Oct 20, 2016 | Non classifié(e)
Le 17 octobre est la Journée Mondiale contre la Pauvreté, instituée sur initiative du père Wresinski, qui en 1987, organisa une grande manifestation pour les droits humains à Paris. La pauvreté assume différents visages, incarne des situations, des lieux, des populations entières. On ne pourra jamais s’habituer au fait que les êtres humains ne puissent pas jouir d’une vie digne d’être vécue. Les Jeunes pour un Monde Uni de la Slovénie, pendant l’hiver, se dédient – parmi leurs nombreuses activités – à l’organisation du « Summerjob », un camp de travail d’été : pour rechercher le lieu, les différents contacts avec les maires, les évêques, les curés et les personnes d’une localité particulière, afin de comprendre comment offrir pendant l’été leur soutien en faveur des personnes dans le besoin. Cette année la collaboration avec la Caritas locale a permis de trouver des personnes et des familles qui ont besoin d’une aide très concrète.
Ils se sont donné rendez-vous à la fin de l’été, du 15 au 20 août dernier, à Vrbje, un petit village proche de Celje. A l’occasion de cette troisième édition neuf chantiers ont été ouverts. Environ 40 personnes se sont engagées, sept heures par jour, dans ces nombreuses activités : travail agricole, restructuration de l’espace extérieur d’une maison, construction d’un poulailler, restructuration de la maison d’une femme invalide, préparation des aides pour les populations de Macédoine frappées par les inondations, peinture de l’intérieur d’une femme qui vit dans des conditions misérables. Il s’agissait en particulier de mettre concrètement en pratique la fraternité, en tissant des liens profonds avec les gens du lieu, et en redonnant à beaucoup d’entre eux cette dignité qu’ils ont souvent perdue. Partager certaines situations en essayant d’être un soutien pour ceux qui vivent en marge de la société est un choix qui engage, qui requiert énergie et temps, mais c’est surtout le choix de se donner qui a mis en place l’initiative.
Quelques-uns des jeunes participants nous écrivent ce qu’il y a de plus significatif : « Justement les travaux les plus exigeants nous ont fait comprendre qu’à la base de l’indigence il existe souvent des problèmes de relation. Par exemple avec une dame, bien que notre travail ait été défini bien à l’avance, nous avons passé quelques heures le premier jour uniquement pour faire connaissance, pour qu’elle puisse avoir confiance en nous. Après seulement, elle nous a permis de toucher à quelque chose dans son appartement qui avait besoin de tout ». Pas mal de temps pour écouter, parler avec les gens et partager nos expériences, nos préoccupations, les projets futurs. Le tout vécu dans un climat où tout le monde s’aidait, la disponibilité est au top niveau et en conséquence la joie est vraiment grande. Mais le Summerjob ne se résume pas au travail : le soir on partage ce qui s’est vécu pendant la journée et ce sont des moments solennels, qui te prennent, qui lient et unissent toujours plus les participants. Ils ajoutent : « Le dernier jour nous nous sommes salués avec les « employeurs » en prenant un café autour des photos du camp d’été. Il était très difficile d’exprimer ce que nous avions réussi à construire en seulement quatre jours. Ce fut un moment très fort ! ». A la fin, au fond, celui qui reçoit est toujours celui qui donne avec joie. Voir la page facebook du Summerjob Slovénie 2016
Oct 19, 2016 | Non classifié(e)
Les guerres, qui déchirent depuis trop d’années les continents distants d’un bras de mer de l’Europe, sont entrées dans nos maisons, et le terrorisme est la dernière frontière avec laquelle nous devons régler nos comptes. Et, justement en France, un an après le terrible massacre du Bataclan, le pari de la paix est relancé. Le 17 décembre 1996, à Paris, Chiara Lubich recevait le Prix Unesco “Pour l’éducation à la paix”, en reconnaissance de sa vie entièrement consacrée à défendre et à former à la culture de l’unité et de la paix des milliers de personnes de toute croyance et contrée. Le Mouvement des Focolari, présent à l’Unesco à travers l’ONG New Humanity, la Direction générale de l’Unesco et la Mission permanente du Saint-Siège ont ensemble compris l’exigence de témoigner et réaffirmer l’engagement pour l’unité et la paix, en proposant une journée riche en réflexions et témoignages articulés autour de cinq pistes principales: Éducation, Intérêt général, Justice, Écologie et Art. Le thème de l’événement En avril dernier, au siège de l’ONU à New York, l’actuelle Présidente des Focolari, Maria Voce, a proposé, dans son intervention au débat thématique de haut niveau sur la Promotion de la tolérance et de la réconciliation, pour viser la paix, la radicalité du dialogue “qui est risqué et exigeant : un véritable défi qui vise à couper les racines de l’incompréhension, de la peur, du ressentiment”. Le défi du dialogue est plus que jamais actuel, nécessaire pour assembler, jour après jour, les pièces de la mosaïque de la paix. Une planète où puissent exister la reconnaissance mutuelle des identités et des différences, la reconstruction d’un tissu social déchiré, une nouvelle attention aux besoins, à la justice, à la dignité humaine, au partage des biens. Le mot paix trouve son sens le plus profond dans la racine sanscrite pak qui signifie lier, unir. S’engager à réinventer la paix, par conséquent, signifie viser à établir des liens qui requièrent l’engagement de ressources humaines, intellectuelles, institutionnelles. Cela signifie mettre en cause l’économie mondiale, le droit international, l’éducation à la paix à tous les niveaux. Valoriser la diversité culturelle, c’est-à-dire la richesse de l’identité des peuples. Former les nouvelles générations à une culture du dialogue et de la rencontre. Aborder concrètement le drame migratoire. Préserver l’environnement. Contester la corruption et promouvoir la légalité à chaque niveau. Stopper l’augmentation des dépenses militaires et du commerce international des armements. Travailler pour de nouvelles dispositions en matière de sécurité, stabilité et coopération pour le Moyen-Orient. Programme et intervenants Des représentants du monde diplomatique, des experts en relations internationales et en processus de paix, ainsi que des représentants de New Humanity et du Mouvement des Focolari particperont à cet événement. La première session, intitulée “Chiara Lubich, l’éducation à la paix”, sera introduite par le représentant de l’Unesco et par Mgr Francesco Follo, Observateur permanent du Saint-Siège. Les interventions de Maria Voce et Jesús Morán, respectivement présidente et coprésident des Focolari, suivront. La seconde session, “Cinq parcours pour l’éducation à la paix dans les cinq continents”, exposera le témoignage de bonnes pratiques du monde entier. Dans l’après-midi se déroulera “Le dialogue, remède aux divisions du monde”, session ouverte par Enrico Letta, ancien Premier ministre italien et actuel Président de l’Institut Jacques Delors. Deux moments d’échange sur les religions, l’économie et la politique concluront la session.
Plus d’infos: Unesco – New Humanity Rome: Tél: +39 06 94798133/+39 338 2640371; info.unesco2016@focolare.org Paris: Tél: +33 6 73 78 56 64 Email: reinventerlapaix2016@gmail.com
Oct 18, 2016 | Non classifié(e)
La dixième édition du “Forum mondial de la paix” et la seconde du “Forum Mondial des Jeunes pour la Paix” se sont déroulées simultanément à Florianópolis, au Brésil (22-25 septembre), avec quelques programmes en commun et d’autres distincts. Le Forum a vu la participation de 1500 jeunes et adultes de 60 pays, de cultures et de convictions religieuses différentes. Le thème “Nous Croyons”, s’articulait ainsi : Nous croyons dans le changement, Journée dédiée à l’écologie ; Nous croyons aux droits de l’homme, Journée dédiée à l’humanité ; Nous croyons à la paix, Journée dédiée à l’éducation. Le 21 septembre, la cérémonie d’ouverture a eu lieu sur la place située en face de la Cathédrale où s’est déroulé un spectacle avec plus de 400 danseurs. Parmi les cinq banderoles déployées au cours de la chorégraphie, il y avait aussi celle du Mouvement des Focolari. La caractéristique majeure de la cérémonie a été le profond climat de prière pour la paix. Le 22 septembre une marche pour la paix a eu lieu dans les rues de la ville, qui a mobilisé enfants, jeunes et adultes. “Ce fut très émouvant – commente Carlos Palma, Président du Forum Mondial des Jeunes pour la Paix – de voir écrit sur la porte d’une des grandes salles le nom de Chiara Lubich, accompagné du titre « Constructeur de paix » (attribué par l’UNESCO en 1996 pour l’Éducation à la Paix)
Au Forum des jeunes une explosion de vie à travers les témoignages touchants de leurs divers projets et expériences personnelles vécues dans l’engagement en faveur de la paix. Le 23 septembre, 500 autres jeunes en provenance du monde entier se sont reliés par le web à la Conférence Mondiale des Jeunes pour la Paix qui fait partie du projet Living Peace International en collaboration avec Peace Pals International (New York, USA), qui a lieu tous les deux mois. Le Forum Mondial de la Paix s’est conclu le 25 septembre par un profond moment de prière interreligieuse, avec environ 30 représentants de diverses religions et traditions spirituelles. Une partie importante du programme a été consacrée à l’Education à la Paix, autour de la présentation de Living Peace. La genèse et l’histoire de ce projet, la manière dont il s’est diffusé dans le monde entier et sa pédagogie, étaient illustrées par une suite de témoignages de jeunes venant du Brésil, d’Espagne, du Paraguay, des USA et d’autres régions du monde.
La remise du Prix Luxembourg pour la Paix à Omar Abou Baker du Caire, un jeune de Living Peace International, a été un moment particulièrement poignant. De même que l’annonce des prochaines dates du Forum Mondial de la Paix : l’un à Ammam (Jordanie) en septembre 2017 avec les adultes et l’autre à Manille (Philippines), organisé par les jeunes à l’occasion du Genfest 2018. La signature, lors d’une cérémonie solennelle, du Protocole de Florianópoli, a été une conclusion à la hauteur de l’événement : il s’intitule “1% pour la Paix”. Ce document propose aux organismes privés et publics d’affecter 1% de ce qu’ils dépensent pour leur sécurité intérieure et extérieure, au financement d’actions et de projets pour la formation à une culture de paix. Eliana Quadro, une jeune volontaire des Focolari de Florianópolis a reçu une médaille d’argent comme “Commandante du Forum Mondial pour la Paix” en signe de reconnaissance pour son engagement dans la mise en œuvre de l’événement. “Le Forum s’est caractérisé par la qualité et la profondeur des relations qui se sont créées, – a conclu Carlos Palma – grâce à la grande joie de tous les participants et à l’immense gratitude envers Dieu et envers le charisme de Chiara Lubich qui nous lance vers l’humanité en faisant de nous des bâtisseurs de paix et d’unité ».
Oct 17, 2016 | Non classifié(e)
« Un plongeon dans la beauté, une occasion de nouvelles relations, un puits d’inspirations, un lien surprenant avec la vision de Chiara Lubich sur le rapport avec les réalités humaines. Le sport comme facteur potentiel de changement et donc au service de l’humanité avec une ouverture courageuse sur un dialogue authentique. Il ne faut pas pour autant renoncer à donner avec discrétion, l’inspiration fondée sur la Sagesse qui a touché les cœurs et espérons aussi les esprits ainsi que les intentions des formes multiples que prend le sport mondial ». Ce sont les impressions de Paolo Cipolli, présent pour l’occasion, coordinateur mondial de Sportmeet, association fondée par Chiara Lubich en 2002, dans le but de favoriser la fraternité universelle, dans le sport et par le sport. La cérémonie d’ouverture, présidée par le pape François, s’est enrichie de la présence d’hôtes de marque, à commencer par le secrétaire général des Nations Unis Ban Ki-Moon, du président du comité olympique international, Thomas Bach et de leaders d’autres Églises et grandes religions. Six principes ont inspiré la conférence : compassion, respect, amour, inspiration, équilibre, joie.
« Le sport est une activité humaine de grande valeur, capable d’enrichir la vie des personnes, dont les hommes et les femmes de toutes nations, ethnies et appartenances religieuses peuvent jouir et se réjouir. La devise olympique « Altius, citius, fortius » est une invitation à développer les talents que Dieu nous a donnés. Il est important que tous puissent participer aux activités sportives, et je suis content qu’au centre de votre attention de ces jours-ci il y ait l’engagement à s’assurer que le sport devienne toujours plus inclusif et que ses bénéfices soient vraiment accessibles à tous », a affirmé le pape François. Il a fait particulièrement référence aux périphéries malheureusement toujours trop nombreuses, en dénonçant l’indifférence : « Nous connaissons tous l’enthousiasme des enfants qui jouent avec un ballon dégonflé ou fait de bouts de chiffons dans les faubourgs de certaines grandes villes ou dans les rues de petits villages. Je voudrais vous encourager tous, institutions, fédérations sportives, éducatives et sociales, communautés religieuses, à travailler ensemble pour que ces enfants puissent accéder au sport dans des conditions dignes, spécialement ceux qui sont exclus à cause de la pauvreté ». Le pontife a conclu par un défi précis : « Garder l’authenticité du sport, le protéger des manipulations et du profit commercial. Ce serait triste pour le sport et l’humanité, si les gens n’arrivaient plus à se fier à la vérité des résultats sportifs, ou si le cynisme et le désenchantement prenaient le dessus sur l’enthousiasme et sur la participation joyeuse et désintéressée. Dans le sport comme dans la vie l’important est de lutter pour le résultat, mais, bien jouer, et loyalement est plus important encore ! ». Avec le pape sur scène, beaucoup d’athlètes, parmi lesquels les italiens Alessandro De Piero et les escrimeurs médaillés d’or aux Jeux olympiques Daniele Garozzo et Valentina Vesssali, la nageuse du Zimbabwe et ex-détentrice du record du monde Kirsty Coventry, le gymnaste Igor Cassina et des athlètes paralympiques comme la multi championne Anna Schaffelhuber, l’athlète Giusy Versace et l’escrimeuse et médaille d’or à Rio 2016, Bebe Vio. Les paroles brèves du coureur du Soudan du Sud Paulo Lokoro, en compétition à Rio 2016 avec l’équipe olympique des réfugiés ont été très remarquées. Du 5 au 7octobre plus de 300 délégués ont participé activement à la rencontre. Ils étaient de différentes ethnies, cultures et religions, pour représenter des organismes internationaux, sportifs ou non, des gouvernements, des associations et des ONG, des entreprises engagées dans les domaines colorés du monde du sport. Grâce à des moments de réflexion, de thèmes d’approfondissement, de témoignage, de travaux de groupe, le rôle irremplaçable que le sport peut avoir au service de l’humanité a été soulevé. « Heureux d’avoir participé et d’avoir contribué à un événement de portée historique grâce à la nouveauté du regard de l’Église sur le Sport », souligne Paolo Crepaz, lui aussi de Sportmeet. En conclusion, la signature solennelle de chaque participant : ils se sont engagés à être des personnes « gamechanger », qui s’insèrent et développent un réseau mondial, convaincues que le sport peut changer le monde. Lire aussi : “Sport at the service of humanity” cittanuova.it
Oct 16, 2016 | Non classifié(e)
“Éduquer signifie allumer une flamme, et non remplir une outre. Mais si c’est un feu qu’il faut entretenir, l’homme doit être éduqué à conserver et à augmenter sa chaleur et sa lumière : il a besoin d’une éducation qui ne se limite pas au temps de l’enfance, mais qui se déroule de la naissance à la mort, car c’est tout au long de sa vie qu’il doit donner de la chaleur et produire de la lumière ». Giordani fut un écrivain et un journaliste, un homme politique, mais ce fut aussi un éducateur extraordinaire. Ses écrits étaient conçus pour enseigner, pour former le citoyen à une vie droite et, de fait, nombreux furent celles et ceux qui – clercs ou laïcs, au sein de l’Église ou de la société civile – se sont nourris de ses publications pendant la période difficile de la résistance culturelle au fascisme, puis durant les années de la guerre froide. Giordani vivait et écrivait, et en écrivant il enseignait. A son avis l’éducation doit être un processus universel, qui concerne tous les citoyens. Le sens de la fonction éducative consiste à transmettre deux principes constitutifs de la personne : la liberté et la responsabilité. Giordani reprend une image de Plutarque et pour lui éduquer signifie allumer une flamme et créer les conditions pour que l’enseigné sache la garder constamment allumée. Ainsi le centre de gravité du processus éducatif se déplace de l’enseignant vers l’enseigné et cela dès l’enfance et sur tout l’arc d’une vie, en vue d’une authentique éducation permanente.
“Les éducateurs relèvent de l’ordre naturel que sont la famille et l’État, et de l’ordre surnaturel : l’Église. Quand ces instances collaborent en vue d’atteindre les mêmes valeurs, en coopérant plutôt qu’en s’affrontant, l’éducation atteint sa pleine efficacité. Alors les individus et les masses ne restent pas passifs ni neutres en face de leur propre destin, mais ils l’affrontent avec courage : on entre alors dans des périodes mémorables où surgissent de grandes entreprises de paix et de conquêtes, de grands travaux avec un essor de la pensée. La famille ne se réduit pas à sa fonction nourricière, à être une crèche ou un logement social : c’est une église et une école. Les parents détiennent de la nature, et donc de Dieu, le droit d’éduquer, en plus de celui d’engendrer et de nourrir leurs enfants : droits et devoirs inaliénables, qui précèdent tout autre droit de la société civile. La famille remplira son devoir d’éducation à condition que les parents soient non seulement éduqués, mais qu’ils aient aussi conscience de leur mission ; à condition qu’ils sachent susciter dans le cœur de leurs enfants des aspirations plus grandes que le simple besoin de se nourrir et d’avoir un métier ; à condition d’agir comme une petite église qui enseigne. La religion sert aussi à rappeler, élever et protéger le devoir d’éducation au sein des familles. Quant à l’État, il doit travailler dans le même sens. Car l’État est l’autre grand éducateur : il s’acquitte de cette mission surtout à travers l’école. Aujourd’hui l’État a la charge des établissements scolaires, et c’est tout à fait son droit. Mais il ne serait plus dans son droit si dans ces établissements il portait atteinte à la conscience religieuse et pervertissait la morale ; pire encore : s’il empêchait l’Église d’avoir ses propres écoles ». “Pour ce qui touche à la morale, l’éducation est, ou devrait être la même, qu’on soit en famille, dans les instances publiques, paroissiales ou professionnelles ; l’éducation qui tire ses principes de la loi de Dieu et bâtit sur elle les lois humaines : une éducation animée par une foi transcendante qui, en tant que telle, sort les êtres de leur individualisme et les relie entre eux sous l’impulsion de la justice et de la charité. Un illustre pédagogue a dit : « La véritable culture sociale est née sur le Golgotha ». (Igino Giordani, “Éducation et instruction”, dans : La société chrétienne, Città Nuova (1942) 2010, p. 108-111)
Oct 15, 2016 | Non classifié(e)

Kevin Kelly
“J’ai pensé faire quelque chose pour les autres quand j’ai rencontré les Focolari. J’ai tout de suite adhéré à la proposition de consacrer un peu de mon temps à « The way », un centre d’accueil pour alcooliques sans domicile fixe. Ce sont des personnes qui ont passé leur vie dans la rue et qui sont désormais âgées ou trop mal en point pour affronter seules le peu de temps qui leur reste à vivre. C’est là que j’ai connu Paddy, un jeune irlandais qui avait combattu aux côtés des anglais. Comme beaucoup d’anciens soldats il n’avait pas réussi à affronter une vie normale et donc à arrêter de boire. Dans un moment de lucidité il m’a raconté qu’il n’avait jamais tiré pour tuer, mais seulement visé les jambes. Un soir je me rends compte qu’il va vraiment mal et qu’il ne passerait pas la nuit. J’appelle un ami prêtre qui réussit à lui donner l’onction des malades. Puis nous faisons sa toilette et le préparons pour la sépulture. Prendre soin de Paddy, qui après tant de souffrance est désormais dans la paix, c’est pour nous comme déposer Jésus de la croix. Nous le faisons avec le même respect sacré. Puis je fais la connaissance de Peter, un médecin de l’hôpital St Vincent avec lequel nous partageons nos expériences vécues auprès des personnes alcooliques. Il a l’intention d’ouvrir un centre non hospitalier pour leur réhabilitation et il me demande si je veux m’intéresser à la gestion de cette nouvelle structure. En accord avec mon épouse, je demande trois années de congé sans solde au service public où je travaille et j’engage une collaboration étroite avec le personnel de l’hôpital pour créer les conditions adéquates à l’ouverture de ce nouveau centre. Après de nombreuses démarches un vieux pub ouvre à Fitzroy. Le personnel est composé d’une infirmière ayant une grande expérience dans le domaine, de quelques professionnels appartenant à divers secteurs, mais surtout d’anciens alcooliques : des personnes merveilleuses, honnêtes avec elles-mêmes et avec les autres ; grâce à leur expérience elles sont d’une grande aide pour les patients, surtout lors de la première phase d’abstinence.
Travailler avec eux est une expérience vraiment intéressante.Presque tous ont arrêté de boire grâce aux « Alcooliques Anonymes » et maintenant ils savent comment se comporter avec ceux qui sont encore « dedans ». Ce sont des êtres humains particuliers, des personnes qui, en acceptant leur condition, ont réussi à en sortir en transformant leur souffrance en positif. A un certain moment on se rend compte que certains habitués, des personnes sans domicile fixe et indigentes, ne viennent au centre que pour sortir de leur ivresse et reprennent ensuite leurs vieilles habitudes. Ce comportement, pour les anciens alcooliques qui s’investissent tant pour aider les personnes à s’en sortir, est très difficile à accepter. Grâce à la relation fraternelle qui s’est établie entre nous, je peux partager avec eux un enseignement tout simple, mais révolutionnaire, de Chiara Lubich : « Nous voir chaque jour l’un l’autre avec des yeux nouveaux, comme des personnes nouvelles ». La majeure partie des collaborateurs, non sans difficultés, accepte d’adopter ce principe. Les effets ne tardent pas à venir : un patient habituel, qui bat le record de présences, considéré chaque fois par nous comme une personne nouvelle, décide de s’arrêter de boire au moment où nous nous y attendions le moins. Il se laisse aider et, au grand étonnement de tous, reste sobre sur une longue période, en aidant à son tour d’autres personnes. Vivre au contact des alcooliques me donne l’occasion de partager avec eux leur souffrance et le rôle qu’elle a dans la croissance des personnes. Et aussi de témoigner qu’il est important d’accepter et d’aimer chaque personne au-delà son apparence, en donnant à chacune toute la confiance dont elle a besoin ».