Mouvement des Focolari
Jubile : jeunes, familles et sanintete

Jubile : jeunes, familles et sanintete

Du 30 mai au 1er juin, selon le calendrier des grands événements du Jubilé de l’Espérance 2025, il y aura le Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées ; et du 28 juillet au 3 août, le Jubilé des jeunes. Il s’agit de deux grands événements qui rassembleront à Rome des milliers de personnes venues du monde entier.

Le mouvement des Focolari propose à cette occasion des itinéraires pour approfondir la spiritualité de l’unité et la vie de certains témoins de l’espérance. En particulier, un itinéraire par étapes à travers l’Italie, intitulé « Jeunesse et sainteté », a été créé pour les jeunes. Pour plus de détails, nous avons interviewé Paola Torelli et Lais Alexandre Pessoa des Centres de Jeunes du Mouvement.

Commençons par le Jubilé des jeunes : comment est née l’idée du projet « Jeunesse et sainteté » ?

Le Jubilé des jeunes est une occasion unique d’entreprendre un voyage, à la fois physiquement à Rome et dans d’autres lieux jubilaires à travers le monde. Ce parcours n’est pas seulement un voyage à travers des lieux, mais surtout une expérience de rencontre avec Dieu et avec tant de témoins de l’espérance, dont la vie peut nous aider à grandir dans la foi et dans l’espérance. D’où l’idée de Jeunesse et Sainteté, pour tous les jeunes qui participeront au Jubilé des jeunes à la fin du mois de juillet, en proposant un parcours accompagné par des témoins de l’espérance.

Quelles sont les propositions du mouvement des Focolari ?

Quelques étapes en Italie sont proposées

  • Sassello (Gênes) pour rencontrer le témoignage de la bienheureuse Chiara Luce Badano. (fondazione@chiarabadano.org) (fondazione@chiarabadano.org)
  • Gênes pour mieux connaître les deux amis Alberto Michelotti et Carlo Grisolia, aujourd’hui Serviteurs de Dieu (info@albertoecarlo.it)
  • Loppiano (Florence), dans la cité-pilote internationale des Focolari, pour rencontrer les témoins de l’espérance d’aujourd’hui.(accoglienza@loppiano.it)
  • Assise pour découvrir le témoignage de vie de Saint Carlo Acutis, qui sera canonisé le 27 avril 2025 dans le cadre du Jubilé des adolescents. (Programme d’accueil des jeunes)
  • Rome pour un voyage en étapes autour des quatre mots clés du Jubilé : Pèlerinage et Profession de Foi, Porte Sainte, Espérance, Réconciliation. Le parcours se fera le long de l’itinéraire des Sept Églises, accompagné d’un itinéraire spirituel.
  • Le 4 août, visite au Centre international des Focolari (Rocca di Papa). Il sera possible de participer à une visite guidée pour une rencontre plus approfondie du charisme de l’unité et de l’histoire de la vie de la fondatrice Chiara Lubich, dont le corps est inhumé dans ce centre. (accoglienza@focolare.org)

Est-il possible de choisir une seule étape ou s’agit-il d’un chemin unique qui comprend toutes les étapes mentionnées ?

Les étapes proposées sont indépendantes, chaque groupe ou personne peut choisir celles auxquelles il souhaite participer ou, si possible, faire le parcours complet. Pour chaque étape, des contacts de référence sont disponibles pour le programme et les visites.

Y a-t-il d’autres propositions pour les jeunes ?

À Rome, tous les mois, au Point de rencontre des Focolari, a lieu un rendez-vous intitulé Appelés à une seule espérance – Jeunes en chemin. Avec différents mouvements et associations qui ont accepté l’invitation, nous offrons la possibilité de nourrir et de renforcer l’espérance par l’échange de témoignages, la réflexion, le silence, la prière. C’est une expérience de connaissance mutuelle. Préparer ces rendez-vous avec les autres Mouvements et Associations nous fait grandir et être de plus en plus Église.

Passons maintenant au Jubilé des familles, des enfants, des grands-parents et des personnes âgées, qui aura lieu à la fin du mois de mai : que proposent les Focolari ?

Deux événements sont prévus le vendredi 30 mai. Il s’agit de parcours interactifs pour découvrir le Jubilé de l’Espérance en famille avec des enfants et des jeunes jusqu’à 12 ans, avec des réflexions et des jeux adaptés à cette tranche d’âge. Le premier aura lieu au Centre international des Focolari, où l’on pourra également visiter plusieurs lieux significatifs, dont la maison où Chiara Lubich a vécu et la chapelle où elle est inhumée avec les cofondateurs du mouvement. Le second événement se déroulera à Rome, dans différentes églises et lieux significatifs, à partir du point de rencontre des Focolari.

Pour plus d’informations, cliquez ici ou écrivez à sgmu@focolare.org.

Lorenzo Russo

Photo: Città di Sassello (Italia) ©Davide Papalini

Igino Giordani et l’actualité de son message de paix

Igino Giordani et l’actualité de son message de paix

Guerres, massacres, fortes polarisations, où même le pacifisme peut devenir source de division : telle est l’actualité dans laquelle nous sommes plongés.

La figure d’Igino Giordani (1894-1980), homme de paix parce qu’il était juste et cohérent, nous donne aujourd’hui quelques idées pour lever les yeux et continuer d’espérer, en tentant un dialogue là où cela semble impossible, pour briser les idéologies cristallisées et les absolutismes, pour construire une société inclusive, pour refonder la paix sur l’unité.

Parmi les témoins les plus vivants de la culture de la paix du XXe siècle, son pacifisme puise directement dans l’Évangile : tuer un autre homme signifie assassiner l’être fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Giordani aspire donc à la paix, il se dépense de toutes les manières, il dialogue avec quiconque pour la paix, il ne recule même pas lorsqu’il s’agit de soutenir la ratification du Pacte Atlantique et d’assurer la sécurité et la défense de l’Europe et de l’Italie… On peut dire que son pacifisme est à 360°, sans exclusion.

Passons en revue quelques-uns de ses écrits.

« … le premier conflit mondial éclata. […] Et des meetings bellicistes explosèrent sur la place où j’allais pour protester contre la guerre ; à tel point qu’une fois, une personne que j’estimais, en entendant mes cris, m’avertit : – Mais vous voulez vous faire tuer !…

[…] En mai 1915, j’ai été appelé sous les drapeaux. […]

La tranchée ! C’est là que, depuis l’école, je suis entré dans la vie, dans les bras de la mort, avec des salves de canon. Fango, freddo, sporcizia, attutirono la scoperta amara: che i soldati erano tutti contrari all’omicidio detto guerra, per il fatto che l’omicidio era uccisione dell’uomo: tutti la detestavano… […] Stavamo a Oslavia, presso dei ruderi chiamati Pri-Fabrisu: il ricordo dell’agonia (da agone) sofferta in quei luoghi lo raccolsi, più tardi, durante la triennale degenza d’ospedale, in un poemetto intitolato I volti dei morti. Rammento l’ultimo verso che diceva: “Questa maledi­zione della guerra”
[2]».

Giordani a été grièvement blessé et, de retour du front, il a passé trois ans à l’hôpital militaire de Milan, avec des lésions irréversibles à une jambe. Son pacifisme était donc fondé sur la vie vécue. Engagé ensuite dans la vie politique, il a toujours cherché le dialogue avec tous, même avec ceux qui avaient des opinions opposées aux siennes, convaincu que l’homme doit toujours être accueilli et compris. Il ne s’est jamais enfermé dans des positions absolues. Voici comment il décrit son intervention au Parlement en faveur du Pacte atlantique :

« À la Chambre, je me souviens d’un discours que j’ai prononcé le 16 mars 1949, […] sur le Pacte atlantique, qui depuis trop longtemps n’était présenté que sous l’aspect de l’anticommunisme, c’est-à-dire de la préparation d’une guerre contre les Russes. […] J’ai dit que chaque guerre est un échec des chrétiens. “Si le monde était chrétien, il ne devrait pas y avoir de guerres… […] La guerre – ai-je ajouté – est un meurtre, un déicide (meurtre de Dieu en effigie : c’est-à-dire dans l’homme qui est son image) et un suicide” [3]».

Le discours de Giordani a été applaudi par la droite et par la gauche : patient tisserand de relations, il a mis en évidence la valeur positive d’un choix de la part de l’Italie qui pouvait être interprété en faveur de la guerre. Giordani était convaincu que pour la paix, il fallait essayer toutes les voies, au-delà des alignements stratégiques, et il espérait que la politique chrétienne serait capable de se démêler des polarisations en cours pour s’élever en force de paix.

Il écrit en 1953 :

« La guerre est un meurtre à grande échelle, revêtu d’une sorte de culte sacré […]. La guerre est à l’humanité, comme la maladie l’est à la santé, comme le péché l’est à l’âme : elle est destruction et massacre, investissant âme et corps, les individus et la collectivité.

[…] La fin peut être la justice, la liberté, l’honneur, le pain : mais les moyens produisent une telle destruction de pain, d’honneur, de liberté et de justice, ainsi que de vies humaines, y compris celles des femmes, des enfants, des personnes âgées, des innocents de toutes sortes, qui annulent tragiquement le but qu’ils se sont fixé.

En substance, la guerre ne sert à rien, si ce n’est à détruire des vies et des richesses
[4] ».

Giordani nous rappelle donc que la paix est le résultat d’un projet : un projet de fraternité entre les peuples, de solidarité avec les plus faibles, de respect mutuel. C’est ainsi que l’on construit une monde plus juste, aujourd’hui encore.

Elena Merli
(Centro Igino Giordani)

Photo © Archivio CSC Audiovisivi


[1] Igino Giordani, L’inutilità della guerra, Città Nuova, Roma, 2003, (terza edizione), p. 57
[2] Igino Giordani, Memorie di un cristiano ingenuo, Città Nuova, Roma 1994, pp.47-51
[3] Idem, p.111
[4] Igino Giordani, L’inutilità della guerra, Città Nuova, Roma, 2003, (terza edizione), p. 3

Don Enrico Pepe : une vie consacrée à l’unité et à l’Église

Don Enrico Pepe : une vie consacrée à l’unité et à l’Église

« Je pense que don Pepe, après don Silvano Cola, a été le prêtre focolarino le plus charismatique que j’aie connu », a déclaré un prêtre italien à l’annonce de la mort de don Enrico Pepe, survenue le 2 mars 2025 au focolare sacerdotal de Grottaferrata (Rome). « C’était une personne au regard pur. Il voyait les gens dans la vérité et aussi dans la miséricorde », a déclaré un autre prêtre des États-Unis. Et le cardinal João Braz De Aviz, préfet émérite du Dicastère pour la vie consacrée, dans l’homélie des funérailles qu’il a présidées : « Je remercie le Seigneur pour la sollicitude dont il a fait preuve envers nous, prêtres, en aidant tant de personnes à ne pas perdre le don de la vie chrétienne et du sacerdoce ministériel, car nous sommes renforcés par la recherche constante de l’unité entre nous, avec l’Église et avec l’Œuvre de Marie ».

Mais qui était le père Enrico Pepe ? Il en a beaucoup parlé lui-même dans le livre Un’avventura nell’unità (CNx 2018).

Enrico est né le 15 novembre 1932 à Cortino (Teramo, Italie), premier d’une fratrie de neuf enfants. Malgré les ombres de la guerre, il a vécu une enfance heureuse. Il reviendra plus tard volontiers dans ces lieux, notamment pour retrouver la chaleur de ses proches, la « tribu Pepe », avec 76 petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Au collège, Enrico ressent la vocation au sacerdoce et entre au séminaire. Il vit un moment de doute lorsqu’une jeune fille lui manifeste son affection, mais c’est précisément à ce moment-là qu’il renouvelle son choix avec plus de conscience.

Il est ordonné prêtre en 1956 et en 1958, l’évêque l’envoie à Cerchiara, un village sous le Gran Sasso, divisé en deux factions politiques qui touchent également la paroisse. Don Enrico, avec sa « ruse » évangélique, parvient à se frayer un chemin et la situation se pacifie.

En 1963, il découvre le Mouvement des Focolari. Avec Don Annibale Ferrari, il se rend tous les quinze jours de Teramo à Rome, chez Don Silvano Cola, dans le premier focolare sacerdotal. Un an plus tard, on lui propose de s’installer à Palmares, dans le nord-est du Brésil, d’où l’évêque Dom Acacio Rodrigues s’est adressé aux Focolari, en raison de la grave pénurie de prêtres. En 1965, Don Pepe devient curé à Ribeirão, dans une région de monoculture de canne à sucre avec des problèmes sociaux et moraux brûlants. Il y répond par une pastorale éclairée par le Concile Vatican II et par son bon sens. Au fil des ans, un focolare sacerdotal verra le jour, auquel Dom Acacio participe souvent.

Après quelques mois dans son pays natal, il repart pour le Brésil en 1969, cette fois pour se consacrer entièrement au Mouvement et promouvoir l’esprit d’unité entre les prêtres. En 1972, il s’installe à cet effet à la Mariapoli Araceli, la cité-pilote des Focolari près de São Paulo. « L’Église au Brésil – écrira don Pepe des années plus tard au Pape François – traversait alors une crise terrible, surtout dans le clergé. Avec les focolarini et les focolarines, j’ai commencé à offrir la spiritualité de l’unité aux prêtres et aux séminaristes diocésains et aux religieux. Un vie nouvelle et joyeuse s’est ainsi éveillée dans de nombreux diocèses et congrégations religieuses ». Avec un résultat inattendu : « Au début des années 80, le Saint-Siège a commencé à nommer évêques certains prêtres qui vivaient cette spiritualité ».

En 1984, don Pepe est appelé au Centre sacerdotal des Focolari à Grottaferrata (Rome), pour s’occuper, avec don Silvano Cola, des milliers de prêtres qui vivent la spiritualité de l’unité et de la vie qui fleurit dans les paroisses du monde entier. Pendant son temps libre, il rassemble la vie des martyrs et des saints. Il en résulte un livre publié par les éditions Città Nuova, qui est tellement apprécié qu’on lui demande de le développer en trois volumes.

En 2001, l’affaire de l’archevêque zambien Milingo éclate. Lorsque celui-ci se repent, le Saint-Siège cherche à qui le confier pour qu’il se reprenne et s’adresse au Mouvement des Focolari. Cette tâche est confiée à don Pepe. Des années plus tard, le cardinal Bertone, alors secrétaire du Dicastère pour la doctrine de la foi, écrira à don Pepe : « Nous nous sommes connus à un moment particulier de la vie de l’Église à Rome, sans jamais nous être rencontrés, mais nous avons ressenti une convergence d’idéaux, de mission et de transmission de l’amour miséricordieux de Dieu, qui ont scellé nos relations ».

Au cours des dernières années, de grands défis se sont posés en matière de santé. « Au Brésil, commente don Pepe, j’ai foulé de nombreux aéroports et maintenant je me retrouve souvent sur la piste de décollage, prêt pour le dernier vol, le plus beau, car il nous emmène en haut. »

Hubertus Blaumeiser

Arturo, invisible

Arturo, invisible

C’était un bel après-midi, un temps idéal. Le bord de mer de Lima était plein de monde : des familles entières profitant de la plage, des parents et des enfants arrivant avec leurs planches de surf et leur matériel, des écoles de surf avec leurs professeurs, des touristes et des vendeurs de boissons et de glaces à proposer à cette nuée d’acheteurs potentiels.

Nous accompagnions un ami du nord du Pérou venu nous rendre visite. Avec Marcelo, nous l’emmenions dans les endroits les plus agréables et les plus attrayants. À l’horizon, nous pouvions voir des surfeurs chevauchant habilement les hautes vagues de l’océan Pacifique, qui en réalité est très peu pacifique et même, n’a rien de pacifique. Un vrai spectacle ! Le soleil se préparait pour la dernière scène de la journée avec un cadre unique, peignant le ciel d’un rouge orangé flamboyant.

Dans ce cadre magnifique, auquel seule une certaine classe sociale a accès, tout se passait à merveille. Au milieu de la foule, j’ai remarqué un petit homme mince comme un cure-dent qui portait quatre sacs remplis de déchets qu’il avait lui-même collectés : cartons, bouteilles en plastique, verre… Cet être minuscule, totalement invisible dans cet environnement, s’apprêtait à gravir de hautes marches qui mènent à un pont qui traverse l’autoroute de part en part, de la plage à la rue. Il ressemblait à une fourmi invisible avec une charge trois fois supérieure à son poids.

Dans cette foule sans visage, sa présence attira toute mon attention. « Viens, assieds-toi un peu à côté de moi », lui ai-je dit en lui montrant le siège vide à ma droite du banc où j’étais assis. Il m’a regardé, surpris et souriant. Il a posé ses gros sacs et s’est assis. « Bonjour, je m’appelle Gustavo, et toi ? « Arturo », a-t-il répondu avec un large sourire qui montrait une bouche édentée. Il explique qu’il vient de loin et qu’il doit passer de l’autre côté de l’autoroute, monter l’imposant escalier, pour prendre le bus qui le ramènera chez lui. Là, dans son humble quartier, il allait vendre la ferraille qu’il avait ramassée. Son travail quotidien pour survivre, lui et sa famille.

Marcelo lui donna 5 soles, le prix du ticket de bus. Nous l’avons salué en serrant chaleureusement sa main moite et en lui souhaitant bonne chance. En montant les escaliers avec ses sacs, il nous regarda de temps en temps et nous adressa son sourire édenté.

Au milieu de la foule sans visage, Arturo est devenu la personne la plus importante, celle qui a touché nos cœurs, qui a réussi à nous émouvoir intérieurement, celle qui nous a mis en contact avec les béatitudes, avec la manière de voir de Dieu.

Gustavo E. Clariá

Argentine : inondations à Bahía Blanca, un miracle inattendu

Argentine : inondations à Bahía Blanca, un miracle inattendu

Bahía Blanca est une ville située en bord de mer, à l’entrée de la Patagonie argentine. Avec ses 370 000 habitants, elle est le centre économique, religieux et culturel d’une vaste région. À quelques kilomètres de là, 80 000 autres personnes vivent dans la ville de Punta Alta. Ensemble, ils disposent d’un pôle pétrochimique très important, d’un ensemble de 7 ports différents (multifonctionnel, céréalier, fruitier, de pêche, de gaz, de pétrole et d’engrais) et de la base principale de la marine argentine.

Dans cette région, la moyenne annuelle des précipitations est de 650 mm, mais le vendredi 7 mars 2025, 400 mm sont tombés en seulement 7 heures. Une telle quantité d’eau, en route vers la mer, a augmenté sa vitesse et a tout détruit sur son passage. Ponts, canaux, voies ferrées, routes, voitures, maisons, magasins… et personnes.

La population s’est soudain retrouvée dans un décor dantesque aux proportions inimaginables, comme s’il y avait eu un tsunami. Une brusque coupure d’électricité a également interrompu les communications téléphoniques, de sorte que personne n’avait la moindre idée de l’état de santé des autres, de sa famille, de ses amis, de ses collègues de travail.

Cependant, quelque chose s’est éveillé au sein de cette communauté et toutes les lois universelles se sont résumées en un seul verbe : servir.

Lorsque l’eau et la boue l’ont permis, des milliers de personnes ont commencé à se rendre dans les rues. Chacun a d’abord vérifié les dégâts dans sa propre maison, puis a rapidement porté son regard sur ses voisins pour voir s’ils avaient besoin d’aide. Ceux qui ont réussi à régler leur propre situation se sont rendus totalement disponibles pour aider les autres. Nous avons tous été les témoins et les protagonistes d’un gigantesque miracle qui s’est multiplié, avec une créativité et une force merveilleuses.

La seule chose qui comptait était ce que nous pouvions faire de nos mains : aider à enlever l’eau et la boue des maisons, nettoyer, ranger, chercher des chiffons, des seaux d’eau, du désinfectant, emmener les blessés dans les centres de santé, soigner les animaux domestiques, accueillir les personnes qui avaient tout perdu, donner de la force, encourager, étreindre, partager toutes les douleurs. Personne ne s’est plaint et ils ont dit : « C’était très difficile pour moi, mais à côté de ce qui est arrivé aux autres… »

Alors que j’aidais quelques amis, un couple s’est approché et a distribué des empanadas gratuitement. D’autres ont offert quelque chose à boire. Ceux qui disposaient d’un groupe électrogène l’ont offert pour recharger les batteries des téléphones portables. D’autres ont fourni des pompes pour aspirer l’eau. Un opticien a donné gratuitement des lunettes à ceux qui les avaient perdues. Une dame a distribué des désinfectants, un médecin a fait des visites à domicile, un homme a proposé ses services de maçon et un autre de mécanicien. Tout circule : bougies, nourriture, vêtements, couches, matelas, eau potable, balais, des mains, encore des mains.

Et puis, il y a eu la solidarité de tout le pays et des gens du monde entier. Par camion, par train, par bus, par camionnette… des tonnes de dons, qui ont nécessité encore plus de volontaires pour les charger, les décharger, les trier et les livrer. Des bénévoles qui n’ont cessé de se multiplier. Et de l’argent aussi, donné avec une grande générosité. Paroisses, clubs, écoles, entreprises, toutes les organisations existantes ont donné tout ce qu’elles pouvaient. Mais aussi un autre type d’organisation : les groupes d’amis. Comme une sorte de « patrouille », chaque groupe d’amis a commencé à s’occuper d’un des quartiers de la ville où l’on estimait qu’il serait plus difficile pour l’aide gouvernementale d’arriver à temps. Aujourd’hui encore, ils vont de maison en maison, de porte en porte et notent tous les besoins. Et ils veillent à ce que ce qui est nécessaire arrive à temps.

Toutes ces mains, sans le savoir, sans le croire, sans l’imaginer, sont devenues des « mains divines ». Parce que c’était le moyen le plus concret que Dieu pouvait utiliser pour atteindre les personnes dans le besoin. Personnellement, j’ai vécu des moments de grande inquiétude parce que je ne savais pas comment allaient mes frères ou mes amis. Je voulais les rejoindre, mais c’était impossible. J’ai donc décidé d’offrir mon aide là où je pouvais arriver. Au sens figuré, j’ai appelé cela mon « mètre carré ». Plus tard, j’ai réussi à joindre mes proches et j’ai découvert que beaucoup d’autres personnes, des inconnus, avaient apporté leur aide là où je n’avais pas pu le faire.

Quelques jours plus tard, plusieurs parties de la ville sont toujours inondées. La douleur et les difficultés persistent. Les pertes sont énormes. Et on rencontre partout des gens avec de gros cernes et beaucoup de douleurs dans les muscles, parce qu’ils ont travaillé presque sans pauses. Mais avec le cœur dans les mains et la plénitude dans les yeux, pour avoir tout donné pour les autres.

Juan Del Santo (Bahía Blanca, Argentina)
Photo: © Focolari Bahia Blanca

Vivre le Jubilé à Rome

Vivre le Jubilé à Rome

En cette année consacrée au Jubilé de l’espérance, les Gen4 de Rome – les enfants du mouvement des Focolari – ont entamé un parcours par étapes pour approfondir leur connaissance de l’histoire du christianisme et comprendre comment vivre le Jubilé dans leur ville qui accueille des millions de pèlerins du monde entier. Les étapes concernent les basiliques vaticanes de Rome : Saint-Pierre, Saint-Jean-de-Latran, Saint-Paul-hors-les-Murs, Sainte-Marie-Majeure. Pour les guider, ils ont fait appel au Père Fabio Ciardi, OMI, professeur de théologie spirituelle et auteur de nombreux livres et publications.

Première étape : la basilique Saint-Pierre

En octobre 2024, deux mois avant le début du Jubilé, 33 enfants et autant d’adultes ont pu, avant d’entrer dans la basilique Saint-Pierre, faire connaissance avec une réalité très particulière, située à côté de la résidence du Pape François. Il s’agit du Dispensaire de Sainte Marthe, un lieu où l’Évangile prend corps chaque jour et où il se manifeste dans l’aide à de centaines mères et enfants. Une occasion d’expliquer aux Gen4 comment le Jubilé peut être vécu concrètement en aidant les autres.

« C’est un véritable centre de consultation familiale qui a commencé en 1922 cette œuvre d’assistance aux enfants pauvres et à leurs familles », explique le père Fabio ». Aujourd’hui, plus de 400 enfants avec leurs mères sont assistés gratuitement par une soixantaine de médecins bénévoles. La plupart d’entre eux sont sans permis de séjour et sans couverture médicale ». Examens gynécologiques et pédiatriques, mais aussi examens dentaires pour les sans-abri.

Le Père Fabio relie ensuite son histoire à celle de Saint Pierre à travers des dessins. Les enfants, dans un silence solennel, écoutent sa voix dans leurs écouteurs : « Jésus rencontre Simon le pêcheur et l’invite à le suivre. Viens avec moi, lui dit-il, je ferai de toi un pêcheur d’hommes. Et il lui donne un nouveau nom, il l’appelle Pierre, ce qui signifie pierre, parce qu’il veut construire son Église sur lui ». Et tandis que l’histoire se poursuit, nous nous rendons à la basilique pour prier sur la tombe de saint Pierre. « Pierre est venu à Rome. Lorsque Néron mit le feu à la ville, il accusa les chrétiens et Pierre fut tué dans le cirque de l’empereur Caligula que Néron avait rénové… et enfin le tombeau de saint Pierre dans sa basilique ». Les Gen4 ont l’air de se souvenir avec force, malgré l’afflux de touristes en ce samedi après-midi romain. Sur le chemin de la Porte Sainte, on marche pour découvrir quelques œuvres d’art. Cette Madone était très chère à Chiara Lubich », explique le Père Fabio dans l’allée de droite, « chaque fois qu’elle venait à la basilique, elle s’arrêtait ici pour prier Marie ».

L’arrêt à Saint-Jean-de-Latran

La deuxième étape a lieu en janvier 2025. Cette fois, le groupe est plus nombreux : 140 personnes, dont 60 enfants, toujours sous la houlette experte du Père Fabio, sont réunies pour découvrir la basilique Saint-Jean-de-Latran, pleine de surprises et de trésors liés à l’histoire de la chrétienté. Attentifs et intrigués, écouteurs sur les oreilles, les Gen4 sont restés plus de deux heures à écouter l’intense narration du Père Fabio.

« C’était beau de raconter l’histoire de l’obélisque, c’était beau d’expliquer la signification du cloître », écrit le père Fabio sur son blog, « c’était beau de raconter l’histoire de saint Jean-Baptiste et de saint Jean l’Évangéliste et de laisser les enfants aller à la découverte de leurs statues dans la basilique ». C’était beau de montrer l’ancienne chaise du Pape et l’actuelle sur laquelle il s’assoit pour prendre possession de sa fonction. C’était beau de montrer les reliques de la table sur laquelle Jésus a célébré la dernière Cène et celle sur laquelle Pierre a célébré ici à Rome. C’était beau de passer ensemble la Porte Sainte… C’était beau d’être avec les enfants et de leur raconter de belles choses… »

Entre-temps, les enfants ont noué une relation particulière avec le père Fabio. Ils marchent dans la basilique à ses côtés, lui serrent la main, lui posent des questions pour en savoir plus. « Mais à quoi ressemble le Paradis ? » demande un Gen4. « Imaginez une journée d’école bien remplie. Quand elle se termine, vous rentrez à la maison et vous la trouvez belle, confortable, chaleureuse, avec vos parents, vos grands-parents, vos amis qui vous donnent de la joie et de l’attention. Vous vous sentez heureux à ce moment-là, n’est-ce pas ? Et c’est cela le paradis : un endroit où l’on se sent bien, où l’on se sent chez soi ! Cette étape se termine également. Nous rentrons chez nous heureux et conscients que le Jubilé doit être un moment où nous donnons de l’espoir et du bonheur aux plus défavorisés, à nos pauvres, à ceux qui souffrent.

Le voyage continue mais les belles occasions se renouvellent avec les autres générations

En attendant de poursuivre ce voyage avec les Gen4, Gen3 (40 adolescents), Gen2 (30 jeunes) et un groupe d’adultes, fascinés par l’expérience positive que les enfants vivaient avec le Père Fabio, ils ont voulu eux aussi faire le même voyage, avec lui pour guide.

« D’abord les enfants, puis les jeunes et les adultes. Saint-Jean de Latran, Saint-Pierre, Saint-Paul et Sainte-Marie-Majeure. C’est ainsi que je vis et fais vivre le Jubilé », écrit le père Fabio sur son blog. « Je parle d’histoire, d’art, de spiritualité, parce que tout est lié, l’humain et le divin, le passé et le présent. Ce sont des monuments vivants, qui parlent encore après des centaines d’années et continuent à raconter des choses toujours belles ».

Les jeunes ont remercié le père Fabio « pour avoir préparé nos cœurs à une si belle expérience, tu nous as aidés à traverser cette étape de l’Année Sainte ensemble, avec profondeur et ironie. Nous avons aimé l’atmosphère que tu as su créer, suscitant en nous le désir de visiter ensemble d’autres sites romains importants pour les premiers chrétiens et le désir d’approfondir le sens d’être des pèlerins en route vers le but du Paradis ».

Lorenzo Russo