Mouvement des Focolari
Chiara Lubich et la famille

Chiara Lubich et la famille

20150202-01ā€œLa spiritualitĆ© de Chiara Lubich propose qu’on s’ouvre Ć  la communion avant tout au sein de la famille, et, l’unitĆ© une fois construite, qu’on l’élargisse Ć  d’autres familles. Aucune famille n’est une Ć®le. Nous avons besoin de partager nos biens spirituels et matĆ©riels, nos rĆ©solutions, nos connaissances, notre temps, nos compĆ©tences pour construire des rĆ©seaux en mesure de se mettre au service du monde qui attend de voir le tĆ©moignage d’un amour qui peut toujours recommencer Ā»

C’est avec joie qu’Anna-Maria et Alberto Friso commentent l’ouverture de la cause de bĆ©atification de Chiara Lubich, mardi dernier [27 janvier] Ć  Frascati. Ils sont encore jeunes mariĆ©s, quand de Padoue ils se rendent Ć  Rocca di Papa pour participer Ć  un congrĆØs de familles avec leur fils premier nĆ© : c’est lĆ  qu’ils connaissent personnellement la fondatrice du Mouvement des Focolari. En 1967 Chiara fera naĆ®tre Ā« Familles Nouvelles Ā», une des premiĆØres associations pour la famille, dont par la suite Anna et Alberto seront responsables pendant 12 ans.

ā€œ Nous avons Ć©tĆ© frappĆ©s par le fait qu’une femme consacrĆ©e puisse avoir autant Ć  cœur la famille et que son idĆ©al puisse ĆŖtre appliquĆ© aussi Ć  notre vocation d’époux Ā», rappellent-ils. Mais pas seulement : Ā« Chiara Ć©tait une femme moderne, belle sans souci de le faire voir, Ć©lĆ©gante mais sans affectation, dotĆ©e d’une Ć©locution sĆ©duisante et harmonieuse – font remarquer les Friso – Nous arrivions de la province, tous deux simples employĆ©s, plutĆ“t dĆ©sorientĆ©s. Avec simplicitĆ© et conviction elle nous a dit que JĆ©sus comptait aussi sur nous, comme personnes et comme famille Ā» Chiara Lubich Ć©tait en effet convaincue que la spiritualitĆ© de l’unitĆ© Ć©tait particuliĆØrement adaptĆ©e Ć  la famille, parce qu’à l’origine c’est une petite communautĆ© de personnes unies par l’Amour Ā».

Aujourd’hui Alberto et Anna s’occupent de l’ONLUS ā€œAction pour familles nouvellesā€ au service des populations du Sud et des adoptions Ć  distance. Quand ils Ć©taient responsables de Ā« Familles nouvelles Ā» , ils se voyaient rĆ©guliĆØrement avec la fondatrice : Ā« Elle Ć©coutait les difficultĆ©s rencontrĆ©es et les projets, mais surtout elle nous redonnait ce courage sans lequel il aurait Ć©tĆ© trop compliquĆ© pour deux pauvres crĆ©atures d’accompagner un mouvement de familles aussi nombreuses et aux dimensions du monde. Elle nous indiquait le chemin, nous confirmait, elle rĆŖvait avec nous. Mais le plus souvent elle exprimait sa confiance en nous les mariĆ©s Ā».

Membres du Conseil Pontifical pour la famille, les Ć©poux Friso Ć©taient invitĆ©s par Chiara Lubich Ć  avoir une attention particuliĆØre envers les couples sĆ©parĆ©s, divorcĆ©s et remariĆ©s qu’elle dĆ©finissait elle-mĆŖme comme Ć©tant Ā« le visage de JĆ©sus crucifiĆ© et abandonnĆ© Ā». Le charisme de Chiara continue Ć  annoncer Ć  la famille et aux familles du Mouvement l’amour que Dieu a pour chacun, Ā« une conviction qui Ć©mane non seulement de l’Ecriture, mais pour l’avoir Ć©prouvĆ© personnellement, dans notre propre vie. Une annonce qui s’avĆØre efficace mĆŖme pour celui qui dĆ©sormais n’espĆØre plus ou a perdu la foi, ou pense que la sĆ©paration est dĆ©sormais inĆ©vitable. Et si Dieu m’aime, s’Il a donnĆ© sa vie pour moi, moi aussi je dois – je peux ! – rĆ©pondre Ć  cet amour, en aimant le prochain qui est Ć  mes cĆ“tĆ©s. Et qui est plus mon prochain que mon conjoint, mes enfants et mes proches ? Ā» se demandent Alberto et Anna, et de poursuivre : Ā« Si en toute honnĆŖtetĆ© nous nous mettons sur le rayon d’un amour qui vient de l’Absolu, tout devient possible : l’accueil, le service, l’écoute, l’amour dĆ©sintĆ©ressĆ©, la gratuitĆ©, le pardon… Ā».

Mexique, famille : accueil rƩciproque

Mexique, famille : accueil rƩciproque

20150131-01Les deux voix s’alternent dans un crescendo de souffrance et d’espĆ©rance, d’Ć©motion et d’Ć©merveillement. Jusqu’Ć  nous faire dĆ©couvrir le secret qui les a portĆ©s Ć  recomposer l’unitĆ© qui semblait irrĆ©mĆ©diablement Ć©clatĆ©e. C’est Fili qui commence Ć  nous raconter leur histoireĀ : « Avec Nachio, nous sommes mariĆ©s depuis 24 ans et nous avons deux enfants. Je suis la sixiĆØme de onze enfants. Il y avait des souffrances dans notre famille comme le fait de savoir que mon pĆØre avait une autre femme et d’autres enfants et cela me faisait souffrirĀ Ā».

« Moi aussi dĆØs le plus jeune Ć¢ge – intervient Nacho – j’ai souffert de l’absence de mon pĆØre et du peu d’attention de ma mĆØre. C’Ć©tait ma grand-mĆØre maternelle qui s’occupait de moi. Avec Fili, nous nous sommes mariĆ©s et Ć©tions amoureux, mais il y avait un grand vide existentiel dans lequel chacun d’entre nous s’identifiait avec l’autre. Nous avons uni nos solitudes, mais nous ne nous connaissions pas intĆ©rieurement et nous nous sommes rapidement rendu compte de ne pas savoir aimer, ni ce que c’est l’amourĀ Ā».

« Nos problĆØmes ont commencĆ© dĆØs le dĆ©but de notre mariage – poursuit Fili -. Moi j’Ć©tais trĆØs jalouse et possessive, Ć  un tel point que Nacho devait changer continuellement de travailĀ Ā». Ā«Son attitude, – poursuit Nacho – qui provoquait en moi, rancœur, colĆØre et frustation et les discussions entre nous n’en finissaient jamais. Nos enfants sont nĆ©s dans cet environnement aussi peu hospitalier. Aussi bien Fili que moi, nous avions un amour trĆØs fort pour eux, mais Ć©tant donnĆ© qu’il n’y avait pas d’amour entre nous, nous pensions supplĆ©er ce manque par des choses matĆ©rielles au lieu de leur donner Ć©coute et tendresse. Quinze ans sont donc passĆ©s ainsi. DƩƧu par cette situation, j’ai quittĆ© la maison. Je l’avais dĆ©jĆ  fait d’autres fois, mais chaque tentative de retourner et reconstruire notre rapport Ć©chouait. Je me demandais comment faire quand une relation est complĆØtement Ć©clatĆ©eĀ ?Ā Ā»

Fili reprendĀ : « En effet, pour moi, c’Ć©tait impossible de la reconstruire, mais j’ai tout de mĆŖme acceptĆ© qu’il revienne juste parce que je voyais la souffrance des enfants qui avaient besoin de lui.Ā Ā». « Un samedi soir – reprend Nachio – je regardais un match de boxe Ć  la tĆ©lĆ©vision. Cela ne me semblait pas si intĆ©ressant que cela et j’ai donc changĆ© de chaĆ®ne. Je suis tombĆ© sur un programme religieux et par curiositĆ© j’ai continuĆ© Ć  le regarder. Il y avait une femme (j’ai su aprĆØs que c’Ć©tait Chiara Lubich) qui parlait de l’Amour. Ses paroles ont eu un fort impact sur moi. A la fin de son discours, ils ont fait passer quelques images de la citadelle du Mouvement des Focolari au Mexique, qui se trouvait proche de notre rĆ©gion mais que je ne connaissais pasĀ Ā».

« Ainsi, le lendemain – reprend Fili – nous sommes allĆ©s Ć  la messe Ć  El Diamante (c’est le nom de la citadelle) avec toute la famille. Nous avons Ć©tĆ© touchĆ©s par la maniĆØre avec laquelle ils nous ont accueillis, c’Ć©tait comme s’ils nous avaient connus depuis toujours. On Ć©tait Ć  une semaine de la Mariapoli, une rencontre qui allait justement se passer lĆ , et nous avons dĆ©cidĆ© d’y aller. La proposition du premier jour Ć©tait la phrase de l’EvangileĀ : « Pardonne jusqu’Ć  septante fois sept foisĀ Ā». Je me suis demandĆ©eĀ : mais comment est-ce possible de pardonner toujoursĀ ? L’explication, je l’ai eue lorsqu’ils ont parlĆ© de JĆ©sus dans son abandonĀ : Il avait non seulement pardonnĆ© mais avait donnĆ© sa vie pour nous. Je me suis rendu compte que face Ć  un tel amour, mes souffrances Ć©taient trĆØs petites. Cela n’a pas Ć©tĆ© facile de recommencer mais la Parole ” Pardonne septante fois sept fois” m’a toujours aidĆ©e Ć  le faireĀ».

Ā«A moi aussi, – nous confie Nacho – cette Mariapolis a changĆ© la vie. J’ai appris Ć  faire confiance Ć  ce Dieu pour qui tout est possible. Avec Fili, nous avons appris Ć  nous aimer dans la diversitĆ©. Peu Ć  peu, nous sommes tombĆ©s amoureux l’un de l’autre. Nous avons dĆ©couvert une plĆ©nitude d’amour jamais expĆ©rimentĆ©e, mĆŖme lorsque nous Ć©tions fiancĆ©s, car maintenant, nous nous aimons dans la libertĆ©, en DieuĀ».

Bangko Kabayan: un Ā« business Ā» indispensable

Bangko Kabayan: un Ā« business Ā» indispensable

BN-GP002_Ganzon_G_20150123124652 TĆ©rĆ©sa Ganzon et son mari ont acquis en 1989 la majoritĆ© des actions de la Bangko Kabayan: celle-ci avait alors une seule filiale tandis qu’aujourd’hui elle se positionne parmi l’une des plus grandes banques rurales des Philippines. Ils sont aussi leader au sein de l’Economie de Communion, un rĆ©seau international de plus de 800 entreprises dĆ©cidĆ©es Ć  mettre en pratique la Doctrine Sociale de l’Eglise. Lors d’une confĆ©rence de presse donnĆ©e au cours de son dernier voyage aux Philippines, le Pape a condamnĆ© la corruption, il est mĆŖme allĆ© jusqu’à dire de donner d’un coup de pied Ā« Ć  l’endroit que le soleil n’atteint pas Ā», aux fonctionnaires corrompus. Quels sont les principaux points de friction pour une entreprise qui veut se conformer aux principes de la Doctrine Sociale catholique aux Philippines ? ā€œLe respect des lois est le problĆØme principal dont nous parlons. Chez nous, payer ses impĆ“ts c’est aller Ć  contre-courant, spĆ©cialement lorsqu’il s’agit de petites et moyennes entreprises. On assiste Ć  une croissance de la corruption et des malversations et ce sont hĆ©las des pratiques courantes dans quelques administrations publiques. C’est ainsi que pour un entrepreneur il semble que la seule faƧon de permettre Ć  son entreprise de survivre soit de faire comme tout le monde et de considĆ©rer les pots de vin comme entrant dans les Ā« coĆ»ts normaux Ā». Ceci contredit la Doctrine Sociale et le Pape FranƧois. Comment affrontez-vous cette corruption congĆ©nitale ? ā€œ Une entreprise de l’Economie de Communion s’engage Ć  respecter les normes Ć©thiques et elle est consciente d’avoir vocation Ć  changer la faƧon dont les choses se passent, pour ĆŖtre plus en accord avec les valeurs chrĆ©tiennes. Il y a quelques annĆ©es, nous Ć©tions prĆŖts Ć  offrir un certain type de prĆŖt qui, nous en Ć©tions sĆ»rs, aurait dĆ©clenchĆ© une demande importante et dĆ©gagĆ© de bonnes marges bĆ©nĆ©ficiaires. Mais lorsque nous nous sommes retrouvĆ©s en prĆ©sence d’un employĆ© du Gouvernement qui nous a demandĆ© un pourcentage sur les intĆ©rĆŖts, nous avons dĆ» penser Ć  un autre type de prĆŖt. Aux Philippines, le paiement des impĆ“ts dus par des entreprises, grandes ou petites, a presque toujours Ć©tĆ© inexistant. Nous avons reƧu un prix qui nous qualifie comme l’une des cinq premiĆØres entreprises pour les impĆ“ts versĆ©s, dans une rĆ©gion où il y a quelques industries manufacturiĆØres beaucoup plus importantes que notre banque Ā». Vous avez donc renoncĆ© Ć  l’opportunitĆ© de bonnes affaires plutĆ“t que de cĆ©der Ć  la corruption ? ā€œ Oui, mais nous avons alors dĆ©couvert la micro finance. On cible les besoins financiers d’une catĆ©gorie sociale considĆ©rĆ©e Ā« hors circuit bancaire Ā». Nous avons dĆ©veloppĆ© ainsi un programme de microcrĆ©dit et dĆ©couvert comment rĆ©pondre aux besoins d’une tranche de population encore plus grande, mĆŖme si elle n’est pas aussi simple Ć  gĆ©rer que la prĆ©cĆ©dente Ā». En quoi les critiques du Pape sur la spĆ©culation financiĆØre ont-elles touchĆ© votre entreprise? ā€œIl dit qu’il faut avoir une plus grande empathie envers les personnes les plus nĆ©cessiteuses de la sociĆ©tĆ©, et pour nous, dans le secteur du microcrĆ©dit, cela nous incite Ć  plus de dĆ©termination. C’est un domaine où les affaires sont trĆØs difficiles parce que cela exige beaucoup de travail sur le terrain et les jeunes, quand ils font une recherche d’emploi dans le secteur bancaire, imaginent venir travailler dans un cadre trĆØs confortable, dans une filiale avec l’air conditionnĆ©. Au bout de quelques mois ils dĆ©cident de ne plus faire un travail aussi exigent. Il reste que pour nous, trouver les personnes adaptĆ©es qui restent et aiment leur travail, prĆ©cisĆ©ment en raison de cette empathie envers les pauvres, est un grand dĆ©fi. Nous n’atteignons pas si facilement la norme d’efficacitĆ© mais, si l’on veut rester sur le marchĆ© on ne peut pas faire moins que de viser au moins celle d’une bonne prestation. Mais le message du Pape est trĆØs clair : la seule Ā« affaire Ā» Ć  laquelle nous ne pouvons pas renoncer, c’est le service vital des pauvres Ā». Source: http://www.wsj.com/articles/BL-252B-6096

FƩvrier 2015

Avant de se rendre Ć  Rome – et de lĆ  continuer pour l’Espagne – l’apĆ“tre Paul annonce sa visite par une lettre aux communautĆ©s chrĆ©tiennes de la ville. BientĆ“t, celles-ci tĆ©moigneront par de nombreux martyrs leur profonde adhĆ©sion Ć  l’Évangile. Elles connaissent cependant, comme ailleurs, tensions, incomprĆ©hensions et mĆŖme rivalitĆ©s, provenant d’origines sociales, culturelles et religieuses des plus variĆ©es.

Les chrĆ©tiens de Rome viennent, en effet, du judaĆÆsme ou du monde grec, de l’antique religion romaine et parfois mĆŖme du stoĆÆcisme ou d’autres courants philosophiques. Ils portent en eux leurs propres traditions de pensĆ©e et de convictions Ć©thiques. Certains sont dĆ©finis Ā« faibles Ā» en raison de leurs coutumes alimentaires particuliĆØres : nourriture vĆ©gĆ©tarienne par exemple ou jours de jeĆ»ne prĆ©vus sur un calendrier. D’autres, libres de ces conditionnements, sont dits Ā« forts Ā» car exempts de tabous alimentaires ou de rites particuliers. ƀ tous, Paul adresse un appel pressant :

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Au dĆ©but de cette lettre, Paul avait abordĆ© le sujet en s’adressant d’abord aux Ā« forts Ā», les invitant Ć  accueillir les Ā« faibles Ā» sans discuter leurs opinions ; puis aux Ā« faibles Ā» pour qu’ils accueillent Ć  leur tour les Ā« forts Ā» sans les juger, puisqu’eux aussi ont Ć©tĆ© Ā« accueillis Ā» par Dieu.

Paul est en effet convaincu que chacun, malgrĆ© la diversitĆ© des opinions et des coutumes, agit par amour du Seigneur. Il n’y a donc aucune raison de mal juger celui qui pense diffĆ©remment, encore moins de le scandaliser par un comportement arrogant et supĆ©rieur. Il faut, au contraire, viser le bien de tous, l’« Ć©dification mutuelle Ā», c’est-Ć -dire la construction de la communautĆ©, son unitĆ© (cf. Romains 14,1-23)

Dans ce cas aussi, il s’agit d’appliquer la norme de la vie chrĆ©tienne, rappelĆ©e au dĆ©but de la lettre de Paul : Ā« L’amour est (…) le plein accomplissement de la Loi Ā» (Romains 13,10). En ne se comportant plus Ā« selon l’amour Ā» (Romains 14,15), les chrĆ©tiens de Rome avaient laissĆ© s’affaiblir l’esprit de fraternitĆ© qui doit animer les membres de toute communautĆ©.

L’apĆ“tre propose comme modĆØle d’accueil rĆ©ciproque celui de JĆ©sus quand, Ć  sa mort, il prit sur lui nos faiblesses (Romains 15,1-3). Du haut de la croix, il attira tous les hommes Ć  lui, et aussi bien le juif Jean que le centurion romain, Marie-Madeleine ou le malfaiteur crucifiĆ© avec lui.

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Dans nos communautĆ©s chrĆ©tiennes aussi, tout en Ć©tant tous Ā« bien-aimĆ©s de Dieu (…) et saints par l’appel de Dieu Ā» (Romains 1,7), comme dans celles de Rome, les dĆ©saccords ne manquent pas, les oppositions entre des faƧons de voir diffĆ©rentes et des cultures souvent Ć©loignĆ©es les unes des autres.

Souvent s’opposent traditionalistes et innovateurs – pour utiliser un langage peut-ĆŖtre un peu simpliste, mais tout de suite comprĆ©hensible – des personnes plus ouvertes et d’autres plus fermĆ©es, certaines s’intĆ©ressant Ć  un christianisme plus social ou plus spirituel. Les diffĆ©rences sont alimentĆ©es par des convictions politiques et par des origines sociales diffĆ©rentes. Le phĆ©nomĆØne d’immigration actuel ajoute Ć  nos assemblĆ©es liturgiques et aux groupes ecclĆ©siaux variĆ©s des composantes nouvelles de diversification culturelle et de provenance gĆ©ographique.

Les mĆŖmes dynamiques peuvent Ć©clater dans les relations entre chrĆ©tiens d’Églises diverses mais Ć©galement en famille, dans les milieux de travail et en politique.

Alors s’insinue la tentation de juger celui qui ne pense pas comme nous et de se considĆ©rer supĆ©rieurs, dans un affrontement stĆ©rile et avec parfois des rĆ©actions d’exclusion rĆ©ciproque.

Le modĆØle proposĆ© par Paul n’est pas l’uniformitĆ© qui nivelle, mais la communion entre diversitĆ©s qui enrichit. Ce n’est pas par hasard qu’il parle dans la mĆŖme lettre, deux chapitres avant, de l’unitĆ© du corps et de la diversitĆ© des membres, ainsi que de la variĆ©tĆ© des charismes qui enrichissent et animent la communautĆ© (Romains 12,3-13).

Si nous prenons une image donnĆ©e par le Pape FranƧois, Ā« Le modĆØle n’est pas la sphĆØre, qui n’est pas supĆ©rieure aux parties, où chaque point est Ć©quidistant du centre et où il n’y a pas de diffĆ©rence entre un point et un autre. Le modĆØle est le polyĆØdre, qui reflĆØte la confluence de tous les Ć©lĆ©ments partiels qui, en lui, conservent leur originalitĆ©. (…) MĆŖme les personnes qui peuvent ĆŖtre critiquĆ©es pour leurs erreurs ont quelque chose Ć  apporter qui ne doit pas ĆŖtre perdu. C’est la conjonction des peuples qui, dans l’ordre universel, conservent leur propre particularitĆ© ; c’est la totalitĆ© des personnes, dans une sociĆ©tĆ© qui cherche un bien commun, qui les incorpore toutes en vĆ©ritĆ© Ā».

Ā« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu Ā».

Cette parole de vie est une invitation pressante Ć  reconnaĆ®tre le positif qui existe dans l’autre, au moins par le fait que Christ a donnĆ© sa vie aussi pour cette personne que l’on serait portĆ© Ć  mal juger. C’est une invitation Ć  Ć©couter en laissant tomber les mĆ©canismes de dĆ©fense, Ć  rester ouvert au changement, prĆŖt Ć  accueillir les diffĆ©rences avec respect et amour, afin d’arriver Ć  former une communautĆ© Ć  la fois pluraliste et unie.

Cette parole a Ć©tĆ© choisie par l’Église protestante d’Allemagne pour ĆŖtre vĆ©cue par ses membres et devenir pour eux une lumiĆØre tout au long de l’annĆ©e 2015. La partager au moins durant ce mois-ci entre membres de diffĆ©rentes Ɖglises veut ĆŖtre dĆ©jĆ  un signe d’accueil rĆ©ciproque.

Nous pourrons ainsi rendre gloire Ć  Dieu d’un mĆŖme cœur et d’une seule voix (Romains 15,6) car, ainsi que l’a dit Chiara Lubich dans la cathĆ©drale protestante de St Pierre Ć  GenĆØve : Ā« Le temps prĆ©sent (…) exige de chacun de nous amour, unitĆ©, communion, solidaritĆ©. Il appelle aussi les Ɖglises Ć  recomposer l’unitĆ© brisĆ©e depuis des siĆØcles. C’est cela la rĆ©forme par excellence que le Ciel nous demande. C’est le premier pas, indispensable, vers la fraternitĆ© universelle avec tous les hommes et les femmes du monde. En effet, le monde croira si nous sommes unis Ā» .

Fabio Ciardi

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternitƩ universelle

Un moine bouddhiste qui annonce la fraternitƩ universelle

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Natalia Dallapiccola, Peppuccio ZanghƬ, Luce Ardente

Lorsque Luce Ardente a commencĆ© Ć  tĆ©moigner de l’IdĆ©al de l’unitĆ© aux moines bouddhistes, Giuseppe Maria ZanghƬ – Peppuccio pour beaucoup, rĆ©cemment disparu – l’a dĆ©fini comme “Un nouveau saintĀ Paul pour le bouddhisme.”

Sachant combien il Ć©tait difficile pour un moine de faire partie d’un mouvement chrĆ©tien et Ć©tranger, j’avais nourri des doutes Ć  propos de la rĆ©alisation concrĆØte de son affirmation. AprĆØs exactement 20Ā ans, je peux dire que ces paroles s’accomplissent.

Tout a commencĆ© en 1995, lorsqu’un moine bouddhiste arrivait pour la premiĆØre fois au centre du Mouvement des Focolari: il s’appelait, Ć  cette Ć©poque, Phra Mahathongrattanathavorn. Il Ć©tait venu Ć  Rome pour accompagner un disciple, Somjit, qui faisait l’expĆ©rience en tant que moine pour une brĆØve pĆ©riode avant le mariage, suivant la tradition de tous les jeunes bouddhistes. Phra Mahathongrat, qui signifie ā€˜or fin’, a rencontrĆ© Chiara Lubich Ć  cette occasion et a Ć©tĆ© trĆØs impressionnĆ©. Elle aussi a Ć©tĆ© touchĆ©e par cette personne et lui a donnĆ©, Ć  sa demande, un nom nouveau: Luce Ardente (LumiĆØre Ardente).

Jamais je n’avais remarquĆ© chez lui, le connaissant depuis des annĆ©es, une force et un enthousiasme aussi fort que durant ces jours-lĆ , dans l’annonce la fraternitĆ© universelle, l’idĆ©al de ā€˜maman Chiara’ (comme il l’appelle encore aujourd’hui). Aujourd’hui, lors d’une cĆ©rĆ©monie importante, Ć  laquelle il m’a invitĆ©, Luce Ardente a demandĆ© la parole devant plus de 120Ā moines, dont les plus hautes autoritĆ©s bouddhistes de la rĆ©gion. Il a donnĆ© spontanĆ©ment, mais trĆØs clairement, le tĆ©moignage de son expĆ©rience avec Chiara Lubich et avec le Focolare, et a ouvertement dĆ©clarĆ© qu’il est un membre de la grande famille de Chiara, prĆ©sente dans plus de 120Ā nations, avec des millions de membres.

20150130LuceArdenteLButoriLes moines ont Ć©coutĆ©, pas du tout ennuyĆ©s: certains amusĆ©s, d’autres intĆ©ressĆ©s, quelques-uns aussi perplexes, comme il est normal dans n’importe quelle ‘communautĆ© religieuse’. Avant, durant et aprĆØs la cĆ©rĆ©monie, Luce Ardente, souvent au-delĆ  des rĆØgles, a voulu saluer chacun, manifestant le plus grand respect et attachement envers les moines les plus Ć¢gĆ©s.

Luce Ardente aime rĆ©pĆ©ter ces jours-ci: “Le moment est arrivĆ© pour moi de dire Ć  tous les bouddhistes tout le bien que maman Chiara a fait Ć  ma vie comme moine. Je sens qu’elle continue Ć  me donner une impulsion intĆ©rieure et une force pour apporter Ć  tous l’idĆ©al de la fraternitĆ© entre tous”.

La mort de Peppuccio – qui a beaucoup fait pour le dialogue interreligieux – le dĆ©but du processus de bĆ©atification de Chiara, sont des moments forts et importants, non seulement pour nous chrĆ©tiens, mais pour tous les membres du Mouvement. Luce Ardente a dĆ©clarĆ©, le lendemain du 14 mars 2008, jour où Chiara quittait cette terre: “Chiara n’appartient plus seulement Ć  vous chrĆ©tiens, mais maintenant elle et son idĆ©al sont l’hĆ©ritage de l’humanitĆ© entiĆØre”. Ces derniers jours, que je qualifierais de spĆ©ciaux, ces faits tĆ©moignent que les paroles de Peppuccio s’accomplissent sous nos yeux.

Suivant sur internet la cĆ©rĆ©monie d’ouverture de la cause de bĆ©atification de Chiara Lubich, Luce Ardente commente: “Maintenant, nous devons tĆ©moigner, encore plus, ensemble, de la saintetĆ© de Chiara”.

Ā 

Où cela va-t-il bien finir ?

Où cela va-t-il bien finir ?

a Villa Achillia

Sœur Mariella Giannini (deuxiĆØme Ć  gauche) au centre des religieuses du Mouvement des Focolari Ć  Grottaferrata, Roma

DĆ©fendre la vie humaine en situation de fragilitĆ©. C’est ce qui anime les Sœurs HospitaliĆØres du SacrĆ© Cœur de JĆ©sus, la famille de sœur Mariella Giannini, une religieuse qui vit de la spiritualitĆ© du mouvement des Focolari qui nous livre ici son histoire. « A travers la rencontre avec le charisme de l’unitĆ© de Chiara Lubich, raconte-t-elle, j’ai pu retrouver mon identitĆ© de religieuse, habitĆ©e par le charisme de l’hospitalitĆ©, spĆ©cifique Ć  notre institut.Ā»

Les Philippines, l’Espagne et l’Italie sont les Ć©tapes qui ont marquĆ© mon cheminement. La dĆ©couverte que « Dieu nous aime immensĆ©mentĀ Ā» l’a fortement marquĆ©eĀ ; et malgrĆ© cela arrive assez vite une pĆ©riode de tristesse qu’on voudrait Ć©viter Ć  tout prix, surtout quand on a choisi de donner sa vie d’une faƧon aussi radicale.

« Il s’agissait d’une forte douleur morale nous confie sœur Mariella, d’un moment d’Ć©preuve et peut-ĆŖtre aussi de tentationĀ ; en tous cas, d’un moment de lutte contre Dieu. L’obscuritĆ© est arrivĆ©e Ć  l’improvisteĀ ; la nuit s’est installĆ©e en mĆŖme temps que le silence d’une mer obscure et profonde … comme un fleuve boueux Ć  traverser. Je me demandais où cela allait finirĀ ; je n’avais plus d’avenir.Ā Ā»

Elle se rappelle avec Ć©motion ces moments terribles et nous confie que malgrĆ© l’obscuritĆ©, elle n’a pas cessĆ© de se donner aux autres. « Puis, d’une faƧon inattendue, la rencontre avec le cri de JĆ©sus sur la croixĀ : « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Lui qui, de faƧon absurde est sans rĆ©ponse, c’est Lui la clef de ma douleur et de toute souffrance humaine.Ā Ā»

Un passage dĆ©licat qui a trouvĆ© une issue non pas par la force de la volontĆ© mais dans l’abandon confiant Ć  Dieu. « Dans chaque famille religieuse -continue sr Mariella-, il est inĆ©vitable qu’il y ait des problĆØmes car l’Ć©goĆÆsme n’est jamais pour toujours dĆ©racinĆ©. Mais c’est dans ton for intĆ©rieur que changent certaines choses. Je l’ai expĆ©rimentĆ© d’une faƧon spĆ©ciale avec nos collaborateurs laĆÆcs que je ne regarde plus comme des Ć©trangers ou mĆŖme comme des personnes qui dĆ©pendent de moi, mais comme des frĆØres et des sœurs, avec qui je partage le charisme de l’unitĆ© pour rĆ©aliser ensemble de nouveaux projets. En outre, Dieu m’a donnĆ© aussi une nouvelle famille avec le mouvement des Focolari. Mon cœur s’est dilatĆ©. Le charisme de l’hospitalitĆ© et celui de l’unitĆ© sont devenus pour moi une unique force, une dynamite qui renouvelle la maison de DieuĀ : l’Église.Ā Ā»

Elle parle en connaissance de cause, Ć©tant donnĆ© les responsabilitĆ©s diverses et dĆ©licates qui lui ont Ć©tĆ© confiĆ©es en tant que conseillĆØre provinciale et dans ses dĆ©placements Ć  travers le monde. « L’amour appelle toujours l’amour,Ā  dit-elle avec conviction. J’ai pu le constater et le vivre, puisque, aprĆØs la charge de provinciale pour l’Italie que la congrĆ©gation lui a confiĆ©e, elle a Ć©tĆ© envoyĆ©e aux Philippines comme formatrice du juniorat. Cette premiĆØre formation est une tĆ¢che dĆ©licate, fascinante et prenante, mais lorsqu’on prend le temps de dialoguer et d’Ć©tablir un rapport de cœur Ć  cœur, alors je deviens le giron où se dĆ©verse toute souffrance passĆ©e et prĆ©sente. Vivre ainsi me fait dĆ©passer les barriĆØres de langue, de culture et de gĆ©nĆ©rationĀ Ā».

Des Philippines elle se rend en Espagne pour prĆ©parer les jeunes sœurs aux vœux perpĆ©tuels. De retour en Italie, Ć  Viterbo, elle est au service d’un groupe de malades psychiques, alcooliques et de personnes prĆ©sentant des troubles de comportement. Elle visite rĆ©guliĆØrement les dĆ©tenus dans la grande maison d’arrĆŖt de la ville. JĆ©sus donne beaucoup de joie aussi Ć  ces derniers puisque c’est Lui qui, le premier, a choisi d’ĆŖtre le dernier. Lorsque se rencontrent ces deux pĆ“lesĀ : Dieu et l’homme, le rapport s’illumine mystĆ©rieusement et les cœurs se rĆ©chauffent.Ā Ā»

Pape FranƧois : Chiara Lubich, lumineux exemple de vie

Pape FranƧois : Chiara Lubich, lumineux exemple de vie

20150127_CarisMendesPX5A2726_800x600L’atmosphĆØre, tintĆ©e de solennitĆ© et de priĆØre a cependant un air de fĆŖte. AprĆØs l’intonation des vĆŖpres et des chants, le cĆ©lĆ©brant annonce, Ć  la surprise pleine de joie des participants, l’arrivĆ©e d’un message du Pape FranƧois. La missive pontificale porte la signature du SecrĆ©taire d’Ɖtat, le cardinal Pietro Parolin. Elle est adressĆ©e Ć  MgrĀ Raffaello Martinelli, Ć©vĆŖque de Frascati, chargĆ© d’ouvrir officiellement le “ProcĆØs sur la vie, les vertus, la renommĆ©e de saintetĆ© et les signes” de Chiara Lubich. Le diocĆØse de Frascati est en fait le territoire sur lequel est implantĆ© le Centre international du mouvement des Focolari où Chiara a vĆ©cu une grande partie de sa vie et où elle est morte (le 14Ā mars 2008).

« À l’occasion de l’ouverture de la Cause de bĆ©atification et canonisation de Chiara Lubich – dit le message du Pape –, qui a lieu dans la cathĆ©drale de Frascati, Sa SaintetĆ© le Pape FranƧois, adresse ses cordiales pensĆ©es. Il souhaite que le lumineux exemple de vie de la fondatrice du Mouvement des Focolari suscite en tous ceux qui gardent son prĆ©cieux hĆ©ritage spirituel, de nouvelles rĆ©solutions d’adhĆ©sion fidĆØle au Christ et de gĆ©nĆ©reux service Ć  l’unitĆ© de l’Église.

Le Saint PĆØre invoque d’abondants dons de l’Esprit divin sur tous ceux qui sont engagĆ©s dans la postulation. Il exhorte Ć  faire connaĆ®tre au peuple de Dieu la vie et les œuvres de celle qui, accueillant l’invitation du Seigneur, a allumĆ© pour l’Église une lumiĆØre nouvelle sur le chemin de l’unitĆ©. Alors qu’il demande de prier pour soutenir son ministĆØre universel de successeur de l’ApĆ“tre Pierre, il envoie, par l’intercession de la Vierge sainte, Ć  vous, Excellence, Ć  la Postulation, Ć  l’Œuvre de Marie tout entiĆØre et Ć  tous ceux qui participent Ć  cet Ć©vĆ©nement plein de joie, sa bĆ©nĆ©diction apostolique. Du Vatican, 27Ā janvier 2015Ā Ā».

Maria Voce, au nom de tout le mouvement des Focolari dans le monde qui suit l’Ć©vĆ©nement via internet, exprime la gratitude de tousĀ : « Nous voulons avant tout exprimer notre joie, notre Ć©motion, notre surprise pour ce message du Saint PĆØre auquel nous voulons envoyer notre remerciement et l’assurance de notre priĆØre, priĆØre qu’il nous a demandĆ©eĀ ; mais aussi l’assurance de notre engagement Ć  continuer la diffusion de cette “lumiĆØre nouvelle” qu’il a prĆ©sentĆ©e comme un don de Chiara Ć  l’Église et Ć  l’humanité ».

L’applaudissement des participants a soulignĆ© l’immense joie et la gratitude de tout le “peuple focolarino”.

 

 

Chiara Lubich: une nouvelle lumiĆØre pour l’Eglise.

Chiara Lubich: une nouvelle lumiĆØre pour l’Eglise.

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Card. João Braz de Aviz, Jesús MorÔn et Maria Voce, co-président et présidente des Focolari

En ce mardi 27 janvier, jour où partout dans le monde on fait MĆ©moire de la tragĆ©die de la Shoah et de toutes celles qui continuent d’ensanglanter notre planĆØte, la cathĆ©drale de Frascati est bondĆ©e, malgrĆ© l’heure de pointe d’un jour ouvrable. C’est pour que Ā«l’humanitĆ© et notre histoire puissent connaĆ®tre de nouveaux dĆ©veloppements de la paixĀ» que Maria Voce souhaite la reconnaissance de la vie exemplaire de Chiara Lubich : prĆ©cisĆ©ment parce que son regard et son cœur Ć©taient animĆ©s par un amour universel, capable d’embrasser tous les hommes au-delĆ  de toutes les diffĆ©rences, toujours orientĆ© vers la rĆ©alisation du testament de JĆ©sus, Ā« Que tous soient Un Ā».

Un long applaudissement exprime la reconnaissance envers le pape FranƧois qui, dans son message, exhorte ā€œĆ  faire connaĆ®tre au peuple de Dieu la vie et les œuvres de celle qui, en accueillant l’invitation du Seigneur, a suscitĆ© pour l’Eglise une nouvelle lumiĆØre sur son chemin vers l’unitĆ© Ā». Maria Voce, au nom du peuple des Focolari, assure Ā« l’engagement Ć  continuer de rĆ©pandre cette lumiĆØre nouvelle que le pape a indiquĆ©e Ā» en parlant de Chiara.

La retransmission en streaming a permis de suivre l’évĆ©nement en direct, avec une traduction simultanĆ©e en anglais, en franƧais, en espagnol et en portugais : plus de 18000 points ont Ć©tĆ© reliĆ©s, dont certains ont rassemblĆ© des centaines de personnes (comme la Mariapoli Ginetta au BrĆ©sil ou la CitĆ© pilote de Loppiano en Toscane – Italie).

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Mons. Raffaello Martinelli, évêque de Frascati

ā€œLa tĆ¢che qui nous attend n’est pas facileā€, dĆ©clare l’évĆŖque de Frascati, Mgr Rafaello Martinelli, Ā« mais c’est un service que nous voulons rendre Ć  l’Eglise pour offrir un tĆ©moignage de foi, d’espĆ©rance et de charitĆ© Ć  travers l’œuvre et la vie d’une de ses filles Ā».

On a pu voir une large reprĆ©sentation internationale, Ć  commencer par les cardinaux Tarcisio Bertone, Ennio Antonelli, Joao Braz De Aviz, Miloslav Vlk, de nombreux Ć©vĆŖques parmi lesquels Carlos Tissera de l’Argentine et Brendan Leahy de l’Irlande ; une prĆ©sence œcumĆ©nique avec l’Archimandrite SimĆ©on Catsinas, de l’Eglise orthodoxe de Rome, reprĆ©sentant le Patriarcat œcumĆ©nique de Constantinople, et le PĆØre Gabriel, curĆ© de la paroisse orthodoxe roumaine de Rocca di Papa, envoyĆ© par Siluan, l’évĆŖque orthodoxe roumain d’Italie.

Parmi les amis de Chiara Lubich sont prĆ©sents les fondateurs et reprĆ©sentants d’autres mouvements. Le monde musulman ne manque pas, avec la prĆ©sence du Directeur de l’Institut Tevere, Cenap Mustafa Aydin (Turquie), tĆ©moignant ainsi d’une volontĆ© de poursuivre le dialogue en ce moment difficile. Le Professeur Mizumo, du Japon, est venu reprĆ©senter le mouvement Bouddhiste Rissho Kosei-Kai. Le drapeau tricolore signale la prĆ©sence de plusieurs maires des communes limitrophes, une dĆ©lĆ©gation est venue de Trente, la ville natale de Chiara, ainsi que des membres de la famille de la Servante de Dieu.

20150127-02ā€œChiara nous invite Ć  vivre l’Evangile et Ć  ĆŖtre fidĆØles Ć  Dieu Ā», raconte Joao, un jeune brĆ©silien, Ā« je pense que nous ne pouvons pas ĆŖtre fidĆØles sans viser Ć  la saintetĆ©, c’est ce que Dieu veut Ā». Et Francesca, 13 ans : Ā« Chiara m’a frappĆ©e par sa grande foi : il semblerait difficile de transmettre Ć  des jeunes, et pourtant elle nous la communiquait avec une simplicitĆ© Ć©tonnante Ā»

La cĆ©rĆ©monie. C’est par une sĆ©rie d’actes juridiques que l’on ouvre une cause de canonisation, mais, souligne l’évĆŖque de Frascati – Ā« nous voulons les transformer en une mĆ©ditation Ā». C’est la raison pour laquelle la cĆ©rĆ©monie a commencĆ© par la rĆ©citation des VĆŖpres. La mise en place du Tribunal s’est dĆ©roulĆ©e dans un climat empreint de ferveur et de solennitĆ©. Elle a Ć©tĆ© prĆ©cĆ©dĆ©e de la lecture du Ā« supplice libello Ā», l’acte par lequel le Mouvement des Focolari a demandĆ© en dĆ©cembre 2013 l’ouverture de la cause. Au cours des six annĆ©es qui nous sĆ©parent de la mort de Chiara Lubich – prĆ©cise le document – Ā« L’estime de la puretĆ© et de l’intĆ©gritĆ© de la vie de la Servante de Dieu, de sa pratique hĆ©roĆÆque des vertus, ainsi que des grĆ¢ces et des faveurs reƧues de Dieu Ć  travers son intercession, a grandi de maniĆØre continuelle et rĆ©guliĆØre, elle s’est diffusĆ©e toujours davantage parmi les fidĆØles du monde entierĀ». Ont suivi la lecture du Ā« nihil obstat Ā» de la CongrĆ©gation des Causes des Saints et l’installation du tribunal.

C’est Mgr Angelo Amati, dĆ©lĆ©guĆ© de l’évĆŖque, qui conduira l’étape de l’enquĆŖte diocĆ©saine, aidĆ© par le RĆ©v. Emmanuele Faweh Kazah, nigĆ©rian, comme Promoteur de Justice et par la notaire Patrizia Sabatini, qui a dĆ©jĆ  travaillĆ© au cours de ces derniers mois Ć  recueillir une cinquantaine de tĆ©moignages, afin de ne pas perdre ceux des premiers Ā« qui, depuis le dĆ©but, ont permis de tĆ©moigner de la beautĆ© et de la possibilitĆ© de parcourir ensemble, en unitĆ©, le chemin vers l’unique but Ā», tels sont les propos de Maria Voce qui a rappelĆ© au souvenir de tous les premiers compagnons et compagnes de Chiara. Certains Ć©taient prĆ©sents Ć  la cĆ©rĆ©monie.

La postulation dĆ©signĆ©e par la prĆ©sidente des Focolari est composĆ©e du postulateur, don Silvestre Marques, portugais, et des vice-postulateurs, l’italienne Lucia Abignente et la hollandaise Waldery Hilgeman. Le Tribunal a dĆ©jĆ  fixĆ© sa prochaine audience, pour Ć©couter, le 12 fĆ©vrier prochain, le tĆ©moignage de Maria Voce, la premiĆØre d’une liste d’environ 100 personnes.

CommuniquƩ de press

La priĆØre d’intercession

Pour revoir la transmission:http://live.focolare.org/reply.asp

 

 

Chiara Lubich Servante de Dieu

Chiara Lubich Servante de Dieu

Cattedrale_FrascatiC’est dans une grande joie, « multipliĆ©e par les Ć©chos de joie parvenus du monde entierĀ Ā» que Maria Voce, prĆ©sidente des Focolari, a accueilli la nouvelle de l’ouverture de la cause de bĆ©atification de Chiara.L’annonce en a Ć©tĆ© faite par l’Ć©vĆŖque de Frascati, MgrĀ Raffaello Martinelli, qui a indiquĆ© le 27Ā janvier comme date pour la cĆ©rĆ©monie d’ouverture du procĆØs dans la cathĆ©drale de Frascati. C’est dans son diocĆØse que Chiara Lubich a vĆ©cu une grande partie de sa vie. Elle y est morte en 2008.

C’est ce qu’a expliquĆ© Maria Voce aux micros de Radio VaticanĀ : « J’ai tout de suite communiquĆ© cette joie Ć  tous ainsi que notre gratitude Ć  l’Ć©vĆŖque qui s’est vraiment efforcĆ© de suivre avec attention tout le travail prĆ©liminaire nĆ©cessaire pour arriver Ć  ce moment. Une grande gratitude aussi envers l’Église qui nous permet de montrer la beautĆ© d’une vie engagĆ©e comme celle de Chiara.Ā Ā».

Maria Voce continue, dans l’interviewĀ : « elle a toujours rĆŖvĆ© du jour où l’on puisse vraiment parler d’une saintetĆ© de peuple, car elle voyait que l’on devient saints en faisant la volontĆ© de Dieu, ce que Dieu demande Ć  toute personne nĆ©e sur terre. Son dĆ©sir n’Ć©tait pas tant de devenir sainte, personnellement – mĆŖme si elle avait Ć©videmment prĆ©sent Ć  l’esprit que la volontĆ© de Dieu est “votre sanctification” – mais son dĆ©sir Ć©tait que beaucoup, de nombreuses personnes s’acheminent sur cette voie de sainteté ». Travailler pour que soit reconnue la saintetĆ© de Chiara signifie donc, pour Maria Voce, « travailler pour que soit reconnue cette possibilitĆ©, ouverte Ć  tous, de devenir saintsĀ Ā».

Comment le Mouvement des Focolari est-il impliquĆ© sur ce cheminĀ ? Ā« Par un engagement renouvelĆ© afin que l’Église voie dans les disciples de Chiara le tĆ©moignage vivant de ce modĆØle que Chiara a Ć©tĆ© pour nous et qui continue Ć  l’ĆŖtreĀ Ā».

MariaVoce_2014« Le tĆ©moignage d’affection de si nombreuses personnes envers Chiara Lubich, continue inchangé », commente-t-on de Radio Vatican. « InchangĆ© et grandissant, pourrais-je direĀ : c’est un tĆ©moignage d’affection qui vient aussi de ceux qui ne l’ont pas connue personnellement. C’est sĆ»r que ceux qui l’ont connue perƧoivent que c’est un moment particulier de grĆ¢cesĀ : je parle aussi bien des autoritĆ©s de l’Église que des prĆ©sidents et fondateurs d’autres Mouvements et des personnes d’autres religions et d’autres ƉglisesĀ Ā».

Et pour les personnes qui devront examiner les documents Ć©crits, les discours, les vidĆ©os, leur mission ne sera pas simpleĀ : « Il existe une mer de documents et d’Ć©crits qui ont dĆ©jĆ  Ć©tĆ© remis pour cet examen. Et il y a les vidĆ©os, les enregistrements audio faits par ChiaraĀ ; des lettres que Chiara a Ć©crites… Il y a Ć©normĆ©ment de ‘matĆ©riel’ et ce sera sĆ»rement un gros travail pour tout le Tribunal, un engagement qui nous implique nous aussi dans la prĆ©paration de ces documents, le mieux possible, afin que l’Église puisse tout examinerĀ Ā».

En rĆ©sumĆ©, un mot pour dire la saintetĆ© de ChiaraĀ ? « Je dirais, la normalité : on peut ĆŖtre saint en conduisant une vie normale. Les fruits extraordinaires de cette vie normale sont des fruits qui viennent de Dieu, du rapport de Chiara avec Dieu et du rapport normal de Chiara avec son peuple. Vivre normalement une vie extraordinaireĀ : Chiara nous en a donnĆ© l’exemple mĆŖme si, logiquement, il y a eu des moments extraordinaires dans sa vie. Cependant, elle nous a donnĆ© l’exemple de la saintetĆ© dans la normalitĆ© et non seulement dans les moments extraordinairesĀ Ā».

Et sur Chiara Lubich, “femme du dialogue”, tellement nĆ©cessaire ces jours-ci, elle affirmeĀ : « Je pense que dans ce domaine, Chiara a encore beaucoup Ć  dire pour construire des rapports authentiques et profonds entre les civilisations, entre les ethnies, entre les religions, pour s’opposer Ć  cette vague de violence qui semble avoir envahi le monde. Ainsi, l’affirmation de la saintetĆ© d’une personne qui a fait de sa vie un symbole de dialogue, pourrait ĆŖtre un signe en ce momentĀ Ā».

Interview complĆØte sur Radio Vaticana

Une saintetĆ©  ā€œsocialisĆ©eā€

Une saintetĆ© “socialisĆ©e”

IginoGiordaniChiaraLubich

« Ce qui m’Ć©tait apparu, dans les hagiographies, un rĆ©sultat d’ascĆØse laborieuse, rĆ©servĆ©e Ć  de rares chercheurs, devint patrimoine commun et on comprenait pourquoi JĆ©sus avait pu inviter tous ceux qui le suivaient, Ć  devenir parfaits Ć  la maniĆØre du PĆØreĀ : parfaits comme DieuĀ !

Tout vieux et tout neuf.

C’Ć©tait une nouvelle disposition, un nouvel esprit. La clĆ© du mystĆØre avait Ć©tĆ© trouvĆ©eĀ : c’est-Ć -dire qu’on avait fait place Ć  l’amour, trop souvent barricadé : et celui-ci jaillissait, tout comme la flamme, en se dilatant, et grandissait jusqu’Ć  se faire incendie.

Cette ascension Ć  Dieu, pensĆ©e inaccessible, Ć©tait facilitĆ©e et ouverte Ć  tous, s’Ć©tant retrouvĆ©e pour tous, la voie de la maison, avec le sens de la fraternitĆ©. Cette ascĆØse qui paraissait terrifiante (cilices, chaĆ®nes, nuits obscures, renoncements), devint facile, car faite en compagnie, avec l’aide des frĆØres, avec l’amour du Christ.

Une saintetĆ© collectivisĆ©e, socialisĆ©e renaissait (pour utiliser deux expressions qui seront popularisĆ©es plus tard par Vatican II)Ā ; tirĆ©e de l’individualisme qui habituait chacun Ć  se sanctifier pour soi, en cultivant mĆ©ticuleusement, avec une analyse sans fond, la propre Ć¢me, au lieu de la perdre. Une piĆ©tĆ©, une vie intĆ©rieure, qui sortait des rĆ©duits des maisons religieuses, exclusivisme des classes privilĆ©giĆ©es, – sĆ©parĆ©es parfois jusqu’Ć  en ĆŖtre en-dehors, sinon contre, la sociĆ©tĆ©, qui est ensuite en grande partie, l’Église vivante – se dilatait sur les places, dans les ateliers et les bureaux, dans les maisons et dans les champs, comme dans les couvents et les cercles de l’Action catholique, partout, en rencontrant des hommes, on rencontrait des candidats Ć  la perfection.

Et donc, l’ascĆØse Ć©tait rĆ©solue en une aventure universelle de l’amour divinĀ : et l’amour gĆ©nĆØre lumiĆØreĀ Ā».

« La vie est une unique occasion Ć  exploiter. A exploiter sur terre pour la prolonger dans l’Ć©ternitĆ©. Pour faire de la terre une anticipation au ciel, en l’insĆ©rant dans la vie de Dieu, ici, comme lĆ . Ne pas l’abĆ®mer par des prĆ©occupations d’ambitions et d’avarices, ne pas l’abrutir avec des rancœurs et des hostilitĆ©sĀ : en la divinisant – en l’Ć©largissant dans le sein de l’ Eternel – avec l’Amour. Et lĆ  où est l’amour, lĆ  est Dieu. Et chaque moment est exploitĆ© par amour, et donc, donner DieuĀ : c’est en fait absorber Dieu pour soi et pour les autres.

Et dans cette faƧon de vivre, rĆ©side la libertĆ© des enfants de Dieu, pour laquelle l’esprit n’est pas immobilisĆ© par des prĆ©jugĆ©s. Divisions, oppositions, les barrages Ć  l’esprit de Dieu.

Celui qui vit ainsi ne pense pas Ć  se sanctifier, il pense Ć  sanctifier. Il s’oublie soi-mĆŖmeĀ : il s’en dĆ©sintĆ©resse. Il se sanctifie en sanctifiantĀ : il s’aime en aimantĀ ; il se sert en servant.

Ainsi, l’œuvre- mĆŖme de se sanctifier a une tendance socialeĀ : ce continuel fait de donner et de se donner fait de l’Ć©lĆ©vation des Ć¢mes, une œuvre communautaire.

« Soyez parfaits comme mon PĆØreĀ Ā» commande JĆ©susĀ : et on devient parfaits dans la volontĆ© du PĆØre en s’unifiant entre nous pour s’unifier avec Lui, Ć  travers ChristĀ Ā».

SourceĀ : Centre Igino Giordani