Mouvement des Focolari
AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Le Mouvement des Focolari commĆ©more AthĆ©nagoras Ier, patriarche de Constantinople, avec une gratitude spĆ©ciale, en raison du rapport privilĆ©giĆ© avec Chiara Lubich, qu’il a rencontrĆ©e 25 fois. Pour le quarantiĆØme anniversaire de sa disparition, le Mouvement a promu des cĆ©rĆ©monies de commĆ©moration Ć  Istanbul – où Sa SaintetĆ©, le patriarche BartholomĆ©e Ier, a accueilli une dĆ©lĆ©gation nombreuse – et Ć  Padoue, où Gennadios, mĆ©tropolite d’Italie et de Malte, a saluĆ© les participants avec un message Chiara Lubich a Ć©crit dans le journal Avvenire du 13 janvier 1972Ā : « AthĆ©nagoras peut ĆŖtre vu comme le prototype de l’Église d’Orient. Mais, reconnaissant en lui une des plus importantes personnalitĆ©s chrĆ©tiennes actuelles, il peut ĆŖtre considĆ©rĆ© comme un symbole de la ChrĆ©tientĆ© entiĆØre, qui a souffert des divisions sĆ©culaires qui l’ont transpercĆ©e et qui aspire Ć  la parfaite unification. Il est une des figures de l’époque actuelle qui appartiennent dĆ©sormais Ć  l’histoire et Ć  l’Église (…). C’est cet intĆ©rĆŖt commun qui l’a poussĆ© un jour Ć  m’appeler Ć  Istanbul, lorsqu’il a appris que je travaillais avec le Mouvement des Focolari pour l’œcumĆ©nisme. C’était le 13 juin 1967. Il m’a accueillie comme s’il me connaissait depuis toujours. « Je vous attendaisĀ !Ā Ā», s’est-il exclamĆ©, et il a voulu que je lui raconte les contacts du Mouvement avec les luthĆ©riens et les anglicans. « C’est une trĆØs bonne chose de se connaĆ®tre, a-t-il commentĆ©. Nous avons vĆ©cu isolĆ©s, sans avoir de frĆØres, sans avoir de sœurs, pendant de nombreux siĆØcles, comme des orphelins! Les dix premiers siĆØcles du christianisme ont Ć©tĆ© pour les dogmes et pour l’organisation de l’Église. Durant les dix siĆØcles suivants, nous avons connu les schismes, la division. La troisiĆØme Ć©poque, celle-ci, est celle de l’amour.Ā  Il m’a demandĆ© de garder le contact. Je me souviens que ce n’était pas tant les paroles qu’il m’a dites durant cette premiĆØre audience qui m’avaient impressionnĆ©e, mais sa figure, l’atmosphĆØre surnaturelle qui l’enveloppait et qu’en gĆ©nĆ©ral tous ceux qui l’approchent remarquent. Et, surtout, son cœurĀ : un cœur si grand, si profondĆ©ment humain, que je me demande combien d’autres personnes semblables j’ai connues ainsi. (…)Ā Ā». « À une autre occasion, il m’a montrĆ© un message qu’il avait spĆ©cialement adressĆ© au Mouvement des Focolari. Entre autres, on y litĀ : “Les trois rencontres avec Paul VI Ć  JĆ©rusalem le 5 janvier 1964, ici Ć  Istanbul le 25 juin 1967 et Ć  Rome le 26 octobre 1967, qui constituent le signe surprenant et glorieux du triomphe de l’amour du Christ et de la grandeur du pape, nous ont dĆ©finitivement mis, avec fermetĆ© de foi et d’espĆ©rance, sur la voie bĆ©nie pour la rĆ©alisation de la volontĆ© du Christ, c’est-Ć -dire la rencontre dans le mĆŖme calice de Son sang et de Son corps”.Ā Ā» Quelque temps plus tard, en parlant de lui, Chiara a confié : « C’est aussi parce que je connaissais trĆØs bien Paul VI que j’ai pu avoir un rapport aussi profond avec le patriarche. Comme il m’était possible d’avoir des contacts personnels avec le Saint-PĆØre, je me suis trouvĆ©e ĆŖtre, involontairement, un moyen Ć  travers lequel le patriarche pouvait communiquer officieusement avec le papeĀ Ā».[1]

Deux jours aprĆØs sa disparition, Chiara a Ć©crit une lettre aux jeunes gĆ©nĆ©rations du Mouvement des FocolariĀ : « Nous avons au Ciel un trĆØs grand protecteur de notre Mouvement. Le dernier compte-rendu que je lui ai montrĆ©, il y a deux mois, a Ć©tĆ© celui sur les JournĆ©es gen avec les impressions des participants. Il m’a ditĀ : « Tu sais qui sont les genĀ ?Ā Ā» et il a continué : « AimeĀ Ā», faisant allusion Ć  la chanson du Gen Rosso « Ama e capiraiĀ Ā» (Aime et tu comprendras). J’aimerais que ce soit le testament qu’il laisse Ć  notre Mouvement, l’appel continu qu’il nous lance maintenant du Ciel. DĆØs que j’ai su qu’il Ć©tait parti, une question a rĆ©sonnĆ© dans mon Ć¢meĀ : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les mortsĀ ?Ā Ā» (Lc 24,5). Oui, il vit et nous le sentons. [1] De Chiara Lubich, L’aventure de l’unitĆ©, Interview rĆ©alisĆ©e par Franca Zambonini, Paris 1991, p.137
AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Une dƩcouverte, pendant que la terre tremble

Ā« Je suis arrivĆ©e chez ma maman quelques heures aprĆØs la premiĆØre forte secousse du sĆ©isme. Nous avons essayĆ© de comprendre quoi faire, comment nous organiser pour la nuit… Ć  chaque minute, il nous semblait devoir fuir! Et comment faire avec les personnes seules qui vivent dans le mĆŖme immeuble ? Donc, avec un peu de courage, je les invite toutes Ć  sortir ensemble, Ć  se prĆ©parer pour passer la nuit dans le gymnase municipal voisin, où la Protection civile a mis sur pied un Centre d’accueil.

Autour de nous, une centaine de regards perdus, des enfants et des bĆ©bĆ©s en larmes, des personnes Ć¢gĆ©es en chaise roulante…

Je me tais, ne dis rien, parce que ceux qui souffrent ont une sensibilitĆ© particuliĆØre qui n’a pas besoin de beaucoup de mots. Les personnes sentent l’amour Ć  travers des petits actes concrets de compassion. C’est ce que j’essaie de faire cette nuit-lĆ . Mais mon cœur s’est brisĆ© en deux.

Il arrive un moment où chaque parole semble inutile et si fragile, et s’effrite plus rapidement que les briques qui se sont Ć©croulĆ©es en Ɖmilie-Romagne, ma rĆ©gion, qui – on ne l’aurait jamais imaginĆ© – a englouti la vie de personnes qui jusqu’à hier avaient une existence tranquille et sans trop de cataclysmes, malgrĆ© la crise.

La terre continue Ć  trembler. Le temps passe inexorablement et trĆØs lentement, la nuit semble ne jamais finir.

Et les jours suivants, chaque instant, c’est pareil…

AprĆØs avoir rangĆ© l’appartement – un meuble est tombĆ© et des objets de peu de valeur se sont cassĆ©s –, je convaincs finalement ma maman de s’éloigner de la zone Ā« rouge Ā» et de s’installer chez ma sœur, Ć  environ 150 km de distance.

Puis, une deuxième secousse. Ma ville natale est maintenant une ville fantÓme : beaucoup de maisons détruites, des milliers de personnes qui dorment dehors, dans les tentes ou plus loin. Et la terre continue à trembler.

ƀ ModĆØne, une institutrice raconte : Ce matin, je me suis retrouvĆ©e sous mon bureau, serrant la main de l’enfant qui se trouvait le plus prĆØs de moi et qui tremblait, pendant que les autres m’appelaient. Je ne pouvais que leur dire : restez tranquilles. Vingt secondes sont un soupir, mais elles peuvent devenir une Ć©ternitĆ©. Certains pleurent, mais ils sortent tous derriĆØre moi. On s’accroche aux peu de choses encore debout, Ć  l’autre qui est Ć  cĆ“tĆ© de nous. Dans le jardin, au milieu des arbres, les parents arrivent en petits groupes, le visage blĆŖme, et cherchent l’unique chose restĆ©e intacte aprĆØs le sĆ©isme: le visage de leurs enfants.

J’ai devant les yeux la tristesse et les regards inconsolables des personnes que je connais de mon village, des personnes Ć¢gĆ©es surtout, des enfants… et aussi des prĆŖtres qui n’ont plus une Ć©glise debout : JĆ©sus Eucharistie a Ć©tĆ© le premier dĆ©placĆ©, de tous les villages touchĆ©s.

Les Ć©glises de briques n’existent plus, mais nous sommes la premiĆØre brique Ć  reconstruire. La question Ć  laquelle rĆ©pondre : y-a-t-il quelque chose dans la vie qui ne tremble pas ? Que veut nous dire le Seigneur avec tout cela ? Parfois, son Ć©criture est Ā« illisible Ā». Nous avons besoin de foi, et si une pincĆ©e pour Ā« dĆ©placer les montagnes Ā» n’est pas suffisante, demandons qu’il puisse vraiment Ā« arrĆŖter les plaines Ā» !

Y-a-t-il quelque chose qui ne tremble pas ? Oui, Dieu Amour. Tout peut s’écrouler, mais Dieu reste.

Pendant ce temps, des messages d’amis, de parentĆ© arrivent du monde entier : nous sommes avec vous, nous prions pour vous, nous sommes un mĆŖme corps et lorsqu’une partie souffre, tout le corps souffre. Oui, nous sommes une seule chose et cela donne de la force, de l’énergie et une vie nouvelle !

Les habitants de l’Émilie-Romagne sont forts, tenaces et travailleurs. Ils ont un profond sens de la solidaritĆ© et du partage. Quelques jours aprĆØs la fermeture des Ć©coles, les institutrices de mon village ont Ć©tĆ© dans les camps d’accueil, dĆ©guisĆ©es en clowns pour divertir leurs Ć©lĆØves qui avaient passĆ© la nuit dans les tentes ou dans les voitures…

Nous vivons un moment sombre, mais il y a aussi l’espĆ©rance que les dĆ©combres ne sont pas le mot Ā« fin Ā». Ā»

Sœur Carla Casadei, sfp

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Genfest 2012 : ĆŖtes-vous prĆŖt ?

MƔtƩ

Pourquoi participes-tu au Genfest?

Leandro: « J’ai toujours rĆŖvĆ© de participer au Genfest et cela peut enfin devenir une rĆ©alitĆ©. Je veux entrer dans l’histoire et dire: j’y Ć©tais moi aussi.Ā Ā»

Paola: « J’ai la conviction qu’il sera la pointe de l’iceberg de beaucoup de vie! Non pas quelque chose de ponctuel, mais l’expression de ce qui existe dĆ©jĆ : un puzzle de vies, puissant, qui me rappellera que je ne suis pas seule et qui donnera du courage Ć  tous pour continuer Ć  construire un monde plus uni. Ā»

MĆ”tĆ©: « Je me suis mariĆ© avec Klari l’étĆ© dernier. Le Genfest sera une occasion spĆ©ciale pour vivre en tant que couple avec beaucoup d’autres jeunes et pour ĆŖtre un don les uns pour les autres.Ā Ā»

Qu’a suscitĆ© en toi le titre ā€˜Let’s Bridge’?

Paola

Leandro: « La construction de rapports, de canaux de communication. Il suscite et met en marche tous les moyens que j’ai pour Ć©tablir un rapport qui me pousse vers l’autre.Ā Ā»

Paola: « Energie, poigne et espérance! »

MĆ”tĆ©: « Un pont c’est grand et c’est trĆØs difficile Ć  construire. Ce titre me pousse Ć  ne pas avoir peur des difficultĆ©s: si je veux aimer et fais ma part, Dieu m’aidera, tel un ingĆ©nieur surnaturellement professionnel!Ā Ā»

Il reste deux mois avant le Genfest: comment te prƩpares-tu et avec qui tu iras?

Leandro

Leandro: « Je demande à Dieu, durant la messe, que tout se passe bien, également pour la préparation. De la région de São Paolo nous serons environ 185. »

Paola: « Ce sont les mois les plus intenses. Je me suis engagĆ©e Ć  ne pas laisser passer un jour Ā sans parler Ć  quelqu’un du Genfest et sans prier pour cette personne. Tout en gardant Ć  l’esprit cependant que le Genfest n’est pas le but. L’objectif n’est pas de ā€˜faire nombre’. La prioritĆ© ne change pasĀ : toujours aimer et aimer ensemble… qui est en fait la caractĆ©ristique de notre vie Gen.Ā Ā»

MĆ”tĆ©: « Je me prĆ©pare en essayant d’aimer tout le monde, en commenƧant par celui qui est Ć  mes cotĆ©s: Klari, mes collĆØgues de travail, les amis de l’équipe de basket…Ā Ā»

Quel sera ton kit de survie pendant le Genfest?

Leandro: « Mon sac Ć  dos, l’appareil Ć  photos, quelque chose Ć  manger, mon tĆ©lĆ©phone portable connectĆ© aux rĆ©seaux sociaux (je veux dire Ć  tous ceux qui sont Ć  une rencontre comme celle-ci!) et beaucoup de bouteilles d’eau!Ā Ā»

Paola: « Je n’ai pas encore pensĆ© Ć  cela!! Je crois que l’entente avec tous ceux avec qui nous avons travaillĆ© durant ces mois de prĆ©paration du Genfest, vaudra plus que toutes les paroles! Chiara Lubich disait que l’on ne construit rien de valable sans le sacrifice. Nous souvenir des jours vĆ©cus pour la prĆ©paration nous aidera dans les possibles hĆ©sitations qui arriveront, ce sera la garantie que nous sommes une seule cordĆ©e.Ā Ā»

Extraits de l’interview publiĆ©e sur l’édition spĆ©ciale de la revue ā€˜Giornale Gen’ n°5-6 (italien), de mai-juin 2012.


The Genfest 2012 project has been funded with support from the European Commission.
This communication reflects the views only of the author, and the Commission cannot be held responsible for any use which may be made of the information contained therein.

Ɖtude et vie : la fraternitĆ© dans le conflit

Ā« Ma famille vit en Jordanie depuis des annĆ©es, mais nous sommes d’origine palestinienne. Je sens fortement la tragĆ©die qui divise mon peuple du peuple israĆ©lien. Comme tout le monde sait, la situation est encore trĆØs grave. Pour des raisons politiques, mon pĆØre n’a pas le droit de retourner en Palestine depuis 30 ans. Pour moi, il est aussi difficile de simplement aller rendre visite Ć  ma parentĆ© restĆ©e Ć  BethlĆ©em. Certains membres de ma famille ont Ć©tĆ© emprisonnĆ©s en IsraĆ«l, d’autres sont morts Ć  cause de la guerre.
L’injustice de ce conflit me fait mal, et comme la culture dans laquelle je suis nĆ©e encourage les personnes Ć  rĆ©pondre Ć  la violence par la violence, moi aussi je ressens cette violence au fond de moi et je la justifiais chaque fois que je la voyais dans les autres.
Je suis venue Ć©tudier en Italie, Ć  l’Institut universitaire Sophia. J’avais tellement de questions… Ici, je fais une expĆ©rience nouvelle, forte. J’ai choisi les Ć©tudes politiques et j’ai commencĆ© Ć  entrer dans un nouveau scĆ©nario : j’ai dĆ©couvert, par exemple, que le principe de la fraternitĆ© peut ĆŖtre une vraie catĆ©gorie politique Ć  part entiĆØre, aux cĆ“tĆ©s de la libertĆ© et de l’égalitĆ©. J’ai compris que la fraternitĆ© est un choix, une rĆ©ponse qui rĆ©pare l’injustice. Ici, on ne fait pas qu’étudier, on donne une grande importance Ć  l’expĆ©rience, et plus on vit, plus on comprend ce qu’on Ć©tudie.
Il y a quelques mois, la nouvelle qu’IsraĆ«l et Palestine s’étaient mis d’accord pour un Ć©change de prisonniers m’a beaucoup touchĆ©e : j’ai lu sur Internet qu’il s’agissait d’un IsraĆ©lien contre 1027 Palestiniens. C’était une nouvelle incroyable! Un grand nombre de ces Palestiniens Ć©taient en prison depuis trente, quarante ans… J’aurais tellement aimĆ© ĆŖtre chez moi pour cĆ©lĆ©brer ce moment avec la famille et les amis. J’étais Ć©mue. Avec les autres Ć©tudiants, j’ai parlĆ© longtemps de ce qu’il se passait dans mon pays et eux aussi, qui sont de diffĆ©rentes nationalitĆ©s, ont fait la fĆŖte avec moi!
Avec certains nous sommes allĆ©s Ć  l’église afin de prier pour ces prisonniers qui Ć©taient libĆ©rĆ©s, pour leur famille. Mais au moment de sortir, un Ć©tudiant m’a dit : Ā« … je prie aussi pour ce prisonnier israĆ©lien Ā». Je n’étais pas d’accord ! Comment pouvait-il dire Ƨa ? Ɖchanger une personne contre mille autres me semblait profondĆ©ment injuste…
Une fois Ć  la maison, j’ai repris les livres, mais je ne rĆ©ussissais pas Ć  Ć©tudier, j’étais furieuse. Mille pensĆ©es… jusqu’à ce qu’une question fasse son chemin : pourquoi Ć©tudier la fraternitĆ© en thĆ©orie, si je n’essaye pas de la mettre en pratique ? Je devrais peut-ĆŖtre prier moi aussi pour ce prisonnier et pour sa famille… IntĆ©rieurement, j’ai dĆ» faire beaucoup d’efforts, c’était difficile. Cela m’a beaucoup coĆ»tĆ©, mais Ć  la fin j’ai rĆ©ussi et je l’ai vraiment fait avec le cœur.
Quelques mois ont passĆ©, j’éprouve une grande gratitude envers ceux qui ont vĆ©cu ce moment avec moi, les Ć©tudiants et les professeurs de l’IUS. Je n’étudie pas seulement la fraternitĆ©, mais maintenant je l’expĆ©rimente, dans le rapport avec eux comme au-dedans de moi. Samar Bandak – Jordanie Ā»
Source, site officiel de l’Institut international Sophia: www.iu-sophia.org

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Focolari et Rio + 20

Rio + 20, la ConfĆ©rence des Etats Unis sur le dĆ©veloppement durable, tenue Ć  Rio de Janeiro, BrĆ©sil, du 13 au 22 juin 2012, porte ce nom parce qu’elle se situe Ć  20 annĆ©es de distance du « Sommet de la TerreĀ Ā» de Rio de Janeiro de 1992. DĆØs cette annĆ©e-lĆ  avait Ć©tĆ© demandĆ©eĀ  la participation de tous les secteurs de la sociĆ©tĆ©, selon l’idĆ©e que le dĆ©veloppement durable ne pouvait ĆŖtre atteint par les seuls gouvernements, mais nĆ©cessitait aussi la prĆ©sence de la sociĆ©tĆ© civile. A ces groupes a aussi Ć©tĆ© demandĆ© une participation active et une contribution concrĆØte Ć  la rĆ©alisation des objectifs de la ConfĆ©rence. La participation du Mouvement des Focolari a eu lieu avec la prĆ©sentation institutionnelle de l’ONG New Humanity – qui a le statut consultatif du Conseil Economique et Social de l’ONU (ECOSOC) – avec le soutien de la maison Ć©ditrice brĆ©silienne Cidade Nova et le Mouvement Umanita Nuova. La dĆ©lĆ©gation Ć©tait composĆ©e de 28 experts dans le domaine du dĆ©veloppement, de l’écologie, de la politique, de l’art, de la communication, de l’économie, du sport, provenant de diverses rĆ©gions du BrĆ©sil, de l’Argentine et de l’Allemagne. 4 rendez-vous choisis par la dĆ©lĆ©gation :

  • ā€˜ā€™La force du business au service de la sociĆ©té’’, confĆ©rence qui s’est tenue le 16 juin dans le ā€˜ā€™Forum sur les entrepreneurs sociaux dans la Nouvelle Economie’’, durant une rencontre parallĆØle. A Ć©tĆ© reprĆ©sentĆ©e en autre, l’Economie de Communion avec l’expĆ©rience du chef d’entreprise brĆ©silien Glaison JosĆ© Citadin.
  • Au Sommet de la Terre (Ć©vĆ©nement promu par la sociĆ©tĆ© civile en parallĆØle Ć  la ConfĆ©rence Rio + 20), le 16 juin, l’école de formation du Mouvement politique pour l’UnitĆ© (Ecole Civitas), en partenariat avec d’autres organisations, a prĆ©sentĆ© le MppU et l’Economie de Communion.
  • Une table ronde sur le thĆØme de l’environnement, Ć  l’intĆ©rieur de la confĆ©rence ā€˜ā€™The human beingĀ : the core of a sustainable cityĀ ā€˜ā€™ (L’être humainĀ : le cœur d’une ville durable), organisĆ©e par l’ONG AVSI, le 19 juin. Il a Ć©tĆ© question du rĆ“le de la spiritualitĆ© dans la construction d’un monde durable.
  • Du 20 au 22 juin, au Riocentro Convention Center, participation Ć  la sĆ©rie de discussions et manifestations parallĆØles, où la sociĆ©tĆ© civile s’est attaquĆ©e aux questions prioritaires dans l’agenda international pour le dĆ©veloppement durable. Ces Ć©vĆ©nements ont eu lieu en mĆŖme temps que les sessions plĆ©niĆØres et les rencontres officielle entre les chefs d’État et de gouvernement.
  • Enfin, une cĆ©lĆ©bration œcumĆ©nique proposĆ©e par le Conseil National des Eglises ChrĆ©tiennes (Conic), pour mettre en lumiĆØre l’engagement des Eglises chrĆ©tiennes dans la sauvegarde de l’environnement.

Nombreux ont Ć©tĆ© les thĆØmes abordĆ©s dans le cadre du dĆ©veloppement durableĀ : pauvretĆ© et environnement, rĆ“le des femmes, Ć©nergie alternative, stratĆ©gie pour combattre le processus de dĆ©sertification, sĆ©curitĆ© alimentaire, chĆ“mage, accĆØs aux informations, collaboration scientifique internationale, populations indigĆØnes. TrĆØs variĆ©es sont les considĆ©rations au terme de la ConfĆ©renceĀ : perplexitĆ© sur le document final, The Future we wantĀ  (L’avenir que nous voulons), pour des objectifs peu clairs, peu clairs, mais intĆ©rĆŖt pour l’engagement de la sociĆ©tĆ© civile et du monde de l’entreprise.Ā ā€˜ā€™La question du dĆ©veloppement durable est la plus grande opportunitĆ© de penser l’humanitĆ© contemporaine dans son ensemble plutĆ“t que comme un monde fragmentĆ©, en conflit constant et en concurrence’’ a dĆ©clarĆ© Adriana Rocha, brĆ©silienne, artiste et peintre, prĆ©sidente de l’ONG Afago (Sao Paulo), membre de la dĆ©lĆ©gation. Et AndrĆ©s Porta, chimiste argentin, professeur et chercheur Ć  l’UniversitĆ© de la Plata et membre d’EcoOneĀ : « Ce quiĀ  me semble encore manquer c’est l’écoute et le dialogue entre les positions des pays dĆ©veloppĆ©s et ceux en voie de dĆ©veloppement, entre les idĆ©es et les valeurs de la pensĆ©e capitaliste et celle des populations indigĆØnes et des autres minoritĆ©sĀ Ā». Propositions pour amĆ©liorerĀ : continuer Ć  travailler avec les Ć©coles de formation des jeunes, comme contribution pour une base de dialogue Ć©galement pour les rencontres internationales sur une plus grande Ć©chelle.Ā 

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Un amour qui veut embrasser le monde entier !

Chiara Lubich a dĆ©fini les gen4 comme les ā€˜ā€™petits bourgeons’’ du grand arbre du Mouvement des Focolari. 1988 a donnĆ© vie Ć  cet Ć©vĆ©nement uniqueĀ : leur congrĆØs international.

Cette annĆ©e elles Ć©taient plus de 400, atterries sans peur, malgrĆ© leur Ć¢ge (de 4 Ć  9 ans), de l’Argentine, du Panama, du Venezuela et de diffĆ©rents pays europĆ©ens. Un vĆ©ritable congrĆØsĀ : deux entrepreneurs de la CoopĆ©rative Loppiano Prima expliquaient comment vivre pour une ā€˜ā€™nouvelle Ć©conomie ā€˜ā€™ et rĆ©pondaient aux diffĆ©rentes questions des gen4. Elles ont approfondi la vie des premiers chrĆ©tiens Ć  travers des jeux et des quiz. Ensuite, le grand jeuĀ de ā€˜ā€™La ville envahie par l’Amour’’ : clown, vendeurs, quiz, banquiers, maire, et d’autres encore, se retrouvaient tous rĆ©unis par une loi unique, chercher ā€˜ā€™Ć  voir JĆ©sus dans le frĆØre’’ et comprendre lesquels pourraient ĆŖtre les pauvres de cette ville si particuliĆØre.

ā€˜ā€™Qui me passe Ć  cĆ“tĆ© est JĆ©sus’’ et ā€˜ā€™ C’est Ć  Moi que vous l’avez fait’’, sont les slogans de ces journĆ©es, scandĆ©s par deux chansons composĆ©es spĆ©cialement pour le congrĆØs. Elles les chantaient, inventant des scĆØnettes et s’est crƩƩ ainsi un mini musical qu’elles ont prĆ©sentĆ© vendredi matin quand la prĆ©sidente des Focolari, Maria Voce, est venue les rencontrer. Elles ont prĆ©parĆ© quelques questions, anxieuses de savoir ce qu’elle diraitĀ :

« Ciao Emmaüs, comment est le ParadisĀ et comment est l’EnferĀ ?Ā Ā» ; « Pourquoi Dieu a-t-il crƩƩ le mondeĀ ? » ; « A travers la vie des premiers chrĆ©tiens, nous avons connu les martyrs. Et nous aujourd’hui, devons-nous le devenir pour JĆ©susĀ ?Ā Ā» ; « Comment Chiara a compris que JĆ©sus est parmi nousĀ ?Ā Ā» ; « Pourrais-tu m’expliquer ce qu’est le focolareĀ ?Ā Ā» Et d’autres questions encore.

Le premier jour, l’une d’entre elles ditĀ : « J’ai dans mon cœur une grande joie, parce que j’ai rĆŖvĆ© que JĆ©sus venait dans ce congrĆØs, il Ć©tait ici avec nous, au milieu de nous.Ā Ā» Un rĆŖve devenu rĆ©alitĆ© les jours suivants. MalgrĆ© les langues et les cultures diffĆ©rentes, elles se comprenaient, parlant, inventant des jeux Ć  faire ensemble, s’échangeant de petits cadeaux. Durant la messe du dernier jour, elles ont offert Ć  JĆ©sus leurs actes d’amourĀ : des centaines de feuilles colorĆ©es remplissaient les paniers placĆ©s sur la scĆØne. Se trouvaient aussi les paniers contenant leur communion des biens pour les pauvresĀ ; l’Evangile qui se fait vie.

Avant de partir, elles ont Ć©crit beaucoup de lettres, fait des dessins pour JĆ©sus, pour Emmaüs. Chacune s’est exprimĆ©e Ć  sa faƧonĀ : « Merci Emmaüs, la journĆ©e de vendredi au Centre Mariapolis a Ć©tĆ© fantastique. J’espĆØre que l’an prochain s’il y a le CongrĆØs Ć  Castel Gandolfo, je viendrai. Je me suis beaucoup amusĆ©e tous ces jours et vendredi j’étais trĆØs touchĆ©e.Ā Ā» « Je suis Myriam de la Belgique, j’ai cinq ans et demi et c’est mon premier congrĆØs gen4, je viens Ć  Rome pour la premiĆØre foisĀ ! Cela m’a beaucoup plu que tu m’aies saluĆ©eĀ ! J’ai aimĆ© la journĆ©e passĆ©e avec toi, j’ai senti la joie dans mon cœurĀ ! Je te salue beaucoup, beaucoupĀ Ā». « Merci d’être venue nous voir et rĆ©pondre Ć  nos questionsĀ ! Moi aussi je voulais savoir pourquoi Dieu a crƩƩ le monde et j’ai beaucoup aimĆ© ta rĆ©ponse. Je te salue avec affection. Eva de la Pologne.Ā Ā» Une gen de 5 ansĀ : « Je n’ai jamais vu Chiara, mais elle est dans mon cœur.Ā Ā» Une autreĀ : « Le 27 mai, j’ai communiĆ© pour la premiĆØre fois. Quand JĆ©sus est venu dans mon cœur j’ai ressenti une grande joie. Maintenant, toujours, quand je suis Ć  l’église, je vais communier. Je suis trĆØs contente d’être ici et d’aimer JĆ©sus toujours. Je t’embrasse.Ā Ā»

« Cher JĆ©sus, je t’aime grand comme le monde ! Tu es mon meilleur AmiĀ ! » ; « Cher JĆ©sus, je voudrais que le congrĆØs commence Ć  nouveau, mais ce n’est pas possible… Je pensais que ce pouvait ĆŖtre triste et difficile de dormir sans maman, mais Ƨa n’a pas Ć©tĆ© ainsiĀ ! » ; « Merci JĆ©sus, j’ai fait beaucoup d’actes d’amour, j’en ai fait 7 en tout. Merci pour la Messe. » ; « Cher JĆ©sus, je te porterai dans ma ville et dans mon cœur, et quand il y aura une dispute, je l’arrĆŖterai. » ; « Ciao JĆ©sus, je t’écris depuis la terre. L’amour est une chose trĆØs importante, parce que tu es trĆØs important. Tu es le Roi de la paix, et je t’aime parce que tu as donnĆ© ta vie pour nous. » ; « JĆ©sus, c’est vraiment vrai, que dans celui qui me passe Ć  cĆ“tĆ© c’est toiĀ ? Ciao, on se voit au ParadisĀ ! » ; Merci JĆ©sus pour ce magnifique congrĆØs, excuse-moi si j’ai Ć©tĆ© un peu ā€˜ā€™grognon’’ et un peu difficile. » ; « Je t’aime tellement, JĆ©sus et je voudrais que tu sois toujours Ć  cĆ“tĆ© de moi, et je voudrais ne jamais te laisserĀ Ā».

Du centre gen4

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Boites de nuit et modes. Le choix d’Yves.

Ā«Je suis africain et j’étudie dans le nord de l’Italie. Il y a quelque temps, j’avais lu sur une revue un article, dans lequel l’auteur disait qu’une ā€œnuitā€ Ć©tait entrain d’envahir la culture occidentale dans tous ses milieux, ce qui conduit Ć  une perte des authentiques valeurs chrĆ©tiennes. SincĆØrement, je n’avais pas compris grand-chose au sens de cet Ć©crit, jusqu’à un fait qui m’a ouvert les yeux. C’était un samedi aprĆØs-midi. Quelques jeunes, des amis de mon quartier, me proposent de sortir avec eux et de passer la soirĆ©e ensemble. Ils veulent faire quelque chose qui change. Nous sommes six ou sept. Pour commencer, nous allons danser dans une boite de nuit. Au dĆ©but, je m’amuse. Ils me disent que j’ai la musique dans la peau et que je danse bien. Bien vite cependant, je m’aperƧois qu’autour de moi certains dansent sans aucun respect ni envers eux-mĆŖmes, ni envers les autres. Ils ne dansent pas pour simplement pour se divertir, mais pour lancer des messages ambigus. En moi, une voix subtile m’alerte, elle me demande d’aller Ć  contre-courant et de danser avec dignitĆ© et par amour.

Quelques heures aprĆØs, mes amis proposent de changer d’endroit. Je leur fais confiance, puisque ce sont mes amis, et j’accepte. Nous entrons dans une autre boite de nuit. Le temps de me rendre compte où je suis, entre musique trĆØs forte, lumiĆØres psychĆ©dĆ©liques et une odeur acre qui sent fortement, et je reste d’emblĆ©e bouleversĆ©. Ce n’est pas une discothĆØque normale, des filles se prostituent. Je suis trĆØs dƩƧu et en colĆØre. Sans dire un mot, je fais demi-tour et sors de la salle. Un de mes amis me poursuit. Il m’insulte et me traite de retardĆ©. Je ne lui rĆ©ponds pas. Peu de minutes s’écoulent, qu’un autre sort aussi, cette fois-ci non pas pour m’insulter, mais pour me donner raison. A la fin, un autre ami sort Ć©galement et lui aussi me donne raison. Je suis surpris. J’avais crƩƩ une chaĆ®ne de contre-courant. Sans avoir parlĆ©, ni des idĆ©aux chrĆ©tiens auxquels je crois, ni de Dieu, les autres m’avaient vu et avaient compris. Quelques mois passent. Je ne pensais plus Ć  cet Ć©pisode depuis un bon moment. Un jour, un jeune, qui avait Ć©tĆ© avec nous ce soir-lĆ , vient chez moi et me dit d’avoir regrettĆ© et de ne plus vouloir Ā frĆ©quenter ce type de boite. Cette expĆ©rience m’a aidĆ© Ć  comprendre avec plus de radicalitĆ© la nĆ©cessitĆ© de risquer et de dire ā€œnonā€ Ć  certaines propositionsĀ».

L’histoire d’Yves, du Cameroun, que nous venons de prĆ©senter, est un des 94 rĆ©cits du livre ā€œUna buona notizia, gente che crede gente che muoveā€ (« Une bonne nouvelle, un peuple qui croit, un peuple qui se remueĀ Ā»), publiĆ© depuis peu par la maison d’édition italienne CittĆ  Nuova, comme apport constructif Ć  la Nouvelle EvangĆ©lisation et prĆ©facĆ© par Maria Voce. Les histoires ont pour acteurs des jeunes et des enfants, des familles, des professionnels, des ouvriers, des dirigeants, des religieuses, des prĆŖtres, qui abordent, avec l’Evangile, les situations du quotidien et les dĆ©fis de la sociĆ©tĆ©. Un peuple qui croit, vit, se remue, entraĆ®ne, dans le respect des convictions et de l’expĆ©rience des autres, conscient que chacun peut apporter sa contribution Ć  la construction de la grande famille humaine.

As-tu, toi aussi, une bonne nouvelle Ć  nous signaler?Ā 

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

400 enfants mettent la main à la pâte !

Le jardin du Centre Mariapolis de Castel Gandolfo est un immense parc de jeux, plein de petits drapeaux, bandes de papier colorĆ© et ballons. Au milieu, des enfants joyeux s’activent. Ils bougent par Ć©quipes, tous ensemble, tous en sueur. Mais dĆØs qu’on les arrĆŖte pour demander qui ils sont, d’où ils viennent, pourquoi ils sont lĆ  et s’ils sont contents, ils nous regardent droit dans les yeux et ils nous ouvrent leur cœur sans dĆ©tour. Avec eux, il y a des enfants un peu plus Ć¢gĆ©s, les Gen3, et les assistants. Des mamans et des papas sont aussi prĆ©sents. C’est un aperƧu du congrĆØs Gen4 qui s’est dĆ©roulĆ© du 14 au 17 juin. 400 enfants de toute l’Italie, de diffĆ©rents pays europĆ©ens, ainsi qu’une riche et alerte reprĆ©sentation de la CorĆ©e, Ć©taient prĆ©sents. « Un frĆØre, deux frĆØres… beaucoup de frĆØres » : le slogan de la rencontre a beaucoup plu, non seulement parce qu’ils le crient souvent et tous ensemble, mais surtout parce qu’ils l’ont compris en le vivant personnellement. Ce n’est pas une ambiance scolaire, mais familiale. Et, en effet, la rencontre se dĆ©roule Ć  plusieurs voix. Sur la scĆØne aussi, le micro passe spontanĆ©ment des adultes aux enfants, aux jeunes. Tous ont voix au chapitre, des plus petits aux plus grands. Tous contribuentĀ : dans la prĆ©sentation, pour les tours de magie ou pour les tĆ©moignages, comme dans une vraie famille. Les focolarines du Centre Mariapolis participent aussi Ć  ce grand jeu de la vie, en racontant comment elles construisent le congrĆØs dans les coulisses. « Un apprentissage pour devenir champions dans l’amour… » C’était le souhait que Maria Voce a fait parvenir aux Gen4 rĆ©unis au congrĆØs. Et c’est ce qu’il s’est passĆ©. L’enjeu est Ć©levĆ©, mais ils peuvent parcourir le chemin en quatre Ć©tapesĀ : dĆ©couvrir que nous sommes frĆØres, s’aider, recommencer, rencontrer JĆ©sus dans les autres. « J’avais fabriquĆ© un cerf-volant en papier et il Ć©tait trĆØs joli, raconte NicolĆ . J’ai rencontrĆ© un enfant qui n’en avait pas, je le lui ai offert et je me suis senti heureux.Ā Ā» Et MarcoĀ : « J’étais seul devant le gardien et, au lieu de tirer pour marquer, j’ai passĆ© le ballon Ć  un autre Gen4, pour que lui marqueĀ Ā». Aux premiers rangs, assistant Ć  leurs journĆ©es, il y a certains des premiers compagnons de Chiara LubichĀ : Bruna Tomasi, Marco Tecilla et Bruno Venturini. Des jeunes de l’« École Gen de LoppianoĀ Ā» sont aussi prĆ©sents. Futur, prĆ©sent et passĆ© s’entrecroisent avec harmonie, comme les racines et le feuillage d’un arbre. Les Gen4 leur posent des questions perspicaces, par exemple celle de Luca, de TrenteĀ : « J’aimerais tellement qu’il n’y ait plus la guerre et la faim. Que pouvons-nous faire, nous, Gen4Ā ?Ā Ā» Ou celle de Francis, de SĆ©oulĀ : « Avez-vous vraiment et directement rencontrĆ© Dieu dans votre vieĀ ?Ā Ā». Sur le programme, la messe est indiquĆ©e comme « rencontre avec JĆ©susĀ Ā». Et, dans le respect de la liturgie, le prĆŖtre trouve le moyen et le temps pour que les Gen4 puissent prĆ©senter leurs actes d’amour, les chants animĆ©s et il y a toujours des moments pour parler avec JĆ©sus en tĆŖte Ć  tĆŖte. « JĆ©sus est une rĆ©fĆ©rence, un ami toujours Ć  mes cĆ“tĆ©sĀ Ā», affirme trĆØs sĆ©rieux un Gen4, ayant remportĆ© un jeu d’équipe. Les nombreux ateliers ont eu un grand succĆØs. Ils ont Ć©tĆ© pensĆ©s et conƧus Ć  travers une nouvelle approche de la formation intĆ©grale de la personne. « La sociĆ©tĆ© de consommation – expliquent les responsables du Centre Gen4 en prĆ©sentant les groupes de travail – (dĆ©)forme les enfants dĆØs les premiĆØres annĆ©es de vie. Pour cette raison, il est nĆ©cessaire de viser des activitĆ©s qui aident la personne Ć  devenir protagoniste, Ć  s’exprimer de maniĆØre crĆ©ative, Ć  savoir surmonter les obstacles, Ć  avoir accĆØs Ć  son intĆ©rioritĆ© et Ć  dĆ©velopper le sens du bien commun.Ā Ā» Voici les propositionsĀ : construire un instrument de musique et apprendre Ć  en jouerĀ ; chanter et danserĀ ; expĆ©rimenter des assortiments de couleurs diffĆ©rentes et composer ensemble des mandalasĀ ; tailler un bout de bois pour faire un dauphinĀ ; s’émerveiller devant les infinies possibilitĆ©s de composer des mosaĆÆques et d’utiliser des matĆ©riaux recyclables pour construire des avions, des cerfs-volants et des parachutes. De retour chez eux, les Gen4 ont laissĆ© Ć  Castel Gandolfo un signe concret d’amour et de solidarité : plus de 4000 jouets, qui seront distribuĆ©s Ć  des enfants qui vivent dans les zones de guerre.

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Irlande : vivre une spiritualitĆ© de communion aujourd’hui

« La forte expĆ©rience que l’Irlande a vĆ©cue avec ce CongrĆØs Eucharistique est une grĆ¢ce extraordinaire qui peut donner Ć  l’Eglise d’Irlande la possibilitĆ© de commencer une histoire nouvelle et pour cela, nous sommes tous protagonistesĀ Ā». Ce sont les derniĆØres paroles de Maria Voce Ć  la rencontre ouverte Ć  tous au Royal Dublin Society du 16 juin Ć  Dublin. Peu avant, avec Giancarlo Faletti, elle avait rencontrĆ© les Juniors qui terminaient le parcours de Run4Unity portĆ© de l’avant en particulier dans les Ć©coles. « Quel est votre signe mathĆ©matique prĆ©fĆ©ré ?Ā Ā» – ont demandĆ© les Juniors. « L’égalĀ Ā» a rĆ©pondu Maria Voce, « parce que dans une famille, frĆØres et sœurs sont tous Ć©gauxĀ Ā». Giancarlo Faletti a prĆ©fĆ©rĆ© le signe « plus » : « Chaque personne est un don de Dieu, sur chacun de vous il y a un plan de Dieu, et cā€˜est quelque chose de trĆØs prĆ©cieuxĀ Ā».

Le programme continue avec l’aprĆØs-midi ouvert Ć  tous qui rassemble 300 personnes – capacitĆ© maximale de la salle, et les autres au-dehors – dont plus de la moitiĆ© sont des visages inconnus des focolarini irlandais. Sont prĆ©sentĆ©es des applications concrĆØtes de la spiritualitĆ© de communion vĆ©cue dans le domaine de la famille, de l’école, de l’Eglise. Le tout entrecoupĆ© d’intermĆØdes musicaux. A chaque chapitre suit un moment de dialogue avec Maria Voce et Giancarlo Faletti sur la faƧon de mettre l’Evangile en pratique et rĆ©pondre aux nombreux dĆ©fis.

« C’est plus facile ou plus difficile d’aimer l’ennemi quand on devient grandĀ ?Ā Ā» demande une petite fille. « Je pense plus facile –lui rĆ©pond Maria Voce – parce que Dieu a mis une petite flamme dans notre cœur, et la flamme devient plus grande chaque fois que nous aimons. Les grands sont trĆØs aidĆ©s quand ils voient un enfant qui aimeĀ Ā».

Lorsque la parole va aux familles, le discours touche la crise Ć©conomiqueĀ : « Comment vivre en chrĆ©tiens en face des difficultĆ©s Ć©conomique de nombreuses personnesĀ ?Ā Ā» Maria Voce rappelle l’expĆ©rience de Chiara Lubich dans les dĆ©buts des Focolari, Ć  Trente, dans la misĆØre de l’aprĆØs-guerre. En mettant en route la force de l’amour entre les personnes, on arrive Ć  partager ses propres biens, ou ses propres nĆ©cessitĆ©s. En vivant la phrase de l’Evangile ā€˜ā€™donnez et il vous sera donné’’, elles demandaient et elles recevaient. Le problĆØme de l’un Ć©tait le problĆØme de tous. Dans l’amour, Dieu intervenait. « Et cela fait que le travail et le bien-ĆŖtre matĆ©riel ne deviennent pas un mythe, mais un moyen pour aimer plus et pour faire grandir la communion entre tousĀ Ā».

Le dernier round est sur l’Eglise et le rapport avec l’autoritĆ©. A la question ā€˜ā€™comment vivre l’unitĆ© avec la hiĆ©rarchie de l’Eglise, face aux scandales des abus et aux accusations de couverture de ces scandales, Giancarlo a rĆ©pondu, rappelant que c’est l’autoritĆ© de JĆ©sus qui doit grandir dans chaque chrĆ©tien. « C’était trĆØs important pour moi ces derniers temps de me trouver avec de nombreuses personnes marquĆ©es par cette difficile situation dans l’Eglise. J’ai vu que ces personnes se sentaient comme ā€˜ā€™dĆ©lestĆ©es’’ du sacrĆ©, qu’elles avaient investi toutes leur vie dans une expĆ©rience d’Eglise, et maintenant se sentaient trahies. C’est comme avoir investi tout son capital dans une banque et que cette banque fait failliteĀ Ā». Pour moi, c’est un appel Ć  vivre de faƧon plus forte l’Evangile – et il continue – Ć  consentir Ć  un dialogue, un climat d’amour, qui permette aussi Ć  celui qui a le ministĆØre Ć©piscopal de service Ć  l’Eglise, d’exprimer ultĆ©rieurement ses paroles et d’en guider le chemin. L’autoritĆ© morale de JĆ©sus vĆ©cue dans Sa parole est de tousĀ Ā». Giancarlo Faletti indique l’exemple de Sainte Catherine de SienneĀ : vivant dans des temps difficiles pour l’Eglise, elle a eu un rapport direct avec le Pape, portant celui-ci Ć  prendre des dĆ©cisions fortes. Mais cela a pu se faire seulement parce que la sainte a laissĆ© ā€˜ā€™l’espace Ć  Dieu dans sa vie’’ ».

EnvoyƩ par Maria Chiara De Lorenzo

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Un message de Belfast : confiance !

Un lieu de frontiĆØre, Belfast, avec le souvenir vivant d’une division vĆ©cue pendant des annĆ©esĀ : les rĆ©seaux, les murs, les voies principales théâtres de troubles, les dĆ©sordres des annĆ©es ā€˜70/90’. Sur le dĆ©cor de cette histoire où la lutte politique s’est mĆŖlĆ©e Ć  la lutte des religions, ce qui s’est vĆ©cu ce 14 juin Ć  un grand impact.

Dans la cathĆ©drale de Sainte Anne, cœur de l’Eglise d’Irlande (dĆ©nomination officielle de l’Eglise anglicane locale), environ 300 personnes ont rĆ©pondu Ć  l’invitation du rĆ©vĆ©rend John Mann, Doyen de la CathĆ©drale. C’est lui qui a demandĆ© Ć  Maria Voce de venir Ć  Belfast, Ć©tendant ainsi les frontiĆØres du CongrĆØs Eucharistique. Etaient prĆ©sent les leaders des 4 dĆ©nominations chrĆ©tiennes les plus reprĆ©sentĆ©es en Irlande du NordĀ : le prĆ©sident mĆ©thodiste, RĆ©v. LindsayĀ ; l’EvĆŖque anglican de Connor (le diocĆØse où se trouve Belfast), RĆ©v. AbernethyĀ ; le modĆ©rateur presbytĆ©rien, RĆ©v. Dr Dunlop – qui a tellement travaillĆ© pour la paix en Irlande du NordĀ ; l’évĆŖque catholique de Down § Connor, Mons. Treanor. Ā Les voir ensemble Ć©tait dĆ©jĆ  un tĆ©moignage. Important a Ć©tĆ© le pacte solennel qu’ils ont souscrit avec l’engagement Ć  s’aimer rĆ©ciproquement comme JĆ©sus Lui-mĆŖme nous a aimĆ©s. Ils ont demandĆ© la grĆ¢ce de l’unitĆ©, d’être capable de considĆ©rer les douleurs des autres comme les siennes et de partager les joies.

Ce ā€˜ā€™Pacte de l’amour rĆ©ciproque’’ a Ć©tĆ© repris par toutes les personnes prĆ©sentes. Ruth Patterson, ministre de l’Eglise presbytĆ©rienne en Irlande, parlait de ā€˜ā€™sacrement de la rencontre’’ pour dĆ©crire ce momentĀ : « Il m’a semblĆ© que ce que nous disions Ć©tait dĆ©jĆ  arrivĆ©. C’est un pas en avant vers la rĆ©conciliation.Ā Ā»

Dans son discours, Maria Voce a proposĆ© de vivre une culture de la confiance, comme base pour construire des relations de fraternité : « Tous ces jours j’ai entendu beaucoup de rĆ©cits, connu de nombreuses personnes. Beaucoup sont venues me dire, les larmes aux yeux, leur dĆ©sir de repartir avec cette confiance envers l’autreĀ Ā». Pour expliquer comment promouvoir cette culture, Maria Voce s’arrĆŖte Ć  trois Ć©lĆ©ments propres Ć  la spiritualitĆ© de l’unitĆ© – l’art d’aimer que l’on peut dĆ©couvrir dans l’EvangileĀ ; l’amour rĆ©ciproque qui s’épanouit en un pacteĀ ; et JĆ©sus CrucifiĆ© et AbandonnĆ©, modĆØle et clĆ© de l’amour – les parsemant de tĆ©moignages de l’Irlande et de diffĆ©rentes parties du monde.

Et comment se joue entre les personnes prĆ©sentes la ā€˜provocation’ Ć  se convertir Ć  la culture de la confianceĀ ? « C’est la faƧon de dĆ©passer les barriĆØres que nous nous sommes imposĆ©es et qui trop souvent nous encerclentĀ Ā», – a dĆ©clarĆ© le RĆ©v. Mann.

Conleth, 14 ansĀ : «  Nous, jeunes nous ne sommes pas conditionnĆ©s par le passĆ©, grĆ¢ce Ć  cela nous pouvons vivre les premiers la culture de la confiance envers tous, et construire ainsi une sociĆ©tĆ© meilleure. Comme le phĆ©nix qui renaĆ®t de ses cendres, je vois une espĆ©rance pour Belfast et pour l’Irlande du NordĀ Ā».

« Je pars d’ici avec une immense gratitude pour ceux qui pendant des annĆ©es ont vĆ©cu pour cette espĆ©rance, pour ceux qui ont construit des ponts de charitĆ©, de relations – a dĆ©clarĆ© le coprĆ©sident des Focolari Giancarlo Faletti. Certainement, ce n’est pas un travail encore terminĆ©, mais c’est une œuvre prophĆ©tiqueĀ ; c’est un lieu, un symbole pour l’Europe, pour l’humanité ».

Une de ces personnes qui a dĆ©jĆ  vĆ©cu la culture de la confiance est Gerry Burns. Avec sa femme Mary, Ć  Armoy un village de l’extrĆŖme nord de l’Irlande, Ć  partir des annĆ©es ’90, ils ont constituĆ© une association pour unir les personnes au-delĆ  de la religion et de la politique. Ils ne se sont pas arrĆŖtĆ©s en face des difficultĆ©s, ni lorsqu’en 2000 leur siĆØge a brĆ»lĆ©, ni lorsqu’on les regardait comme des traĆ®tres Ć  leur communautĆ©. Maintenant leur centre est encore plus grand et les personnes vivent pacifiquement la convivialitĆ©. De nombreux projets sont en cours. « De la spiritualitĆ© du focolare – raconte Gerry – nous avons appris non seulement Ć  dĆ©passer les diffĆ©rences, mais aussi que nous pouvions bĆ©nĆ©ficier de la diversité ».

EnvoyƩ par Maria Chiara De Lorenzo

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Paraguay : Todo Brillo

« Lorsqu’en 1993 – raconteĀ MarĆ­a Elena GonzĆ”lez, du Paraguay – j’ai entendu Chiara Lubich parler de l’Économie de Communion (ƉdeC) pour la premiĆØre fois, j’ai Ć©tĆ© trĆØs surprise par le fait qu’elle invitait Ć  rĆ©partir les profits de l’entreprise en trois partiesĀ : pour les nĆ©cessiteux, pour le dĆ©veloppement de l’entreprise et pour la formation des jeunes aux valeurs du projet basĆ© sur la “culture du donner” en opposition Ć  “la culture du possĆ©der”. Pour moi, c’était comme un raz de marĆ©e qui a changĆ© ma vie.

ƀ cette Ć©poque, je travaillais dans une banque où les profits – comme on le sait tous – terminent dans les poches des actionnaires. J’ai pensĆ© Ć  mes qualitĆ©s de manager, dont j’aurais dĆ» un jour rendre compte Ć  Dieu et aux autres. Alors, j’ai dĆ©cidĆ© de participer au projet ƉdeC. C’était ma faƧon de dire « ouiĀ Ā» Ć  Dieu, en mettant Ć  disposition mes capacitĆ©s en faveur de ceux qui Ć©taient prĆØs de moi.

J’en ai parlĆ© avec mes enfants, encore adolescents, et ils m’ont encouragĆ© Ć  poursuivre cette idĆ©e. Je ne savais pas par où commencer, mais la rĆ©ponse ne s’est pas fait attendre. En effet, je voyais autour de moi les employĆ©s de nettoyage mal payĆ©s, mal conseillĆ©s, non valorisĆ©s…

J’ai dĆ©cidĆ© de commencer avec certains d’entre eux pour les nettoyages et nous trouvons un premier client, avec lequel nous travaillons encore aujourd’hui.

Notre budget initial n’avait pas Ć©tĆ© bien Ć©tabli et nous n’avions pas assez d’argent pour payer tous les travailleurs. Je me souviens que pour tenir les contrats dĆ©crochĆ©s, lorsque je terminais le travail Ć  la banque, je mettais le bleu de travail et je complĆ©tais moi-mĆŖme les nettoyages. MĆŖme si c’était un grand effort, je sentais au fond de moi la certitude d’être sur la bonne voie.

L’Économie de Communion met la personne au centre, selon le principe de faire aux autres ce que chacun aimerait qu’on lui fasse, en cherchant – comme le dirait Chiara Lubich – Ć  ce que l’amour dĆ©passe la crĆ©ativitĆ© personnelle et le produit obtenu. Bien sĆ»r, ce n’est pas quelque chose de magique. Cela requiert un effort quotidienĀ ; une recherche incessante de la qualitĆ© sous tous les aspectsĀ : administratif, opĆ©rationnel, relationnel, du choix de travailleurs disposĆ©s Ć  adhĆ©rer Ć  cette vision solidaire de l’Ć©conomie, etc.

Durant toutes ces annĆ©es, malgrĆ© les innombrables difficultĆ©s liĆ©es Ć  la situation sociale et Ć©conomique de notre pays et de toute la rĆ©gion, chaque travailleur a apportĆ© sa contribution, et c’est ainsi que nous avons rĆ©ussi Ć  surmonter chaque moment de crise. C’était en particulier dans les moments de “tempĆŖte” que nous nous sommes sentis soutenus par Dieu, notre “associĆ© cachĆ©” – comme nous aimons l’appeler – “l’actionnaire majoritaire de l’entreprise”, qui nous a indiquĆ©, Ć©tape aprĆØs Ć©tape, le chemin Ć  parcourir, Ć  travers cette voix intĆ©rieure, qui est toujours forte et claire si on veut bien l’écouter.

“Je suis trĆØs reconnaissante pour la possibilitĆ© qui m’a Ć©tĆ© donnĆ©e de travailler. Ma fille aussi a commencĆ© chez Todo Brillo et, maintenant, elle a Ć©tĆ© engagĆ©e par la banque”, raconte Benita S., depuis 12 ans dans l’entreprise de nettoyage.

“Ici je me sens importante – conclut Maria Lopez. J’ai eu beaucoup de difficultĆ©s et j’ai toujours trouvĆ© du soutien auprĆØs de l’entreprise et beaucoup de comprĆ©hension. Je continue Ć  avoir des problĆØmes, mais maintenant je rĆ©ussis Ć  les gĆ©rer. Je me sens grandie, je vois et je valorise le fruit de mon travail. Je me sens membre de cette grande famille qu’est Todo Brillo”,.

Aujourd’hui, 600 employĆ©s travaillent dans l’entreprise “Todo Brillo” et nous sommes prĆ©sents dans toutes les grandes villes du ParaguayĀ».

AthƩnagoras Ier et Chiara Lubich

Eucharistie et Nouveau Testament

ITALIEN

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O JĆ©sus Eucharistie, quelle prĆ©somption, quelle audace de parler de toi qui, dans les Ć©glises du monde entier, connais les confidences secrĆØtes, les problĆØmes cachĆ©s, les soupirs de millions d’hommes, les larmes de joie des conversions que tu es seul Ć  connaĆ®tre, cœur des cœurs, cœur de l’Église. Nous aurions voulu l’éviter pour rester en respect silencieux devant une marque d’amour si Ć©levĆ©e. Cependant notre amour, qui veut chasser toute crainte, dĆ©sire aller au-delĆ  des apparences de la blanche hostie et du vin de la coupe dorĆ©e. Pardonne notre hardiesseĀ ! Mais l’amour dĆ©sire connaĆ®tre pour aimer davantage. Nous ne voulons pas arriver au terme de notre chemin sur la terre sans avoir dĆ©couvert, ne serait-ce qu’un peu, qui tu es. D’autre part nous, nous devons parler de l’Eucharistie, parce que nous sommes chrĆ©tiens et que, dans l’Église notre mĆØre, nous vivons et portons l’IdĆ©al de l’unitĆ©. Or, aucun mystĆØre de la foi n’est autant en rapport avec l’unitĆ© que l’Eucharistie. L’Eucharistie introduit Ć  l’unitĆ© et en rĆ©vĆØle tout le contenuĀ : c’est par elle, en effet, que se consomme l’unitĆ© des hommes avec Dieu et des hommes entre eux, l’unitĆ© de tout le cosmos avec son CrĆ©ateur. Dieu s’est fait homme. C’est JĆ©sus qui vient sur la terre. Il pouvait tout faire. Mais il Ć©tait dans la logique de l’amour qu’aprĆØs ĆŖtre passĆ© de laĀ TrinitĆ© Ć  la vie terrestre, il n’y reste pas seulement pendant trente-trois ans, pourtant extraordinaire, de sa vie. Il devait trouver un moyen pour rester, et surtout pour ĆŖtre prĆ©sent, sur tous les points de la terre et pendant tous les siĆØcles, au moment culminant de son amourĀ : sacrifice et gloire, mort et rĆ©surrection. Et il est restĆ©. Dans son imagination divine, il inventa l’Eucharistie. C’est son amour qui va Ć  l’extrĆŖme. ThĆ©rĆØse de Lisieux diraitĀ : « O JĆ©susĀ ! Laisse-moi dans l’excĆØs de ma reconnaissance, laisse-moi te dire que ton amour va jusqu’à la folie… »[1]. Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Institution de l’Eucharistie Mais, Ć©coutons comment tout cela s’est passĆ©. Matthieu, Marc, Luc et Paul en parlent. Luc ditĀ : « Et quand ce fut l’heure, il se mit Ć  table, et les apĆ“tres avec lui. Et il leur ditĀ : « J’ai tellement dĆ©sirĆ© manger cette pĆ¢que avec vous avant de souffrir car, je vous le dĆ©clare, jamais plus je ne la mangerai jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le Royaume de DieuĀ Ā». « Puis il prit du pain et aprĆØs avoir rendu grĆ¢ces, il le rompit et le leur donna, en disantĀ : « Ceci est mon corps, donnĆ© pour vousĀ ; faites ceci en mĆ©moire de moi.Ā Ā» « Et pour la coupe il fit de mĆŖme aprĆØs le repas, en disantĀ : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versĆ© pour vousĀ Ā». (Lc 22,14-10[2]). S’il n’était Dieu, je ne sais comment JĆ©sus aurait pu exposer en si peu de paroles solennelles des rĆ©alitĆ©s tellement nouvelles, tellement imprĆ©visibles, tellement abyssales, qu’elles jettent dans l’extase parce qu’en face d’elles l’être humain ne rĆ©siste pas. JĆ©sus tu es lĆ , le seul Ć  tout savoir, Ć  ĆŖtre conscient que ton geste conclut des siĆØcles d’attente, Ć  voir les consĆ©quences infinies de ce que tu es en train de faire pour rĆ©aliser le plan divin prĆ©vu par laĀ TrinitĆ© depuis toujours. Ce plan qui, dĆ©butant sur la terre, introduit aussi dans l’horizon infini pĆ©nĆØtre les abĆ®mes Ć  venir du Royaume. Si tu n’étais pas Dieu, je le rĆ©pĆØte, comment ferais-tu pour parler et agir ainsiĀ ? Mais quelque chose pourtant transparaĆ®t des sentiments de ton cœurĀ : ā€œJ’ai ardemment dĆ©sirĆ©ā€. On ressent lĆ  un immense bonheurĀ ; ā€œavant de souffrirā€Ā : et, lĆ , on comprend l’union de la joie et de la croix, le lien de l’une avec l’autre parce que ce que tu allais faire, c’était ton testament, et un testament ne vaut qu’aprĆØs la mort. Tu nous laissais un hĆ©ritage incommensurableĀ : toi-mĆŖme. Pierre Julien Eymard Ć©critĀ : ā€œJĆ©sus-Christ veut, lui aussi, avoir son mĆ©morial, son chef-d’œuvre, qui l’immortalise dans le cœur des siens, qui redise sans cesse son amour pour l’homme. Il en sera l’inventeur, l’ouvrierĀ ; il le consacrera comme son testament, et sa mort en sera la vie et la gloire… C’est la divine Eucharistie.ā€[3] Puis JĆ©sus « rendit grĆ¢cesĀ Ā». Eucharistie signifie « action de grĆ¢cesĀ Ā» et l’action de grĆ¢ces par excellence Ć©tait celle adressĆ©e au PĆØre pour avoir aimĆ© et sauvĆ© l’humanitĆ© par les voies les plus extraordinaires. Prenant le pain et la coupe, il ditĀ : « Ceci est mon Corps, donnĆ© pour vousĀ ; faites ceci en mĆ©moire de moi… Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versĆ© pour vousĀ Ā». VoilĆ  l’Eucharistie.Ā  C’est le miracle. L’Eucharistie est – au dire de Thomas d’Aquin – le plus grand des miracles de JĆ©sus-Christ.[4] En effet, comme dit Pierre Julien EymardĀ : «… il les surpasse tous par son objet, il les domine par la durĆ©e. C’est l’incarnation permanente, c’est le sacrifice perpĆ©tuel de JĆ©sus-ChristĀ ; c’est le buisson ardent qui brĆ»le toujours sur l’autelĀ ; c’est la manne, vĆ©ritable pain de vie, qui descend tous les jours du ciel.Ā Ā»[5] Selon Ignace d’Antioche « ce sont des mystĆØres retentissants que Dieu opĆØre dans le silenceĀ Ā».[6] Et le Concile Vatican II affirme queĀ : «… la Sainte Eucharistie contient tout le trĆ©sor spirituel de l’Église, c’est-Ć -dire le Christ lui-mĆŖme, lui notre PĆ¢que, lui, le pain vivant, lui dont la chair, vivifiĆ©e par l’Esprit-Saint et vivifiante, donne la vie aux hommes.Ā Ā»[7] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  De l’Ancien au Nouveau Testament JĆ©sus cĆ©lĆØbre sa PĆ¢que comme un banquet. Dans chaque maison, l’heure du repas est celle de la plus grande intimitĆ©, de la fraternitĆ©, souvent de l’amitiĆ© et de la fĆŖte. Le banquet que JĆ©sus prĆ©side est cĆ©lĆ©brĆ© comme la PĆ¢que des Juifs et en tant que tel renferme en synthĆØse toute l’histoire du peuple d’IsraĆ«l. Le dernier repas de JĆ©sus est l’accomplissement de toutes les promesses de Dieu. Les Ć©lĆ©ments de base de ce repas sont chargĆ©s de la signification qu’ils revĆŖtent dans l’Ancien Testament. Le pain Ć©tait considĆ©rĆ© comme un don de Dieu, comme un moyen indispensable Ć  la vie, le symbole de la communion, le souvenir de la manne. Le vin, appelĆ© dans la GenĆØse ā€œsang du raisinā€ (Gn 49,11)[8], Ć©tait offert aussi dans les sacrifices (Ex 29,40)Ā ; il Ć©tait le symbole de la joie des futurs temps messianiques (Jr 31,12). La coupe Ć©tait signe de participation Ć  la joie et d’acceptation des afflictions. Elle Ć©tait le souvenir de l’alliance avec MoĆÆse (Ex 24,6). Et le pain et le vin Ć©taient promis par la Sagesse Ć  ses disciples (Pr 9,1-6). Comme un pĆØre de famille d’alors, JĆ©sus, par ses gestes et sa priĆØre de bĆ©nĆ©diction, rĆ©pĆØte le rite judaĆÆque. Mais dans ce banquet, par rapport Ć  la PĆ¢que juive, ressortent une immense diffĆ©rence et une nouveautĆ©. La CĆØne de JĆ©sus est cĆ©lĆ©brĆ©e dans le contexte de sa passion et de sa mort. Par l’Eucharistie, il anticipe symboliquement et rĆ©ellement son sacrifice de rĆ©demption. Il en est le prĆŖtre, il en est la victime. Paul VI s’exprimait ainsi le Jeudi Saint 1966Ā : « Nous ne pouvons pas oublier que la CĆØne… Ć©tait un rite commĆ©moratif. C’était le repas pascal qui devait ĆŖtre cĆ©lĆ©brĆ© chaque annĆ©e, pour transmettre aux gĆ©nĆ©rations futures le souvenir indĆ©lĆ©bile de la libĆ©ration du peuple hĆ©breu arrachĆ© Ć  l’esclavage de l’Égypte… JĆ©sus, ce soir, substitue le Nouveau Testament Ć  l’AncienĀ : « Ceci est mon sangĀ Ā» – dira-t-il – du Nouveau Testament… » (Mt 26,28). ƀ l’ancienne PĆ¢que historique et figurative il lie et fait succĆ©der sa PĆ¢que. Elle est aussi historique mais elle est dĆ©finitive, elle est figurative mais elle anticipe l’évĆ©nement ultimeĀ : la Parousie… »[9] En effet, les paroles de JĆ©susĀ : « Je ne boirai plus dĆ©sormais de ce produit de la vigne jusqu’au jour où je le boirai avec vous, nouveau, dans le Royaume de mon PĆØreĀ Ā» (Mt 26,29), qui ont Ć©tĆ© traduites par un exĆ©gĆØte de renom, Pierre BenoĆ®t, comme un « rendez-vous au ParadisĀ Ā», donnent Ć  l’Eucharistie le caractĆØre d’un banquet qui aura sa pleine rĆ©alisation aprĆØs notre rĆ©surrection. Mais pour Athanase nous pouvons dĆØs maintenant participer Ć  la communion avec le Christ ressuscitĆ©. Pour Athanase nous pouvons cependant participer dĆØs ici-bas Ć  la communion au Christ ressuscitĆ©. Au sujet de cette PĆ¢que du Nouveau Testament, il Ć©critĀ : «…nous participons, mes bien-aimĆ©s, non pas Ć  une fĆŖte temporelle mais Ć  la fĆŖte Ć©ternelle et cĆ©lesteĀ ; et nous ne la montrons pas en figures, mais la rĆ©alisons vraimentĀ [10].Ā Ā» En effet, nous ne mangeons plus la chair d’un agneau, mais « nous mangeons le Verbe du PĆØreĀ [11]… » Pour Athanase, encore, manger le pain et le vin devenus corps et sang du Christ, c’est cĆ©lĆ©brer la PĆ¢que, c’est-Ć -dire la revivreĀ : l’Eucharistie est en effet sacrement de communion au Christ pascal, au Christ mort et ressuscitĆ©, passĆ© (pascha =Ā passage), entrĆ© dans une nouvelle phase de son existence, la phase glorieuse Ć  la droite du PĆØre. Recevoir JĆ©sus dans l’Eucharistie signifie donc participer dĆ©jĆ  dĆØs ici-bas Ć  sa vie glorieuse, Ć  sa communion au PĆØre.[12] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Le pain de vie Jean, de son cĆ“tĆ©, a sa maniĆØre propre de parler du Christ, pain de vie. Il raconte dĆØs le chapitre 6 de son Ć©vangile que JĆ©sus, aprĆØs avoir multipliĆ© les pains et aprĆØs avoir marchĆ© sur la mer, dans le grand discours tenu Ć  Capharnaüm, dit entre autres chosesĀ : « Il faut vous mettre Ć  l’œuvre pour obtenir non pas cette nourriture pĆ©rissable, mais la nourriture qui demeure en vie Ć©ternelle, celle que le Fils de l’homme vous donneraĀ Ā» (Jn 6, 27) Peu aprĆØs JĆ©sus lui-mĆŖme se prĆ©sente comme le vrai pain descendu du ciel, qui doit ĆŖtre acceptĆ© dans la foi. « C’est moi qui suis le pain de vieĀ ; celui qui vient Ć  moi n’aura pas faimĀ ; celui qui croit en moi jamais n’aura soifĀ Ā». (Jn 6,35). Et il explique comment il pourra ĆŖtre pain de vieĀ : « Et le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnĆ©e pour que le monde ait la vieĀ Ā». (Jn 6,51). JĆ©sus se voit dĆ©jĆ  pain. Tel est donc l’ultime motif de sa vie sur la terre. Être pain pour ĆŖtre mangĆ©. Et ĆŖtre mangĆ© pour nous communiquer sa vie. ā€œCe pain est celui qui descend du ciel, pour qu’on le mange et ne meure pas. Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera ce pain vivra Ć  jamaisā€. (Jn 6,50-51). Combien nos vues sont courtes par rapport Ć  celles de JĆ©susĀ ! Lui, l’infini qui vient de l’éternitĆ©, a protĆ©gĆ© son peuple de toute sa puissance et par ses grĆ¢ces. Il a Ć©difiĆ© son Ɖglise et il s’achemine vers l’éternitĆ© où la vie ne finira pas. Quant Ć  nous, nous nous limitons Ć  voir le jour d’aujourd’hui, et peut-ĆŖtre le lendemain de notre brĆØve existence, et nous nous inquiĆ©tons pour des bagatelles. Nous sommes aveugles au plus haut point. Oui, aveugles. Aveugles, nous aussi chrĆ©tiens. Peut-ĆŖtre vivons-nous notre foi, mais sans en avoir la pleine conscience. Nous comprenons JĆ©sus en quelques-unes de ses paroles consolantes ou qui nous donnent une ligne d’action, mais nous ne voyons pas JĆ©sus dans sa plĆ©nitudeĀ : ā€œAu commencement Ć©tait le Verbeā€, puis il est lĆ  pour la crĆ©ation, il s’incarne, et, par l’intermĆ©diaire de l’Esprit-Saint, il continue l’incarnation dans l’Eucharistie qui accompagne comme un viatique dans la vie et nous entraĆ®ne vers le Royaume avec lui, divinisĆ©s parce qu’il est prĆ©sent en personne qui est dans son corps et dans son sang faits Eucharistie. Dans cette perspective, tout acquiert sa juste valeur, tout est projetĆ© vers l’avenir, lĆ  où nous arriverons si, dĆØs ici-bas nous cherchons Ć  construire — dans la mesure du possible – la citĆ© cĆ©leste, dans un engagement d’amour envers nos frĆØres d’humanitĆ© semblable Ć  celui de JĆ©sus qui est passĆ© par le monde en faisant du bien. Quelle aventure que la vie dans cet horizonĀ ! Les pharisiens discutent et JĆ©sus rĆ©pond, explique et rĆ©affirme, jusqu’à direĀ : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. Et comme le PĆØre, qui est vivant, m’a envoyĆ© et que je vis par le PĆØre, ainsi celui qui me mangera vivra par moiĀ Ā». (Jn 6,56-57). « Demeure en moi et moi en lui » : voilĆ  l’unitĆ© consommĆ©e entre JĆ©sus et celui qui se nourrit de lui, pain. Ainsi est transmise aux hommes la plĆ©nitude de la vie qui est en JĆ©sus et qui vient du PĆØre. Ainsi se rĆ©alise l’immanence de l’homme en JĆ©sus. Albert le Grand Ć©critĀ : Le Christ « nous a embrassĆ©s avec trop d’amour parce qu’il nous a unis Ć  Lui jusqu’au point d’être en nous…, de pĆ©nĆ©trer lui-mĆŖme nos entrailles… L’amour divin produit une extase. Il est juste de dire cela car il met Dieu en nous et nous met en Dieu. Et le terme grec ā€œextaseā€ correspond justement au latin ā€œtranslationā€. JĆ©sus dit en effetĀ : ā€œQui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6,57). Il ditĀ : ā€œdemeure en moi, c’est-Ć -direĀ : est portĆ© hors de luiĀ ; etĀ : ā€œje demeure en luiā€, c’est-Ć -direĀ : je suis portĆ© hors de moi… VoilĆ  ce que peut accomplir sa charité… qui pĆ©nĆØtre en nous et nous attire Ć  lui, et non seulement nous attire mais nous entraĆ®ne tandis qu’il pĆ©nĆØtre en nous jusqu’à la moelle.Ā Ā»[13] Dans ce merveilleux chapitre de l’évangile de Jean, JĆ©sus affirmeĀ : ā€œEt mĆŖme, le pain que je donnerai, c’est ma chair pour que le monde ait la vieā€. (Jn 6,51). Et encoreĀ : ā€œQui mange ma chair et boit mon sang a la vie Ć©ternelle et moi je le ressusciterai au dernier jourā€. (Jn 6,54). «… pour que le monde ait la vie » : l’Eucharistie sert donc dĆ©jĆ  dĆØs ce monde Ć  donner la vie. Mais qu’est-ce que la vieĀ ? JĆ©sus l’a ditĀ : ā€œJe suis la vieā€ (Jn 14,6). Ce pain nous nourrit de lui dĆØs ici-bas. « Et moi, je le ressusciterai au dernier jourĀ Ā». L’Eucharistie donne aussi la vie pour l’autre monde. Mais qu’est-ce que la rĆ©surrectionĀ ? JĆ©sus l’a ditĀ : ā€œJe suis la rĆ©surrectionā€ (Jn 11,25). Il vient commencer en nous sa vie immortelle, que la mort n’interrompt pas. MĆŖme si notre corps est corruptible, la vie, le Christ, demeure et dans l’âme et dans le corps, comme principe d’immortalitĆ©. Pour ceux qui raisonnent d’une maniĆØre humaine, la rĆ©surrection est vraiment un mystĆØre. Nous pouvons, cependant, vivre de faƧon telle que le mystĆØre devienne moins impĆ©nĆ©trable. En voyant l’Évangile dans la perspective de l’unitĆ© et en le mettant en pratique, nous constatons, par exemple, que le commandement nouveau de JĆ©sus, l’amour rĆ©ciproque, entraĆ®ne une unitĆ© fraternelle qui dĆ©passe tout l’amour humain, naturel. Or ce rĆ©sultat, cette conquĆŖte, tient au fait que nous avons rĆ©alisĆ© la volontĆ© de Dieu. JĆ©sus savait que, si nous rĆ©pondons Ć  ses dons immenses, nous n’aurions plus Ć©tĆ© ses « serviteursĀ Ā», ou ses ā€œamisā€, mais ses ā€œfrĆØresā€, et frĆØres entre nous, parce que nourris de sa vie mĆŖme. Pour dĆ©crire cette famille surnaturelle, l’évangĆ©liste Jean se sert d’une image suggestiveĀ : celle de la vigne et des sarments (Jn 15). La mĆŖme sĆØve et – pourrions-nous dire – le mĆŖme sang, la mĆŖme vie, c’est-Ć -dire le mĆŖme amour (qui est l’amour avec lequel le PĆØre aime le Fils) nous sont communiquĆ©s et circulent entre JĆ©sus et nous. Nous devenons donc du mĆŖme sang que le Christ, consanguins avec lui, et du mĆŖme corps que le sien. C’est donc dans le sens le plus vrai et surnaturellement le plus profond que JĆ©sus, aprĆØs sa rĆ©surrection, appelle ses disciples ā€œfrĆØresā€. (Jn 20,17). Et l’auteur de la lettre aux HĆ©breux confirme que JĆ©sus ressuscitĆ© ā€œne rougit pas de les appeler frĆØresā€. (He 2,11). Or, une fois construite cette famille du Royaume des Cieux, comment peut-on concevoir une mort qui tronque l’œuvre d’un Dieu avec toutes les consĆ©quences douloureuses que cela comporteĀ ? Non. Dieu ne pouvait pas nous mettre face Ć  une telle absurditĆ©. Il devait nous donner une rĆ©ponse. Et il nous l’a donnĆ©e en nous rĆ©vĆ©lant la vĆ©ritĆ© de la rĆ©surrection de la chair. Celle-ci n’apparaĆ®t plus au croyant un mystĆØre de foi obscur mais une consĆ©quence logique de la vie chrĆ©tienneĀ ; consĆ©quence porteuse d’une joie immenseĀ : celle de savoir que nous nous retrouverons tous avec ce JĆ©sus qui nous a unis d’une telle maniĆØre. L’Eucharistie dans les Actes des ApĆ“tres Ā  La rĆ©vĆ©lation sur l’Eucharistie se poursuit dans les Actes des ApĆ“tres. Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  L’Église primitive est trĆØs fidĆØle Ć  ce qu’elle a reƧu et accomplit la phrase de JĆ©susĀ : ā€œFaites ceci en mĆ©moire de moiā€. On dit en effet de la premiĆØre communautĆ© de JĆ©rusalem queĀ : « ils Ć©taient assidus Ć  l’enseignement des apĆ“tres et Ć  la communion fraternelle, Ć  la fraction du pain et aux priĆØresĀ Ā». (Ac 2,42). Et, au sujet de l’apĆ“tre PaulĀ : « Le premier jour de la semaine, nous Ć©tions rĆ©unis pour rompre le painĀ ; Paul, qui devait partir le lendemain, s’entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu’au milieu de la nuit… Puis… il… rompit le pain et mangeaĀ ; longtemps encore il parla, jusqu’au point du jour. C’est alors qu’il partit.Ā Ā» (Ac 20,7 et 11). Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  L’Eucharistie dans les lettres de Paul Dans sa premiĆØre Ć©pĆ®tre aux Corinthiens Ć©galement, Paul montre sa foi ardente et sĆ»re dans le corps du Christ, en Ć©crivantĀ : « La coupe de bĆ©nĆ©diction que nous bĆ©nissons, n’est-elle pas une communion au sang du ChristĀ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas une communion au corps du ChristĀ Ā» (1 Co 10,16). Et il continue en dĆ©crivant l’effet que ce pain mystĆ©rieux opĆØre en celui qui le reƧoitĀ : « Puisqu’il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps, car tous nous participons Ć  cet unique painĀ Ā» (1 Co 10,16). Un seul corpsĀ ! Voici le commentaire qu’en fait Jean ChrysostomeĀ : « Nous sommes son corps mĆŖme. Qu’est-ce que le pain, en effetĀ ? Le corps du Christ. Et que deviennent ceux qui y communientĀ ? Le corps du Christ. Non pas plusieurs corps, mais un seul corps. En effet, comme le pain, fait de nombreux grains, est tellement uni que les grains ne se voient plus… de mĆŖme nous sommes Ć©troitement unis entre nous et avec le Christ.Ā Ā»[14] JĆ©sus, tu as sur nous un grand dessein et tu le rĆ©alises au cours des siĆØclesĀ ; nous faire un avec toi pour que nous soyons lĆ  où tu es. Pour toi, venu de laĀ TrinitĆ© sur la terre, la volontĆ© du PĆØre Ć©tait que tu y retournes. Cependant tu n’as pas voulu y retourner seul, mais avec nous. Voici donc le long trajetĀ : de laĀ TrinitĆ© e laĀ TrinitĆ© en passant par les mystĆØres de vie et de mort, de souffrance et de gloire. Quelle merveille que l’Eucharistie soit aussi une « action de grĆ¢cesĀ Ā». Par elle seule nous pouvons t’exprimer notre reconnaissance comme il convient. Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Chiara Lubich


[1] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Sainte-ThĆ©rĆØse de l’Enfant-JĆ©sus et de la Sainte-Face, Histoire d’une Ć¢me. Manuscrits autobiographiques, Manuscrit B (Lettre Ć  Sœur Marie du SacrĆ©-Cœur)Ā ; Bar-le-Duc, 1973, p. 228.
[2] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Les citations de l’Écriture sont tirĆ©es de la Traduction œcumĆ©nique de la Bible.
[3]          Pierre-Julien Eymard, La Sainte Eucharistie. La Présence Réelle I. 1950, p. 87.
[4] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Cf. in Off. Festiv. Corp. Christi, Lectio VI, in finem.
[5]          Pierre-Julien Eymard, La Sainte Eucharistie. La Présence Réelle I. 1950, p. 155.
[6] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Ignace d’Antioche, Lettres, aux EphĆ©siens, XIX, I. Sources ChrĆ©tiennes n° 10Ā ; Macon, 1969, p. 75.
[7]          Presbyterorum Ordinis (Décret sur le ministère et la vie des prêtres) 5.
[8] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Pour ce passage cf. J. Castellano. Eucaristia in DES I, Roma 1975, p. 737.
[9] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Documents Pontificaux de Paul VI, Vol. v, 1966, St MauriceĀ ; 1969, p.Ā 231.
[10] Athanase, Ep. Fest. 4, 3 (PG 26,1377).
[11] Id.
[12] Cf. ibid. 4, 5 (PG. 26,1379).
[13] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Albert le Grand, De Euch., d. 1, c. 2, n. 7 (B. 38,200).
[14] Ā Ā Ā Ā Ā Ā Ā  Jean Chrysostome in 1 Co. hom. 24, 2 (PG. 61,200).