d’une Ć©norme variĆ©tĆ© ethnique et religieuse qui accueillera l’évĆ©nement central de la semaine Ć  Mumbai, du 27 avril au 1er mai, et la conclusion Ć  Coimbatore, dans le Tamil Nadu (sud de l’Inde), le 4 mai.

Coimbatore avait dĆ©jĆ  accueilli en 2009 le ā€œSuper congrĆØs Gen 3ā€, avec des adolescents du monde entier et la collaboration du mouvement gandhien Shanti Ashram.

On peut imaginer le travail Ʃnorme de prƩparation des moindres dƩtails. Cette fois-ci toute la communautƩ des Focolari sur place a dƩcidƩ de se retrousser les manches et de soutenir les jeunes dans cette initiative.

Une premiĆØre rĆ©alisation justement a Ć©tĆ© le musical Ā« le ruisseau dans la forĆŖt Ā», reprĆ©sentĆ© le 22 fĆ©vrier dernier. Une histoire Ć©crite Ć  partir du message d’unitĆ© que les Gen4 (les enfants du mouvement des Focolari) transmettent aussi dans leurs chansons. Des heures de rĆ©pĆ©titions, avec l’enthousiasme et l’engagement des enfants, et quelques inconvĆ©nients : la veille du musical deux d’entre eux tombent malade avec une forte fiĆØvre et les auteurs ont dĆ» changer le texte !

ā€œMes enfants sont super contents ! – explique une maman – ils ont rencontrĆ© de nouveaux amis et me disent qu’ils ont dĆ©jĆ  la nostalgie des rĆ©pĆ©titions. Ƈa leur manque plus que les amis d’école parce que, me disent-ils, nous avions tellement de joie Ć  nous retrouver, si diffĆ©rente de celle quand nous rencontrons les copains de classe Ā».

Ā« MĆŖme si les enfants ont des talents, pour chanter ou pour danser – raconte une maman – il est beau de voir ces talents utilisĆ©s pour une activitĆ© aussi belle, avec des valeurs Ā».

भारत ą¤•ą„€ ओर ą¤øą„‡ आप ą¤øą¤­ą„€ ą¤•ą„‹ बधाई (Bharat ki ora se aap sabhi ko badhai)

ƀ tous une grande salutation de l’Inde !

Maroc, journal de bord

Maroc, journal de bord

MoroccoLa ā€œRĆØgle d’orā€ Ā« Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse Ć  toi-mĆŖme Ā» Ā« Mt VII,12), que propose l’Evangile, est prĆ©sente aussi dans l’Islam et dans les autres religions. Lorsqu’elle est mise Ć  la base de chaque relation, elle engendre – comme cela s’est produit sur ces terres – un amour qui suscite un fĆ©cond Ā« dialogue de la vie Ā» avec chaque personne que l’on rencontre. Un dialogue tissĆ© de petits gestes, d’attention Ć  l’autre, de respect, d’écoute. C’est cet amour concret du prochain qui a permis que naisse au Maroc quelques communautĆ©s focolari, où l’amour et le respect l’emportent sur les diffĆ©rences de culture, de tradition et de religion. Voici quelques extraits du Journal de bord Ć©crit par Claude, accompagnĆ© de Ivano, en visite auprĆØs de ces communautĆ©s, fin janvier et dĆ©but fĆ©vrier dernier.FĆ©vrier 2015

“Nous sommes Ć  Fez, ville impĆ©riale, trĆØs fiĆØre de sa tradition hautement spirituelle. De nombreux Ć©tudiants subsahariens viennent y faire leurs Ć©tudes supĆ©rieures. Ils frĆ©quentent volontiers la paroisse francophone et son curĆ©, le PĆØre Matteo, qui m’a demandĆ© de faire la catĆ©chĆØse sur les sacrements Ć  une vingtaine d’entre eux, l’occasion de vivre ensemble un Ć©change profond et convivial.

Le groupe Parole de Vie (focolari) de la paroisse a rĆ©uni une trentaine d’étudiants en mĆ©decine, chimie, informatique, y compris les cinq venus de Rabat. Ensuite dĆ®ner chez les Petites Sœurs de JĆ©sus qui vivent en plein cœur de la mĆ©dina : Lucile raconte son expĆ©rience Ć  l’hĆ“pital.

20150316-04ArrivĆ©e Ć  Tanger pour rencontrer le petit groupe d’une quinzaine de personnes, musulmans et chrĆ©tiens, qui vivent la spiritualitĆ© de l’unitĆ©.

SoirĆ©e avec un couple qui nous considĆØre dĆ©sormais plus proches que leurs frĆØres de sang. Lui a Ć©tĆ© affectĆ© par son travail cette annĆ©e loin de sa femme, Ć  24h de route, mais cet Ć©loignement a Ć©tĆ© finalement bĆ©nĆ©fique car ils ont dĆ©couvert le positif l’un de l’autre.

Amaury m’appelle pour voir le bureau où il donne des cours d’informatique Ć  trois jeunes migrants…

DĆ©jeuner chez Mohamed, sa femme souhaite approfondir la spiritualitĆ© de l’unitĆ©. Elle raconte son expĆ©rience avec le gardien de l’immeuble où elle travaille qui ne la saluait plus : il voulait qu’elle lui rapporte de l’huile de sa patronne espagnole quand elle n’était pas lĆ . Refus de sa part, car l’huile ne lui appartient pas. Mais peu aprĆØs elle reƧoit un litre d’huile d’olive de sa mĆØre, le Ā« mot du jour Ā» invite Ć  partager : elle lui apporte la bouteille en lui expliquant que cette huile est Ć  elle et qu’elle peut donc en faire ce qu’elle veut. L’homme n’en revient pas et se confond en excuses. La rĆ©conciliation est faite.

Fawzia nous rejoint : elle a fondĆ© une petite Ć©cole dans un quartier pauvre de la pĆ©riphĆ©rie. Elle raconte que l’épicier d’à cĆ“tĆ© se met devant l’entrĆ©e pour dire aux mamans d’inscrire leurs enfants dans une autre Ć©cole qui vient d’ouvrir, alors que l’an dernier elle avait accueilli son fils. Elle ne lui en veut pas : un jour elle lui demande ce qu’il avait contre elle, mais pas de rĆ©ponse. Elle a su qu’il agissait ainsi parce qu’il avait obtenu deux places pour ses enfants dans cette nouvelle Ć©cole, dont une gratuite, Ć  condition de ramener les enfants qui voudraient s’inscrire chez Fawzia.

Fawzia est toute contente des fruits de son travail : ce premier semestre, ses Ć©lĆØves de l’an passĆ©, qui ont rejoint l’école primaire publique du quartier, comptent tous parmi les meilleurs. On l’accompagne au garage de son mari associĆ© avec le propriĆ©taire du local, tout content de nous le montrer. Puis on rencontre son frĆØre qui vient d’avoir une voiture d’occasion, mais il doit remplacer le pare-brise : il a voulu aider une femme Ć¢gĆ©e en prenant ses sacs du marchĆ©. Au retour il la retrouve sur la route en train de lancer une pierre pour Ć©loigner un chien, mais celle-ci vient casser le pare-brise de sa voiture. La vieille dame est dĆ©solĆ©e et veut lui donner le peu d’argent qui lui reste, mais il lui pardonne et lui dit qu’il trouvera un moyen pour le remplacer.

SoirĆ©e rencontre avec des familles …. Avant de se quitter Ahmed nous invite Ć  rester dormir chez lui. On accepte, Ahmed est trĆØs content. On passe la soirĆ©e avec sa famille, il va chercher un tagine viande.

20150316-03Dimanche aprĆØs-midi, rencontre dĆ©tente chez Fawzia avec toute sa famille. Promenade autour de la maison, projection de quelques photos des amis d’AlgĆ©rie. Fawzia nous raconte que sa grand-mĆØre accueille tout le monde chez elle. MĆŖme si elle n’a pas grand-chose, elle partage tout. Elle reƧoit aussi beaucoup de cadeaux. Ses propres enfants ne viennent presque pas la voir Ć  cause de leur pĆØre qui a perdu la tĆŖte, mais elle prend un jour par trimestre pour leur rendre visite malgrĆ© l’avis contraire de ses voisins. Elle dit qu’elle fait tout pour Dieu et pour elle-mĆŖme.

Visite Ć  l’école de Fawzia. Le quartier grouille d’enfants qui jouent dans des rues boueuses et chaotiques. Les maisons y poussent comme des champignons. Toute joyeuse elle raconte que deux enfants lui demandent de s’inscrire Ć  son Ć©cole qui a trĆØs bonne rĆ©putation dans le quartier. Six jours aprĆØs, trois autres nouvelles inscriptions !

Retour par Casablanca. SoirĆ©e avec Susana, Mohammed et Nadedj. Demain je rentre en AlgĆ©rie et Ivan rejoindra l’Italie, tous deux enrichis de la rencontre avec ces personnes qui s’engagent Ć  vivre au quotidien pour un monde plus uniā€.

Philippines : la prophƩtie de la S.O.R.

Philippines : la prophƩtie de la S.O.R.

SOR 4SOR pour School for Oriental Religions ( Ecole pour les religions orientales). Cela a Ć©tĆ© une des idĆ©es typiques de l’aspect gĆ©nial du charisme de Chiara LubichĀ Ā», Ć©crit sur son blog, Roberto Catalano, co-responsable du Centre pour le dialogue interreligieux du Mouvement des Focolari.

ArrivĆ©e presque au terme de son voyage en Asie en janvier 1982, la fondatrice du Mouvement des Focolari lanƧa une idĆ©e qui paraissait ĆŖtre presque un rĆŖve. Il s’agissait de commencer , dans la citadelle des Philippines, Tagaytay, point de rĆ©fĆ©rence pour les Focolari en Asie, des cours de formation qui permettent aux catholiques de s’ouvrir, prĆ©parĆ©s d’une faƧon adĆ©quate, au dialogue avec des fidĆØles d’autres religions. Chiara Lubich arrivait du Japon où elle avait eu l’occasion, sur invitation du rev. Nikkyo Niwano, fondateur de la Rissho- Kosei-kai, mouvement de renouvellement bouddhiste japonais, de parler de son expĆ©rience chrĆ©tienne Ć  des milliers de bouddhistes. L’impact avait Ć©tĆ© fort, non seulement pour les bouddhistes qui Ć©coutaient une femme catholique qui parlait dans le Temple SacrĆ© en face de la grande statue de Bouddha, mais pour Chiara elle-mĆŖme. A l’arrivĆ©e dans les Philippines, pays chrĆ©tien de l’Asie, elle avait eu l’intuition de la nĆ©cessitĆ© de lancer le Mouvement des Focolari, particuliĆØrement celui de ce continent, Ć  dialoguer avec les bouddhistes, les musulmans et les hindous. Mais elle avait aussi cueilli la nĆ©cessitĆ© de se prĆ©parer d’une maniĆØre adĆ©quate pour une tĆ¢che engageante qui ne devait pas aller au dĆ©triment des identitĆ©s religieuses de chacun. AprĆØs avoir communiquĆ© son rĆŖve Ć  quelques-uns des responsables du Mouvement, une personne avait offert une maison qui pouvait accueillir des professeurs et de brefs cours.

20150315-01C’est ainsi qu’est nĆ©e la S.O.R. qui, au cours de ces trois dĆ©cennies, a proposĆ© des week-end de formation Ć  des chrĆ©tiens de l’Asie Ć  propos de sujets qui concernent les diffĆ©rentes religions. A partir de 2009, ensuite, avec la diffusion de tensions religieuses et du fondamentalisme, on a pensĆ© affronter des thĆØmes spĆ©cifiques, transversauxĀ : Dieu dans les traditions asiatiques, le commandement de l’amour, le rĆ“le des Ɖcritures Saintes, et cette annĆ©e, la place et la signification de la souffrance.

Du 26 fĆ©vrier au 1er mars, la Citadelle Pace (Tagaytay) a accueilli ainsi environ 300 personnes provenant pour la plus grande partie, des Philipines, mais aussi avec des dĆ©lĆ©gations du Pakistan, de l’Inde, Myanmar, ThaĆÆlande, Vietnam, Hong Kong, TaĆÆwan, IndonĆ©sie, Japon et CorĆ©e. Ils sont presque tous catholiques, mais trois bouddhistes, membres actifs des Focolari, ont voulu ĆŖtre prĆ©sents, venant du Japon et de la ThaĆÆlande. Le sujetĀ : Le sens de la souffrance dans les religions asiatiquesĀ : hindouisme, bouddhisme, islam, christianisme. L’objectifĀ : mettre en Ć©vidence la valeur et la signification que les traditions respectives donnent Ć  la douleur en gĆ©nĆ©ral, celle physique, comme celle spirituelle et psychique ou celle provoquĆ©e par des dĆ©sastres naturels.

 

Les prĆ©sentateurs Ć©taient experts des diffĆ©rents secteurs, trois Ć©vĆŖques aussi Ć©taient prĆ©sents (Roberto Mallari, de S. JosĆ© Nueva Ecija dans les Philippines, Brenan Leahy, de Limerick en Irlande et Felix Anthony Machado de Vasai en Inde) et un professeur amĆ©ricain expert en bouddhisme ( Donald Michell de la Purdue University) reliĆ© via skype. L’Ć©cole a ensuite offert l’occasion de partager des expĆ©riences de dialogue dans des pays où les chrĆ©tiens sont une petite minoritĆ©, comme en Inde, en ThaĆÆlande, au Japon, ou Ć  TaĆÆwan.

 

« Ils sont venus pour apprendre Ć  dialoguer avec les autres religions, mais ce qu’ils ont dĆ©couvert a Ć©tĆ© le christianisme dans sa dimension la plus profonde et en mĆŖme temps, ouvert Ć  tous ceux qui se rencontrent, peu importe Ć  quelle foi ils appartiennentĀ Ā» conclut Catalano. Chiara a compris la nĆ©cessitĆ© de former les chrĆ©tiens au dialogue dans un continent qui vit dans un kalĆ©idoscope de fois. Un dialogue qui ne relativise pas ni n’aplatit, où chacun doit ĆŖtre lui-mĆŖme et, en rencontrant l’autre, doit redĆ©couvrir ses propres racines.

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Chiara Lubich et l’AmĆ©rique Latine: politique, identitĆ© et projet

Chiara Lubich et l’AmĆ©rique Latine: politique, identitĆ© et projet

Margarita-Stolbizer

Margarita Stolbizer

L’AmĆ©rique Latine est faite d’unitĆ© et de diversitĆ© et ce qui la rend forte, c’est son parcours vers l’intĆ©gration. Cet objectif, qui n’est sans doute pas encore atteint, repose sur une unitĆ© de sentiments, d’émotions, de liens fraternels, relevant tous d’une histoire commune.

C’est la vision prophĆ©tique dontĀ Chiara Lubich a eu l’intuition pour cette rĆ©gion du monde et c’est vers elle que nous nous acheminons tant bien que mal.

En AmĆ©rique Latine les dĆ©mocraties, mĆŖme si elles se sont peu Ć  peu consolidĆ©es grĆ¢ce Ć  des processus de dĆ©mocratisation post-dictatoriaux et d’intĆ©gration rĆ©gionale, n’ont pas suivi, pour ce qui est de la qualitĆ©, une courbe de progression linĆ©aire. L’AmĆ©rique Latine doit affronter un avenir incertain et complexe. La croissance Ć©conomique des derniĆØres annĆ©es n’est pas parvenue Ć  Ć©radiquer complĆØtement la pauvretĆ©, ni Ć  rĆ©soudre les problĆØmes d’inĆ©galitĆ© sociale et d’insĆ©curitĆ©.

Et c’est ici que vient en Ć©vidence le lien Ć©troit qui existe entre la politique et l’idĆ©e de fraternitĆ©. L’idĆ©e de fraternitĆ©, dont Chiara Lubich a particuliĆØrement tĆ©moignĆ© et qu’elle a enseignĆ©e, est en rapport avec deux Ć©lĆ©ments essentiels de la politique. Le premier est l’idĆ©e d’une politique conƧue comme un projet collectif de l’AmĆ©rique Latine qui aille au-delĆ  de nos individualitĆ©s, qui implique une dĆ©marche de communion, un acte de fraternitĆ©, parce que fondĆ© sur la reconnaissance de l’autre, sur le respect de la diversitĆ©. Le dialogue est l’outil principal pour faire avancer un tel projet.

Le second Ć©lĆ©ment est la perspective Ć  moyen terme. L’idĆ©e de travailler Ć  des actions dont on ne verra peut-ĆŖtre jamais les fruits est la plus noble attitude qui tĆ©moigne de la grandeur de la politique.

ChristinaCalvo

Cristina Calvo

Chiara Lubich a fait naĆ®tre, non seulement en AmĆ©rique Latine mais dans le monde entier, de nombreuses initiatives dans quatre domaines : L’Etat, les organismes sociaux, le secteur privĆ© et celui de la connaissance.

L’accĆØs aux droits fondamentaux, Ć  l’éducation et au travail, ont Ć©tĆ© et doivent Ć  nouveau ĆŖtre les piliers de la construction d’une identitĆ© nationale.

Les institutions doivent ĆŖtre considĆ©rĆ©es non comme des monuments, mais comme des milieux où sont garantis les droits des personnes, où l’on rend opĆ©rationnel l’exercice de ces mĆŖmes droits, afin qu’ils ne se rĆ©duisent pas Ć  de belles dĆ©clarations de principe, mais puissent ĆŖtre rĆ©ellement appliquĆ©s.

Chiara Lubich a aussi contribuĆ© Ć  mettre en Ć©vidence la dimension Ć©thique de la politique. L’éthique implique la transparence et elle est directement liĆ©e Ć  l’idĆ©e de fraternitĆ© : elle permet de s’indigner autant de la corruption que de la pauvretĆ© ou des inĆ©galitĆ©s.

Nous sommes certains que l’AmĆ©rique Latine, du point de vu politique, doit retrouver un modĆØle et un projet de dĆ©veloppement Ć©conomique productif basĆ© sur l’intĆ©gration sociale, qui garantisse l’accĆØs aux droits humains dans leur intĆ©gralitĆ©, qui promeuve et favorise des conditions de vie dignes.

Nous avons besoin de retrouver un leadership fiable, clairvoyant et exemplaire. Nous insistons particuliĆØrement sur l’idĆ©e d’exemplaritĆ© qui ne se rĆØgle ni avec de l’argent, ni en achetant les consciences, mais au contraire par un choix de conduite. Une exemplaritĆ© qui ne peut ĆŖtre le fait des individus seulement, mais qui doit tout autant aussi se doter d’un leadership favorisant les dynamiques collectives et participatives.

Un projet de dĆ©veloppement qui ne se donne pas comme prioritĆ© la rĆ©solution des problĆØmes des secteurs les plus vulnĆ©rables et les plus pauvres n’en n’est pas un.

Il faut aussi retrouver l’idĆ©e de fraternitĆ© comme valeur prioritaire au regard de la gestion du bien public. Il est impĆ©ratif de retrouver une politique de convictions. Cela suppose d’accepter la diversitĆ©.

En Argentine et dans le reste de l’AmĆ©rique Latine nous avons besoin de retrouver confiance et tout particuliĆØrement une culture des valeurs, des valeurs Ć©thiques qui s’incarnent dans la pratique et dans la rĆ©flexion politique. Et nous rejoignons ici les principes et le tĆ©moignage de vie de Chiara Lubich dont nous cĆ©lĆ©brons aujourd’hui la mĆ©moire. Pour l’AmĆ©rique Latine, Chiara conjugue charisme, savoir, leadership, action et destinĆ©e des peuples. Une destinĆ©e et un engagement qui nous mobilisent.

Margarita Stolbizer (1) et Cristina Calvo (2)

(1) Avocate argentine, dĆ©putĆ©e nationale, prĆ©sidente du Parti GĆ©nĆ©ration pour la Rencontre Nationale – GEN et candidate du centre-gauche Ć  l’élection prĆ©sidentielle 2015 de la RĆ©publique Argentine.

(2) Economiste argentine, dirige la parti GĆ©nĆ©ration pour la Rencontre Nationale – GEN

L’Italie honore la mĆ©moire de Chiara Lubich

L’Italie honore la mĆ©moire de Chiara Lubich

20150312_pom_2220-03Existe-t-il ā€œune politique qui en vaille la peineā€, Ć  un moment de l’histoire qui la voit en pleine crise, souvent identifiĆ©e Ć  un pouvoir corrompu ou Ć  des intĆ©rĆŖts particuliers ?

La question a Ć©tĆ© abordĆ©e le 12 mars aprĆØs-midi, dans le cadre de l’un des nombreux Ć©vĆ©nements mondiaux Ć  l’occasion du 7ĆØme anniversaire du dĆ©cĆØs de Chiara Lubich (1920-2008). Ā« Sa foi simple et courageuse – affirme dans son message Sergio Mattarella, PrĆ©sident de la RĆ©publique italienne – , unie Ć  une extraordinaire capacitĆ© de lire la modernitĆ© et d’en accepter les dĆ©fis, inspire la vie de milliers de personnes dans le monde entier, en exhortant constamment les institutions nationales et internationales Ć  promouvoir les valeurs de fraternitĆ© et de respect rĆ©ciproque, en faveur du dialogue dans la famille, dans la communautĆ©, entre les peuples Ā».

20150312_pom_2378-04Pour la fondatrice du mouvement des Focolari s’engager en politique signifiait rĆ©pondre Ć  une vocation, Ā« L’amour des amours Ā», c’était sa dĆ©finition de la politique. RĆ©pondre Ć  cet appel Ā« est avant tout un acte de fraternitĆ© : on agit pour le bien public, pour la collectivitĆ©, en dĆ©sirant le bien de chacun comme si c’était le sien propre Ā». Pour atteindre ce but, a affirmĆ© la prĆ©sidente des Focolari, Maria Voce, Ć  l’ouverture du congrĆØs Ā« Chiara Lubich : l’unitĆ© et la politique Ā», Ā« il est indispensable de partir prĆ©cisĆ©ment de l’unitĆ© qui seule peut donner Ć  la libertĆ© et Ć  l’égalitĆ© leur juste valeur Ā».

Que signifie vivre la fraternitĆ© universelle dans un milieu aussi sensible? Iole Mucciconi, qui joue un rĆ“le important auprĆØs de la PrĆ©sidence du Conseil des Ministres, tĆ©moigne : Ā« Chaque matin il est important de s’engager Ć  bien accomplir jusqu’au bout son propre travail ; j’ai toujours Ć  l’esprit les conseils de Chiara Lubich pour vivre la 20150312_pom_2523-05fraternitĆ© : mener une vie honnĆŖte, bien se conduire sur le plan moral, ĆŖtre dĆ©tachĆ© de l’argent et partager les joies et les peines de nos frĆØres Ā».

Le problĆØme de la corruption qui, hĆ©las, gangrĆØne l’Etat, est aussi trĆØs ressenti par Raffaele ScamardƬ, assesseur aux travaux publics du XIIĆØme arrondissement de Rome, Ć  un moment où les magistrats et les forces de l’ordre cherchent Ć  dĆ©manteler les rĆ©seaux des malversations qui ont pris au piĆØge la capitale. Ā« MalgrĆ© tout, dit-il, une politique orientĆ©e au bien des autres est possible : en rĆ©parant une route endommagĆ©e, en Ć©coutant les citoyens et leur besoin de lĆ©galitĆ©, en travaillant avec une 20150312_pom_2498-06transparence qui tienne Ć©loignĆ©e la corruption Ā».

DieudonnĆ© Upira Sumguma confirme la chose, lui qui fut ministre de la Fonction Publique de la RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo et qui s’est trouvĆ©, lors de son mandat, Ć  devoir refuser des pots de vin.

Les jeunes des Focolari au Parlement. Le matin, dans la salle des parlementaires, pleins feux, avec Lara et George, sur la tragĆ©die des rĆ©fugiĆ©s syriens au Liban et en Jordanie: une intervention vraie, simple, directe et confiante, Ć  l’image de leurs vingt ans. La guerre qui dĆ©chire la Syrie a toutes les caractĆ©ristiques d’un drame. Abraham, quant Ć  lui, aborde le problĆØme du narcotrafic qui sĆ©vit dans son Pays, le Mexique. Cette cĆ©lĆ©bration du 7ĆØme anniversaire de Chiara Lubich est largement marquĆ©e par l’engagement et des actions conduites par les jeunes des Focolari dans les pays les plus Ć©prouvĆ©s. Pour eux ces actions ont une dimension politique. Ils se sont donnĆ© rendez-vous Ć  plus de 300 Ć  Rome, pour donner visibilitĆ© Ć  des actions de dialogue, de solidaritĆ©, de paix qui vont d’un bout Ć  l’autre de la planĆØte. La PrĆ©sidente de la Chambre des dĆ©putĆ©s, Laura Boldrini, interpellĆ©e sur le rĆ“le de la politique pour rĆ©soudre les conflits et protĆ©ger les droits humains, les remercie pour avoir le courage de Ā« raccourcir les distances entre les institutions et les citoyens Ā» et leur demande Ā« de ne pas cĆ©der Ć  qui veut changer l’ADN de notre peuple fait d’accueil et de solidaritĆ© Ā». Elle encourage les jeunes Ć  se mettre Ć  Ā« la disposition du bien commun avec gĆ©nĆ©rositĆ©, pour influencer les dĆ©cisions et les choix Ā», Ć  rendre service Ć  leur Pays en ne s’aplatissant pas devant les oppositions et la logique de l’ennemi parce que Ā« dans les valeurs de Chiara Lubich il y a une vision de la sociĆ©tĆ© qui relĆØve du politique et invite Ć  ne pas se mettre en dehors Ā».

Le dialogue se poursuit en abordant les blessures propres Ć  notre Ć©poque: le rapport au monde musulman, la guerre et les Ć©pidĆ©mies africaines, les catastrophes naturelles du Sud-Est asiatique. Le politologue Pasquale Ferrara insiste en disant Ā« que le dialogue n’est pas l’arme des faibles Ā» et l’économiste Luigino Bruni rappelle, Ć  propos des Ć©normes inĆ©galitĆ©s sociales, que Ā« le bonheur le plus important n’est pas le nĆ“tre mais celui des autres et qu’il est donc utile de s’engager avec un esprit crĆ©atif pour rĆ©soudre les problĆØmes et se mettre ensemble pour rĆ©aliser des choses nouvelles Ā».

Le sens communautaire des projets mis en œuvre par les jeunes des Focolari et accompagnĆ©s par l’Observatoire de la FraternitĆ© prĆ©vu par United world project explicite, selon Paolo Frizzi, la ā€œperspective anthropologique et civile du charisme de l’unitĆ© capable de faƧonner une humanitĆ© nouvelle en mesure de partager des actions de vie Ć  partir des diffĆ©rences et de construire des projets durables ayant pour horizon le mondeā€. En synthĆØse, Ā« La fraternitĆ© en chemin Ā», titre choisi pour cette manifestation, exige des pas concrets de la part des politiques et des citoyens.

Projet ā€Baluchon permanentā€

Projet ”Baluchon permanent”

20150313-02« Le RĆ©seau ‘Baluchon Permanent’ veut ĆŖtre une initiative concrĆØte et immĆ©diate adressĆ©e Ć  beaucoup de personnes en difficultĆ© due Ć  la situation de crise Ć©conomique dans laquelle nous vivonsĀ Ā». C’est ainsi que commence le texte qui illustre le projet qui, depuis le mois de mai dernier a donnĆ© naissance Ć  l’initiative.

Le terme baluchon, qui rappelle la rĆ©colte de peu et pauvres choses dans un foulard et qui est donc synonyme de pauvretĆ©, a voulu signifier, pourĀ Chiara Lubich et le premier noyau naissant des Focolari, au milieu des annĆ©es ’40, le sens de partage, de dons et de redistribution de biens matĆ©riels. Une pratique est ainsi nĆ©e, qui consiste Ć  se priver librement du superflu et parfois de ce que l’on croit nĆ©cessaire, pour le partager et en faire don Ć  celui qui en a besoin.

Ce sont celles-lĆ  les racines du baluchon qui a trouvĆ© sa place auprĆØs du PĆ“le Lionello Bonfanti, prĆØs de Loppiano qui est devenu un centre de rencontre entre celui qui a Ć  partager des biens et celui qui en a besoin. « Environ 3000 personnes sont dĆ©jĆ  passĆ©es par ici – racontent Roberta Menichetti et Araceli Bigoni, de l’Ć©quipe qui coordonne l’initiative – , surtout des familles qui habitent sur le territoire. Aujourd’hui, ce sont des milliers de vĆŖtements, de meubles pour la maison, de livres, de petits ustensiles, de jeux, de services immatĆ©riels comme le temps, les talents, et la disponibilitĆ© qui sont arrivĆ©s et repartis avec les nouveaux propriĆ©tairesĀ Ā».

20150313-01« Ce n’est pas par hasard que ce soit le pĆ“le Lionello Bonfanti qui accueille l’initiative – continue Eva Gullo, prĆ©sidente de l’EdC, sociĆ©tĆ© qui gĆØre le PĆ“le – cet espace Ć©tant la ‘maison’ de tous les membres de l’Économie de Communion, celle-ci ayant parmi ses motivations, celle de diffuser la ‘culture du donner’, possibilitĆ© qui permet de contribuer au bien-ĆŖtre social Ć  partir de soi-mĆŖmeĀ Ā».

Les histoires de gĆ©nĆ©rositĆ© nĆ©es Ć  partir de cette initiative sont nombreuses. Comme celle de la famille logĆ©e dans les locaux paroissiaux d’une petite ville des environs qui, ayant reƧu la possibilitĆ© de se transfĆ©rer dans une petite habitation, a trouvĆ© au ‘baluchon’ les meubles pour arranger sa maison. Le rĆ©seau d’amis a organisĆ© aussi le transport et le montage des meubles pour un coĆ»t zĆ©ro.

Des voix comme ”providence” et ”confiance” sont des Ć©lĆ©ments irremplaƧables de cette expĆ©rienceĀ : comme cette aprĆØs-midi-lĆ  au cours de laquelle un petit lit de nouveau-nĆ© Ć©tait Ć  peine parti du ‘baluchon’, qu’une demande Ć©tait arrivĆ©e pour le mĆŖme genre d’article. MĆŖme pas une demi-heure aprĆØs, un autre petit lit Ć©tait arrivé !

Le projet baluchon a remportĆ© le titre ”Entreprendre dans le social”, activĆ© par la Fondation Catholique Assurances pour la section ”Nouvelles pauvretĆ©s” qui Ć©largit les fonds Ć  des organes qui s’occupent de projets d’aide Ć  des personnes indigentes. Les fonds seront utilisĆ©s pour une organisation plus fonctionnelle des locaux.

A partir de cette pratique du partage et du don, sont nĆ©es des soirĆ©es d’approfondissement sur les thĆØmes comme la consommation, biens relationnels et confiance, avec des experts qualifiĆ©s, de plus, des parcours de formation, sur les styles Ć©conomiques qui mettent au centre, l’homme et sa dignitĆ©. Et puis, Ć  l’entrĆ©e du local, on y trouve la ‘boite aux contributions’ Ć  disposition de celui qui veut laisser un euro ou l’autre en Ć©change de ce qu’il a trouvĆ©. Le contenu de la boite a permis de couvrir les dĆ©penses de l’assurance des locaux et, parfois, les premiĆØres nĆ©cessitĆ©s de quelqu’un.

SourceĀ : Loppiano online

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

Igino Giordani: du Parlement italien au monde

48-3-1-09Giordani

Du Parlement italien (Montecitorio) au monde : le parcours d’Igino Giordani remonte vers la fin des annĆ©es quarante, lorsqu’il est arrivĆ© Ć  une Ć©tape de sa vie un peu problĆ©matique. Le monde le reconnaĆ®t comme un grand intellectuel chrĆ©tien, un brillant connaisseur des PĆØres de l’Eglise, un Ć©crivain apologĆØte et cohĆ©rent, mais il sent qu’il vit un certain Ā« ennui de l’âme Ā». Ce qui va rĆ©veiller sa foi et sa charitĆ©, c’est la rencontre avec Chiara Lubich, la fondatrice du mouvement des Focolari.
La rencontre entre les deux fut quelque chose d’extraordinaire et les circonstances spĆ©ciales où cela se passa le dĆ©montrent : Igino Giordani Ć©tait mariĆ©, il avait 54 ans, quatre enfants dĆ©jĆ  grands.
Chiara était une jeune fille qui avait à peu près la moitié de son âge et elle demandait une audience pour un besoin concret : trouver un appartement à Rome.
Giordani, dĆ©jĆ  membre de l’AssemblĆ©e constituante, Ć©tait aussi dĆ©putĆ© de la DĆ©mocratie chrĆ©tienne. Il compte parmi l’un de ses premiers membres puisque dĆØs les annĆ©es vingt il travaille pour Parti Populaire, d’inspiration chrĆ©tienne, Ć  peine fondĆ© par un prĆŖtre, Don Luigi Sturzo.
Chiara Ć©tait une jeune laĆÆque, et la rencontre advint bien avant le concile Vatican II. A l’époque il n’était pas frĆ©quent qu’on reconnaisse aux demoiselles laĆÆques un rĆ“le quelconque dans l’Eglise.
Et pourtant, malgrĆ© ces diffĆ©rences considĆ©rables, la rencontre avec Chiara transforma Giordani qui dĆ©sormais vivra et communiquera l’IdĆ©al de l’unitĆ© dans le monde de la politique. Il prend position dans un parlement en proie Ć  de trĆØs fortes luttes idĆ©ologiques. Le 16 mars 1949 le Pacte Atlantique est en jeu.
ā€œ Je connaissais Chiara depuis quelques mois – ce sont les paroles de Giordani – lorsque s’éleva une discussion sur le Pacte Atlantique. Deux blocs Ć©taient en train de se former : l’un se mettait derriĆØre l’AmĆ©rique, les Etats Unis, l’autre derriĆØre la Russie. Tous les ingrĆ©dients Ć©taient rĆ©unis pour engager les prĆ©liminaires d’une nouvelle guerre, un massacre, la guerre dĆ©finitive. Et un jour une discussion acharnĆ©e et des plus Ć¢pres s’est Ć©levĆ©e Ć  la Chambre ; je me souviens que nous Ć©tions tellement en colĆØre ce soir-lĆ  que je craignais que l’un ou l’autre des dĆ©putĆ©s ne sorte son rĆ©volver et tire, tellement la haine sĆ©parait les deux groupes.
J’avais demandĆ© d’intervenir et voilĆ  qu’avant de parler un dĆ©putĆ© chrĆ©tien, catholique, vient s’asseoir Ć  cĆ“tĆ© de moi : Pacati, le dĆ©putĆ© Pacati. Il me dit : ā€˜Gardons JĆ©sus au milieu de nous maintenant que tu parles’. Je prends la parole. Au dĆ©but brouhaha, hurlements… petit Ć  petit le silence se fait, Ć  la fin la Chambre semble s’être transformĆ©e en Ć©glise, c’était un silence parfait et j’exprimais les idĆ©es que nous apprenons dans notre mouvement, c’est-Ć -dire que la guerre ne sert Ć  rien, que la guerre est la plus grande stupiditĆ©, que la guerre est au service de la mort ; nous ne voulons pas la mort, nous voulons la vie et la vie se trouve dans l’amour, dans la recherche d’un accord. (…)
Tous, nous devons rĆ©agir, de tous les coins du pays, de quelque parti ou croyance que nous soyons, parce qu’il s’agit vraiment de redĆ©couvrir sous tant de larmes larmes, sous tant de des laideurs accumulĆ©es par la guerre et la boue, le visage de l’homme, dans lequel se reflĆØte le visage de Dieu Ā».
Le greffier du parlement conclut le compte-rendu de la discussion en dĆ©crivant les applaudissements et les fĆ©licitations qui arrivĆØrent Ć  Giordani des quatre coins de l’hĆ©micycle.
TrĆØs rapidement se rassemblent autour d’Igino de nombreux parlementaires dĆ©sireux de suivre l’idĆ©al de l’unitĆ©. Rappelons seulement quelques noms : Gaetano Ambrico, Palmiro Foresi, Tarcisio Pacati, Enrico Roselli, Angelo Salizzoni e Tommaso Sorgi, celui qui deviendra le principal biographe de Giordani. Avec eux, Giordani entreprend des actions Ć  contre-courant si l’on considĆØre le climat qui rĆØgne Ć  cette Ć©poque. Par exemple, en 1951, il travaille Ć  Ā« l’entente interparlementaire pour la dĆ©fense de la paix Ā», avec une quarantaine d’autres parlementaires venant du parti libĆ©ral, du parti rĆ©publicain, socio-dĆ©mocrate et chrĆ©tien-dĆ©mocrate.
Toujours Ć  contre-courant, en pleine Ā« guerre froide Ā», son esprit pacifique le mĆØne en 1949 Ć  soutenir avec un parlementaire socialiste, Calosso, la premiĆØre loi sur l’objection de conscience proposĆ©e Ć  la Chambre ! On imagine bien les difficultĆ©s que Giordani rencontra lorsque, en tant que rapporteur, il prĆ©senta la proposition Ć  la Chambre ! Mais ses convictions Ć©taient inĆ©branlables : tuer l’homme, fait Ć  l’image et ressemblance de Dieu, veut dire commettre un dĆ©icide.
ā€œ Une nouvelle conscience civique naĆ®t – Ć©crit Giordani – qui abat les divisions entre les partis, les factions ou courants et privilĆØges de caste, de race, de classe, et en se dilatant, dĆ©passe les frontiĆØres nationales. L’impulsion communautaire suscitĆ©e par l’amour chrĆ©tien qui va jusqu’à y insĆ©rer JĆ©sus, est un rĆ©veil religieux et social qui, s’il rĆ©ussit, comme nous croyons, change l’histoire de l’humanitĆ© Ā».
Evidemment, proclamer aujourd’hui les idĆ©aux d’amour et de communion en politique semble plus que jamais tĆ©mĆ©raire … mais du temps de Giordani cela l’était tout autant et mĆŖme peut-ĆŖtre plus. Oui, Giordani vivait dans la prophĆ©tie ; et mĆŖme s’il vivait de maniĆØre profondĆ©ment engagĆ©e les dĆ©fis de son temps, il ne s’y laissait pas piĆ©ger.
Sa solide prophĆ©tie rĆ©sultait d’un IdĆ©al immense, celui de l’unitĆ©, soutenu par une spiritualitĆ© moderne et fascinante, que Chiara Lubich a donnĆ©e au monde, et qu’Igino Giordani a vĆ©cue mĆŖme en politique.
Alberto Lo Presti (Directeur du Centre Igino Giordani)

BrĆ©sil: pĆ©riphĆ©ries violentes et puissance de l’amour.

BrĆ©sil: pĆ©riphĆ©ries violentes et puissance de l’amour.

20150311-02” Hier un homme a Ć©tĆ© tuĆ© par treize coups de pistolet”. C’est ce que raconte la premiĆØre personne qui ouvre sa porte Ć  quelques jeunes qui se prĆ©sentent Ć  elle tout souriants en ce week-end du 20-22 fĆ©vrier.

Nous sommes un quartier Ć  risques de la banlieue de Juiz de Fora (Etat du Minas GĆ©rais, BrĆ©sil). AprĆØs quelques heures passĆ©es avec elle, cette mĆŖme personne dit Ć  ces jeunes: “Si hier nous avons vĆ©cu la terreur, aujourd’hui nous Ć©prouvons de l’amour Ā».

Ce sont des jeunes du Mouvement des Focolari, du Renouveau de l’Esprit, de Shalom et aussi des groupes de jeunes des paroisses, une centaine en tout. En un peu plus d’un an, ils ont visitĆ© dix villes et rencontrĆ© environ 5000 familles avec lesquelles ils partagent joies et douleurs, en leur annonƧant avec courage que Dieu les aime immensĆ©ment. La population se rĆ©jouit de leur prĆ©sence: les prĆŖtres sont peu nombreux et ne parviennent pas Ć  rencontrer tous ceux qui en ont besoin.

“Tout commence au cours des JournĆ©es Mondiales de la Jeunesse de 2013, et la rencontre de millions de jeunes avec le pape Ć  la plage de Copacabana – racontent les Gen de Minas GĆ©rais – . Au cours de la derniĆØre cĆ©lĆ©bration une jeune de notre groupe ressent trĆØs fort dans son cœur le message central de ces journĆ©es: “Allez et faites de tous les peuples mes disciples”.

De retour dans leur ville, Juiz de Fora, Leticia – c’est son nom – partage ce qu’elle a ressenti aux autres Gen et ensemble ils dĆ©cident que ce serait bien d’en parler avec leur archevĆŖque, le PĆØre Gil AntĆ“nio Moreira.

Leticia va donc le trouver, encouragĆ©e par ses amis. De son cĆ“tĆ© l’archevĆŖque avait priĆ© pour que les JMJ ne se limitent pas Ć  une grande manifestation, mais pour que cette intense expĆ©rience spirituelle vĆ©cue collectivement par de nombreux jeunes venus du monde entier puisse se prolonger.

20150311-01C’est ainsi qu’est nĆ© le projet ” Jeunes Missionnaires du Continent”, nom proposĆ© par l’archevĆŖque lui-mĆŖme, avec l’objectif que les jeunes se lancent Ć  la rencontre des autres, pour vivre une Ɖglise qui ” va vers les autres, ensemble et prĆ©parĆ©e”, trois mots repris par que les trois principaux axes du projet: mission, priĆØre, formation.

C’est trĆØs beau d’aller tous ensemble, jeunes des paroisses et des divers mouvements, mais comme des frĆØres, – explique Vinicius – en respectant les diffĆ©rences de chacun dans la maniĆØre de prier et de parler dans l’intimitĆ© avec Dieu. Le dialogue que l’on Ć©tablit aussi avec quelques familles d’autres religions est important”.”En arrivant chez les personnes (beaucoup nous ouvrent et nous font entrer) – ajoute Ana Paula – nous dĆ©couvrons des Ā« perles Ā», comme le jour où nous avons rencontrĆ© une femme Ć©vangĆ©lique qui venait de perdre son mari quelques jours avant. AprĆØs qu’on soit restĆ©s ensemble elle a dit:” Je ne peux pas m’enfermer dans ma tristesse parce qu’il est avec le PĆØre, au paradis.”

“Nous allons dans les banlieues des villes sans savoir ce qui nous attend – conclut Cristiano – mais en faisant confiance Ć  Dieu; nous sentons qu’Il nous redit encore aujourd’hui “Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimĆ©s”. Aimer en particulier ceux qui en ont le plus besoin, mĆŖme lorsque nous sommes fatiguĆ©s ou que nous nous trompons. Nous pouvons toujours recommencer!”