Mouvement des Focolari

Vivre l’Ɖvangile : s’ancrer en Dieu

Tout comme l’ancre qui s’accroche au fond de la mer assure la sĆ©curitĆ© des marins, c’est l’espĆ©rance qui nous maintient fermement en Dieu et renforce notre foi. Cours de franƧais LycĆ©e, cours de franƧais… la professeure ne venait pas. Nous Ć©tions deux classes rĆ©unies, nous ne nous connaissions pas et cette attente nous mettait mal Ć  l’aise. C’est alors que, surmontant la peur d’ĆŖtre jugĆ© ou de faire l’objet de moqueries, j’ai pris l’initiative de partager avec mes camarades de classe quelques feuilles de poĆØmes en franƧais, une langue que je maĆ®trise assez bien. Puis j’ai commencĆ© Ć  Ć©crire le “Notre PĆØre” sur le tableau noir, toujours en franƧais. Pendant ce temps, les autres ont commencĆ© Ć  copier le texte. Je venais juste de finir d’Ć©crire lorsque la professeure est entrĆ©e et, voyant les Ć©lĆØves travailler en silence, elle a Ć©tĆ© surprise et presque Ć©mue, ce qui l’a poussĆ©e Ć  attribuer un A – la meilleure note – Ć  toute la classe. (Ralf – Roumanie) Suicide d’un fils Luca avait 19 ans et Ć©tait trop sensible. Le mal qui semble parfois rĆ©gner dans le monde, il avait du mal Ć  l’accepter. Lorsqu’il s’est suicidĆ©, seuls l’ancrage en Dieu et le soutien d’une communautĆ© ont apportĆ© rĆ©confort et espoir Ć  notre famille. En tant que couple notre relation a franchi un cap. Notre autre fils, Enrico, a Ć©galement rĆ©agi en se rendant utile aux autres et travaille aujourd’hui dans une communautĆ© pour jeunes inadaptĆ©s. Bien sĆ»r, avec le temps, nous ressentons l’absence de Luca, mais un fait nous a donnĆ© de la force. Un de nos amis nous a parlĆ© d’un jeune homme atteint d’un cancer : fatiguĆ© de tout, il refusait la chimiothĆ©rapie et prĆ©fĆ©rait se laisser mourir. Il lui a parlĆ© de Luca, qui avait frĆ©quentĆ© le mĆŖme institut que lui, et de la faƧon dont sa mort tragique avait “rĆ©veillĆ©” de nombreuses personnes pour qu’elles soient plus sensibles aux autres, et ce jeune homme a fini par accepter de reprendre son traitement. Cet Ć©pisode nous a fait comprendre que la vie continue et nous a incitĆ©s Ć  ĆŖtre forts et Ć  semer l’espoir chez ceux que nous rencontrons. (Maurizio – Italie) Mon ambition Comme j’avais travaillĆ© pendant des annĆ©es dans un groupe de musique Ć  succĆØs et que ma famille s’Ć©tait agrandie, j’ai trouvĆ© un emploi dans une agence culturelle qui organisait des concerts. Mais avec la pandĆ©mie qui fait rage, beaucoup de choses ont changĆ© pour moi aussi : peu de contrats, peu de spectacles. Avec un avenir de plus en plus incertain, je me suis demandĆ© comment je pourrais m’en sortir. Je reƧois un coup de tĆ©lĆ©phone d’une personne que j’avais rencontrĆ©e parce qu’elle m’avait aidĆ© Ć  dĆ©charger et Ć  charger des instruments : elle voulait savoir comment Ƨa allait pour moi, si j’avais besoin de travail, car dans le supermarchĆ© où elle travaillait, il y avait un manque de personnel. J’ai acceptĆ©. Je suis donc passĆ© de la gestion des orchestres philharmoniques Ć  l’aide aux personnes Ć¢gĆ©es qui cherchent le rayon où se trouvent des œufs ou du vinaigre… La grande leƧon de la pandĆ©mie a Ć©tĆ© prĆ©cisĆ©ment celle-ci : l’amour passe par de petits gestes silencieux, et non par des proclamations assourdissantes. Dans ma jeunesse, ma vĆ©ritable ambition Ć©tait de devenir riche… maintenant, je le suis Ć  un autre niveau : j’ai dĆ©couvert une dimension plus vraie et plus belle de l’humanitĆ©. (T. M. – RĆ©publique TchĆØque)

Textes choisis par Lorenzo Russo

(Extraits de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, annĆ©e VII, n°4, juillet-aoĆ»t 2021)  

Bangui, en Centrafrique : une Ć©cole pour changer l’avenir

Bangui, en Centrafrique : une Ć©cole pour changer l’avenir

Une Ć©cole fondĆ©e par des membres des Focolari a vu le jour dans les faubourgs de la capitale de la RĆ©publique Centrafricaine. Elle accueille plus de 500 enfants, dont beaucoup doivent rattraper les annĆ©es scolaires perdues aprĆØs les longues pĆ©riodes de guerre. Nous sommes Ć  Bangui, capitale de la RĆ©publique Centrafricaine, un Ɖtat enclavĆ© situĆ© Ć  l’intĆ©rieur et au centre du continent africain. La capitale est situĆ©e au sud-ouest, dans une zone frontaliĆØre avec la RĆ©publique DĆ©mocratique du Congo. Il y a quatre ans, une Ć©cole maternelle et primaire, appelĆ©e Sainte Claire, a vu le jour dans une banlieue de Bangui. Elle compte actuellement 514 Ć©lĆØves. Elle a Ć©tĆ© fondĆ©e Ć  la suite de l’appel lancĆ© par le Pape FranƧois et Maria Voce, PrĆ©sidente des Focolari Ć  l’Ć©poque : aller Ć  la rencontre des besoins des gens, notamment dans les pĆ©riphĆ©ries. « Pour nous, le besoin le plus urgent Ć©tait l’Ć©ducationĀ Ā», explique Bernadine, membre des Focolari et directrice de l’Ć©cole Sainte Claire. « AprĆØs de nombreuses annĆ©es de guerre, beaucoup d’enfants avaient perdu plusieurs annĆ©es d’Ć©cole. Nous pouvions donc les aider Ć  rattraper leur retard pour atteindre le niveau de leurs pairsĀ Ā». SituĆ©e dans un quartier de banlieue, l’Ć©cole a immĆ©diatement accueilli de nombreux enfants nĆ©s dans des familles qui avaient fui la ville, où la guerre avait dĆ©truit leurs maisons. « Ils viennent ici pour renaĆ®tre, pour commencer une nouvelle vieĀ Ā». L’Ć©cole Sainte Claire est catholiqueĀ ; elle a Ć©tĆ© fondĆ© par des membres du mouvement des FocolariĀ ; elle cherche Ć  transmettre des enseignements basĆ©s sur la culture de l’UnitĆ©. La directrice explique : « chaque journĆ©e commence par les priĆØres du matin ; puis nous lanƧons le dĆ© de l’amour sur lequel on peut lire de courtes phrases pour bien vivre la journĆ©e. Le lendemain, avant de relancer le dĆ©, nous partageons les expĆ©riences de la veille. Certains ont aidĆ© leur mĆØre Ć  faire la vaisselle, d’autres ont fait la paix avec un ami aprĆØs une dispute, …Ā Ā». Actuellement, la guerre dans le pays est interrompue et la situation politique est plus calme. Cependant, de nombreuses consĆ©quences ont encore un impact sur la population, notamment le couvre-feu de 20 heures Ć  5 heures du matin. Il y a aussi de nombreuses complications liĆ©es Ć  des facteurs Ć©conomiques et sociaux. Bernadine explique : « Il y a quelques jours, par exemple, une forte pluie a endommagĆ© les cĆ¢bles Ć©lectriques. Depuis, nous n’avons que 2 ou 3 heures par jour d’Ć©lectricitĆ©. Cela change beaucoup la vie des gens : Ć  commencer par la nourriture qui ne peut ĆŖtre conservĆ©e. Sans parler de tous ceux qui travaillent avec l’Ć©lectricitĆ© : ils ne peuvent pas exercer leurs activitĆ©s pendant plusieurs jours !Ā Ā» Puis s’est surajoutĆ©e la pandĆ©mie. En 2020, l’institut Sainte Claire a dĆ» terminer l’annĆ©e en mars au lieu de juin, ce qui a eu un impact majeur sur l’Ć©ducation des Ć©lĆØves, qui se sont une fois de plus retrouvĆ©s sans Ć©cole. Mais les consĆ©quences Ć©conomiques pour l’ensemble du pays ont Ć©galement Ć©tĆ© dures : les frontiĆØres ont Ć©tĆ© fermĆ©es et la RĆ©publique Centrafricaine, qui n’a pas d’accĆØs Ć  la mer, a eu des difficultĆ©s Ć  livrer les marchandises en provenance de l’Ć©tranger. Les prix ont fortement augmentĆ©. Cependant, malgrĆ© les difficultĆ©s du moment, les activitĆ©s de l’Ć©cole ont repris et se poursuivent : « pendant la Semaine Monde Uni de cette annĆ©e (du 1er au 9 mai), les enfants ont participĆ© Ć  l’amĆ©nagement d’un terrain de sport, en semant l’herbe, afin qu’ils puissent faire du sport ensemble dans quelques moisĀ Ā». L’Ć©ducation ne s’arrĆŖte donc pas, elle continue mĆŖme au milieu des difficultĆ©s : elle permet encore de planter de nouvelles graines d’espoir pour un avenir meilleur.

Di Laura Salerno

Travail Ć  deux

C’est un travail Ć  deux en parfaite communion, qui exige de nous une grande foi dans l’amour de Dieu pour ses enfants. Cette confiance rĆ©ciproque opĆØre des miracles. Nous verrons que, lĆ  où nous ne sommes pas arrivĆ©s, est vraiment arrivĆ© un Autre, qui a fait infiniment mieux que nous. Comme il est sage de passer le temps qui nous reste, Ć  vivre Ć  la perfection la volontĆ© de Dieu dans le moment prĆ©sentĀ ! Parfois, cependant, nous sommes assaillis par de graves prĆ©occupations. Elles peuvent concerner le passĆ© aussi bien que l’avenir, le prĆ©sent, des lieux, des circonstances ou des personnes et nous ne pouvons nous y consacrer directement. Il nous en coĆ»te alors de garder le cap choisi, de nous maintenir sur le chemin que Dieu dĆ©sire de nous dans l’instant prĆ©sent. Aussi, pour vivre Ć  la perfection, il faut de la volontĆ©, de la dĆ©cision, mais surtout une confiance en Dieu qui peut aller jusqu’à l’hĆ©roĆÆsme. « Je ne peux rien faire dans ce cas, pour cette personne chĆØre qui est en danger ou malade, pour dĆ©nouer cette situation impossible… Eh bien, je ferai ce que Dieu dĆ©sire de moi en cet instantĀ : Ć©tudier le mieux possible, balayer ma chambre, prier, bien m’occuper de mes enfants… C’est Dieu qui veillera Ć  dĆ©mĆŖler cette affaire, Ć  rĆ©conforter celui qui souffre, Ć  trouver une solution Ć  l’imprĆ©vu.Ā Ā» Ce travail Ć  deux, rĆ©alisĆ© en parfaite communion, nous demande une grande foi dans l’amour de Dieu pour ses enfants et permet Ć  Dieu d’avoir confiance en nous pour nos actions. Une telle confiance rĆ©ciproque fait des miracles. LĆ  où nous ne pouvons agir, un Autre agit vĆ©ritablement, qui fait immensĆ©ment mieux que nous. L’acte hĆ©roĆÆque de confiance sera rĆ©compensĆ©. Notre vie, limitĆ©e Ć  un seul domaine, acquerra une nouvelle dimension. Nous serons au contact de l’infini, auquel nous aspirons, et la foi renforcera avec vigueur l’amour en nous. Nous ne nous souviendrons plus de ce que signifie la solitude. Avec Ć©vidence, nous ferons l’expĆ©rience que nous sommes rĆ©ellement enfants d’un Dieu-PĆØre qui peut tout.

Chiara Lubich

Extrait deĀ : Chiara Lubich, PensĆ©e et SpiritualitĆ©, Nouvelle CitĆ© 2003 p.Ā 108-109.  

Manaus, BrƩsil : la pastorale du peuple de la rue

Manaus, BrƩsil : la pastorale du peuple de la rue

L’expĆ©rience du focolare de Manaus dans l’aide aux sans-abri. Une maniĆØre d’ĆŖtre l’Ɖglise qui sort et va vers les pĆ©riphĆ©ries existentielles pour chercher les plus nĆ©cessiteux. Il y a quelques mois, un focolarino du focolare de Manaus, au BrĆ©sil, a ressenti le dĆ©sir de faire quelque chose pour aider les personnes en difficultĆ©. Il a donc pris contact avec divers prĆŖtres et religieuses pour se rendre disponible. AprĆØs environ un mois, la possibilitĆ© s’est prĆ©sentĆ©e de donner un coup de main pour la « pastorale des gens de la rueĀ Ā», c’est-Ć -dire d’aider les sans-abri. Tout le focolare Ć©tait impliquĆ© :Ā  Renzo, Daniel, Francisco, Valdir et Junior. Tous les dimanches soirs, sur la place de l’Ć©glise « Nossa Senhora dos RemediosĀ Ā», dans le centre historique de la ville, un de ces endroits trĆØs frĆ©quentĆ©s le jour et trĆØs dangereux la nuit, nous aidons Ć  la courte CĆ©lĆ©bration de la Parole, puis nous donnons un repas aux sans-abri et nous restons avec eux pour les Ć©couter. Ils prient avec nous et partagent ce qu’ils vivent pendant la semaine. Quelques volontaires leur donnent un repas et partent rapidement. Les sans-abri nous reconnaissent et nous remercient car pour eux, ĆŖtre ensemble, prier, parler, partager leur vie, ĆŖtre Ć©coutĆ©s rassasie leur Ć¢me autant que les repas rassasient leur ventre. Ils nous l’ont dit plusieurs fois. Notre prĆ©sence est dictĆ©e par l’amour, en Ć©tant toujours disponible pour Ć©changer quelques mots et crĆ©er des relations avec tout le monde, y compris avec l’Ć©quipe pastorale. Mais tout cela n’est pas suffisant. Ainsi, chaque vendredi aprĆØs-midi, nous proposons d’aider les sans-abri en leur offrant la possibilitĆ© de prendre une douche ou de changer de vĆŖtements, donnĆ©s par des personnes gĆ©nĆ©reuses. Nous avons Ć©galement impliquĆ© la CommunautĆ© des Focolari pour rĆ©colter des vĆŖtements, des chaussures, des pantoufles… et c’est formidable de voir la sensibilitĆ© envers cette action et de recevoir des Ć©chos trĆØs positifs chaque fois que nous communiquons cette expĆ©rience : beaucoup nous encouragent Ć  continuer ou en venant nous aider. Avec le lockdown de la covid, malheureusement, les diverses activitĆ©s d’aide aux plus dĆ©munis se sont interrompues. Nous nous sommes donc rĆ©unis en ligne pour dĆ©terminer ce qu’il fallait faire. L’ArchevĆŖque Leonardo Steiner, Ć©galement prĆ©sent, a Ć©tĆ© frappĆ© par la situation et a fait don d’une somme d’argent pour continuer Ć  offrir un repas par jour, pendant 20 jours, Ć  deux cents personnes, rĆ©parties sur deux grandes places du centre historique. Certes, travailler pendant deux ou trois heures avec tous les Ć©quipements de sĆ©curitĆ© nĆ©cessaires et la chaleur de Manaus est laborieux, mais c’est aussi une maniĆØre concrĆØte d’aller aux pĆ©riphĆ©ries existentielles, de chercher les plus nĆ©cessiteux, les plus aimĆ©s du PĆØre, en offrant la douleur de pouvoir faire si peu face Ć  ces JĆ©sus abandonnĆ©s avec tant de besoins et nous qui ne pouvons pas faire plus pour eux, sinon donner un sourire, une Ć©coute, notre amour. La Providence ne manque donc pas : les autoritĆ©s du MinistĆØre Public (du travail) nous ont cherchĆ©s pour nous donner de l’argent et des ressources afin de garantir trois cents repas pendant 15 jours supplĆ©mentaires. Cela signifie plus de travail pour nous, les volontaires, mais on ne peut pas dire non Ć  une telle providence et nous croyons alors que Dieu se manifestera pour nous donner de l’Ć©nergie, de la santĆ© ou d’autres volontaires pour nous aider.  

Les focolarini du focolare de Manaus

Grands-parents et petits-enfants : comment transmettre les valeurs de la vie ?

Grands-parents et petits-enfants : comment transmettre les valeurs de la vie ?

La premiĆØre JournĆ©e mondiale des grands-parents et des personnes Ć¢gĆ©es, convoquĆ©e par le pape FranƧois, aura lieu le 25 juillet 2021. Les grands-parents Sarah et Declan O’Brien nous racontent comment ils vivent leur dialogue avec des petits-enfants qui n’ont jamais connu Dieu. J’ai Ć©tĆ© profondĆ©ment influencĆ©e dans mon cheminement de foi par mon grand-pĆØre. Il venait d’une famille irlandaise traditionnelle qui s’Ć©tait installĆ©e dans le Yorkshire Ć  la fin des annĆ©es 1800. Par son travail acharnĆ© et sa nature honnĆŖte, il finit par devenir un homme d’affaires respectĆ© et prospĆØre Ć  Bradford. Il Ć©tait avant tout un homme de Dieu et aimait l’Ɖglise mais il ne parlait pas beaucoup de ces choses. Ce que j’ai remarquĆ© en lui, c’est son amour pour chaque personne et sa tendresse pour moi, sa petite-fille. Son mode de vie a eu un grand effet sur moi et a grandement influencĆ© les dĆ©cisions que j’ai prises ensuite. Maintenant, mon mari Declan et moi sommes grands-parents ! Les parents de nos quatre petits-enfants ont choisi de ne pas Ć©duquer leurs enfants dans leur foi en Dieu. Nous respectons leurs dĆ©cisions et nous essayons de dĆ©couvrir de nouvelles faƧons de transmettre les valeurs de la foi proposĆ©es avec crĆ©ativitĆ©, dĆ©tente et amour. L’une de ces faƧons est de passer du temps avec nos petits-enfants lĆ  où ils vivent Ć  Paris. Le Pape FranƧois dit : « Le temps est plus important que l’espaceĀ Ā». Comme nos quatre petits-enfants vivent Ć  l’Ć©tranger, le temps que nous passons avec eux est encore plus important. Dans ce temps passĆ© ensemble, nous essayons d’aimer nos petits-enfants avec patience, tendresse, gentillesse, misĆ©ricorde et pardon. Nous faisons Ć©galement l’expĆ©rience de leur amour et de leur misĆ©ricorde. Bien sĆ»r, nous sommes loin d’ĆŖtre parfaits et nous commettons de nombreuses erreurs en cours de route et dans la vie familiale, nous ne pouvons pas nous cacher derriĆØre un masque. Nos petits-enfants peuvent voir notre authenticitĆ© ou notre manque d’authenticitĆ©. Lorsque nous leur rendons visite, nous nous asseyons ensemble autour de la table pour le dĆ®ner. Parfois, notre fils, une personne qui nous impressionne par son amour envers chacun, se lance dans des discussions litigieuses avec nous. Nos petits-enfants peuvent voir comment nous rĆ©agissons Ć  ces situations, si nous essayons simplement de marquer des points sur l’autre ou si nous essayons d’avoir un vrai dialogue. Souvent, nous n’y parvenons pas, mais lorsque nous essayons de nous mettre Ć  la place de notre fils, en l’Ć©coutant attentivement, en lui pardonnant certaines remarques scandaleuses, en lui versant un verre d’eau, en apportant un Ć©clairage positif Ć  la discussion, lorsque nous y parvenons et que nos actions sont inspirĆ©es par l’amour, nous espĆ©rons que nos petits-enfants le remarquent. Une deuxiĆØme faƧon de transmettre notre foi est de partager des choses importantes avec nos petits-enfants. Passer du temps avec eux nous permet, le moment venu, de leur parler avec « simplicitĆ© et affection des choses importantesĀ Ā». (Amoris Laetitia 260). Nous essayons d’avoir le courage de dire ce qui est vraiment important pour eux. Et eux aussi peuvent nous dire des choses importantes, si nous sommes lĆ  pour les Ć©couter. Nous arrivons ainsi Ć  vivre de courts dialogues avec eux, comme entre amis. « Pas de longs sermons, quelques paroles suffisentĀ Ā», prĆ©cise Chiara Lubich, fondatrice des Focolari. Une troisiĆØme voie est la priĆØre. Nous ne sommes pas en mesure de prier avec nos petits-enfants mais nous pouvons bien sĆ»r prier pour eux. Et lorsque nous nous promenons ensemble, nous pouvons parfois visiter une Ć©glise. Une fois, nous sommes tombĆ©s sur une adoration eucharistique où ils ont reƧu la bĆ©nĆ©diction. Nous avons savourĆ© avec eux le silence en Ć©tant dans l’Ć©glise. Ils remarquent que nous allons Ć  la messe et ont parfois demandĆ© Ć  venir avec nous. Nos petits-enfants ne lisent pas d’histoires bibliques mais Ć  NoĆ«l, nous avons reƧu un magnifique livre pop-up pour enfants et je leur ai lu l’histoire de NoĆ«l qu’ils n’avaient jamais entendue. Peut-ĆŖtre que la seule Bible qu’ils peuvent lire passe Ć  travers nous. Notre espĆ©rance, notre joie, notre amour peuvent ĆŖtre leur bonne nouvelle, « afin qu’elle Ć©claire le cheminĀ Ā», comme l’a Ć©crit le Pape FranƧois dans Amoris Laetitia (290).

Sarah et Declan O’Brien

PubliĆ© d’abord dans Living City et partagĆ© lors de la Rencontre Mondiale des Familles en 2018 Ć  Dublin.

L’Évangile vĆ©cu : la misĆ©ricorde du PĆØre

«  Dans la foi, l’homme montre clairement qu’il ne compte pas sur lui-mĆŖme mais qu’il se confie Ć  Celui qui est plus fort que lui Ā», Ć©crit Chiara Lubich en mĆ©ditant un passage de l’Ɖvangile. Les moments d’obscuritĆ©, d’apathie, les souvenirs douloureux peuvent devenir des occasions d’approfondir notre relation avec Dieu, de manifester notre confiance en Lui, mĆŖme dans les difficultĆ©s. Le besoin d’un pĆØre Avec des parents sĆ©parĆ©s depuis l’Ć¢ge de trois ans, j’ai eu une vie marquĆ©e par l’absence d’un pĆØre. Introverti et rebelle, je m’en prenais Ć  tout le monde ; je ne savais pas vers qui me tourner pour parler de ce qui me prĆ©occupait, j’avais l’impression que mĆŖme ma mĆØre ne me comprenait plus. J’avais 15 ans lorsque mon enseignante de religion, sans me faire de sermon, m’a mis en contact avec un groupe de jeunes gens engagĆ©s. J’ai commencĆ© Ć  participer Ć  certaines de leurs initiatives en faveur des enfants des quartiers pauvres. Je m’entendais si bien avec eux que je ne les ai plus jamais quittĆ©s. Une expĆ©rience de quelques mois Ć  O’Higgins, la citĆ© pilote des Focolari en Argentine, m’a ouvert de nouveaux horizons, un but pour lequel vivre : contribuer Ć  rendre le monde plus beau. La proposition d’aimer tout le monde a lentement fait naĆ®tre en moi une pensĆ©e : « Et papa ? Que fait-il maintenant ? Lui aurai-je manquĆ©, aprĆØs tant d’annĆ©es de silence ?Ā Ā» Je n’Ć©tais pas tranquille jusqu’Ć  ce que j’aille le chercher dans notre ancienne maison. Il a failli ne pas me reconnaĆ®tre. Il Ć©tait Ć¢gĆ©, un homme fatiguĆ©. Nous nous sommes regardĆ©s dans les yeux, le passĆ© Ć©tait derriĆØre nous. (Luis – Argentine) Je suis tombĆ©e amoureuse Auteure-compositrice-interprĆØte sans succĆØs, j’Ć©tais plongĆ©e dans une apathie totale. Au cours de cette pĆ©riode noire, j’ai reniĆ© tout ce en quoi je croyais. Je considĆ©rais Dieu comme un boulet pour moi en tant que musicienne et en tant que femme, alors je m’en suis dĆ©barrassĆ©e en vivant comme s’il n’existait pas. Jusqu’Ć  ce que je reƧoive un appel tĆ©lĆ©phonique de Carmine, un ami acteur qui avait besoin de ma collaboration pour une piĆØce de théâtre sur laquelle il travaillait. Alors qu’il partait pour Bologne, il m’a convaincue de prendre le train avec lui pour en parler pendant le voyage. Mais je l’ai inondĆ© de toute mon histoire : je voulais m’ouvrir le cœur, et il m’a si bien Ć©coutĆ©e. Et puis… je lui ai dit que j’étais en train de tomber amoureuse de lui. Nous avons travaillĆ© ensemble cette annĆ©e-lĆ . J’ai Ć©crit la musique et lui s’est occupĆ© de l’enregistrement. Puis, tout d’un coup, Carmine est tombĆ© malade. Avec la peur de le perdre, je me suis retrouvĆ©e face Ć  face avec le Dieu que je faisais semblant d’ignorer. Mais maintenant, je ne le sentais plus comme un Ć©tranger. L’amour avait adouci mon cœur et cette douleur l’a irriguĆ©, lui a donnĆ© toute cette fĆ©conditĆ© que je chantais dans mes chansons. (Chiara – Italie) LibĆ©rĆ©e d’un poids Une offense m’avait Ć©tĆ© affligĆ©e quelques annĆ©es auparavant, puis oubliĆ©e et m’Ć©tait revenue Ć  l’esprit en rencontrant longtemps aprĆØs la personne « coupableĀ Ā». Je ne me souvenais pas tellement de cet homme, mais plutĆ“t de mon mari qui ne m’avait pas dĆ©fendue. Les sentiments de blessure et d’humiliation Ć©taient encore bien vivants sous les cendres et je n’ai pas pu retenir mon emportement Ć  son Ć©gard. Puis une pensĆ©e, « Soyez misĆ©ricordieux comme votre PĆØre est misĆ©ricordieuxĀ Ā». J’ai eu l’impression que JĆ©sus me disait : « Comment voudrais-tu me donner tout ce que tu as si tu es encore plein de ces souvenirs douloureux ?Ā Ā». Des mots forts, mais vrais. Finalement, Dieu, par sa grĆ¢ce, m’a aidĆ©e Ć  faire le pas du pardon. La misĆ©ricorde du PĆØre m’a libĆ©rĆ©e de ce poids. (Bernadette – Suisse)

Lorenzo Russo

(extrait de « Il Vangelo del Giorno », Città Nuova, année VII, n.4, juillet-août 2021)

Le harpiste paraguayen

Le harpiste paraguayen

Sa mĆ©lodie Ć©gayait le salon de l’aĆ©roport dans l’indiffĆ©rence des voyageurs. Un jeu de regards et de sourires. MystĆØre des bonnes relations, capables de susciter la rĆ©ciprocitĆ©. Petits gestes qui te permettent de partager quelque chose avec l’autre et de sentir que tu fais partie d’une mĆŖme humanitĆ©. Je revenais au Paraguay aprĆØs tant d’annĆ©es passĆ©es en Europe. L’avion commenƧait sa descente pour l’atterrissage et j’apercevais la terre rouge et verte, si typique. L’aĆ©roport international, Silvio Pettirossi, n’avait pas beaucoup changĆ©. En sortant de l’avion, la chaleur suffocante m’a rappelĆ© des souvenirs lointains et affectueux. Au lieu de me sentir asphyxiĆ©, je la savourais comme une Ć©treinte chaleureuse de la part des nombreuses personnes chĆØres que j’allais trouver. Alors que j’attendais la sortie de mes bagages dans le grand hall des dĆ©parts et arrivĆ©es, dans la zone de rĆ©cupĆ©ration des bagages, où se pressent les boutiques hors taxes et un bar, mes oreilles Ć©taient envahies par les merveilleuses notes d’une harpe paraguayenne. Mes yeux recherchaient l’origine de la mĆ©lodie. Le harpiste paraguayen Ć©tait lĆ , assis devant le bar, enlacĆ© par son grand instrument de musique, un homme au visage serein et aux traits indigĆØnes. Sa musique se rĆ©pandait dans le hall, l’inondant d’harmonies et des notes joyeuses d’une polka paraguayenne. J’Ć©tais frappĆ© par sa discrĆ©tion et l’indiffĆ©rence des gens, comme s’ils Ć©taient habituĆ©s Ć  sa musique, comme s’il faisait partie du dĆ©cor, comme le bar, les magasins ou la zone de retrait des bagages. L’homme semblait rĆ©signĆ© Ć  toucher de si belles notes, sans que personne – apparemment – ne remarque sa prĆ©sence. Je fouillais instinctivement mes poches et je me suis souvenu que j’avais mis de cĆ“tĆ© cinq dollars pour un pourboire Ć  donner Ć  celui qui se proposerait (gĆ©nĆ©ralement des garƧons) Ć  porter ma valise jusqu’Ć  la voiture qui venait me chercher. Je me suis approchĆ© discrĆØtement du harpiste, je l’ai regardĆ© avec reconnaissance et j’ai laissĆ© les cinq dollars dans le chapeau Ć  ses pieds, craignant de heurter sa sensibilitĆ©, sachant que sa musique valait bien plus. C’Ć©tait un geste simple, mais j’ai mis l’intention de le remercier et de reconnaĆ®tre son talent, mĆŖme au nom de ceux qui ne le remarquaient pas. J’ai passĆ© trois semaines inoubliables, pleines de rencontres avec des personnes que j’aimeĀ ; je me suis retrouvĆ© dans la mĆŖme chambre Ć  l’aĆ©roport, en attendant de prendre l’avion qui me ramenait Ć  Montevideo où je vis. Je saluais mes amis Ć  travers la vitre, ils agitaient leurs mains quand mes oreilles ont Ć©tĆ© surprises par les notes de la cumparsita ! Le tango devenu cĆ©lĆØbre grĆ¢ce Ć  la voix incomparable de Carlos Gardel. Mais que se passait-il ? Nous Ć©tions au Paraguay, où l’on joue et on Ć©coute la musique paraguayenne. D’où venaient les notes de ce tango ? Mes yeux cherchaient, mon cœur palpitait. C’était lui, assis devant le bar, avec son insĆ©parable harpe, me regardant avec un sourire complice, comme pour dire : « Ma surprise t’a plu ?Ā Ā». J’ai rĆ©pondu par un autre sourire complice: « Que j’en Ć©tais ravi » ; mais mon regard interrogateur lui demandait comment il avait rĆ©ussi Ć  me reconnaĆ®tre parmi tant de voyageurs circulant dans ce hall et comment il avait devinĆ© que j’Ć©tais argentin ! Ce sont les mystĆØres des bonnes relations, capables de provoquer la rĆ©ciprocitĆ©. Ce ne sont que de petits gestes qui te permettent de partager quelque chose avec l’autre et de sentir que tu fais partie d’une mĆŖme humanitĆ©. Depuis lors, chaque fois qu’il me voyait arriver dans le hall des arrivĆ©es et des dĆ©parts, dans la zone des bagages et des boutiques hors taxes …, il arrĆŖtait sa polka et commenƧait Ć  jouer un tango diffĆ©rent, dĆ©diĆ© Ć  son ami argentin.

Gustavo E. ClariĆ”

Ce que tu cherches existe

En juinĀ 1944, Chiara Lubich se retrouve seule Ć  Trente aprĆØs que sa famille a Ć©tĆ© Ć©vacuĆ©e dans les montagnes de Trente, suite au bombardement du 13Ā mai 1944 qui a dĆ©vastĆ© leur maison. Chiara est restĆ©e dans la ville pour suivre les jeunes qui ont suivi son idĆ©al. Les lettres de cette pĆ©riode sont le premier lien dans la communautĆ© naissante du Mouvement. Ma petite sœur dans l’immense Amour de Dieu, Ɖcoute, je t’en prie, la voix de mon cœur ! Comme moi, tu as Ć©tĆ© Ć©blouie par la luminositĆ© incandescente d’un IdĆ©al qui va au-delĆ  de tout et embrasse toutĀ : L’Amour infini de Dieu ! Oh, petite sœur, c’est lui mon Dieu et ton Dieu, c’est lui qui a Ć©tabli entre nous un lien plus fort que la mort, un lien que rien ne pourra jamais briserĀ : un comme l’esprit, immense, infini, tout douceur, tenace, immortel comme l’Amour de Dieu. C’est l’Amour qui nous rend sœurs ! C’est l’Amour qui nous a appelĆ©es Ć  l’Amour ! C’est l’Amour qui a parlĆ© au plus profond de nos cœurs en nous disant : « Regarde autour de toiĀ : tout passe en ce monde. Chaque jour a son soir et le couchant arrive si vite ! Ne dĆ©sespĆØre pas pourtant. C’est vrai, tout passe, parce que rien de ce que tu vois ou de ce que tu aimes ne t’est destinĆ© pour l’éternité ! Tout passe et ne laisse que regret et nouvel espoir ! » Pourtant ne dĆ©sespĆØre pas ! Ɖcoute ce que te dit ton EspĆ©rance constante, qui va au-delĆ  des frontiĆØres de la vieĀ : « Oui, ce que tu cherches existeĀ : il y a dans ton cœur un dĆ©sir infini et immortel, une EspĆ©rance qui ne meurt pas, une foi qui brise les tĆ©nĆØbres de la mort et qui est lumiĆØre pour ceux qui croient. Ce n’est pas pour rien que tu espĆØres, que tu crois ! Ce n’est pas pour rien ! » Tu espĆØres, tu crois – pour Aimer. VoilĆ  ton avenir, ton prĆ©sent, ton passĆ©. Tout se rĆ©sume en ce motĀ : l’Amour ! Tu as toujours aimĆ©. La vie est une quĆŖte continuelle de dĆ©sirs amoureux qui naissent au fond du cœur ! Tu as toujours aimé ! Mais tu as aimĆ© bien trop mal ! Tu as aimĆ© ce qui meurt, ce qui est vain et, dans ton cœur, seule la vanitĆ© est restĆ©e. Aime ce qui ne meurt pas ! Aime celui qui est l’Amour ! Aime celui qui, au soir de ta vie, ne verra que ton cœur. Tu seras seule avec lui Ć  ce moment-lĆ . Terriblement malheureux sera celui dont le cœur est plein de vanitĆ©, immensĆ©ment heureux celui dont le cœur sera plein de l’Amour infini de Dieu ! […]

Chiara Lubich

(Chiara Lubich, Ce que tu cherches existe, juin 1944, in Lettres des premiers temps, Nouvelle Cité 2010, p. 51-53)  

Ɖvangile vĆ©cu : donnez et il vous sera donnĆ©

Aider notre prochain sans rien attendre en retour mais le faire avec foi. Cela nous permet aussi d’apporter le salut, en « caressantĀ Ā» avec tendresse ceux qui sont Ć  leur tour dans la souffrance, dans le besoin, dans l’obscuritĆ©, dans l’Ć©garement. « Donnez… » Ma grand-mĆØre avait Ć©tĆ© particuliĆØrement gĆ©nĆ©reuse en me donnant une somme importante pour mes dĆ©penses. J’avais dĆ©jĆ  fait mes calculs sur l’utilisation de cet argent, quand un ami m’a parlĆ© des problĆØmes de sa famille : le pĆØre Ć©tait au chĆ“mage, ils en Ć©taient rĆ©duits Ć  ne prendre qu’un seul repas par jour. Plus tard, lorsque je l’ai quittĆ©, emportant sa douleur sur le chemin du retour, des expĆ©riences me sont revenues Ć  l’esprit que j’avais lues dans un livre qui traĆ®nait Ć  la maison. Certaines paroles de l’Ɖvangile auxquelles je n’avais jamais prĆŖtĆ© attention, ou plutĆ“t, que je n’avais jamais prises au sĆ©rieux : « Donnez et on vous donneraĀ Ā» (Lc 6,38). Quels mots Ć©tranges, m’étais-je ditĀ ! La personne qui les a prononcĆ©s ne pouvait ĆŖtre qu’un fou… ou un Dieu ! Ce mot « donnerĀ Ā» me martelait. Le lendemain soir, je suis allĆ© voir mon ami et je lui ai laissĆ© tout ce que j’avais dans mon portefeuille. Il Ć©tait surpris et heureux, je ressentais une joie irrĆ©pressible. Et cela ne s’est pas arrĆŖtĆ© lĆ . Quelques jours plus tard, j’ai reƧu un appel tĆ©lĆ©phonique inattendu d’une importante revue : ils avaient acceptĆ© de publier certains de mes Ć©crits pour lesquels ils parlaient d’une juste compensation. (Vincenzo – Italie) ƀ l’hĆ“pital Une patiente trĆØs Ć¢gĆ©e divaguait et tenait des discours absurdes. Compte tenu de son Ć¢ge et de son Ć©tat de santĆ©, entre collĆØgues nous avons convenu de lui faire sentir davantage notre prĆ©senceĀ ; un matin j’ai dĆ©posĆ© un bonjour sur sa table de nuit en notre nom. Quand je suis allĆ© la voir pour un contrĆ“le de routine, je l’ai trouvĆ©e sereine. Elle m’a dit : « Mon enfant, j’ai senti cette nuit que la mort Ć©tait proche et j’ai pensĆ© que j’emporterais toute ma mĆ©chancetĆ© avec moi » ; elle prend ma mainĀ : « je te le demande Ć  toi et Ć  vous tous de me pardonner parce que vous ne m’avez jamais jugĆ©eĀ Ā». C’était une autre personneĀ ! Cette dame Ć¢gĆ©e nous a aidĆ©s Ć  mieux vivre notre service. (K.V. – Hongrie) Projet « BaluchonĀ Ā» Alors que la pandĆ©mie faisait rage, des travailleurs saisonniers d’un grand centre agricole perdaient leur emploi. Lorsque nous avons appris cette nouvelle, nous avons lancĆ©, avec quelques amis de Californie du Sud (USA), un projet appelĆ© « BaluchonĀ Ā» qui consistait Ć  collecter des vĆŖtements, des livres, des jeux de sociĆ©tĆ©, des petits appareils Ć©lectromĆ©nagers et d’autres objets utiles qui, une fois redistribuĆ©s aux familles pĆ©nalisĆ©es, permettraient d’allĆ©ger certaines dĆ©penses et d’attĆ©nuer les difficultĆ©s imposĆ©es par les circonstances. Cette initiative de partage vĆ©cue avec beaucoup d’enthousiasme a non seulement impliquĆ© notre communautĆ©, mais aussi des collĆØgues de travail et d’autres personnes qui nous connaissent. En trois jours, nous avons pu remplir une camionnette d’objets collectĆ©s et les livrer aux communautĆ©s de Californie centrale. En retour, nous avons reƧu une boĆ®te de cerises que nous avons Ć  nouveau distribuĆ©e Ć  nos amis et voisins. L’expĆ©rience que nous avons vĆ©cue nous a galvanisĆ©s et nous a rendus heureux. Nous avons vu se rĆ©aliser « donnez et on vous donneraĀ Ā» de l’Ɖvangile. (G.S. – USA)

Recueilli par Lorenzo Russo

  (tirĆ© de Il Vangelo del Giorno, CittĆ  Nuova, anno VII, n.4, luglio-agosto 2021)

DĆ©lĆ©gation de l’Église luthĆ©rienne en visite au Centre des Focolari

DĆ©lĆ©gation de l’Ɖglise luthĆ©rienne en visite au Centre des Focolari

La rencontre avec la PrĆ©sidente Margaret Karram et le CoprĆ©sident JesĆŗs MorĆ”n a Ć©tĆ© l’occasion de faire connaissance et de partager l’engagement commun en faveur de l’unitĆ©. Samedi 26 juin, une dĆ©lĆ©gation de l’Ɖglise luthĆ©rienne allemande a visitĆ© le Centre international des Focolari Ć  Rocca di Papa, en Italie. Accueillis par la PrĆ©sidente des Focolari, Margaret Karram, et le CoprĆ©sident, JesĆŗs MorĆ”n, les membres de la dĆ©lĆ©gation ont Ć©galement rencontrĆ© le Centre « UnĀ Ā» pour l’unitĆ© des chrĆ©tiens et quelques membres du Conseil gĆ©nĆ©ral du Mouvement. La dĆ©lĆ©gation comprenait l’ÉvĆŖque Frank-Otfried July, PrĆ©sident de la section allemande de la FĆ©dĆ©ration LuthĆ©rienne Mondiale (DKN/FLM), les ƉvĆŖques Ralf Meister et Karl-Hinrich Manzke, respectivement PrĆ©sident et responsable des relations avec l’Ɖglise catholique de l’Union des Ɖglises luthĆ©riennes allemandes (VELKD). C’Ć©tait une occasion de connaissance mutuelle et de communion profonde. L’Ć©coute rĆ©ciproque a permis Ć  tous de se sentir frĆØres et sœurs dĆ©jĆ  unis dans le Christ. La rencontre avec la PrĆ©sidente Karram et le coprĆ©sident MorĆ”n, en particulier, a Ć©tĆ© un moment d’Ć©change sur la maniĆØre de relever les dĆ©fis du monde actuel. Ce qui est ressorti du dialogue, c’est une harmonie dans la Ā« passion pour l’unitĆ© dans le Christ Ā» qui, cependant, doit ĆŖtre Ć©tendue Ć  toute l’humanitĆ© : l’amour Ć©vangĆ©lique nous pousse Ć  chercher la sœur et le frĆØre Ć  cĆ“tĆ© de nous. Le partage d’exemples concrets de la vie Ć©vangĆ©lique, de la rĆ©conciliation mĆŖme dans les plus petits dĆ©tails, du choix de Dieu dans la vie quotidienne, a offert aux participants l’espoir dans le chemin de l’unitĆ© qui se poursuit Ć©galement au niveau thĆ©ologique et institutionnel. Ā« Changer de perspective Ā», a dĆ©clarĆ© l’un des Ć©vĆŖques, Ā« signifie rendre plus concret ce que signifie suivre le Messie Ā». Commencer par soi-mĆŖme, ne pas se demander qu’est-ce que je veux recevoir ?Ā  Mais bien plutĆ“t qu’est-ce que je veux donner, qu’est-ce que je peux donner ? Celui qui vit ainsi est inspirĆ© par l’Esprit, et celui qui est inspirĆ© par l’Esprit est espĆ©rance pour le monde Ā». La dĆ©lĆ©gation Ć©tait Ć  Rome Ć  l’occasion de la commĆ©moration du 500e anniversaire de l’excommunication de Martin Luther par le Pape LĆ©on X qui a marquĆ©, quatre ans aprĆØs le dĆ©but de la RĆ©forme (1517), la rupture dĆ©finitive au sein de l’Ɖglise occidentale. Un anniversaire cĆ©lĆ©brĆ© aujourd’hui, cependant, non pas pour consacrer le clivage, mais bien pour mettre en lumiĆØre, approfondir et dĆ©velopper les plus de Ā« cinquante ans de dialogue œcumĆ©nique constant et fructueux entre catholiques et luthĆ©riens Ā» qui, comme l’indique le document rĆ©digĆ© pour la CommĆ©moration Conjointe catholique-luthĆ©rienne de la RĆ©forme de 2016, Ā« nous ont aidĆ©s Ć  surmonter de nombreuses diffĆ©rences et ont approfondi la comprĆ©hension et la confiance entre nousĀ Ā»1.Ā  La veille de la visite aux Focolari, le Pape FranƧois, rencontrant des reprĆ©sentants de la FĆ©dĆ©ration luthĆ©rienne mondiale Ć  l’occasion de l’anniversaire de la Confessio augustana (25 juin 1530), avait notamment dĆ©clarĆ© : « Chers frĆØres et sœurs, sur le chemin qui mĆØne du conflit Ć  la communion, le jour de la commĆ©moration de la Confessio Augustana, vous ĆŖtes venus Ć  Rome pour que l’unitĆ© grandisse entre nous. (…) J’ai dit « sur le chemin du conflit Ć  la communionĀ Ā», et ce chemin ne se fait que dans la crise : la crise qui nous aide Ć  mĆ»rir dans ce que nous cherchons. Du conflit que nous avons vĆ©cu pendant des siĆØcles et des siĆØcles, Ć  la communion que nous voulons, et pour cela nous nous mettons en crise. Une crise qui est une bĆ©nĆ©diction du SeigneurĀ Ā»2. Pendant son sĆ©jour Ć  Rome, la dĆ©lĆ©gation de l’Ɖglise luthĆ©rienne allemande a eu plusieurs rencontres au Vatican, comme celle avec le cardinal Kurt Koch, PrĆ©sident du Conseil Pontifical pour la Promotion de l’UnitĆ© des ChrĆ©tiens, au cours desquelles elle a Ć©galement abordĆ© des questions brĆ»lantes de nature pastorale comme, par exemple, pour les mariages mixtes, l’admission Ć  l’Eucharistie du partenaire non catholique. Parmi les rencontres prĆ©vues, outre celle avec le Mouvement des Focolari, il y a aussi celle avec la CommunautĆ© de Saint Ɖgide.

Heike Vesper

  1. DĆ©claration Commune Ć  l’occasion de la CommĆ©moration Conjointe catholique-luthĆ©rienne de la RĆ©forme, Lund (SuĆØde), 31 octobre 2016 sur: https://www.vatican.va/content/francesco/it/events/event.dir.html/content/vaticanevents/it/2016/10/31/dichiarazione-congiunta.html
  2. Discours du Pape FranƧois aux reprƩsentants de la FƩdƩration luthƩrienne Mondiale, Rome (Italie), 25 juin 2021 sur: https://www.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2021/june/documents/20210625-federazione-luterana.html