Mouvement des Focolari

Ciao Mark

Un producteur cinématographique indépendant, un citoyen du monde, un passionné de cinéma, de télévision et…de fraternité universelle. Au cœur de la nuit italienne, à 11 heures du matin à Melbourne, l’ultime salut via streaming, à Mark Ruse, producteur de cinéma australien, mort après une très courte maladie à l’âge de 64 ans. Mark n’était pas seulement un producteur indépendant très estimé et aimé de tous dans le circus cinématographique et de la télévision australienne, mais il était un citoyen du monde, qui par le biais de son travail, mais surtout avec son humanité et sa simplicité, avait construit des liens authentiques et profonds avec de nombreuses personnes également hors du milieu cinématographique. Mark Ruse avait débuté la carrière en tant que producteur indépendant et les vingt dernières années, avec son associé, Stephen Luby, ils avaient fondé la Ruby Entertainment, qui a produit une quantité incroyable de films et de séries télévisées, surtout des comédies avec des prix, des reconnaissances, et des indices d’écoute parmi les plus hauts en Australie. Il avait aussi produit des films et des documentaires d’engagement social, liés à l’histoire parfois tragique de leurs terres comme Hoddle Street sur le massacre de 1987 à Melbourne qui lui a valu un important prix international. Mark, était cependant surtout une personne simple et gentille, passionnée par son travail, qui affrontait les difficultés – qui ne manquent pas pour un producteur indépendant – avec légèreté et une bonne dose d’humour. Nous nous étions connus il y a plus de 40 ans en Italie. On se retrouvait nombreux et de différents pays de l’Europe et du monde, sur les collines proches de Rome, et nous partagions ce que dans les années ‘70, Chiara Lubich nous proposait en particulier à nous, Gen, les jeunes des Focolari. Un idéal qui était pour différents motifs, révolutionnaire, qui avait en son centre une dimension spirituelle et personnelle très forte, mais en même temps, également communautaire et globale. La passion juvénile de tous les deux, (cinéma et télévision) allait devenir avec le temps, notre travail, le mien en tant que réalisateur de télévision, le sien en tant que producteur mais également le lieu de vie au sein duquel essayer de porter les idées et les convictions profondes que nous partagions. Au début des années deux mille, nous allions partager la naissance de NetOne, un grand réseau mondial de professionnels des différents milieux de la communication, des régisseurs, des producteurs, des scénaristes, des journalistes qui aujourd’hui comme alors, veut contribuer avec d’autres à une communication différente, que ce soit au niveau des rapports de production que dans le respect du public, le destinataire final de notre travail. Mark a été un infatigable constructeur de ce réseau. Chaque fois que nous nous voyions à Rome, ou à Melbourne, ou dans l’une ou l’autre partie du monde, le discours reprenait exactement là où nous l’avions laissé même s’il s’agissait de mois ou d’années avant. Jusqu’au message d’il y a à peine quelques mois, où il me confiait sa maladie : « Ce sera un voyage, je le sais, mais je veux le partager avec toi et avec tous ceux de NetOne. J’ai embrassé cette nouvelle étape de la vie avec amour ». Il s’en est allé en quelques mois et malgré une dernière conversation via Zoom, peu de jours avant sa mort, où il paraissait joyeux et toujours plein de projets pour le futur. « A la base de ma foi, il y a l’idée de vouloir aimer le prochain – disait-il. – Ce que nous faisons est quelque chose qui doit améliorer la société, enrichir réellement les personnes qui regarderont notre film, et cela est une autre manière de mettre de l’amour dans la société ». Le cinéma australien a perdu un brave producteur, nous du réseau de NetOne, un ami, un compagnon de voyage qui nous a quittés avec la légèreté de son sourire… « We’re crazy, we’re crazy people, but we need to feel part of a family ». C’est vraiment comme ça, Mark, vraiment ainsi.

                                                                                                                                 Marco Aleotti

Avec autorisation de Cittanuova.it

Coronavirus : surmonter la peur et multiplier les solidarités

Maria Voce, Présidente des Focolari, à  “L’Institut Interconfessionnel Elijah” de Jérusalem « Tout ce qui se passe dans la vie est conduit par l’Auteur de l’histoire qui est Dieu, et Dieu veut le bien des hommes […] Donc même s’il arrive parfois que la liberté des créatures ait des effets négatifs, Dieu est capable […] de faire  qu’il en ressorte un bien. » Selon Maria Voce, Présidente du Mouvement des Focolari, c’est le plus grand enseignement que la crise du coronavirus puisse offrir aux hommes. Dans un entretien avec le rabbin Alon Goshen-Gottstein, Directeur de “l’Elijah Interfaith Institute” de Jérusalem, la Présidente du Mouvement des Focolari parle également des avancées possibles que la pandémie peut apporter au monde. L’entretien fait partie du projet Coronaspection, une série d’entretiens vidéo avec des chefs religieux du monde entier, partageant sagesse et conseils spirituels alors que nous faisons face à une crise mondiale (vous pouvez voir ici la bande-annonce du projet, qui résume l’esprit du projet). «Il y a des valeurs qui viennent davantage en évidence en ce moment – dit Maria Voce -, comme la solidarité, l’égalité entre les hommes, le souci de l’environnement. Le monde sortira grandi de cette crise si nous savons surmonter les divisions liées aux préjugés, à la culture, pour voir en chacun un frère et une sœur appartenant à l’unique famille des enfants de Dieu. » Cette  certitude naît d’une profonde confiance en l’homme : « En chaque personne il y a toujours une étincelle de bien sur laquelle on peut bâtir; l’homme répond « parce que l’empreinte du bien est en  lui. » C’est la conviction intime que « Dieu est Amour et aime toutes ses créatures » qui suscite l’espoir. « En effet –  poursuit-elle –  il suffit de regarder autour de soi pour voir des exemples de solidarité. Les efforts des médecins et des infirmières qui essaient de redonner la confiance, le sourire, leur compassion envers les personnes qu’ils n’ont pas réussi à sauver, ont profondément touché les patients qui ont guéri. De plus, « dans notre Mouvement, de nombreuses personnes ont pu se mettre au service de leurs voisins pour leur apporter ce dont ils avaient besoin ; beaucoup d’enfants ont mis à  disposition leurs jouets, pour le réconfort de beaucoup d’autres enfants. » Au niveau des relations internationales – fait observer Maria Voce – « nous voyons des exemples de solidarité dans la participation de médecins et d’infirmières venus d’autres pays en Italie. […] Même au niveau de la réflexion économique, on est en train de tout faire pour que les pays ne pensent pas seulement à défendre leurs propres biens mais à intégrer dans leur propre vision celle des autres pays. » Des témoignages qui ne cachent pourtant pas les défis que la crise nous impose. « À côté des problèmes personnels –  dit-elle –  Il y a ceux qui sont liés à la conduite d’un mouvement international :  prendre des décisions qui impliquent des difficultés sur le plan économique mais aussi humain. À ce point,  j’ai compris qu’il me fallait faire appel à mes collaborateurs directs, pour que les décisions soient partagées, pour que l’intérêt des personnes l’emporte sur tous les autres intérêts. » « Même la peur – observe-t-elle – ne doit pas être niée, mais acceptée, en vue d’être surmontée : je dirais que nous devons apprendre à vivre avec la peur et en même temps ne pas nous laisser  paralyser par elle », en restant – à  l’exemple de Chiara Lubich – « ancrés dans le présent.» « Seul l’amour – a-t-elle conclu, en  citant la fondatrice du Mouvement des Focolari – chasse la peur, et il n’y a pas de peur là où il y a un amour authentique. Ainsi, augmenter l’amour diminue la peur, parce que l’amour nous aide à accomplir des actions que la peur chercherait, au contraire, à conditionner. » Pour voir l’interview complète, cliquez ici

                                                                                                      Claudia Di Lorenzi

   

Mariapolis en ligne aux Philippines

Mariapolis en ligne aux Philippines

« La nécessité aiguise l’appétit ». C’est dans le prolongement de ce dicton que la communauté des Focolari de la région métropolitaine de Manille (Philippines) a organisé la première Mariapolis en ligne les 14 et 15 mai. « Nous étions sur le précipice de la séparation. Nous étions bloqués, nous deux, seuls, nous avons compris que nous devions affronter nos problèmes, mettre de côté nos divergences et repartir de zéro. Merci pour tout votre amour ». Ce n’est là qu’un des nombreux commentaires que nous avons reçus des personnes qui se sont inscrites et qui ont participé via Zoom à la première Mariapolis en ligne, les 14 et 15 mai 2020 aux Philippines. La quarantaine inattendue communautaire à cause du Covid-19 nous a incités à chercher le moyen pour que notre peuple puisse se connecter et se nourrir de la spiritualité de l’unité. L’idée nous est venue à la suite de la diffusion en ligne de la messe pour un petit groupe de membres des Focolari qui s’est vite révélée être un rendez-vous quotidien pour environ deux mille personnes. Nous comprenions que si, d’une part, nous n’avions plus la possibilité de faire nos projets pour « fêter et rencontrer » Chiara à l’occasion de son centenaire, d’autre part, Dieu nous ouvrait cette voie pour le réaliser, même si ce n’est qu’en petits extraits ! L’enthousiasme des participants à la messe, exprimé par leurs messages sur le forum de Facebook, a montré clairement qu’il était possible de faire une expérience de Dieu en 30 minutes en ligne! Entre-temps, nous avons fait nos premières expériences avec Zoom, par exemple pendant la Semaine du Monde Uni et Run4Unity. Nous sentions que nous devions « aller » à la Mariapolis pour être avec et à côté de notre peuple en cette période si difficile. Cela n’aurait pas été simple : les « Mariapolites » étaient à la maison, avec les distractions et probablement en train de se débattre à gérer beaucoup de choses en même temps : surveiller les enfants, préparer les repas, accomplir les tâches ménagères, etc. La disparité des réseaux, dans un pays en développement comme le nôtre, constituent également un grand défi. C’est pourquoi le temps de connexion de notre Mariapolis ne pouvait durer que deux heures durant les deux jours. Nous avons également pensé à l’appeler autrement pour gérer les attentes des personnes. Mais à la fin, à l’unanimité, nous avons gardé le terme « Mariapolis », comme toutes les Mariapolis que nous avons vécues. Nous voulions aussi qu’elle ne soit pas un séminaire en ligne mais une vraie Mariapolis, une ville de Marie, car nous voulions avoir Marie parmi nous, être Elle, comme Chiara nous l’a enseigné, pour porter Jésus au milieu de notre peuple afin que cette expérience puisse éclairer leur expérience de la pandémie. Plus de 950 personnes ont été enregistrées, non seulement des diverses îles des Philippines, mais aussi de pays d’Asie, d’Amérique latine, du Canada, des États-Unis et de certains pays européens. Le programme en ligne, disponible en direct pour un nombre infini de participants, comprenait des chansons, des expériences liées à la situation actuelle de la pandémie, des apports spirituels et une heure de communion profonde en groupes. Un participant a a bien exprimé ce qu’a été cette Mariapolis : « C’était vraiment un signe concret de l’amour de Marie pour nous tous !  Elle est notre mère, elle connaît vraiment nos besoins personnels et ceux partagés. Par le thème choisi, les discours, les expériences et les chansons, Marie nous a nourri par une nourriture appropriée et de justes vitamines pour le corps et pour l’âme ».

Romeo Vital

Quel futur au Liban ?

Quel futur au Liban ?

Le pays des cèdres s’interroge sur les voies d’issues possibles de la grave crise politique, économique et sanitaire qui a explosé récemment. L’espérance ne meurt jamais dans une terre qui,  des vicissitudes, en a eues à n’en plus finir Avec la récente Semaine pour un Monde Uni, la communauté des Focolari libanaise a voulu s’interroger, jeunes et adultes, sur les perspectives difficiles d’une profonde perturbation qui tenaille le pays. Elles sont en effet nombreuses les crises qui s’additionnent : celle politique et sociale, commencée le 17 octobre dernier, avec la thaoura, la révolution du peuple, qui s’est déchaînée contre une classe dirigeante du pays, accusée de corruption et d’incapacité dans la gestion publique ; celle économique, qui a montré sa profondeur en mars dernier, lorsque le gouvernement a déclaré ne pas pouvoir rembourser sa dette d’1,2 milliards de dollars avec l’Union Européenne et ces dernières semaines, avec la chute de la lire libanaise qui, échangée il y a encore quelques mois à 1500 lire pour un dollar, aujourd’hui, voyage sur les 4000 et plus; et enfin, la crise sanitaire due au coronavirus, qui n’a pas eu une diffusion excessive (moins de mille contaminés pour moins de 30 morts) mais qui a tout de même amené le pays à une longue ségrégation, non encore terminée. A cause de  cette situation, les jeunes surtout semblent vouloir répondre à une vieille tradition du pays, c’est-à-dire s’expatrier par manque de perspectives. Il faut rappeler que pour 4 libanais qui habitent le territoire méridional, il y en a environ 12 dispersés dans le monde entier, tout comme ce qui arrive à tant de peuples proches en particulier les juifs, les palestiniens et les arméniens. L’émigration est particulièrement douloureuse pour les libanais qui disent (à juste titre) avoir un pays magnifique, riche en histoire et en beautés naturelles, carrefour méridional de tout type de trafics et de commerces, la patrie de Prix Nobel et de grands marchés, de cinéastes et d’écrivains, de saints et de scientifiques. Il faut également souligner combien la diaspora est une affaire douloureuse, étant donné l’incroyable attachement à la famille que les libanais manifestent à chaque occasion. Dans ce contexte, les Focolari locaux ont organisé un Webinar, auquel ont participé environ 300 personnes de différents pays, du Canada à l’Australie, de l’Espagne à l’Italie, portant comme titre explicite : « Construire un futur en vivant pour la fraternité ». Deux avocates, Mona Farah et Myriam Mehanna ont voulu présenter une des plus graves menaces qui se supportent au Liban, c’est-à-dire la dangereuse absence de certitude du droit. Le Liban, contemporainement, a de sérieuses capacités à trouver les solutions les plus adaptées à la complexité du panorama et possède une tradition très ancienne de capacités juridiques. On comprend dès lors le désir des jeunes de s’expatrier même si on rencontre aussi la volonté de beaucoup de rester afin de construire un Liban plus uni et plus fraternel, dans un contexte dans lequel existent 18 communautés confessionnelles, réunies par un système politique de « démocratie confessionnelle » unique au monde. Ont suivi d’une façon naturelle, les témoignages de deux couples encore jeunes qui, il y a une douzaine d’années, avaient décidé de rentrer au Liban, après quelques années d’expérience de travail à l’étranger, afin de contribuer à la reconstruction du pays après la guerre dite civile. C’est ainsi qu’Imad et Clara Moukarzel (qui travaillent dans le social et l’humanitaire) et Fady et Cinthia Tohme (tous deux médecins) ont témoigné que oui, il est possible de rester ou de retourner afin de ne pas céder un pays riche comme le Liban à des forces réactionnaires. Tony Ward, entrepreneur dans le domaine de la mode de haut niveau, a ensuite raconté sa décision de rentrer dans sa patrie il y a vingt ans, tout en travaillant dans un environnement naturellement mondialisé. Il a raconté comment, dans la crise du coronavirus, il a reconverti sa production pour quelques semaines, en préparation de draps de lit, de masques, et de combinaisons pour les hôpitaux libanais qui traitent des cas du coronavirus. De son côté, Tony Haroun, dentiste depuis plus de trente ans en France, a voulu raconter les difficultés des expatriés surtout culturels, mais a également souligné combien la disponibilité à écouter la voix de Dieu permette de surmonter toute sorte d’obstacles. Michele Zanzucchi également, journaliste et écrivain installé au Liban, a voulu mettre en évidence trois qualités du peuple libanais qui pourront être de grande aide dans la crise sanitaire actuelle : la résilience, c’est-à-dire la capacité à résister aux chocs sans que ceux-ci n’éclatent ; la subsidiarité, c’est-à-dire la capacité à substituer l’État lorsque celui -ci ne réussit pas à assurer les services essentiels ; et enfin la créativité , dont les libanais sont de grands estimateurs, en créant une infinité de projets humanitaires, économiques, commerciaux, politiques et ainsi de suite. Youmna Bouzamel, jeune modératrice du Webinar, a voulu souligner en conclusion combien le Liban semble vraiment fait pour accueillir le message de la fraternité, seule vraie possibilité qu’il a  entre les mains. Si Jean-Paul II avait défini le Liban pas tellement comme une « expression géographique » mais bien plutôt comme un « message », aujourd’hui ce message est avant tout une annonce de fraternité. De grands idéaux et du réalisme conjugués ensemble.

                                                                                                                              Pietro Parmense

Risquer sur sa Parole

L’Évangile est la Parole de Dieu en paroles humaines et c’est pour cette raison qu’il est une source de vie toujours nouvelle, même en ces temps de pandémie. Mais pour qu’elles soient libérées, les paroles de Jésus doivent être mises en pratique, traduites en actes concrets de foi, d’amour et d’espérance. (…) « Sur ta Parole, je jetterai les filets. » (Lc 5,5) Afin que Pierre puisse expérimenter la puissance de Dieu, Jésus lui a demandé la foi : de croire en lui et même de croire sur-le-champ à quelque chose d’humainement impossible, quelque chose d’absurde : pêcher le jour alors que la nuit avait été aussi infructueuse… Nous aussi, si nous désirons que la vie revienne, si nous désirons une pêche miraculeuse de bonheur, nous devons croire et affronter, au besoin, le risque de l’absurde que sa Parole comporte parfois. Nous le savons, la Parole de Dieu est Vie, mais cette vie on l’obtient en passant par la mort. Elle est gain, mais on l’obtient en perdant tout. Elle est croissance que l’on atteint en diminuant. Alors, comment dépasser cet état de fatigue spirituelle dans lequel nous pouvons nous trouver ? En affrontant le risque de sa Parole. Souvent influencés par la mentalité de ce monde dans lequel nous vivons, nous croyons que le bonheur consiste à posséder, à se faire valoir, à se plonger dans les distractions, à dominer les autres ou à satisfaire nos appétits en mangeant, buvant… Mais il n’en est pas ainsi. Essayons d’affronter le risque de rompre avec tout cela. Laissons notre moi courir le risque de la mort complète. Risquons, une fois, deux fois, dix fois par jour… Et le soir nous sentirons renaître avec douceur l’amour dans nos cœurs. Nous retrouverons cette union à Dieu que nous n’espérions plus, la lumière de ses inspirations que l’on ne peut confondre avec rien d’autre resplendira ; sa consolation, sa paix nous envahiront. Nous nous sentirons sous son regard de Père. Placés ainsi sous sa protection, la force, l’espérance et la confiance renaîtront en nous, avec la certitude que le « Saint Voyage » est possible ; (…) nous expérimenterons l’assurance que le monde peut vraiment être sien. Mais il faut risquer la mort, le néant, le détachement. C’est le prix à payer ! (…)

Chiara Lubich

(D’une conférence téléphonique, Rocca di Papa, 17 février 1983) Extrait de : “Rischiare sulla sua parola”, in Chiara Lubich, Conversazioni in collegamento telefonico, p. 108. Città Nuova Ed. 2019.

L’engagement des Focolari pour un monde libéré de toute forme de racisme

L’engagement des Focolari pour un monde libéré de toute forme de racisme

Après les événements de Minneapolis et les manifestations dans le monde, nous nous sentons impuissants et indignés mais nous continuons à croire et à travailler dans un esprit d’ouverture et de participation pour répondre aux attentes les plus profondes de notre époque.

Foto: Josh Hild (Pexels)

« Alors que nous avons encore sous les yeux les événements récents qui mettent une fois de plus en évidence la réalité haineuse de l’injustice raciale et de la violence, nous avons le cœur brisé. Nous nous sentons impuissants et indignés. Pourtant, nous continuons à espérer ». Ce sont là quelques-unes des premières expressions de la déclaration de la communauté des Focolari aux USA qui a exprimé son engagement en faveur d’une justice raciale à la suite des événements de Minneapolis et des protestations auxquelles nous assistons dans le monde entier. Cet engagement est partagé à l’échelle mondiale et nous le réaffirmons ici au nom de tous les membres du mouvement des Focolari dans le monde. Avec le Pape François et avec de nombreux dirigeants religieux et civils, nous affirmons également que « nous ne pouvons tolérer ou fermer les yeux sur aucune forme de racisme ou d’exclusion » et nous nous engageons à « soutenir les actions positives et justes les plus difficiles au lieu des torts faciles de l’indifférence », comme le prétendent les évêques américains. « Nous ne pouvons pas fermer les yeux sur ces atrocités tout en professant le respect de chaque vie humaine. Nous servons un Dieu d’amour, de miséricorde et de justice ». Dans un moment comme celui-ci, « le rêve de notre fondatrice, Chiara Lubich, de voir des pas réalisés dans la réalisation de la prière de Jésus au Père, “que tous soient un” (Jn 17, 21) semble lointain, presque hors de portée[1] ». Nous nous demandons ce que nous pouvons faire à la fois personnellement et au niveau communautaire. Quel changement devons-nous opérer en chacun de nous ? Comment pouvons-nous faire entendre notre voix dans le débat public pour soutenir ceux qui souffrent du racisme et au-delà ? « Notre objectif est de promouvoir un profond esprit d’ouverture et une participation dynamique dans nos communautés culturellement diverses et intergénérationnelles. Nous nous inspirons des paroles de Chiara Lubich : “Soyez une famille” [2] ». Nous croyons et nous continuons l’engagement à donner vie à des communautés locales authentiquement fondées sur la loi évangélique de la fraternité ; un principe et une action qui nous unissent aussi aux frères et aux sœurs de toutes les religions et à ceux qui ne se reconnaissent pas dans un credo précis. Nous voulons consacrer nos efforts en particulier aux plus jeunes qui peuvent ressentir une peur et une appréhension particulières pour leur avenir. Face à des clivages aussi profonds et enracinés, les projets et les initiatives que nous menons peuvent sembler petits ou inefficaces et il reste encore beaucoup à faire. Des projets tels que l’Économie de communion , le Mouvement politique pour l’unité (Mppu) et le Projet Monde Uni, la stratégie globale proposée par les jeunes du Mouvement des Focolari pour faire face aux défis mondiaux sur le terrain, peuvent sembler des gouttes d’eau dans la mer, mais nous sommes convaincus qu’ils contiennent des idées puissantes capables d’aider à répondre aux besoins les plus profonds de notre temps, étant épaulés par de nombreuses personnes, organisations et communautés qui constituent ce réseau invisible capable de sauver l’humanité.

Stefania Tanesini

[1] Statement of U.S. Focolare Movement: our commitment to racial justice – https://www.focolare.org/usa/files/2020/06/Focolare-Statement-on-Racial-Justice.pdf [2] Ibid.

En dialogue avec croyants et les personnes de convictions non religieuses – 2ème PARTIE

 La vocation universelle du mouvement des Focolari consiste à construire la fraternité universelle sans distinction de race, de religion, de conditions économiques et sociales. Nous vous proposons la deuxième partie de l’interview de Luciana Scalacci, membre non-croyante de la Commission internationale et italienne du Centre pour le Dialogue avec les personnes de convictions non religieuses des Focolari. Comment as-tu abordé les Focolari en tant que non-croyante et comment ont-t-il changé ta vie ? Un jour, notre fille nous a écrit qu’elle avait trouvé un endroit pour mettre en pratique les valeurs que nous lui avions transmises : elle avait rencontré la communauté des Focolari à Arezzo. Nous ne connaissions pas le Mouvement, nous étions inquiets, nous voulions voir de quoi il s’agissait. Nous avons tout de suite eu l’impression d’être dans un endroit où l’on respecte les idées des autres, nous avons trouvé une ouverture que nous n’avions jamais rencontrée auparavant. La rencontre avec le Mouvement a été comme une lumière qui m’a redonné espoir dans la possibilité de construire un monde meilleur. Tu as rencontré Chiara Lubich à plusieurs reprises : quelle valeur a eu cette relation personnelle ? En 2000, lors d’une rencontre publique, elle a répondu à la question que je lui avais posée : « …pour nous aussi, l’homme est un remède pour l’homme, mais quel homme ? Pour nous, c’est Jésus, un homme. Prenez-le-vous aussi car il est l’un des vôtres, c’est un homme ». C’est alors que j’ai compris que le Mouvement était le lieu où je pouvais m’engager et j’ai compris pourquoi, même en tant que non-croyante, j’avais toujours été fascinée par la figure de Jésus de Nazareth. C’est alors que Chiara m’a invitée à la rejoindre pour une rencontre personnelle, moi qui ne suis personne. Cette rencontre m’a pénétrée toute entière, je sentais à quel point elle m’aimait. Dans une lettre qu’elle m’écrivait, je percevais des paroles prophétiques : « Très chère Luciana… nous avons fait de nombreux pas ensemble et nous nous sommes enrichies mutuellement. Maintenant, comme tu le dis, nous devons rendre ce chemin plus visible afin que beaucoup d’autres personnes puissent le trouver. Nous connaissons le secret : Continuons à aimer ». En ces années de dialogue, comment sommes-nous passés de la confrontation entre « nous » et « vous » à être « unis en un Nous » ? Le scepticisme initial a été la première chose à surmonter. D’un côté, les non-croyants craignaient qu’il s’agissait d’un geste de prosélytisme ; de l’autre, les croyants craignaient, je crois, que les non-croyants tentent de remettre en question leurs certitudes, leur foi. Chiara est la seule personne qui n’a jamais eu de tels soucis. Nous avons constaté que le dialogue est la grande ressource pour marcher vers l’objectif de la fraternité universelle. Peu à peu, la confiance entre les « deux parties » s’est accrue et nous nous sommes sentis non plus « nous-vous » mais « unis en nous ». Un défi décisif consiste à enthousiasmer les jeunes. Quelles sensibilités rencontrez-vous ? Les jeunes ne sont pas tous informés de l’ouverture aux personnes qui ne se reconnaissent dans une foi religieuse ; ceux que j’ai eu l’occasion de connaître ont montré un intérêt pour cette réalité. Une fille, après nous avoir rencontrés, a écrit : « J’ai ressenti ce dialogue comme une facette de ce précieux diamant que Chiara nous a donné… ne l’encrassons pas ». Cliquez ici pour lire la 1ère partie de l’interview

Claudia Di Lorenzi

La fraternité universelle en dialogue avec les personnes de convictions non religieuses – 1ère PARTIE

Construire un monde uni sans distinction de race, de religion, de conditions économiques et sociales. « En tant que Mouvement, en tant que nouvelle Œuvre née dans l’Eglise, nous avons une vocation universelle, puisque notre devise est : « Que tous soient un ». Nous ne pouvons pas nous passer de vous, parce que vous êtes dans le monde entier, sinon nous enlèverions la moitié ou au moins un tiers de l’humanité et nous l’exclurions, alors que nous disons « que tous soient un ». C’est ainsi que la fondatrice du mouvement des Focolari, Chiara Lubich, explique en mai 1995 les raisons qui ont conduit le Mouvement à rechercher et à développer un dialogue avec les personnes qui ne se reconnaissent pas dans une croyance religieuse. Nous en parlons avec Luciana Scalacci, 73 ans, de Abbadia San Salvatore (Italie). Non croyante, elle est membre de la Commission internationale et italienne du Centre pour le Dialogue avec les personnes de convictions non religieuses des Focolari. Dans le Mouvement, la recherche du dialogue avec les personnes de convictions non religieuses est profondément enracinée. Quelles sont les étapes les plus importantes ? Le « Centre pour le dialogue avec les non-croyants » naît en 1978 et en 1979, pour la première fois, des personnes de convictions non religieuses participent à des rencontres promues par les Focolari. Chiara invite l’ensemble du Mouvement à s’ouvrir aux non-croyants, estimant que nous sommes tous des « pécheurs » et que nous pouvons donc faire un chemin commun de libération et construire ensemble la fraternité universelle. En 1992, le Centre promeut la première conférence internationale intitulée « Construire ensemble un monde uni ». « Votre participation à notre Œuvre est essentielle pour nous », déclare Chiara. « Sans vous (comme sans ses autres composantes), elle perdrait son identité ». En 1994 a lieu la deuxième conférence. Dans son message, Chiara déclare : « Notre but est de contribuer à l’unité de tous, en partant de l’Amour pour chaque personne. Nous verrons donc combien l’aspiration à la fraternité universelle et à l’unité ” est grande dans l’Humanité, à tous les niveaux. Après la mort de Chiara en 2008, la présidente, Maria Voce, confirme à plusieurs reprises que les personnes de convictions non religieuses sont un groupe essentiel du Mouvement. Dans les années 1970, il n’est pas courant qu’un Mouvement d’inspiration chrétienne ouvre ses portes aux non-croyants… quels étaient ses objectifs ? L’unité du genre humain, concrétiser « Que tous soient un », car le monde uni se construit avec les autres et non contre les autres. Sur quelle base repose la possibilité de construire un dialogue entre croyants et non-croyants ? Sur l’existence de valeurs communes, telles que la fraternité, la solidarité, la justice, l’aide aux pauvres. Le point commun est aussi le fait que nous avons tous une conscience personnelle qui nous permet de réfléchir individuellement à ces valeurs mais aussi de manière collective, pour qu’il devienne le patrimoine de tous. Avez-vous rencontré des difficultés sur ce chemin ? Dialoguer à partir de différentes positions n’est pas toujours facile. Il est plus facile de se référer à un contenu concret et de réaliser quelque chose de pratique car la pratique ne fait aucune distinction de couleur, de religion, d’idées. Les difficultés surviennent lorsque nous passons de la pratique aux valeurs, aux idéologies, aux superstructures. Le dialogue peut échouer. Mais ce n’est pas le cas. Chiara a demandé aux croyants et à nous “amis” d’être aussi ouverts d’esprit que possible, non pas pour faire un acte de charité, mais pour s’enrichir mutuellement et faire le voyage ensemble vers un monde meilleur.

Claudia Di Lorenzi

Médecin entre foi et travail

Gambriela- Bambrick-Santoyo travaille comme médecin en médecine interne. Elle est née et a grandi au Mexique à Mexico et est membre active et engagée de la communauté des Focolari depuis 1987. Actuellement elle travaille en tant que Directrice du Programme Associé du service de Médecine interne dans un hôpital dans le Nord du New Jersey, aujourd’hui dans un pic de l’actuelle pandémie du coronavirus COVID-19. Voici un extrait de l’interview réalisée par cruxnow.com Gabriela, peux-tu nous dire dans quelle mesure ta foi catholique et la spiritualité des Focolari inspirent ta vocation à être médecin ? Ma vocation de catholique et faisant partie du mouvement des Focolari, et ma vocation de médecin sont inséparables. Je suis née catholique et j’ai connu le Mouvement des Focolari lorsque j’avais environ dix-huit ans. Cette rencontre a changé ma vie parce cela a été la première fois que je me suis sentie poussée à vivre concrètement l’Évangile de l’ « aime ton prochain comme toi-même ». Cela m’a profondément changée et a été ce qui a guidé mes actions, que ce soit en tant que personne qu’en tant que médecin. Comment cela s’est-il passé pour toi le fait d’être en première ligne dans la pandémie COVID-19 lors du pic du New Jersey ? Cela a mis ma foi à rude épreuve. Surtout la peur de la mort. Cela devient une possibilité très réelle lorsque tu vois tant de morts autour de toi. Une fois que tu dis oui à l’appel de donner notre vie pour les autres, que nous tous, comme chrétiens nous avons, les grâces pleuvent en toi et autour de toi ! Elles le font vraiment ! J’ai dû aussi me demander ce que pouvait signifier « aimer les autres comme soi-même » lors de cette pandémie du COVID. Lorsque j’ai commencé à voir les patients, j’ai eu très peur. Je voulais entrer rapidement… et quitter la chambre le plus vite possible. Puis, coup de théâtre : ma fille, une jeune fille saine de 18 ans, a été hospitalisée avec le COVID. Le soir, elle m’appelait en pleurant de sa chambre d’hôpital en disant : « Maman, j’ai perdu toute ma dignité. Je dois aller aux toilettes et ils ne me laissent pas sortir. Ils ne veulent pas entrer et continuent à me repousser dans ma chambre et à un certain moment j’ai pensé que je devais me soulager par terre sur le carrelage ». Entendre cela de ma propre fille m’a détruite, Charlie, et je me suis demandé si j’étais en train de faire quelque chose de semblable avec mes patients. A ce moment-là, j’ai décidé de changer la manière de donner pleinement ma vie à mes patients, d’avoir plus de compréhension et de ne plus jamais leur faire sentir que je les abandonnais. Cela a dû être difficile d’être ainsi confrontée à la mort au rythme avec lequel tu l’as vue de près ces dernières semaines. Pour nous tous, c’est tellement difficile seulement à l’imaginer. C’est vrai, mais il arrive aussi des grâces. Une de mes patientes de plus de quatre-vingt-dix ans, très malade, savait pratiquement qu’elle allait mourir à cause du COVID-19 et était dans la paix. Mon acte de miséricorde a constitué dans le fait d’être là dans les derniers moments de sa vie. En passant du temps non seulement avec ma patiente mais également avec sa famille au téléphone. Je n’oublierai jamais lorsque je lui ai dit que sa famille l’aimait beaucoup et qu’elle était dans la paix, et qu’elle savait qu’elle était prête et elle m’a serré la main. C’est cela la miséricorde. J’avais un autre patient avec lequel j’ai eu ce que j’appelle une « situation à coup double ». En plus d’être un patient COVID, il était très agressif, pas très stable et il disait qu’il allait me donner un coup de poing si je ne faisais pas X ou Y . Je n’ai pas tout de suite réalisé que cette personne était aussi un fils de Dieu et que je devais le regarder avec patience, amour et miséricorde. Une fois qu’il a vu cela dans mes yeux, sa rage a commencé à s’évanouir. En voie de guérison dans un autre service, il s’est tourné vers moi, m’a souri et m’a dit : « Toi et [l’infirmière X] vous avez été les seules à consacrer du temps à m’expliquer les choses ». Que vous apportent votre robuste vie de prière et vos engagements théologiques par rapport à la manière avec laquelle vous pratiquez la médecine en ces circonstances ? La prière a toujours été un pilier central de ma vie et m’a permis de surmonter cette crise. C’est dans la prière que je trouve paix et réconfort. C’est dans la prière que je me trouve en Dieu. Et puis, je participe aux rencontres hebdomadaires (rencontres zoom) avec ma communauté des Focolari. Toutes ces choses mises ensemble sont pour moi comme l’armature qui me permet d’affronter cette crise. Ici vous pouvez lire l’interview complète : https://cruxnow.com/interviews/2020/04/doctor-balances-faith-work-in-coronavirus-hotspot/