Mouvement des Focolari
Giordani: la tĆ¢che de l’écrivain

Giordani: la tĆ¢che de l’Ć©crivain

IginoGiordani_scrittore-aĀ«Dans un monde rationnel, l’Ć©crivain devrait se sentir au centre de la vie collectiveĀ : comme celui qui dirige et interprĆØte l’Ć¢me du peuple.

Mais le monde est pour une part dirigĆ© par la rationalité : d’un autre cĆ“tĆ©, il est dirigĆ© par l’instinct, par des passions irrationnellesĀ : par exemple par la peur, et alors, l’Ć©crivain devient populaire en fonction de ce qu’il recueille et peut-ĆŖtre en fonction des instincts des masses qu’il exaspĆØre.

Aujourd’hui sont souverains la technique, la mĆ©canique, le sport, le cinĆ©ma d’une part, la dĆ©magogie, l’affairisme, la politique d’abord de l’autreĀ : et l’Ć©crivain – s’il ne veut pas se rĆ©duire Ć  la fonction marginale – doit se mettre au service d’intĆ©rĆŖts matĆ©riels et passionnelsĀ ; Ć©crire pour un journalisme souvent nĆ©cessairement asservi, par son Ć©norme coĆ»t, Ć  des groupes industriels, Ć  des partis politiques, Ć  des idĆ©ologies et Ć  des professions qui ne visent que la rentabilitĆ©. La libertĆ© de presse se perd parce que la presse se rarĆ©fie sous la pression financiĆØreĀ ; et la libertĆ© de l’Ć©crivain se perd. Ceci aide Ć  expliquer la disparition du type de grand Ć©crivainĀ ; et cela aide Ć  expliquer pourquoi plus d’un, transfĆØre son exercice dans l’arĆØne politique ou cherche un soulagement dans d’autres domaines.

Par ailleurs, si c’est la dĆ©cadence rationnelle des peuples qui produit la rarĆ©faction, l’Ć©puisement de l’Ć©crivain et le rĆ©duit Ć  la marginalitĆ©, c’est Ć©galement vrai que c’est aussi la dĆ©cadence spirituelle, morale et intellectuelle de celui qui Ć©crit qui produit l’Ć©loignement des lecteurs. La vĆ©ritĆ© est que l’Ć©crivain est la cause et l’effet de son milieu social. Il faudrait qu’il y ait plus de cause que d’effet. Que s’il Ć©tait ce qu’il doit ĆŖtreĀ : un maĆ®tre ou presque dirais-je, un apĆ“tre ou un prophĆØte, le peuple le suivrait et le lapideraitĀ : il montrerait en somme un vif intĆ©rĆŖt aux manifestations de son esprit. La place de l’Ć©crivain est d’avant-gardeĀ : presque de reconnaissanceĀ : dans tous les cas de risque. En effet, pour accomplir une mission apostolique, de formation et d’Ć©lĆ©vation, l’Ć©crivain risque pauvretĆ© et incomprĆ©hension.

La position de l’Ć©crivain est relative Ć  la valeur du message qu’il porte ainsi qu’Ć  la force et aux faƧons de l’expression artistique avec lesquelles il le porte.

Dans un monde où la technique et l’organisation, la planification et le centralisme, l’esprit grĆ©gaire et la fatigue de la libertĆ© ont submergĆ© l’Ć¢me de l’homme, en l’accablant de bruits et d’ordres, un Ć©crivain libre qui concourrait Ć  la libĆ©ration spirituelle – Ć  la rĆ©demption de l’homme – en aidant Ć  surmonter le ”dĆ©sĆ©quilibre”entre monde extĆ©rieur immense et monde intĆ©rieur exigu, il accomplirait une tĆ¢che plus grande que celle des hommes d’État les plus en vogue.

Dans un monde lĆ©zardĆ© par les scissions et tremblant de la peur produite par la haine, une parole de fraternitĆ© et d’humanitĆ©, c’est – Ć - dire de charitĆ©, dite avec clartĆ©, beautĆ© et puissance, consacrerait son auteur Ć  la gratitude des peuples, en lui confĆ©rant une situation de centre dans l’orbite de la civilisationĀ Ā».

(De : Igino Giordani, Il compito dello scrittore, « La Via », 2.2.1952, p.3)

Ɖvangile et vie: toujours accueillir

Ɖvangile et vie: toujours accueillir

“Notre fille, aprĆØs une douloureuse et cuisante dĆ©ception (l’échec de la relation avec son copain), vit chez nous avec sa fille. Elle est souvent peinĆ©e et agressive. Un matin, pour un rien, elle nous malmĆØne, ses frĆØres et moi, hurle et part au travail en claquant la porte. Je suis vexĆ©e, j’ai l’impression qu’elle a dĆ©passĆ© toute limite. Nous ne mĆ©ritons pas ce traitement. Mais que faire pour qu’elle ressente mon amour? Je prĆ©pare un repas de fĆŖte, je fais un gĆ¢teau, je mets la plus belle nappe… Lorsqu’elle rentre, je la salue comme si de rien n’était. Elle sourit et je sens que non seulement j’ai pardonnĆ©, mais j’ai oubliĆ©. L’harmonie revient parmi nous.”

(R.B. – Italie)

20150221-01“Samedi. Mes parents et moi allions fermer notre magasin d’alimentation, lorsque deux types cagoulĆ©s sont entrĆ©s et nous ont ordonnĆ© d’ouvrir le coffre-fort. Papa, pensant Ć  un vol avec des armes factices, leur a demandĆ© de partir. Mais, un coup est parti et l’a blessĆ© superficiellement. AprĆØs la fuite des malfrats, en un instant, je me suis rappelĆ© qu’il existe des gens diffĆ©rents, qui œuvrent pour les jeunes d’un quartier Ć  risque d’une autre ville sicilienne. J’ai alors dĆ©cidĆ©, avec des amis, de faire moi aussi quelque chose pour empĆŖcher tout jeune d’entrer dans le giron de la pĆØgre. Avec une certaine hĆ©sitation, je me suis rendu dans un quartier Ć  risque et, une fois les vrais problĆØmes de l’endroit connus, j’ai pris contact avec l’administration communale, avec les familles de quelques policiers tuĆ©s… Un groupe est nĆ©, et veut prouver, surtout aux plus jeunes, qu’il existe un monde sans violence, meilleur. Ce samedi a changĆ© ma vie.”

M. – Sicile, Italie)

“J’avais douze ans lorsque mes parents se sont sĆ©parĆ©s. Au milieu de tant de douleurs, une en particulier ne m’apaisait pas: je ne rĆ©ussissais pas Ć  pardonner Ć  papa de nous avoir quittĆ©s pour former une autre famille. Au dĆ©but, lorsqu’il tĆ©lĆ©phonait, je ne voulais mĆŖme pas lui rĆ©pondre. Jusqu’au jour où, demandant de l’aide Ć  JĆ©sus, j’ai trouvĆ© le courage de lui prouver que je ne lui en voulais plus. La fĆŖte des pĆØres m’en a donnĆ© l’occasion. Quand je lui ai apportĆ© mon cadeau, je l’ai vu Ć©mu. Il m’a confiĆ© que, au-delĆ  de tout, pour lui la chose la plus importante Ć©taient et restaient ses enfants. ƀ partir de ce moment-lĆ , c’était comme lui avoir rouvert la porte de mon cœur. Ensuite, le sachant trĆØs seul, je lui ai spontanĆ©ment parlĆ© de Dieu, qui aime chacun immensĆ©ment. Il s’est apaisĆ© et a exprimĆ© le souhait d’approfondir le sujet. L’expĆ©rience avec papa me fait comprendre que tous peuvent se tromper, mais que chacun doit avoir la possibilitĆ© de se relever.”

(H. – BrĆ©sil)

 

Libye dans le chaos : une voix courageuse

« Mgr Giovanni Martinelli est un ”petit-grand homme”. Un homme de courage qui, malgrĆ© un grave problĆØme de santĆ© qui l’a touchĆ© il y a deux ans, continue obstinĆ©ment Ć  vouloir rester dans sa Libye, pour assister, comme un pasteur affectueux, ses brebis dĆ©sormais rĆ©duites Ć  une poignĆ©e de philippines qui travaillent dans les hĆ“pitaux en tant qu’infirmiĆØres et qui ”ne peuvent” quitter le Pays. « Je n’ai rien de particulier Ć  dire – commence-t-il – nous sommes devenus orphelins de l’ambassadeur qui est parti. Mais je le rĆ©pĆØte, je n’ai rien Ć  dire, nous sommes ici parce que JĆ©sus nous veut ici. Je suis au service du peuple, je ne suis pas ici pour je ne sais quel pouvoirĀ Ā». Et la communautĆ© catholiqueĀ ? ” La communautĆ© chrĆ©tienne existe encore, nous sommes tranquilles”. Vous ĆŖtes tranquillesĀ ? ‘‘Nous avons Ć  peine cĆ©lĆ©brĆ© la messe, Dieu est avec nous, pourquoi devrions-nous avoir peurĀ ?”. Le pĆØre Sylvester est-il aussi encore Ć  BengasiĀ ? ”Certainement – rĆ©pond Mgr Martinelli – lui aussi dit qu’on peut encore rester pour ĆŖtre proches de ce peuple tellement Ć©prouvĆ©” Que supposez-vous qu’il pourrait arriver dans le futurĀ ? ” Les prĆ©visions sont trĆØs difficiles Ć  faire, il est mĆŖme prĆ©fĆ©rable de ne pas en faire car bien trop souvent nous avons Ć©mis des hypothĆØses qui ne se sont ensuite pas rĆ©alisĆ©es. Il vaut mieux vivre jour aprĆØs jour, je dirais mĆŖme plus, moment par moment. Dans le moment prĆ©sent, tout y est. En ce moment je rencontre JĆ©sus, je rencontre les frĆØres, j’aime ce peuple”. Comment la situation Ć  Tripoli est-elleĀ ? ” Elle me semble assez calme, ils ne nous ont rien interdit. L’atmosphĆØre est tranquille et pacifique. Il n’y a pas de grand danger Ć  circuler pendant le jour. Bien sĆ»r, le soir, nous restons Ć  la maison”. PeurĀ ? ”Pour le moment, nous n’avons pas reƧu de menaces directes. On est en train de voir comment se dĆ©rouleront les choses. Peut-ĆŖtre nous couperont-ils la tĆŖte…Mais je la leur donnerai sur un plateau, car je suis ici pour mourir pour mes gens”. Comment voyez-vous le rĆ“le de l’Italie dans cette histoireĀ ? ”Elle s’est beaucoup engagĆ©e, en particulier l’ambassadeur, pour garder ouvert le canal du dialogue entre les diffĆ©rentes tribus, entre les diffĆ©rentes factions. L’Italie a fait jusqu’Ć  prĆ©sent une propagande de paix”. Comment voyez-vous une intervention armĆ©e Ć©trangĆØreĀ ? ”Je ne crois pas que ce soit la solution”. En 2011, quand soufflaient des menaces de guerre, vous disiez que si cela s’Ć©tait passĆ©, la Libye risquait d’exploser dans ses divisions tribales et politiques. Mais malheureusement les europĆ©ens semblaient certains que la dĆ©mocratie Ć©lective aurait contagionnĆ© positivement le Pays…” La prudence aurait Ć©tĆ© utile, Ć  cette Ć©poque comme actuellement. La diplomatie internationale devrait faire sa part pour remettre ensemble les morceaux de la Libye. Ils ne doivent pas imposer des visions politiques qui n’appartiennent pas Ć  ces gens”. Puis il reprend et conclutĀ :” Si on vient ici seulement avec les armes et sans une forte volontĆ© de dialogue, cela ne sert Ć  rien. Il faut venir ici pour aimer ce peuple, non pour servir les intĆ©rĆŖts des occidentaux, non pour exploiter le pĆ©trole ou d’autres ressources. Ici, on ne peut venir que si on a la volontĆ© de dialoguer avec les musulmans. Je suis ici pour cela et pour aucun autre but”. SourceĀ : CittĆ  Nuova online

#DoYouCare? Le dialogue, Ƨa t’intĆ©resse?

#DoYouCare? Le dialogue, Ƨa t’intĆ©resse?

20150219-01Un groupe de 80 jeunes chrĆ©tiens et musulmans. Un sujet : le multiculturalisme, les diffĆ©rentes religions, le dialogue. Une question : Ƨa t’intĆ©resse ? Une formule : celle de Ā« RegenerateĀ», deux jours dans l’Hertfordshire, dans un climat de dĆ©tente où l’on peut affronter aussi des questions brĆ»lantes. C’est une initiative des jeunes du Mouvement des Focolari de Grande-Bretagne et d’Irlande. Cette annĆ©e ils se retrouvent avec un groupe de l’Islamic Unity Society avec lesquels depuis des mois l’amitiĆ© et l’estime rĆ©ciproque grandissent grĆ¢ce Ć  des actions communes aussi diverses qu’organiser des sessions d’étude ou planter des arbres pour la paix.

Les participants ont Ć©coutĆ© en direct l’expĆ©rience du Professeur Mohammad Ali Shomali, Imam et directeur du centre Islamic d’Angleterre, qui s’est adressĆ© Ć  eux par visioconfĆ©rence depuis Paris. Il a encouragĆ© le groupe Ć  Ā« crĆ©er des occasions de dialogue avec chacun : le dialogue est ce qui nous caractĆ©rise en tant qu’êtres humains. Accepter de dialoguer avec quelqu’un de diffĆ©rent ne nous diminue pas, mais nous rend plus vrais envers nous-mĆŖmes Ā».

20150219-02InvitĆ©e d’honneur Angela Graham, journaliste qui a travaillĆ© pour la BBC. A travers sa propre expĆ©rience de femme ayant grandi en Irlande du Nord, elle a encouragĆ© les jeunes Ć  devenir Ā« des personnes de dialogue Ā» dans leurs propre milieu et Ć  chercher Ć  construire des ponts avec des personnes de culture et de foi diffĆ©rentes.

Au cours du week-end du 14-15 fĆ©vrier, au Focolar Center for Unity de Welwyn Garden City, se sont aussi dĆ©roulĆ©s des workshops sur des sujets allant du dialogue interreligieux aux rĆ©seaux sociaux, de la politique Ć  l’engagement au sein de la sociĆ©tĆ©. Ā« C’est impressionnant de voir qu’ici il y a des personnes aussi passionnĆ©es de vivre et de travailler avec Dieu Ā», affirme Mohammed Mozaffari, un des jeunes musulmans de l’Islamic Unity Society. Et Lucia du groupe des Jeunes pour un Monde Uni : Ā« Les diffĆ©rences ne sont pas un obstacle, mais une aide pour bĆ¢tir quelque chose ensemble Ā». Ā« MĆŖme celui qui avait plus de difficultĆ© Ć  s’identifier avec une foi prĆ©cise – racontent Nino e Mil, de l’équipe animatrice – s’est trouvĆ© Ć  l’aise et pleinement acteurĀ».

Ce rendez-vous n’est pas passĆ© inaperƧu aux yeux des autoritĆ©s civiles : Ā« C’est encourageant de voir de jeunes adultes de diverses aires culturelles et religieuses s’engager de part et d’autre dans le dialogue – affirme le conseiller municipal Michal Siewniak – et chercher ensemble des rĆ©ponses pour vivre en harmonie dans une sociĆ©tĆ© multiculturelle et multiconfessionnelle Ā».

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

Chiara Lubich, une autre conception du pouvoir et de son exercice.

PaoloGiusti

Paolo Giusta

Ā«La vie et la pensĆ©e de Chiara Lubich ont introduit une nouveautĆ© radicale qui dĆ©passe une fois pour toutes la conception du pouvoir comme domination. L’idĆ©e, toujours prĆ©sente, d’un pouvoir exercĆ© seul au sommet d’une pyramide est largement rĆ©pandue: souvent nous avons tendance Ć  penser qu’un seul homme, ayant les idĆ©es claires et suffisamment de force pour les imposer, est solution la meilleure et la plus rassurante… Chiara a toujours eu un sens Ć©levĆ© et un total respect du pouvoir… Mais en mĆŖme temps, ses rapports avec les personnes qui se trouvent au sommet de la hiĆ©rarchie civile (chefs l’Etat et de gouvernement, prĆ©sidents d’institutions europĆ©ennes) ou religieuses (pape, patriarches…) n’ont jamais rien eu de servile. Bien au contraire, son respect pour l’autoritĆ© s’exprimait de faƧon crĆ©ative, en offrant des idĆ©es et des propositions dans une attitude de dialogue et de stimulant, et en mettant sa personne et les ressources du mouvement (des Focolari ndr) Ć  disposition des projets en faveur de la sociĆ©tĆ©, surtout des plus pauvres.

CoresponsabilitĆ©. Dans l’exercice du pouvoir au sein du mouvement qu’elle a fondĆ©, Chiara a voulu (…) une gestion collective de la responsabilitĆ©, dans la ligne de la spiritualitĆ© de communion, typique de son charisme. C’est seulement au niveau de la prĆ©sidence du mouvement, en particulier pour des motifs juridiques, qu’il n’y a qu’une seule personne, et Chiara a voulu que ce soit une femme, sur le modĆØle de Marie, mĆØre de JĆ©sus, qui n’avait aucun pouvoir en dehors de l’amour (…). C’est une des idĆ©es-clĆ©s de son charisme: la hiĆ©rarchie existe, elle a un rĆ“le irremplaƧable, mais elle reste Ć  l’arriĆØre-plan ; ce qui Ć©merge c’est qu’avant tout nous sommes tous frĆØres et sœurs, tous enfants d’un unique PĆØre, qui est amour (…). Tous Ć  l’école de JĆ©sus, le seul vĆ©ritable maĆ®tre.

Un leadership collectif. J’ai eu la chance d’assister personnellement Ć  la maniĆØre dont Chiara exerƧait son rĆ“le de leader au cours de la prĆ©paration des deux rencontres des mouvements et communautĆ©s de diverses Eglises chrĆ©tiennes Ć  Stuttgart en 2004 et 2007 (…). J’ai Ć©tĆ© frappĆ© par sa maniĆØre de donner sa place Ć  chaque personne, Ć  ses idĆ©es et Ć  son questionnement. C’était comme si elle Ć©tait Ć  l’écoute d’une parole que Dieu aurait pu prononcer par la bouche d’un des participants (…). Elle prenait chaque parole au sĆ©rieux et la soumettait Ć  la dĆ©cision commune, un vĆ©ritable exemple de leadership collectif en action (…).

Exercer son propre rĆ“le et faire de la place Ć  l’autre. C’est l’essence de la conception de Chiara du pouvoir, avec sa dimension paradoxale : la personne qui se trouve dans une position de pouvoir doit exercer pleinement son rĆ“le (ĆŖtre), et en mĆŖme temps faire totalement place Ć  l’autre, jusqu’à se placer au-dessous de lui (ne pas ĆŖtre). C’est une dynamique qui crĆ©e la communion, l’unitĆ© dans la diversitĆ©. L’unitĆ© en effet pour Chiara n’est jamais statique, quelque chose qui efface les composants, mais chaque fois nouvelle et surprenante parce que toujours dans un mouvement vital, Ć  l’image de Dieu et du rapport d’amour entre les trois personnes de la TrinitĆ© (…).

RĆ©soudre ensemble les conflits. Un exemple pratique de l’exercice du pouvoir en tant qu’amour, comme Chiara l’entend, est la gestion et la rĆ©solution des conflits. Face Ć  un conflit diverses options se prĆ©sentent : Ć©viter d’affronter la difficultĆ©, laisser dĆ©cider le chef Ć  la place des autres, ou bien dĆ©cider de se mettre ensemble en chemin, avec toutes les personnes impliquĆ©es dans le conflit : une longue marche qui mĆŖme peut ĆŖtre douloureuse, pour traverser le conflit et en sortir, non pas grĆ¢ce Ć  une dĆ©cision individuelle, mais aprĆØs avoir fait une expĆ©rience ensemble. Cette solution ne vient ni d’en haut ni simplement d’en bas, mais se trouve ĆŖtre le rĆ©sultat d’un effort commun où chacun donne sa part de vĆ©ritĆ©, dans le but d’arriver Ć  une solution commune Ā».

Lire le texte intƩgral

Chiara Lubich

Politcs for Unity

Making a world of difference

Mars 2015

Info: http://www.politicsforunity.com/

Prix Renata Borlone 2015

Prix Renata Borlone 2015

20150217-01

L’infiniment petit et l’infiniment grand qui nous interpellent pour expliquer l’univers, l’application des dĆ©couvertes comme le ā€œboson de Higgsā€ dans le domaine mĆ©dical, technologique, social, ce sont les questions abordĆ©es par la scientifique Fabiola Gianotti, prochaine directrice du CERN de GenĆØve, le 15 fĆ©vrier Ć  Loppiano, devant 800 scientifiques, de nombreuses personnes passionnĆ©es par les sciences, des artistes, des amis, des familles et environ deux cents Ć©tudiants d’écoles supĆ©rieures.

Il semble que la science revienne enfin Ć  la mode en cette annĆ©e 2015 où les gens sont encore sous le coup de la crise Ć©conomique, mais en mĆŖme temps en recherche Ā« d’espaces d’infini, qui redĆ©finissent qui nous sommes, ce qu’est notre dignitĆ© et notre mission dans la vie Ā», selon les dires d’un des prĆ©sents. Le mĆ©rite en revient bien sĆ»r aux scientifiques comme Gianotti, mais aussi grĆ¢ce Ć  des rendez-vous comme le prix ā€˜Renata Borlone, femme en dialogue’. EvĆ©nement de grande valeur Ć©ducative où foi et culture s’entrecroisent pour donner vie Ć  une possibilitĆ© de croissance personnelle et sociale.

Beaucoup de messages de fĆ©licitations sont parvenus Ć  la Doctoresse Gianotti, parmi lesquels celui de Maria Voce : L’association culturelle Renata Borlone et l’Institut Universitaire Sophia (IUS) ont fait chœur pour l’applaudir tous ensemble, et souligner en particulier les valeurs dont la doctoresse inspire sa vie de femme et de scientifique Ā». La prĆ©sidente des Focolari souligne Ā« la correspondance d’idĆ©aux et de buts entre ces deux figuresā€ (Gianotti et Borlone), mĆŖme si leur champ d’action sont diffĆ©rents.

ā€œOn parle de Boson de Higgs en tant que lieu donnant consistance Ć  toutes les autres particules, affirme Lida Ciccarelli, postulateur de la cause de bĆ©atification de Renata Borlone. Renata aussi, passionnĆ©e non seulement par la science mais encore par tout ce qui touche l’homme, avait trouvĆ© le lieu, le terrain qui a donnĆ© saveur Ć  toute sa vie et sens Ć  ses journĆ©es : Dieu. Et de mĆŖme que la scientifique se consacre Ć  dĆ©voiler pour nous les secrets du monde de la science – continue-t-elle – elle a trouvĆ© en Dieu celui qui lui a rĆ©vĆ©lĆ© ā€˜le frĆØre’ qui lui demande amour, accueil, comprĆ©hension, partage des joies et des peines, avec un cœur de chair. Elle a vĆ©cu dans cet espace divin et toute personne qui l’approchait, retrouvait la dignitĆ© de se dĆ©couvrir enfant de Dieu Ā».

20150217-03La troisiĆØme Ć©dition du prix est destinĆ©e aux personnes oeuvrant dans le monde scientifique et vise Ć  dĆ©velopper le dialogue, y compris dans les universitĆ©s, avec ceux qui s’engagent pour une culture qui respecte la dignitĆ© de la personne humaine. Le motif de la remise du prix Ć  Fabiola Gianotti, est lu par le professeur Sergio Rondinara de l’IUS : Ā« Pour ses hautes capacitĆ©s professionnelles, pour la passion qu’elle a exprimĆ©e dans la recherche scientifique et pour les capacitĆ©s humaines qu’elle a montrĆ©es en coordonnant de maniĆØre fructueuse le nombre Ć©levĆ© de scientifiques et chercheurs prĆ©sents au cours de l’expĆ©rience ATLAS au CERN Ā». La rĆ©compense est une œuvre de l’artiste chinois Hung et reprĆ©sente un accĆ©lĆ©rateur de particules en miniature.

L’intervention de la doctoresse Gianotti est une intense et passionnante exposition qui captive la salle et accompagne les participants dans un tour virtuel Ć  l’intĆ©rieur de l’univers de l’infiniment petit. C’est celui des particules Ć©lĆ©mentaires et en particulier du boson de Higgs, dĆ©couvert fin 2012 grĆ¢ce au travail constant de 3.000 scientifiques de 38 pays et Ć  la technologie de l’accĆ©lĆ©rateur de particules LHC (Large Hadron Collider), d’une longueur de 27 km, qui se dĆ©ploie Ć  une centaine de mĆØtres sous terre entre la Suisse et la France.

Ā« L’un d’entre vous se demandera : mais qu’est-ce qu’on en a Ć  faire de la masse des particules ? affirme la scientifique. En rĆ©alitĆ© cette question est trĆØs proche de notre vie parce que si les particules n’avaient pas la masse qu’elles ont, nous ne serions pas ici. Si les Ć©lectrons n’avaient pas de masse, l’atome n’aurait pas de consistance et donc la chimie n’existerait pas, il n’y aurait pas de matiĆØre comme nous la connaissons. Donc nous sommes ici grĆ¢ce aussi Ć  ce mĆ©canisme de Higgs Ā». Et Ć  propos des applications des accĆ©lĆ©rateurs de particules, elle explique qu’elles sont amplement utilisĆ©es dans le domaine mĆ©dical pour soigner les tumeurs. La doctoresse conclut que la recherche au CERN affronte des questions fondamentales sur les particules Ć©lĆ©mentaires et donc sur la structure et l’évolution de l’univers, importantes pour ses consĆ©quences sur la vie quotidienne. Ā« Mais la connaissance fondamentale – conclut-elle – est importante en soi, parce que c’est un des droits-devoirs de l’homme auxquels on ne peut pas renoncer, au-delĆ  des applications concrĆØtes, un peu comme l’art qui est parmi les expressions les plus Ć©levĆ©es de l’homme en tant qu’être pensant. Donc nier l’importance absolue de ces activitĆ©s humaines, veut dire dĆ©naturer la nature humaine elle-mĆŖme Ā».


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Naples: des familles au grand coeur

Naples: des familles au grand coeur

20150216-01Tous les documents sont signĆ©s: dĆ©sormais la filiation de l’enfant est Ć©tablie. Il pourra bĆ©nĆ©ficier de ce surplus d’amour que ses parents adoptifs ont depuis toujours dans le cœur. Ni les annĆ©es d’attente, ni la traversĆ©e des ocĆ©ans ne les ont arrĆŖtĆ©s. AprĆØs une rapide entrevue où l’enfant et les parents se sont Ā« reconnus Ā», puis un bref sĆ©jour ensemble Ć  l’hĆ“tel, en terre Ć©trangĆØre, les voilĆ  enfin Ć  la maison. Une expĆ©rience passionnante et unique que celle de voir le parcours d’adoption terminĆ©, mais c’est alors que vraiment tout commence. Une vĆ©ritable ascension les attend. Une fois le premier impact passĆ©, mille questions se posent Ć  ces parents adoptifs tout juste Ā« brevetĆ©s Ā» ! Ils se trouvent souvent dĆ©contenancĆ©s. C’est pour eux qu’est nĆ© Ć  Grazzanise (Italie) le projet Ā« Familles de cœur Ā». Le projet a Ć©tĆ© conƧu par Familles Nouvelles (AFN), avec la contribution de l’Institut Bancaire de Naples Fondation. Il prĆ©voit l’ouverture d’un guichet de consultation gratuite pour les familles adoptives du territoire et offre les conseils d’experts ou simplement la possibilitĆ© de pour elles d’échanger avec d’autres familles. Des cours gratuits seront aussi mis en ligne : la formation thĆ©orique sera associĆ©e Ć  des rencontres en groupes pour favoriser l’échange d’expĆ©riences entre familles et leur mise en rĆ©seau avec d’autres associations prĆ©sentes sur le territoire. L’adoption demeure toujours un dĆ©fi ouvert, car aujourd’hui encore trop d’enfants mineurs abandonnĆ©s continuent Ć  vĆ©gĆ©ter dans des maisons d’accueil au nord comme au sud de notre planĆØte. Un dĆ©fi que Chiara Lubich avait dĆ©jĆ  voulu relever en 1967, en invitant les familles qui la suivaient Ć  Ā« vider les orphelinats Ā». C’est ainsi qu’une myriade de familles, avec ou sans enfants, ont ouvert leur maison et leur cœur Ć  qui n’avait pas de foyer, favorisant ainsi, chez l’enfant accueilli comme fils Ć  part entiĆØre, la cicatrisation de la blessure subie rĆ©sultant de l’abandon. ā€œPar cette initiative – expliquent les Ć©poux Gravante, responsables du Bureau AFN onlus en Campanie – on entend doter les familles d’outils qui, en potentialisant leurs ressources, les aide Ć  grandir comme familles-monde, c’est Ć  dire capables de s’ouvrir Ć  la diversitĆ© que cet enfant venu de loin porte nĆ©cessairement en lui. DiversitĆ© de patrimoine gĆ©nĆ©tique et culturel. C’est un parcours attrayant mais engageant comme peut l’être le fait de revivre avec l’enfant ses traumatismes et de l’aider Ć  se rĆ©concilier avec son passĆ© Ā». Il est demandĆ© Ć  AFN, comme aux autres organismes habilitĆ©s en matiĆØre d’adoptions internationales, de suivre les familles durant trois annĆ©es aprĆØs l’adoption, mais souvent ce dĆ©lai n’est pas suffisant. Le processus d’intĆ©gration de l’enfant dans sa nouvelle famille et son insertion dans les structures sociales du pays peuvent exiger beaucoup plus de temps. Les familles adoptives, plutĆ“t que d’être abandonnĆ©es Ć  leur propre sort, ont besoin d’être en relation avec des familles comme elles, pour rĆ©ussir Ć  dĆ©couvrir chaque jour la valeur du choix qu’elles ont fait et retrouver l’enthousiasme des dĆ©buts pour se projeter dans l’avenir, grĆ¢ce Ć  un parcours vĆ©cu dans le partage. Lors du lancement du projet, Andrea Turatti, PrĆ©sident de AFN, a insistĆ© lui aussi sur ces notions de partage et de solidaritĆ©, en prĆ©cisant que ce binĆ“me Ć©tait vraiment au cœur de la rĆ©alitĆ© qui anime l’association : Ā« Nous sommes heureux de pouvoir offrir, grĆ¢ce aussi Ć  la participation gĆ©nĆ©reuse de l’Institut Bancaire de Naples, cette chance Ć  la rĆ©gion de Naples. Elle le mĆ©rite. En effet, parmi les 850 enfants qui ont trouvĆ© une famille grĆ¢ce Ć  AFN, plus de 180 ont Ć©tĆ© accueillis dans cette rĆ©gion où le sĆ©rieux de ces engagements a permis de faire dĆ©marrer le projet. Nous voulons l’exporter aussi dans le reste de l’Italie, mais pas seulement, car il contribue Ć  l’émergence d’une solidaritĆ© Ć  l’échelle du monde Ā».

Le Salvador en fĆŖte pour Romero

Le Salvador en fĆŖte pour Romero

20150214-02“Une prĆ©dication qui ne dĆ©nonce pas le pĆ©chĆ© n’annonce pas l’Evangile”, affirmait Mgr Romero dans l’une de ses homĆ©lies. Son martyre, survenu le 24 mars 1980 tandis qu’il cĆ©lĆ©brait l’Eucharistie dans la chapelle de l’hĆ“pital des malades en phase terminale où il habitait, a donnĆ© de la force aux familles du Salvador qui ont perdu des proches et des amis durant l’impitoyable guerre civile qui a suivi mort. Et aujourd’hui encore son tĆ©moignage est une forte invitation Ć  la paix, Ć  la fraternitĆ© et Ć  la rĆ©conciliation dont le peuple a besoin.

ā€œL’annonce de la signature du pape FranƧois approuvant le dĆ©cret qui reconnaĆ®t le martyre Ā« in odium fidei Ā» de Mgr Oscar Arnulfo Romero, a fait exulter le peuple. Les Ć©vĆŖques ont fait carillonner les cloches de toutes les Ć©glises du Salvador pour manifester cette immense joie” Ć©crit Ć©crit Filippo Casabianca depuis le siĆØge des focolari en AmĆ©rique Centrale. “Depuis que Bergoglio est devenu pape, on a commencĆ© Ć  espĆ©rer que, connaissant les besoins urgents des pauvres et les sombres tractations de certaines dictatures latino-amĆ©ricaines, il dĆ©bloquerait l’avancĆ©e de la cause. Et de fait, cette annonce solennelle dont la date reste Ć  fixer Ć  San Salvador, n’a pas tardĆ© Ć  venirā€.

Quels sont les dessous de ce blocage?

“A l’Ć©poque la pastorale de l’Eglise Ć©tait traversĆ©e par des courants qui allaient d’une authentique fidĆ©litĆ© aux orientations du Concile appelant l’Eglise Ć  ĆŖtre proche des plus pauvres, Ć  la tentation de ceux qui considĆ©raient lĆ©gitime de s’associer Ć  des mouvements de type marxiste. C’est ce dont on a voulu accuser RomĆ©ro, jusqu’au point d’arriver Ć  rĆ©duire sa voix au silence”.

Au Salvador la spiritualitĆ© des focolari s’enracine aussi dans l’humus des horreurs de la guerre. Les premiers voyages des focolarini en Colombie remontent aux annĆ©es 70 et les premiĆØres mariapoli ont eu lieu en 1982 dans la ville de Santiago di Maria.

20150214-01ā€œLes grands axes routiers Ć©taient alors parsemĆ©s de patrouilles tantĆ“t de l’armĆ©e, tantĆ“t de guĆ©rilleros – poursuit Filippo – au point qu’il fallait utiliser les moyens du bord pour se dĆ©placer ou se soumettre Ć  des interrogatoires qui pouvaient se terminer par une rĆ©clusion forcĆ©e. La guerre avait suivi la mort de RomĆ©ro et son message Ć©tait prĆ©sent au cœur de tous Ā». Ā« Les paroles, l’enseignement et le tĆ©moignage de Mgr Romero – raconte Reynaldo, un des premiers jeunes du mouvement – rĆ©sonnaient avec force en ceux qui eurent la chance de rencontrer l’IdĆ©al de l’unitĆ©, en particulier Ć  cause du rappel de l’option prĆ©fĆ©rentielle des pauvresĀ». C’était en effet un rappel Ć  vivre le christianisme de maniĆØre cohĆ©rente, que certains voyaient d’un œil perplexe, que beaucoup ont accueilli et qui fut parfois manipulĆ©. Ā« L’exemple de Mgr Romero, associĆ© Ć  la rencontre de l’expĆ©rience de Chiara Lubich et de ses premiĆØres compagnes durant la seconde guerre mondiale Ć  Trente, nous a permis d’accueillir de maniĆØre plus authentique le Charisme de l’unitĆ© et nous aida Ć  avancer Ć  contre-courant Ā».

Un contre-courant qui reste d’actualitĆ© Ć  travers l’engagement social du Mouvement des Focolari au Salvador. L’accompagnement des prisonniers, par exemple, se dĆ©roule dans le cadre de la Pastorale de l’Eglise en milieu pĆ©nitencier et mobilise une Ć©quipe des Focolari : ils visitent rĆ©guliĆØrement la prison de Mariona, tristement cĆ©lĆØbre, où sont enfermĆ©s les plus dangereux cerveaux de la barbarie et du narcotrafic. Actuellement ils sont en contact avec environ 180 personnes qui purgent diffĆ©rentes peines et qui se retrouvent par groupes de 18 personnes autour de la Parole de Vie. Lors de la derniĆØre rencontre quelqu’un disait : Ā« Je demande pardon Ć  mes camarades de cellule parce que je les ai traitĆ©s avec violence, mais je veux changer Ā».

D’autres actions sont orientĆ©es vers l’insertion sociale dans un petit village Ć  risques. La situation est devenue dangereuse et le curĆ© a conseillĆ© aux membres du Mouvement d’être prudents. Dans deux autres villes ceux-ci aident des Ć©coles et font du soutien scolaire pour freiner l’abandon des Ć©tudes, un facteur qui favorise le recrutement criminel.

Au Salvador, mais pas seulement, l’exemple de Romero rĆ©veille chez beaucoup le dĆ©sir d’être fidĆØle Ć  l’Evangile qui nous pousse Ć  vivre pour tous, en particulier pour les plus petits, les pauvres et les laissĆ©s pour compte.

Ɖgypte, Angleterre, Allemagne: un Ć©ventail œcumĆ©nique

Ɖgypte, Angleterre, Allemagne: un Ć©ventail œcumĆ©nique

20150213-01Les Ɖglises Ć©gyptiennes cĆ©lĆØbrent ces jours-ci – et non du 18 au 25 janvier comme dans plusieurs pays – leur semaine pour l’unitĆ© des chrĆ©tiens. Fadiah et Philippe, du Mouvement des Focolari en Ɖgypte, racontent leur participation aux diffĆ©rentes initiatives des Ɖglises locales et comment, au centre de leurs priĆØres il y a l’invocation de la protection et de l’aide du Seigneur sur toute la nation Ć©gyptienne en cette phase dĆ©licate.

«ŒcumĆ©nisme rĆ©ceptifĀ» : renverser la pensĆ©e qui bien souvent se cache dans la maniĆØre avec laquelle les membres des diffĆ©rentes Ć©glises s’accostent les uns aux autres. Le rĆ©vĆ©rend doct. Callan Slipper est lĆ  pour l’expliquer, du Centre international d’Ć©tudes du Mouvement des Focolari au cours d’une rencontre œcumĆ©nique Ć  Wellwyn Garden City (Londres) le 4 fĆ©vrier dernier.

Slipper, qui est aussi DĆ©lĆ©guĆ© rĆ©gional pour toutes les Ɖglises dans le comtĆ© de Hertfordshire , dans son discours [Chiara Lubich et l’œcumĆ©nisme rĆ©ceptif: comment la spiritualitĆ© facilite l’unitĆ© entre les chrĆ©tiens] a expliquĆ© comment Ā«plutĆ“t que de penser que tout irait mieux si les autres Ć©taient un peu plus semblables Ć  nous, et que donc nous avons Ć  enseigner, nous pouvons aller vers les autres pour apprendreĀ». En accostant les autres avec cette attitude, continue-t-il, Ā«nous dĆ©couvrons que nous n’avons besoin de cacher quoi que ce soit, mais nous pouvons reconnaĆ®tre nos faiblesses et le besoin d’ĆŖtre guĆ©ris. Ceci ouvre Ć  une nouvelle relation, et nous porte Ć  une conversion nouvelle et plus profonde en Christ, dans lequel nous dĆ©couvrons plus pleinement notre vraie identitĆ© ecclĆ©sialeĀ».

C’est un public qualifiĆ© qui l’Ć©coute: 14 Ć©vĆŖques catholiques, anglicans, luthĆ©riens et de l’Église Copte orthodoxe, provenant de diffĆ©rentes parties de l’Angleterre, ensemble avec le SecrĆ©taire gĆ©nĆ©ral de Churches Togheter in England, l’organe œcumĆ©nique national des Ć©glises en Angleterre. Cela a reprĆ©sentĆ© pour eux un avant-goĆ»t d’une nouvelle mĆ©thodologie œcumĆ©nique et une possibilitĆ© de partager les expĆ©riences dans les Ć©glises respectives.

Au cours des mĆŖmes journĆ©es, du Centre œcumĆ©nique d’ Ottmaring en Allemagne, on rappelle l’importance de l’ authentique vie chrĆ©tienne pour contraster avec les phĆ©nomĆØnes violents et liberticides auxquels on a assistĆ© rĆ©cemment Ć  partir des attentats de Paris. GĆ©rard Testard, franƧais, membre du comitĆ© directif du rĆ©seau de ‘‘Ensemble pour l’Europe” et fondateur de l’initiative interreligieuse ”Efesia”, est l’invitĆ© d’honneur: Ā«La rencontre de JĆ©sus avec la femme samaritaine au puits de Jacob – affirme-t-il rappelant la phrase choisie pour la Semaine de PriĆØre ”Donne-moi Ć  boire’‘(Jn 4,7) – nous indique le chemin pour cette situation: JĆ©sus abat les barriĆØres, faites par les hommes et se manifeste en tant que sauveur du monde. Les Ć©vĆ©nements de ces jours-ci nous obligent comme chrĆ©tiens Ć  travailler pour l’unitĆ©, alors que la mission pour l’unitĆ© dĆ©passe le monde chrĆ©tien, pour faire face aux dangers du terrorisme, Ć  la violence et au fanatisme inacceptablesĀ».

Et Testard prĆ©sente l’expĆ©rience positive du dialogue qui bĆ©nĆ©ficie de la promotion du Conseil des Musulmans de France et de la ConfĆ©rence Ɖpiscopale franƧaise: ”Efesia”, nĆ©e en 2007 au Liban. ChrĆ©tiens et Musulmans se rencontrent rĆ©guliĆØrement le 25 mars, fĆŖte de l’Annonciation, parce que Marie est aussi vĆ©nĆ©rĆ©e beaucoup par les musulmans. AprĆØs quatre ans, les autoritĆ©s libanaises ont dĆ©clarĆ© le 25 mars, fĆŖte nationale islamo-chrĆ©tienne de l’Annonciation. C’est la premiĆØre fĆŖte commune dans l’histoire de ce paysĀ».

 

 

 

Zoom sur l’Ukraine

Zoom sur l’Ukraine

20150212-aLe PĆØre Mychayl est un prĆŖtre grec-catholique qui vit la spiritualitĆ© des focolari. A travers la revue CittĆ  Nuova, il nous a aidĆ©s Ć  suivre les vicissitudes de son cher pays aujourd’hui dĆ©vastĆ©. Un an aprĆØs l’explosion du conflit, nous lui avons demandĆ© de faire une relecture des Ć©vĆ©nements. Ā« Presque une annĆ©e s’est Ć©coulĆ©e depuis la rĆ©volte de la place Maidan au conflit dans le sud-est et l’on compte aujourd’hui plus de 5000 morts et plus d’un million de rĆ©fugiĆ©s. La guerre dans le Donbass dure dĆ©jĆ  depuis des mois. Les gens sont en train de mourir, les infrastructures de suffoquer et des centaines de milliers de personnes sont en dĆ©route. Le patchwork de territoires contrĆ“lĆ©s par les ukrainiens et les sĆ©paratistes, le chaos de bandes rivales, de commandants qui se font la guerre, d’armĆ©es mal Ć©quipĆ©es et trĆØs mal entraĆ®nĆ©es, pourraient avoir comme effet collatĆ©ral de dĆ©clencher une guerre de tous contre tous Ā». C’est la raison pour laquelle, selon le pĆØre Mychayl, l’Ukraine, aujourd’hui plus que jamais, a besoin d’une Ć©ducation Ć  la paix qui implique le peuple tout entier: adultes et jeunes, Ć©ducateurs et adolescents, parents et enfants: ā€œ Une pĆ©dagogie de la paix qui soit simple, mais qui mobilise, fondĆ©e sur la cohĆ©rence entre thĆ©orie et pratique, valeurs et expĆ©riences. Une Ć©ducation pour que s’affirme une culture de paix, la seule qui puisse respecter et rĆ©pondre aux questions les plus vraies de l’ensemble de la population, sur le difficile chemin de la fraternitĆ© universelle en Ukraine Ā». A la question concernant les pas que doit faire l’Ukraine: Ā«Je me permets de vous rĆ©pondre en reprenant ce que Chiara Lubich a dit Ć  Londres en 2004 : Ā« … On devrait proposer Ć  tous les acteurs politiques de souscrire un pacte de fraternitĆ© pour leur Pays, qui mette le bien commun au dessus de tout intĆ©rĆŖt partial, qu’il soit individuel, de groupe, de classe ou de parti. Parce que la fraternitĆ© offre des possibilitĆ©s surprenantes: elle permet de mettre ensemble et en valeur des exigences qui risquent, sinon, de dĆ©gĆ©nĆ©rer en d’interminables conflits. Elle concilie par exemple les expĆ©riences d’autonomie rĆ©gionale avec le sens d’une histoire commune ; elle consolide la conscience du rĆ“le important des organismes internationaux et de tous les processus qui tendent Ć  faire dĆ©passer les barriĆØres et franchir des Ć©tapes dĆ©cisives vers l’unitĆ© de la famille humaine Ā». Mais la crise ukrainienne a dĆ©clenchĆ© la plus grande vague de rĆ©fugiĆ©s aprĆØs celle de la guerre des Balkans: plus de 900000 seulement Ć  l’intĆ©rieur du pays. Ā« Dans la ville assiĆ©gĆ©e de Donetsk une vie normale n’est plus possible. Les personnes Ć¢gĆ©es – tĆ©moins pour la seconde fois des horreurs de la guerre – meurent parce qu’elles sont privĆ©es de soins mĆ©dicaux ou bien doivent quitter leur maison. Depuis l’étĆ©, beaucoup de personnes ne touchent plus leur pension de retraite. Dans les secteurs contrĆ“lĆ©s par les sĆ©paratistes on trouve de tout dans es magasins et les pharmacies, mais il n’y a plus d’argent ! Les banques te les bureaux de poste ont fermĆ© Ā». Comment reconstruire les maisons, les routes et des ponts pour rĆ©tablir la circulation, mais aussi des liens pour soigner les blessures invisibles? Ā« Ce n’est pas chose facile. Accompagner psychologiquement les populations sinistrĆ©es c’est moins simple que de reconstruire des routes ou envoyer des aides humanitaires. Depuis quelques annĆ©es dĆ©jĆ  les chercheurs de l’Institut Universitaire Sophia, en collaboration avec Justice et Paix en Ukraine, donnent des cours pour former les jeunes Ć  offrir leur propre contribution, en tant que citoyens, pour la construction du bien commun de l’Ukraine Ā» Ā« AprĆØs la vague de protestations et la guerre, le pays a besoin de ces Ā« Ecoles de la participation Ā» qui prĆ©parent Ć  un engagement civil et politique bien enracinĆ© dans le tissu social ; il a besoin de lieux où l’on puisse expĆ©rimenter une action politique fondĆ©e sur des valeurs partagĆ©es et nourrie par l’idĆ©al de la Ā« fraternitĆ© universelle Ā». L’Ukraine, grĆ¢ce aux manifestations de la Place Maidan, est devenue une vraie nation, un peuple qui veut bĆ¢tir sa vie sur des valeurs chrĆ©tiennes. Il s’agit maintenant de transfĆ©rer dans le vĆ©cu de l’action quotidienne les valeurs dĆ©fendues sur la Place Maidan; de prendre en charge les attentes et les besoins les plus profonds du Pays, pour ne pas tomber dĆ©finitivement dans l’apathie Ā». Les Ć©coles de la Participation fournissent en effet des modĆØles d’interprĆ©tation et des propositions rĆ©solutives favorables Ć  l’instauration d’une culture de paix: ā€œL’un des principaux dĆ©fis que doit relever l’Ukraine concerne la situation des immigrĆ©s sur son propre territoire, leur intĆ©gration dans les autres rĆ©gions du pays, et les consĆ©quences des hostilitĆ©s. Offrir aux personnes des connaissances et des compĆ©tences flexibles pour promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, les droits de l’homme, la mĆ©diation, la prĆ©vention et la rĆ©solution des conflits, l’éducation Ć  la non-violence, la tolĆ©rance, l’acceptation d’autrui, le respect rĆ©ciproque et la rĆ©conciliation, tels sont les objectifs que nous voulons placer au centre de l’éducation Ć  venir Ā».