Mouvement des Focolari
Nouveau cours du CEG : incarner la synodalité dans les réalités dans lesquelles nous vivons

Nouveau cours du CEG : incarner la synodalité dans les réalités dans lesquelles nous vivons

Le Centre Evangelii Gaudium (CEG) va bientôt lancer un nouveau cours sur la Synodalité. Quelles sont les nouveautés de cette année ?

Nous sommes dans une nouvelle phase du processus synodal. Après les trois premières années qui ont culminé à l’Assemblée d’octobre 2024, nous sommes maintenant entrés dans la phase dite d’actualisation. Le 15 mars 2025, le Pape François a en effet approuvé le lancement d’un processus d’accompagnement de la phase d’actualisation par le Secrétariat Général du Synode. Ce processus implique tout le monde, des diocèses aux associations laïques, en passant par les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés.

Cliquez sur l’image pour télécharger l’affiche

C’est pourquoi nous avons décidé de lancer un nouveau cours intitulé « Pratiques pour une Église synodale » comme contribution concrète à l’actualisation du processus synodal. Nous sommes convaincus que la pratique de la synodalité est bien plus qu’une tentative de rendre l’Église plus participative, c’est un nouveau paradigme de l’existence ecclésiale. De plus, il ne nous semble pas qu’il s’agisse uniquement d’un fait religieux. Nos sociétés changent radicalement et, comme nous le voyons tous, la vérité, les valeurs fondamentales et l’engagement mutuel cèdent la place à la loi de la jungle. D’autre part, au niveau local et régional, de nouvelles idées émergent et révèlent des similitudes avec le processus synodal dans la société civile. Nous croyons que le processus synodal dans lequel l’Église est engagée pourrait être une contribution valable en ce moment historique, y compris pour l’ensemble de la société.

Cette année, nous voulons nous pencher sur ces aspects, en proposant une réflexion approfondie sur le processus en cours, en découvrant de nouvelles pistes et de nouveaux moyens pour incarner la synodalité dans les réalités dans lesquelles nous vivons, comme nous y invitent le Document final du Synode et le document ultérieur du Secrétariat de juillet dernier, Pistes pour la phase d’actualisation du Synode. Convaincus qu’il s’agit d’un chemin où le protagoniste est le Saint-Esprit et que nous devons avant tout nous ouvrir à Lui et Le laisser guider l’histoire, tant la nôtre que celle de l’Église et de l’humanité.

Le thème de la « synodalité » a été central pendant les années du pontificat de François. Comment ce chemin se poursuit-il avec le Pape Léon XIV ?

Maria do Sameiro Freitas

Le 8 mai dernier, dans son premier message au peuple de Dieu, le jour de son élection, le Pape Léon a tracé un programme : À vous tous, frères et sœurs de Rome, d’Italie, du monde entier : nous voulons être une Église synodale, une Église qui marche, une Église qui recherche toujours la paix, qui recherche toujours la charité, qui cherche toujours à être proche, en particulier de ceux qui souffrent.

Et dans d’autres circonstances, notamment le 26 juin, devant les membres du Conseil ordinaire du Secrétariat général du Synode, il a réaffirmé : L’héritage qu’Il (le Pape François) nous a laissé me semble être avant tout celui-ci : que la synodalité est un style, une attitude qui nous aide à être Église, en favorisant des expériences authentiques de participation et de communion.

Il semble clair que la ligne suivie est celle de son prédécesseur, dans la conviction que la synodalité est intrinsèque à l’Église. Le prochain Jubilé des équipes synodales et des organismes de participation, qui se tiendra du 24 au 26 octobre au Vatican, est également significatif. Plus de 2 000 participants sont attendus, auxquels le Pape adressera un message dans l’après-midi du 24. Ce sera une étape supplémentaire pour aller de l’avant, tous en cordée dans le monde.

Comment ce cours sera-t-il structuré ? À qui s’adresse-t-il ?

Le Cours sera à nouveau en ligne, en italien avec une traduction en trois langues : anglais, portugais et espagnol. En ce qui concerne le contenu, on partira du Document Final du Synode et des Pistes pour son actualisation, en découvrant de Nouveaux parcours pour une pratique synodale et comment les mettre en œuvre dans les différents contextes dans lesquels chacun se trouve.

Des moyens pratiques seront ensuite fournis pour mettre en œuvre le processus synodal, tels que la méthode de facilitation, le compte rendu, l’évaluation et la vérification.

Les bonnes pratiques déjà en cours seront mises en évidence et partagées au niveau international. Tout cela avec la ferme conviction que le processus synodal n’est pas une technique, mais une expérience d’ouverture à nos frères et sœurs, qui ouvre la possibilité de la présence de Jésus parmi les siens (cf. Mt 18, 20) et, à la lumière de cette présence, nous rend capables d’écouter l’Esprit.

Chaque leçon offrira aux étudiants la possibilité de partager leurs bonnes pratiques, leurs réflexions ou leurs suggestions.

Le cours se terminera par un atelier en avril, où les participants mettront en pratique ce qu’ils auront appris pendant l’année.

Le cours débutera le 3 novembre par une leçon spéciale confiée au Secrétariat général du Synode et avec la contribution de Margaret Karram, Présidente du mouvement des Focolari, qui a participé aux deux Assemblées synodales. Ce moment est ouvert à tous.

Des personnes de toutes vocations s’inscrivent, de nombreux laïcs, mais aussi des prêtres, des religieux et des consacrées, des personnes engagées au niveau ecclésial et civil. Plusieurs sont des étudiants des années précédentes, mais nous avons également de nombreuses nouvelles inscriptions provenant de différents pays.

À la lumière des années précédentes, qu’espérez-vous ?

Nous espérons que cela contribuera à la mise en œuvre du processus synodal dans les différents milieux où vivent les participants.

Nous avons un large éventail de participants provenant de différents pays, des Philippines au Canada, de l’Afrique du Sud à la Suède. L’échange de bonnes pratiques pourra donner de nouvelles idées, des impulsions décisives pour faire avancer le processus synodal, pour le bien de l’Église et de la société.

Nous avons un large éventail de participants provenant de différents pays, des Philippines au Canada, de l’Afrique du Sud à la Suède. L’échange de bonnes pratiques pourra donner de nouvelles idées, des impulsions décisives pour faire avancer le processus synodal, pour le bien de l’Église et de la société.

Interview de Maria Grazia Berretta

Nostra Aetate : 60 ans de cheminement dans le dialogue interreligieux

Nostra Aetate : 60 ans de cheminement dans le dialogue interreligieux

« Que les religions ne soient pas brandies comme des armes ou des murs, mais vécues comme des ponts et des prophéties : en permettant la réalisation du rêve du bien commun, en accompagnant la vie, en alimentant l’espérance et en devenant le levain de l’unité dans un monde fragmenté ».

Ce sont les dernières paroles prononcées par le Pape Léon XIV dans la vidéo réalisée pour les intentions de prière d’octobre 2025, consacrées spécifiquement à la « collaboration entre les différentes traditions religieuses ». Au cours du mois qui marque le 60e anniversaire du document conciliaire Nostra Aetate (littéralement « À notre époque »), sur les relations entre l’Église et les religions non chrétiennes, le Souverain Pontife, en exhortant à se reconnaître « comme frères et sœurs, appelés à vivre, à prier, à travailler et à rêver ensemble », décrit parfaitement les points centraux de cette déclaration issue du Concile Vatican II, en révélant sa grande importance et son actualité.

L’esprit de renouveau conciliaire a ouvert des voies inconnues, a apporté un regard nouveau sur beaucoup de choses et, au cours de ces six décennies, Nostra Aetate a certainement guidé et inspiré les étapes pour progresser sur la voie du dialogue, en motivant d’abord la connaissance puis l’accueil entre les différentes religions.

C’est pourquoi le Dicastère pour le Dialogue Interreligieux invite à une célébration commémorative pour réfléchir à l’héritage de « Nostra Aetate » le 28 octobre, de 18h30 à 20h30, dans la salle Paul VI (Cité du Vatican), en présence du Saint-Père. L’événement pourra être suivi sur les chaînes de Vatican Media.

L’Église, comme le dit le document, «dans son devoir de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes et même entre les peuples, examine ici en premier lieu tout ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur commune destinée. Les différents peuples constituent en effet une seule communauté ».

Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, a profondément accueilli cet appel à vivre comme « une seule famille humaine ». Le Mouvement, fondé sur une spiritualité profondément centrée sur l’unité entre tous les êtres humains, est engagé dans diverses formes de dialogue, dont le dialogue interreligieux.
Depuis plus de cinq décennies, il établit, par l’intermédiaire de son Centre pour le dialogue interreligieux (CDI) et de ses communautés présentes dans différents pays, des relations intenses et fraternelles de dialogue avec des milliers de fidèles et avec de nombreuses institutions, associations, mouvements et organisations des religions les plus diverses, convaincu que l’amitié entre personnes de confessions différentes est un potentiel vital pour la construction de la fraternité universelle.

Nous partageons ci-dessous une courte vidéo qui présente l’intuition de Chiara Lubich et le chemin parcouru sur la voie du dialogue.

Maria Grazia Berretta
Photo: Una sessione del Concilio Vaticano II

La liberté naît de la confrontation avec son histoire

La liberté naît de la confrontation avec son histoire

Au cours de la deuxième quinzaine de septembre 2025, le Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Rome) a accueilli la réunion du Conseil Général du Mouvement des Focolari avec les délégués et déléguées des 15 zones géographiques du monde. « Un regard sur notre histoire » était le titre d’une session où parmi des contributions et des moments de communion, l’expérience marquante et douloureuse vécue par le Mouvement Regnum Christi a été racontée par le témoignage d’Eugenia Álvarez, une de leurs consacrées, membre de l’actuel Conseil Général. Eugenia a offert aux participants une lecture, à la lumière de l’Évangile, de certaines phases éprouvantes du parcours de leur mouvement et, en même temps, du cheminement de guérison qui a suivi et qui a conduit à un regain d’élan et de vocations.

« Pour découvrir comment nous sommes appelés à vivre le présent, nous devons nous connecter à nos désirs profonds, lire l’histoire à travers laquelle Dieu nous a constitués et découvrir la réalité concrète dans laquelle nous nous trouvons : les personnes que nous sommes, les circonstances dans lesquelles nous vivons », a-t-elle déclaré à propos du discernement de la réalité à vivre, fruit de l’équilibre entre les désirs et l’histoire.

Après son expérience, nous avons pu l’interviewer. Voici ce qu’elle nous a dit :

Activer les sous-titres en français – L’original est en espagnol

Eugenia Álvarez est vénézuélienne, consacrée du Regnum Christi depuis 1999. Elle est diplômée en Éducation et Développement de l’université Anáhuac au Mexique et en Sciences Religieuses de l’Université Pontificale Regina Apostolorum de Rome. Elle a également étudié la théologie spirituelle au Centre Sèvres, à Paris, en France. Elle a suivi des cours en Espagne pour devenir « Spécialiste en Exercices Spirituels » et en « Théologie de la vie consacrée ». Elle est actuellement Conseillère Générale de la société de Vie Apostolique : « Consacrées du Regnum Christi ».

Photo © https://regnumchristi.org/

Dilexi te : l’amour des pauvres, fondement de la Révélation

Dilexi te : l’amour des pauvres, fondement de la Révélation

Dilexi te, « je t’ai aimé » (Ap 3,9) est la déclaration d’amour que le Seigneur fait à une communauté chrétienne qui, à la différence d’autres, n’avait aucune ressource ; elle était particulièrement méprisée et exposée à la violence. C’est la même citation qui donne son titre à la première Exhortation apostolique du Pape Léon XIV, signée le 4 octobre, fête du Saint d’Assise. Le document renvoie au thème approfondi par le Pape François dans l’encyclique Dilexit nos sur l’amour divin et humain du Cœur du Christ. Il s’agit d’un projet que le souverain Pontife a fait sien ce projet, partageant avec son prédécesseur le désir de faire comprendre et connaître le lien entre notre foi et le service aux plus vulnérables ; le lien indissoluble entre l’amour du Christ et son appel à nous rapprocher des pauvres.

Alla conferenza stampa di presentazione della « Dilexi te » sono intervenuti (da sinistra): Fr. Frédéric-Marie Le Méhauté, Provinciale dei Frati Minori di Francia/Belgio, dottore in teologia; Em.mo Card. Konrad Krajewski, Prefetto del Dicastero per il Servizio della Carità; Em.mo Card. Michael Czerny S.J., Prefetto del Dicastero per il Servizio dello Sviluppo Umano Integrale; p.s. Clémence, Piccola Sorella di Gesù della Fraternità delle Tre Fontane di Roma (Italia).

121 points où « faire l’expérience » de la pauvreté va bien au-delà de la philanthropie. « Nous ne sommes pas dans l’horizon de la charité – affirme le Pape augustinien – mais dans celui de la Révélation : le contact avec ceux qui n’ont ni pouvoir ni grandeur est une rencontre fondamentale avec le Seigneur de l’histoire. À travers les pauvres, Il a encore quelque chose à nous dire » (5).

Léon XIV invite à réfléchir sur les différents visages de la pauvreté : celle de « ceux qui n’ont pas les moyens de subvenir à leurs besoins matériels », de « ceux qui sont marginalisés socialement » ; la pauvreté « morale », « spirituelle », « culturelle » ; la pauvreté « de ceux qui n’ont pas de droits, pas d’espace, pas de liberté » (9). Mais aucun pauvre, poursuit-il, « n’est là par hasard ni par un destin aveugle et amer » (14). « Les pauvres sont la garantie évangélique d’une Église fidèle au cœur de Dieu » (103).

« Disons tout de suite qu’il n’est pas facile pour l’Église, et pour les Papes, de parler de pauvreté. Car, tout d’abord, la manière et la substance de la pauvreté dont parle l’Église ne sont pas celles dont parlent l’ONU ni des États. Le mot pauvreté – nous explique le professeur Ligino Bruni, économiste et historien de la pensée économique, Professeur Titulaire d’Économie Politique à la Lumsa (Rome) et directeur scientifique d’Economy of Francesco – a dans le christianisme un spectre très large, qui va de la mauvaise pauvreté, parce que non choisie et subie, à la pauvreté évangélique, à ces pauvres que Jésus a appelés « bienheureux ». « L’action de l’Église devrait avoir ce large spectre car, si elle laisse de côté l’une des deux formes de pauvreté, elle s’éloigne de l’Évangile ».

Le document dénonce en particulier le manque d’équité, qu’il définit comme la racine des maux sociaux (94), ainsi que le fonctionnement injuste des systèmes politico-économiques. La dignité de chaque personne humaine doit être respectée maintenant, pas demain (92) et, ce n’est pas un hasard si, lors de la conférence de presse de présentation, qui s’est tenue au Vatican le 9 octobre 2025, le Cardinal Michael Czerny S.J., Préfet du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, en se référant spécifiquement au texte, a longuement réfléchi à ce qu’on appelle les « structures du péché » : « l’égoïsme et l’indifférence se consolident dans les systèmes économiques et culturels. L’économie qui tue (3) mesure la valeur humaine en termes de productivité, de consommation et de profit. Cette « mentalité dominante » s’accommode du rejet des faibles et des improductifs, et mérite donc l’étiquette de « péché social ».

« C’est un thème ancien de la doctrine sociale de l’Église – ajoute le Professeur Bruni – un thème qu’on voit déjà chez les Pères et dans de nombreux charismes sociaux, sans parler des franciscains. Dans ces passages, on sent la main du Pape François, de l’esprit de Saint François (64) et aussi des charismes plus récents. Don Oreste Benzi a été le premier à parler des « structures du péché » -, jusqu’à l’Économie de communion et l’Economy of Francesco. Il est également important de mentionner – toujours en pleine continuité avec le Pape François – la référence à la méritocratie, définie comme une « fausse vision » (14) car elle considère qu’une grande partie de la pauvreté est due aux démérites des pauvres, aux pauvres déméritants qu’elle qualifie de coupables. L’idéologie méritocratique est l’une des principales « structures de péché » (nn. 90 ss.) qui génèrent l’exclusion et tentent ensuite de la légitimer sur le plan éthique. Les structures de péché sont matérielles (institutions, lois…) et immatérielles comme les idées et les idéologies ».

Le document aborde naturellement le thème des migrations. Robert Prevost fait siennes les célèbres « quatre verbes » du Pape François : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer, sans oublier les femmes, qui sont parmi les premières victimes de la violence et de l’exclusion. Il souligne l’importance de l’éducation pour la promotion du développement humain intégral, le témoignage et le lien avec la « pauvreté » de nombreux saints, bienheureux et ordres religieux, et propose un retour à l’aumône qui fait vraiment « toucher la chair souffrante des pauvres » (119).

Dans Dilexi te, le Pape Léon nous « exhorte » à changer de cap, à ne pas considérer les pauvres comme un problème de société ni, encore moins, comme de simples « objets de notre compassion » (79), mais comme des acteurs à part entière à qui donner la parole et comme des « maîtres de l’Évangile ». Il est nécessaire que « nous nous laissions tous évangéliser par les pauvres. Ils sont, écrit le Pape, une question familiale. Ils sont des nôtres ». Par conséquent, « la relation avec eux ne peut être réduite à une activité ou à une fonction de l’Église » (104).

« Prendre au sérieux la pauvreté évangélique signifie – ajoute Luigino Bruni – changer de point de vue, faire métanoïa, comme disaient les premiers chrétiens. Et puis, aujourd’hui, répondre à certaines questions radicales : comment appeler « bienheureux » les pauvres quand nous les voyons victimes de la misère, maltraités par les puissants, mourir en mer, chercher de la nourriture dans nos poubelles ? Quelle béatitude connaissent-ils ? C’est pourquoi, souvent, les premiers et plus sévères détracteurs de cette première béatitude ont été et sont précisément ceux qui passent leur vie aux côtés des pauvres, assis à leurs côtés, pour les libérer de leur misère. Les plus grands amis des pauvres finissent, paradoxalement, par devenir les plus grands « ennemis » de la première béatitude. Nous devons les comprendre et les remercier pour leur indignation. Et pousser le discours sur des terrains nouveaux et audacieux, toujours paradoxaux.
Combien de « riches gloutons » ont trouvé dans la béatitude des pauvres un alibi pour laisser Lazare (cf. Luc 16, 19-31) heureux dans sa condition de privation et de misère, en se définissant eux-mêmes comme « pauvres en esprit » parce qu’ils donnaient des miettes aux pauvres ? Il y a quelque chose de merveilleux dans cette « béatitude des pauvres ». Nous ne la comprenons plus, mais essayons au moins de ne pas minimiser sa prophétie paradoxale et mystérieuse. Le Pape Léon nous montre certaines dimensions de cette beauté paradoxale de la pauvreté, surtout dans les longs paragraphes consacrés à la fondation biblique et évangélique, mais il reste encore beaucoup à découvrir et à dire. J’espère que les futurs documents pontificaux incluront également l’enseignement laïc sur la pauvreté, qui nous est donné depuis au moins 50 ans par des personnalités telles que A. Sen, M. Yunus ou Ester Duflo, lauréats du prix Nobel d’économie. Ces chercheurs, parmi beaucoup d’autres, nous ont appris que la pauvreté n’est pas un manque d’argent ou de revenus (flux), mais un manque de capitaux (stocks) – sanitaires, éducatifs, sociaux, familiaux, capacités… – qui se traduit ensuite par un manque de revenus ; ce n’est qu’en travaillant sur les capitaux aujourd’hui que nous pourrons demain sortir les pauvres du piège de la pauvreté. Comme l’a expliqué Sen, la pauvreté est l’impossibilité objective de « mener la vie que nous voudrions vivre », et donc un manque de liberté.
Les charismes l’ont toujours compris, eux qui, dans les missions et avant cela en Europe et partout ailleurs, ont rempli le monde d’écoles et d’hôpitaux afin d’améliorer le « capital » des pauvres. Même l’aumône, dont parle le Pape Léon à la fin du document (nn. 76 et suivants), doit être orientée vers le « capital », et non dispersée en aides monétaires qui finissent souvent par accroître la pauvreté qu’elles voudraient réduire. Pour les chrétiens, Dilexi te est un point de départ sur le chemin encore long dans ce domaine encore inconnu de la pauvreté – celle qui est mauvaise et qu’il faut réduire, et celle qui est belle selon l’Évangile et qu’il faut faire grandir.

Maria Grazia Berretta

Nouveautés éditoriales : un magnifique jardin

Nouveautés éditoriales : un magnifique jardin

Le Mouvement des Focolari et les religieux, un lien qui remonte au début de l’histoire du Mouvement : un réseau dense de relations entre Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, et des consacrés de différentes familles religieuses. Une multitude de femmes et d’hommes donnés à Dieu à travers les spiritualités les plus diverses qui ont inspiré et accompagné Chiara dans les premières années du Mouvement. Tout cela est raconté dans le livre intitulé Un magnifique jardin. Chiara Lubich et les religieux (1943-1960), sous la direction du Père Fabio Ciardi et d’Elena Del Nero.

Commençons par le titre : « Un magnifique jardin ». Pouvez-vous nous l’expliquer ?

Elena Del Nero a obtenu un doctorat en Histoire et Sciences philosophiques et sociales à l’Université « Tor Vergata » de Rome (Italie). Elle travaille à la section historique du Centre Chiara Lubich de Rocca di Papa (Italie). Elle est l’auteure d’essais et d’ouvrages sur l’histoire du Mouvement des Focolari.

Elena Del Nero : « Cette image évocatrice, déjà utilisée par Chiara Lubich en 1950, fait référence à l’Église, dans laquelle, au cours de l’histoire, différents charismes ont fleuri.

Le livre se compose d’une reconstruction historique et d’une réflexion théologique et ecclésiale. Que comprennent-elles ?

Elena Del Nero : « La reconstruction historique se concentre uniquement sur deux décennies, de la naissance des Focolari en 1943 à 1960, car il s’agit d’années très riches et denses en documents et en contenus pour le thème examiné. La lecture théologique et ecclésiale couvre quant à elle une période plus longue, élargissant le regard jusqu’à la lecture la plus récente du magistère. De cette manière, il nous semble que le panorama proposé est plus large et plus précis ».

La figure des religieux a donc toujours été présente dans l’Œuvre de Marie, depuis sa naissance. Quel est le sens de la présence des religieux dans le Mouvement ?

P. Fabio Ciardi : « Raviver l’unité dans l’Église, en réponse à la prière de Jésus : « Que tous soient un » (Jn 17, 21), était l’idéal auquel Chiara Lubich se sentait appelée. Son Mouvement poursuit cette grande mission de promouvoir la communion et l’unité entre tous.

Quel bénéfice les religieux et leurs ordres ont-ils tiré du dialogue avec Chiara Lubich et de la spiritualité de l’unité des Focolari ?

Le Père Fabio Ciardi est oblat de Marie Immaculée, professeur émérite à l’Institut Pontifical de Théologie de la Vie Consacrée Claretianum à Rome (Italie) ; il est l’auteur de nombreuses publications ; depuis 1995, il est Consulteur du Dicastère du Vatican pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique et, depuis 2022, il est Consulteur auprès du Dicastère du Vatican pour le Clergé.

P. Fabio Ciardi : « Dès les origines, les religieux de différents ordres ont été attirés par la fraîcheur évangélique dont témoignaient Chiara et les premiers membres du Mouvement naissant, qui les ramenait à la radicalité de leur choix : ils ressentaient un nouvel amour pour leur vocation, la comprenaient plus profondément, se sentaient impliqués dans une communion qui leur rappelait la première communauté chrétienne décrite dans les Actes des Apôtres ».

Quel effet la proximité des religieux a-t-elle eu sur Chiara Lubich dès le début du Mouvement ?

P. Fabio Ciardi:
« Leur présence s’est avérée providentielle pour Chiara, car elle lui a permis de se confronter aux grandes spiritualités chrétiennes apparues au cours de l’histoire ; une confrontation qui l’a aidée à comprendre plus profondément sa propre vocation, l’enrichissant de la communion des saints.
« Il semble peu à peu – écrit-il en pensant aux saints dont les religieux sont les témoins – qu’ils se soient rapprochés de notre Œuvre pour l’encourager, l’éclairer, l’aider ». D’une part, la relation avec les saints confirme certains aspects de la vie de l’Œuvre de Marie. D’autre part, la comparaison avec leur vie et leurs œuvres montre toute l’originalité de cette nouvelle œuvre contemporaine de Dieu ».

La présence des religieux dans les mouvements ecclésiaux est-elle source d’enrichissement mutuel ? Ou risque-t-elle de créer le chaos et une perte d’identité ?

P. Fabio Ciardi: « Aucune ingérence dans la vie des familles religieuses. Chiara Lubich a écrit qu’elle s’approche d’eux « sur la pointe des pieds », consciente qu’elles sont « des œuvres de Dieu », et avec cet amour profond qui fait découvrir en chacune d’elles « la beauté et ce quelque chose d’éternellement actuel » qu’elles contiennent. En même temps, elle est consciente de la contribution qu’elle est appelée à apporter : « Nous devons seulement faire circuler l’Amour entre les différents Ordres. Il faut se comprendre, s’aimer comme s’aiment [entre elles] les Personnes de la Trinité. Entre elles, la relation est l’Esprit-Saint qui les unit, car chacune est expression de Dieu, du Saint-Esprit ». C’est dans cette circulation de la charité que chaque religieux approfondit son identité et peut apporter sa contribution spécifique à l’unité ».

En conclusion, pourquoi lire ce livre ? À qui le recommander ?

« Il raconte une page d’histoire merveilleuse qui fait comprendre la beauté de l’Église. Ce n’est pas un livre réservé aux religieux. C’est un livre pour ceux qui veulent découvrir une Église tout à fait charismatique ».

Lorenzo Russo

En audience avec le pape Léon XIV

En audience avec le pape Léon XIV

« Nous avons rencontré le Saint-Père pour lui présenter la vie du Mouvement et accueillir sa parole », – ont raconté ce matin, Margaret Karram et Jesús Morán, respectivement Présidente et Coprésident des Focolari, à l’issue de l’audience privée avec le Pape Léon XIV. Cela a été une rencontre spontanée, personnelle, fraternelle.
Le Pape a écouté avec intérêt le travail réalisé pour la paix, les dialogues œcuménique et interreligieux, le dialogue avec les cultures, et en particulier la communion entre les Mouvements ecclésiaux. Il nous a encouragés à faire avancer le Charisme dans le monde.
« À la fin – raconte Margaret Karram – je lui ai demandé si nous pouvions transmettre sa bénédiction à toutes les personnes qui appartiennent au Mouvement : “Bien sûr !”, m’a-t-il répondu. »
Pour recevoir “en direct” de Margaret et Jesús le récit de l’audience, rendez-vous demain à 18h, heure italienne, pour la Téléréunion mondiale.

Photo © Vatican Media