Mouvement des Focolari
Un pacte mondial

Un pacte mondial

Journal de l’Assemblée générale /2, 25 janvier 2021 Le deuxième jour de l’Assemblée Générale des Focolari a commencé par une prière œcuménique présentée par des participants de différentes Églises. Elle s’adresse à Jésus dans son abandon sur la croix, afin qu’il aide chacun à « grandir dans l’écoute des autres » ; qu’il nous enseigne à « accueillir ensemble l’Esprit Saint » et « le cri de l’humanité aujourd’hui » afin de « devenir des instruments d’unité.» Ensuite, on a procédé à des votes qui avaient été reportés depuis hier et qui étaient nécessaires pour adapter le règlement de l’Assemblée aux modalités télématiques. Avec un léger retard, la retraite spirituelle s’est donc ouverte pour tous les participants et se terminera le mercredi 27 janvier. C’est un moment fondamental de l’Assemblée, comme le stipulent les statuts du Mouvement, « afin que les électeurs (…) soient dociles à la grâce de l’Esprit Saint. » Le premier thème choisi place les participants devant ce que l’on pourrait définir comme la clé de la mystique de Chiara Lubich : un pacte solennel, que la fondatrice a conclu le 16 juillet 1949 dans les montagnes, les Dolomites, avec Igino Giordani, écrivain et homme politique, co-fondateur du Mouvement. « Dans ce pacte – souligne le Père Fabio Ciardi, Oblat de Marie Immaculée et théologien de la vie consacrée – Chiara Lubich et Igino Giordani avaient demandé à Jésus, qu’ils avaient reçu peu de temps auparavant dans l’Eucharistie, de créer lui-même l’unité entre eux, en utilisant leur volonté pleine et partagée d’accueillir l’autre, de mettre en valeur la pensée de l’autre et d’ouvrir ainsi un espace pour permettre à l’Esprit Saint de faire un chemin. »

Vicky et Vic

Il est également souligné que le pardon et la miséricorde sont à la base de ce pacte et les participants sont immédiatement invités à mettre ce principe en pratique. Ceux qui le souhaitent peuvent prendre contact avec l’un des participants avec lesquels ils souhaitent se réconcilier, avant de formuler ce pacte – tous ensemble et chacun dans sa propre langue – dans une prière mondiale qui dépasse toutes les frontières.

Somjit, un bouddhiste thaïlandais

Plusieurs témoignages et expériences ont montré comment cette mystique communautaire peut se traduire dans la vie : des Philippines, Vicky et Vic, mariés, ont raconté comment ils ont vécu et surmonté l’infection de Vic par la covid; Somjit, un bouddhiste thaïlandais, a partagé comment il essaie de vivre le don de soi selon les enseignements du Bouddha. Jordi d’Espagne, agnostique, a également raconté son implication dans la coordination, avec son épouse chrétienne, de plusieurs groupes de dialogue.

Rassim, un musulman d’Algérie

Enfin, Rassim, un musulman d’Algérie, a trouvé dans le Coran l’encouragement à se montrer tolérant envers les autres et à se déclarer prêt à un amour réciproque inconditionnel. À la fin de cette journée de retraite, les participants se sont répartis dans les 34 salles virtuelles pour des réunions de groupe dans lesquelles ils ont pu non seulement partager des pensées et des réflexions, mais aussi mettre en pratique ce qui a été présenté dans la session d’aujourd’hui : une profonde écoute mutuelle et un accueil sans réserve les uns des autres.

Bureau de communication des Focolari

 

Atmosphère solennelle et familiale

Atmosphère solennelle et familiale

Journal de l’Assemblée générale – 1 du 24 janvier 2021 C’est parti ! L’Assemblée générale du mouvement des Focolari a commencé à 12h30 (UTC +1). Longtemps attendue et préparée par une grande participation des membres et des adhérents des Focolari dans le monde entier, elle était prévue pour le début septembre 2020 mais elle a été reporté en raison de la pandémie et se déroule désormais par voie électronique. Le choix de cette date est significatif : il y a deux jours, le 22 janvier, date de naissance de Chiara Lubich, marquait la fin de l’année du centenaire de la fondatrice du Mouvement, tandis qu’aujourd’hui, le 24 janvier, nous nous souvenons du jour où Chiara, en 1944, a « découvert » la réalité de Jésus dans son abandon sur la croix, le Jésus qui allait devenir « l’époux de son âme » et qui allait la pousser à Le « chercher » dans toutes les souffrances et les douleurs de l’humanité, afin de reconstruire des relations et des ponts d’unité. L’Assemblée – selon ce qui est défini dans son règlement – est « le premier et le plus important organe directeur du Mouvement des Focolari ». Elle réunit 360 participants, dont 139 de droit, 181 élus et 40 invités par la Présidente. Bien que disséminés dans le monde entier, les participants font leur entrée dans la seule grande salle virtuelle, tous conscients de la solennité et de l’importance du moment, tous bâtisseurs de l’atmosphère active d’une famille mondiale et qui est bien tangible sur la plate-forme virtuelle. Maria Voce, présidente sortante du Mouvement à la fin de son second mandat, ouvre l’Assemblée par un appel solennel. Elle invite les participants à se mettre tous dans l’attitude de Jésus à la dernière Cène et à se laver les pieds les uns les autres, ce qui signifie être prêts « à s’écouter, à se comprendre, à dépasser les différences, pour devenir vraiment des frères, ce qui signifie vraiment égaux, vraiment avec la plus grande dignité, qui est celle que Jésus nous donne parce qu’Il nous fait enfants de Dieu et tous frères et sœurs ». Conformément au règlement, la session d’aujourd’hui a comporté plusieurs votes : tout d’abord l’élection des deux modérateurs qui coordonneront et dirigeront les travaux : Uschi Schmitt, médecin allemande, et Andrea Ponta, ingénieur italien. La commission électorale a ensuite été approuvée, composée de Danilo Virdis, Flavia Cerino, Waldery Hilgeman, Laura Bozzi et Sœur Tiziana Merletti, tous résidents en Italie et, pour des raisons juridiques, présents au siège officiel de l’Assemblée, le Centre international des Focolari à Rocca di Papa (Italie). Lors de votes ultérieurs, l’Assemblée a ensuite approuvé le programme de ces journées et un amendement aux Statuts généraux du Mouvement qui réduit le nombre minimum de conseillers à élire de 30 à 20. Dès demain, les participants commenceront la retraite spirituelle de trois jours.

Bureau de Communication des Focolari

 

Le centenaire se termine mais ne s’arrête pas

22 janvier 2020 – 22 janvier 2021. L’année du Centenaire de la naissance de Chiara Lubich s’achève aujourd’hui. 365 jours en pleine pandémie, qui ont été différents de ce qui était prévu mais qui ont ouvert de nouvelles pistes et perspectives. « Célébrer pour rencontrer », telle était le slogan choisi pour le Centenaire de la naissance de Chiara Lubich (1920-2020), fondatrice des Focolari. Lorsqu’il s’est ouvert le 22 janvier 2020, de nombreuses initiatives étaient prévues sur les cinq continents ; on n’imaginait que la pandémie serait un tournant pour le Centenaire, en marquant un avant et un après, mais sans empêcher, voire dans certains cas en les renforçant, les possibilités de « rencontrer » Chiara. Commençons par le début. Le 7 décembre 2019, le Centenaire s’ouvre avec l’inauguration de l’exposition « Chiara Lubich Ville Monde » aux Galeries de Trente (Italie), sa ville natale. Une exposition sous le haut patronage du Président de la République italienne, promue par la Fondazione Museo storico del Trentino en collaboration avec le Centre Chiara Lubich. Ce jour-là, la Province autonome de Trente a voulu remettre à Maria Voce, Présidente des Focolari, le « Sceau de Saint Venceslas ». Le lendemain, une section détachée de l’exposition était inaugurée à Tonadico, dans la municipalité de Primiero San Martino di Castrozza (Italie), consacrée notamment aux années 1949-1959. Dans les semaines qui ont suivi, l’exposition s’est multipliée dans différents pays du monde, répétant celle de Trente, mais enrichie de particularités locales. À Nairobi (Kenya), l’exposition a mis en lumière le développement des Focolari en Afrique ; à Jérusalem, une section était consacrée à la relation entre Chiara et cette ville et à son rêve qui devient maintenant réalité : un centre de spiritualité, d’étude, de dialogue et de formation pour l’unité. Chiara Lubich est née le 22 janvier, et en ce 22 janvier 2020, Rome célèbre le Centenaire par une soirée qui lui est dédiée, vingt ans exactement après que la capitale italienne lui a également conféré la citoyenneté d’honneur. « Chiara, à partir de ce 22 janvier 2000, – a déclaré l’ancien maire, Francesco Rutelli, – a pris l’engagement de se consacrer davantage et mieux à Rome, en incarnant partout l’amour réciproque. Quoi de plus beau que faire nôtres aujourd’hui ces paroles ». Quelques jours plus tard, le Président de la République, Sergio Mattarella, s’est exprimé au Centre Mariapolis « Chiara Lubich » à Cadine (TN) lors d’une manifestation du Centenaire à laquelle ont participé la Présidente du Mouvement, Maria Voce, le Coprésident Jesús Morán, les autorités locales et plus de 900 personnes. La transmission en streaming comptait plus de 20.000 vues. Dans son discours, Sergio Mattarella a identifié la fraternité, appliquée à l’action civile et politique, comme le trait distinctif de la spiritualité de Chiara Lubich. Trente a également été le cadre du Congrès international « Un Charisme au service de l’Église et de l’humanité » auquel ont participé 7 Cardinaux et 137 Évêques, amis du mouvement des Focolari de 50 pays, qui s’est ensuite poursuivi à la cité-pilote internationale des Focolari de Loppiano (Incisa Figline Valdarno – Italie). Dans son message, le Pape François s’était vivement réjoui de ce congrès, exprimant « la gratitude de Dieu pour le don du charisme de l’unité à travers le témoignage et l’enseignement (…) de Chiara Lubich ». Au même moment, au Centre Mariapolis de Castel Gandolfo (Italie), plus de 400 religieux, religieuses, consacré(e)s et laïcs catholiques – avec une représentation orthodoxe – de 100 familles religieuses et 33 pays ont été les protagonistes d’un autre événement lié au Centenaire : « Charismes en communion: la prophétie de Chiara Lubich », un atelier de dialogue entre les différents charismes pour favoriser la communion entre les familles religieuses à travers la spiritualité de l’unité. La pandémie a commencé alors à se propager dans le monde entier. Et aussi pour le Centenaire, des changements sont intervenus : certains événements ont été annulés, d’autres ont été déplacés sur le web. L’exposition de Trente a été enrichie d’un itinéraire virtuel ; celui prévu au Brésil, a été transformé en un itinéraire dédié à Chiara Lubich grâce à une équipe intergénérationnelle et qui peut être utilisé à travers les réseaux sociaux de @focolaresbrasil (Facebook, Instagram et Youtube). Des initiatives via le web permettent à de nombreuses personnes de visiter les expositions consacrées à Chiara Lubich, plus qu’elles n’auraient pu le faire en présentiel. D’autres événements, en revanche, ont eut lieu : comme l’émission de deux timbres-poste dédiés à Chiara Lubich en République tchèque ou le Concours pour les écoles italiennes sur le thème : « Une ville ne suffit pas » promu par le Centre Chiara Lubich/Humanité Nouvelle et par la Fondation du Musée historique du Trentin, en collaboration avec le Ministère de l’Éducation, de l’Université et Recherche, qui a vu la participation des écoles italiennes. La cérémonie de remise des prix aura lieu le 16 février 2021, via le web. Le confinement a obligé le Centre International des Focolari à Rocca di Papa (Italie) de fermer pour certaines périodes en 2020. Depuis quelques mois, les visites sont possibles dans le respect des normes sanitaires en vigueur. L’une des visites les plus importantes fut celle de Sa Sainteté le Patriarche de Constantinople Bartholomée Ier qui vint prier sur la tombe de Chiara Lubich. Des événements ont également présenté et promu, en présenciel ou via le web, différentes nouvelles publications liées au Centenaire: une nouvelle édition – la vingt-neuvième – du livre « Méditations » de Chiara Lubich ; deux textes de la série « Œuvres de Chiara Lubich » publiés par Città Nuova : « Conversazioni. In collegamento telefonico » sous la direction de Michel Vandeleene et « Discorsi in ambito civile ed ecclesiale » sous la direction de Vera Araújo ; la nouvelle biographie de Chiara Lubich, la voie de l’unité, entre histoire et prophétie, écrite par Maurizio Gentilini. L’édition anglaise de ce dernier texte a également été présentée au consulat italien de Mumbai, en Inde, lors d’un événement diffusé via le web consacré au centenaire de Chiara Lubich. La Consule italienne à Mumbai, Stefania Constanza, Vinu Aram, Directeur de l’Ashram Shanti à Coimbatore, et Maurizio Gentilini étaient présents. Une approche « mixte » a été choisie – en partie en présentiel à Trente et en partie on line – pour la rencontre d’étude « Chiara Lubich en dialogue avec le monde. Une approche linguistique, philologique et littéraire de ses écrits », organisée par le Centre Chiara Lubich et le Groupe d’étude et de recherche en linguistique, philologie et littérature de l’école Abbà (Centre d’études interdisciplinaires du mouvement des Focolari) avec des experts de différents pays. Certaines des interventions sont disponibles dans la section « Documents et Conférences » du site du Centre Chiara Lubich. Presque à la fin du centenaire, le 3 janvier 2021, Rai Uno, la première chaîne de la télévision italienne, a diffusé le téléfilm « Chiara Lubich. L’Amour vainc tout » réalisé par Giacomo Campiotti.  Chiara Lubich était interprétée par Cristiana Capotondi. Il était réalisé par Rai Fiction et Eliseo Multimedia. Il a été vu par 5.641.000 téléspectateurs. Beaucoup d’autres ont ensuite pu le voir dans les différents continents grâce à RaiPlay et Rai Italia. Et aujourd’hui, 22 janvier 2021, le Centenaire s’achève. Mais – peut-on se demander – est-il vraiment terminé ? La Présidente du mouvement des Focolari, Maria Voce, s’est récemment exprimée à ce sujet, expliquant que « la rencontre vivante avec Chiara ne peut pas se limiter à 100 ans, ni même à une année de centenaire ». Elle n’est pas finie, elle continuera tant qu’il y aura un membre de la famille de Chiara sur terre qui continuera à faire des rencontres pour témoigner que Chiara est vivante, que le charisme de Chiara a encore quelque chose à dire au monde ».

Anna Lisa Innocenti

L’Assemblée générale des Focolari commence !

L’Assemblée générale du Mouvement des Focolari se déroulera en ligne du 24 janvier au 7 février. On procédera au renouvellement des responsabilités suivantes : de la Présidente, du Coprésident et d’organes directeurs, et les lignes directrices d’orientation et d’action pour les six prochaines années seront définies. Précédée d’un processus de formation et d’information auquel ont participé les communautés des Focolari du monde entier, la troisième assemblée générale des Focolari après le décès de sa fondatrice Chiara Lubich débutera dimanche prochain, le 24 janvier 2021. L’Assemblée, qui devait avoir lieu début septembre 2020, a été reportée en raison de la pandémie. Le Dicastère pour les laïcs, la Famille et la Vie a permis de la reporter et de tenir l’ensemble de l’assemblée par voie électronique. Voyage participatif 362 personnes du monde entier y participeront, représentant les différentes cultures, générations, vocations, appartenances ecclésiales et confessions religieuses présentes dans le Mouvement des Focolari. Afin d’encourager la participation la plus large possible, l’actuelle Présidente Maria Voce a mis en place en février 2019 une commission préparatoire dont les tâches étaient de rassembler des propositions de sujets à débattre lors de l’assemblée, d’identifier les noms des candidats aux élections et de préparer le programme. Élections de la Présidente, du Coprésident et des conseillers L’élection de la Présidente aura lieu le 31 janvier,[1] en utilisant un système de vote en ligne. Le 1er février, le coprésident sera élu, et le 4 février, ce sera au tour des conseillers qui assisteront la Présidente dans les différentes fonctions de gouvernement du Mouvement. Elle répartira ensuite elle-même les tâches. Une autre tâche de l’Assemblée générale est la délibération sur des sujets proposés par le Centre du Mouvement, présentés à l’initiative de la  Présidente, du Conseil général, ou d’une section, d’une branche ou d’un mouvement. Tout participant à l’Assemblée peut faire la proposition que d’autres sujets soient examinés. Qu’est-ce qui sera discuté ? Les plus de 3.000 propositions arrivées du monde entier concernant les thèmes à traiter dans l’Assemblée et les lignes que le Mouvement devrait suivre dans les six prochaines années, représentent bien la vivacité du peuple des Focolari, mais aussi la conscience du « changement d’époque » en cours, comme l’a dit le pape François en 2018, en rencontrant la communauté des Focolari à Loppiano. Les nombreuses instances ont été classées en quatre volets thématiques : l’actualisation du charisme transmis par la fondatrice ; la culture qui découle du charisme de l’unité ; la réponse à la crise environnementale et à la pandémie ; le travail à réaliser ensemble avec les nouvelles générations. Comme le Coprésident actuel des Focolari, Jesús Morán, l’a récemment déclaré dans une interview, un espace de dialogue et de débat sera également réservé au thème des abus, aussi bien dans le rapport sur le sexennat de la Présidente qui ouvrira l’assemblée, que dans une intervention ad hoc du Coprésident. Malgré la diversité des voix, il apparaît un besoin général d’identifier des voies nouvelles et actualisées de fraternité, capables de répondre aux défis et aux questions de l’humanité actuelle, tant au niveau mondial que local. Des nouvelles et des mises à jour sur les travaux de l’Assemblée seront disponibles quotidiennement sur la page Web des Focolari et dans les communiqués de presse ultérieurs. Stefania Tanesini – +39 3385658244   [1] Comme indiqué dans les Statuts, la Présidente du Mouvement sera toujours une femme. Il s’agit ainsi de souligner son profil marial et sa connotation essentiellement laïque et donc « de préserver le dessein que Dieu avait pour elle en confiant son commencement et son développement à une femme ». Comme on peut le lire dans les Statuts, « sa présidence sera avant tout une présidence de charité, car elle devra être la première à aimer, c’est-à-dire à servir ses frères et sœurs, en se souvenant des paroles de Jésus : « … celui qui voudra être le premier parmi vous sera le serviteur de tous ». (Mc 10:44).    

Focolare et abus : un tournant

Entretien avec Jesús Morán Cepedano, co-président du mouvement des Focolari depuis 2014, responsable, selon les statuts de l’Œuvre de Marie, des questions morales et disciplinaires (par Lorenzo Prezzi et Marcello Neri). En tant que coprésident du mouvement des Focolari, vous avez rencontré les victimes d’abus à Nantes, en France, le 18 septembre 2020. Pouvez-vous nous dire ce qui s’est passé et vos réactions ? Nous avons été convoqués par trois victimes de Jean-Michel Merlin, un focolarino français qui avait commis des abus, après plusieurs contacts que nous avons eus avec eux ces dernières années pour faire le point sur la situation et conclure l’évènement, comme il est possible et de façon correcte pour eux. Ce fut une expérience très forte pour nous tous du mouvement qui étions là, et pour moi en particulier, car ce fut une rencontre avec une douleur vive, une douleur pure de ceux qui ont été abusés. Ce n’était pas la première fois que j’entrais en contact avec des victimes d’abus, mais je n’avais jamais eu auparavant une expérience aussi intense de relation avec la douleur. De plus, ce fut pour nous une occasion très douloureuse de constater l’étendue de nos lacunes – surtout en ce qui concerne le cas Merlin, en ce qui concerne l’accompagnement des victimes, la prise en charge des situations, la désorientation que nous avons eue en tant que mouvement – et aussi, à cet égard, le retard dans la prise de mesures adaptées à la situation et aux faits. Cette expérience, à mon avis, a représenté un tournant : à partir de cette relation personnelle avec les victimes, la vision de ce drame a beaucoup changé. Le travail que nous avions déjà entrepris pour prendre des mesures adéquates face aux cas d’abus dans le mouvement après la réunion de Nantes s’est encore plus accentué. La présidente, Maria Voce, a pris la parole et a exprimé la volonté d’apporter une clarté totale. En quelles occasions ? Selon les statuts de l’Œuvre de Marie, le co-président est celui qui doit s’occuper des questions morales et disciplinaires afin que les formes de vie du mouvement soient en accord avec la doctrine de l’Eglise. C’est sa tâche spécifique, mais elle est toujours accomplie dans l’unité et en plein accord avec la présidente. En ce sens, Maria Voce a toujours soutenu mon travail depuis des années. Il y a donc eu deux occasions particulières où nous nous sommes exprimés ensemble. Une première fois le 26 mars 2019, par une lettre adressée à tous les membres du mouvement dans laquelle nous reconnaissions publiquement nos manquements et le fait que des abus se sont produits au sein de l’Œuvre de Marie : nous affirmions notre engagement contraignant, en particulier avec les victimes, à réparer tout ce qui doit l’être. Une deuxième fois, plus récemment, nous nous sommes exprimés ensemble dans le cadre d’une liaison mondiale au cours de laquelle nous avons publiquement demandé pardon à tous ceux qui avaient été victimes d’abus au sein du mouvement des Focolari – qu’il s’agisse d’abus sexuels, de mineurs ou d’abus d’autorité ou de pouvoir. Quel a été l’impact sur les membres des Focolari et du mouvement face à la révélation de cas d’abus? Pour beaucoup d’entre eux, la première réaction a été l’incrédulité et la perplexité : l’impact a été très fort car pour beaucoup, il était impensable que des événements aussi douloureux puissent se produire dans un mouvement si fortement marqué par l’amour réciproque où les relations sont d’une importance spirituelle centrale. Des piliers du mouvement vont dans une direction si contraire à toute forme d’abus, comme voir Jésus dans l’autre, la vie de l’unité, qu’ils nous poussent à considérer les abus comme impensables au sein de nos réalités. Entrer dans ce que Catherine de Sienne appelait la « maison de la connaissance de soi » a été un processus douloureux pour les membres du mouvement : c’est-à-dire découvrir notre insuffisance, même en ce qui concerne la mise en pratique de la vie d’unité, du charisme. Il s’agit d’un processus fondamental de découverte de sa propre insuffisance et il s’agit de repartir avec une confiance, non plus naïve, envers Dieu et les autres. C’est l’expérience fondamentale de nombreuses personnes dans le mouvement – ils nous l’ont écrite, dite et communiquée. Les démissions des responsables français du mouvement et le cas retentissant de Jean-Michel Merlin sont-ils le symptôme d’une certaine fragilité dans le processus de formation interne ? Évidemment oui ! je l’ai aussi dit dans une communication récente aux membres du mouvement : ces situations d’abus ont mis en évidence des fragilités dans les itinéraires de formation et il faut donc s’occuper de la formation dans toutes ses phases avec une plus grande attention aux personnes. D’une manière particulière, nous devons faire un sérieux et véritable discernement vocationnel – et je ne parle pas seulement des personnes consacrées mais aussi de la vocation de toute personne qui veut assumer d’importantes responsabilités dans le mouvement. Un autre point est celui de mieux prendre soin et d’accompagner les personnes auxquelles nous confions des rôles de responsabilité, en veillant à ce qu’elles aient une formation intégrale, qu’elles aient des compétences relationnelles adéquates, d’écoute et d’accueil, de respect de la personne. Dans ce contexte, il s’agit ensuite de mettre en place des moyens de vérification du processus de formation. J’ai l’impression que pendant des années nous avons fait totalement confiance à la force de la spiritualité et du charisme mais cela nous a parfois amenés à négliger d’une certaine manière certains aspects humains dont nous sommes maintenant conscients et qui doivent être davantage pris en compte. Et cela, en regardant à la fois les progrès des sciences humaines et les avancées dans ce domaine qui se font au sein de l’Eglise. Lorsqu’on ouvre la digue des témoignages, ceux-ci se multiplient. Avez-vous l’impression que cela pourra se produire aussi dans le mouvement, c’est-à-dire qu’après le cas Merlin, d’autres dénonciations d’abus pourraient émerger ? Oui, nous le vérifions déjà et nous nous y préparons, car d’autres dénonciations arrivent et nous devons ici faire un véritable discernement par des vérifications en bonne et due forme. Dans certains cas, il s’agit plutôt de tensions et de conflits relationnels qui ne peuvent être configurés comme de véritables abus ; dans d’autres cas, il s’agit plutôt de véritables abus dont nous n’avions pas connaissance et qui doivent être traités comme tels avec la rigueur et l’attention nécessaires. C’est un processus de « purification de la mémoire » que nous voulons vivre avec humilité et espérance. Quels outils avez-vous mis en place pour répondre à ces dénonciations d’abus au sein du mouvement ? Nous avons deux commissions qui prennent en charge de telles situations : une Commission pour le bien-être et la protection des mineurs et des personnes vulnérables, qui fonctionne depuis quelques années avec un règlement interne, qui a été révisé récemment, et une Commission indépendante des structures dirigeantes du mouvement pour la protection de la personne, c’est-à-dire pour les adultes qui peuvent souffrir d’abus d’autorité, de pouvoir et aussi sexuels. Ce deuxième instrument est plus récent, avec moins d’expérience que la première Commission. Après environ quatre ans d’activité, il élabore ces jours-ci un nouveau statut alimenté par les expériences faites jusqu’à présent et qui sera rendu public une fois qu’il aura rejoint sa version définitive. Ces deux instruments agissent au niveau central ; ensuite, en ce qui concerne la protection des mineurs, il existe également des commissions régionales. Il se pourrait que nous allions également dans cette direction pour la protection de la personne en liaison avec les organes centraux.  Nous réalisons tout ce travail en dialogue avec le Dicastère des laïcs, parce que nous ressentons le besoin de toujours améliorer les procédures afin que l’on sache très clairement comment on peut s’adresser à ces organismes, comment vérifier les différents cas, quand il y a véritablement des abus. Nous devrions également mettre en place des organes de contrôle à tous les niveaux. La commission pour la protection des mineurs en a déjà un. Dans ces organes de contrôle, il y aura des personnes extérieures au mouvement pour assurer une plus grande transparence. Pouvez-vous dire quelque chose sur le mandat donné à la société britannique GCPS pour enquêter sur tous les abus possibles au sein du mouvement ? C’est un engagement pris avec les victimes que nous avons rencontrées à Nantes, où elles ont demandé une commission indépendante au sens total, c’est-à-dire non seulement indépendante du gouvernement de l’Œuvre composée de membres qui n’exercent aucun rôle de gouvernement, mais aussi de l’Œuvre en tant que telle, c’est-à-dire composée de personnes qui sont en dehors du mouvement. Après une recherche qui a duré quelques mois, nous avons identifié cette société britannique qui, pour le moment, ne s’occupera que du cas Merlin car il s’agit d’un cas grave et exemplaire. Nous verrons comment les choses évoluent ; nous venons de donner le mandat à la firme britannique et nous commençons à travailler avec elle. Le processus d’enquête prendra probablement un an : tant sur les faits, car nous devons encore connaître le nombre réel de cas, et pour ce qui concerne les décisions à prendre et les responsabilités à assumer. Quel est le rôle des victimes dans cette analyse interne ? Le rôle des victimes est fondamental : par exemple, elles participeront à l’enquête que nous avons confiée à GCPS Consulting, notamment à l’élaboration du programme opérationnel. Le contact avec les victimes est permanent, au cours de ces mois ; je leur ai communiqué toutes les mesures que nous avons prises en tant que mouvement. Les victimes participent donc à l’ensemble du processus et nous sommes toujours en contact dans chaque cas et dans chaque situation, dans la mesure du possible. La prochaine Assemblée Générale du mouvement, qui s’ouvrira fin janvier, comprendra-t-elle une sorte de briefing sur ces faits ? Oui, le sujet des abus est inclus dans le rapport sexennal de la présidente qui ouvrira l’Assemblée ; il y aura également une intervention ad hoc du coprésident. En ce sens, le sujet sera non seulement présenté mais aussi approfondi et discuté pendant l’Assemblée. Vous avez souligné la grande confiance dans le charisme fondateur de Chiara Lubich, confiance qui, par exemple, dans la récente transmission télévisée sur Chiara, est également témoignée à un très large public. Ce patrimoine est renouvelé, mis à l’épreuve par ces événements et de quelle manière peut-il être reproposé ? L’émission sur Chiara, même si c’était une fiction avec les limites et les mérites du genre, a été un grand cadeau pour nous tous, surtout pour les jeunes membres du mouvement qui n’ont pas connu une jeune Chiara Lubich. Je pense que la fiction a bien réussi à mettre en évidence le vrai fruit du charisme de l’unité, c’est-à-dire un peuple né de l’Évangile qui vit pour la fraternité universelle, avec un accent sur la communion et l’ouverture à l’humanité, avec une attention aux douleurs du monde. Je crois que ce sont des thèmes d’une grande actualité. Nous nous trouvons donc devant une fiction qui peut être un grand stimulant pour avancer dans l’incarnation du charisme dans l’Église et dans la société. Source : http://www.settimananews.it/ http://www.settimananews.it/ministeri-carismi/focolari-abusi-uno-spartiacque/  

Semaine pour l’Unité des Chrétiens 2021

Semaine pour l’Unité des Chrétiens 2021

« Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance » (Jn 15, 5-9) est le passage de l’Evangile choisi pour cette année. L’accent est mis sur “demeurez” car la recherche de l’unité est un engagement à plein temps ». « Il ne suffit pas de se réunir pour des activités d’évangélisation ou caritatives. L’amour est ce qui sous-tend tout ce que nous faisons ensemble. Nous pouvons réaliser de merveilleux projets, nous pouvons rassembler des chrétiens de différents groupes, mais si nous n’avons pas d’amour, rien n’a de valeur ». Ce sont les mots du Quezon City Ecumenical Fellowship (QCEF), l’association œcuménique de Quezon City, une ville située dans l’arrière-pays de Manille (Philippines), dont font partie plusieurs membres de la communauté locale des Focolari. Le matériel  préparé cette année par la communauté monastique de Grandchamp, contenant les textes de réflexion pour la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens 2021 (18-25 janvier), affirme qu’en « demeurant en Christ, le fruit de la solidarité et du témoignage grandit » et les membres du QCEF en font l’expérience depuis des années. Nous aimerions donner la parole à certains de leurs témoignages, en soulignant la variété et l’imagination, afin qu’ils puissent être une source d’inspiration pour de nombreuses personnes à travailler chaque jour pour l’unité entre les Églises. Réciprocité « Lorsque nous avons lancé le QCEF il y a des années », explique le pasteur Kenneth Aguilera, surintendant régional de l’Église Méthodiste de l’UNIDA, « nous ne pensions pas vraiment créer une communauté de fraternité ou une association œcuménique. C’était une simple réunion d’amis de différentes Églises autour d’une tasse de café. Mais cette réunion informelle a été un tel plaisir que nous avons commencé à la faire régulièrement ; c’est ainsi que le QCEF est né. Nous avons partagé les joies et les peines au point de commencer à prendre soin et à aimer l’Église de l’autre. Nous avons inventé des occasions et des événements pour être ensemble régulièrement, à tel point que lorsque la Semaine de prière pour l’Unité des Chrétiens est arrivée, elle a été la plus grande occasion pour nous tous de marcher, de travailler et de prier ensemble. C’est ainsi que j’ai réalisé que le véritable œcuménisme est une sorte de compétition entre nous, les chrétiens, pour faire grandir notre amour les uns pour les autres. C’est comme travailler avec ma famille et il me semble qu’il y a une grande présence de Jésus parmi nous ». Solidarité « La pandémie ne nous a pas empêchés de nous voir régulièrement », écrivent Jane et Bert, « nous continuons à nous rencontrer en ligne pour réfléchir à la Parole de Vie et pour partager nos expériences. Nous collaborons ensemble à des projets de parrainages communs. Pour aider de nombreuses personnes qui traversent des moments difficiles, nous avons réuni des experts et organisé des webinaires et des vidéoconférences sur différents problèmes auxquels nous sommes confrontés en ce moment, tels que la gestion des défis psychologiques en temps de crise, notamment l’anxiété et la dépression, la prévention de la violence domestique, les abus de mineurs et la connaissance de l’œcuménisme comme chemin vers l’unité des chrétiens. Nous avons également organisé des collectes de nourriture pour les victimes des récents typhons et inondations et, grâce à une communion de biens entre nous, nous avons pu apporter une première aide financière et des produits de première nécessité aux personnes déplacées. Nous avons également collecté des fonds pour un diocèse gravement touché par un typhon ». Proximité La famille d’Hedy Ng vit à côté d’une église méthodiste : « Notre relation de voisinage a commencé lorsque leur église était encore en construction. Nous leur avons immédiatement proposé de se raccorder à notre puits d’eau et nous avons construit un mur de séparation entre nos propriétés pour leur garantir une certaine intimité. Chaque fois que le pasteur change, nous faisons tout notre possible pour nous lier d’amitié avec eux, en les considérant comme de véritables frères et sœurs ; nos enfants jouent ensemble. Dernièrement, le pasteur Dione Padel a assisté à nos réunions avec le QCEF et il a été très heureux de faire partie de la fraternité vécue entre nous. Il a récemment perdu sa femme et, nous tous du QCEF, avons fait notre possible pour lui être proches et lui apporter un soutien financier et moral. L’unité que nous avons construite se renforce toujours plus ».

Stefania Tanesini