Mouvement des Focolari

Octobre 2009

Le terme grec, traduit en français par « persévérance », inclut d’autres qualités comme la patience, la constance, la résistance, la confiance.
La persévérance ainsi comprise, est bien nécessaire dans la souffrance, les tentations, les moments de découragement, les séductions du monde ou les  persécutions.
Ces situations, tu as dû toi aussi les connaître, découvrant que ta persévérance t’a empêché de tomber. Ce qui a d’ailleurs pu t’arriver quelques fois. Peut-être même vis-tu actuellement une telle épreuve ?
Alors quoi faire ?
Ressaisis-toi et… persévère. Sinon tu ne peux te dire vraiment chrétien.
Tu le sais : celui qui veut suivre le Christ doit prendre sa croix chaque jour, et, au moins avoir la volonté d’accepter la souffrance. La vocation chrétienne est une vocation à la persévérance.
L’apôtre Paul présente à la communauté la persévérance comme un signe d’authenticité chrétienne. Il ne craint pas de la situer au même niveau que les miracles.
En outre, si nous prenons notre croix et si nous persévérons, nous pourrons suivre le Christ monté aux cieux et donc « gagner la vie ».

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

On peut distinguer deux catégories de personnes. Les premières se sentent appelées à être de vrais chrétiens. Mais cet appel tombe dans leur cœur comme la semence jetée sur un terrain pierreux. L’enthousiasme est grand mais tel un feu de paille, il s’éteint bien vite.
Les personnes de la seconde catégorie accueillent l’appel, comme le bon terrain reçoit la semence. Et la vie chrétienne se développe, grandit, arrive à surmonter les difficultés et à résister aux tempêtes.
Ces personnes vivent la persévérance et…

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

Naturellement, si tu veux persévérer il ne te faudra pas compter sur tes seules forces. L’aide de Dieu te sera nécessaire.
Saint Paul parle de Dieu comme du « Dieu de la persévérance » (Rm 15,5).
C'est donc à lui que tu dois la demander, et il te la donnera. Si tu es chrétien, tu ne peux pas te contenter d’être baptisé, de quelques pratiques religieuses et d’une charité occasionnelle. Il faut que le chrétien grandisse en toi. Et toute croissance sur le plan spirituel ne peut se réaliser qu’au milieu d’épreuves, de souffrances, d’obstacles et de combats.
Et celui qui aime sait vraiment persévérer. L’amour ne s’arrête pas aux obstacles, aux difficultés, aux sacrifices. La persévérance est l’amour éprouvé.
[…] Marie est la femme de la persévérance.
Demande à Dieu de faire naître en ton cœur l’amour pour Lui et, ainsi, dans toutes les difficultés de la vie, ta persévérance te conduira à la vie éternelle.

« C’est par votre persévérance que vous gagnerez la vie. »

Mais ne l’oublions pas non plus… la persévérance est contagieuse. Celui qui la possède encourage aussi les autres à aller jusqu’au bout.
[…] Visons haut. Nous n’avons qu’une vie et elle est brève. Tenons bon, jour après jour, affrontons chaque difficulté l’une après l’autre pour suivre le Christ. Et nous « gagnerons » la vie éternelle.
 
Chiara Lubich

Je ne pouvais pas trahir ma conscience

Après l’obtention de mon diplôme de dentiste, je désirais tout de suite mettre à profit toutes mes années d’études. Ma profession me plaît et je la vois comme une possibilité concrète de contribuer à une société plus humaine. J’ai eu très vite une proposition de travail mais je me suis rendu compte très vite que si j’adhérais à ce projet, je devrais me plier à des pratiques contraires à l’éthique professionnelle. Le salaire était très intéressant et j’en aurais eu vraiment besoin, mais la conviction que je ne devais pas trahir ma conscience a été plus forte. J’ai décidé de ne pas accepter cette proposition. A cette même période, on m’a proposé de participer au lancement d’un projet socio-éducatif : il s’agissait d’un travail d’enseignant dans un jardin d’enfants. Mes proches et mes amis ont pensé que j’allais perdre du temps et de l’énergie. Ils ne comprenaient pas pourquoi je refusais une offre avantageuse dans mon domaine professionnel pour me consacrer à “changer des couches”. Mais j’étais heureuse que me soit donnée une possibilité concrète de construire la fraternité. Et en effet, cette expérience a été très belle : nous étions plusieurs personnes à y participer, toutes motivées pour réaliser un projet qui nous apparaissait comme la semence de quelque chose de grand : apporter des réponses aux nécessités de ce quartier que nous voulions servir. A ma grande surprise, on m’a proposé un autre travail d’orthodontiste. L’expérience du jardin d’enfants m’avait ouvert des horizons. Ma profession n’était plus seulement un moyen de me réaliser comme personne mais un espace pour “donner”, pour “aimer”. Les occasions d’être cohérente avec les choix fondamentaux de ma vie continuaient à ne pas manquer. Par exemple, une autre possibilité s’est présentée à moi de gagner une somme rondelette, en utilisant des méthodes pas très licites. Dans une société comme celle dans laquelle je vis, avec de nombreux besoins et une mentalité de corruption généralisée, la chose pouvait apparaître comme tout à fait “normale”. Mais encore une fois, il me fut clair que je ne pouvais pas céder à ce genre de proposition. Un jour, une personne indigente est venue dans le cabinet dentaire où je travaillais. Aucun de mes collègues ne voulait le soigner. Je savais bien que dans cette personne se trouvait Jésus, et je n’ai pas pu faire autrement que l’accueillir et le soigner comme je l’aurais fait pour Jésus. A quelque temps de là m’a été donnée une possibilité incroyable : m’associer avec une personne qui a les mêmes idéaux que moi. Nous allions pouvoir travailler à notre compte, en offrant à tous un service juste, digne d’adhérer au projet de l’Economie de communion. Cela m’est apparu comme “ce qui est donné par surcroît”, après avoir cherché le Royaume de Dieu ! Je suis heureuse de pouvoir entreprendre cette nouvelle voie et de donner tout de moi-même dans la construction d’une société nouvelle. (E. Venezuela)

septembre 2009

L’Évangile tout entier est révolutionnaire : pas une parole du Christ ne ressemble à celle des hommes. Écoute celle-ci : « Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela (ce qui est nécessaire à la vie) vous sera donné par surcroît. »
En général, l’homme se préoccupe avant tout d’assurer la sécurité de son existence. Toi aussi peut-être. Eh bien, Jésus te propose justement une autre manière de voir et d’agir, la « sienne ». Il te demande même de changer complètement ton comportement sur ce point et de t’y tenir en permanence. Car il s’agit de chercher d’abord le Royaume de Dieu.
Quand tu seras entièrement tourné vers Dieu et que tu feras tout ton possible pour qu’il règne (c’est-à-dire pour qu’il guide ta vie selon ses lois) en toi et chez les autres, le Père te donnera jour après jour ce dont tu as besoin.
Si, au contraire, tu restes centré sur toi-même, soucieux avant tout des choses de ce monde, tu finiras par en devenir la victime. Les biens de cette terre deviendront alors ton vrai problème, l’objectif de tous tes efforts. Comptant sur tes seules forces, tu seras tenté de te passer de Dieu.

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

Jésus renverse la situation. Si tu te préoccupes d’abord de Lui, de vivre pour Lui, le reste ne sera plus le problème principal de ton existence, mais il deviendra un « surcroît », un simple « plus ».
Tu penses que c’est une utopie ? Une proposition irréalisable pour toi, homme moderne qui vit dans un monde industrialisé soumis à la concurrence, et à des crises économiques fréquentes ? Rappelle-toi simplement qu’à l’époque de Jésus, quand il prononça ces paroles en Galilée, les difficultés pour vivre n’étaient pas moindres pour ses auditeurs.
Utopique ou non, là n’est pas la question. Jésus te met face à l’orientation fondamentale de ta vie : ou tu vis pour toi, ou tu vis pour Dieu.

Essayons de bien comprendre cette phrase :

« Cherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

Jésus ne t’exhorte pas à l’indifférence, à la passivité face à ce qui constitue ton environnement quotidien, ou à un comportement irresponsable ou superficiel dans ton travail.
Il veut seulement transformer en « occupation » ta « préoccupation », te libérant ainsi de l’angoisse et du stress.
De fait, il dit : « Cherchez d’abord le Royaume… »
« D’abord » signifie : avant tout. La recherche du Royaume de Dieu est mise à la première place et n’exclut pas que le chrétien doive aussi s’occuper de ce dont il a besoin pour vivre. « Chercher le Royaume et la justice de Dieu » signifie également conformer ta conduite aux exigences de l’Évangile. Ce n’est qu’en cherchant le Royaume de Dieu que le chrétien pourra découvrir toute la puissance attentive du Père pour lui.

Voici un épisode toujours d’actualité bien que remontant à plusieurs années… De fait, je connais de nombreux jeunes qui se comportent aujourd’hui comme l’a fait cette jeune fille.
Elvire fréquentait l’École Normale. Sans ressources, seule une moyenne élevée pouvait lui garantir de poursuivre ses études. Sa foi était solide.
Parlant du Christ ou de l’Église, son professeur de philosophie, athée, cachait ou déformait la vérité. La jeune fille bouillait intérieurement. Non pour elle-même, mais à cause de son amour pour Dieu, pour la vérité et pour ses camarades. Elle savait bien qu’en contredisant le professeur elle risquait d’être mal notée mais ce qu’elle ressentait intérieurement était plus fort qu’elle. A chaque fois, elle levait la main pour demander la parole et disait : « Ce n’est pas vrai, Monsieur. » Il lui arrivait de se trouver à court d’arguments pour répondre aux affirmations élaborées du professeur. Mais ces mots : « Ce n’est pas vrai » contenaient toute sa foi qui est un don de vérité, et qui donnait à réfléchir.
Ses camarades, qui l’aimaient bien, s’efforçaient de la faire renoncer à ses interventions de peur que cela ne lui cause du tort. Mais en vain.
Quelques mois plus tard, arrive le moment des résultats. La jeune fille prend son carnet en tremblant, et ne peut retenir une exclamation de joie : elle a la note maxima !
Elle s’était efforcée, avant tout, de mettre Dieu et sa vérité à la première place, et le reste est venu par surcroît.

« Cherchez d’abord le royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné par surcroît. »

En cherchant toi aussi le Royaume du Père, tu expérimenteras que Dieu est Providence, qu’il pourvoit à tout ce qui t’est nécessaire. Et tu découvriras, dans leur normalité, l’extraordinaire des paroles de l’Evangile.

Chiara Lubich

Fondatrice et présidente du mouvement des Focolari de 1943 jusqu’à son décès en 2008

(suite…)

parole de vie août 2009

 

As-tu remarqué à quel moment se situe cette phrase dans l’Evangile ? L’évangéliste Jean la place juste avant que Jésus s’apprête à laver les pieds de ses disciples et se prépare à sa passion.
Dans les derniers moments passés avec les siens, Jésus manifeste plus explicitement l’amour sans limites qu’il leur porte.

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

« Jusqu’à l’extrême », c’est-à-dire jusqu’à la fin de sa vie, jusqu’au dernier soupir. Mais ces mots impliquent aussi l’idée de la perfection. Ils signifient que Jésus aima les siens totalement, jusqu’au bout.
Lorsque Jésus sera entré dans la gloire, ses disciples resteront dans le monde. Ils se sentiront seuls et devront affronter de nombreuses épreuves. Prévoyant cela, Jésus tient à les assurer de son amour.

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Ne sens-tu pas à travers ces paroles, un style de vie, une manière d’aimer qui sont propres au Christ ? Voilà qu’il lave les pieds de ses disciples. Son amour le pousse à ce service réservé alors aux esclaves.
Jésus se prépare à vivre le moment tragique du calvaire pour donner aux « siens » et à tous, – en plus de ses paroles, de ses miracles et de tout ce qu’il a accompli – sa vie même. Ils en avaient besoin, c’est ce dont tout homme a le plus grand besoin. Il s’agit d’être libéré du péché, c’est-à-dire de la mort, et de pouvoir entrer dans le royaume des cieux. Ils allaient trouver la paix et la joie dans la Vie qui ne finit plus.
Et Jésus s’offre à la mort, allant jusqu’à crier l’abandon du Père, au point de pouvoir dire à la fin : « Tout est accompli ».

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Cette phrase révèle la force et la grandeur de l’amour d’un Dieu et la douceur de l’affection d’un frère. Nous aussi chrétiens, nous pouvons aimer ainsi parce que le Christ est en nous.
Cependant, dans l’immédiat, ce que je te propose n’est pas tant d’imiter Jésus mort pour les autres (quand son heure était venue). Ni de te donner des modèles incontournables, comme le père Kolbe qui meurt dans un camp de concentration à la place d’un frère prisonnier ou le père Damien qui, s’étant fait lépreux avec les lépreux, meurt avec eux et pour eux.
Il ne te sera peut-être jamais demandé au cours des années, d’offrir ta vie corporelle pour les autres. Mais tout ce que Dieu te demande sans aucun doute, c’est de les aimer à fond, jusqu’au bout,  jusqu’à ce que toi aussi tu puisses dire : « Tout est accompli ».

C’est ce qu’a fait Cécile, une petite fille italienne de onze ans. Un jour, elle remarque la grande tristesse d’Anne, une amie de son âge. Elle s’efforce de la réconforter, mais sans succès. Voulant aller plus loin, elle cherche à savoir la raison de son angoisse. Son papa est mort et sa maman l’a laissée seule chez sa grand-mère pour aller vivre avec un autre homme. Cécile se rend compte combien la situation est tragique et elle décide d’agir. Malgré son jeune âge, elle demande à sa compagne de pouvoir parler avec sa mère. Mais son amie lui demande d’abord de l’accompagner sur la tombe de son père. Elle la suit en l’aimant de tout son cœur et elle entend Anne qui pleure et supplie son papa de venir la chercher.
 Cécile sent son cœur se briser. A côté, une petite église délabrée. Elles y pénètrent. Il ne reste qu’un petit tabernacle et un crucifix. Cécile remarque : « Tu vois, en ce monde un jour tout sera détruit, mais ce crucifix et ce tabernacle resteront ! » Anne répond en essuyant ses larmes : « Oui, c’est vrai ! » Puis Cécile prend doucement sa compagne par la main et l’accompagne chez sa mère.
Arrivée chez celle-ci, elle lui dit avec détermination : « Je sais, madame, que cela ne me regarde pas. Mais je voulais vous dire que vous avez laissé votre fille sans l’affection d’une maman et dont elle a besoin. Je puis aussi vous dire que vous ne serez jamais dans la paix tant que vous ne l’aurez pas reprise chez vous et que vous n’aurez pas regretté ce que vous avez fait. »
Le lendemain, Cécile retrouve Anne à l’école et la réconforte par son amour. Mais un fait nouveau se produit : à la sortie, une voiture vient prendre Anne. C’est sa maman qui conduit. Et depuis lors, la voiture revient tous les jours parce qu’Anne vit désormais avec sa mère, et celle-ci a définitivement rompu les liens avec l’homme qu’elle fréquentait.
De cette action de Cécile, modeste et grande à la fois, on peut dire qu’elle a « tout accompli », jusqu’au bout. Et elle a réussi.
Réfléchis un peu. Combien de fois as-tu commencé à prendre soin de quelqu’un pour l’abandonner ensuite, en cherchant mille excuses pour faire taire ta conscience ? Combien d’actions as-tu entrepris avec enthousiasme, sans les poursuivre ensuite parce que tu te heurtais à des difficultés qui te semblaient au-dessus de tes forces ?…
Voici ce que Jésus te dit aujourd’hui :

« Lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême. »

Fais de même.
Et si un jour Dieu devait te demander ta vie pour de bon, tu n’hésiteras pas. Les martyrs allaient à la mort en chantant. Et pour récompense, tu auras la plus grande gloire parce que Jésus a dit que personne au monde n’a de plus grand amour que celui qui verse son sang pour ses amis.

Chiara Lubich

Fondatrice et présidente du mouvement des
Focolari de 1943 jusqu’à son décès en 2008.

(suite…)

« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie »

pensée du jour Comme le Père m’a envoyé… Parmi les divines paroles que (Jésus) a dites, il y en a une qui donne le vertige si on pense que c’est Dieu qui l’a prononcée et elle fait comprendre l’excellence d’une élection. C’est un exemple paradoxal, mais vrai et riche de mystère. Et le Christ l’adresse à ceux qui deviendraient ses prêtres au cours des siècles: «Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie». Alors, le prêtre qui est-il? C’est celui que le Christ a choisi pour le continuer dans le temps. Malheureusement, parfois, le prêtre n’est pas ainsi. Par ailleurs, si le prêtre n’est pas le Christ, il est bien peu de choses. Ses homélies sont vides et les églises désertes. Parce que la parole que Jésus donnait, c’était Lui-même. Si le prêtre vit d’abord ce qu’il prêche et s’il parle ensuite, sa parole sera le Christ et il sera, lui aussi, un autre Christ. Ses discours soulèveront alors les foules et les églises seront combles. Parce que ce n’est pas tant la science qui fait le prêtre, mais bien le charisme vivifié par l’amour. Chiara Lubich, Il celibato sacerdotale, Città Nuova 14 (1970/3), 9 Traduit du livre: Come il Padre ha amato me… 365 pensieri per l’anno sacerdotale, Città nuova 2009 http://editrice.cittanuova.it/notizia.asp

Juillet 2009

Tu es jeune ? Tu as l’exigence d’une vie conforme à un idéal, d’une vie où tu te donnes totalement ? Ecoute Jésus. Personne n’a jamais été plus exigeant que lui. Tu as là l’occasion de témoigner de ta foi, de faire preuve de ta générosité et de ton héroïsme.
Tu es une personne mûre ? Tu aspires à une existence sérieuse, engagée et sûre en même temps ? Ou peut-être es-tu déjà âgé ? Tu souhaites alors vivre tes dernières années sans être rongé par les préoccupations, en t’abandonnant à quelqu’un qui ne te trompe pas ? Ces paroles de Jésus sont valables aussi pour toi.
Elles sont la conclusion d’une série d’exhortations par lesquelles il t’invite à ne pas te préoccuper de ce que tu mangeras, ni de ce que tu auras pour t’habiller. Comme le font les oiseaux du ciel qui ne sèment pas et les lis des champs qui ne filent pas. II te faut donc éliminer de ton cœur toute inquiétude par rapport aux biens de la terre, car le Père t’aime bien plus que les oiseaux et les fleurs, et  lui-même pense à toi. Voilà pourquoi il dit :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

L’Évangile, dans son ensemble comme dans chacune de ses paroles, demande aux hommes un don total de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont.
Dieu n’en demandait pas tant avant la venue du Christ. L’Ancien Testament considérait la richesse terrestre comme un bien, comme une bénédiction de Dieu. Et s’il demandait de faire l’aumône aux personnes dans le besoin, c’était pour obtenir la bienveillance du Tout-puissant. Plus tard dans le judaïsme, l’idée de la récompense dans l’au-delà était devenue plus commune. A quelqu’un qui lui reprochait de gaspiller ses biens, un roi répondit : « Mes ancêtres ont amassé des trésors pour ici-bas, moi j’ai amassé des trésors pour en haut. » (…)
L’originalité de la phrase de Jésus tient au fait qu’il exige de toi un don total, il te demande tout. Il veut que tu sois un fils sans préoccupations au sujet du monde : un fils qui s’appuie seulement sur lui.
II sait que la richesse constitue un énorme obstacle pour toi, parce qu’elle occupe ton cœur alors qu’il le veut tout entier pour lui.
C’est pourquoi il recommande :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

Si tu ne peux te défaire de tes biens matériellement parce que tu es lié à d’autres personnes, ou s’ils sont nécessaires à ta fonction, alors détache-toi spirituellement de ce que tu possèdes pour n’en être que le simple administrateur. Ainsi tout en t’occupant des biens dont tu disposes, tu aimeras les autres et, en les gérant pour eux, tu amasseras un trésor que le ver ne ronge pas et que le voleur n’emporte pas.
Cependant, es-tu bien sûr de devoir tout garder ? Dieu parle en toi. Écoute-le. Si tu n’y vois pas clair, demande conseil. Tu te rendras compte alors de tout le superflu que tu possèdes. Ne les garde pas, donne-les. Donne à celui qui n’a pas. Mets en pratique les paroles de Jésus : « Vends… et donne ». Ainsi tu rempliras les « bourses inusables » dont il parle.
Evidemment, pour vivre il faut bien s’occuper d’argent et d’affaires. Mais ce que Dieu veut, c’est que tu t’en occupes, et non que tu t’en préoccupes. Occupe-toi de ce minimum qui t’est indispensable pour vivre selon ta situation. Pour le reste :

« Vendez ce que vous possédez et donnez-le en aumône. Faites-vous des bourses inusables, un trésor inaltérable dans les cieux ; là ni voleur n’approche, ni mite ne détruit. »

Paul VI   était vraiment pauvre. La manière dont il a voulu être enterré l’a bien montré : dans un cercueil sans apparat, « dans la terre toute simple ». Peu de temps avant de mourir il avait dit à son frère : « il y a longtemps que j’ai préparé mes valises pour ce grand voyage. »
C’est ce que tu dois faire toi aussi : préparer tes valises. C’est sans doute ce qu’à l’époque de Jésus on appelait des « bourses ».
Prépare-les jour après jour. Remplis-les le plus possible de ce qui peut rendre service aux autres. C’est ce que tu donnes qui t’enrichit. Pense à la faim dans le monde, à toute la souffrance, à tous les besoins…
Mets-y aussi chaque acte d’amour, chaque action en faveur des frères.
Accomplis toutes ces actions pour Jésus. Dis-le lui dans ton cœur : pour Toi. Et fais-les bien, à la perfection ! Elles sont destinées au Ciel, elles demeureront pour l’éternité.

Chiara Lubich

Le rêve de l’Europe unie de Giordani dès les années ‘20

Les écrits reportés sont publiés dans « Parte Guelfa », revue fondée par Giordani au cours de son intense activité journalistique, et sur « Le quotidien » qu’il dirigeait alors.

« Les Etats Unis d’Europe n’existeront pas tant que l’Europe sera travaillée par les nationalismes. Etats unis européens et nationalisme sont deux termes qui s’excluent l’un l’autre. » (Parte Guelfa, 1925)

« L’unité sera fruit inéluctable des conditions économiques selon lesquelles aucun pays ne se suffit plus à soi-même et la vie de chacun est intimement liée à celle des autres ; cela viendra du besoin de paix universellement ressenti ; cela se concrétisera comme une réalisation du christianisme, dont les valeurs refleuriront avec la manifestation de leur nécessité. » (Parte Guelfa,1925)

« L’amour de son propre pays n’implique pas la haine envers celui de l’autre : l’amour à sa propre famille est imbécile s’il se traduit par la haine envers les familles cohabitant dans la même résidence ». (Parte Guelfa,1925)

« L’Europe se sauvera de l’échec économique, de la menace de nouvelles guerres (…) seulement si, se sentant dans son organisation, dans son continent, une, unie, elle regroupe toutes ses ressources pour affronter les dangers communs au lieu de s’enfoncer dans la décadence intérieure. » (Parte Guelfa,1925)

« Ce débordement, toute cette expansion multiple au-delà des clôtures nationales, réponde à un besoin de libération ; dans sa meilleure expression, il est enrichissement de vie ; où il arrive rationnellement, c’est le christianisme qui se fait. (…) Le christianisme depuis le début éduque les chrétiens à la catholicité : c’est-à-dire à l’universalité. La société universelle de l’Eglise ne voit que des âmes, au-delà des traits du genre humain ; et elle soutient cette fraternité universelle qui n’est pas favorisée, mais interrompue, et souvent disséquée, par des incisions sanglantes, par les divisions territoriales, linguistiques, nationales et de classes. » (Il Quotidiano, 1945)

« La fraternité universelle : une nécessité pour l’Europe »

« La fraternité universelle : une nécessité pour l’Europe »

Au lendemain du vote européen, nous reproposons une pensée de Chiara Lubich sur l’Europe, tirée de son discours au premier rendez-vous d’ « Ensemble pour l’Europe » de mai 2004. 10.000 personnes étaient réunies dans la ville allemande de Stuttgart et plus de 100.000 étaient reliées par des évènements simultanés dans différentes capitales européennes. Le rassemblement avait été promu par plus de 150 mouvements et communautés ecclésiales de différentes églises, de tout le continent européen. L’intervention de Chiara était centrée sur la fraternité, définie justement ces jours-ci par le sociologue Bauman « emblème parfait de l’identité européenne ». La fraternité universelle a été également promue par des personnes qui ne puisaient pas à des principes religieux, mais mues par le désir de faire du bien à l’humanité. La découverte du concept de fraternité est fondamentale comme le souligne le grand événement historique qui constitue la charnière entre deux époques : la Révolution Française. Par sa devise – « Liberté, Égalité, Fraternité » – elle synthétise le grand projet politique de la modernité. Un projet qui a échoué en partie. En effet, si de nombreux pays ont réussi à réaliser en partie au moins la liberté et l’égalité en se dotant d’institutions démocratiques, la fraternité en est restée davantage au niveau des mots que des faits. Celui qui, plus que tout autre, a proclamé la fraternité universelle et nous a donné le moyen de la réaliser, est Jésus. En nous révélant la paternité de Dieu, il a détruit les murs érigés entre ceux qui sont « égaux » et ceux qui sont « différents », entre amis et ennemis. Il a libéré l’homme des liens qui le rendaient prisonnier, des multiples formes de dépendance, d’esclavage, d’injustice. Il a accompli ainsi une véritable révolution existentielle, culturelle et politique. (…) Or l’instrument que nous a offert Jésus pour réaliser cette fraternité universelle est l’amour, un amour fort, un amour nouveau, un amour différent de celui que nous connaissons généralement. Il a répandu sur la terre la façon d’aimer du Ciel. Cet amour exige que nous aimions tous les êtres humains, non pas seulement nos parents et nos amis. Il exige que nous aimions ceux que nous trouvons sympathiques et ceux qui nous sont antipathiques, nos compatriotes et les étrangers, les Européens et les immigrés, ceux de notre Église et ceux d’une autre Église, ceux qui ont la même religion et ceux qui en ont une différente. Il demande aux pays d’Europe occidentale d’aimer les pays d’Europe centrale ou de l’Est et réciproquement. Il demande à tous de s’ouvrir aux autres continents, dans la visée des fondateurs de l’Europe unie. Cet amour demande que nous aimions nos ennemis et que nous pardonnions quand on nous fait du mal. Après les guerres qui ont ensanglanté notre continent, de nombreux Européens ont été des modèles d’amour envers leurs ennemis et des modèles de réconciliation. (…) L’amour dont je parle ne fait pas de discrimination et s’adresse à tous ceux que nous rencontrons, directement ou indirectement : ceux qui nous sont proches physiquement, ceux dont nous parlons ou dont il est question ; ceux pour qui nous accomplissons notre travail quotidien, ceux dont parlent les journaux ou la télévision… C’est ainsi en effet que Dieu Père nous aime, lui qui fait briller le soleil et tomber la pluie sur tous ses enfants, bons et méchants, justes et injustes (cf. Mt 5,45). (…) L’amour apporté par Jésus n’est pas non plus un amour platonique, sentimental, fait de mots. C’est un amour concret. Il demande que nous passions aux faits, que nous nous « retroussions les manches ». Cela n’est possible que si nous nous faisons tout à tous, malades avec ceux qui sont alités ; joyeux avec ceux qui sont dans la joie ; soucieux, dépourvus de sécurité, affamés, pauvres avec ceux qui le sont. Une fois que nous ressentirons en nous ce qu’ils éprouvent, il nous faudra agir en conséquence. Que de nouvelles pauvretés de nos jours en Europe ! Pensons, pour ne donner que quelques exemples, à la marginalisation des handicapés et des malades du Sida, à la traite des femmes contraintes à se prostituer, aux SDF, aux mères célibataires. Pensons à ceux qui courent après les fausses idoles de la recherche du plaisir, de la société de consommation, de la soif de pouvoir, du matérialisme. Jésus en chacun d’eux attend notre amour concret et agissant. Il a affirmé que ce que nous faisons de bien ou de mal aux autres, c’est à lui-même que nous le faisons. Au jugement final, a-t-il dit, il précisera aux bons et aux méchants : « C’est à moi que vous l’avez fait » (cf. Mt 25,40). (…) En outre, lorsque cet amour est vécu à plusieurs il devient réciproque. C’est ce que Jésus souligne davantage : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34). Ce commandement, il le dit « sien » et « nouveau ». Un tel amour réciproque n’est pas demandé seulement aux individus, mais aussi aux groupes, aux Mouvements, aux villes, aux régions, aux États… Notre temps exige en effet que les disciples de Jésus acquièrent une conscience « sociale » du christianisme. Plus que jamais il est urgent et nécessaire que nous aimions le pays d’autrui comme le nôtre : la Pologne comme la Hongrie, le Royaume-Uni comme l’Espagne, la République Tchèque comme la Slovaquie. L’amour apporté par Jésus est indispensable pour l’Europe, pour qu’elle devienne la « maison commune européenne », une famille de nations. Chiara Lubich, Stuttgart, 8 Mai 2004

Juin 2009

Imagine un sarment détaché de la vigne… Quel peut être son avenir ? Il n’a plus d’espérance ! Stérile, il se dessèchera et sera brûlé.
En tant que chrétien, vois quelle mort spirituelle t’attend si tu ne restes pas uni au Christ. Il y a de quoi prendre peur ! Même si tu travailles du matin au soir, même si tu crois être utile à l’humanité ou si tes amis t’applaudissent, même si tu t’enrichis des biens de la terre, même si tu fais d’énormes sacrifices, c’est la stérilité totale. Tout cela a un sens pour toi ici-bas, mais aucun pour le Christ et pour l’éternité. Or c’est bien celle-là, la vie qui compte le plus.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

Comment peux-tu demeurer dans le Christ et le Christ en toi ? Comment rester un sarment vert et vigoureux qui forme corps avec la vigne ?
Il te faut d’abord croire au Christ, mais ce n’est pas suffisant. Ta foi doit avoir une influence concrète sur ta vie. Il te faut donc vivre conformément à cette foi, en mettant en pratique les paroles de Jésus, recourant aux moyens divins que le Christ t’a donnés pour obtenir ou retrouver l’unité éventuellement rompue avec lui.
De plus, tu ne seras pas bien ancré en Christ si tu ne t’efforces pas de t’insérer dans ta communauté ecclésiale, dans l’Eglise locale.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure ».
  As-tu remarqué que le Christ parle en même temps de ton union avec lui, et de la sienne avec toi ? Si tu restes uni, il est en toi, présent dans ton cœur. D’où une relation, un dialogue d’amour réciproque, une collaboration entre Jésus et toi, son disciple.
Et qu’en résulte-t-il ? Du fruit en abondance, comme les belles grappes que porte le sarment bien attaché à la vigne.
« …du fruit en abondance », cela signifie que tu posséderas une véritable fécondité apostolique. Tu pourras ainsi faire comprendre à beaucoup les paroles uniques et révolutionnaires du Christ et leur donner la force de les suivre.
Cela signifie encore que tu sauras susciter ou créer des œuvres – petites ou grandes – pour soulager les besoins du monde les plus divers, selon les dons que Dieu t’a donnés.
«…en abondance » c’est à dire à profusion, pas un peu seulement. Cela peut vouloir dire que tu sauras porter au milieu des hommes qui t’entourent un courant de bonté, de communion, d’amour réciproque.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

 « Produire du fruit en abondance » ne concerne pas seulement le bien spirituel et matériel des autres, mais aussi le tien.
Grandir intérieurement, te sanctifier, cela aussi dépend de ton union au Christ. Te sanctifier. Dans le monde actuel, trouves-tu ce mot anachronique, inutile, voire utopique ?
Ce n’est pas exact. L’époque présente s’en va, emportant ses façons de voir limitées, relatives ou erronées. La vérité demeure. II y a deux mille ans, l’apôtre Paul disait que c’est la volonté de Dieu que tous les chrétiens parviennent à se sanctifier. Et pour Thérèse d’Avila, docteur de l’Église, n’importe qui peut parvenir à la plus haute contemplation. Enfin le concile Vatican II rappelle que tout le peuple de Dieu est appelé à la sainteté.
Il s’agit là de voix autorisées…
Par conséquent, fais tout pour recueillir dans ta vie le « fruit en abondance » de la sanctification que seule peut te donner ton union au Christ.

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments : celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. »

As-tu remarqué que Jésus ne demande pas directement le fruit, mais il le voit comme la conséquence de demeurer uni à lui ?
Il se peut que toi aussi, tu fasses la même erreur que beaucoup de chrétiens : l’activisme, l’activisme, des actions et des œuvres faites pour le bien des autres, mais sans prendre le temps de considérer si l’on est vraiment uni au Christ.
C’est une erreur : on croit porter du fruit, mais ce n’est pas celui que pourrait produire le Christ en toi, avec toi.
Pour porter du fruit de manière durable, un fruit qui porte la marque divine, il faut demeurer unis au Christ. Et plus tu lui resteras uni, plus tu porteras du fruit.
En outre, le verbe « demeurer » qu’utilise Jésus, fait penser non pas à des moments où l’on porte du fruit, mais à un état permanent de fécondité.
En fait, si tu connais des personnes qui vivent ainsi, tu verras qu’elles touchent les cœurs, parfois jusqu’à leur faire retrouver Dieu. Elles le font peut-être à travers un simple sourire, une parole, par leur comportement quotidien ou leur attitude face aux différentes situations de la vie.
C’est ainsi qu’ont vécu les saints. Nous ne devons pas nous décourager. Tous les chrétiens, quels qu’ils soient, peuvent porter du fruit. En voici un exemple.
La politisation du monde étudiant actuel laisse peu de place à ceux qui veulent l’ouvrir à d’autres idéaux pour le bien de l’humanité.
Nous sommes au Portugal. Maria do Socorro, entrée à l’université, se heurte à cette situation. Beaucoup de ses camarades suivent leur idéologie, chacun cherchant à entraîner à sa suite ceux qui n’ont pas encore pris parti.
Maria, elle, a déjà choisi son chemin : suivre Jésus et rester unie à lui. Pour ses camarades, ignorant ses idées, elle manque d’énergie et n’a pas d’idéal. Parfois, surtout en entrant dans une église, elle éprouve une sensation de respect humain. Mais elle continue à y aller, voulant rester unie à Jésus.
Noël approche. Certains étudiants, habitant trop loin, ne peuvent retourner chez eux. Marie propose aux autres d’offrir ensemble un cadeau à ceux qui ne partent pas. A sa grande surprise, tous acceptent.
Quelques temps après vient la période des élections. A son grand étonnement, Marie se voit désignée pour représenter son année. Mais sa plus grande surprise est de s’entendre dire : « C’est logique que tu aies été choisie. Tu es la seule qui a une ligne de conduite précise et tu sais comment la réaliser. » Depuis, certains se sont intéressés à son idéal et veulent le vivre eux aussi.
Voilà un beau fruit de la persévérance de Maria do Socorro à vouloir demeurer unie à Jésus.

Chiara Lubich
 

 

(suite…)

Une victoire, pas seulement sur le terrain de jeu

 Mon pays est sorti depuis peu d’une guerre qui a duré des années. Maintenant, la situation politique est stable, il y a une grande croissance et la vie est redevenue normale. Mais pas pour tous… Depuis quelques temps, des jeunes, restés sans famille, se réunissaient près de l’église pour faire la manche. Désormais c’était un point de rencontre, ils dormaient et vivaient là. Avec le temps, des situations toujours plus difficiles se sont développées, des vols, des bagarres entre eux. De la drogue circulait et cela devenait dangereux de s’y aventurer le soir. Le prêtre avait parlé avec eux pour essayer de trouver une solution mais certains étaient très rebelles et refusaient un quelconque rapport. Avec d’autres jeunes, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire : nous avons décidé de chercher à les connaître. Nous nous sommes présentés, et chaque fois que nous allions à la messe, nous nous arrêtions pour les saluer. Petit à petit, une relation s’est établie avec plusieurs d’entre eux et nous avons eu l’idée de faire quelque chose ensemble. Nous avons ainsi organisé une partie de foot. Nous avons cherché le terrain et nous avons réussi à obtenir en cadeau de très beaux maillots pour les deux équipes. Au jour prévu, nous nous sommes retrouvés sur le terrain, en portant un goûter avec boissons, sandwichs et gâteaux. Cela a été un moment très fort, l’amitié entre nous a énormément grandi. La plus grande fête a été leur victoire ! Nous avons commencé depuis à les inviter à nos rencontres. Et leur réponse a dépassé toute attente. La relation qui est née a rallumé en eux une nouvelle espérance, le désir de parler avec le prêtre pour trouver un travail – et beaucoup en ont trouvé – et se réinsérer dans la vie normale. Nous nous sommes rendu compte que la chose la plus importante n’est pas de donner de l’argent, mais plus d’attention. Nous devions donner notre temps, notre affection, et l’amitié et les fruits de cet amour ont été bien plus grands. (T. P. – Angola)

Mai 2009

Edith, aveugle de naissance, vit dans un institut spécialisé pour jeunes malvoyants. L’aumônier, paralysé des jambes, ne pouvant plus venir célébrer la messe, Edith s’adresse à l’évêque pour que demeure dans la maison la présence de l’Eucharistie, cette lumière dans leurs ténèbres. Elle obtient même l’autorisation de distribuer elle-même la communion à l’aumônier et aux jeunes qui le souhaitent.
Désireuse de se rendre utile, Edith a aussi obtenu la possibilité d’intervenir dans une radio locale. Elle cherche à y donner grâce à son expérience le meilleur d’elle-même : des conseils, des idées, des réponses à des questions d’ordre moral, un soutien à ceux qui souffrent. Edith… on pourrait en raconter encore plus à son sujet. Bien qu’aveugle, elle a réussi à trouver la lumière à travers sa souffrance.
Je pourrais citer  d’autres exemples qui montrent que le bien existe et ne fait pas de bruit. Edith vit tout simplement en chrétienne, concrètement, mettant, comme chacun de nous peut le faire, ses propres dons au service des autres.
Oui, car un « don » (ou « charisme », selon le terme grec) ne signifie pas seulement les grâces consenties par Dieu à ceux qui doivent gouverner l’Église. Ni des dons extraordinaires accordés directement à certains fidèles pour le bien de tous, en cas de situations exceptionnelles, ou de graves dangers (…). Il peut s’agir aussi de la sagesse, de la science, du don des miracles, de celui de parler en langues, d’un charisme suscitant une nouvelle spiritualité dans l’Église, ou autre.
Les termes « don », ou « charisme » ne se réfèrent pas seulement aux exemples cités plus haut, mais aussi à de simples talents que beaucoup possèdent, et que l’on remarque au bien qu’ils produisent. (…) L’Esprit Saint est à l’œuvre. Chacun dispose d’aptitudes naturelles. Chacun en possède. Toi aussi.
Quel usage dois-tu en faire ? Pense à les développer. Ils t’ont été donnés non seulement pour toi, mais aussi pour le bien de tous.

« Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».

Dans la grande diversité des dons chacun possédant le sien a donc sa fonction particulière dans la communauté.
Mais dis-moi : et toi ? Tu possèdes un diplôme ? N’as-tu jamais pensé à consacrer quelques heures de la semaine à l’enseignement pour celui qui en a besoin ou pour celui qui n’a pas les moyens d’étudier ?
Toi qui as un cœur particulièrement généreux, n’as-tu jamais pensé à utiliser toutes tes forces pour aider des gens pauvres ou vivant en marge de la société ? Ainsi tu pourrais remettre dans le cœur de beaucoup le sens de la dignité humaine. (…)
Tu as le don particulier de réconforter les personnes ? Ou bien, tu es capable de tenir une maison en ordre, de faire la cuisine, de confectionner avec peu de moyens des vêtements utiles ou de faire des travaux manuels ? Regarde autour de toi et vois qui peut avoir besoin de tes services.
N’est-il pas regrettable de voir tant de temps libre inutilisé ? Est-ce admissible pour nous chrétiens, tant qu’on trouvera sur terre un malade, quelqu’un qui a faim, un prisonnier, un toxicomane, un frère à instruire, ou triste ou dans le doute, (…) une veuve ou un orphelin…
Et la prière ? Ne te semble-t-elle pas un don extraordinaire à utiliser ? Alors qu’à chaque instant nous pouvons nous adresser à Dieu présent partout (…)

 « Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres, comme de bons administrateurs de la grâce de Dieu, variée en ses effets ».

Imagine-toi ce que deviendrait l’Église si tous les chrétiens, quel que soit leur âge, mettaient leurs dons à la disposition des autres ?
L’amour réciproque y gagnerait tant, il prendrait tellement d’ampleur et de relief qu’on pourrait y reconnaître là les disciples du Christ. (…)
Pourquoi ne pas faire tout notre possible pour  parvenir à un tel résultat ?
Chiara Lubich

Un communicateur au service d’un grand idéal : Que l’humanité devienne une famille.

Nous publions (ci-dessous) quelques extraits d’une intervention de Nedo Pozzi sur la figure de “Giordani, communicateur”. Il a fait cette Intervention le 18 avril dernier, jour du 29e anniversaire du décès d’Igino Giordani – connu aussi sous le nom de “Foco” -, lors d’un Congrès sur la communication – NetOne Italie – organisé par le mouvement des Focolari.

Il y a vingt neuf ans, Igino Giordani – surnommé Foco par Chiara Lubich et par nous tous – quittait cette terre (…). Alors qu’il est l’une des personnalités marquantes du 20° siècle en Italie, à l’apogée de sa carrière et d’une activité intense, un événement fait prendre à la vie de Giordani un tournant et l’achemine vers une expérience spirituelle nouvelle dont il deviendra l’un des premiers acteurs.

Cet événement est la rencontre avec Chiara Lubich, en septembre 1948. Avec elle commence une amitié spirituelle caractérisée par son humilité, sa transparence, son unité. Giordani dira plus tard: “Toutes mes études, mes idéaux, les événements mêmes de ma vie me semblaient tous orientés à ce but… Je peux dire qu’avant, j’avais cherché ; là, j’avais trouvé (…).

C’est de cette rencontre entre Chiara Lubich et Igino Giordani en 1948, qu’a commencé à se faire jour un renouveau radical de la vie, de la pensée, de l’interaction sociale à tous les niveaux, parmi lesquels le domaine politique, le domaine médiatique…

Giordani est un personnage très polyvalent, mais nous le voyons surtout comme un communicateur au service d’un grand idéal : Que l’humanité devienne une famille.

Son engagement comme homme des médias est impressionnant : il a écrit 4000 articles dans une cinquantaine d’organes de presse italiens et d’autres pays, fondateur de plusieurs publications, directeur de deux quotidiens et de dix périodiques, auteur d’une bonne centaine de livres (une moyenne de deux par an, pour un total de 26000 pages, traduites en plusieurs langues ; sans compter les essais, les opuscules, les lettres, les interventions en public. Pendant une trentaine d’années, il est resté dans le vif de l’activité politique et culturelle, nationale et internationale, allumant des lumières prophétiques sur les événements souvent dramatiques de ce XXe siècle. Outre sa plume d’écrivain pleine de verve, sa plus grande qualité médiatique était la parole : le don d’une conversation qui – par le biais de sa beauté poétique, de son éloquence et d’une ironie subtile -, véhiculait des idées à contre courant, d’une profondeur insolite.

Voici quelques pensées de cet artiste des mots, de cet homme politique “ingénu” et “trop chrétien”. Ce sont quelques perles choisies parmi ses écrits sur la communication.

“Si pour l’homme, être c’est penser, vivre c’est communiquer.”
“Le communicateur est appelé à éclairer la réalité et non à la noircir (…). Il devrait se renouveler chaque jour, refaire le plein d’idées à chaque moment (…). Le communicateur peut ne pas avoir un sou en poche, mais s’il a une idée en tête, une flamme dans le cœur, il vaut sur le marché plus qu’un grand financier.”

“L’amour est tout ; sans l’amour rien ne vaut : la communication peut et doit alimenter cette vérité que l’amour est le seul ciment social durable, avant que la peur, mère de la bombe atomique, prenne le dessus.”

“Le communicateur est le constructeur le plus direct d’une cité nouvelle.”

“L’humanité s’ouvre toujours les veines pour les mêmes raisons… Elle dit par exemple : ‘Si tu veux la paix, prépare la guerre.’ Mais pour nous, la vérité est tout autre. Si tu veux la paix, prépare la paix. Si tu prépares la guerre, à moment donné les fusils tireront tous seuls… Si nous voulons arriver à la paix, nous devons commencer à la construire entre nous…  Parce que la paix commence à partir de chacun d’entre nous.” C’est au Parlement qu’il prononçait ces mots, le 21 décembre 1950.

Pour terminer, que nous dirait Giordani aujourd’hui si nous lui demandions que faire en pratique ? Il nous dirait :

“Ouvrez votre cœur comme une coquille, pour recueillir la voix de l’humanité et mettre en circulation l’amour et la richesse – le biens et les biens –, en faisant sauter les barrières de races et de classes, les douanes de l’esprit, les péages du bonheur… Et voyez dans l’homme, quel qu’il soit, un frère…”

C’est une proposition, une invitation qui remonte à 1961 mais qui est toujours très actuelle, et qui m’interpelle chaque matin, chaque fois que je rencontre quelqu’un ou que je m’asseois devant l’ordinateur pour faire mon et son métier.

Nedo Pozzi

avril 2009

As-tu remarqué qu’en général, tu ne vis pas ta vie ? Tu la subis plutôt, dans l’attente d’un « après » qui devrait être « meilleur » ?
C’est vrai : un « après-meilleur » doit arriver, mais pas celui auquel tu t’attends.
D’instinct – et c’est Dieu qui l’a mis en toi – tu es porté à attendre quelqu’un ou quelque chose qui puisse te satisfaire pleinement : un jour de fête par exemple, ou des vacances, ou une certaine rencontre. Et lorsque ces moments sont passés, tu n’es pourtant pas satisfait, tout au moins pas entièrement. Et tu reprends le train-train d’une existence vécue sans conviction, et toujours en attente de quelque chose.
En réalité, parmi les facteurs qui composent ta vie, il en est un auquel personne ne peut échapper : la rencontre face à face avec le Seigneur. Voilà le « meilleur » auquel tu aspires inconsciemment, parce que tu es fait pour le bonheur. Et la plénitude du bonheur, lui seul peut la donner.
Sachant combien toi, comme moi, nous recherchons aveuglément cette plénitude, Jésus nous recommande :

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Veillez. Soyez sur vos gardes. Restez éveillés.
Car s’il existe une certitude, c’est bien qu’un jour nous devrons mourir. Ce qui, pour un chrétien, signifie se présenter devant le Christ.
Peut-être appartiens-tu, toi aussi, à la majorité de ceux qui oublient intentionnellement et délibérément la mort. Et, redoutant ce moment, tu vis comme s’il n’existait pas. Et ta façon de vivre toujours plus enracinée sur la terre, revient à dire : comme la mort me fait peur, donc, pour moi, elle n’existe pas. Or, elle viendra. Car le Christ vient. Soyons-en certains.

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Dans cette phrase, Jésus veut parler de sa venue au dernier jour. De même qu’il a quitté les apôtres pour monter au ciel, ainsi reviendra-t-il.
Mais il s’agit aussi de la venue du Seigneur au terme de la vie de chaque homme. (…)
Et puisque tu ne sais pas si le Christ viendra aujourd’hui, ce soir, demain, dans un an ou plus tard, il te faut veiller. Comme ceux qui restent éveillés dans l’attente des cambrioleurs, mais sans en connaître l’heure.
Et si Jésus vient, cela signifie que la vie ici-bas est un passage. Alors s’il en est ainsi, plutôt que de dévaloriser ta vie, accorde-lui l’importance qu’elle mérite et prépare-toi à cette rencontre par une vie digne de ce nom.
(…)

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir. »

Une chose est sûre : tu dois veiller toi aussi. Ta vie ne comprend pas uniquement des actes se succédant sans heurts. Elle est aussi une lutte. Et les tentations les plus variées : orgueil, attachement à l’argent, impureté, violence, en sont les premiers ennemis.
Si tu restes toujours éveillé, tu ne te laisseras pas surprendre.
Et celui qui aime veille toujours. Veiller est une des caractéristiques de l’amour.
Lorsqu’on aime une personne, le cœur veille toujours lorsqu’on l’attend et chaque minute passée en son absence est vécue en fonction d’elle.
C’est ce que fait une femme qui met le meilleur d’elle-même pour préparer ce dont son mari absent aura besoin : elle fait tout en fonction de lui. Et à son arrivée, son accueil plein d’entrain contient tout son travail joyeux de la journée.
C’est ce que fait une maman, quand elle prend un court moment de repos auprès de son enfant malade. Elle dort, mais son cœur veille.
 C’est ce que fait celui qui aime Jésus. Il fait tout en fonction de lui. Il le rencontre ainsi à chaque instant dans l’observation toute simple de sa volonté, et l’accueillera solennellement le jour de sa venue.

Je me souviens qu’à Santa Maria, au sud du Brésil, une rencontre de 250 jeunes chrétiens venait de se terminer. La majeure partie venant de la ville de Pelotas.
Un premier car de 45 personnes est parti, au milieu des chants, dans la joie, exprimant tout leur amour pour Jésus. Pendant le voyage, quelques jeunes filles se sont mises à réciter le chapelet, les mystères douloureux, et elles ont prié, demandant d’être fidèles à Dieu, jusqu’à la mort.
Dans un virage, à cause d’un incident mécanique, le car tombe dans un ravin d’une cinquantaine de mètres, en se retournant trois fois. Six jeunes filles meurent.
Une survivante raconte : « J’ai vu la mort de près, mais je n’ai pas eu peur parce que Dieu était là. »
Une autre : « Quand j’ai constaté que je pouvais bouger, au milieu des débris, j’ai regardé le ciel étoilé et à genoux au milieu des corps de mes compagnes, j’ai prié. Dieu était là, à côté de nous. » Le père de Carmen Regina, une des victimes, a raconté que souvent sa fille répétait : « C’est beau de mourir, papa, on  va demeurer avec Jésus. »

« Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur va venir ».

Les jeunes filles de Pelotas veillaient parce qu’elles aimaient. Et quand le Seigneur vint, elles allèrent à sa rencontre avec joie.

Chiara Lubich

mars 2009

 N’est-ce pas absurde ? En ce monde, on voit d’une part des hommes qui errent, toujours en recherche, et qui, dans les inévitables épreuves de la vie, ressentent avec angoisse un manque, un besoin d’aide et se sentent orphelins et d’autre part, Dieu, Père de tous, qui ne demande qu’à user de sa toute-puissance pour exaucer les désirs et répondre aux besoins de ses enfants.
C’est comme un vide qui appelle un « plein », et un « plein » qui réclame un vide. Cependant, les deux ne se rencontrent pas.
La liberté donnée à l’homme peut en être la cause, Dieu ne cesse cependant pas d’être Amour pour ceux qui le reconnaissent.
Écoute ce que dit Jésus :

 « Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

Nous sommes devant une de ces phrases riches de promesses que Jésus répète de temps à autre dans l’Évangile. A travers elles, avec des accents et sous des aspects différents, il nous enseigne comment obtenir ce dont nous avons besoin.
Seul Dieu peut parler ainsi. Ses possibilités sont illimitées. Toutes les grâces sont en son pouvoir qu’elles soient d’ordre spirituel ou matériel, de l’ordre du possible ou de l’impossible.
Mais écoute bien.
Il te suggère ‘comment’ te présenter au Père pour exprimer ta demande. « En mon nom » dit-il.
Si tu as un peu de foi, ces trois mots devraient te donner des ailes.
Vois-tu, Jésus qui a vécu parmi nous connaît les besoins infinis que nous avons et que tu as. Il en éprouve de la peine pour nous. Alors, il s’interpose dans notre prière. C’est comme s’il disait : « Va auprès du Père en mon nom et demande-lui ceci, et cela, et encore ceci.» Il sait que le Père ne peut pas lui refuser. Jésus est son fils, Jésus est Dieu.
Ne va pas en ton propre nom auprès du Père, va au nom du Christ. Connais-tu le proverbe (italien) qui dit : « Ambassadeur ne porte douleur » ? En allant auprès du Père au nom du Christ, tu agis en simple ambassadeur et les affaires se règlent entre les deux intéressés.
C’est ainsi que prient bien des chrétiens qui pourraient te témoigner de toutes les grâces qu’ils ont reçues. Elles sont la révélation quotidienne de la paternité aimante et attentive de Dieu qui veille sur eux.

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

A ce point, tu pourrais me rétorquer : « J’ai demandé, et redemandé, au nom du Christ, mais je n’ai rien obtenu ».
C’est possible. Il y a d’autres passages de l’Évangile où Jésus nous invite à demander, et où il donne d’autres explications qui, peut-être, t’ont échappé.
Il dit, par exemple, que l’on obtient si l’on « demeure » en lui, c’est-à-dire dans sa volonté.
Or, il se peut que ta demande ne corresponde pas au plan de Dieu sur toi, et qu’il la juge inutile ou même néfaste pour ton existence sur cette terre ou pour l’autre vie.
Lui qui est un père pour toi, comment pourrait-il alors t’exaucer? II te tromperait, ce qui est impensable.
Avant de prier, mets-toi donc d’accord avec lui en lui disant : « Père, si cette prière te convient, voici ce que je désire te demander au nom de Jésus. »
Et si la grâce demandée correspond au plan que Dieu, dans son amour, a pensé pour toi, alors se réalisera la parole :

« Tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

Il se peut également que tu sollicites des grâces, sans avoir aucune intention de conformer ta vie à ce que Dieu demande.
En ce cas encore, te semblerait-il juste que Dieu t’exauce ? Car il ne veut pas seulement te faire un cadeau, il veut te donner la plénitude du bonheur. Et on l’obtient en s’efforçant de vivre les commandements et les paroles de Dieu. Il ne suffit pas d’y penser, ni seulement de les méditer, il faut les vivre.
Si tu agis ainsi, tu recevras tout.
En conclusion : veux-tu recevoir des grâces ?
Demande tout ce que tu veux, au nom du Christ, en cherchant d’abord sa volonté, décidé à suivre la loi de Dieu.
Dieu est très heureux de donner des grâces. Malheureusement, le plus souvent, c’est nous qui lui lions les mains.
 
Chiara Lubich

(suite…)

Mexique: en fête et en prière

Les initiatives dans le monde pour se souvenir de Chiara Lubich et continuer à vivre son héritage sont multiples. Ici nous ouvrons un zoom sur le Mexique. Le souvenir de la visite que Chiara avait faite au Mexique en juin 1997 est encore bien vivant. De manière toute particulière sa rencontre au sanctuaire de Mexico où est vénérée Notre-Dame de Guadalupe, “la Vierge noire”, comme la nomme la majorité de la population. A Guadalajara, une messe solennelle sera célébrée le 14 mars, retransmise en direct par le réseau satellite Mariavision. A Santa Cruz, région à majorité indigène, la communauté sera réunie en prière pour Chiara pendant 9 jours, selon les rites ancestraux. Le dixième jour, une messe sera célébrée en langue Náhuatl, la langue parlée par les Aztèques, très ancienne civilisation mexicaine, et par la Vierge de Guadalupe quand elle est apparue à Juan Diego. Les adhérents du Mouvement des 32 communautés indigènes de la zone y participeront. Le canal Mariavision, en plus de la messe dans la cathédrale de Guadalajara, transmettra un programme sur la vie, le charisme et l’œuvre de Chiara. Autres rendez-vous au Mexique PUEBLA -26/3 Evénement culturel, avec la participation de divers représentants de la culture,  des autres religions et du monde de l’art – à 19 heures – Hôtel de ville. PUEBLA – 28/3 Messe dans la cathédrale, à 18 heures ; présidée par Mgr J.Trinidad Medel, vicaire de l’Archidiocèse de Puebla pour les Laïcs. NETZAHUALCOYOTL – 20/3 Messe dans la cathédrale – à 19 heures ; présidée par Mgr Carlos Garfias MEXICO – 26/3 Hommage à Chiara, à l’Institut Mexicain de Doctrine Sociale de l’Eglise – à 19 heures – témoignages de différentes personnes du monde politique, religieux et culturel. SANTA CRUZ – 6-15/3 Rites traditionnels – 9 jours de prière pour Chiara ; le dixième jour, Messe en langue Náhuatl avec les membres des 32 communautés indigènes de la zone. (Note : Le Náhuatl est la langue parlée par les Aztèques et par la Vierge de Guadalupe à Juan Diego). CITÉ PILOTE LE DIAMANT – 22/3 Après-midi consacré à Chiara – Bénédiction de la Croix – à 13 heures ; selon la coutume du lieu, la Croix, soulevée de terre comme un symbole de la résurrection, sera portée en procession, tandis que des pétales de fleurs seront répandus le long de la route, pour signifier le chemin définitif vers le Paradis. La croix sera plantée dans le cimetière de la cité pilote : “Résurrection”, nom donné encore par Chiara .

Février 2009

Que dis-tu de cela ?
Voilà une phrase terriblement exigeante, qui exprime quelque chose de radical, de jamais vu ! Jésus – qui a affirmé que le mariage était indissoluble et laissé comme commandement d’aimer tout le monde et donc particulièrement les parents – demande ici de mettre au second plan toutes les affections légitimes de cette terre, si elles risquent d’empêcher qu’on lui porte un amour sans réserve. Seul Dieu pouvait en demander autant.
De fait, Jésus arrache les hommes à leur façon de vivre naturelle ; il veut qu’ils soient reliés à lui avant tout, afin de former sur terre la fraternité universelle.
Pour ce faire, lorsqu’il trouve un obstacle à son projet, il « tranche » et dans l’Évangile il va jusqu’à parler de « glaive », au sens spirituel, évidemment.
Il qualifie de « morts » ceux qui n’ont pas su l’aimer plus que leur mère, leur épouse, ou leur propre vie. Tu te souviens de cet homme qui a demandé d’aller enterrer son père avant de le suivre ? C’est à lui que Jésus a répondu : « Laisse les morts enterrer leurs morts » .
Face à une attitude aussi exigeante tu as peut-être pris peur ; tu as peut-être pensé réduire cette phrase de Jésus au contexte de son époque, ou éventuellement la destiner à ceux qui ont choisi de suivre le Christ d’une manière particulière.
Eh bien, tu te trompes. Cette phrase vaut pour tous les temps, y compris le nôtre ; elle est valable pour tous les chrétiens, y compris pour toi.
 
A notre époque, tu peux avoir bien des occasions de mettre en pratique cette invitation de Jésus.
Dans ta famille, quelqu’un conteste-t-il la foi chrétienne ? Jésus veut que tu lui rendes témoignage par ta vie et « au moment opportun » par tes paroles, même au prix d’être tourné en dérision ou calomnié.
Tu attends un enfant et ton mari t’invite à interrompre la grossesse ? Obéis à Dieu et non aux hommes.
Un frère veut t’embarquer dans une association dont les objectifs ne sont pas très clairs ou mêmes répréhensibles ? Romps les liens avec ces gens-là.
Un des tiens t’incite à accepter de l’argent d’origine douteuse ? Reste honnête.
Toute ta famille veut te pousser au laxisme du monde ? Tranche, pour que le Christ ne s’éloigne pas de toi.

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

Au sein de ta famille non croyante ta conversion a provoqué la division ? Ne t’inquiète pas. C’est un effet de l’Évangile. Offre à Dieu, pour ceux que tu aimes, le déchirement de ton cœur, mais tiens bon.
Le Christ t’a appelé pour lui appartenir d’une manière toute particulière, et le moment est venu où le don total de toi-même te demande de quitter père et mère, ou peut-être de renoncer à ta fiancée ? Va jusqu’au bout de ton choix.
Sans lutte, il n’y a pas de victoire.

« Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. »

 «… et même à sa propre vie ».
Tu habites un pays où sévit la persécution et te montrer chrétien met ta vie en danger ? Garde courage. Parfois notre foi peut nous demander aussi cela. Dans l’Église, l’époque des martyrs n’est jamais complètement révolue.
Pour demeurer un chrétien authentique, chacun de nous devra un jour ou l’autre (…) choisir entre le Christ et une vie sans lui. Tu connaîtras cela toi aussi.
N’aie pas peur. Ne crains pas pour ta vie : mieux vaut la perdre maintenant pour Dieu plutôt que ne plus la retrouver. Car la vie éternelle est une réalité.
Ne crains pas pour les tiens. Dieu les aime. Un jour – si tu sais mettre cette affection de côté pour donner à Dieu la première place – il passera près d’eux et les appellera avec la force des paroles de son amour. Et tu les aideras à devenir avec toi de vrais disciples du Christ.

Chiara Lubich

parole de vie Janvier 2009

As-tu déjà eu l’occasion de rencontrer une vraie communauté de chrétiens ? Tu auras alors remarqué qu’entre eux les fonctions sont multiples. Il y a celui qui a le don de parler et de communiquer des réalités spirituelles qui te touchent profondément ; celui qui sait aider efficacement les autres, en particulier ceux qui souffrent ; celui qui avec sagesse sait renforcer ta foi, celui qui sait gouverner, comprendre et consoler. La variété de ces dons, tu la saisis sûrement, ainsi que l’unique esprit qui anime tous les membres de cette communauté si vivante. C’est lui qui fait de cette société originale un tout, un seul corps.

« Il y a donc plusieurs membres mais un seul corps. »

Paul aussi s’est trouvé face à des communautés chrétiennes très vivantes, suscitées d’ailleurs par sa parole. Une de ces jeunes communautés était celle de Corinthe où l’Esprit-Saint avait largement distribué ses dons ou charismes, comme on les appelle et certains hors du commun en raison de la vocation spéciale de l’Église naissante. Cependant, cette communauté, après avoir fait l’expérience des différents dons de l’Esprit saint, avait connu également la rivalité et le désordre justement entre ceux qui en avaient été les bénéficiaires. Il fut alors nécessaire de s’adresser à Paul, qui se trouvait à Éphèse, pour obtenir des éclaircissements.
Par sa lettre, Paul répond aux Corinthiens en expliquant comment utiliser ces grâces particulières. Il rappelle qu’il y a diversité de charismes, de ministères, comme celui des apôtres ou des prophètes ou des maîtres, mais qu’un seul est le Seigneur de qui ils proviennent. Certes dans la communauté, on trouve des personnes capables de faire des miracles, d’obtenir des guérisons, d’autres sont portées de façon exceptionnelle à aider, d’autres encore à gouverner. L’un parle en langues, un autre les interprète.
Cependant, ajoute Paul, un seul est le Dieu qui leur donne origine. Puisque les différents dons sont librement communiqués par l’Esprit-Saint, ils ne peuvent qu’être complémentaires et en harmonie entre eux. Ils ne servent pas à la satisfaction personnelle, ils ne peuvent pas être motif d’orgueil ou d’affirmation de soi. Au contraire, ils sont donnés pour une fin collective, pour construire la communauté, leur but est de servir. Ils ne peuvent pas engendrer la rivalité ou la confusion. Paul, tout en se référant à des dons particuliers qui concernent justement la vie de la communauté, pense que chaque membre a sa propre capacité, son talent à faire fructifier pour le bien de tous et chacun doit être content du sien. Paul présente la communauté comme un corps et se demande : « Si le corps entier était œil, où serait l’ouïe ? Si tout était oreille, où serait l’odorat ? Mais Dieu a disposé dans le corps chacun des membres, selon sa volonté. Si l’ensemble était un seul membre, où serait le corps ? » 

« Il y a donc plusieurs membres mais un seul corps. »

Si chacun est différent, chacun peut être un don pour les autres, et en étant lui-même, chacun peut réaliser le dessein de Dieu sur lui par rapport aux autres.

Paul voit dans cette communauté si riche en dons la réalité du Christ. En effet ce corps original que composent les membres de la communauté est vraiment le Corps du Christ. Le Christ continue à vivre dans son Eglise et l’Église est son corps. Par le baptême, l’Esprit-Saint incorpore en Christ le croyant qui est inséré dans la communauté. Là tous sont Christ, chaque division est effacée, chaque discrimination est surmontée.

« Il y a donc plusieurs membres mais un seul corps. »

Si le corps est un, les membres de la communauté chrétienne réalisent bien leur nouvelle façon de vivre en établissant entre eux l’unité, cette unité qui suppose la diversité, le pluralisme. La communauté ne ressemble pas à un corps de matière inerte, mais à un organisme vivant aux membres divers. Provoquer la division pour un chrétien, c’est faire le contraire de ce qu’il doit.

« Il y a donc plusieurs membres mais un seul corps. »

Alors comment vivre cette nouvelle parole que l’Écriture te propose ?
Il faut avoir un grand respect pour les différentes fonctions, les dons et les talents des membres de la communauté chrétienne. Il faudra dilater ton cœur sur la riche variété de l’Église et non seulement sur ta petite église locale que tu fréquentes et connais bien, ta paroisse, ton association chrétienne ou le mouvement d’Église auquel tu appartiens. Il s’agit de s’ouvrir sur l’Église universelle dans ses formes d’expression multiples. Il faut que tu ressentes tout cela comme tien parce que tu fais partie de cet unique corps. Alors, de même que tu prends en considération et protèges chaque membre de ton corps humain, ainsi feras-tu pour chaque membre de ce corps spirituel. Tous sont dignes de ton estime et tu dois faire ton possible pour qu’ils puissent se rendre utiles à l’Église le mieux possible.
Et toi, ne déprécie pas ce que Dieu te demande là où tu es, aussi monotone et privé de sens que puisse te paraître le travail quotidien. Nous appartenons tous au même corps et, en tant que membre, chacun participe à l’activité du corps tout entier en restant à la place que Dieu a choisie pour lui. L’essentiel c’est que tu possèdes ce charisme qui, comme l’annonce Paul, dépasse tous les autres : l’amour. L’amour pour chaque homme que tu rencontres, l’amour pour tous les hommes de la terre. C’est par l’amour, par l’amour réciproque que les multiples membres peuvent constituer un seul corps.

Chiara LUBICH

(suite…)

Décembre 2008

T’en souviens-tu ? Cette phrase Jésus l’a adressée à son Père au jardin de Gethsémani donnant son sens à sa passion et à sa résurrection. Elle exprime l’intensité du drame qui se déroule au plus intime de lui-même. C’est le déchirement que provoque en lui la répugnance profonde de sa nature humaine devant la mort. Cependant le Christ n’a pas attendu ce jour-là pour faire sienne la volonté de Dieu. Il l’a fait tout au long de sa vie. S’il s’est comporté ainsi, chaque chrétien doit adopter cette même attitude. Toi aussi tu dois répéter dans ta vie :

« Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise ».

N’y as-tu jamais pensé, même si tu es baptisé et fils de l’Église ? Peut-être as-tu réduit cette phrase à une expression de résignation prononcée lorsque l’on ne peut pas faire autrement. Ce n’est pas la bonne interprétation.
Écoute-moi bien. Dans la vie tu as le choix entre deux directions : faire ta volonté ou choisir librement de faire la volonté de Dieu. Tu feras deux expériences.
La première, vite décevante parce que tu veux gravir la montagne de la vie avec tes idées limitées, tes propres moyens, tes pauvres rêves, tes seules forces. Tôt ou tard tu connaîtras le train-train quotidien d’une existence faite d’ennui, qui n’aboutit à rien, dans la grisaille et parfois même le désespoir. Ta vie s’avérera plate, même si tu t’efforces de lui donner du piquant, et elle ne satisfera jamais tes aspirations les plus profondes. Tu ne peux le nier, n’aie pas d’illusions sur ce point. Et à la fin elle se terminera par une mort qui ne laissera aucune trace : quelques larmes et puis l’inévitable, le total oubli.
L’autre expérience, c’est celle où tu répètes toi aussi :

« Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise ! »

Représente-toi Dieu comme le soleil d’où partent de nombreux rayons rejoignant tous les hommes. Ils sont la volonté de Dieu sur chacun. Dans la vie, le chrétien, ainsi que chaque homme de bonne volonté, est appelé à marcher vers le soleil, dans la lumière de son propre rayon, qui est différent et distinct de tous les autres. II accomplira le dessein merveilleux et particulier de Dieu sur lui.
Si toi aussi tu agis de cette manière, tu te sentiras entraîné dans une aventure divine que tu n’aurais jamais imaginée. Tu seras à la fois acteur et spectateur de ce que Dieu peut opérer de grand en toi et, à travers toi, dans l’humanité.
Tout ce qui t’arrive, souffrances et joies, grâces et disgrâces, événements importants (succès, coups de chance, accidents ou décès d’êtres chers), faits insignifiants (comme les tâches quotidiennes à la maison, au travail ou à l’école) tout, tout acquiert un sens nouveau, puisque tu le reçois de la main de Dieu qui est Amour. Il veut, ou permet tout pour ton bien. Et si dans un premier temps, seule la foi te fait penser ainsi, tu découvriras ensuite le fil d’or qui relie les événements pour composer une magnifique broderie : le dessein de Dieu sur toi, justement.
Cette perspective t’attire peut-être. Et tu veux sincèrement donner à ta vie son sens le plus plein.
Alors écoute. Je te dis avant tout à quel moment tu dois faire la volonté de Dieu.
Réfléchis un peu : le passé s’en est allé, tu ne peux pas le rattraper. Il ne te reste qu’à le remettre dans la miséricorde de Dieu. Le futur n’existe pas encore. Tu le vivras lorsqu’il sera là. Seul le présent est entre tes mains. C’est là que tu dois chercher à accomplir cette phrase :

« Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise ! »

Quand tu voyages en train – et la vie est aussi un voyage – tu restes tranquillement assis à ta place. Il ne te vient pas à l’esprit d’aller et venir dans le wagon. Ce que ferait une personne qui voudrait vivre en rêvant à un futur qui n’existe pas encore, ou en pensant au passé qui ne reviendra jamais.
Non : le temps avance tout seul. Il faut se tenir fermement dans le présent et nous parviendrons à l’accomplissement de notre vie sur terre.
Tu me demanderas : mais comment distinguer la volonté de Dieu de la mienne ? Dans le présent il n’est pas difficile de savoir quelle est la volonté de Dieu. Je t’indique un moyen. Écoute en toi cette petite voix, que tu as peut-être trop souvent étouffée et qui est devenue presque imperceptible. Écoute-la bien : c’est la voix de Dieu2. Elle te dit que c’est le moment d’étudier, ou d’aimer une personne dans le besoin, ou de travailler, ou de surmonter une tentation, ou de suivre ton devoir de chrétien, ou de vivre ta responsabilité de citoyen. C’est elle qui t’invite à écouter quelqu’un qui te parle au nom de Dieu, ou à affronter avec courage des situations difficiles…
Écoute, écoute. Ne fais pas taire cette voix c’est le trésor le plus précieux que tu possèdes. Suis-la. Instant par instant tu construiras alors ton histoire, humaine et divine à la fois, parce que vécue par toi en collaboration avec Dieu. Tu verras des merveilles. Tu verras ce que Dieu peut accomplir dans une personne dont toute sa vie dit :

« Que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se réalise ».

Chiara LUBICH

Institut universitaire Sophia : conjuguer doctrine et vie dans le signe de l’unité

Chiara Santomiero : On peut dire que l’Institut de formation universitaire « Sophia », est né d’un paradoxe : du moment où Chiara Lubich « a mis ses livres au grenier »… Maria Voce : Chiara désirait ardemment connaître la vérité et elle espérait la connaître grâce à l’étude de la philosophie. A un certain moment, elle a perçu au- dedans d’elle que Jésus lui demandait de ne pas rechercher la vérité dans les livres mais de le suivre, Lui qui était la Vérité incarnée. C’est pour cela qu’elle a choisi de mettre ses livres au grenier, de renoncer au rêve qu’elle avait d’étudier pour le suivre. Elle a senti également que Jésus lui disait : « C’est moi qui serait ton professeur », il lui promettait de lui révéler Sa vérité, Son savoir. C’est ce qui s’est réalisé avec le don d’un charisme, le charisme de l’unité. C’est de la conviction profonde que le charisme porte en lui la capacité d’engendrer une doctrine capable d’éclairer les différents domaines du savoir, que naît aujourd’hui un institut universitaire. Chiara Santomiero : « Sophia » – a-t-on dit – a comme ambition d’être un laboratoire de formation et de recherche où sont renoués les liens profonds entre vie et pensée, étude et vécu. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Maria Voce : la tentative de vivre l’unité entre ces différents aspects signifie que ceux qui s’inscrivent dans cet institut universitaire arrivent déjà avec des critères de préparation : ils sont disposés à aimer les autres, à être ouverts à toutes les personnes, en faisant abstraction de leur culture, leur religion, leur pays d’origine ou leur milieu. Les étudiants de l’institut Sophia acceptent de faire et font une expérience de vie dans laquelle ils découvrent qu’ils peuvent être ouverts les uns aux autres, non seulement en tant que personnes, mais que leurs cultures peuvent être aussi ouvertes les unes aux autres. Ils découvrent en oute que chaque discipline est liée profondément aux autres disciplines et que le fondement de tout le savoir est la Sagesse, c’est-à dire la manière dont dieu voir les hommes et les réalités humaines. Chiara Santomiero : Quelles sont vos attentes et celle du mouvement des Focolari, par rapport au parcours entrepris avec l’Institut Sophia ? Maria Voce : Nous nous souhaitons de former des hommes et des femmes qui sachent allier la doctrine et la vie et soient donc en mesure d’apporter une contribution d’unité – d’être des hommes et des femmes constructeurs d’unité -, là où la société les conduira dans leurs domaines professionnels et leurs activités sociales. Nous attendons vraiment que ces personnes soient comme des catalyseurs dans le groupe social où elles se trouvent, qu’elles puissent peu à peu constituer un point de référence, un point autour duquel se construisent des cellules d’unité qui s’élargissent toujours plus dans la société, jusqu’à ce que « tous soient un », jusqu’à ce que l’unité de la famille humaine soit recomposée. C’est la prière de Jésus au Père, c’est le rêve de Chiara Lubich, notre rêve et donc aussi le mien.

«Arrisquei o emprego, mas alguma coisa mudou»

Sou médica obstetra e durante anos trabalhei no departamento de gravidez anômala do hospital de Lubiana, na busca constante de construir relacionamentos verdadeiros com as pacientes, os colegas, os superiores. Sempre procurei defender a vida, muitas vezes sendo humilhada e arriscando perder o emprego por causa do meu comportamento.

Muitos pais redescobriram a alegria da maternidade e da paternidade, e às mães que queriam abortar foi poupado o drama do remorso. Aos poucos os colegas e superiores começavam a respeitar as minhas escolhas e com freqüência me consultavam antes de tomar decisões importantes.

Depois adoeci, era uma doença rara: não podia fazer esforços, tinha fortes dores de cabeça e nas articulações, inchaços, perda de concentração. Os colegas me ajudavam como podiam. Fiquei limitada no trabalho, mas sentia que ainda precisavam de mim.

Uma vez foi internada uma mãe no sexto mês de gravidez. Ela já tinha a bolsa rompida e a medica de plantão aconselhou o aborto. Procurei convencer a mãe a não realizá-lo, ma não consegui. Porém me recusei a dar a injeção e a mesma coisa fizeram as enfermeiras depois de mim. O menino nasceu vivo. Os pais re-avaliaram a própria decisão e agora o menino vive o pai é orgulhoso por ter um filho homem.

Com a difusão da prática da fecundação assistida penetrou no hospital uma certa cultura da morte, com a eliminação dos embriões que sobram. Com este tipo de fecundação muitas vezes são concebidos vários filhos, mas somente um é ajudado a viver. Para mim este é um sofrimento insuportável, que encontra sentido somente se unido ao sofrimento de Jesus na cruz.

Por este constante caminhar contra a correnteza enfim alguma coisa mudou no nosso setor. Muitas colegas de trabalho começaram, junto comigo, a lutar pela vida. E até a chefe do departamento, que não possui nenhum referencial religioso, me apóia, mesmo sem entender de onde tomo a força para agir desse modo, onde encontra-se escondido o meu segredo.

(J. P. – Slovenia)

Novembre 2008

Parce que tu es dans le monde, ne crois pas que tu peux y nager comme un poisson dans l’eau. Parce que le monde pénètre chez toi par la radio et la télévision, ne crois pas que tu puisses écouter ou voir n’importe quoi. Parce que tu circules dans les rues du monde, ne crois pas que tu peux regarder toutes les affiches et t’acheter n’importe quelle publication sans faire un choix. Parce que tu es dans le monde, ne crois pas que tu puisses adopter n’importe quel genre de vie : expériences faciles, immoralité, avortement, haine, violence, vol.
Non, non. Tu es dans le monde. C’est évident. Mais tu n’es pas du monde2.
C’est là que réside toute la différence. C’est ce qui te classe parmi ceux qui se nourrissent non pas des choses du monde, mais de celles que t’exprime la voix de Dieu en toi. Elle est présente dans le cœur de tout homme et – si tu l’écoutes – elle te fait pénétrer dans un royaume qui n’est pas de ce monde, un monde où l’on vit l’amour vrai, la justice, la pureté, la miséricorde, la pauvreté. Un royaume où la maîtrise de soi est la règle.
Pourquoi beaucoup de jeunes fuient-ils en Orient, en Inde par exemple, afin d’y trouver un peu de silence et découvrir le secret de certains grands sages qui, grâce à la longue mortification de leur moi intérieur, laissent transparaître un amour (…) qui impressionne tous ceux qui les approchent ? C’est une réaction compréhensible devant le vacarme du monde, le bruit qui règne en nous et autour de nous, et qui ne laisse plus place au silence pour entendre Dieu. Eh bien ! Faut-il vraiment aller en Inde alors que depuis deux mille ans le Christ nous dit : « renonce à toi-même… renie-toi toi-même… » ?
Le chrétien ne choisit ni la commodité ni la tranquillité. Le Christ n’a pas demandé et ne te demande pas moins que cela si tu veux le suivre. Le monde t’assaille comme un fleuve en crue et tu dois marcher à contre-courant. Pour le chrétien, le monde est un maquis épais dans lequel il faut bien voir où mettre les pieds. Où les mettre ? Dans les traces que le Christ lui-même t’a laissées en passant sur cette terre : ses propres paroles. Aujourd’hui à nouveau, il te dit :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même »

Une telle attitude t’exposera peut-être au mépris, à l’incompréhension, aux moqueries, aux calomnies. Elle t’isolera, te poussera à accepter de perdre la face, à abandonner un christianisme à la mode.
Mais il faut aller encore plus loin :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »

Que tu le veuilles ou non, la souffrance afflige chaque existence. Y compris la tienne. Petites et grandes douleurs surviennent tous les jours. Tu veux les éviter ? Tu te révoltes ? Tu lances des imprécations ? Eh bien, tu n’es pas encore chrétien.
Le chrétien accueille la croix, il accueille la souffrance, au milieu des larmes certes, parce qu’il connaît leur valeur. Ce n’est probablement pas sans raison que parmi les moyens dont Dieu disposait pour sauver l’humanité, il ait choisi la souffrance.
Cependant, Lui, ne l’oublie pas, après avoir porté la croix et y avoir été cloué, il est ressuscité. La résurrection, voilà aussi ton destin3, si, au lieu de mépriser la souffrance que te procurent ta cohérence de chrétien et tout ce que la vie t’apporte, tu sais accepter cette souffrance avec amour. Tu découvriras alors que la croix est le chemin, qui dès cette terre, mène à une joie encore jamais éprouvée. La vie de ton âme commencera à se développer. Le royaume de Dieu en toi prendra consistance et autour de toi petit à petit le monde disparaîtra à tes yeux. Il te semblera fait de carton-pâte. Et tu n’envieras plus personne.
Tu pourras alors te dire disciple du Christ :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »

Et, comme le Christ que tu as suivi, tu seras lumière et amour pour panser les plaies qui déchirent l’humanité d’aujourd’hui.

Chiara LUBICH

« La fraternité universelle : une nécessité pour l’Europe »

Dernier au-revoir à l’Imam de la paix : W.D. Mohammed

« Nous nous engageons plus que jamais à parcourir ensemble le chemin que nous ont ouvert nos deux grands guides », a écrit la nouvelle présidente des Focolari, Maria Voce, aux membres de sa famille et aux collaborateurs  « du très aimé Imam W.D. Mohammed, qui a donné sa vie pour la paix et la fraternité universelle ».

Depuis une dizaine d’années, une profonde amitié spirituelle liait Chiara Lubich et l’Imam Mohammed, reconnu, pour son autorité morale, comme le principal leader des musulmans afro-américains.

L’Imam W.D. Mohammed est décédé à 74 ans, le 9 septembre dernier, dans sa maison de Markham, dans l’Illinois.

« Les milliers de personnes accourues de tous les Etats-Unis pour participer à ses funérailles, rendent hommage – comme on a pu le lire dans la presse américaine – à l’un des plus grands leaders musulmans des Etats-Unis. » On pouvait encore lire : « Des groupes de musulmans, frappés à une époque par des divisions internes, se sont trouvés unis devant un homme qui a dépensé sa vie sans compter pour porter l’unité. »

Parmi les impressions recueillies ce jour-là, on peut lire cette affirmation d’un de ses disciples : « Le 11 septembre 2001 avait marqué une journée triste pour les musulmans. Aujourd’hui, en revanche, est pour nous un jour qui nous remplit d’orgueil. »

En 1975, son père, Elijah Mohammed lui avait confié, sur son lit de mort, la responsabilité de la Communauté afro-américaine « La Nation de l’Islam », fondée pour la réhabilitation sociale et morale des afro-américains. W.D. Mohammed s’est employé à amener les membres de son groupe à un Islam plus fidèle à ses racines, tout en faisant ressortir la tolérance raciale et l’universalité de l’Islam. Il s’est fait constructeur de ponts entre les musulmans afro-américains et les musulmans du Proche Orient et d’Asie émigrés aux Etats-Unis, avec les chrétiens, et entre blancs et noirs. Son travail extraordinaire dans le domaine interreligieux lui a valu d’être nommé, en 1994, parmi les Présidents internationaux de la Conférence Mondiale des Religions pour la Paix (WCRP).

Le chemin parcouru ensemble par l’Imam Mohammed et Chiara Lubich a débuté le 8 mai 1997, à la mosquée Malcom Shabazz (connu aussi sous le nom de Malcom X) de Harlem. Pour la première fois dans l’histoire, une femme chrétienne, une blanche, prenait la parole dans cette mosquée. Trois mille musulmans et une représentation des membres des Focolari étaient présents. Chiara Lubich avait raconté ce jour-là, son expérience de chrétienne, citant l’Evangile et quelques passages du Coran qui illustrent ce que nous avons de commun, souvent interrompue par des applaudissements et l’exclamation «Dieu est grand ». Peu de temps après, dans un entretien privé, W.D. Mohammed et Chiara Lubich avaient conclu un pacte au nom du Dieu unique : travailler sans trêve pour la paix et l’unité.

La fidélité à ce pacte a porté de nombreux fruits d’unité entre les communautés du Focolare et les disciples de l’Iman Mohammed. Le dialogue entre eux s’est développé et il est devenu signe d’espérance, lumière pour beaucoup. Il s’est révélé particulièrement important après les attentats du 11 septembre 2001.

Il s’en est suivi plusieurs voyages de l’Imam W.D. Mohammed et de membres de son groupe à Rome, pour participer à des rencontres interreligieuses organisées par le mouvement des Focolari. En 1999, en préparation au Jubilé de l’an 2000, il avait été invité à intervenir en tant que représentant du monde musulman à la grande rencontre interreligieuse place Saint Pierre. Le pape Jean-Paul II, présent à cette rencontre, avait encouragé et béni le dialogue entrepris avec le Focolare.

En 2000, W.D. Mohammed avait de nouveau invité Chiara Lubich à parler à 7000 participants – musulmans et chrétiens – réunis à Washington pour deux journées intitulées : « Faith Communities Together » (Communautés religieuses ensemble) car, disait-il, « l’Amérique a besoin d’écouter ton message, de voir l’unité qui nous lie ».

A partir de ce moment sont nés – et continuent à se tenir – dans plusieurs villes des Etats-Unis (Washington, Los Angeles, Miami, Chicago, New-York, etc.) des rendez-vous intitulés «Rencontres dans l’esprit de la fraternité universelle » : durant ces rendez-vous de dialogue, est approfondi à chaque fois un point de la spiritualité de l’unité, du point de vue chrétien et du point de vue musulman, avec des échanges d’expériences de vie concrètes.

Les derniers contacts entre l’Imam Mohammed et les responsables des Focolari ont eu lieu quelques jours seulement avant son décès. Il avait, en effet, programmé de participer avec un groupe de ses collaborateurs, à la prochaine rencontre internationale de dialogue islamo-chrétien organisé par les Focolari à Castel Gandolfo (près de Rome), du 9 au 12 octobre prochain. Mais le médecin lui avait interdit les longs voyages en raison des troubles cardiaques dont il souffrait.

Homme profondément uni à Dieu, au cours leur rencontre nationale de 2005, l’W.D. Mohammed, parlant à 4000 membres de son groupe, avait affirmé avec force : “Nous devons aimer tous comme ils sont en droit d’être aimés : nous devons aimer les chrétiens de manière à ce qu’ils deviennent de meilleurs chrétiens, nous devons aimer les musulmans de manière à ce qu’ils deviennent de meilleurs musulmans.”

Lorsqu’on avait demandé à Chiara Lubich quelles étaient ses relations avec l’Imam Mohammed, elle avait répondu : “Je me sens à mon aise avec lui, car il me semble que le Seigneur l’a mis à côté de nous, comme il nous a mis, nous, à côté de lui, pour que se réalise Son plan d’amour ; et nous le découvrirons au fur et à mesure que nous avancerons en faisant grandir la communion entre nous et en travaillant ensemble.”

Et, l’Imam Mohammed avait déclaré lors d’une interview : “Selon moi, il est possible de nous libérer du poison des préjugés si nous sommes guéris spirituellement. C’est ce dont nous pouvons témoigner, en tant que personnes de religions différentes qui reconnaissent qu’elles font partie d’une unique humanité. Je crois que nous sommes en train d’accomplir un grand travail ; nous permettons à des personne qui se haissaient, de se libérer de la haine, de découvrir une nouvelle vie, un nouveau bonheur, parce que leur coeur a été libéré du poids des préjugés.”

Octobre 2008

Ne t’est-il jamais arrivé de recevoir un cadeau d’un ami et de ressentir la nécessité de lui en offrir un à ton tour ? Non pas tant pour t’acquitter d’une dette, mais pour lui exprimer ta reconnaissance et ton amour ? Oui, certainement.
Si cela t’arrive à toi, tu peux imaginer ce qu’il en est pour Dieu, pour Dieu qui est Amour. Il donne toujours en retour à chaque cadeau que nous faisons à notre prochain en son nom. Cette expérience les chrétiens la vivent souvent. Et c’est chaque fois une surprise. On ne s’habitue jamais à l’imagination de Dieu. Je pourrais te donner des quantités d’exemples, même en écrire un livre. Tu verrais combien cette image est vraie : « une bonne mesure, tassée, secouée, débordante, qu’on versera dans le pan de ton vêtement ». Une image qui exprime la générosité avec laquelle Dieu sait payer de retour.
« La nuit était déjà tombée sur Rome. Et dans leur petit appartement en sous-sol, le groupe des quelques jeunes filles qui s’étaient engagées à vivre l’Évangile, se souhaitait bonne nuit. C’est alors que la sonnette retentit. Qui pouvait bien venir à une heure pareille ? Un homme était à la porte, complètement paniqué, désespéré : il allait être expulsé le lendemain de chez lui avec sa famille, parce qu’il n’avait pas payé son loyer. Les jeunes filles se regardèrent et ouvrirent le tiroir où, dans des enveloppes distinctes, elles avaient rassemblé ce qui restait de leurs salaires, ainsi qu’une réserve pour les quittances du gaz, du téléphone et de l’électricité. Elles donnèrent tout à cet homme sans raisonner davantage. Cette nuit-là, elles dormirent heureuses, un Autre penserait bien à elles. Dès l’aube un coup de téléphone. “J’arrive tout de suite en taxi” dit la voix, celle de l’homme qu’elles avaient reçu quelques heures auparavant. Étonnées par le choix de ce moyen de transport, les jeunes filles attendent. Le visage de leur hôte indique que quelque chose a changé : “Hier soir, à mon retour chez moi, j’ai trouvé dans le courrier une lettre m’informant que je venais de recevoir un héritage auquel je ne m’attendais absolument pas. Mon cœur me pousse à le partager avec vous”. La somme qu’il déposa entre leurs mains correspondait au double de ce qu’elles avaient généreusement donné. »

« Donnez et on vous donnera. C’est une bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on versera dans le pan de votre vêtement. »

En as-tu fait toi aussi l’expérience ? Sinon rappelle-toi que le vrai don est de donner avec désintéressement, sans espoir de retour, et à quiconque te le demande. Essaie. Ne le fais pas pour voir le résultat, mais pour aimer Dieu.
Tu me diras : « Mais je n’ai rien à donner ». Ce n’est pas vrai. Si nous le voulons, nous avons des trésors inépuisables : notre temps libre, notre cœur, notre sourire, nos conseils, notre culture, notre paix, notre parole pour convaincre celui qui a de quoi donner à celui qui n’a pas…
Tu me diras encore : « Mais je ne sais pas à qui donner ». Regarde autour de toi : tu te souviens de ce malade à l’hôpital, de cette veuve toujours seule, de cet étudiant recalé et tellement découragé, de ce jeune chômeur toujours triste, de ton petit frère qui a besoin d’aide, de cet ami en prison, de cet apprenti hésitant ? C’est en eux que le Christ t’attend.
Assume l’attitude imprégnée d’Évangile du chrétien, attitude qui exclue fermeture et préoccupation. Renonce à placer ta sécurité dans les biens de la terre et appuie-toi sur Dieu. C’est là que l’on verra ta foi en lui, foi qui sera d’ailleurs rapidement confirmée par la récompense que tu recevras en retour.
Il est normal que Dieu n’agisse pas ainsi pour t’enrichir ou nous enrichir. Il le fait pour que d’autres, beaucoup d’autres, constatant les petits miracles obtenus par les dons, se mettent à suivre cet exemple. Il le fait pour que, possédant plus, nous puissions donner davantage ; pour que, véritables administrateurs des biens de Dieu, nous fassions tout circuler dans la communauté qui nous entoure, afin que l’on puisse dire, comme pour la première communauté de Jérusalem : il n’y avait aucun pauvre parmi eux.
Ne sens-tu pas qu’avec cela tu contribues à donner une âme sûre, un fondement solide à la révolution sociale que le monde attend ?
« Donnez et l’on vous donnera ». Il est certain que Jésus pensait tout d’abord à la récompense que nous aurons au Paradis, mais ce qui nous arrive sur cette terre en est déjà le prélude et la garantie.

Chiara LUBICH

Pardonner coûte que coûte

Mon mari et mes enfants sont alcooliques. Jusqu’à il y a un an de cela, Tom, le plus grand vivait avec une jeune femme. Tous les deux sont devenus alcooliques mais aussi toxico-dépendants. Il y a un an environ, mon fils est revenu chez nous car il ne s’entendait plus avec sa compagne. Entre temps, un enfant était né. La pensée de ce petit-fils me causait beaucoup de peine car sa situation était très douloureuse. J’en rendais la maman responsable et, un jour où je l’ai rencontrée dans la rue, je l’ai accusée ouvertement de beaucoup de choses. Nous nous sommes quittées avec beaucoup d’amertume de part et d’autre. Inutile de vous dire qu’en revenant chez moi je me sentais coupable de ne pas avoir aimé. J’avais beau me trouver toutes les excuses, me répéter qu’au fond j’avais raison, que je l’avais fait pour mon petit-fils, cela ne me donnait pas la paix. Quelque chose, au-dedans de moi, me poussait à l’appeler pour lui demander pardon, même si je trouvais la chose très difficile. Je ne savais même pas si elle m’écouterait. En réalité, lorsque je lui ai présenté mes excuses, elle aussi s’est ensuite excusée. Quelques semaines après cet épisode, Dorothy a été emprisonnée. Les choses allaient de mal en pis et moi, préoccupée par la situation de mon petit fils, j’éprouvais un fort ressentiment envers les parents qui l’avaient mis au monde dans une telle situation. Comme ils n’étaient pas mariés, l’enfant allait être confié à l’Etat. Le ressentiment  grandissait en moi d’heure en heure et les paroles de Jésus sur le pardon ne me donnaient même pas la paix. Je devais pourtant aimer Dorothy, quoi qu’il advienne pour mon petit-fils. Après pal mal d’efforts, finalement, la Parole a fait son chemin en moi et c’est avec un cœur renouvelé  que je suis allée lui rendre visite en prison : elle m’a embrassée, émue. Je crois qu’elle a senti que j’étais venue pour l’aimer et que je l’acceptais telle qu’elle était. C’est elle qui, la première, m’a parlé de l’enfant et m’a demandé si je pouvais m’en occuper. La garde légale du bébé a donc été donnée à mon fils et tous les deux – l’enfant et le papa – sont à présent sous mon toit. J’ai vu là le centuple promis par Jésus à celui qui cherche son Royaume : en cherchant à faire sa volonté et fruit du fait de m’être efforcée d’aimer jusqu’au bout. (J.S. – USA)

Septembre 2008

« Aimez vos ennemis ». N’est-ce pas un précepte bouleversant, apte à transformer notre façon de penser et à nous faire redresser la barre de notre vie ! Car, soyons francs, un ennemi, petit ou grand, qui n’en a pas ? Même tout près dans l’appartement voisin, dans cette femme si antipathique et indiscrète, que je fais tout pour l’éviter afin de ne pas me trouver avec elle dans l’ascenseur. Ou dans cette personne de ma famille qui a causé du tort à mon père il y a trente ans, et avec qui j’ai coupé tous les ponts.
Ou à l’école, assis derrière toi, et tu ne l’as plus regardé en face… depuis le jour où il t’a dénoncé au professeur… C’est cette fille qui était ton amie et qui t’a laissé tomber pour aller avec un autre… C‘est ce commerçant qui n’a pas été honnête avec toi… Ce sont ces personnes qui n’ont pas les mêmes idées politiques que nous et que nous considérons comme nos ennemis. (…) Il y a et il y a toujours eu des personnes qui considèrent les prêtres comme leurs ennemis et qui haïssent l’Église.
Eh bien, toutes ces personnes et bien d’autres encore que nous appelons ennemis, il nous faut les aimer.
Les aimer ? Oui, il nous faut les aimer ! Et ne pensons pas que nous pouvons nous en tirer simplement en transformant notre sentiment de haine en un sentiment plus bienveillant.
Il faut aller plus loin.
Écoute ce que dit Jésus :

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient ».

Tu vois, Jésus veut que nous triomphions du mal par le bien. Il veut que notre amour se traduise en gestes concrets.
Nous pouvons nous demander : comment se fait-il que Jésus donne un tel commandement ? Mais parce qu’il veut modeler notre comportement sur celui de Dieu, son Père qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et les injustes ».
Voilà la vérité. Nous ne sommes pas seuls au monde : nous avons un Père et nous devons lui ressembler. Bien plus, Dieu a droit à cette attitude à son égard. En effet, alors que nous étions ses ennemis, que nous demeurions dans le mal, c’est lui le premier  qui nous a aimés en nous envoyant son Fils, qui a accepté de mourir dans d’atroces souffrances pour chacun de nous.

« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent… »

Cela, le petit Jerry, un enfant noir de Washington l’avait bien compris. Son quotient intellectuel élevé l’avait fait admettre dans une classe spéciale dont tous les autres élèves étaient des blancs. Son intelligence n’avait pas suffit pour faire comprendre à ses camarades qu’il était leur égal. Sa peau noire lui attirait la haine générale, à tel point que le jour de Noël tous les enfants s’offrirent mutuellement des cadeaux, ignorant délibérément Jerry. Il en pleura ; on le comprend ! De retour chez lui, il pensa à Jésus : « Aimez vos ennemis ». D’accord avec sa maman, il acheta des cadeaux qu’il distribua avec beaucoup d’amour à tous ses « frères blancs ».

« Aimez vos ennemis… priez pour ceux qui vous calomnient ».

Quelle souffrance pour Elisabeth, cette jeune de Florence, le jour où montant les marches de l’Église pour se rendre à la messe elle entendit des jeunes de son âge se moquer d’elle ! D’abord, elle eut envie de réagir fortement, mais elle sourit, entra dans l’Église, et pria beaucoup pour eux. Quand elle ressortit, ils l’arrêtèrent et lui demandèrent les raisons de son comportement. Avec toute sa conviction, elle leur expliqua qu’étant chrétienne, elle devait toujours aimer. Son témoignage fut récompensé : le dimanche suivant, quelle ne fut pas sa surprise de voir ces mêmes jeunes à l’Église, très attentifs, au premier rang.
Voilà comment les jeunes accueillent la Parole de Dieu. C’est pourquoi ils sont grands à ses yeux.
Peut-être serait-il bon que nous rétablissions l’une ou l’autre situation, d’autant plus que nous serons jugés de la manière dont nous jugeons les autres. C’est nous-mêmes qui remettons entre les mains de Dieu la mesure avec laquelle il doit nous juger . Ne lui demandons-nous pas : « Pardonne-nous nos torts envers toi, comme nous-mêmes nous avons pardonné à ceux qui avaient des torts envers nous » ? 
Alors, aimons nos ennemis ! C’est l’unique moyen pour recomposer l’unité, abattre les barrières, construire la communauté.
C’est dur ? C’est pénible ? La seule idée de devoir le faire nous ôte le sommeil ? Courage ! Ce n’est pas si terrible : un petit effort de notre part et Dieu fera les 99 % qui restent et… notre cœur débordera de joie.
Chiara LUBICH

août 2008

Vois Jésus en chaque prochain que tu rencontreras au cours de la journée, du matin jusqu’au soir. Si ton œil est sain, Dieu regarde à travers toi. Or Dieu est amour et l’amour désire unir en faisant la conquête des autres.
Combien errent en ne regardant les êtres et les choses que pour les posséder ! Leur regard est égoïsme et envie et, de toute façon, péché. Ou bien ils se regardent eux-mêmes, pour se posséder, et leur regard est éteint parce qu’inquiet ou plein d’ennui.
À l’image de Dieu, l’être humain est amour. Si l’amour se replie sur lui-même, il est comme une flamme qui, faute de combustible, s’éteint.
« La lampe de ton corps, c’est l’œil. Quand ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière. »
Regarde en dehors de toi. Non pas en toi, non pas dans les choses, non pas dans les créatures. Cherche Dieu en dehors de toi, pour t’unir à lui.
Il se trouve au fond de tout être qui vit et, même s’il semble mort, il est tabernacle de Dieu et il l’attend pour exprimer la joie de son existence.
Regarde donc chaque frère en l’aimant, et aimer, c’est donner.
Or le don appelle le don, aussi tu seras aimé en retour.
Ainsi l’amour consiste à aimer et à être aimé, comme dans la Trinité.
Et Dieu en toi comblera les cœurs. La Trinité, qui certes repose en eux par la grâce, mais y est éteinte, les illuminera.
Impossible d’allumer une lampe, même branchée, sans actionner l’interrupteur.
Ainsi en est-il de la vie de Dieu en nous : il faut qu’elle circule pour rayonner à l’extérieur et témoigner du Christ, lui qui relie le ciel à la terre et l’homme à son frère.
Regarde donc chacun de tes frères en te donnant à lui, pour te donner à Jésus. Jésus se donnera alors à toi. C’est la loi de l’amour : « Donnez et il vous sera donné » (Lc 6,38).
Laisse-toi posséder par lui, par amour pour Jésus, laisse-toi « manger » par lui, comme une autre eucharistie. Mets-toi entièrement à son service, c’est le service de Dieu. Ton frère viendra alors à toi et il t’aimera. Or l’amour fraternel est l’accomplissement de tous les désirs de Dieu, de son commandement : « Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. » (Jn 13,34).
« La lampe de ton corps, c’est l’œil. Quand ton œil est sain, ton corps tout entier est aussi dans la lumière. »
L’amour est un feu qui pénètre les cœurs et les fond parfaitement.
Alors ce n’est plus toi-même que tu retrouveras en toi, ni même ton frère. Tu retrouveras l’Amour, qui est Dieu vivant en toi.
Et l’Amour se mettra à aimer d’autres frères car, l’œil devenu sain, il se retrouvera en eux et tous ne seront plus qu’un.
Autour de toi, grandira la communauté comme autour de Jésus : douze, soixante-douze, des milliers…
C’est l’Évangile – tout entier Lumière dans l’Amour – qui fascine, ravit et entraîne.
Puis tu mourras peut-être sur une croix pour ne pas être plus que ton Maître, mais tu mourras pour ceux qui te crucifient, et ainsi l’amour aura sa dernière victoire.
Mais sa sève, répandue dans les cœurs, ne mourra pas.
Elle portera des fruits de joie et de paix, et le Paradis grand ouvert.
Et la gloire de Dieu grandira.
Quant à toi, sois ici-bas l’Amour parfait.

Chiara LUBICH

(suite…)

Giancarlo Faletti

Le 7 juillet 2008, Giancarlo Faletti a été élu co-président par l’Assemblée générale, avec une responsabilité particulière, entre autre, pour les branches des prêtres diocésains et des religieux des différentes congrégations. Giancarlo est né à Cerro Tanaro (Asti), le 14 septembre 1940, dans une famille d’agriculteurs, chrétienne mais non pratiquante. Mère, femme au foyer et père ouvrier dans les chemins de fers nationaux. Le travail de ce dernier amène la famille à déménager à Turin. Il a 10 ans lorsqu’il ressent déjà le désir de donner sa vie à Dieu, mais les conditionnements de sa famille et de son milieu par rapport à la religion sont très forts. A 16 ans, commence pour lui une période de crise et de recherche. Un jour, il achète un peu par hasard un numéro de la revue Città Nuova à la porte de sa paroisse. Il a alors 19 ans. Il raconte : “C’est comme si, en ce dimanche d’hiver, j’avais été introduit dans une atmosphère remplie de chaleur. En lisant ces articles, j’ai perçu qu’il y avait quelque chose qui liait les personns comme dans une famille. J’ai voulu tout de suite en savoir plus.” Il prend contact avec le focolare. L’année suivante, une rencontre internationale à Grottaferrata (Rome) va être décisive pour lui. Sa voie lui apparaît clairement : une donation à Dieu dans le focolare. Une fois terminées ses études d’économie, il commence à travailler dans une banque. Il a 25 ans lorsqu’il entre au focolare de Turin. Entre 1972 et 1983, il est à Gênes, co-responsable du mouvement des Focolari en Ligurie, où il se consacre beucoup aux jeunes. Parmi eux vont mûrir des fruits de sainteté : cette année a été entamée la cause de béatification de deux d’entre eux, Alberto Michelotti et Carlo Grisolia. Il travaille ensuite pendant 14 ans au Centre du Mouvement à Rocca di Papa ; il est aussi co-responsable de la région des Castelli Romani et d’une partie du Latium. En 1997, il obtient une licence en théologie et il est ordonné prêtre. La même année, il revient à Rome, où il devient co-responsable du Mouvement des Focolari pour la région du Latieum, des Abbruzzes et de la Sardaigne. En 2000, Chiara Lubich, qui a toujours eu un amour de prédilection pour la ville de Rome, siège de la papauté et de la chrétienté, lance une grande initiative de nouvelle évangélisation, qu’on désigne sous le nom d’opération Roma-Amor. Giancarlo Faletti est proche de la fondatrice qui suit pas à pas les avancées du projet. L’objectif est de contribuer à animer de façon capillaire, par l’idéal évangélique de l’unité, la vie de la ville aussi bien au niveau civil que religieux. Parmi les initiatives les plus variées, l’ouverture d’un dialogue avec la communauté musulmane de Rome qui débouche sur l’invitation à parler de l’expérience chrétienne et du dialogue interreligieux du Mouvement à la mosquée de Rome.

Parole de Vie Juillet 2008

As-tu jamais éprouvé une soif d’infini ? As-tu jamais eu le désir impérieux d’embrasser l’immensité ?
N’as-tu jamais été insatisfait au plus profond de toi-même de ce que tu fais, de ce que tu es ?
Si tel est le cas, tu seras heureux de trouver une formule qui te donnera la plénitude dont tu rêves, quelque chose qui ne te laissera plus le goût amer de journées à moitié vides.
Il existe une parole dans l’Évangile qui donne à réfléchir et qui, à peine comprise, fait tressaillir de joie. Elle récapitule tout ce que nous avons à faire dans la vie. Elle résume toute loi inscrite par Dieu en chaque être humain.
Écoute-la :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. »On appelle cette phrase la « règle d’or ».
C’est le Christ qui l’a prononcée, mais elle était déjà connue universellement. L’Ancien Testament la possédait. Elle était connue de Sénèque et, en Orient, de Confucius. Et de bien d’autres encore. Cela nous dit combien elle tient au cœur de Dieu, combien il désire que tous les hommes en fassent leur règle de vie.
Cette phrase est agréable à lire et sonne comme un slogan, une devise.
Encore une fois, écoute-la :
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes. »Aimons de cette façon chaque prochain que nous rencontrerons au cours de la journée.
Imaginons que nous sommes dans sa situation et traitons-le comme nous aimerions être traités si nous étions à sa place.
Dieu, qui demeure en nous, nous suggérera l’expression d’amour qui convient pour chaque circonstance.
A-t-il faim, ce prochain que nous rencontrons ? Nous nous dirons : c’est moi qui ai faim, et nous lui donnerons à manger.
Subit-il une injustice ? C’est moi qui la subis !
Est-il dans l’obscurité et le doute ? Je suis dans le noir avec lui. Nous lui offrons des paroles de réconfort et partagerons sa peine. Nous ne serons pas en paix tant qu’il ne verra pas clair, tant qu’il ne sera pas soulagé. C’est ainsi que nous voudrions être traités.
Est-il handicapé ? Je veux l’aimer jusqu’à éprouver son infirmité dans mon cœur et presque jusque dans mon corps. L’amour me suggérera le moyen approprié pour qu’il se découvre égal aux autres, avec même une grâce de plus car nous, chrétiens, nous savons toute la valeur de la souffrance.
Et ainsi de suite, sans faire de distinction entre personnes sympathiques et antipathiques, entre jeunes et personnes âgées, entre amis et ennemis, entre ceux qui sont de mon pays et les étrangers, entre ceux qui sont beaux et ceux qui sont laids… L’Évangile parle d’aimer tous les hommes sans distinction.
J’ai l’impression d’entendre murmurer…
Je comprends… sans doute mes paroles semblent-elles un peu naïves. Pourtant quel retournement elles demandent ! Comme elles sont éloignées de notre façon habituelle de penser et d’agir !
Courage alors ! Essayons.
Une journée vécue ainsi vaut une vie entière. Le soir nous ne nous reconnaîtrons plus nous-mêmes. Une joie nous inondera, comme jamais nous n’en avons éprouvée. Une force nous envahira. Dieu sera avec nous, parce qu’il demeure avec ceux qui aiment.
Nos journées se succéderont, bien remplies.
Parfois peut-être nous ralentirons le rythme, nous serons tentés de nous décourager, de nous arrêter, de reprendre la vie d’avant…
Pourtant non ! Gardons courage ! Dieu nous donne sa grâce.
Recommençons sans cesse. En persévérant, nous verrons le monde changer autour de nous petit à petit.
Nous nous apercevrons que l’Évangile est porteur de la vie la plus fascinante, qu’il éclaire le monde, qu’il donne saveur à notre existence, qu’il contient le principe de la solution de tous les problèmes.
Et nous ne trouverons la paix que lorsque nous communiquerons notre expérience extraordinaire à d’autres, aux amis qui peuvent nous comprendre, à nos parents, à tous ceux auxquels nous nous sentirons poussés à la donner.
Et l’espérance renaîtra.
« Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : c’est la Loi et les Prophètes ».
Chiara LUBICH

(suite…)

« La fraternité universelle : une nécessité pour l’Europe »

Etre « le miroir » de Jésus

Les paroles de Jésus ! Elles ont été certainement sa plus grande œuvre d’art. Le Verbe qui s’exprime en paroles humaines : quel contenu, quelle intensité, quel accent, quelle voix ! Nous l’entendrons à nouveau au Paradis. Là, il nous parlera. La Parole de Dieu n’est pas comme les autres paroles. Elle a le pouvoir d’opérer ce qu’elle dit. Elle engendre Jésus dans notre âme et dans l’âme d’autrui. La Parole doit se transformer en actes et guider notre vie. De cette manière, elle se révèle attrayante. Il suffit de quelques lettres et de quelques règles de grammaire pour savoir lire et écrire, mais si on ne les connaît pas, on reste analphabète toute sa vie. Ainsi, celui qui n’assimile pas, l’une après l’autre, les paroles de l’Evangile, ne sait pas écrire le Christ avec sa vie. Il suffit de peu de phrases pour former en nous Jésus. Nous n’avons pas d’autre livre que l’Evangile, nous n’avons pas d’autre science, pas d’autre art. Là est la Vie ! Celui qui la trouve ne meurt pas.

Parole de Vie juin 2008

Celui qui aime ne voudrait jamais être séparé de la personne aimée. Ce désir est aussi celui de Dieu, qui est Amour. Il nous a créés pour que nous puissions le rencontrer et nous n’aurons la plénitude de la joie que lorsque nous parviendrons à être intimement unis à lui qui seul peut répondre à l’attente de notre cœur. Il s’est fait chair pour demeurer parmi nous et nous introduire dans la communion avec lui.
Dans sa première épître, Jean parle de « demeurer » réciproquement l’un dans l’autre, Dieu en nous et nous en lui, faisant écho à la recommandation exprimée par Jésus au cours de la dernière Cène : « Demeurez en moi comme je demeure en vous ». Il avait souligné, par l’image de la vigne et des sarments, combien est fort et vital le lien qui nous unit à lui.
Mais comment parvenir à l’union à Dieu ? Simplement en observant ses commandements, répond Jean.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

Y a-t-il beaucoup de commandements à observer pour parvenir à cette unité ?
Non, puisque Jésus les a résumés en un seul : « Voici son commandement – dit le verset qui précède immédiatement celui qui a été choisi comme Parole de Vie de ce mois – adhérer avec foi à son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres… »
Croire en Jésus et nous aimer comme lui-même nous aimés : voici l’unique précepte.
Si notre existence trouve son accomplissement lorsque Dieu demeure parmi nous, il n’y a qu’une seule manière de nous épanouir pleinement : aimer ! Jean en est tellement convaincu qu’il ne cesse de le répéter dans son épître : « Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui »  ; « Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous. »
La tradition raconte, à ce propos, que lorsqu’on l’interrogeait sur les enseignements du Seigneur, Jean, désormais avancé en âge, rappelait souvent les paroles du commandement nouveau. Quand on lui demandait pourquoi il ne parlait pas d’autre chose, il répondait : « Parce que c’est le commandement du Seigneur ! Si on le met en pratique, tout est là ».
Et il en est ainsi pour toute Parole de Vie : elle conduit invariablement à aimer. Il ne peut en être autrement, parce que Dieu est Amour. Chacune de ses Paroles contient l’amour, l’exprime ; et si elle est vécue, elle transforme tout en amour.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

La Parole de ce mois-ci nous invite à croire en Jésus, à adhérer de tout notre être à sa Personne et à son enseignement. Croire qu’il est la manifestation de l’amour de Dieu parmi nous – comme nous l’enseigne encore Jean dans son épître – et que c’est par amour qu’il a donné sa vie pour nous . Croire même lorsqu’il nous semble lointain, lorsque nous ne percevons pas sa présence, lorsque surviennent les difficultés ou qu’arrive la souffrance…
Forts de cette foi, nous saurons vivre à son exemple, et pour obéir à son commandement, nous aimer comme il nous a aimés.
Aimer même quand l’autre nous paraît impossible à aimer, même quand nous avons l’impression que notre amour n’est pas celui qu’il faudrait, ou nous paraît donné en pure perte, sans réciprocité. En agissant ainsi, nous raviverons les relations entre nous, les rendant toujours plus sincères et profondes, et notre unité attirera la présence de Dieu entre nous.

« Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui. »

« Nous nous aimions profondément, mon mari et moi, et nos relations étaient si faciles les premières années de notre mariage, raconte une amie japonaise. Ces derniers temps, cependant, je le sentais fatigué et stressé. Au Japon le travail est un fardeau lourd comme une montagne. Un soir, en rentrant du travail, il s’est mis à table pour le dîner. J’ai voulu m’asseoir à côté de lui, mais il m’a crié de m’en aller : “Tu n’as pas le droit de manger, parce que tu ne travailles pas !” J’ai pleuré toute la nuit, je songeais à quitter la maison, à me séparer de lui. Le lendemain une pensée lancinante : “Je me suis trompée en l’épousant, je n’arrive plus à vivre avec lui”. Dans l’après-midi j’en ai parlé aux amies avec lesquelles je partage ma vie chrétienne. Elles m’ont écoutée avec amour et cette communion m’a donné la force nécessaire pour me remettre sur pied. J’ai réussi à préparer une nouvelle fois le dîner pour mon mari. Au fur et à mesure que l’heure de son retour approchait, ma crainte augmentait : comment va-t-il réagir aujourd’hui ? Mais une voix au fond de moi me disait : “Accueille cette souffrance, tiens bon, continue à aimer”. Et lorsqu’il est apparu sur le seuil de la porte, j’ai vu qu’il m’avait apporté un gâteau. “Pardonne-moi – a-t-il dit – pour ce qui s’est passé hier”. »

Chiara LUBICH

Mai 2008

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Aujourd’hui comme au temps de Paul, Jésus Ressuscité, le Seigneur, continue à agir dans l’histoire et en particulier dans la communauté chrétienne, à travers son Esprit. Il nous permet à nous aussi de comprendre l’Évangile dans toute sa nouveauté et il l’écrit dans nos cœurs afin qu’il devienne la loi de notre vie. Nous ne sommes pas guidés par des lois imposées de l’extérieur. Ni non plus les esclaves de règlements que nous ne comprenons ni n’approuvons. Le chrétien est animé par un principe de vie intérieure – que l’Esprit a déposé en lui par le baptême – par sa voix qui redit les paroles de Jésus, les lui faisant comprendre dans toute leur beauté, expressions de vie et de joie : il les rend actuelles, il lui enseigne comment les vivre et en même temps il insuffle en lui la force pour les mettre en pratique. C’est le même Seigneur qui, grâce à l’Esprit saint, vient vivre et agir en nous, en nous faisant être Évangile vivant. Être guidés par le Seigneur, par son Esprit, par sa Parole : voilà la véritable liberté ! Elle coïncide avec la réalisation la plus profonde de notre moi.

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Cependant l’Esprit Saint ne peut agir, nous le savons bien, que s’il nous trouve dans une attitude d’entière disponibilité pour l’écouter, prêts à changer notre mentalité s’il le faut, pour adhérer ensuite totalement à sa voix. Il est si tentant de se laisser conditionner par les pressions de notre entourage social qui peuvent nous entraîner dans de mauvais choix ! Comment vivre la Parole de vie de ce mois ? Apprenons à dire un « non » ferme à la tentation de nous accommoder de comportements qui ne sont pas conformes à l’Évangile. Et répondons un « oui » convaincu à Dieu chaque fois qu’il nous appelle à vivre dans la vérité et dans l’amour. Ainsi nous découvrirons la relation entre la croix et l’Esprit, comme un lien de cause à effet. Chaque émondage, chaque dépouillement, chaque « non » à notre égoïsme est source d’une lumière nouvelle, de paix, de joie, d’amour, de liberté intérieure, de réalisation de soi ; c’est la porte ouverte à l’Esprit. En ce temps de Pentecôte, Il pourra nous partager ses dons de façon plus abondante ; il pourra nous guider ; nous serons reconnus comme de vrais fils de Dieu. Nous serons toujours plus libres du mal, toujours plus libres d’aimer.

« Là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

Cette liberté, un fonctionnaire des Nations Unies l’a trouvée au cours de son dernier poste dans un pays balkanique. Ses missions représentent un travail gratifiant, mais très prenant. Il ressent notamment la difficulté causée par ses absences prolongées loin de sa famille. Même une fois rentré chez lui, il lui faut faire un gros effort pour se couper de ses soucis de travail et se consacrer, l’esprit libre, à sa femme et ses enfants. Et voilà qu’on lui demande de déménager dans une autre ville, toujours dans la même région. Or, il est impensable d’y emmener sa famille car, malgré les accords de paix récemment signés, les hostilités continuent. Que choisir ? La carrière ou la famille ? Il en parle longuement à sa femme avec laquelle il partage depuis longtemps une profonde vie chrétienne. Après avoir demandé la lumière de l’Esprit Saint pour comprendre la volonté de Dieu, ils prennent la décision de quitter un travail très convoité. Décision vraiment singulière dans ce milieu professionnel. Il raconte lui-même : « La force de ce choix a été le fruit de notre amour réciproque. Ma femme n’a jamais reculé devant les sacrifices que ma vie lui imposait. De mon côté, j’avais cherché le bien de ma famille, au-delà des avantages économiques de la carrière et j’avais trouvé la liberté intérieure. » Chiara LUBICH

Vivre la parole transforme la relation avec Dieu et avec les frères

Voici la dernière pensée que Chiara a préparée pour le Mouvement, de son lit à l’hôpital Gemelli, peu de temps avant son « départ » et qui vient d’être communiquée ces jours-ci. « Cette fois-ci, j’aimerais souligner la valeur de la relation, la valeur des relations entre nous. En vivant la Parole, aux touts débuts, à Trente, notre relation avec Dieu aussi bien que notre relation avec les frères s’est complètement transformée. C’est ainsi qu’est née ce que nous appelions alors une « communauté chrétienne ». N’oublions pas ces origines. Construisons notre Œuvre sur ces fondations-là ». Nous reportons ici quelques lignes, tirées du premier commentaire à la Parole de Vie que Chiara a écrit il y a plus de 50 ans et qui garde encore aujourd’hui toute son actualité. Elles peuvent s’appliquer à la pensée citée plus haut pour en pénétrer plus profondément le sens et pour  la traduire en vie. « Les paroles de l’Evangile peuvent sembler simples, mais quelle transformation elles demandent ! Comme elles sont éloignées de notre façon habituelle de penser et d’agir ! Cependant courage ! Essayons. Une journée ainsi vécue vaut toute une vie. Et le soir, nous ne nous reconnaîtrons plus. Une joie encore jamais éprouvée nous envahira. Une force nous habitera. Dieu sera avec nous, parce qu’il est avec ceux qui l’aiment. Les journées se succèderont dans la plénitude. Il nous arrivera peut-être parfois de ralentir, et nous serons tentés de nous décourager, de nous arrêter. Nous souhaiterons revenir à la vie d’avant… Mais non ! Courage ! Dieu nous donne la grâce. Recommençons, remettons-nous toujours en route. Si nous persévérons, nous verrons lentement le monde changer autour de nous. Nous comprendrons que l’Evangile présente la vie la plus fascinante, allume la lumière dans le monde, donne sa saveur à notre existence, contient  le principe qui peut résoudre tous les problèmes. Et nous n’aurons pas de trêve, tant que nous n’aurons pas communiqué aux autres notre extraordinaire expérience : aux amis qui peuvent nous comprendre, aux parents, à tous ceux à qui nous nous sentons poussés à la donner. Et l’espérance renaîtra ».

Le courage de mettre sa vie en jeu

Le formulaire pour la demande d’enseignement que j’ai devant moi me confirme que ma vie d’étudiant est désormais révolue. Arrivé sur la case où indiquer la province choisie, le doute me tenaille. Est-il mieux de rester dans ma ville du Sud ou d’aller ailleurs ? Il m’est demandé là de faire un choix de vie. Beaucoup de mes collègues choisissent le Nord pour avoir de plus grandes possibilités de travail et pour s’éloigner de cette réalité souvent portée sur le devant de la scène dans l’actualité : illégalité, déviances, criminalité. Et pourtant, beaucoup de choses me lient à ma ville ! Et pas seulement la famille, les affections, les amis, les intérêts, mais également l’espérance de pouvoir faire quelque chose pour elle, de remonter le courant, et cela malgré mes limites. Il me revient à l’esprit l’exhortation de Chiara Lubich aux jeunes : « Donner sa vie pour son peuple… » L’idée de rester, au risque de me heurter à des chances de travail moindres ou à des « écoles difficiles » fait son chemin en moi, avec une part d’inconscience. J’en parle chez moi, à ma fiancée, aux collègues. Il est tard et demain marque la date limite pour l’expédition du formulaire. Mon choix est fait : je reste. A la périphérie de la ville et dans les zones défavorisées il y a plus de possibilités de travail, les postes n’étant pas convoités. Et je pense au fond de moi : « Qu’est-ce que je peux faire, moi, dans ce quartier, lieu de luttes d’influence de la Camorra – ndlr la mafia – , où on se tire dessus et où l’on se tue ? Je peux aimer ! Que Dieu me vienne en aide ! »  Et ainsi, j’indique quelques écoles un peu « en marge », à côté d’écoles d’ « élite ». Dieu me fera comprendre où il me veut. Quelque temps plus tard, je reçois ma nomination pour l’année qui vient. Incroyable, j’entre dans le monde de l’école par la porte principale, avec le meilleur contrat ! Le jour où je me présente à l’école, les cours sont suspendus à cause d’actes de vandalisme commis la veille. Je comprends tout de suite que Dieu m’a pris au mot : le moment de l’épreuve est arrivé. Le contexte est particulier, le malaise social se fait sentir. Les journées se succèdent entre moments difficiles, où tout semble aller de travers, et d’autres moments où les yeux des jeunes s’éclairent, cherchent à me rencontrer car ils veulent s’en sortir et se préparer un avenir meilleur. Je m’accroche à cet espoir, et ma souffrance trouve son sens. Je ne sais pas si je tiendrai le coup, car c’est parfois très dur d’affronter la situation, d’obtenir le respect et de parler de maths dans ce contexte . mais je sais qu’instant après instant, je peux chercher à faire entrer Dieu dans les salles de classe ; le rendre présent dans les réprimandes, dans les notes, les entretiens, dans les disputes, les explications, dans les silences, les annotations sur les carnets de classe. Si Dieu m’a voulu là, il sait certainement pourquoi… (D.P. – Italie)

Comment mettre en route la fraternité dans le sport

Un sport crédible et beau, loin des menaces générées par la violence, le racisme, le doping, la commercialisation à outrance… Tels sont les horizons ouverts par le Congrès Sportmeett 2008 qui a eu lieu à Castelgandolfo (Rome) du 28 au 30 mars dernier.

 “Sport In – Croyable – Mets en route la fraternité.” La fraternité dans et par le sport : tel est le défi que se sont lancés les 420 sportifs de 38 nationalités qui ont pris part à l’événement. Trois jours émaillés de témoignages significatifs, d’interventions d’experts internationaux, de tables rondes, de workshop, se moments sportifs et d’animations.

Parmi les nombreux témoignages de sportifs de toutes catégories et tous niveaux, celui de Josefa Idem, plusieurs fois championne olympique de canoé ; celui de Ippolito Sanfratello, médaille d’or de patinage de vitesse à Turin en 2006 ; de Marco Pinotti, maillot rose du Tour 2007 ; celui de Karl Unterkicher alpiniste familier des sommets de 8000 mètres ; Nicolo Corradini, plusieurs fois champion du monde d’orienteering ; de la championne hongroise de marathon, Petra Teveli, troisième au dernier Marathon de Milan, etc.

A côté de ces sportifs, les promoteurs de projets sportifs à caractère social, dans des pays en voie de développement ou en proie à des tensions internes : en Colombie, au Brésil, en Argentine, en RDC (République Démocratique du Congo), au Burundi, au Liban, au Pakistan, aux Philippines, etc. Et les animateurs de projets d’éducation à la paix, anti mafia et anti camorra, en Sicile et en Campanie.

Des enseignants et des étudiants de 17 universités du monde entier, en lien avec Sportmeet, ont témoigné de leur engagement à élaborer et diffuser une culture sportive nouvelle, orientée vers la fraternité

avril 2008

« En ce jour-là sera répandu sur nous l’Esprit qui vient d’en-haut. Alors le désert deviendra un verger, tandis que le verger sera pareil à une grande forêt. »  Ainsi commence le texte d’où est tirée la Parole de vie de ce mois. Le prophète Isaïe, dans la seconde moitié du VIIIe siècle av. J.-C., annonce un avenir d’espérance pour l’humanité, presque une nouvelle création, un nouveau « jardin », qu’habitent le droit et la justice, capables d’apporter paix et sécurité.
Cette nouvelle ère de paix (shalom) sera l’œuvre de l’Esprit Saint dont la force est capable de renouveler la création. Mais elle sera aussi le fruit du double respect d’un pacte : entre Dieu et son peuple ainsi qu’entre les membres du peuple lui-même. Car la communion avec Dieu comme celle dans la communauté des hommes sont indissociables.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Les paroles d’Isaïe invitent à s’engager sérieusement à suivre les règles du vivre-ensemble civique qui s’opposent à l’individualisme et à l’arbitraire aveugle. Elles favorisent la coexistence harmonieuse en coopérant au service du bien commun.
Vivre selon la justice et en pratiquant le droit, est-ce possible ? Oui, à la condition de reconnaître en tous des frères et des sœurs et de considérer l’humanité comme une famille, dans l’esprit de la fraternité universelle.
Considérer l’humanité dans cette optique n’est possible que si l’on reconnaît qu’il existe un Père pour tous, un Père qui a inscrit l’aspiration à la fraternité universelle dans le cœur de chacun. La première volonté d’un Père n’est-elle pas que ses enfants se comportent comme des frères et des sœurs et qu’ils s’aiment ?
C’est pour cette raison que le « Fils » du Père par excellence, le Frère universel, est venu parmi nous et nous a laissé l’amour réciproque comme règle de la vie en société. Respecter les règles du « vivre ensemble » et accomplir chacun son devoir sont une expression d’amour.
L’amour est la règle première de toute action, celle qui anime la véritable justice et porte la paix. Certes, les nations ont besoin de lois toujours plus appropriées aux nécessités de la vie sociale et internationale, mais elles ont surtout besoin d’hommes et de femmes qui se prédisposent à la charité au plus profond d’eux-mêmes. Cette disposition à la charité est justice et seulement ainsi les lois acquièrent toute leur valeur.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Alors, comment vivre la Parole de vie ce mois-ci ?
En nous engageant davantage à respecter l’éthique, l’honnêteté et la légalité dans nos tâches quotidiennes. En regardant les autres comme les membres de notre grande famille qui attendent de nous attention, respect, solidarité.
Si dans tes relations avec le prochain tu mets à la première place la charité mutuelle et continuelle, cette charité qui exprime ton amour envers Dieu, alors ta justice sera vraiment celle que Dieu attend de toi.

« Le fruit de la justice sera la paix : la justice produira le calme et la sécurité pour toujours. »
Un agent de police de l’Italie du sud, prêt à partager la vie des personnes les plus défavorisées de la ville, est allé habiter avec sa famille dans un quartier nouvellement formé : routes non asphaltées, pas d’éclairage public ni eau courante, pas de tout-à-l’égout, ni de services sociaux, aucun transport en commun.
Il raconte : « Nous avons cherché à connaître chaque famille et chaque habitant du quartier et à établir un dialogue pour apaiser le conflit entre les citoyens et les pouvoirs publics. Peu à peu les trois mille habitants du quartier, regroupés dans un comité, se sont mis à dialoguer de façon positive avec les institutions de la ville. Ainsi avons-nous obtenu de l’administration régionale une grosse subvention pour l’assainissement du quartier. Celui-ci est maintenant un secteur-pilote. Un autre résultat a été la création d’activités de formation pour les représentants de tous les comités de quartier de la ville. »
Chiara LUBICH

“Femme d’une grande foi, doux messager d’espérance et de paix”

Le service “silencieux et incisif” rendu par Chiara Lubich à l’Église en “totale syntonie” avec le magistère des papes a été souligné par Benoît XVI dans la lettre lue par le cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État, durant les obsèques de la fondatrice du mouvement des Focolari, célébrées l’après-midi du mardi 18 mars à Rome, dans la basilique Saint-Paul hors les murs. A Monsieur le Cardinal TARCISIO BERTONE Secrétaire d’État Je participe spirituellement à la liturgie solennelle avec laquelle la communauté chrétienne accompagne Chiara Lubich dans son départ de cette terre pour entrer dans le sein du Père céleste. Je renouvelle avec affection mes sentiments de mes sincères condoléances aux responsables et à l’Œuvre de Marie tout entière Mouvement des Focolari, ainsi qu’à tous ceux qui ont collaboré avec ce témoin généreux du Christ, qui s’est dépensé sans réserve pour la diffusion du message évangélique dans tous les domaines de la société contemporaine, toujours attentive aux « signes des temps ». Nombreuses sont les raisons pour rendre grâces au Seigneur du don fait à l’Église en cette femme d’une grande foi, doux messager d’espérance et de paix, fondatrice d’une grande famille spirituelle qui embrasse des domaines multiples d’Evangélisation. Je voudrais surtout remercier Dieu pour le service que Chiara a rendu à l’Église : un service silencieux et incisif, toujours en syntonie avec le magistère de l’Église : « Les Papes disait-elle nous ont toujours compris ». Ceci parce que Chiara et l’Œuvre de Marie  ont toujours cherché à répondre avec une fidélité docile à chacun de leurs appels et désirs. Le lien ininterrompu avec mes vénérés Prédécesseurs, du serviteur de Dieu Pie XII du Bienheureux Jean XXIII, des Serviteurs de Dieu Paul VI, Jean Paul Ier et Jean Paul II en est le témoignage concret. Un guide sûr qui l’a orientée, était pour elle la pensée du Pape. Au contraire, en regardant les initiatives qu’elle a suscitées, on pourrait même affirmer qu’elle avait presque la capacité prophétique de les comprendre et de les réaliser en avance. Son héritage passe maintenant à sa famille spirituelle : que la Vierge Marie, modèle constant de référence pour Chiara, aide tous les membres des Focolari, hommes et femmes sur ce même chemin en contribuant à faire en sorte que, comme l’écrivit le cher Jean Paul II au lendemain du Grand Jubilé de l’An 2000, que l’Église soit toujours plus maison et école de communion. Que le Dieu de l’espérance accueille l’âme de notre sœur, réconforte et soutienne l’engagement de tous ceux qui en recueillent le testament spirituel. J’assure pour cela, conclut Benoît XVI, un souvenir particulier dans la prière, alors que j’envoie à toutes les personnes présentes au rite sacré, ma Bénédiction Apostolique. Du Vatican, de 18 Mars 2008 BENOÎT XVI

“La vie de Chiara Lubich est un hymne à Dieu qui est Amour”

Éminences, Excellences, Autorités, chers membres du mouvement des Focolari, chers frères et soeurs, La première lecture a offert à notre méditation un passage bien connu du Livre de Job. Le juste durement éprouvé proclame, crie presque : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant… Moi-même je verrai Dieu, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. » Pour nous qui sommes venus donner notre dernier adieu à Chiara Lubich, les paroles du saint Job sont l’écho de l’ardent désir de rencontrer le Christ qui a marqué toute son existence et, plus intensément encore, ses derniers mois et ses derniers jours au cours desquels son mal s’est aggravé, lui ôtant toute énergie physique, dans une ascension progressive du Calvaire, qui s’est terminée dans la paix du retour dans le sein du Père. Chiara a parcouru l’étape finale de son pèlerinage sur la terre accompagnée des siens qui l’ont entourée d’une grande affection et d’une prière ininterrompue. Au coeur de la nuit, un dernier « oui », faible mais résolu, à l’époux de son âme, Jésus « abandonné-ressuscité ». Désormais, tout est vraiment accompli : le rêve du début est devenu vérité, le désir ardent et passionné est assouvi. Chiara rencontre Celui qu’elle a aimé sans le voir et, pleine de joie, elle peut s’exclamer : « Je sais, moi, que mon libérateur est vivant. » La nouvelle de sa mort a suscité un vaste écho de condoléances dans tous les milieux, parmi des milliers d’hommes et de femmes des cinq continents, croyants ou non, puissants et pauvres de la terre. Benoît XVI, qui a aussitôt fait parvenir le réconfort de sa bénédiction, renouvelle maintenant, par mon intermédiaire, l’assurance de sa participation à la grande douleur de sa famille spirituelle. Des représentants de différentes Églises et de différentes religions se sont unis à ce choeur d’estime et d’admiration et de profonde participation. Les médias eux aussi ont mis en lumière le travail qu’elle a accompli pour diffuser l’amour évangélique parmi des personnes de cultures, de croyances et de formations différentes. En effet, nous pouvons le dire, la vie de Chiara Lubich est un hymne à l’amour de Dieu, à Dieu qui est Amour. « Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui. » Que de fois Chiara a médité ces paroles et les a citées dans ses écrits ! Dans la Parole de vie, par exemple, où des centaines de milliers de personnes ont puisé leur formation spirituelle ! Il n’existe pas d’autre voie pour connaître Dieu et pour donner sens et valeur à l’existence humaine. Seul l’Amour, l’Amour divin nous rend capables d’« engendrer » l’amour, d’aller jusqu’à aimer nos ennemis. C’est là que réside la nouveauté chrétienne, là qu’est l’Évangile tout entier. Mais comment vivre l’Amour ? Après le dernier repas, dans l’adieu émouvant à ses apôtres Jésus prie – comme nous venons de l’entendre – pour « que tous soient un ». À toutes les époques c’est donc la prière du Christ qui soutient le cheminement de ses amis. C’est son Esprit qui suscite dans l’Église des témoins de l’Évangile vivant. C’est encore Lui, le Dieu vivant, qui nous guide dans les heures de tristesse et de doute, de difficultés et de souffrance. Celui qui met en lui sa confiance ne craint rien, ni de traverser péniblement une mer en tempête, ni de rencontrer des obstacles et des adversités de tout genre. Celui qui bâtit sa maison sur le Christ la bâtit sur le roc de l’Amour qui supporte tout, qui dépasse tout, qui triomphe de tout. Le XX° siècle est parsemé d’astres qui ont rayonné cet amour divin. Ce siècle ne restera pas seulement dans l’histoire pour ses merveilleuses conquêtes dans le domaine de la technique et de la science, ou pour le progrès économique qui n’a pourtant pas éliminé – et a parfois même accentué – la répartition injuste des ressources et des richesses entre les hommes. L’histoire ne se souviendra pas seulement des efforts fournis par ce siècle pour édifier la paix, efforts qui n’ont pourtant pas empêché de commettre d’affreux crimes contre l’humanité et des guerres qui continuent à ensanglanter de vastes régions de notre planète. Le siècle dernier, un siècle plein de contradictions, est celui où Dieu a suscité une foule innombrable d’hommes et de femmes héroïques. Tout en soulageant les plaies des malades et des souffrants et partageant le sort des petits, des pauvres, des derniers, ils ont distribué le pain de la charité qui guérit les coeurs, ouvre les esprits à la vérité, qui redonne confiance et élan à des vies brisées par la violence, l’injustice, le péché. Certains de ces pionniers de la charité, l’Église les indique déjà comme des saints et bienheureux : le père Guanella, frère Orione, frère Calabria, mère Teresa de Calcutta, et tant d’autres. Ce siècle a encore été celui où sont nés les nouveaux Mouvements d’Église, et Chiara Lubich trouve sa place dans cette constellation avec un charisme qui lui est propre et qui marque sa physionomie et son action apostolique. La fondatrice du mouvement des Focolari, dans son style empreint de silence et d’humilité, n’a pas fondé des institutions humanitaires ou de promotion sociale, mais s’est consacrée à allumer le feu de l’amour de Dieu dans les coeurs. Elle a éveillé dans les personnes le désir d’être elles-mêmes amour, de vivre le charisme de l’unité et de la communion avec Dieu et avec le prochain, de diffuser « l’amour-unité » en devenant elles-mêmes, chez elles, dans leur lieu de travail, un « focolare », c’est-à-dire un feu ardent où brûle un amour contagieux qui incendie tout ce qu’il trouve sur son passage. Or, cette mission, chacun peut la mener à bien parce que l’Évangile est à la portée de tous : évêques et prêtres, enfants, jeunes et adultes, consacrés et laïcs, époux, familles et communautés, tous appelés à vivre l’Idéal de l’unité : « Que tous soient un ! ». Dans la dernière interview de Chiara publiée pendant son agonie, elle affirme que « la sève vitale du Corps mystique du Christ, c’est l’amour réciproque qui réalise des merveilles. » Le mouvement des Focolari s’engage ainsi à vivre à la lettre l’Évangile, que Chiara définit comme « la révolution sociale la plus puissante et la plus efficace qui soit ». De là naissent les mouvements « Familles Nouvelles » et « Humanité Nouvelle », la maison d’Éditions Nouvelle Cité, la cité-pilote de Loppiano et les autres cités-pilotes de témoignage sur les cinq continents, et les branches laïques comme, par exemple, les « volontaires de Dieu ». Le climat de renouveau suscité par le pontificat de Jean XXIII et par le Concile Vatican II a été le terrain fertile où ont pu s’épanouir la courageuse ouverture oecuménique de Chiara et sa recherche de dialogue avec les religions. Au cours des années de contestation des jeunes, le mouvement « Gen » fut un catalyseur pour des milliers de jeunes fascinés par l’Idéal de l’amour évangélique. Il a pu ensuite élargir son rayon d’action aux « Jeunes pour un monde uni ». Un Évangile sans demi-mesure a été proposé également aux enfants, aux adolescents pour qui est né le mouvement « Juniors pour l’unité ». Au Brésil, pour soulager les nécessités de ceux qui vivent dans les banlieues des grandes métropoles, elle lança le projet « pour une économie de communion dans la liberté », qui préparait une nouvelle théorie et et une nouvelle pratique économique fondée sur la fraternité, pour un développement durable bénéficiant à tous. Que le Seigneur accorde à de nombreux experts et acteurs économiques de prendre en compte l’économie de communion, d’y voir une ressource sérieuse pour mettre en oeuvre un nouvel ordre mondial auquel beaucoup puissent adhérer ! Sans compter les nombreuses rencontres avec des représentants de différentes religions, avec des personnalités du monde politique et de la culture. Mariapolis, ville de Marie : tel est le nom qu’elle a voulu donner aux rencontres et aux propositions d’une société renouvelée par l’amour évangélique. Ville de Marie, pourquoi ? Parce que, pour Chiara, Marie est « une clé très précieuse qui permet de pénétrer l’Évangile ». C’est probablement pour cette même raison qu’elle a su mettre en évidence, de façon efficace et constructive « le profil marial de l’Église ». Elle décida de confier son OEuvre à Marie, en l’appelant précisément : OEuvre de Marie. « L’OEuvre, affirme Chiara, restera vraiment sur la terre comme une présence de Marie, toute imprégnée d’Évangile et seulement de l’Évangile. Et parce qu’elle sera Évangile, elle ne mourra pas. » Et comment ne pas supposer que ce fut vraiment la Vierge à accompagner Chiara au seuil de l’éternité ? Chers frères et soeurs, poursuivons notre célébration eucharistique, en portant sur l’autel notre gratitude au Seigneur pour le témoignage que nous a laissé cette soeur en Christ, pour ses intuitions prophétiques qui ont précédé et préparé les grands changements historiques et les événements extraordinaires qu’a vécus l’Église au XX° siècle. Notre « merci » s’unit à celui de Chiara qui disait, en considérant les nombreux dons et les nombreuses grâces reçues, qu’au moment de se présenter devant Dieu, s’il lui demandait son nom elle répondrait simplement : « Mon nom est MERCI. Merci, Seigneur, pour tout et à jamais ». Il nous revient, il revient spécialement à ses filles et fils spirituels, la tâche de poursuivre la mission qu’elle a commencée. Du ciel, où nous aimons penser qu’elle a été accueillie par Jésus, son époux, elle continuera à cheminer avec nous et à nous aider. Aujourd’hui, nous lui disons affectueusement au revoir, nous voulons la réentendre prononcer ces paroles qu’elle aimait répéter : « Lorsque l’OEuvre de Marie, à la fin des temps, attendra de comparaître devant Jésus abandonné-ressuscité, je voudrais qu’elle puisse lui dire, en les faisant siennes, les paroles du théologien belge, Jacques Leclercq, qui me touchent chaque fois que je les relis : « Un jour, ton jour, ô mon Dieu, je viendrai vers toi. Je viendrai vers toi avec mon rêve le plus fou : t’apporter le monde dans mes bras » ».

L’Adieu à Chiara Lubich à St Paul hors-les-murs à Rome Mardi 18 mars à 15h00

Le message du Pape Benoît XVI « J’ai appris avec une profonde émotion la nouvelle de la mort de Chiara, au terme d’une vie longue et féconde marquée par son grand amour pour Jésus Abandonné ». Ce sont les premiers mots du télégramme arrivé ce matin, signé du Pape Benoît XVI. « En ce moment de douloureux détachement », le Saint Père assure « avec affection » sa proximité spirituelle aux membres de la famille et à toute l’œuvre de Marie ou Mouvement des Focolari dont elle est à l’origine, ainsi qu’à tous ceux qui ont apprécié son engagement constant pour la communion au sein de l’Église, pour le dialogue œcuménique et la fraternité entre tous les peuples ». Le Pape rend grâce au Seigneur « pour le témoignage de son existence consacrée à l’écoute des besoins de l’homme d’aujourd’hui, en totale fidélité à l’Église et au Pape ». Benoît XVI exprime le souhait que « tous ceux qui l’ont connue et rencontrée, admirant les merveilles accomplies par Dieu à travers son ardeur missionnaire, poursuivent son œuvre en gardant intacte la vigueur du charisme ». Le Pape a conclu en invoquant « l’intercession maternelle de Marie » et donnant « à tous » sa bénédiction apostolique. L’Adieu à Chiara Lubich aura lieu le mardi 18 mars à 15 heures dans la Basilique romaine de Saint Paul hors-les-murs. La cérémonie sera présidée par le secrétaire d’État, le Cardinal Tarcisio Bertone, et sera retransmise en direct par satellite et sur internet. Toute la matinée un flot continu de visites a eu lieu auprès d’elle dans sa maison. La chambre mortuaire sera ouverte cet après-midi, à partir de 16 heures jusqu’à demain soir au Centre international du Mouvement des Focolari à Rocca di Papa (Via Frascati, 306). Elle sera inhumée dans la Chapelle du Centre International du Mouvement à Rocca di Papa. A Trente, le maire M. Albert Pacher a déclaré le deuil dans la ville.

« La fraternité universelle : une nécessité pour l’Europe »

L’hommage de milliers de personnes à Chiara Lubich

080315-03Dans une atmosphère empreinte de sérénité, d’émotion et de prière, un flot ininterrompu de personnes de tous âges vient rendre hommage à Chiara Lubich. Dans la chapelle ardente aménagée dans la salle de rencontre du Centre International des Focolari à Rocca di Papa, Chiara repose, entourée de gerbes de fleurs. Derrière elle, une icône de Marie avec Jésus Enfant, don du Pape Jean-Paul II.

Parmi les personnalités : un témoin des derniers 30 à 40 jours de sa vie à la polyclinique Gemelli, le professeur Salvatore Valente, titulaire de la chaire de pneumologie qui a suivi Chiara médicalement : « Durant toute cette période, Chiara a supporté, accepté toutes les souffrances avec une sérénité, une attitude de collaboration constructive, vraiment émouvante. Très souvent, la souffrance n’est rien d’autre qu’un poids douloureux. Elle, au contraire, a conservé un regard serein qui m’a énormément frappé, jusqu’au moment du « passage ».

Le cardinal Stanislao Rylko, président du Conseil Pontifical pour les laïcs a voulu se rendre à Rocca di Papa : « Avec Chiara, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois : la dernière à l’occasion de la  fête de Noël. Chaque rencontre avec elle a été un événement qui a laissé en moi une empreinte très profonde. C’était une personne qui avait une influence contagieuse sur chacun de ses interlocuteurs en raison de son enthousiasme pour les choses de Dieu ». Le cardinal a laissé un message à ses fils spirituels : « Faites grandir cette flamme du charisme avec courage : dans l’Eglise, c’est une histoire qui ne se termine pas, mais qui commence. » Le Sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour les Laïcs, Guzmàn Carriquiry est venu lui aussi.

Andrea Riccardi, Communauté de SantEgidio exprime, en tant que fondateur, cette impression personnelle : « Chiara m’a enseigné la dignité d’un charisme, sa valeur ; c’est la chose la plus précieuse que nous avons » et il ajoute : « Chiara appartient à tous : à l’Eglise, aux personnes des autres religions aussi, Chiara appartient au monde, parce elle a appartenu à Jésus. Maintenant qu’elle est silencieuse, nous devons apprendre à mieux l’écouter et nous ne pourrons le faire que si nous sommes unis entre nous ».

Salvatore Martinez, coordinateur national du Renouveau charismatique a affirmé : «L’héritage de Chiara est un héritage d’amour, une maternité spirituelle dont nous tous laïcs, nous lui sommes reconnaissants ». Il a souligné le témoignage de cette femme « qui ne s’est pas rendue face aux défis de la sécularisation et des oppositions culturelles, idéologiques et religieuses. »

Devant Chiara, se sont arrêtés aussi pour prier Frère Aloïs, prieur de la Communauté de Taizé, successeur de Frère Roger et deux de ses frères. « Nous à Taizé – a dit Frère Aloïs – nous rendons grâce à Dieu pour la vie de Chiara. Elle est pour nous une lumière, et cette lumière demeure parmi nous ». Il a rappelé « la grande estime et le grand amour que Frère Roger avait pour elle ».

Il arrive continuellement du monde entier des messages de personnalités politiques, religieuses :
Le Président de la République italienne Giorgio Napoletano définit Chiara Lubich comme « une des figures les plus représentatives du dialogue inter-religieux et inter-culturel, une voix rigoureuse et limpide dans le débat contemporain. Elle a su fonder un des mouvements les plus répandus dans le monde, en mesure d’aborder, avec un esprit ouvert, le monde laïc en se fondant sur la suprématie des idéaux humains de solidarité, de justice et de paix entre les peuples et les nations ».

Le télégramme de la CEI (Conférence Episcopale Italienne) signé par son Président le Cardinal Bagnasco et par son secrétaire général Monseigneur Betori, parle de l’expérience de Chiara, comme « d’une expérience de communion qui enrichie le vie de l’Eglise en Italie et dans le monde ». Il rappelle « avec une reconnaissance particulière, la force de son témoignage qui a proposé un chemin de foi, fondé sur le principe de l’unité, source dans l’Eglise et dans le monde d’itinéraires de vie sous le signe de la plénitude de la joie ».

Nombreux sont les témoignages de fondateurs et présidents de Mouvements et nouvelles communautés, en lien avec Chiara, depuis 1998, lorsque Jean Paul II les avait invités à vivre la communion réciproque. Nous en citons deux :

La communauté de Don Benzi par les paroles de son successeur Paolo Ramonda, exprime sa gratitude « pour son amour envers les autres mouvements, associations et nouvelles communautés, que Chiara a entraîné sans trêve vers la communion ».

Don Julian Carron, successeur de don Giussani à la tête de la Fraternité de Communion et Libération, écrit : « Je me souviens de ses longues années d’amitié avec don Giussani. Il parle de son charisme « suscité pour rendre vivant l’avènement chrétien comme lumière qui soutient l’espérance ».

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