Mouvement des Focolari

Évangile vécu: “Soyez miséricordieux comme votre Père”

Nous sommes enfants de Dieu et nous pouvons lui ressembler dans ce qui le caractérise : l’amour, l’acceptation, savoir attendre les temps de l’autre. A la  banque Je travaille dans une banque, et j’ai toujours essayé d’être un facteur d’union entre collègues, alors ça m’a fait beaucoup de peine de découvrir, un jour, que l’un d’eux m’a utilisé pour dévaloriser son responsable. Ce soir-là, à l’église, je me suis promis d’enlever de moi toute pensée négative à l’égard de ce collègue et de l’accueillir comme toujours. Plus tard, après avoir trouvé un autre emploi, il a annoncé sa démission et m’a salué en me remerciant d’avoir toujours  été un ami pour lui. Je ne m’y attendais pas, mais j’étais heureux de savoir que mes efforts n’avaient pas été vains. (F.S. – Suisse) Une foi plus mûre Jour après jour, mon mari perd sa mémoire et ses capacités, et je ne peux plus me baisser pour prendre quelque chose… mais c’est cela la vie ? En écoutant le Pape François parler aux jeunes des personnes âgées, j’ai retrouvé l’espoir et une nouvelle force pour affronter les difficultés de la vieillesse et de la maladie. J’avais toujours refusé la foi comme remède à tous les maux, il m’a fallu toute une vie pour parvenir à une foi plus mûre. (F.Z. – Pologne) Deux précieuses heures Aujourd’hui, c’était mon tour de bénévolat à l’hôpital, mais il pleuvait et j’étais fatiguée : après tout, j’ai 62 ans et je souffre d’arthrose. Mais en pensant à ces malades, j’y suis allée quand même. Arrivée à l’hôpital, j’ai trouvé un patient déprimé, nu, paralysé et personne pour s’occuper de lui. J’ai passé deux heures avec lui, essayant de lui donner tout ce dont j’étais capable. Et dire qu’hier soir, en faisant le point sur la journée, je m’étais sentie inutile ! (M. – Italie) Toute seule Quand mon mari est mort, après seulement quatre ans de mariage, je me suis demandé : comment pourrai-je élever mes filles toute seule ? J’ai trouvé la réponse dans la Parole de Dieu, qui est le Père de tous. Il me suffisait de réussir à la mettre en pratique. J’en ai fait l’expérience à maintes reprises, surtout lorsque les problèmes sont devenus plus complexes au fur et à mesure qu’elles grandissaient : choix du type d’école,  amitiés, loisirs… Parfois je ressens la même tristesse que beaucoup de personnes, seules comme moi pour élever leurs enfants : c’est alors qu’en croyant toujours plus à l’amour de Dieu, je trouve l’équilibre, la possibilité de reprendre le dialogue avec mes filles, même sur les questions les plus délicates. (I.C. – Italie)  

Éducateur, métier et vocation

Histoire de Marco Bertolini, éducateur en santé publique dans la périphérie de Rome (Italie) :’’Les éducateurs aussi ont à apprendre des personnes éduquées et il est possible de transformer les difficultés en opportunités’’. Diagnostiquée lorsqu’il était très jeune, la poliomyélite n’a pas été pour Marco, une prison de laquelle crier sa rage au monde, mais une occasion pour cueillir la richesse de sa vie et la potentialité que sa ‘’condition’’ cachait. Pour ensuite aider en tant qu’adulte, beaucoup de jeunes ‘’difficiles’’ , à découvrir la propre beauté et la dignité d’ être avant tout une personne. Décisive fut pour lui, la rencontre avec les jeunes du Mouvement des Focolari. A 59 ans, aujourd’hui Marco Bertolini – marié et père de deux enfants – travaille comme éducateur en santé publique dans un village à la périphérie de Rome. Nous l’avons rejoint lors du récent congrès sur l’éducation ‘’EduxEdu’’, qui s’est tenu au Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Italie) : Marco, ton histoire parle d’une difficulté initiale transformée en opportunité. Qu’est-ce qui l’a menée à cette maturation ? Déjà enfant, j’ai eu la claire perception de ma différence physique. Alors que mes sœurs et mes amis vivaient en famille, moi, j’étais dans un collège. Cela a fait grandir en moi une rage vis-à-vis de ceux que j’estimais être plus chanceux que moi. C’est ainsi que je cherchais la confrontation, je mettais les miens à l’épreuve pour voir s’ils m’aimaient. Puis à l’âge de vingt ans, le tournant dans ma vie. J’étais à la recherche d’un sens à donner à ma vie lorsque je rencontrai les jeunes des Focolari qui vivaient l’Évangile, ils étaient unis et se respectaient. Moi dans mon village, à la périphérie de Rome, j’en combinais des vertes et des pas mûres et ma réputation n’était pas fameuse, mais eux, m’acceptaient comme j’étais. Ils me faisaient sentir que j’étais une personne et ne regardaient pas mes défauts. Ils m’expliquaient qu’ils essayaient d’aimer le prochain, comme c’est écrit dans l’Évangile. Moi j’étais incrédule, je pensais que l’Évangile est une belle chose mais que dans la vie, il faut jouer des coudes. Et au contraire, petit à petit, ils m’ont montré que vivre l’Évangile est possible et peut changer la vie. Comment es-tu devenu éducateur ? Au départ, j’ai étudié la théologie. J’ai découvert le rapport avec Dieu et me suis demandé si ma vocation n’était pas le sacerdoce. C’est ainsi que je suis entré au séminaire en m’engageant dans différents services. A Rome, je collaborais avec Caritas et au centre d’écoute, je m’occupais surtout des clochards : là je compris que ma vocation était l ‘engagement social. Les personnes que j’avais le plus à cœur étaient les jeunes. Je voulais partager avec eux le cadeau que j’avais reçu en rencontrant les jeunes du Mouvement, pour qu’eux aussi puissent découvrir la valeur profonde de la vie. Je suis donc sorti du séminaire et j’ai commencé à étudier comme assistant social et éducateur. Lorsqu’on approche les ‘’jeunes difficiles’’, on pense tout au moins les ‘’maîtriser’’. Mais cueillir la ‘’blessure’’ qu’ils portent à l’intérieur d’eux-mêmes représente un défi difficile : comment les affronter ? Les jeunes n’ont pas à être ‘’maîtrisés’’ mais écoutés et compris. L’approche que j’utilise est celle que Dieu a eue avec moi : il m’a accepté comme j’étais. Et donc avant tout, je les accueille ainsi, tels qu’ils sont, avec leur langage, sans rien vouloir changer en eux, mais en leur faisant comprendre qu’il y a quelqu’un qui les aime. Je pars de mon expérience avec Dieu et de leurs émotions. Les jeunes sont aidés en leur faisant des propositions de vie différentes. En quelque sorte, c’est un peu comme instaurer avec eux un ‘’pacte éducatif’’. Veux-tu nous raconter une expérience à ce propos ? Cela fait plusieurs années que je fais partie d’une équipe qui organise un camp de travail, appelé ‘’stop’n’go’’, où aux adolescents est donnée une opportunité formative, à la lumière de l’idéal de l’unité. Je me souviens d’une maman célibataire de 19 ans, avec une histoire douloureuse, qui alternait des attitudes adultes et infantiles. Nous nous demandions si son insertion allait être profitable pour elle et pour les autres. Nous décidâmes de faire un pacte avec elle : elle pouvait sortir du camp de travail à tour de rôle avec un de nous, adultes, et en échange, nous lui demandions le respect des règles du camp et la participation aux activités. Elle accepta et ce fut une course dans l’équipe pour qu’elle se sente aimée, acceptée et jamais jugée. J’expérimentai là que les éducateurs ont aussi à apprendre des personnes éduquées et qu’il est possible de transformer une difficulté en opportunité.

Claudia Di Lorenzi

Pathways : parcours pour un monde uni

Pathways : parcours pour un monde uni

Six thématiques pour six ans, un cheminement d’approfondissement qui part du milieu de l’économie, de la communion du travail. Le monde uni, un objectif engageant mais non utopique, que l’on peut rejoindre si on agit sur de nombreux et différents fronts. Les nouvelles générations des Focolari le savent bien, celles auxquelles Chiara Lubich avait suggéré de s’acheminer sur les nombreuses ‘’voies’’ qui mènent à un monde uni, de les connaître et de les approfondir afin de rejoindre cet objectif. C’est justement à ce propos-là qu’est partie des jeunes, l’idée d’un parcours mondial en six années qu’ils ont appelé ‘’Pathways for a united world’’, parcours pour un monde uni. Un cheminement avec des actions et des approfondissements sur six grandes thématiques. Ces prochains mois, nous vous proposerons des témoignages et des expériences de vie vécue sur la première de celles-ci : l’ économie, la communion et le travail. FOTO pathwaysrossoundercatDonner ce que nous avons de trop – Depuis que nous sommes mariés, chaque année nous sentons que nous devons partager notre superflu avec les autres. L’expérience a commencé pendant les préparatifs au mariage, lorsque nous avons reçu énormément aussi bien en affection qu’en aide financière. Nous avions décidé alors de faire une donation à une association du Timor Oriental qui aide concrètement les enfants en difficulté, gérée par le prêtre qui nous a mariés. Cela a été incroyable de recevoir, peu après la donation, exactement dix fois autant. Chaque année, ensuite, nous nous sommes fixés l’objectif de donner une partie de nos rentrées pour alimenter la communion des biens qui se vit au niveau du Mouvement des Focolari. Justement ce matin, j’avais à peine fait le versement pour cela, lorsque j’ai reçu une veste, belle, à la mode, juste à ma taille. (S. et C. – Italie) L’épargne dans la tirelire – J’ai cinq ans et je vis à Alep (Syrie). Il y a quelque temps, j’avais su que les jeunes du Mouvement des Focolari avaient décidé de passer une soirée dans un monastère de religieuses qui s’occupent de personnes âgées et qui leur apportent le repas du soir. Moi aussi, je voulais participer. Le jour avant le rendez-vous, j’ai cependant été malade et j’ai dû aller chez la pédiatre. Alors qu’elle m’auscultait, j’en ai profité pour lui parler de cette initiative. ‘’Docteur, demain, avec ma famille, nous voulions aller rendre visite à quelques personnes âgées. Pour contribuer, j’ai vidé ma tirelire. Mais moi demain, je peux y aller ? ‘’. Et elle de me répondre :’’Oui, tu peux y aller, car maintenant, tu es en bonne santé. Mais je te restitue aussi les sous avec lesquels tu as payé la visite, parce que j’aimerais aussi participer à votre initiative’’. (G. – Syrie) Impliquer la ville – Je connais beaucoup de personnes qui n’ont même pas ce qui est indispensable pour vivre. Que faire ? En en parlant avec les collègues, un partage spontané est né. Je recevais beaucoup de choses que je distribuais ensuite à des familles en difficulté. L’idée s’est répandue et les choses reçues augmentaient, j’avais dès lors besoin de plus d’espace et d’aide. Un couple d’amis a mis à la disposition un magasin et un collègue, avec lequel nous sommes très différents aussi bien au niveau des idées que de la culture, ainsi que deux jeunes travailleurs, ont donné de leur temps à la disposition pour cette initiative. Après un mois, nous avons inauguré notre ‘’Bazar communautaire’’. Étaient présents, l’Échevin des Services Sociaux et quelques Conseillers Communaux. En travaillant, nous avons commencé à ‘’faire réseau’’ avec les institutions sociales de la ville et nous avons élaboré une liste de mails pour mettre en contact celui qui a quelque chose à donner et celui qui est dans le besoin. Nous recevons des collaborations et tous types d’objets, de personnes seules ou d’entreprises. Le Bazar est devenu un point de référence pour les personnes seules qui ont ainsi la possibilité de se rendre utiles. Un jour, pour aider une blanchisserie sociale à acheter une machine adéquate, j’ai demandé à un collègue de m’accompagner : ‘’C’est la première fois que je termine une année en ayant fait quelque chose pour les autres – m’a t-il dit au retour – je suis heureux. Merci de m’avoir parlé de cette initiative !’’. (M.D.A.R. – Portugal)

Grève pour le climat

Grève pour le climat

Les Juniors pour un Monde Uni du Mouvement des Focolari et Prophetic Economy adhèrent à “FridaysForFuture”, l’initiative mondiale pour la protection de l’environnement lancée par Greta Thunberg. IMG 0086Ce matin, dans le jardin du Centre International du Mouvement des Focolari à Rocca di Papa (Italie), la présidente des Focolari, Maria Voce et le coprésident Jesús Morán ont planté un arbre (direct facebook de l’événement) pour soutenir l’initiative internationale #FridaysForFuture promue par Greta Thunberg, la suédoise de seize ans qui est devenue en peu de temps leader en matière d’écologie. Le monde a commencé à la remarquer quand, au début de l’année scolaire, à l’automne dernier, Greta a décidé de faire la grève de l’école tous les vendredis matin pour organiser un sit-in devant le Parlement de Stockholm. Son but était de protester contre l’incapacité des dirigeants politiques à adopter une position claire au sujet de toutes les questions relatives à l’environnement. Fin janvier, à Davos, en Suisse, elle s’est retrouvée dans le collimateur des médias mondiaux lorsqu’elle a pris la parole devant les grands noms de la planète au World Economic Forum (Forum Économique Mondial ): « Vous détruisez mon avenir, je ne veux pas que vous espériez, je veux vous voir en train de paniquer.» Les Juniors pour un Monde Uni (Mouvement des Focolari) et Prophetic Economy ont également décidé de se joindre à l’initiative internationale prévue aujourd’hui, vendredi 15 mars, pour demander avec force que les conventions internationales en matière de protection de la planète soient respectées, que l’on cesse de parler et qu’on agisse avec détermination. « Les prises de position de nombreux politiciens montrent que l’approche top-down (descendante) ne suffit pas , explique Luca Fiorani, coordinateur d‘EcoOne, le réseau international des opérateurs des Focolari dans le domaine de l’écologie et du développement durable. Les grandes conférences internationales sur le climat à l’ONU montrent qu’il est difficile de prendre des décisions communes pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est ainsi que des approches bottom-up (ascendantes) entrent en jeu, c’est-à-dire celles par lesquelles la population pousse les puissants à prendre des décisions efficaces pour éviter le changement climatique. L’initiative de ces jeunes est donc très importante, car ce sont eux qui en feront le plus les frais à l’avenir. Il est donc important que les enfants se mobilisent au niveau mondial et qu’ils fassent bouger les consciences . Si nous n’agissons pas maintenant, il sera peut-être trop tard dans 20 ou 30 ans. Même le pape François le rappelle souvent. Il suffit de lire sa lettre sur le Carême, centrée sur la conversion écologique : prier, jeûner, faire l’aumône, mais avec, en toile de fond, le souci de protéger la création ». Sans oublier que l’engagement des Juniors des Focolari en vue d’atteindre l’objectif “Faim Zéro”, va précisément dans le sens de l’initiative de Greta Thunberg.

Lorenzo Russo

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Cardinal Ryłko : Chiara Lubich et la dimension prophétique de son charisme

Onze ans après la mort de la fondatrice des Focolari, beaucoup d’événements honorent sa mémoire dans le monde. A Rome, le Carinal Ryłko a célébré une messe en présence de Maria Voce et de Jesús Morán. En plus de la foule, du “peuple” de Chiara, de nombreuses autorités civiles et religieuses et des amis des Focolari y ont participé. Elle a été l’initiatrice de nouvelles formes de vie chrétienne, une femme totalement donnée à Dieu et avec une identité “mariale” profonde. C’est précisément pour cette raison que Dieu a déposé en elle un don pour l’Église et le monde : le charisme de l’unité. Telles sont, en résumé, les pierres angulaires de la vie de Chiara et du Mouvement des Focolari rappelées par le cardinal  Stanisław Ryłko, ancien Secrétaire, puis Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, lors de la Sainte Messe célébrée le 14 mars à Rome dans le plus ancien sanctuaire marial, la Basilique Sainte Marie Majeure, à l’occasion du onzième anniversaire de la mort de Chiara Lubich. EmmausEn plus de la présidente des Focolari, Maria Voce, du coprésident Jesús Morán et de la foule du “peuple de Chiara”, il y avait aussi des représentants des autorités civiles et religieuses, du monde diplomatique et de divers mouvements chrétiens : une assemblée variée, qui semblait rendre à Chiara le grand amour qu’elle avait pour l’humanité. “Combien de fois avez-vous entendu Chiara dire ces mots – se souvient le Cardinal Ryłko : “C’est l’amour qui compte. C’est l’amour qui fait avancer le monde, car si l’on a aussi une mission à accomplir, elle est d’autant plus féconde qu’elle est empreinte d’amour”. « Aujourd’hui, les défis que nous vivons personnellement et en tant que peuples ne sont pas moins importants que ceux auxquels Chiara a dû faire face quand elle a commencé – dit une jeune fille qui vient de rencontrer les Focolari. Rien n’est plus pertinent que son message d’unité aujourd’hui, sa vision d’un monde qui, dans sa diversité et ses contradictions, peut avancer uni même au milieu des polarisations qui semblent déchirer nos relations ». On pouvait saisir, à travers les propos du Cardinal Ryłko, son amitié fraternelle de plusieurs IMG 8750années avec la fondatrice des Focolari – « Nous avons parcouru ensemble un long chemin »- et une profonde connaissance du don que Dieu lui a fait. Dans la vie d’un Mouvement, la mémoire de ses origines est très importante, a-t-il souligné, car l’eau est toujours plus claire à la source, de sorte qu’au début un charisme se présente dans toute sa beauté fascinante et sa nouveauté. Et le Mouvement découvre mieux son identité. Votre identité la plus profonde est contenue dans le nom même de votre Mouvement : Œuvre de Marie. Une présence spéciale de Marie l’accompagne depuis ses débuts. Cette dimension mariale caractérise tout votre engagement missionnaire dans le monde. Le Pape François parle souvent d’un “style d’évangélisation mariale” comme étant celui qui convient le mieux à notre époque». Il a ensuite défini les Focolari comme une “nouvelle génération” d’hommes et de femmes, de jeunes, de nouvelles familles, tous amoureux de l’amour de Dieu et de l’idéal d’unité. print 2A la fin de la célébration, en remerciant toutes les personnes présentes, Maria Voce a annoncé l’ouverture le 7 décembre de l’année consacrée au centenaire de la naissance de Chiara Lubich. En effet, 2020 sera parsemée de nombreuses initiatives et manifestations de toutes sortes visant à “célébrer pour rencontrer” Chiara, comme l’affirme la devise du centenaire lui-même. “Nous voulons célébrer ce courant de vie nouvelle et universelle que le charisme de l’unité a introduit dans nos histoires personnelles et celles de nombreux peuples et cultures” – a annoncé la Présidente des Focolari. “Nous voulons le faire en donnant à des personnes du monde entier l’occasion de rencontrer Chiara aujourd’hui : la connaître en tant que personne et redécouvrir la pertinence de son charisme et de sa vision d’un monde vu comme une famille de peuples frères. Une vision à contre-courant en ce temps qui voit ressurgir particularismes et souverainismes. Je suis sûre que la rencontre personnelle et collective avec Chiara continuera à inspirer des personnes, des idées et des projets animés par l’esprit d’unité. Les célébrations commenceront à Trente, sa ville natale, le 7 décembre prochain, avec l’inauguration d’une grande exposition multimédia consacrée à Chiara, qui sera également proposée dans différentes capitales du monde. Tout au long de l’année, des groupes de pèlerins se rendront à Trente pour mieux connaître sa personne et son héritage spirituel. Toujours à Rome et dans ses environs, se tiendront au cours de l’année divers événements qui vous permettront de découvrir de l’intérieur la vie et l’œuvre de Chiara au quotidien, de la maison où elle a vécu à la chapelle où elle repose maintenant, au Centre du Mouvement.

Stefania Tanesini

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Chiara, l’épouse de “Jésus abandonné”

Nous devons l’admettre : onze ans après sa mort et à la veille du centenairede sa naissance, en 2020, nous avons encore tout à découvrir sur Chiara Lubich. La meilleure façon de s’approcher au plus intime de son âme et de comprendre la surabondance de lumière, de joie et des fruits qui caractérise sa vie est de la considérer telle qu’elle voulait qu’on se souvienne d’elle, c’est-à-dire comme « l’épouse de Jésus abandonné », à savoir de Jésus qui sur la croix se sent abandonné même de Dieu. Elle l’a dit elle-même au cours d’une téléconférence téléphonique où, tous les mois, elle réunissait, en une seule famille mondiale, les nombreuses communautés des Focolari : « Je voudrais qu’on se souvienne de moi uniquement comme l’épouse de Jésus abandonné » [1] . Elle commentait : « Cette définition possible de ma vie (avec l’aide de Dieu) m’est apparue splendide, bien que très élevée et encore du domaine du “devoir être”. Pourtant je l’ai ressentie comme ma vocation ». L’histoire et l’Église diront si elle avait vu juste et si elle a atteint ce but ; mais beaucoup d’indices nous laissent à penser que ces « noces avec Jésus abandonné » sont le fil d’or qui passe dans la trame de sa vie et en explique la raison.

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Annemarie Baumgarten, aquarelle

Encore toute jeune, elle confiait à sa mère la prière qu’elle redisait à Jésus en son cœur : « Donne-moi d’éprouver un peu de ta souffrance, surtout celle de ton terrible abandon, afin que je sois plus proche de toi et plus semblable à toi qui, dans ton Amour infini, m’as choisie et m’as prise avec toi. » [2]. Lorsque, au cours de l’été 1949, Igino Giordani lui demande de pouvoir lui faire vœu d’obéissance, Chiara transforme son désir en une requête à Jésus eucharistie : établir en eux le rapport que Jésus veut. Il dit à Giordani : « Tu connais ma vie : je ne suis rien. Je veux vivre, en effet, comme Jésus abandonné, qui s’est totalement anéanti »[3] . Ce pacte, scellé en Jésus eucharistie, marque le début d’une période comblée d’une telle abondance de lumière que Chiara lui donnera le nom de Paradis 49. Lorsqu’à la fin de cette période, Giordani la convainc de quitter ce Ciel pour retourner dans la ville où l’humanité l’attendait, de son cœur jaillit la plus ardente déclaration d’amour : « J’ai un seul époux sur la terre : Jésus abandonné… ». En 1980, quand la pensée de la mort la préoccupait, elle a demandé à Jésus de lui donner un élan décisif pour bien terminer sa vie et Jésus lui a rappelé comme elle l’avait commencé : en ne voyant et en n’aimant que Lui, abandonné. Elle a eu l’impression que Jésus lui disait :« Sache qu’en tous ces siècles, en vingt siècles, c’est à toi que je me suis révélé Abandonné. ;si toi, tu ne m’aimes pas, qui m’aimera ? »[4]. Et lorsqu’en l’an 2000 elle a écrit un livre synthèse de toute sa vie, elle a mis en épigraphe : « Comme une lettre d’amourà Jésus abandonné ». Et elle a expliqué : « Je ne parviendrai certainement pas à exprimer tout ce que je ressens, ou devrais ressentir, envers celui pour l’amour duquel j’ai affirmé plusieurs fois que ma vie avait un second nom : gratitude. »[5] . Pendant des dizaines d’années, elle a reconnu le visage de son Époux dans ses souffrances personnelles et dans les pans de l’humanité les plus frappés par le mal, et elle s’est efforcée de le consoler. Enfin, au cours des trois dernières années de sa vie, elle a été tout entière unie à Jésus abandonné, dans une nuit obscure si profonde qu’elle l’a nommée « nuit de Dieu » : « Dieu était parti très loin. Lui aussi s’en est allé vers ‘l’horizon de la mer’. Nous l’avions suivi jusque-là, mais au-delà de la mer, derrière l’horizon, il tombe et on ne le voit plus.Voilà ce que l’on éprouve.Alors que l’on croyait que les nuits de l’esprit se terminaient avec l’étreinte de Jésus abandonné, dans cette nuit-là on se rend compte que l’on entre en Jésus abandonné »[6].

Michel Vandeleene

  [1] Âme-épouse. Pensée du 11.11.1999, in C. Lubich, Costruendo il “castello esteriore”(en construisant le château extérieur), CittàNuova, Roma 2002, p. 88. [2] C. Lubich, Lettre de décembre 1944, in Lettre des premiers temps, Paris 2010, p. 34. [3] C. Lubich, Paradiso ’49,in AA.VV., Il Patto del ’49 nell’esperienza di Chiara Lubich, (Le Pacte de 49 dans l’expérience de Chiara Lubich) Città Nuova, Roma 2012, p. 17. [4] C. Lubich, Conversation avec les focolarini dela Suisse, Baar, 13.11.1980, p. 3. [5] C. Lubich, Il Grido, Città Nuova, Roma 2000, p. 11.Traduit en français sous le titre : Le cri, Nouvelle Cité 2000, p. 1 et 14 [6] C. Lubich, Gesù Abbandonato (a cura di H. Blaumeiser), Città Nuova, Roma 2016, p. 152-153.