Mouvement des Focolari

Bruxelles : En esprit de solidarité

Un engagement qui implique forces politiques, institutions, Mouvements ecclĆ©siaux, organisations de la sociĆ©tĆ© civile et, en premiĆØre ligne, les jeunes. Tel est le climat qui s’est dĆ©gagĆ© de la confĆ©rence “Corps europĆ©en de solidaritĆ© et service civique en Europe“, qui s’est tenue le 24 octobre 2023 Ć  Bruxelles. JesĆŗs MorĆ”n, CoprĆ©sident du Mouvement des Focolari, qui a participĆ© Ć  la rencontre, nous fait part de ses impressions. Mardi 24 octobre, Bruxelles Ć©tait Ć©tonnamment ensoleillĆ©e, contrairement Ć  ce que nous attendions l’aprĆØs-midi du 23, lorsque nous sommes arrivĆ©s dans la capitale belge et avons Ć©tĆ© accueillis par une forte pluie. Pour les habitants de Bruxelles, les citoyens d’innombrables pays europĆ©ens, la vue d’un tel soleil Ć©tait une nouveautĆ© au cœur de l’automneĀ ; pour nous, c’était un bon prĆ©sage de ce que nous allions vivre ce matin-lĆ  dans l’imposant bĆ¢timent du Parlement europĆ©en. ƀ 9h15, dans une salle de sĆ©minaire pouvant accueillir 30 personnes, a dĆ©butĆ© la rencontre organisĆ©e par trois associations d’inspiration trĆØs diffĆ©renteĀ : le Mouvement EuropĆ©en, l’Association Caterinati et le Mouvement des Focolari, dans le cadre du Corps EuropĆ©en de SolidaritĆ© (CES), une initiative de la Commission EuropĆ©enne capable de rĆ©unir des parlementaires de tous bords politiques grĆ¢ce Ć  son parcours courageux et constructif. L’évĆ©nement Ć©tait aussi une commĆ©moration en hommage Ć  David Sassoli, PrĆ©sident du Parlement europĆ©en dĆ©cĆ©dĆ© le 11Ā janvierĀ 2022. C’Ć©tait pour moi la deuxiĆØme fois que je participais Ć  un Ć©vĆ©nement similaire. Le premier qui remonte Ć  la pĆ©riode prĆ©cĆ©dant la pandĆ©mie s’Ć©tait tenu au Parlement europĆ©en Ć  Rome. La providence a voulu que, prĆ©cisĆ©ment ce mardi, au moment où nous commencions la session, la Commission Culture du Parlement europĆ©en approuve quasiment Ć  l’unanimitĆ©, le rapport sur les activitĆ©s du CES pour la pĆ©riode 2021-2027. Le Mouvement des Focolari Ć©tait reprĆ©sentĆ© non seulement par moi, en qualitĆ© de CoprĆ©sident, mais aussi par des membres du Mouvement Politique pour l’UnitĆ©, New Umanity (prĆ©sent avec 3 jeunes) et le “Focolare europĆ©en“, qui est basĆ© Ć  Bruxelles et interagit avec de nombreuses personnes des Institutions europĆ©ennesĀ ; il accueille Ć©galement des migrants et promeut le dialogue et le partage d’idĆ©aux. Je ne m’attarderai pas sur les dĆ©tails de l’Ć©vĆ©nement que l’on peut lire dans les diffĆ©rents communiquĆ©s de presse parus ces jours-ci. Je voudrais plutĆ“t souligner l’importance considĆ©rable de ces Ć©vĆ©nements apparemment mineurs et minoritaires qui, au contraire, peuvent marquer la ligne d’un changement de cap dans les relations internationales, dans la dynamique de la configuration sociale des nations et des peuplesĀ ; [ligne] qui donne Ć  l’Europe un visage diffĆ©rent, plus conforme Ć  l’idĆ©e des fondateurs de l’Union que ce que nous avons l’habitude de voir, surtout ces temps-ci et plus cohĆ©rent avec sa vĆ©ritable identitĆ© fondĆ©e sur des valeurs aux racines grĆ©co-latines et chrĆ©tiennes indiscutables, comme la solidaritĆ©, l’ouverture, la tolĆ©rance, la communion, la dĆ©mocratie, la transcendance, la libertĆ©, la fraternitĆ© et la paix. Il est en outre trĆØs significatif que des initiatives telles que le CES aient pour protagonistes les jeunes. C’est en effet Ć  eux qu’il revient de mener le changement de paradigme que nous espĆ©rons tous. Les plus de 300 000 jeunes qui ont participĆ© au fil des ans au programme de solidaritĆ© de la Commission dĆ©montrent que ce sont les objectifs pour lesquels ils sont prĆŖts Ć  dĆ©penser toutes leurs Ć©nergies intellectuelles et morales. Les jeunes ne reculent pas si nous leur proposons des objectifs Ć©levĆ©s et si nous leur prĆ©parons le terrain. En ce moment dramatique du monde, l’espĆ©rance vient d’eux et de leur dĆ©sir de changement. Seuls des jeunes qui ont la solidaritĆ© dans les veines peuvent arrĆŖter la dĆ©rive de l’incomprĆ©hension, de la polarisation, de la haine et de la violence qui gangrĆØnent le monde. Avec de telles initiatives, ces jeunes crĆ©ent une culture – et une grande cultureĀ – car ils ne se contentent pas de travailler pour les causes les plus nobles, mais ils construisent des relations nouvelles, partagent des expĆ©riences et des traditions, et s’enrichissent de leur diversitĆ©. ƀ la fin de la rencontre, on a pu percevoir chez tous les participants une joie particuliĆØre qui n’allait pas de soi, surtout parmi les parlementaires, habituĆ©s Ć  des confrontations sans fin et Ć  des luttes de pouvoir parfois impitoyables. Tandis que nous nous dirigions vers l’aĆ©roport, le soleil de Bruxelles semblait nous dire que le brouillard se dissipera de nos cœurs si nous devenons un peu plus gĆ©nĆ©reux et accordons de l’importance Ć  ce qui en vaut vraiment la peine. Seulement cela pourra tout rendre plus beau, mĆŖme cette ville splendide.

Jesús MorÔn

Ɖvangile vĆ©cu : Dieu a la primautĆ© dans nos vies

La phrase « Rendez donc Ć  CĆ©sar ce qui est Ć  CĆ©sar et Ć  Dieu ce qui est Ć  DieuĀ Ā» (Mt 22, 21) contient l’appel imminent Ć  vivre radicalement notre foi. Aimer signifie prĆ©cisĆ©ment ceci : faire la volontĆ© de Dieu qui nous donne tout et la faire sans demi-mesure ; reconnaĆ®tre dans le bruit assourdissant du monde Sa voix et La choisir comme route principale dans notre vie quotidienne. Parmi les pauvres des banlieues InterpellĆ©s par la situation de dĆ©gradation et de pauvretĆ© de nombreuses familles de notre rĆ©gion, et stimulĆ©s par la Parole de Dieu, quelques-uns d’entre nous se sont retroussĆ©s les manches pour se consacrer en particulier aux enfants des banlieues, aprĆØs avoir prĆ©sentĆ© la proposition aux autoritĆ©s religieuses et civiles. Tout d’abord, quelques mĆØres vivant dans des cabanes se sont portĆ©es volontaires pour nous aider pour des familles encore plus pauvres. Notre service commenƧait par l’enregistrement et la pesĆ©e des enfants de zĆ©ro Ć  cinq ans, l’instruction des mĆØres sur l’alimentation alternative (peu coĆ»teuse et Ć  haute valeur nutritionnelle), les vaccinations, l’allaitement et l’Ć©ducation. Ce n’Ć©tait qu’un premier contact pour traiter plus tard des problĆØmes plus graves : chĆ“mage, alcoolisme, abandon, faim, sans-abrisme, drogue, misĆØre. Avec nos familles, nous venions en aide Ć  ceux qui vivent dans des baraques chaque week-end pour leur offrir, avec l’aide d’autres chrĆ©tiens, de meilleures conditions de vie. La communion des biens rĆ©alisĆ©e entre nous a permis d’amĆ©liorer la qualitĆ© de vie de ces enfants et de leur procurer une dignitĆ© de vie. (M.N. – BrĆ©sil) Un travail inattendu Dans le village où nous vivons, un couple avec cinq enfants est arrivĆ© rĆ©cemment. Le pĆØre Ć©tait sans travail et avait dĆ» dĆ©mĆ©nager pour des raisons de santĆ©. Comme sa profession Ć©tait compatible avec celle de mon mari et qu’on nous avait promis un travail important, nous avons dĆ©cidĆ© de l’embaucher dans notre entreprise. Mais aprĆØs quelques mois, l’emploi sur lequel nous comptions s’est envolĆ© et nous avons commencĆ© Ć  nous inquiĆ©ter pour l’avenir. La Parole de l’Ɖvangile que nous nous Ć©tions proposĆ©s de vivre en ce moment-lĆ , nous a invitĆ©s Ć  la priĆØre car, disait le commentaire, on est face Ć  deux tentations : « La prĆ©somption de s’en sortir par soi-mĆŖme et la peur de ne pas rĆ©ussir. Au contraire, JĆ©sus nous assure que notre PĆØre du ciel ne nous laissera pas manquer de la puissance de l’Esprit si nous sommes vigilants et si nous Le lui demandons avec foiĀ Ā». Avec foi, nous nous sommes alors tournĆ©s vers Lui, Lui confiant la nouvelle situation, certains qu’Il s’en occuperait. Le lendemain, mon mari a reƧu un travail aussi important qu’inattendu. Depuis, nous n’avons pas manquĆ© de travail et le nouvel arrivĆ© continue de travailler chez nous. (M.R. – Suisse) Le prĆŖt Pendant le premier trimestre de l’Ć©cole, j’avais partagĆ© ma bourse d’étude avec un Ć©lĆØve qui ne pouvait pas payer sa carte de cantine parce qu’il venait d’une famille trĆØs pauvre. Au dĆ©but du deuxiĆØme trimestre, il m’a confiĆ© que ses parents avaient un besoin urgent d’argent et m’a demandĆ© un certain prĆŖt. J’avais mis une somme de cĆ“tĆ© pour les livres et la nourriture, mais par amitiĆ©, j’ai dĆ©cidĆ© de la lui accorder. Les jours suivants, je ne le voyais plus alors qu’il venait toujours me parler. Je m’inquiĆ©tais et je me mettais mĆŖme en colĆØre. Puis, tout Ć  coup, l’Ɖvangile m’est venu en aide en pensant qu’il Ć©tait juste d’aider un prochain plus mal loti que moi. Une fois calmĆ©, je suis allĆ© lui rendre visite chez lui. DĆØs mon arrivĆ©e, il m’a dit qu’il ne s’Ć©tait plus prĆ©sentĆ© parce qu’il avait honte de ne pas encore avoir l’argent pour me rembourser et qu’il ne savait pas quoi faire. Je l’ai rassurĆ© en lui disant qu’il me rembourserait quand il le pourrait et que si ce n’Ć©tait pas le cas, ce n’Ć©tait pas grave : l’important, c’Ć©tait notre amitiĆ©, elle ne devait pas en souffrir. (J.B. – Afrique)

ƉditĆ© par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, annĆ©e IX – n° 1 septembre-octobre 2023)

CHIARA LUBICH : L’amour rĆ©ciproque est notre habit

“Vivre la fraternitĆ©, susciter des relations d’unitĆ©, crĆ©er des liens de rĆ©ciprocitĆ©, tels sont les objectifs des relations que nous tissons au quotidien.Ā  Mais d’où vient cette Ć©tincelle qui nous pousse Ć  oser et Ć  aller Ć  la rencontre des autres ? Chiara Lubich propose une rĆ©ponse en racontant un Ć©pisode de sa vie”. ƀ prĆ©sent, passons au deuxiĆØme aspect : le rayonnement. C’est un sujet trĆØs vaste. Nous nous limiterons Ć  trouver quelques indications dans les Ć©crits des premiĆØres annĆ©es du Mouvement. Il suffit de lire quelques pages relatives Ć  cet aspect pour comprendre que « la premiĆØre Ć©tincelle Ć  l’origine de tout, est l’amour Ā». Oui, cela a Ć©tĆ© l’amour. Une Ć©tincelle s’est allumĆ©e, a diffusĆ© sa lumiĆØre et a provoquĆ© un incendie dans le monde. L’amour rayonne, l’amour lui-mĆŖme rend tĆ©moignage. Aussi lorsque la parole entre en action. Celle-ci doit ĆŖtre sous-tendue par le tĆ©moignage, par l’amour : avoir aimĆ© avant, et accompagnĆ©e par l’expĆ©rience : raconter les expĆ©riences. Il en a Ć©tĆ© ainsi pour les premiers chrĆ©tiens. Il en va de mĆŖme aujourd’hui. Il y a un Ć©pisode qui est restĆ© gravĆ© dans mon cœur. Il me semble trĆØs beau. C’est lĆ  que rĆ©side le secret de notre rayonnement, le point d’où nous devons partir. Ā« (…) Je me promenais dans les rues d’Einsiedeln et je voyais passer de nombreuses personnes de diffĆ©rents Ordres religieux – car c’est un sanctuaire, trĆØs beau -. Et entre autres, j’ai Ć©tĆ© frappĆ©e, particuliĆØrement impressionnĆ©e par les petites sœurs de Foucauld. Elles passaient Ć  bicyclette et avaient un visage trĆØs vivant avec leur foulard qui les faisait ressembler Ć  des lavandiĆØres. Leur visage expressif me rappelait ce que j’avais lu de leur fondateur, Charles de Foucauld, qui – dit-on de lui – a criĆ© l’Ɖvangile par toute sa vie. De fait, ces sœurs semblaient dire : Ā« Heureux les pauvres de cœur, heureux ceux qui pleurent… » Ce n’Ć©taient pas les BĆ©atitudes que le monde aurait voulu entendre, c’Ć©tait le scandale de l’Ɖvangile. Un grand dĆ©sir est nĆ© alors en moi : celui de donner, moi aussi, extĆ©rieurement, mon tĆ©moignage. Mais je ne voyais pas comment. ƀ moment donnĆ©, j’ai rencontrĆ© une de mes compagnes – c’Ć©tait Natalia – et je lui ai dit : « Tu sais, j’ai vu ce que l’apostolat de ces sœurs produit sur moi, non tant par leurs paroles mais par leur habit… J’aimerais que nous puissions le faire nous aussi. Mais, qu’est-ce qui, en nous, peut faire connaĆ®tre Dieu aux autres ? Ah ! – me suis-je exclamĆ©e - : ” ƀ ceci tous reconnaĆ®tront que vous ĆŖtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres”. L’amour rĆ©ciproque Ć©tait donc notre habit.

Chiara Lubich

https://youtu.be/AVtm1_vi4S0  

La force de ne pas cƩder au mal

AprĆØs l’attaque terroriste subie par IsraĆ«l, l’horreur de la violence qui s’est dĆ©chaĆ®nĆ©e, la vague de peur qui a secouĆ© les deux peuples, l’angoisse pour les otages et l’incertitude pour le sort de la population de GazaĀ : des nouvelles des communautĆ©s des Focolari en Terre sainte et un appel mondial Ć  la priĆØre et au jeĆ»ne pour la paix le 17Ā octobre prochain. « Nous avons quittĆ© nos maisons et tous les chrĆ©tiens se sont rĆ©fugiĆ©s dans les Ć©glises. C’est le bref message que nous avons reƧu ce matin de la part de quelques membres de la communautĆ© des Focolari de GazaĀ ; ce sont les derniĆØres nouvelles que nous avons reƧues d’eux. Selon le pĆØre Gabriel Romanelli, curĆ© de la paroisse catholique de la Sainte Famille Ć  Gaza, 1017 chrĆ©tiens vivent encore dans la bande de Gaza et parmi eux se trouvent plusieurs adhĆ©rents du Mouvement des Focolari, avec lesquels la communication est de plus en plus sporadique et difficile. Et malgrĆ© cela, un message de l’une d’entre eux a circulĆ© ces jours-ci pour remercier tout le monde de la proximitĆ© et des priĆØres pour la petite communautĆ© de Gaza.  « Vous m’avez donnĆ© la force de ne pas cĆ©der au mal, Ć©crit-elle, de ne pas douter de la misĆ©ricorde de Dieu et de croire que le bien existe. Au milieu de toute obscuritĆ©, il y a une lumiĆØre cachĆ©e. Si nous ne pouvons pas prier, vous, priezĀ ! Nous, nous offrons et notre action, ensemble, est complĆØte. Nous voulons crier au monde que nous voulons la paix, que la violence engendre la violence et que notre confiance en Dieu est grande. Mais si Dieu nous appelle Ć  Lui, soyez assurĆ©s que du Ciel nous continuerons Ć  prier avec vous et Ć  L’implorer avec plus de force d’avoir compassion pour Son peuple et pour vous. La paix, la sĆ©curitĆ©, l’unitĆ© et la fraternitĆ© universelle, c’est ce que nous dĆ©sirons et c’est la volontĆ© de Dieu et la nĆ“tre aussi.Ā» Margaret KarramĀ : au milieu de la haine, des nouvelles de fraternitĆ©. Il faut du courage pour dire cela aujourd’hui, tandis que l’horreur et la violence occupent tout l’espace mĆ©diatique, mais ce ne sont pas les seules nouvelles. Il y a celles que l’on crie moins, mais que l’on ne peut pas faire taire, comme le rĆ©seau mondial de priĆØre qui est en place sur tous les points de la terre, sans distinction de croyance ou d’appartenance religieuse, de mĆŖme que les gestes et les paroles de fraternitĆ©. C’est ce qu’a dĆ©clarĆ© hier Margaret Karram, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari, lors du traditionnel briefing du bureau de presse du Vatican, en marge du Synode de l’Ɖglise catholique en cours, auquel elle participe en tant qu’invitĆ©e spĆ©ciale. « Des amis juifs que je connais en IsraĆ«l, raconte-t-elle, m’ont appelĆ©e, moi qui suis une arabe palestinienne, pour me dire qu’ils s’inquiĆ©taient pour ceux qui vivent Ć  Gaza. Pour moi, c’est une trĆØs belle chose. Tout le monde connaĆ®t les histoires nĆ©gatives entre ces deux peuples, mais beaucoup de personnes, de nombreuses organisations travaillent Ć  construire des ponts et personne n’en parle. On ne parle que de haine, de division, de terrorisme. Nous nous faisons des images collectives de ces deux peuples qui ne correspondent pas Ć  la rĆ©alitĆ©. Nous ne devons pas oublier qu’aujourd’hui encore, de nombreuses personnes travaillent Ć  construire des ponts. C’est une semence jetĆ©e, mĆŖme en cette heure si difficile.Ā Ā» De la part de nos amis juifsĀ : faire une communautĆ© de priĆØre Pour confirmer cela, depuis une localitĆ© du district de Tel Aviv, une amie juive nous Ć©critĀ : « Si vous ĆŖtes en contact avec les amis du focolare Ć  Gaza, envoyez-leur mon amour et ma proximitĆ©. J’espĆØre qu’ils sont tous en sĆ©curitĆ©. Ces jours-ci, je suis Ć  la maison avec ma famille, les Ć©coles sont fermĆ©es et nous restons prĆØs des abris. Les rĆ©seaux sociaux relaient un flux constant d’appels et de propositions d’aide pour les familles qui ont fui, pour les soldats et leurs familles. Il y a aussi des demandes d’aide pour les funĆ©railles, pour honorer les morts comme il se doit. Il semble que tous les jeunes ont Ć©tĆ© appelĆ©s Ć  se battre et nous craignons pour nos amis et nos parents. Nous avons peur de ce qui nous attend. J’essaie de protĆ©ger mes enfants de la peur, mais notre horreur est insignifiante comparĆ©e Ć  ce qui est arrivĆ© Ć  nos frĆØres et sœurs du Sud. Je pense Ć  mes amis arabes en IsraĆ«l qui courent vers les abris comme nous. J’essaie de prier Ć  la mĆŖme heure que mon ami musulman, pour que nous soyons une communautĆ© de priĆØre mĆŖme si de nombreuses choses nous divisent. J’apprĆ©cie que vous soyez avec nous, ensemble, et votre priĆØre, plus que je ne saurais le dire.Ā Ā» Que pouvons-nous faireĀ ? Lors de la confĆ©rence de presse, Margaret Karram a confiĆ© la souffrance et l’angoisse qu’elle ressent pour son peuple, des deux cĆ“tĆ©sĀ : « Je me suis demandĆ© ce que je faisais iciĀ ? Ne devrais-je pas faire autre chose pour promouvoir la paix en ce momentĀ ? Mais ensuite, je me suis ditĀ : ici aussi, je peux m’unir Ć  l’invitation du pape FranƧois et Ć  la priĆØre de tous. Avec ces frĆØres et sœurs provenant des quatre coins du monde, nous pouvons demander Ć  Dieu le don de la paix. Je crois en la puissance de la priĆØre.Ā» Elle a ensuite parlĆ© de l’action « Plus de guerresĀ !!! CONSTRUISONS LA PAIXĀ !Ā Ā» que les enfants, les adolescents et les jeunes du Mouvement des Focolari ont lancĆ©e avec l’association « Living PeaceĀ Ā». Ils appellent leurs pairs Ć  prier pour la paix Ć  midi, tous les jours et sur tous les fuseaux horairesĀ ; ils proposent aussi de remplir la journĆ©e de gestes qui construisent la paix dans le cœur de chacun et autour d’euxĀ ; ils invitent Ć  envoyer des messages de soutien aux enfants, aux adolescents et aux jeunes de Terre sainte et les encouragent Ć  demander aux gouvernants de leur pays de tout mettre en œuvre pour parvenir Ć  la paix. Le Mouvement des Focolari adhĆØre Ć©galement Ć  l’appel du Patriarche latin de JĆ©rusalem, le cardinal Pizzaballa, pour une journĆ©e de jeĆ»ne et de priĆØre pour la paix le 17Ā octobreĀ : « Organisons des moments de priĆØre avec l’adoration eucharistique et le chapelet Ć  la Sainte Vierge. Probablement dans de nombreuses parties de nos diocĆØses, les circonstances ne permettront pas de grands rassemblements. Dans les paroisses, dans les communautĆ©s religieuses, dans les familles, il sera toujours possible d’organiser des moments de priĆØre communs, simples et sobresĀ Ā».

Stefania Tanesini

Syrie, l’espoir des jeunes au milieu des vagues de violence

Syrie, l’espoir des jeunes au milieu des vagues de violence

Le Moyen-Orient continue de souffrir de la violence, des affrontements et des attaques terroristes. L’histoire de Joseph, un jeune Syrien membre des Focolari qui, avec d’autres jeunes, nourrit l’espoir de la paix sur une terre martyrisĆ©e.
Le cauchemar des massacres de masse est Ć  nouveau effrayant. Le Moyen-Orient est toujours ravagĆ© par les guerres, les attentats terroristes, les violences de toutes sortes qui ne font que des morts. En Syrie, le 6 octobre, des drones chargĆ©s d’explosifs se sont abattus sur une acadĆ©mie militaire Ć  Homs lors d’une cĆ©rĆ©monie festive. Le bilan est d’une centaine de morts, dont une trentaine de femmes et d’enfants. Le lendemain, une autre attaque similaire a eu lieu lors de cĆ©lĆ©brations funĆ©raires, heureusement neutralisĆ©e Ć  temps. La rĆ©ponse syrienne n’a pas manquĆ© avec une pluie de bombes Ć  Idlib, dans une zone Ć©chappant au contrĆ“le du gouvernement. Une escalade de la violence Ć  laquelle l’envoyĆ© spĆ©cial des Nations unies pour la Syrie, Geir O. Pedersen, a rĆ©agi en appelant Ć  un cessez-le-feu immĆ©diat, Ć  la protection des civils et Ć  l’ouverture de nĆ©gociations de paix. Dans ce contexte de guerre, alors que la violence continue de s’intensifier et qu’il ne semble pas y avoir d’espoir d’un avenir pacifique, quelques jeunes Syriens appartenant au mouvement des Focolari se sont retrouvĆ©s pour leur rĆ©union annuelle.

Joseph Moawwad, 24 ans, a participĆ© au congrĆØs et nous a Ć©crit pour nous faire part de son expĆ©rience personnelle. « Je vivais une pĆ©riode trĆØs difficile, un sentiment de tiĆ©deur, sans enthousiasme ; Ć©galement pour ce congrĆØs, peut-ĆŖtre Ć  cause des fortes tensions que je vis et que les jeunes Syriens vivent. Les consĆ©quences de la guerre perdurent, depuis 13 ans dĆ©jĆ , et plus rĆ©cemment, l’attentat d’ il y a quelques jours Ć  Homs. Nous l’avons appris dĆØs le dĆ©but du congrĆØs. Cependant, la grande surprise a Ć©tĆ© de rencontrer 90 jeunes du mouvement des Focolari venus de toutes les rĆ©gions de Syrie. J’ai senti comme une tempĆŖte qui enlevait les cendres qui couvraient les braises de mon cœur, et ainsi le ā€˜feu’ en moi a repris. Les expĆ©riences de communion, de partage, de fraternitĆ© entre nous et cette tension de vivre l’amour mutuel pour avoir la prĆ©sence de JĆ©sus parmi nous (cf. « LĆ  où deux ou plusieurs sont unis en mon nom, je suis au milieu d’euxĀ Ā», Mt 18, 15-20) ont effacĆ© tout ce que je ressentais auparavant et ont rendu plus puissante cette flamme que j’ai sentie, se rallumer en moi. ƀ la fin de la journĆ©e, pendant la priĆØre communautaire, j’ai compris que je prenais une dĆ©cision : garder cette ā€˜flamme’ que j’ai sentie, se rallumer pour longtemps, la faire grandir, la donner aux personnes les plus faibles et les plus dĆ©couragĆ©es. J’ai dĆ©couvert que l’unitĆ© avec les autres jeunes des Focolari, l’amour rĆ©ciproque qui nous lie, est la solution Ć  toute cette haine et Ć  tout ce mal que nous vivons. Et puis la prĆ©sence de JĆ©sus en nous et parmi nous : c’est lui qui nous donne la force et l’espoir d’un avenir meilleurĀ Ā». Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā 

Lorenzo Russo

Margaret Karram : retrouver le chemin du respect des droits de l’homme par le dialogue et la rĆ©conciliation

La dĆ©claration de la prĆ©sidente du mouvement des Focolari suite Ć  l’explosion de graves violences en Terre Sainte le 7 octobre 2023 : “Justice, dialogue et rĆ©conciliation, outils indispensables pour construire la paix”.

Rome, le 8 octobre 2023

Il n’y a pas de mots pour exprimer la tristesse infinie que j’ai dans le cœur pour les populations d’IsraĆ«l et de PalestineĀ ; pour les morts, les blessĆ©s, les personnes retenues en otage, les disparus et leurs familles que la derniĆØre et trĆØs grave flambĆ©e de violence a provoquĆ©s sur ma terre. C’est avec une foi profonde, avec l’ensemble du Mouvement des Focolari, que je m’unis Ć  l’appel du pape FranƧois, Ć  celui du Patriarcat latin de JĆ©rusalem, aux paroles de paix de responsables des diffĆ©rentes Ɖglises chrĆ©tiennes et des leaders des Religions – en particulier de la rĆ©gion israĆ©lo-palestinienne – pour demander l’arrĆŖt des armes et que l’on comprenne que, comme l’a dit le pape FranƧois Ć  l’AngĆ©lus d’aujourd’hui, « le terrorisme et la guerre ne mĆØnent Ć  aucune solution, mais toute guerre est une dĆ©faiteĀ Ā». Dans la priĆØre au Dieu de la Paix et de la Justice, je suis unie Ć©galement Ć  tous ceux qui, dans le monde entier, offrent priĆØres, souffrances et actions, afin que la paix l’emporte sur la haine et la terreur. Je remercie en particulier ceux qui m’ont Ć©crit depuis des lieux de conflit, comme l’Ukraine, exprimant leur offrande et leur proximitĆ©, malgrĆ© la tragique situation dans laquelle ils se trouvent depuis plus d’un an. Engageons-nous Ć  construire un monde fraternel et Ć  faire tout ce qu’il nous est possible pour que ces peuples et tous ceux qui se trouvent dans les mĆŖmes situations d’instabilitĆ© et de violence retrouvent le chemin du respect des droits de l’hommeĀ ; où la justice, le dialogue et la rĆ©conciliation sont les instruments indispensables pour construire la paix.

Margaret Karram PrƩsidente du Mouvement des Focolari

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Les Eglises en priĆØre pour le Synode

La 16e AssemblĆ©e gĆ©nĆ©rale du Synode des Ć©vĆŖques qui est en cours au Vatican s’est ouverte, le 30 septembre 2023, par une veillĆ©e de priĆØre œcumĆ©nique intitulĆ©e ” Ensemble – Rassemblement du peuple de Dieu “. Promue par la communautĆ© de TaizĆ© en collaboration avec le SecrĆ©tariat du Synode des Ć©vĆŖques, le Vicariat de Rome, le DicastĆØre pour la promotion de l’unitĆ© des chrĆ©tiens et le DicastĆØre pour les laĆÆcs, la famille et la vie, elle a Ć©tĆ© conƧue et rĆ©alisĆ©e par des reprĆ©sentants de diverses Ɖglises chrĆ©tiennes. Nous avons demandĆ© Ć  trois Ć©vĆŖques prĆ©sents : Charles May – Ɖglise anglicane d’Afrique du Sud ; Bertram Meier – ƉvĆŖque catholique d’Augsbourg (Allemagne) ; Chrysostomos de Kyrenia, Ɖglise orthodoxe de Chypre. Activer les sous-titres en franƧais https://www.youtube.com/watch?v=va9sdPxfovI&list=PLKhiBjTNojHqtFwgi5TYI3T7zRvAuOZiD

Synode : transformer le parcours en une rƩalitƩ permanente

Le Synode sur la synodalitĆ© dĆ©butera le 4Ā octobre au Vatican et se poursuivra jusqu’Ć  la fin du mois. Parmi les invitĆ©s spĆ©ciaux figure Margaret Karram, PrĆ©sidente du Mouvement des Focolari. Nous sommes au seuil de l’Ć©tape universelle du Synode 2021-2024 sur la synodalitĆ©. Samedi 30Ā septembre 2023, la place Saint-Pierre Ć  Rome rĆ©unira des milliers de personnes de diffĆ©rentes Ɖglises chrĆ©tiennes pour la VeillĆ©e œcumĆ©nique « Ensemble – Rassemblement du Peuple de DieuĀ Ā», organisĆ©e par la communautĆ© de TaizĆ© en collaboration avec le SecrĆ©tariat du Synode des Ć©vĆŖques, le Vicariat de Rome, le DicastĆØre pour la promotion de l’unitĆ© des chrĆ©tiens et le DicastĆØre pour les laĆÆcs, la famille et la vie. Les jeunes seront les protagonistes de cet Ć©vĆ©nement. Au terme de ce temps de priĆØre et de cĆ©lĆ©bration, les 464 participants Ć  l’assemblĆ©e synodale se rendront Ć  Sacrofano, prĆØs de Rome, pour une retraite spirituelle jusqu’au 3Ā octobre. Ils reviendront au Vatican pour l’ouverture solennelle du Synode avec la messe cĆ©lĆ©brĆ©e par le pape FranƧois, le mercredi 4 octobre. Tout de suite aprĆØs, les cardinaux, les Ć©vĆŖques, les religieux et les laĆÆcs qui participeront au Synode commenceront leurs travaux dans la Salle Paul VI. Quatre semaines au cours desquelles les membres participeront Ć  des assemblĆ©es plĆ©niĆØres, des cercles mineurs, un pĆØlerinage et des moments de priĆØre et de liturgie jusqu’au 29 octobre. La PrĆ©sidente des Focolari, Margaret Karram, qui fait partie des neuf invitĆ©s spĆ©ciaux, a envoyĆ© un message Ć  tous les membres du Mouvement dans le monde entier, exprimant ses sentiments sur cette Ć©tape historique dans l’Ɖglise catholiqueĀ : « Je ne vous cache pas l’Ć©motion que je ressens, mais j’ai surtout la grande joie de pouvoir participer en personne Ć  ce moment de grĆ¢ce, consciente que j’emmĆØne avec moi chacune et chacun des membres du Mouvement des Focolari, ce qui est aussi une grande responsabilitĆ©.Ā Ā» « Je suis sĆ»re – poursuit-elle – que beaucoup d’entre vous ont dĆ©jĆ  vĆ©cu quelques Ć©tapes du chemin synodal dans leurs Ɖglises locales et ont dĆ©jĆ  expĆ©rimentĆ© quelques fruits de ce parcours, comme de nouvelles occasions de dialogue qui conduisent Ć  une communion et Ć  une participation plus profondes et Ć©largies. (…) Dans cette prochaine session, nous sommes encore plus appelĆ©s Ć  “marcher ensemble” en tant que “peuple de Dieu”, afin que cela devienne une rĆ©alitĆ© permanente et quotidienne dans notre vie, pour le bien de l’Ɖglise et de l’humanitĆ©.Ā Ā» Tout cela – explique-t-elle encore -, a fait naĆ®tre dans mon cœur un grand dĆ©sirĀ : celui de nous engager, en tant que Mouvement des Focolari, Ć  nous amĆ©liorer, Ć  faire un pas de plus, Ć  renforcer et Ć  affiner nos liens d’unitĆ©, Ć  ĆŖtre des bĆ¢tisseurs de fraternitĆ© dans tous les milieux où nous vivons ou travaillons.Ā Ā» Et elle conclut par l’appel adressĆ© Ć  tous d’accompagner par la priĆØre « cette nouvelle saison de l’Ɖglise riche de promesses » : « Je vous demande la chose la plus importanteĀ : prierĀ ! “Sans la priĆØre, il n’y aura pas de Synode”, a dit le Pape FranƧois. Et le SecrĆ©taire gĆ©nĆ©ral, le Card. Grech, le rĆ©pĆØte aussi, encourageant tous Ć  prier avec foi et sĆ©rieux. Il s’agit de se mettre Ć  l’Ć©coute de Dieu, avec ce recueillement qui lui laisse de la place et qui permet Ć  nos cœurs et Ć  nos esprits d’ĆŖtre Ć©clairĆ©s par Sa lumiĆØre. (…) Faisons-le nous aussi en tant que membres du vaste peuple qui, dans le monde entier, prie et offre, afin que le Synode – dont le protagoniste est l’Esprit Saint – puisse porter les plus grands fruits pour l’humanitĆ© d’aujourd’hui et de demain.Ā Ā»

Ā Carlos Mana

Rencontres mĆ©diterranĆ©ennes : Marseille, mosaĆÆque d’espĆ©rance

Rencontres mĆ©diterranĆ©ennes : Marseille, mosaĆÆque d’espĆ©rance

Les Rencontres mĆ©diterranĆ©ennes se sont rĆ©cemment achevĆ©es Ć  Marseille (France), ville mosaĆÆque de peuples et de cultures. Un Ć©vĆ©nement qui, dans le dialogue, trace de nouveaux chemins d’espĆ©rance avec un regard renouvelĆ© sur l’avenir.Ā Ā  « Qu’est-ce qui est ressorti de l’Ć©vĆ©nement de Marseille ? Un regard sur la MĆ©diterranĆ©e que je dĆ©finirais comme simplement humain, un regard ni idĆ©ologique, ni stratĆ©gique, ni politiquement correct, ni instrumental, non, un regard humain, c’est-Ć -dire capable de tout rapporter Ć  la valeur premiĆØre de la personne humaine et Ć  sa dignitĆ© inviolable. Et en mĆŖme temps, un regard d’espĆ©rance est apparuĀ Ā».

Foto: Ā© Chiara Barbaccia

Ce sont les paroles que le Pape FranƧois a prononcĆ©es lors de l’audience gĆ©nĆ©rale du 27 septembre 2023, concentrant sa mĆ©ditation sur le rĆ©cent Voyage Apostolique Ć  Marseille en conclusion des Ā« Rencontres mĆ©diterranĆ©ennes Ā» qui se sont dĆ©roulĆ©es dans la ville franƧaise du 17 au 24 septembre 2023. Une vĆ©ritable « MosaĆÆque de l’EspĆ©ranceĀ Ā», comme l’annonƧait le titre de l’Ć©vĆ©nement organisĆ© par l’ArchidiocĆØse de Marseille, qui a rassemblĆ© des ƉvĆŖques, des Maires, des Responsables religieux, des thĆ©ologiens du bassin mĆ©diterranĆ©en et des jeunes des cinq rives du Mare Nostrum, dans un dialogue ouvert sur l’avenir et sur les nombreux dĆ©fis Ć  relever. Dans le sillage des deux rencontres prĆ©cĆ©dentes, celle de Bari en 2020 et celle de Florence en 2022, Marseille, avec son histoire, son port et son essence multiculturelle et multireligieuse, est devenue la promotrice de ce voyage Ć  travers des tables rondes, des rencontres de rĆ©flexion et de priĆØre, des spectacles artistiques et culturels de toutes sortes dans le but, comme l’a dit le Pape FranƧois lors de l’AngĆ©lus du dimanche 17 septembre, de « promouvoir des chemins de paix, de collaboration et d’intĆ©gration avec une attention particuliĆØre au phĆ©nomĆØne migratoireĀ Ā».

Foto: Ā© Chiara Barbaccia

Et c’est l’un des thĆØmes les plus abordĆ©s dans les dĆ©bats entre les jeunes prĆ©sents, comme le raconte Chiara Barbaccia, 28 ans, diplĆ“mĆ©e en criminologie, qui se prĆ©pare Ć  devenir Ć©ducatrice dans les prisons, fille d’une Ć®le italienne, la Sicile, la porte de l’Europe : Ā« A une Ć©poque où nous sommes bombardĆ©s par une communication mĆ©diatique qui nous donne l’impression d’ĆŖtre envahis, nous sommes appelĆ©s Ć  ne pas oublier qu’il s’agit de personnes qui quittent leur pays parce qu’elles y sont forcĆ©es et non par plaisir. Nous devons Ć©galement garder Ć  l’esprit la valeur de l’accueil, l’atout qui nous permet de rester humains Ā». Des propos qui ne restent pas Ć  l’Ć©tat de pensĆ©es mais qui, une fois partagĆ©s, prennent forme. En effet, Chiara fait partie des 70 jeunes de 25 Ć  30 ans qui, reprĆ©sentant la MĆ©diterranĆ©e et ses multiples visages, ont rencontrĆ© les ƉvĆŖques des cinq zones gĆ©ographiques de cette mer, dans un moment d’interaction en plein style synodal : « Je frĆ©quente la paroisse des frĆØres franciscains de Sant’Antonino Ć  Palerme, raconte-t-elle, et, dans un but d’Ć©change et de croissance mutuelle et grĆ¢ce Ć  mon amitiĆ© avec les Focolari de ma ville, je suis ici Ć  MarseilleĀ Ā». Les jeunes prĆ©sents Ć  la table ronde Ć  laquelle j’ai participĆ© venaient d’Ukraine, de Bosnie, de Terre Sainte et d’AlgĆ©rie. Un regard sur les diffĆ©rentes perspectives de la MĆ©diterranĆ©e. Je leur ai parlĆ© un peu de mon expĆ©rience et de ce que nous faisons pour l’accueil et plus encore. Ce qui manque pour que cette mer soit vraiment le “mare nostrum” de tous, de la communautĆ©, c’est l’idĆ©e partagĆ©e du bien commun, l’idĆ©e que tout ce qui “bouge” en elle n’appartient pas plus Ć  une nation plutĆ“t qu’Ć  une autre mais est un patrimoine commun qu’il faut valoriser et non pas “faire Ć©chouer” ou, pire, “faire couler”. Des migrations Ć  la crise climatique, de l’intĆ©gration Ć  la crise gĆ©opolitique et Ć  la violence des guerres, la voix de ces nouvelles gĆ©nĆ©rations qui ont animĆ© et colorĆ© la ville de Marseille est forte. Les jeunes sont des “phares”, comme les a appelĆ©s le Pape dans son discours de clĆ“ture des Rencontres, le 23 septembre, Ā« ils sont la lumiĆØre qui indique le chemin de l’avenir Ā» et il est important de leur offrir des espaces de rencontre où ils peuvent ĆŖtre guidĆ©s pour fraterniser et ouvrir leurs oreilles Ć  l’autre, comme ce fut le cas Ć  l’Œuvre de jeunesse Joseph Allemand Saint Savournin, où un grand nombre de lycĆ©ens et lycĆ©ennes de la ville, rĆ©partis en groupes, ont participĆ© aux “salons” organisĆ©s autour d’un thĆØme pour discuter et partager des dĆ©fis et des projets sur la MĆ©diterranĆ©e.Ā  Parmi les animateurs venus de diffĆ©rentes rĆ©gions, en particulier d’Italie, il y avait Ć©galement un groupe du mouvement des Focolari qui, avec d’autres rĆ©alitĆ©s, a contribuĆ© Ć  cet Ć©change. Chaque salle a Ć©tĆ© un voyage : vers l’inclusion, vers le respect de la diversitĆ© des autres confessions, vers la libertĆ© des femmes dans les diffĆ©rentes cultures, vers la danse et l’art, capables d’abattre les barriĆØres et d’ĆŖtre un instrument d’accueil. Un voyage de sensibilisation au thĆØme de la reconversion de l’industrie de la guerre, racontĆ© par les jeunes de WarFree – LƬberu dae sa gherra, l’association qui vise Ć  une reconversion Ć©thique de la Sardaigne (une Ć®le italienne) Ć  travers une Ć©conomie de paix tournĆ©e vers le monde ; un rĆ©seau d’entreprises qui se proposent comme une alternative aux industries de l’armement et de la pĆ©trochimie et une nouvelle Ć©conomie civile qui offre un travail digne au territoire, en favorisant l’imbrication de la paix et du dĆ©veloppement durable. « Ces industries en Sardaigne reprĆ©sentent la plus grande exportation de la Sardaigne et dans un pays où le travail est rare, il est important que les gens sachent pour quoi ils travaillent, qui gagne de l’argent grĆ¢ce Ć  ces exportations et quelles en sont les consĆ©quencesĀ – dĆ©clare Stefano Scarpa, l’un des partenaires de Warfree, qui a participĆ© au projet depuis le dĆ©but -. C’est pourquoi les Rencontres mĆ©diterranĆ©ennes sont une opportunitĆ©. Ce serait bien de pouvoir parler non seulement de Mare Nostrum mais aussi de globalitĆ©, d’un dialogue constant qui veut trouver des similitudes entre les difficultĆ©s de chaque pays et des rĆ©ponsesĀ Ā». « L’Eglise joue un rĆ“le trĆØs important dans les territoires et dans le dialogue avec les autres Eglises et les autres religions. C’est lĆ  qu’il faut encourager la participation de tousĀ Ā», ajoute Maria Letizia Cabras, jeune Sarde membre des Focolari qui collabore avec Warfree, « afin qu’un discours au niveau territorial soit Ć©galement appliquĆ© au niveau mĆ©diterranĆ©en, Ć  travers des projets et des Ć©vĆ©nements qui concernent tous les paysĀ Ā».

Maria Grazia Berretta

Ɖvangile vivant : ĆŖtre contaminĆ©

Observer les gestes d’amour des autres engendre parfois une tension qui, comme des aimants, nous attire, adoucit notre cœur et Ć©veille en nous le dĆ©sir deĀ  Ā« participer Ā», de faire la mĆŖme chose. Ce fait ne passe pas inaperƧu et peut contaminer vĆ©ritablement beaucoup de monde. PoĆØmes pour la mĆØre Les relations avec ma mĆØre n’ont jamais Ć©tĆ© faciles. Elle critiquait ma foi, estimant que je me berƧais d’illusions. AprĆØs mon dĆ©part de la maison, j’étais plutĆ“t en relation avec mon pĆØre qui Ć©quilibrait sagement la situation. Un jour, il m’a appelĆ© pour me dire que ma mĆØre Ć©tait Ć  l’hĆ“pital pour une maladie grave. En allant lui rendre visite, j’ai pensĆ© Ć  ce qui pourrait lui faire plaisir. Je savais qu’elle aimait les poĆØmes d’Attila József et je m’en suis procurĆ© un livre audio. Ma mĆØre n’Ć©tait plus la mĆŖme, elle Ć©tait transformĆ©e par le chagrin. Mais dĆØs qu’elle a commencĆ© Ć  Ć©couter ces poĆØmes, ses yeux sont devenus aussi brillants comme s’il s’agissait d’un rĆŖve. Mes visites ultĆ©rieures sont donc devenues une dĆ©couverte ou une redĆ©couverte de notre poĆØte national, mais c’Ć©tait une grande joie pour moi de voir qu’elle avait aussi fait participer d’autres malades Ć  la lecture ou Ć  l’Ć©coute des poĆØmes. GrĆ¢ce Ć  ce geste de charitĆ© Ć  leur Ć©gard, j’ai eu l’impression de connaĆ®tre une autre personne :Ā  Ā« Tu m’as appris qu’il faut aimer tout le mondeĀ  Ā», a-t-elle commentĆ©. Et moi ? J’ai accueilli son dernier souffle serein et confiant. (L.M.L. – Hongrie) Trois fois par jour Dans les dĆ©penses habituelles de notre budget familial, nous avions prĆ©vu une somme Ć  mettre Ć  la disposition de personnes dans le besoin. Seulement, ce jour-lĆ , nous n’avions pas pu le rĆ©aliser car nous avions beaucoup de dĆ©penses. C’Ć©tait une vraie souffrance pour nous. Soudain, nos deux fils sont arrivĆ©s avec leurs porte-monnaies et, devant nous, ils ont versĆ© tout le contenu, toutes leurs Ć©conomies, sur la table. Mais cela ne s’est pas terminĆ© lĆ : lorsque la grand-mĆØre est venue nous rendre visite et que les enfants lui ont racontĆ© ce qu’ils avaient fait. Elle nous a regardĆ©s d’un air perplexe :Ā  Ā« Mais comment aidez-vous les autres quand vous ĆŖtes vous-mĆŖmes en difficultĆ© ?Ā  Ā» Avant que nous ayons pu rĆ©pondre, le plus jeune a sauvĆ© la situation :Ā  Ā« Mais grand-mĆØre, on mange trois fois par jourĀ  Ā» ! Sur cette phrase, la sĆ©rĆ©nitĆ© est revenue et quelques jours plus tard, la grand-mĆØre est revenue tenant une enveloppe :Ā  Ā« C’est ma contribution, je la mets en commun avec vous… AprĆØs tout, moi aussi je mange trois fois par jour ! Ā» (L.R. – Italie)

ƉditĆ© par Maria Grazia Berretta

(extrait de Il Vangelo del Giorno, Nouvelle CitĆ©e, AnnĆ©e IX – No.1 septembre-octobre 2023)