Mouvement des Focolari
Gabon: une famille pour les autres

Gabon: une famille pour les autres

20150207-aā€œVingt-huit ans de mariage, quatre enfants dont trois qui sont restĆ©s Ć  Lubumbashi (Congo) pour Ć©tudier Ć  l’universitĆ©. La redĆ©couverte de Dieu comme amour, Le mettre Ć  la premiĆØre place dans notre vie spirituelle et dans celle du couple. Ce sont ces aspirations spirituelles qui nous ont conduits Ć  tout quitter pour suivre le Christ.

Depuis longtemps, la communautĆ© du mouvement au Gabon demandait l’ouverture d’un focolare Ć  Libreville, et c’est ainsi qu’en 2011 nous arrivons en tant que ā€œfocolare-familleā€.

Un choix, le nĆ“tre, qui nous a amenĆ© Ć  nous mettre Ć  disposition, laisser notre travail et partir pour une nouvelle terre. Nous ne nous sommes jamais sĆ©parĆ©s de nos enfants durant une aussi longue pĆ©riode. Evidemment, ce n’était pas facile, mais grĆ¢ce Ć  une entente familiale, nous avons senti que nous pouvions le faire. Il y avait beaucoup d’interrogations … Cependant la confiance en Dieu-Amour Ć©tait plus grande que tout.

Quand nous sommes arrivĆ©s au Gabon, notre premiĆØre prĆ©occupation a Ć©tĆ© de renforcer notre amour en tant qu’époux. De cette faƧon, l’amour entre nous a grandi encore plus, et nous a amenĆ©s Ć  renouveler notre amour rĆ©ciproque et Ć  aimer tous ceux que nous trouvions sur notre chemin.

Ici nous avons trouvĆ© une communautĆ© vraiment accueillante, rĆ©ceptive et gĆ©nĆ©reuse malgrĆ© les difficultĆ©s de la vie. Nous avons voyagĆ© plusieurs fois Ć  travers tout le pays pour rencontrer les communautĆ©s, mĆŖmes les plus Ć©loignĆ©es . Tout le mode nous a accueillis avec enthousiasme. Dans certains villages, les gens attendaient le long des routes pour exprimer leur joie avec des branches d’arbres plantĆ©es tout au long du parcours en signe de joie.

Ici comme dans toute l’Afrique, la famille chrĆ©tienne souffre des mutations socioculturelles et ceci nous a beaucoup remis en question. Nous accompagnons sur le chemin de la foi de nombreux couples et aujourd’hui beaucoup d’entre eux ont reƧu le sacrement du mariage, d’autres font le chemin pour se prĆ©parer Ć  la rĆ©gularisation de leur union.

Nous avons fortement expĆ©rimentĆ© la providence de Dieu, Ć  commencer par la maison qui nous a Ć©tĆ© donnĆ©e par l’archevĆŖque de Libreville pour les activitĆ©s du mouvement. Pour l’amĆ©nager, chacun a amenĆ© ce qu’il pouvait : un lit, un matelas, une paire de draps, une cuisiniĆØre, une fourchette, une plaque … En mĆŖme temps, toute la communautĆ© du Gabon s’est organisĆ©e pour nous aider concrĆØtement dans notre vie quotidienne. De temps Ć  autre, nous recevons du manioc, du riz, des bananes,… Souvent quelqu’un sonne Ć  la porte et c’est avec surprise que nous voyons qu’il a apportĆ© ce dont on avait besoin.

L’unitĆ©, l’amour, et la foi dans l’Evangile nous ont permis de surmonter les inĆ©vitables difficultĆ©s que nous rencontrons ici : la prĆ©caritĆ© de l’emploi, la maladie, le manque de comprĆ©hension…

AprĆØs trois ans, sous sommes revenus Ć  Lubumbashi. Nos enfants ont grandi en Ć¢ge et en sagesse et nous avons vu en cela une rĆ©alisation de l’Evangile. Le fait de les revoir nous a procurĆ© une extrĆŖme joie et nous avons ressenti avec chacun d’eux une profonde unitĆ© de cœur et d’âme.

Quand nous sommes repartis, ils ont renouvelĆ© leur disposition Ć  ā€œnous envoyerā€ Ć  nouveau en mission, ce qui consiste Ć  faire rencontrer Dieu aux personnes Ć  travers notre amour rĆ©ciproque et rĆ©aliser, grĆ¢ce Ć  la chaleur familiale et Ć  notre unitĆ©, ce grand dĆ©sir d’un focolare ressenti par les communautĆ©s du Gabon Ā».

Jeanne et Augustin Mbwambu

Vivre l’Évangile: S’accueillir, malgrĆ© tout

Vivre l’Évangile: S’accueillir, malgrĆ© tout

20150206-01Ā«A cause de ma formation professionnelle de militaire, et aussi de par mon caractĆØre trop rigide, je rencontrais beaucoup de difficultĆ©s dans mon rapport avec mes enfants. J’Ć©tais conscient de devoir corriger mon attitude, mais je ne savais pas par où commencer. Les paroles de l’Évangile m’invitaient Ć  mettre l’amour Ć  la base de l’Ć©ducation des enfants et Ć  changer radicalement mon rapport avec eux, un changement donc non fait Ć  moitiĆ© mais complĆØtement. En commenƧant et recommenƧant continuellement, la communication avec les enfants s’est peu Ć  peu ouverte. J’ai essayĆ© de rentrer dans leur monde, de m’intĆ©resser davantage Ć  leurs inquiĆ©tudes et Ć  leurs aspirations. J’ai pu connaĆ®tre leurs problĆØmes, nous nous sommes rĆ©jouis et avons souffert ensemble et ainsi, les distances se sont annulĆ©es, mĆŖme avec celui avec qui c’Ć©tait le plus difficile. Mon rĆ“le de pĆØre a ainsi pris une autre dimension: je suis aussi pour eux, conseiller, ami et frĆØreĀ».
(F.U. – PĆ©rou)

Ā« J’ai 29 ans et je viens du Sri Lanka. Dans mon pays, je travaillais comme chef-coq et luttais pour une plus grande justice entre les diffĆ©rentes classes sociales, mais cela n’Ć©tait pas bien vu et j’ai Ć©tĆ© contraint Ć  quitter ma terre pour venir vivre dans une Europe où pour moi, tout est diffĆ©rent. A peine Ć©tais-je arrivĆ©, que je me suis retrouvĆ© terriblement seul et rempli de rage vis-Ć -vis de tous. Dans le camp de rĆ©fugiĆ©s, ensuite, au beau milieu de tant d’inconnus, quelqu’un m’a parlĆ© de quelques jeunes chrĆ©tiens qui avaient le mĆŖme idĆ©al que moi: contribuer Ć  rendre le monde meilleur. ƉmerveillĆ© Ć  l’idĆ©e que d’autres aient le mĆŖme rĆŖve que moi, je me suis senti rĆ©confortĆ© et j’ai commencĆ© Ć  regarder autour de moi, Ć  ĆŖtre plus cordial avec les autres, Ć  les saluer: des rapports humains sont nĆ©s parmi les gens, au grand Ć©tonnement de l’assistante sociale. Je suis bouddhiste et Ć  travers le rapport avec des chrĆ©tiens occidentaux, ma foi s’est accrue. Une maxime de Bouddha dit: Ā«Partager pensĆ©e et esprit avec beaucoup d’autresĀ».
(S. – Sri Lanka)

Ā« Je croyais, en choisissant d’aller Ć  Lourdes comme brancardier Unitalsi au service des malades, expĆ©rimenter un pĆØlerinage plein de surprises, avec des ”effets spĆ©ciaux”. En rĆ©alitĆ©, Dieu, acceptant ma bonne volontĆ© et ces intentions pas complĆØtement dĆ©sintĆ©ressĆ©es, s’est servi de cette circonstance pour me faire comprendre ce que lui voulait et c’est-Ć -dire que mon service aux malades est, oui, important pour eux, mais qu’aussi et surtout, moi, ”j’ai besoin d’eux”. Car – je le dis comme rĆ©sumĆ© de l’expĆ©rience faite Ć  Lourdes – si je suis chanceux de donner ce que j’ai reƧu gratuitement de Dieu, les malades te donnent en Ć©change le maximum de ce qu’ils peuvent te donner: cela peut ĆŖtre un sourire, un signe de gratitude, un bonjour chaleureux…Ā».
(M.G. – Italie)

 

Source: L’Évangile du jour, fĆ©vrier 2015 – CittĆ  Nuova Editrice

Cameroun, Ć  l’école de la ā€œnouvelle Ć©vangĆ©lisationā€

Cameroun, Ć  l’école de la ā€œnouvelle Ć©vangĆ©lisationā€

20150205-aƀ l’école de l’évangile : un rendez-vous qui se rĆ©pĆØte tous les deux mois et qui entraine derriĆØre lui tout le village, y compris le curĆ© et le Fon, l’autoritĆ© royale du lieu. Le programmeĀ ? Approfondir un passage de l’évangile, en dĆ©couvrir les diffĆ©rents aspects qui se prĆŖtent le plus Ć  une application quotidienne, pour en faire le fil conducteur jusqu’au nouveau rendez-vous. Dans cet esprit de communion, la fois d’aprĆØs c’est le partage sur ce qu’on a rĆ©ussi Ć  faire passer dans la vie et Ć  s’encourager mutuellement Ć  continuer l’expĆ©rience. Cette dynamique, dĆ©butĆ©e Ć  Fontem – la citĆ© pilote des Focolari du Cameroun – par la volontĆ© du Fon, se reproduit aussi Ć  Akum, un autre village bangwa Ć  la frontiĆØre avec le Nigeria. La frĆ©quence est au dĆ©but en grande partie fĆ©minine. Mais petit Ć  petit les hommes aussi y participent de plus en plus, frappĆ©s de la mĆŖme maniĆØre (mĆŖme s’ils ne l’admettent pas ouvertement) dont leur femme a changĆ©. Essayons de capter ce qu’ils ont racontĆ©. ā€œ Je m’appelle Suh Nadia, dĆ©clare une fille. Avec quelques-uns de mes camarades d’école nous nous Ć©tions mis d’accord pour nous unir Ć  la priĆØre mondiale des jeunes des Focolari qui s’appelle le Time-out. Au dĆ©but nous Ć©tions six puis douze. A un certain moment le directeur le sait, il m’appelle Ć  la direction. Je pensaisĀ : maintenant nous allons avoir une punition pour interrompre les Ć©tudes durant quelques minutes. Mais je prends mon courage et je lui explique l’importance de cette priĆØre. De fait, mĆŖme si le Cameroun est en paix, il y a tellement de pays autour qui souffrent de la guerre, alors nous devons prier pour eux. Le directeur, aprĆØs m’avoir Ć©coutĆ©e, m’a remerciĆ© et a dit qu’il ferait en sorte de changer l’horaire des cours afin que les Ć©lĆØves puissent s’unir Ć  nous.Ā Ā» C’est au tour d’Evangeline de prendre la parole : ā€œEn allant chez ma tante, je me suis rendu compte que des voisins maltraitaient une fille qui habitait chez eux, qui, pour fuir, Ć©tait allĆ©e dormir Ć  l’église. En la raccompagnant Ć  la maison, le curĆ© avait essayĆ© de convaincre la famille de bien la traiter. Mais Ć  peine Ć©tait-il parti, que les deux ont criĆ© sur elle. Elle pleurait Ć  chaudes larmes. Je me suis approchĆ©e d’elle, je l’ai Ć©coutĆ©e avec amour et j’ai dĆ©cidĆ© d’aller parler aux parents. MĆŖme si ma tante me l’avait dĆ©conseillĆ©, en pensant Ć  l’évangile, le lendemain j’y suis allĆ©e quand mĆŖme. La femme m’a dit que ce n’était pas leur fille, mais une jeune qui leur servait d’infirmiĆØre. « Justement parce que c’est quelqu’un qui vous aideĀ Ā» – ai-je dit – vous devriez la traiter comme votre filleĀ Ā». La femme ne semblait pas me prĆŖter attention mais le mari m’écoutaitĀ : « Qui es-tuĀ ?Ā Ā» m’a-t-il demandĆ©. « Qui t’envoieĀ ?Ā Ā». Sachant que je le faisais de ma propre initiative, il m’a remerciĆ©e et m’a promis de ne plus la maltraiter. Et voyant que la fille n’avait presque rien Ć  se mettre, je lui ai apportĆ© quelques vĆŖtements Ć  moi.Ā Ā» VĆ©ronique fait normalement la cuisine aussi pour sa belle-mĆØre. Un jour la femme lui dit qu’à cause d’un problĆØme d’yeux elle ne rĆ©ussit mĆŖme plus Ć  voir ce qu’elle mange et qu’il vaudrait mieux ne plus lui apporter Ć  manger. VĆ©ronique prend un rendez-vous Ć  l’hĆ“pital et le soir elle va se coucher auprĆØs d’elle. Dans cette ville habitent deux de ses enfants mais qui ne s’intĆ©ressent pas Ć  son cas. Les mĆ©decins dĆ©cident de l’opĆ©rer immĆ©diatement et ainsi VĆ©ronique, malgrĆ© ses nombreux engagements au travail, reste auprĆØs d’elle Ć  l’hĆ“pital pendant une semaine. A leur retour chez elle, les deux fils de la femme ne vont mĆŖme pas voir leur mĆØre, alors VĆ©ronique continue Ć  y aller Ć  la soigner et lui apporter Ć  manger, sans s’occuper des fils qui commencent Ć  voir leur mĆØre uniquement quand elle est lĆ , pour profiter de la nourriture. « C’est la quatriĆØme fois que je viens Ć  ces rĆ©unions de ā€˜nouvelle Ć©vangĆ©lisation’ – conclut VĆ©ronique – j’essaie seulement de mettre en pratique ce que j’apprends iciĀ Ā». Ā ā€œIl ne me restait que 2000 francs camerounais (3 Euro) et j’avais encore des courses Ć  faireĀ Ā» raconte Marie Ć  propos du passage de l’évangile ā€˜donnez et vous recevrez’. Afin d’économiser je suis allĆ©e au marchĆ© Ć  8 km de lĆ , avec les 700 frs en main. En revenant je me suis rendu compte que je n’avais pas achetĆ© l’huile. Je dĆ©cide de l’acheter chez le voisin de chez nousĀ : mes 700 frs m’auraient tout juste suffi. J’étais sur le point de traverser la route quand une fille me touche l’épauleĀ : aide-moi Ć  acheter les Ć©pices, me demande-t-elle. Une voix intĆ©rieure me ditĀ : donneĀ ! Je lui ai donc achetĆ© ses Ć©pices pour 250 frs. Je ne pouvais donc acheter qu’un demi-litre d’huile avec le reste. Un homme que je connais me demande de lui acheter du sel pour 100 frs. A la fin un garƧon me demande lui aussi des Ć©picesĀ : encore 200 frs. Je regarde l’argent qui me reste dans les mainsĀ : je ne peux plus acheter une goutte d’huile. De retour Ć  la maison je demande aux enfants de rĆ©chauffer les bidons pour voir si un peu d’huile peut en sortir, mais tout est vide. Alors je les envoie chez le marchand pour qu’il me donne de l’huile Ć  crĆ©dit, il n’en avait pas. MĆŖme la voisine n’en a pas Ć  me prĆŖter. Comment faire la cuisine Ć  mes enfantsĀ ? A ce moment-lĆ  arrive les fils de mon amie la plus chĆØre avec un panier sur la tĆŖte. « Je viens te voirĀ Ā», m’a-t-il dit. « Ma mĆØre n’avait pas rĆ©ussi Ć  venir pour la mort de ta mĆØre et maintenant elle t’envoie ce panierĀ Ā».Je l’ouvre et dedans je trouve des noix de coco, du poisson sĆ©chĆ© et… 5 litres d’huileĀ !Ā Ā».

“Campus”, la nouvelle comĆ©die musicale du Gen Rosso

Un avant-goĆ»t des thĆØmes de la nouvelle comĆ©die musicale du Gen Rosso sur le site du groupe international. La question Ć©pineuse de l’intĆ©gration y est abordĆ©e.

L’amour sait comprendre

Il allĆØge doucement ton fardeau,

Il fait sien ton destin,

Il t’insuffle son cœur et son esprit.

(extrait de : ā€œL’arte universaleā€ / Campus: The Musical )

Info prevendita

www.genrosso.com

www.loppiano.it

Pour tĆ©moigner que l’unitĆ© est possible

Pour tĆ©moigner que l’unitĆ© est possible

20150203-aLa Semaine de priĆØre pour l’unitĆ© des chrĆ©tiens et l’annĆ©e dĆ©diĆ©e par l’Ć©glise catholique. Deux heureuses coĆÆncidences dans lesquelles la vocation de Heike Vesper, focolarine de l’Ć©glise Ć©vangĆ©lique-luthĆ©rienne allemande, apparaĆ®t plus que jamais significative.

« J’avais seize ans lorsque mon frĆØre jumeau, ayant un grave handicap mental, mourut – nous raconte-t-elle. A partir de cet Ć©vĆ©nement tellement douloureux est nĆ© en moi le dĆ©sir de vivre une vie qui ait rĆ©ellement un sens. Mais je ne pensais certainement pas Ć  une vie de consĆ©cration Ć  Dieu. Dans les Ć©glises de la RĆ©forme, la vie monastique avait quasiment disparu. Pour Luther, chaque chrĆ©tien baptisĆ© a dĆ©jĆ  en soi l’appel totalitaire Ć  suivre JĆ©sus, qui se rĆ©alise substantiellement dans le travail et dans la famille. Luther donc, ne voyait pas dans la consĆ©cration Ć  Dieu, un Ć©tat privilĆ©giĆ©, justement parce que nous sommes tous appelĆ©s Ć  la perfection, qui est seulement atteignable avec l’amour de Dieu, avec sa misĆ©ricorde. En ce qui me concernait, la consĆ©cration Ć  Dieu m’ Ć©tait donc complĆØtement Ć©trangĆØre. EtrangĆØre aussi par le milieu athĆ©e qui m’entourait avec le communisme de l’Allemagne de l’Est de l’Ć©poque.

Quelques mois aprĆØs, au printemps 1977, j’ai connu les jeunes des Focolari, un mouvement nĆ© dans l’Église catholique, ouvert au dialogue avec les fidĆØles d’autres Ć©glises ou religions et avec les personnes de convictions non religieuses. Fortement attirĆ©e par la radicalitĆ© de leur choix Ć©vangĆ©lique, je me suis Ć©galement engagĆ©e avec eux dans les nombreuses activitĆ©s formatives et sociales qui Ć©taient proposĆ©es ou que nous suscitions nous-mĆŖmes. Nos animateurs Ć©taient des personnes un peu plus Ć¢gĆ©es que nous, les focolarine et les focolarini. Ceux-ci avaient fait un choix totalitaire de Dieu, en vivant en communautĆ©. Une vie, leur vie, qui suscitait une grande fascination mais que je voyais trop Ć©levĆ©e pour moi, inaccessible.

A un moment donnĆ©, il y a eu une incomprĆ©hension entre le Focolare et mon pasteur, par le fait d’un choix personnel pris par l’un d’entre nous. Ce n’Ć©tait rien de grave mais suffisamment pour me faire comprendre combien il fallait peu pour rĆ©veiller de vieux prĆ©jugĆ©s et ouvrir Ć  nouveau des blessures qui semblaient en voie de guĆ©rison. Cela a Ć©tĆ© une trĆØs forte expĆ©rience Ć  travers laquelle j’ai senti que Dieu m’appelait Ć  donner, avec ma vie, un exemple que l’ unitĆ© est possible et que cela, je pouvais le rĆ©aliser Ć  travers le Focolare. Face Ć  cet appel, j’ai Ć©prouvĆ© de la joie mais aussi de la peur. Je ne me sentais en effet pas capable d’affronter 24 heures sur 24, la tension de la diversitĆ© entre nos Ć©glises. Pendant deux ans, j’ai tĆ¢chĆ© de faire taire en moi cet invitation de Dieu, mais de temps en temps, celle-ci remontait Ć  la surface avec plus de force encore.

Lors d’une visite de Chiara Lubich en Allemagne, un groupe d’Ć©vangĆ©liques lui posait des questions. C’est grĆ¢ce Ć  ces rĆ©ponses que tous mes nœuds se sont dĆ©nouĆ©s. Par ses paroles, j’ai compris qu’entrer au focolare signifiait vivre l’Evangile aidĆ©s par des frĆØres animĆ©s par la mĆŖme proposition radicale; vouloir la vivre ensemble, en tant que chrĆ©tiens catholiques et Ć©vangĆ©liques; ce qui signifiait choisir comme modĆØle JĆ©sus dans son abandon du PĆØre lorsqu’en criant un ”pourquoi” restĆ© pour lui sans rĆ©ponse, il a recomposĆ© l’unitĆ© entre Dieu et les hommes, entre les peuples, entre les diffĆ©rentes Ć©glises, entre nous tous.

A ce moment-lĆ , je n’ai pas pensĆ© que tout cela pouvait signifier que je me consacre Ć  Dieu, mais bien seulement rĆ©pondre Ć  son appel Ć  tĆ©moigner avec ma vie que l’unitĆ© est possible. Cette passion pour l’unitĆ© m’a marquĆ©e cœur et Ć¢me et m’a toujours donnĆ© les ailes aussi dans les moments où je ne comprenais plus rien ou dans moments d’Ć©preuve.

Lorsque je me trouvais au focolare de Lipsia, j’allais souvent Ć  la Sainte CĆØne des frĆØres de la Christusbruderschaft. Un jour, une personne parmi celles-ci me demanda comment nous faisions pour rester fidĆØles Ć  notre Ć©glise et pour vivre une vie spirituelle intense avec des catholiques. Alors j’ai compris la grande valeur de ce que Chiara nous a confiĆ©: JĆ©sus abandonnĆ©. En l’aimant lui qui s’Ć©tait fait pour nous, division, non seulement nous trouvons la force de ne pas nous sentir divisĆ©s en nous-mĆŖmes, mais pour ĆŖtre unitĆ© pour les autres. En Lui, nous dĆ©couvrons l’importance de vivre avec JĆ©sus prĆ©sent spirituellement au milieu de nous, attirĆ© par notre amour rĆ©ciproque. Une prĆ©sence qui n’est liĆ©e Ć  aucun sacrement, mais Ć  la vie de la ParoleĀ».

Ā 

 

 

Chiara Lubich et la famille

Chiara Lubich et la famille

20150202-01ā€œLa spiritualitĆ© de Chiara Lubich propose qu’on s’ouvre Ć  la communion avant tout au sein de la famille, et, l’unitĆ© une fois construite, qu’on l’élargisse Ć  d’autres familles. Aucune famille n’est une Ć®le. Nous avons besoin de partager nos biens spirituels et matĆ©riels, nos rĆ©solutions, nos connaissances, notre temps, nos compĆ©tences pour construire des rĆ©seaux en mesure de se mettre au service du monde qui attend de voir le tĆ©moignage d’un amour qui peut toujours recommencer Ā»

C’est avec joie qu’Anna-Maria et Alberto Friso commentent l’ouverture de la cause de bĆ©atification de Chiara Lubich, mardi dernier [27 janvier] Ć  Frascati. Ils sont encore jeunes mariĆ©s, quand de Padoue ils se rendent Ć  Rocca di Papa pour participer Ć  un congrĆØs de familles avec leur fils premier nĆ© : c’est lĆ  qu’ils connaissent personnellement la fondatrice du Mouvement des Focolari. En 1967 Chiara fera naĆ®tre Ā« Familles Nouvelles Ā», une des premiĆØres associations pour la famille, dont par la suite Anna et Alberto seront responsables pendant 12 ans.

ā€œ Nous avons Ć©tĆ© frappĆ©s par le fait qu’une femme consacrĆ©e puisse avoir autant Ć  cœur la famille et que son idĆ©al puisse ĆŖtre appliquĆ© aussi Ć  notre vocation d’époux Ā», rappellent-ils. Mais pas seulement : Ā« Chiara Ć©tait une femme moderne, belle sans souci de le faire voir, Ć©lĆ©gante mais sans affectation, dotĆ©e d’une Ć©locution sĆ©duisante et harmonieuse – font remarquer les Friso – Nous arrivions de la province, tous deux simples employĆ©s, plutĆ“t dĆ©sorientĆ©s. Avec simplicitĆ© et conviction elle nous a dit que JĆ©sus comptait aussi sur nous, comme personnes et comme famille Ā» Chiara Lubich Ć©tait en effet convaincue que la spiritualitĆ© de l’unitĆ© Ć©tait particuliĆØrement adaptĆ©e Ć  la famille, parce qu’à l’origine c’est une petite communautĆ© de personnes unies par l’Amour Ā».

Aujourd’hui Alberto et Anna s’occupent de l’ONLUS ā€œAction pour familles nouvellesā€ au service des populations du Sud et des adoptions Ć  distance. Quand ils Ć©taient responsables de Ā« Familles nouvelles Ā» , ils se voyaient rĆ©guliĆØrement avec la fondatrice : Ā« Elle Ć©coutait les difficultĆ©s rencontrĆ©es et les projets, mais surtout elle nous redonnait ce courage sans lequel il aurait Ć©tĆ© trop compliquĆ© pour deux pauvres crĆ©atures d’accompagner un mouvement de familles aussi nombreuses et aux dimensions du monde. Elle nous indiquait le chemin, nous confirmait, elle rĆŖvait avec nous. Mais le plus souvent elle exprimait sa confiance en nous les mariĆ©s Ā».

Membres du Conseil Pontifical pour la famille, les Ć©poux Friso Ć©taient invitĆ©s par Chiara Lubich Ć  avoir une attention particuliĆØre envers les couples sĆ©parĆ©s, divorcĆ©s et remariĆ©s qu’elle dĆ©finissait elle-mĆŖme comme Ć©tant Ā« le visage de JĆ©sus crucifiĆ© et abandonnĆ© Ā». Le charisme de Chiara continue Ć  annoncer Ć  la famille et aux familles du Mouvement l’amour que Dieu a pour chacun, Ā« une conviction qui Ć©mane non seulement de l’Ecriture, mais pour l’avoir Ć©prouvĆ© personnellement, dans notre propre vie. Une annonce qui s’avĆØre efficace mĆŖme pour celui qui dĆ©sormais n’espĆØre plus ou a perdu la foi, ou pense que la sĆ©paration est dĆ©sormais inĆ©vitable. Et si Dieu m’aime, s’Il a donnĆ© sa vie pour moi, moi aussi je dois – je peux ! – rĆ©pondre Ć  cet amour, en aimant le prochain qui est Ć  mes cĆ“tĆ©s. Et qui est plus mon prochain que mon conjoint, mes enfants et mes proches ? Ā» se demandent Alberto et Anna, et de poursuivre : Ā« Si en toute honnĆŖtetĆ© nous nous mettons sur le rayon d’un amour qui vient de l’Absolu, tout devient possible : l’accueil, le service, l’écoute, l’amour dĆ©sintĆ©ressĆ©, la gratuitĆ©, le pardon… Ā».

Mexique, famille : accueil rƩciproque

Mexique, famille : accueil rƩciproque

20150131-01Les deux voix s’alternent dans un crescendo de souffrance et d’espĆ©rance, d’Ć©motion et d’Ć©merveillement. Jusqu’Ć  nous faire dĆ©couvrir le secret qui les a portĆ©s Ć  recomposer l’unitĆ© qui semblait irrĆ©mĆ©diablement Ć©clatĆ©e. C’est Fili qui commence Ć  nous raconter leur histoireĀ : « Avec Nachio, nous sommes mariĆ©s depuis 24 ans et nous avons deux enfants. Je suis la sixiĆØme de onze enfants. Il y avait des souffrances dans notre famille comme le fait de savoir que mon pĆØre avait une autre femme et d’autres enfants et cela me faisait souffrirĀ Ā».

« Moi aussi dĆØs le plus jeune Ć¢ge – intervient Nacho – j’ai souffert de l’absence de mon pĆØre et du peu d’attention de ma mĆØre. C’Ć©tait ma grand-mĆØre maternelle qui s’occupait de moi. Avec Fili, nous nous sommes mariĆ©s et Ć©tions amoureux, mais il y avait un grand vide existentiel dans lequel chacun d’entre nous s’identifiait avec l’autre. Nous avons uni nos solitudes, mais nous ne nous connaissions pas intĆ©rieurement et nous nous sommes rapidement rendu compte de ne pas savoir aimer, ni ce que c’est l’amourĀ Ā».

« Nos problĆØmes ont commencĆ© dĆØs le dĆ©but de notre mariage – poursuit Fili -. Moi j’Ć©tais trĆØs jalouse et possessive, Ć  un tel point que Nacho devait changer continuellement de travailĀ Ā». Ā«Son attitude, – poursuit Nacho – qui provoquait en moi, rancœur, colĆØre et frustation et les discussions entre nous n’en finissaient jamais. Nos enfants sont nĆ©s dans cet environnement aussi peu hospitalier. Aussi bien Fili que moi, nous avions un amour trĆØs fort pour eux, mais Ć©tant donnĆ© qu’il n’y avait pas d’amour entre nous, nous pensions supplĆ©er ce manque par des choses matĆ©rielles au lieu de leur donner Ć©coute et tendresse. Quinze ans sont donc passĆ©s ainsi. DƩƧu par cette situation, j’ai quittĆ© la maison. Je l’avais dĆ©jĆ  fait d’autres fois, mais chaque tentative de retourner et reconstruire notre rapport Ć©chouait. Je me demandais comment faire quand une relation est complĆØtement Ć©clatĆ©eĀ ?Ā Ā»

Fili reprendĀ : « En effet, pour moi, c’Ć©tait impossible de la reconstruire, mais j’ai tout de mĆŖme acceptĆ© qu’il revienne juste parce que je voyais la souffrance des enfants qui avaient besoin de lui.Ā Ā». « Un samedi soir – reprend Nachio – je regardais un match de boxe Ć  la tĆ©lĆ©vision. Cela ne me semblait pas si intĆ©ressant que cela et j’ai donc changĆ© de chaĆ®ne. Je suis tombĆ© sur un programme religieux et par curiositĆ© j’ai continuĆ© Ć  le regarder. Il y avait une femme (j’ai su aprĆØs que c’Ć©tait Chiara Lubich) qui parlait de l’Amour. Ses paroles ont eu un fort impact sur moi. A la fin de son discours, ils ont fait passer quelques images de la citadelle du Mouvement des Focolari au Mexique, qui se trouvait proche de notre rĆ©gion mais que je ne connaissais pasĀ Ā».

« Ainsi, le lendemain – reprend Fili – nous sommes allĆ©s Ć  la messe Ć  El Diamante (c’est le nom de la citadelle) avec toute la famille. Nous avons Ć©tĆ© touchĆ©s par la maniĆØre avec laquelle ils nous ont accueillis, c’Ć©tait comme s’ils nous avaient connus depuis toujours. On Ć©tait Ć  une semaine de la Mariapoli, une rencontre qui allait justement se passer lĆ , et nous avons dĆ©cidĆ© d’y aller. La proposition du premier jour Ć©tait la phrase de l’EvangileĀ : « Pardonne jusqu’Ć  septante fois sept foisĀ Ā». Je me suis demandĆ©eĀ : mais comment est-ce possible de pardonner toujoursĀ ? L’explication, je l’ai eue lorsqu’ils ont parlĆ© de JĆ©sus dans son abandonĀ : Il avait non seulement pardonnĆ© mais avait donnĆ© sa vie pour nous. Je me suis rendu compte que face Ć  un tel amour, mes souffrances Ć©taient trĆØs petites. Cela n’a pas Ć©tĆ© facile de recommencer mais la Parole ” Pardonne septante fois sept fois” m’a toujours aidĆ©e Ć  le faireĀ».

Ā«A moi aussi, – nous confie Nacho – cette Mariapolis a changĆ© la vie. J’ai appris Ć  faire confiance Ć  ce Dieu pour qui tout est possible. Avec Fili, nous avons appris Ć  nous aimer dans la diversitĆ©. Peu Ć  peu, nous sommes tombĆ©s amoureux l’un de l’autre. Nous avons dĆ©couvert une plĆ©nitude d’amour jamais expĆ©rimentĆ©e, mĆŖme lorsque nous Ć©tions fiancĆ©s, car maintenant, nous nous aimons dans la libertĆ©, en DieuĀ».

Bangko Kabayan: un Ā« business Ā» indispensable

Bangko Kabayan: un Ā« business Ā» indispensable

BN-GP002_Ganzon_G_20150123124652 TĆ©rĆ©sa Ganzon et son mari ont acquis en 1989 la majoritĆ© des actions de la Bangko Kabayan: celle-ci avait alors une seule filiale tandis qu’aujourd’hui elle se positionne parmi l’une des plus grandes banques rurales des Philippines. Ils sont aussi leader au sein de l’Economie de Communion, un rĆ©seau international de plus de 800 entreprises dĆ©cidĆ©es Ć  mettre en pratique la Doctrine Sociale de l’Eglise. Lors d’une confĆ©rence de presse donnĆ©e au cours de son dernier voyage aux Philippines, le Pape a condamnĆ© la corruption, il est mĆŖme allĆ© jusqu’à dire de donner d’un coup de pied Ā« Ć  l’endroit que le soleil n’atteint pas Ā», aux fonctionnaires corrompus. Quels sont les principaux points de friction pour une entreprise qui veut se conformer aux principes de la Doctrine Sociale catholique aux Philippines ? ā€œLe respect des lois est le problĆØme principal dont nous parlons. Chez nous, payer ses impĆ“ts c’est aller Ć  contre-courant, spĆ©cialement lorsqu’il s’agit de petites et moyennes entreprises. On assiste Ć  une croissance de la corruption et des malversations et ce sont hĆ©las des pratiques courantes dans quelques administrations publiques. C’est ainsi que pour un entrepreneur il semble que la seule faƧon de permettre Ć  son entreprise de survivre soit de faire comme tout le monde et de considĆ©rer les pots de vin comme entrant dans les Ā« coĆ»ts normaux Ā». Ceci contredit la Doctrine Sociale et le Pape FranƧois. Comment affrontez-vous cette corruption congĆ©nitale ? ā€œ Une entreprise de l’Economie de Communion s’engage Ć  respecter les normes Ć©thiques et elle est consciente d’avoir vocation Ć  changer la faƧon dont les choses se passent, pour ĆŖtre plus en accord avec les valeurs chrĆ©tiennes. Il y a quelques annĆ©es, nous Ć©tions prĆŖts Ć  offrir un certain type de prĆŖt qui, nous en Ć©tions sĆ»rs, aurait dĆ©clenchĆ© une demande importante et dĆ©gagĆ© de bonnes marges bĆ©nĆ©ficiaires. Mais lorsque nous nous sommes retrouvĆ©s en prĆ©sence d’un employĆ© du Gouvernement qui nous a demandĆ© un pourcentage sur les intĆ©rĆŖts, nous avons dĆ» penser Ć  un autre type de prĆŖt. Aux Philippines, le paiement des impĆ“ts dus par des entreprises, grandes ou petites, a presque toujours Ć©tĆ© inexistant. Nous avons reƧu un prix qui nous qualifie comme l’une des cinq premiĆØres entreprises pour les impĆ“ts versĆ©s, dans une rĆ©gion où il y a quelques industries manufacturiĆØres beaucoup plus importantes que notre banque Ā». Vous avez donc renoncĆ© Ć  l’opportunitĆ© de bonnes affaires plutĆ“t que de cĆ©der Ć  la corruption ? ā€œ Oui, mais nous avons alors dĆ©couvert la micro finance. On cible les besoins financiers d’une catĆ©gorie sociale considĆ©rĆ©e Ā« hors circuit bancaire Ā». Nous avons dĆ©veloppĆ© ainsi un programme de microcrĆ©dit et dĆ©couvert comment rĆ©pondre aux besoins d’une tranche de population encore plus grande, mĆŖme si elle n’est pas aussi simple Ć  gĆ©rer que la prĆ©cĆ©dente Ā». En quoi les critiques du Pape sur la spĆ©culation financiĆØre ont-elles touchĆ© votre entreprise? ā€œIl dit qu’il faut avoir une plus grande empathie envers les personnes les plus nĆ©cessiteuses de la sociĆ©tĆ©, et pour nous, dans le secteur du microcrĆ©dit, cela nous incite Ć  plus de dĆ©termination. C’est un domaine où les affaires sont trĆØs difficiles parce que cela exige beaucoup de travail sur le terrain et les jeunes, quand ils font une recherche d’emploi dans le secteur bancaire, imaginent venir travailler dans un cadre trĆØs confortable, dans une filiale avec l’air conditionnĆ©. Au bout de quelques mois ils dĆ©cident de ne plus faire un travail aussi exigent. Il reste que pour nous, trouver les personnes adaptĆ©es qui restent et aiment leur travail, prĆ©cisĆ©ment en raison de cette empathie envers les pauvres, est un grand dĆ©fi. Nous n’atteignons pas si facilement la norme d’efficacitĆ© mais, si l’on veut rester sur le marchĆ© on ne peut pas faire moins que de viser au moins celle d’une bonne prestation. Mais le message du Pape est trĆØs clair : la seule Ā« affaire Ā» Ć  laquelle nous ne pouvons pas renoncer, c’est le service vital des pauvres Ā». Source: http://www.wsj.com/articles/BL-252B-6096

FƩvrier 2015

Avant de se rendre Ć  Rome – et de lĆ  continuer pour l’Espagne – l’apĆ“tre Paul annonce sa visite par une lettre aux communautĆ©s chrĆ©tiennes de la ville. BientĆ“t, celles-ci tĆ©moigneront par de nombreux martyrs leur profonde adhĆ©sion Ć  l’Évangile. Elles connaissent cependant, comme ailleurs, tensions, incomprĆ©hensions et mĆŖme rivalitĆ©s, provenant d’origines sociales, culturelles et religieuses des plus variĆ©es.

Les chrĆ©tiens de Rome viennent, en effet, du judaĆÆsme ou du monde grec, de l’antique religion romaine et parfois mĆŖme du stoĆÆcisme ou d’autres courants philosophiques. Ils portent en eux leurs propres traditions de pensĆ©e et de convictions Ć©thiques. Certains sont dĆ©finis Ā« faibles Ā» en raison de leurs coutumes alimentaires particuliĆØres : nourriture vĆ©gĆ©tarienne par exemple ou jours de jeĆ»ne prĆ©vus sur un calendrier. D’autres, libres de ces conditionnements, sont dits Ā« forts Ā» car exempts de tabous alimentaires ou de rites particuliers. ƀ tous, Paul adresse un appel pressant :

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Au dĆ©but de cette lettre, Paul avait abordĆ© le sujet en s’adressant d’abord aux Ā« forts Ā», les invitant Ć  accueillir les Ā« faibles Ā» sans discuter leurs opinions ; puis aux Ā« faibles Ā» pour qu’ils accueillent Ć  leur tour les Ā« forts Ā» sans les juger, puisqu’eux aussi ont Ć©tĆ© Ā« accueillis Ā» par Dieu.

Paul est en effet convaincu que chacun, malgrĆ© la diversitĆ© des opinions et des coutumes, agit par amour du Seigneur. Il n’y a donc aucune raison de mal juger celui qui pense diffĆ©remment, encore moins de le scandaliser par un comportement arrogant et supĆ©rieur. Il faut, au contraire, viser le bien de tous, l’« Ć©dification mutuelle Ā», c’est-Ć -dire la construction de la communautĆ©, son unitĆ© (cf. Romains 14,1-23)

Dans ce cas aussi, il s’agit d’appliquer la norme de la vie chrĆ©tienne, rappelĆ©e au dĆ©but de la lettre de Paul : Ā« L’amour est (…) le plein accomplissement de la Loi Ā» (Romains 13,10). En ne se comportant plus Ā« selon l’amour Ā» (Romains 14,15), les chrĆ©tiens de Rome avaient laissĆ© s’affaiblir l’esprit de fraternitĆ© qui doit animer les membres de toute communautĆ©.

L’apĆ“tre propose comme modĆØle d’accueil rĆ©ciproque celui de JĆ©sus quand, Ć  sa mort, il prit sur lui nos faiblesses (Romains 15,1-3). Du haut de la croix, il attira tous les hommes Ć  lui, et aussi bien le juif Jean que le centurion romain, Marie-Madeleine ou le malfaiteur crucifiĆ© avec lui.

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Dans nos communautĆ©s chrĆ©tiennes aussi, tout en Ć©tant tous Ā« bien-aimĆ©s de Dieu (…) et saints par l’appel de Dieu Ā» (Romains 1,7), comme dans celles de Rome, les dĆ©saccords ne manquent pas, les oppositions entre des faƧons de voir diffĆ©rentes et des cultures souvent Ć©loignĆ©es les unes des autres.

Souvent s’opposent traditionalistes et innovateurs – pour utiliser un langage peut-ĆŖtre un peu simpliste, mais tout de suite comprĆ©hensible – des personnes plus ouvertes et d’autres plus fermĆ©es, certaines s’intĆ©ressant Ć  un christianisme plus social ou plus spirituel. Les diffĆ©rences sont alimentĆ©es par des convictions politiques et par des origines sociales diffĆ©rentes. Le phĆ©nomĆØne d’immigration actuel ajoute Ć  nos assemblĆ©es liturgiques et aux groupes ecclĆ©siaux variĆ©s des composantes nouvelles de diversification culturelle et de provenance gĆ©ographique.

Les mĆŖmes dynamiques peuvent Ć©clater dans les relations entre chrĆ©tiens d’Églises diverses mais Ć©galement en famille, dans les milieux de travail et en politique.

Alors s’insinue la tentation de juger celui qui ne pense pas comme nous et de se considĆ©rer supĆ©rieurs, dans un affrontement stĆ©rile et avec parfois des rĆ©actions d’exclusion rĆ©ciproque.

Le modĆØle proposĆ© par Paul n’est pas l’uniformitĆ© qui nivelle, mais la communion entre diversitĆ©s qui enrichit. Ce n’est pas par hasard qu’il parle dans la mĆŖme lettre, deux chapitres avant, de l’unitĆ© du corps et de la diversitĆ© des membres, ainsi que de la variĆ©tĆ© des charismes qui enrichissent et animent la communautĆ© (Romains 12,3-13).

Si nous prenons une image donnĆ©e par le Pape FranƧois, Ā« Le modĆØle n’est pas la sphĆØre, qui n’est pas supĆ©rieure aux parties, où chaque point est Ć©quidistant du centre et où il n’y a pas de diffĆ©rence entre un point et un autre. Le modĆØle est le polyĆØdre, qui reflĆØte la confluence de tous les Ć©lĆ©ments partiels qui, en lui, conservent leur originalitĆ©. (…) MĆŖme les personnes qui peuvent ĆŖtre critiquĆ©es pour leurs erreurs ont quelque chose Ć  apporter qui ne doit pas ĆŖtre perdu. C’est la conjonction des peuples qui, dans l’ordre universel, conservent leur propre particularitĆ© ; c’est la totalitĆ© des personnes, dans une sociĆ©tĆ© qui cherche un bien commun, qui les incorpore toutes en vĆ©ritĆ© Ā».

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Cette parole de vie est une invitation pressante Ć  reconnaĆ®tre le positif qui existe dans l’autre, au moins par le fait que Christ a donnĆ© sa vie aussi pour cette personne que l’on serait portĆ© Ć  mal juger. C’est une invitation Ć  Ć©couter en laissant tomber les mĆ©canismes de dĆ©fense, Ć  rester ouvert au changement, prĆŖt Ć  accueillir les diffĆ©rences avec respect et amour, afin d’arriver Ć  former une communautĆ© Ć  la fois pluraliste et unie.

Cette parole a Ć©tĆ© choisie par l’Église protestante d’Allemagne pour ĆŖtre vĆ©cue par ses membres et devenir pour eux une lumiĆØre tout au long de l’annĆ©e 2015. La partager au moins durant ce mois-ci entre membres de diffĆ©rentes Ɖglises veut ĆŖtre dĆ©jĆ  un signe d’accueil rĆ©ciproque.

Nous pourrons ainsi rendre gloire Ć  Dieu d’un mĆŖme cœur et d’une seule voix (Romains 15,6) car, ainsi que l’a dit Chiara Lubich dans la cathĆ©drale protestante de St Pierre Ć  GenĆØve : Ā« Le temps prĆ©sent (…) exige de chacun de nous amour, unitĆ©, communion, solidaritĆ©. Il appelle aussi les Ɖglises Ć  recomposer l’unitĆ© brisĆ©e depuis des siĆØcles. C’est cela la rĆ©forme par excellence que le Ciel nous demande. C’est le premier pas, indispensable, vers la fraternitĆ© universelle avec tous les hommes et les femmes du monde. En effet, le monde croira si nous sommes unis Ā» .

Fabio Ciardi

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternitƩ universelle

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternitƩ universelle

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Natalia Dallapiccola, Peppuccio ZanghƬ, Luce Ardente

Lorsque Luce Ardente a commencĆ© Ć  tĆ©moigner de l’IdĆ©al de l’unitĆ© aux moines bouddhistes, Giuseppe Maria ZanghƬ – Peppuccio pour beaucoup, rĆ©cemment disparu – l’a dĆ©fini comme “Un nouveau saintĀ Paul pour le bouddhisme.”

Sachant combien il Ć©tait difficile pour un moine de faire partie d’un mouvement chrĆ©tien et Ć©tranger, j’avais nourri des doutes Ć  propos de la rĆ©alisation concrĆØte de son affirmation. AprĆØs exactement 20Ā ans, je peux dire que ces paroles s’accomplissent.

Tout a commencĆ© en 1995, lorsqu’un moine bouddhiste arrivait pour la premiĆØre fois au centre du Mouvement des Focolari: il s’appelait, Ć  cette Ć©poque, Phra Mahathongrattanathavorn. Il Ć©tait venu Ć  Rome pour accompagner un disciple, Somjit, qui faisait l’expĆ©rience en tant que moine pour une brĆØve pĆ©riode avant le mariage, suivant la tradition de tous les jeunes bouddhistes. Phra Mahathongrat, qui signifie ā€˜or fin’, a rencontrĆ© Chiara Lubich Ć  cette occasion et a Ć©tĆ© trĆØs impressionnĆ©. Elle aussi a Ć©tĆ© touchĆ©e par cette personne et lui a donnĆ©, Ć  sa demande, un nom nouveau: Luce Ardente (LumiĆØre Ardente).

Jamais je n’avais remarquĆ© chez lui, le connaissant depuis des annĆ©es, une force et un enthousiasme aussi fort que durant ces jours-lĆ , dans l’annonce la fraternitĆ© universelle, l’idĆ©al de ā€˜maman Chiara’ (comme il l’appelle encore aujourd’hui). Aujourd’hui, lors d’une cĆ©rĆ©monie importante, Ć  laquelle il m’a invitĆ©, Luce Ardente a demandĆ© la parole devant plus de 120Ā moines, dont les plus hautes autoritĆ©s bouddhistes de la rĆ©gion. Il a donnĆ© spontanĆ©ment, mais trĆØs clairement, le tĆ©moignage de son expĆ©rience avec Chiara Lubich et avec le Focolare, et a ouvertement dĆ©clarĆ© qu’il est un membre de la grande famille de Chiara, prĆ©sente dans plus de 120Ā nations, avec des millions de membres.

20150130LuceArdenteLButoriLes moines ont Ć©coutĆ©, pas du tout ennuyĆ©s: certains amusĆ©s, d’autres intĆ©ressĆ©s, quelques-uns aussi perplexes, comme il est normal dans n’importe quelle ‘communautĆ© religieuse’. Avant, durant et aprĆØs la cĆ©rĆ©monie, Luce Ardente, souvent au-delĆ  des rĆØgles, a voulu saluer chacun, manifestant le plus grand respect et attachement envers les moines les plus Ć¢gĆ©s.

Luce Ardente aime rĆ©pĆ©ter ces jours-ci: “Le moment est arrivĆ© pour moi de dire Ć  tous les bouddhistes tout le bien que maman Chiara a fait Ć  ma vie comme moine. Je sens qu’elle continue Ć  me donner une impulsion intĆ©rieure et une force pour apporter Ć  tous l’idĆ©al de la fraternitĆ© entre tous”.

La mort de Peppuccio – qui a beaucoup fait pour le dialogue interreligieux – le dĆ©but du processus de bĆ©atification de Chiara, sont des moments forts et importants, non seulement pour nous chrĆ©tiens, mais pour tous les membres du Mouvement. Luce Ardente a dĆ©clarĆ©, le lendemain du 14 mars 2008, jour où Chiara quittait cette terre: “Chiara n’appartient plus seulement Ć  vous chrĆ©tiens, mais maintenant elle et son idĆ©al sont l’hĆ©ritage de l’humanitĆ© entiĆØre”. Ces derniers jours, que je qualifierais de spĆ©ciaux, ces faits tĆ©moignent que les paroles de Peppuccio s’accomplissent sous nos yeux.

Suivant sur internet la cĆ©rĆ©monie d’ouverture de la cause de bĆ©atification de Chiara Lubich, Luce Ardente commente: “Maintenant, nous devons tĆ©moigner, encore plus, ensemble, de la saintetĆ© de Chiara”.

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