Mouvement des Focolari
Dialogue et lƩgalitƩ: Maria Voce en Italie du Sud

Dialogue et lƩgalitƩ: Maria Voce en Italie du Sud

Ā«Il estĀ  emblĆ©matique qu’une ville, qui reconnaĆ®t en une femme de foi profonde comme Chiara Lubich un symbole de paix, se retrouve aprĆØs 10 ans d’une administration de direction politique diffĆ©rente Ć  en recueillir l’hĆ©ritageĀ Ā». C’est ainsi que le nouvel Ć©vĆŖque de Capoue, Mgr Salvator Visco salue l’assemblĆ©e de ceux qui remplissent le théâtre Garibaldi Ć  S. Maria Capua Vetere (faubourgs de Naples) pour le congrĆØs « Chiara Lubich femme de dialogueĀ Ā».

ā€œEn partant de notre ville on peut changer le monde, parce que les faits que vous avez racontĆ©s dĆ©montrent le changement qui s’est passĆ© en beaucoup d’entre vousĀ Ā», c’est la conviction de Maria Voce, prĆ©sidente des Focolari, lorsqu’elle s’adresse aux jeunes et Ć  leur engagement concret contre l’illĆ©galitĆ© et autres plaies sociales, pour soigner l’environnement, vouloir prendre sur soi personnellement la responsabilitĆ© de leur propre ville.

« Non pas un dialogue abstrait entre personnes ou religions – prĆ©cise Maria Voce – mais un dialogue qui est un style de vie. Non pas une activitĆ©, mais une maniĆØre d’être, qui doit ĆŖtre alimentĆ©e par l’amour, la misĆ©ricorde, la capacitĆ© de pardonner, parce que nous sommes frĆØres et fils du mĆŖme DieuĀ Ā».

La réflexion du philosophe Aldo Masullo est ardue, il définit le dialogue comme « la voie pour dépasser le désespoir de la solitude, parce que la guerre nait du désespoir, alors que la paix se fonde sur la confiance qui a sa racine dans la véracité ».

Naser Hidouri, Imam de la mosquĆ©e de San Marcellino (Caserte) a tĆ©moignĆ© de la vie qui nait du fait de « ne pas craindre les diffĆ©rencesĀ Ā» et de « ne pas se laisser conditionner par les problĆØmes crƩƩs par des minoritĆ©s violentesĀ Ā», conscient que « aux questions auxquelles nous ne trouvons pas de rĆ©ponses aujourd’hui, ce seront nos enfants de demain qui les trouverontĀ Ā».

Alberta Levi Temin, de l’AmitiĆ© Juifs-chrĆ©tiens, survivante de la rafle nazie du Ghetto de Rome, alors qu’elle Ć©tait enfant et maintenant qu’elle a 90 ans, voitĀ  l’humanitĆ© « comme une pyramide basĆ©e sur de multiples cĆ“tĆ©s, construits par les religions, les peuples, les cultures qui conduisent au sommet, Dieu, qui se trouve Ć  la mĆŖme distance de chacunĀ Ā».

Ensuite le tĆ©moignage d’Antonio Casale, directeur du « Centre FernandesĀ Ā» pour l’accueil des immigrĆ©s, en particulier d’Afrique subsaharienneĀ : « Plus important que les lits, les repas, les mĆ©dicaments que nous offrons, c’est l’engagement Ć  redonner Ć  chacun sa dignité ».

Dans la situation Ć©conomique problĆ©matique et sociale de la rĆ©gion, la voix positive de l’entrepreneur anti racket Antonio Diana, dont le pĆØre a Ć©tĆ© tuĆ© par la camorra se fait entendreĀ : « On peut faire une entreprise sans pour autant se plier aux habitudes de la corruption et sans descendre dans les compromisĀ Ā», prĆŖts aussi Ć  payer de sa personne.

Une soirĆ©e qui a montrĆ© les fruits d’un dialogue Ć  360° en communiquant aux participants l’espoir qu’un lendemain meilleur dĆ©pend de l’apport que chacun donne dans le prĆ©sent.

Dimanche 24 novembre. Naples a accueilli plus de 2000 personnes de la communautĆ© des Focolari, venant de la Campanie, des Pouilles, de Basilicate, avec une reprĆ©sentation de l’Albanie. Au dĆ©but salutations et remerciements de la part du maire de Naples, Luigi de Magistris. Ensuite un dialogue tous azimuts avec Maria Voce et le coprĆ©sident Giancarlo Faletti. Sur le tapisĀ : engagement et responsabilitĆ© civile et politique, choix Ć  faire dans les moments cruciaux quand on est jeune, comment affronter les souffrances et les difficultĆ©s de la vie, formation des nouvelles gĆ©nĆ©rations, Ć©lan et perspectives du mouvement au service de l’humanitĆ© et pour contribuer Ć  la rĆ©alisation du « que tous soient unĀ Ā».

Le 25 novembre Ć  Capoue, Maria Voce a tenu la lectio Magistralis sur « JĆ©sus abandonnĆ©, lumiĆØre pour la thĆ©ologieĀ Ā» pour l’inauguration de l’AnnĆ©e AcadĆ©mique de l’Institut SupĆ©rieure de Sciences religieuses « San Roberto BellarminoĀ Ā», en prĆ©sence des Ć©vĆŖques des diffĆ©rents diocĆØses de la Campanie.

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Une Mariapoli Ć  haut niveau

BolĆ­var, 3200 mĆØtres au dessus du niveau de la mer. Dans ce petit village du PĆ©rou, Ć  25 heures environ de Lima en bus, la mariapoli s’est tenue pour la premiĆØre fois en aoĆ»t dernier 2013. ā€œUn rĆŖve devenu rĆ©alitĆ© et qui nous a fait faire l’expĆ©rience d’un amour spĆ©cial de Dieuā€, ont commentĆ© quelques participants.

Pour cette occasion, le village tout entier a mis la main Ć  la pĆ¢te Ć  cause de la nouveautĆ© de l’évĆ©nement et de ceux qui venaient d’autres communautĆ©s qui ont Ć©tĆ© hĆ©bergĆ©s chez l’habitant. Il Ć©tait impressionnant de voir la dignitĆ© de ces personnes, avec leurs habits typiques, les meilleurs qu’ils avaient, comme pour les jours de fĆŖte.

Quelques uns des 190 participants, afin d’apporter leur quotte part, ont pratiquĆ© ce que l’on fait dans ces rĆ©gions, le ā€œtruequeā€ (Ć©change de marchandises entre eux), qui avec un fagot de bois, qui avec un sac de pommes de terre, d’oignons ou autres lĆ©gumes.

La prĆ©sence remarquable des jeunes et adolescents – environ 60% des participants – a colorĆ© les journĆ©es de maniĆØre caractĆ©ristique. Olga Maria et Walter, focolarini, Ć©crivent qu’ils ont participĆ© Ć  l’organisation: ā€œQuand nous avons commencĆ© Ć  chanter la premiĆØre chanson, petit Ć  petit quelques filles se sont ajoutĆ©es, Ć  la fin toute la salle participait et la scĆØne Ć©tait pleine de jeunes et d’enfants heureuxā€.

Le programme Ć©tait centrĆ© sur l’art d’aimer, avec des exemples et des expĆ©riences de vie quotidienne. Un moment vĆ©cu avec intensitĆ© s’est dĆ©roulĆ© autour du thĆØme du pardon, avec une cĆ©rĆ©monie pĆ©nitentielle prĆ©cĆ©dĆ©e par la lecture d’un texte de Chiara Lubich.

Le dernier jour, tous, grands et petits, ont voulu communiquer par Ć©crit l’expĆ©rience vĆ©cue pendant ces jours. Laurita, quinze ans, Ć©crit: ā€œLa mariapoli pour moi aĀ  Ć©tĆ© trĆØs importante parce que j’ai appris Ć  aimer, Ć  partager, Ć  voir JĆ©sus dans l’autre. Chiara nous enseigne Ć  vivre en familleā€. Jhayro Jhulian, 7 ans; ā€œA partir de maintenant je me comporterai bien et j’obĆ©irai Ć  mes parents. Je crois plus en Dieu et j’irai Ć  la messe tous les dimanchesā€. Deicy, 38 ans: ā€œCes jours m’ont aidĆ©e Ć  donner une nouvelleĀ  direction Ć  ma vie, sans penser uniquement Ć  mes problĆØmes, mais avoir comme but de servir les autres et suivre l’exemple de JĆ©sus concrĆØtementā€. Edgar, 42 ans: ā€œJ’ai appris Ć  aimer le prochain et Ć  pardonner. Je me sens plus serein et uni Ć  Dieuā€.

ā€œEn arrivant Ć  Bolivar – concluent Olga Maria et Walter – il nous est venue une idĆ©e: dessiner sur le mur de la salle une grande ville où, aprĆØs chaque geste d’amour accompli par les participants, on pouvait peindre un morceau de la ville. ƀ la fin de la mariapoli la ville Ć©tait toute colorĆ©e et belle, fruit de l’amour rĆ©ciproque qui avait contaminĆ© tout le mondeā€.

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L’aventure de l’unitĆ©: les dĆ©buts/1

Silvia – nom de baptĆŖme de Chiara Lubich – naĆ®t Ć  Trente le 22 janvier 1920. Elle est la deuxiĆØme de quatre enfants, Gino, Liliana et Carla. Son pĆØre, Luigi, commerƧant en vins, ex typographe antifasciste et socialiste, fut Ā adversaire politique irrĆ©ductible de Benito Mussolini. Sa mĆØre, Luigia, est animĆ©e par une forte foi traditionnelle. Son frĆØre aĆ®nĆ©, Gino, participe, aprĆØs des Ć©tudes de mĆ©decine, Ć  la RĆ©sistance dans les cĆ©lĆØbres brigades Garibaldi, pour se consacrer ensuite au journalisme, Ć  Ć©crire dans le quotidien d’alors du parti communiste: L’UnitĆ©.

A 18 ans, Silvia obtient son diplĆ“me d’institutrice. Elle aurait souhaitĆ© poursuivre ses Ć©tudes et tente d’entrer Ć  l’universitĆ© catholique. En vainĀ : elle finit trente-quatriĆØme pour 33 places disponibles d’admission gratuite. ƀ la maison Lubich, il n’y a pas suffisamment d’argent pour lui permettre de continuer des Ć©tudes payantes dans une autre ville. Silvia est donc obligĆ©e de travailler. A partir de l’annĆ©e scolaire 1940-1941, elle enseigne Ć  l’Œuvre sĆ©raphique de Trente.

Le point de dĆ©part dĆ©cisif de son expĆ©rience humano-divine se rĆ©vĆ©lera lors d’un voyage, en 1939 : « Je suis invitĆ©e Ć  une rencontre d’étudiantes catholiques Ć  Lorette – Ć©crit Chiara – où, selon la tradition, la maison de la sainte famille de Nazareth est conservĆ©e dans une vaste Ć©glise … Je suis un cours dans un collĆØge avec toutes les autres mais, dĆØs que je peux, je cours Ć  l’église. Je m’agenouille Ć  cĆ“tĆ© du mur noirci par les lampes. Quelque chose de nouveau et de divin m’enveloppe, m’écrase presque. Je contemple en pensĆ©e la vie virginale des trois personnes divines (…). Chaque pensĆ©e pĆØse sur moi, m’étreint le cœur, les larmes coulent malgrĆ© moi. A chaque intercours, j’y reviens en courant. C’est le dernier jour. L’église est remplie de jeunes. Il me vient une pensĆ©e claire, qui ne s’effacera jamaisĀ : tu seras suivie par une foule de viergesĀ Ā».

Revenue dans le Trentin, Chiara retrouve ses Ć©lĆØves et le prĆŖtre qui l’a beaucoup suivie ces derniers mois. Celui-ci la trouve rayonnante, vraiment heureuse, et lui demande si elle a trouvĆ© sa voie. La rĆ©ponse de Chiara est apparemment dĆ©cevante (pour le prĆŖtre), parce que la jeune fille sait seulement lui dire quelles sont les vocations qu’elle ne ressent pas, c’est-Ć -dire les vocations traditionnellesĀ : ni le couvent, ni le mariage, ni la consĆ©cration dans le monde. Rien de plus.

Depuis sa visite Ć  Lorette en 1939 et jusqu’en 1943, Silvia continue Ć  Ć©tudier, travailler et s’engager au service de l’Église locale. Elle devient tertiaire franciscaine et prend le nom de Chiara.

En 1943, Ć  23 ans, elle va un jour chercher du lait Ć  deux kilomĆØtres de chez elle, Ć  la place de ses jeunes sœurs qui ne voulaient pas y aller parce qu’il faisait trop froid. En chemin, sous un pont de la voie ferrĆ©e, localitĆ© du nom de Vierge Blanche, elle sent que Dieu l’appelleĀ : « Donne-toi toute Ć  moiĀ Ā». Sans perdre de temps, Chiara demande, dans une lettre Ć  un prĆŖtre capucin, le pĆØre Casimiro Bonetti, l’autorisation d’accomplir un acte de totale donation Ć  Dieu. Elle l’obtient, aprĆØs un entretien approfondi. Et le 7 dĆ©cembre 1943, Ć  6 heures du matin, elle se consacre Ć  Dieu. Ce jour-lĆ , Chiara n’avait dans le cœur aucune intention de fonder quoi que ce soitĀ : elle « épousait DieuĀ Ā», simplement. Et c’était tout pour elle. Ce n’est que plus tard que fut fixĆ© symboliquement Ć  cette date le dĆ©but du Mouvement des Focolari.

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Mouvement Acer: la richesse de la rencontre

Gabri Fallacara et Severin Schmid ont été accueillis au nom des Focolari, par Cyrille Sollogoub au siège
du Mouvement Acer-Mjo

Confiance spirituelle, profondeur de l’échange, dĆ©couverte d’une amitiĆ© rĆ©elle dans le Christ en tant que semence d’une conscience europĆ©enne chrĆ©tienneĀ ; voilĆ  seulement quelques-uns des fruits de la visite que des reprĆ©sentants des Focolari ont rendue le 6 novembre au siĆØge du Mouvement Acer-Mjo (Action ChrĆ©tienne des Ɖtudiants Russes – Mouvement de Jeunesse Orthodoxe) Ć  Paris.

Dans le cadre de la rencontre annuelle des ā€œAmis d’Ensemble pour l’Europeā€, qui a eu lieu les 7-9 Novembre dans la capitale franƧaise, Gabri Fallacara, Severin Schmid et Maria Wienken ont Ć©tĆ© accueillis au nom des Focolari, Ā par Cyrille Sollogoub, le PrĆ©sident de l’association orthodoxe.

Le Mouvement Acer est né en 1923 grâce à quelques russes expulsés de leur pays pendant les années tourmentées de la Révolution. Elle compte parmi ses fondateurs, des personnalités importantes comme le père Sergio Boulgakov, le père Giorgio Florovsky et Nicolas Berdiaev.

Le PrĆ©sident, accompagnĆ© de son frĆØre Igos, chargĆ© du groupe des jeunes, a conduit ses invitĆ©s dans l’Église-chapelle, arrangĆ©e dans la cour d’un ancien dĆ©pĆ“t, couvert de vitres. LĆ , des prĆŖtres et des thĆ©ologiens orthodoxes comme Florovsky, Boulgakov et aussi Alexander Men ont cĆ©lĆ©brĆ© la Divine Liturgie.

ā€œL’icĆ“ne qui exprime le mieux le charisme du Mouvement Acer – explique Cyrille Sollogoub – est la prĆ©sentation de Marie au Temple : elle contient JĆ©sus et, ainsi, elle contient l’Église. Pendant qu’en Russie, les Ɖglises Ć©taient dĆ©truites et que les Ć©migrĆ©s russes n’avaient pas les moyens d’en construire d’autres, une nouvelle comprĆ©hension sur ce qu’est l’Église est nĆ©eĀ : non pas construite avec des briques mais avec des personnes vivantes, porteuses du Christ et de son Ɖgliseā€.

C’est donc l’intention de sensibiliser les laĆÆcs Ć  ā€œĆŖtre Ɖgliseā€ qui est Ć  l’origine de la naissance du Mouvement Acer et qui fut approuvĆ© par le Patriarche de la Russie, Tikon, qui fut ensuite assassinĆ©, et qui dĆ©pend juridiquement du Patriarche de Constantinople.

ā€œPendant le rĆ©gime – rappelle encore le PrĆ©sident – l’une des tĆ¢ches de l’Acer Ć©tait d’imprimer la Bible, littĆ©rature spirituelle et culturelle, et de faire en sorte qu’elle arrive en Russie ; en outre, nous soutenions les familles des dissidents et d’autres indigentsā€. L’imprimerie est encore une activitĆ© importante.

Le groupe des jeunes, trĆØs vivant, Ā comprend 200 adolescents. MalgrĆ© la difficultĆ© des distances, sont organisĆ©s, pour eux, des camps d’étĆ© Ć  la montagne, en tant qu’opportunitĆ© de se reĆ©vangĆ©liser ; de cette faƧon, leur sens de la foi et de l’appartenance Ć  l’Église croĆ®t. AprĆØs avoir Ć©tĆ© formĆ©s, les jeunes s’orientent Ć  l’engagement dans leur paroisse.

Cette belle occasion de rencontre et de connaissance rĆ©ciproque laisse dans le cœur de tous la gratitude Ć  Dieu qui permet qu’on se rencontre sur les chemins d’aujourd’hui avec des yeux pleins d’espĆ©rance, ouverts Ć  un futur de communion.

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ƀ Paris, Les ā€œAmis d’Ensemble pour l’Europeā€

125 responsables de 46 Mouvements et CommunautĆ©s d’Églises diverses et 13 Pays europĆ©ens – de la Russie au Portugal, de la Danemark Ć  la SlovĆ©nie – Ć©taient prĆ©sents Ć  la rencontre, dans le cadre historique de Montmartre. Le thĆØme choisiĀ : le ā€œOuiā€ aux pauvres et aux marginaux – exprimĆ© dans le message de Stuttgart 2007. Les nombreuses contributions ont permis de dĆ©couvrir combien les CommunautĆ©s et les Mouvements sont liĆ©s Ć  l’engagement envers les plus nĆ©cessiteux, et avec eux. Il ne s’agit pas uniquement d’actes de solidaritĆ©, mais d’amitiĆ© et de fraternitĆ©. Une heure intense fut celle avec Jean Vanier, le fondateur de la CommunautĆ© de l’Arche. Faisant don de son expĆ©rience, il commence par ces motsĀ : « JĆ©sus ditĀ : : ā€œLe royaume de Dieu est comme un repas de noceā€ – mais tout le monde est trop occupĆ© – alors le roi qui avait appelĆ© les invitĆ©s envoie ses serviteurs chercher les estropiĆ©s et les boiteux le long des haies et au croisement des rues – c’est ce que j’ai essayĆ© de vivre dans ma vieĀ Ā». Jean Vanier se consacre tout particuliĆØrement aux personnes avec un handicap mental, Ā«le peuple le plus oppressé». Ā«Ils m’ont changĆ©, j’ai vu que le Royaume de Dieu est Ć  euxĀ». Aujourd’hui, les communautĆ©s, œcumĆ©niques et interreligieuses, dans lesquelles Ā«les fragiles et les fortsĀ» vivent ensemble, sont 140. Les priĆØres des catholiques et des Ć©vangĆ©liques, qui ont ouvert les travaux les deux premiers jours, ont Ć©tĆ© suivies de la priĆØre des russes orthodoxes accompagnĆ©e du chœur. Lors de ces journĆ©es d’échanges, pleines de vie, sur les chemins parcourus jusqu’à maintenant par Ensemble pour l’Europe, avec les grands Ć©vĆ©nements de Stuttgart 2004, 2007 et Bruxelles 2012, nous nous demandons quelle est le premier pas Ć  faire. En rappelant l’expression de Chiara Lubich Ā«la partition est Ć©crite dans le cielĀ», nous percevons dans l’écoute rĆ©ciproque que l’expĆ©rience la plus prĆ©cieuse de ce chemin ensemble est la communion profonde qui s’est crƩƩe entre les Mouvements d’Églises diverses. Et c’est justement ce Ā«tĆ©moignage commun des chrĆ©tiensĀ», Ā qui a menĆ© Ć  des initiatives dans le domaine politique et social, dont l’Europe a besoin aujourd’hui Ā«afin que le monde croieĀ». Et, d’un commun accord, nous avons prĆ©vu de donner notre propre contribution en 2016, sous forme de congrĆØs, qui se dĆ©roulera probablement dans une ville en Allemagne, pour rendre visible le chemin de communion parcouru jusqu’à aujourd’hui. Il y a une atmosphĆØre solennelle quand nous confions Ć  Dieu, dans la priĆØre, notre nouvelle Ć©tape et nous renouvelons l’engagement d’amour rĆ©ciproque. En mai 2014, le ComitĆ© d’Orientation se retrouvera en Allemagne, Ć  Dillingen, pour recevoir le prestigieux ā€œPrix EuropĆ©en S. Ulrich Ć©dition 2014ā€, confĆ©rĆ© cette fois Ć  ā€œEnsemble pour l’Europeā€. ƀ Paris, nous avons aussi vĆ©cu la ā€œculture de se visiterā€ : nous nous rendons Ć  la Chapelle de la station de mĆ©tro de Montmartre, confiĆ©e Ć  la CommunautĆ© de Sant’Egidio, pour prier ensemble et connaĆ®tre leur activitĆ© au cœur de Paris. Et, mĆŖme avant que cette rencontre ait lieu, certains sont allĆ©s connaĆ®tre la Communauté  Emmaüs,Ā  et certains le siĆØge Acer-Mjo (Action chrĆ©tienne Ć©tudiants russes – Mouvement Ā de Jeunesse Orthodoxe). Gabri Fallacara

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Natalia Dallapiccola: une biographie

ā€œJe m’apprĆŖte Ć  Ć©crire cette biographie sur la pointe des pieds, et non sans une certaine crainteā€ ainsi commence la prĆ©face de Matilde Cocchiaro, auteur de la biographie de Natalia Dallapiccola, la premiĆØre Ć  suivre Chiara Lubich. Dans l’histoire des Focolari, Natalia a eu un rĆ“le particulier, au point de faire dire Ć  Chiara que si elle n’avait pas trouvĆ© une personne comme elle, dĆ©jĆ  prĆ©parĆ©e par Dieu, elle n’aurait sans doute jamais pu donner le dĆ©part d’une vie, aussi rĆ©volutionnaire, basĆ©e sur l’évangile.

GrĆ¢ce Ć  son amour infatigable envers tout le monde, toujours vĆ©cu avec la mĆŖme radicalitĆ© qu’au dĆ©but, Chiara l’avait surnommĆ©e ā€œAnzolonā€ qui, en dialecte de Trente, signifie ā€œgrand angeā€.
Son rĆ“le a Ć©tĆ© dĆ©terminant dans la diffusion de l’idĆ©al de l’unitĆ© dans les pays du Bloc communiste, le Rideau-de-fer d’alors et dans le domaine du ā€œDialogue interreligieuxā€ pour lesquels elle a fait sortir tous ses talents et son Ć©nergie pendant 30 ans, jusqu’aux derniers jours de sa vie terrestre.

Nichiko Niwano, prĆ©sident du mouvement bouddhiste japonais Rissho Kosei-kai, dans la prĆ©face, affirme: ā€œNatalia a jouĆ© le rĆ“le durant de longues annĆ©es de ā€œfenĆŖtre ouverteā€ qui nous a liĆ©s avec le mouvement des Focolari…Ā  y prodiguant ses meilleures ressources du cœur et de l’esprit…Ā  VoilĆ  un dicton ancien: ā€œConnais le passĆ© et tu dĆ©couvriras le nouveauā€. Ce qui veut dire: examine l’histoire, Ć©tudie attentivement la tradition, et tu obtiendras une nouvelle sagesse. Donc, je ne dĆ©sire rien d’autre et souhaite que cette biographie de Natalia devienne un guide prĆ©cieux dans le cheminement vers le futurā€.

Lors de son dĆ©part pour le ciel, le 1° avril 2008, survenu 18 jours seulement aprĆØs celui de Chiara, beaucoup ont eu des paroles de gratitude et de vives apprĆ©ciations: ā€œentre moi et Natalia – a dit le Rabin David Roben de JĆ©rusalem – existait un lien profond. Je garderai toujours comme un trĆ©sor, son aimable et noble esprit. (…)ā€
De l’Inde, Shantilal Somaiya, Kala Acharyo et Lalita Namjoshi, de la Somaiya Bharatya (Indou): ā€œNous nous souvenons avec grande rĆ©vĆ©rence de la visite qu’elle a faite Ć  notre institut et le style silencieux, mais si efficace Ć  faire avancer nos rencontres de dialogueā€.
De Skopje, Azir Semani, au nom des amis musulmans de MacĆ©doine, s’adresse directement Ć  elle: ā€œMerci pour ta main toujours tendue! … Nous avons entendu pleinement ton invitation: ā€˜que tous soient un’. La voix de Dieu par ton intermĆ©diaire a Ć©tĆ© un rappel d’amour et de confiance pour lequel, nous musulmans, nous sommes honorĆ©s de pouvoir cheminer ensemble, vers le monde uni. Que ton amour soit bĆ©ni!ā€.

Le cardinal Ć©mĆ©rite de Prague, Mgr. Miloslav Vlk, durant tant d’annĆ©es responsable des Ć©vĆŖques amis du mouvement des Focolari, tĆ©moigne: ā€œJe peux vraiment dire que Natalia fut mĆØre de l’IdĆ©al de l’unitĆ© pour notre terre. De sa vie, sans faire beaucoup de discours, elle faisait transparaĆ®tre la lumiĆØre du charisme reƧu de Chiara, qu’elle nous transmettait Ā dans toute sa profondeurā€.

ā€œEn 1968 Natalia, se trouvant dans les Ā montagnes de la Tatra, – continue le cardinal – Ć  environ 6 heures de distance de la RĆ©publique TchĆØque, a organisĆ© la premiĆØre mariapolis; la veste officielle Ć©tait des vacances et, pour Ć©viter les contrĆ“les de la police, on faisait de longues promenades, puis on s’arrĆŖtait et elle nous racontait … la vie qu’elle nous prĆ©sentait Ć©tait authentique, vraie; Ā chaque participant restait touchĆ© par sa simplicitĆ© toute mariale. Son amour conquĆ©rait parce qu’il Ć©tait naturel et surnaturel en mĆŖme tempsā€.

ā€œNatalia n’a pas laissĆ© d’histoire Ć©crite, elle Ć©tait toute portĆ©e Ć  aimer et Ć  se donner Ć  chaque prochain, conclut l’auteur. J’ai donc essayĆ© de la reconstruire… l’apport des premiĆØres et premiers focolarini a Ć©tĆ© irremplaƧable, eux qui avec elle ont vĆ©cu avec Chiara Lubich les premiĆØres lueurs du mouvement. J’ai pu aussi puiser Ć  quelques pensĆ©es spirituelles de Natalia, trĆØs prĆ©cieuses, Ć©crites de sa main souvent sur des feuilles volantes ou transmises de vive voix Ć  qui travaillait avec elle, rĆ©coltĆ©s ensuite par des tĆ©moins oculaires et reconstituĆ©s avec fidĆ©litĆ©ā€.
(Matilde Cocchiaro, ā€œNatalia: la prima compagnaĀ  diĀ  ChiaraĀ  Lubichā€, EditionĀ  CittĆ  Nuova, Rome, 2013. Colonne CittĆ  Nuova Per).
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Autriche: Religions pour la Paix

IX° AssemblĆ©e gĆ©nĆ©rale des Religions pour la paix (RFP), Vienne du 20 au 22 novembre. Environ six cents dĆ©lĆ©guĆ©s de tous les coins du monde, reprĆ©sentant des cultures religieuses qui expriment de maniĆØre diffĆ©rente leur grand dĆ©sir pour l’Absolu: bahaĆÆ, bouddhistes, chrĆ©tiens, giaistes, hindous, religions aborigĆØnes et traditionnelles, musulmans, sikh, shintoĆÆstes et zoroastriens. L’AssemblĆ©e a Ć©tĆ© prĆ©cĆ©dĆ©e par une confĆ©rence promue par King Abdullah Bin Abdulaziz International Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID). Il s’agit du Centre international pour le dialogue interreligieux et culturel, fondĆ© sur initiative de l’Arabie Saoudite, l’Espagne et l’Autriche qui voit aussi le rĆ“le important du Saint SiĆØge comme organisme fondateur, mĆŖme s’il reste au niveau d’observateur. ā€œWelcoming the otherā€ (accueillir l’autre), le titre de la IX° AssemblĆ©e, se place aujourd’hui comme un dĆ©fi dans un monde où, Ć  cause des processus migratoires et de la mondialisation, on se trouve face Ć  face avec des peuples diffĆ©rents, de mĆŖme que pour les cultures, les modes de croyance, les coutumes sociales. Elle se propose, en effet, de renverser la tendance grandissante de considĆ©rer le diffĆ©rent avec hostilitĆ©, par la tolĆ©rance et l’accueil de l’autre, en faisant progresser ainsi la dignitĆ© humaine. Maria Voce, actuelle prĆ©sidente des Focolari, est depuis cette annĆ©e Co-PrĆ©sidente du Conseil Mondial de RfP, avec 49 autres reprĆ©sentants de diverses religions et cultures, parmi lesquels le Rev. Nichiko Niwano (bouddhiste, PrĆ©sident de la Rissho Kosei-kai, Japon), le Rabin David Rosen, (juif, PrĆ©sident du ComitĆ© HĆ©braĆÆque International de Consultation Interreligieuse), Mme. CissĆ© Hadja Mariama Sow (musulmane, PrĆ©sidente des femmes Musulmanes de GuinĆ©e), Dr. AgnĆØs R. Abuom, (anglicane, ComitĆ© ExĆ©cutifĀ  du Conseil Mondial des Eglises, Kenya). ā€œAccueillir l’autre – une vision multi religieuse de paix –Ā  est un sujet de grande actualitĆ© dans le monde d’aujourd’huiā€, a dit dans son intervention Maria Voce; mais elle a soulignĆ© qu’il ā€œfaut la conversion du cœur … Et c’est lĆ  où se situe le rĆ“le crucial des religions. Elles doivent offrir du plus profond d’elles-mĆŖmes la force spirituelle pour conduire l’humanitĆ© vers la solidaritĆ© et la paix: elles doivent rĆ©aliser des initiatives capables de renouveler les relations non seulement au niveau individuel mais aussi entre les personnes de diffĆ©rentes races, nations, cultureā€. ā€œChiara Lubich, que je reprĆ©sente aujourd’hui – a continuĆ© la prĆ©sidente – et qui a beaucoup soutenu Religions pour la Paix, a donnĆ© toute sa vie pour construire l’unitĆ© de la famille humaine. Elle puisait cette inspiration de la priĆØre de JĆ©sus: ā€œQue tous soient unā€ (Jn 17,21). ƀ partir de l’enseignement et de l’exemple de Chiara, dĆØs les dĆ©buts du mouvement, nous voyons en toute personne, dans l’autre diffĆ©rent de moi, un compagnon de voyage, un frĆØre, sans lequel nous ne pouvons pas nous prĆ©senter devant Dieu. Chiara nous invite Ć  : ā€œtoujours diriger le regard sur s’unique PĆØre de tant de fils. Puis, Ć  regarder toutes les crĆ©atures, comme enfants de l’unique PĆØre. (…) Tendre constamment (…) Ć  la fraternitĆ© universelle en un seul PĆØre: Dieuā€™ā€. Et, avant d’offrir deux tĆ©moignages efficaces qui confirment la conviction de Chiara Lubich, elle conclut: ā€œL’amour envers le prochain enfonce donc ses racines non pas dans une philanthropie quelconque, mais dans le fait que nous sommes tous enfants d’un unique PĆØre. Et, si nous sommes enfants du mĆŖme PĆØre, nous sommes frĆØres entre nousā€. ā€œChiara Lubich et les religionsā€ sera, en plus, le thĆØme du congrĆØs prĆ©vu en mars 2014 auprĆØs de l’UniversitĆ© Urbanienne de Rome, Ć  l’occasion du 6° anniversaire de sa naissance au ciel. Religions pour la Paix, nĆ© en tant que ConfĆ©rence mondiale des religions pour la paix, œuvre depuis 1970 Ć  favoriser les processus de paix et de trouver des rĆ©ponses aux questions chaudes de l’humanitĆ©.


Zone presse : ā€œAccueillir l’autreā€ pour construire la paix


Dialogue et lƩgalitƩ: Maria Voce en Italie du Sud

Prisons en Italie, dƩvelopper la relation

Ā«Je dois raconter un fait parmi tant d’autres. Les jeunes sont dans le couloir et se promĆØnent. L’un des nĆ“tres voit un nouvel arrivĆ©. Il a les yeux Ć©pouvantĆ©s, immobile. Le nĆ“tre s’approche et lui demande: ā€œQu’est-ce qu’il y a?ā€ L’autre reste muet. Il le comprend trĆØs bien: c’était aussi son expĆ©rience. Il lui: ā€œallez, viens dans ma cellule que je t’offre un bon cafĆ©!ā€. Pendant qu’il le lui prĆ©pare, il continue: ā€œregarde! Ici on est bien, aujourd’hui il y a du soleil et puis tu as trouvĆ© un ami, que veux-tu de plus dans la vie?ā€. Le jour des visites ils sont, par hasard, tous les deux dans la mĆŖme chambre. Le fils et la femme du nouvel arrivĆ© se lĆØvent et vont le remercier pour le bien qu’il a fait Ć  leur parentā€.

C’est ce que raconte P.B. qui œuvre en tant que volontaire dans la prison de Padoue, tĆ©moignage d’une dignitĆ© que diverses histoires mettent en valeur et qui naĆ®t de petits gestes quotidiens. Elle a Ć©tĆ© recueillie au cours d’un laboratoire, le premier, pour les opĆ©rateurs des prisons en Italie organisĆ© par le Mouvement HumanitĆ© Nouvelle (Focolari) avec le rĆ©seau internationale Communion et Droit (C et D). La rencontre s’est tenue les 9 et 10 novembre dernier Ć  Castelgandolfo (RM).

Cinquante personnes, parmi eux des volontaires carcĆ©raux, Ā des enseignants, un assistant social, une ex prisonniĆØre, un magistrat de surveillance, un ex prĆ©sident du tribunal maintenant Ć  la retraite. Il y a aussi un prĆŖtre anglican avec sa femme, qui, avec d’autres veutĀ  approfondir le thĆØme. Ce sont eux les acteurs de ce premier sĆ©minaire: laboratoire oh combien actuel vue la situation carcĆ©rale que vit l’Italie, et que le PrĆ©sident de la RĆ©publique Giorgio Napolitano a rĆ©cemment dĆ©noncĆ©e.

Quelques chiffres : 45.647 places dans les prisons pour 65.831 prisonniers, plus de 20.000 personnes en excĆØs qui doivent purger leur peine dans des situations humainement invivables Ć  cause du manque d’espace et des normes hygiĆ©niques Ć©lĆ©mentaires: sans parler des violences et des abus qu’ils subissent ouvertement dans ces milieux. Comment rĆ©pondre Ć  cet Ć©tat de choses?

ā€œNous avons essayĆ© d’entrer dans la souffrance et, quelquefois, l’impuissance humaine face Ć  ces situationsā€ – raconte Francesco Giubilato, assistant social – ā€œnous avons misĆ© sur l’essentiel: la personne et la relation. La personne avec ses souffrances, ses besoins et les attentes du prisonnier, du geĆ“lier, de l’opĆ©rateur carcĆ©ral jusqu’à leur famille et la communautĆ©. La relation, la vraie, celle qui allĆØge la solitude et la souffrance et qui quelquefois guĆ©rit. Relation attentive au besoin et crĆ©ative de solutions tout en respectant la normeā€.

Le programme du laboratoire a mis en Ć©vidence les diffĆ©rentes expĆ©riences qui existent en Italie pour rĆ©pondre Ć  cette situation. Comme G.D. qui a vĆ©cu un an de service civil avec l’association ā€œLa fraternitĆ©ā€ Ć  l’intĆ©rieur de la prison de Montorso Ć  VĆ©ronne et maintenant il continue Ć  se mettre Ć  la disposition de l’Association dans le Centre d’écoute pour les familles des prisonniers et pour les nĆ©cessitĆ©s des ex prisonniers. Ou comme Alfonse Di Nicola, qui travaille dans les prisons romaines. Ces expĆ©riences ont mis en Ć©vidence la rĆ©alitĆ© critique, liĆ©e aussi Ć  la difficultĆ© de relations entre tous les sujets en prĆ©sence, et en mĆŖme temps qui dĆ©montre comment l’interaction, si elle est vĆ©cue dans la dimension de la fraternitĆ©, peut changer radicalement les personnes et le milieu.

Gianni Caso, PrĆ©sident Adjoint Honoraire Ć©mĆ©rite de la Cour de Cassation, a ouvert un autre front : celui de l’information. Information vĆ©ritable, honnĆŖte qui fait grandir la conscience des citoyens et qui la remue jusqu’à faire ou modifier la loi et son application pour une meilleure justice, Ć©quitable et respectueuse de la dignitĆ© humaine.

Dialogue et lƩgalitƩ: Maria Voce en Italie du Sud

Rod Gorton: s’aimer rĆ©ciproquement, faĆ®te de la charitĆ©

Rod Gorton, focolarino mariĆ©, nous a quittĆ©s le 14 novembre, suite Ć  un accident, alors qu’il accomplissait un acte d’amour. NĆ© Ć  Boston (Ɖtats-Unis) en 1933, il a connu l’idĆ©al de l’unitĆ© dans les annĆ©es 60. Son enfance a Ć©tĆ© marquĆ©e par la sĆ©paration de ses parents: “ƀ six ans, je me retrouvais sans pĆØre et, Ć  cause du milieu familial, sans Dieu”. Durant cette pĆ©riode, sa passion pour la musique l’aide. ƀ 20 ans, il entre Ć  l’AcadĆ©mie navale pour devenir Officier de la Marine des Ɖtats-Unis. Le rĆØglement prĆ©voit l’obligation de suivre les cĆ©lĆ©brations dominicales dans une Ć©glise Ć  choix et c’est ainsi que Rod entend parler de Dieu pour la premiĆØre fois. Les premiĆØres questions jaillissent et il se demande: “Sont-ils tous fous? Ou est-ce moi qui suis fou?” AprĆØs une recherche pleine de doutes, il se rend compte qu’en son for intĆ©rieur quelque chose a changĆ©: “Je croyais!” Mais il dĆ©couvre vite les contradictions de sa nouvelle vie, parce qu’il ne trouve personne qui prend l’Évangile au sĆ©rieux. Devenu officier de la Marine, il commence Ć  voyager Ć  travers le monde. Il est attirĆ© par les missionnaires qu’il rencontre dans diffĆ©rents pays et, aprĆØs quatre ans, il entre au sĆ©minaire pour devenir prĆŖtre et missionnaire. Mais il est encore en recherche… Dans le journal Living City, trouvĆ© par hasard, il lit un texte de Chiara Lubich: “Si tu veux conquĆ©rir une ville Ć  l’amour du Christ… Prends avec toi des amis animĆ©s des mĆŖmes sentiments, unissez-vous au nom du Christ… Promettez-vous un amour incessant et inĆ©branlable…” VoilĆ  ce qu’il avait cherchĆ© toute sa vie. Il y trouve aussi l’invitation Ć  une Mariapolis. LĆ , il est fortement touchĆ© par la rĆ©alitĆ© de famille qui est expĆ©rimentĆ©e entre tous: “Blancs, noirs, jaunes, jeunes, sĆ©niors, riches, pauvres… l’Évangile Ć©tait Ć  la base de tout, pour eux tous.” En novembre 1966, il part pour la citĆ©-pilote de Loppiano où, pendant six ans, il fait partie du groupe de musique Gen Rosso. Il sait jouer de la guitare acoustique, de la trompette et de l’harmonica. Faisant allusion aux promesses Ć©vangĆ©liques, il Ć©crit: “LĆ  j’ai trouvĆ© le centuple de pĆØres, de frĆØres, de maisons et, en plus, j’ai rencontrĆ© mon Dieu: JĆ©sus dans son abandon. Lui [qui a transformĆ© la douleur en amour] a illuminĆ© chaque pourquoi de ma vie et, en outre, j’ai trouvĆ© en Lui la ‘clĆ©’ pour former une famille”. Avec simplicitĆ© et sincĆ©ritĆ©, Rod est toujours en donation, trĆØs attentif aux besoins de chacun, des caractĆ©ristiques qu’il a conservĆ©es toute sa vie. Un jour, il rencontre Mazia, de l’Autriche. “Avec peu de mots, nous nous sommes compris; nous avions tous les deux la mĆŖme flamme dans le cœur: former une famille pour Dieu.” Et il Ć©crit Ć  Chiara Lubich: “Parce que j’ai d’abord dit oui Ć  Dieu, je peux dire oui Ć  Mazia”. Rod et Mazia se marient en janvier 1972 au Centre du Mouvement, Ć  Rocca di Papa, lors d’une rencontre de focolarini mariĆ©s. Parmi les tĆ©moins de mariage, Igino Giordani, Spartaco Lucarini et Chiara, qui donne Ć  la nouvelle famille la Parole de Vie suivante: “Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimĆ©s” (Jn 13,34). De leur mariage naissent Cielo, Clarence, Sara, Peter, Giovanna et Pina. Toujours disponibles et gĆ©nĆ©reux, ils donnent sans compter de leur temps pour les nombreuses initiatives de la citĆ©-pilote de Loppiano, où ils rĆ©sident, surtout engagĆ©s Ć  accompagner les centaines de familles qui y sĆ©journent temporairement. De nombreuses personnes sont touchĆ©es par leur amour et par leur tĆ©moignage. “Maintenant, pensons Ć  Rod dans la joie infinie – Ć©crit Maria Voce – certains que, lĆ -haut, il continuera Ć  accompagner Mazia et ses enfants qu’il a tant aimĆ©s.” Pensons aussi qu’il accompagnera nous tous qui sommes en chemin pour travailler, comme il l’a fait, pour la fraternitĆ© universelle.

Dialogue et lƩgalitƩ: Maria Voce en Italie du Sud

PƩrou: une Ʃcole sur les Andes

ā€œDĆ©part de Lima, avec en main un feuillet sur lequel un ami m’avait marquĆ© les Ć©tapes principales du parcours: Trujillo, Cajamarca, Celendin et Ć  la fin BolĆ­var. En tout 31 heures de voyage, les 12 derniĆØres sur des routes de terre battue. La camionette, peine de personnes entassĆ©es sur les sacs de riz et autres, arrive Ć  destination a 22h le soir. Pendant que nous descendons, un groupe de gens entonne des chants; cela ressemble Ć  un commitĆ© d’accueil et je me rends compte avec grande stupeur qu’ils sont lĆ  pour moi! Les derniĆØres heures de voyage, je les avais faites dans l’obscuritĆ©, sans me rendre compte où je me trouvais. Le matin suivant, quand je me rĆ©veille, je me trouve face Ć  un panorama merveilleux. Je me dis Ć  moi-mĆŖme: je suis arrivĆ© au paradis!ā€.

C’est Walter Cerchiaro, italien, qui raconte Ƨa, il est au PĆ©rou depuis 6 ans. Depuis son premier voyage il s’est rendu d’autres fois Ć  Bolivar pour rencontrer la communautĆ© du mouvement des Focolari. Maintenant ils ont arrangĆ© certaines route et le voyage ne dure que 25 heures!

Dans ce village Ć  3.200 mĆØtres d’altitude un nouveau projet de l’AMU (Action pour un Monde Uni sans but lucratif). Les habitants de Bolivar sont sur les 2.500, et le mĆŖme nombre rĆ©parti dans les 30 communautĆ©s sur un territoire trĆØs Ć©tendu. Le curĆ© de Bolivar, Don EmĆ©tĆ©rio, prĆŖtre ā€œde frontiĆØreā€ et auteur du projet, va leur rendre visite une ou deux fois par an. Quelquefois il a besoin de 2 jours de mulet, ici l’équivalent de la voiture (Ć  Bolivar les voitures se comptent sur les doigts d’une main).

ā€œCertaines personnes vivent d’agriculture, raconte Walter. Ils cultivent des pommes de terre, du foin pour les animaux; on trouve quelques vaches Ć  lait. Il y en a qui trouvent des postes de travail dans la fonction publique(Ć©cole, mairie) mais la majeur partie des adultes va chercher du travail sur la cĆ“te: les hommes comme paysans,Ā  les femmes au service de certaines familles. La consĆ©quence de cette situation saute aux yeux: Ć  Bolivar il n’y a que des enfants et des personnes Ć¢gĆ©es.ā€

ā€œDon EmĆ©tĆ©rio connaĆ®t tout le monde et s’est rendu compte que beaucoup d’enfants n’allaient pas Ć  l’école publique. La raison est Ć©vidente: les parents vivent dans des chacras (petits lopins de terre) et on a besoin de force pour le travail, mĆŖme les bras des enfants. Il y a deux ans le curĆ© a lancĆ© une Ć©cole dans les locaux de la paroisse. Il a fait un travail minutieux, famille par famille, assurant qu’il aurait mĆŖme donnĆ© un repas aux enfants. Par la suite il a louĆ© une maison parce qu’il n’y avait pas assez de place; en peu de temps les enfants sont passĆ©s Ć  80! Certains font chaque jour des heures et des heures de route Ć  pied pour venir.

Au PĆ©rou le gouvernement se charge du salaire des enseignants mĆŖme dans les Ć©coles privĆ©es, si l’on donne des garanties adĆ©quates; l’école reƧoit donc ces subsides. Il faut cependant stabiliser et assurer le bon dĆ©roulement des activitĆ©s scolaires, et le fait d’avoir des locaux en location ne facilite pas les choses. Par exemple, aprĆØs les 3 premiers mois d’activitĆ©, il a fallu changer de maison, parce que le propriĆ©taire en avait besoin. Le projet a comme but de garantir la continuitĆ© des activitĆ©s scolastiques; voilĆ  pourquoi une nouvelle Ć©cole sera construite, où il y aura 11 salles plus le secrĆ©tariat. Environ 250 enfants et ados pourront la frĆ©quenter, elle comprendra Ć©cole primaire et secondaire. Le terrain pour la construction existe dĆ©jĆ , c’est celui de la paroisse. Il est assez grand et s’y prĆŖte trĆØs bienā€.

ā€œElle ne faitĀ  pasĀ  concurrence Ć  l’école publique parce qu’on est bien conscient de ne pas rĆ©ussir Ć  prendre tout le monde. Le personnel disponible n’est pas suffisant pour pouvoir aller de famille en famille et faire le travail de sensibilisation qu’a fait don EmĆ©rĆ©rioā€.

ā€œEnsuite – conclut Walter – on entrevoit dĆ©jĆ  un autre but. Il y a une bande de territoire plus ample et Ć©loignĆ©e,Ā  d’où les enfants ne peuvent pas aller Ć  l’école mĆŖme s’ils marchent de longues heures. Pour eux il serait nĆ©cessaire d’avoir un endroit protĆ©gĆ©, une maison-famille qui les abrite, avec du personnel qualifiĆ©. Un rĆŖve? Peut-ĆŖtre, ou, plus simplement, une seconde phase du projet. Nous verrons!ā€

Source: AMU nouvelle n. 4/2013

Info: www.amu-it.eu