
Familyfest 2005… au pape de la famille
“L’amour construit la paix”, idée force du pontificat de Jean-Paul II, a été le fil conducteur du Familyfest. Depuis la place du Capitole, à Rome, deux mères de famille de Jérusalem – une israélienne et une palestinienne -, ont témoigné d’une amitié possible entre les deux camps opposés : Parmi les 9 liaisons effectuées durant la transmission, signalons celle avec l’Afrique du Sud, dans le quartier de Soweto, à Johannesbourg, lieu emblématique où a eu lieu la luttre de Nelson Mandela contre l’apartheid, et la liaison avec l’Europe de l’Est, point chaud du monde visité plusieurs fois par le pape : les participants étaient 4000 à Zagreb, catholiques de Croatie mais aussi musulmans de Bosnie.
Le temps des crises . Le Familyfest n’a pas été marqué seulement par l’aspect festif, l’internationalité, la solidarité. Il a fait face à l’hiver de la crise, de la souffrance qui touche beaucoup de familles. “L’homme et la femme, par leurs noces, ne sont plus deux mais une seule chair. Se diviser, après une telle unification, signifie se tuer, en s’ouvrant les veines. C’est la mort.” Ces paroles d’Igino Giordani, écrivain, journaliste, homme politique, père de quatre enfants, premier responsable du mouvement Familles Nouvelles, résonnent sur la place. “Pour que l’union conjugale soit préservée, il n’y a pas d’autre force de cohésion que l’amour, mais un amour qui vient de l’amour de Dieu, qui dépasse les vicissitudes de la nature et les humeurs des hommes.” “Deux époux qui perdent leur temps à ne pas s’aimer, perdent leur temps à mourir.” Parmi les témoignages, celui d’un couple espagnol qui a raconté la renaissance soufferte après le drame de la division.
La souffrance. Depuis le podium du Capitole, un couple de journalistes, lui italien, elle américaine, a fait le don à tous de son expérience d’une maladie qui ne pardonne pas, une vie qui trouve une nouvelle plénitude, comme l’a écrit Jean-Paul II dans son testament. Elle a déclaré notamment : “Il faut vivre avec la mort bien présente pour réaliser une vie en plénitude.” ” Nous avons appris à regarder en face la souffrance et ce visage qui a pour nous un nom : Jésus qui accepte de rester sur la croix, jusqu’à se sentir abandonné du Père, pour donner au monde ses dons.” Des dons qui deviennent expérience vive de “lumière, joie, sérénité, qualité de vie supérieure au laps de temps que je pourrai avoir.”
“Nous ne voulons pas que le mariage soit une pièce fermée au reste du monde, mais nous désirons partager notre bonheur avec de moins chanceux que nous”, a témoigné un jeune couple de 21 et 24 ans : voyage de noces en Tanzanie, parmi les orphelins du sida, auxquels est allé sa somme équivalant à leurs cadeaux de mariage.
Solidarité. Ce n’est pas un fait isolé : depuis 25 ans, les Familles Nouvelles soutiennent dans le monde plus de 14000 parrainages d’enfants. Un nouveau projet de solidarité a été lancé au Familyfest : “Un toit pour chaque famille” : un toit pour les familles les plus déshéritées qui vivent à la périphérie des grandes villes philippines et dans les régions dévastées par le tsunami, au Sri Lanka et en Thailande. Une idée qui est née justement des familles les plus pauvres. Les contributions peuvent être versées pour la France à l’association Actions Familles Nouvelles (Un toit pour chaque famille) 1, rue de la forêt Multonne 61000 Alençon
Message de Chiara Lubich. Le dernier mot a été laissé à Chiara Lubich, par l’intermédiaire d’un message pre-enregistré. Il a la saveur d’une consigne : “Oui, dit-elle notamment, la source de l’amour vrai jaillit de l’amour de Dieu. La famille devient ainsi source de vie en société, vivier de fraternité universelle.” Elle a souhaité aux familles : “Soyez toujours et partout des témoins de cet amour, afin que se rapproche l’heure où, sur la terre, du “Que tous soient un”.
[:it]La gioia di Chiara Lubich e del Movimento dei Focolari per l’elezione del nuovo Papa
Igino Giordani : la source de l’amour
Igino Giordani, écrivain et journaliste, homme politique, marié et père de quatre enfants, a été également le premier animateur et responsable de Familles Nouvelles et on le considère comme cofondateur du Mouvement des Focolari. Depuis l’année dernière, sa cause de béatification est en cours. Pour examiner ses écrits – plus de cent livres et quatre mille articles – deux commissions viennent d’être créées : l’une historique, et l’autre, théologique. Nous souhaitons l’évoquer ici, en ce vint-cinquième anniversaire de son départ de cette terre, par ce petit texte sur l’amour conjugal, qui a été lu durant la retransmission en direct du Familyfest, le 16 avril dernier. La source de l’amour – texte d’Igino Giordani «L’homme et la femme, par leur mariage, ne sont plus deux mais un. Se séparer, après une telle unification, c’est comme se tuer en s’ouvrant les veines. C’est la mort. Pour que l’union conjugale puisse durer, il n’y a par d’autre courant unificateur que l’amour: mais un amour qui vient de l’amour de Dieu, qui surpasse les vicissitudes de la nature et les humeurs des hommes.
Si je regarde ma vie, je peux dire que mon mariage est réussi dans la mesure où je réalise cet amour. C’est là, avant tout, que réside sa valeur, et non dans les comptes en banque, le bien-être, le succès, ni dans la prestance et l’allure élégante. Il devient le tombeau de l’amour, lorsque, passés les élans physiques échangés par amour, l’esprit qui lui donne vie vient à disparaître. S’aimer chaque jour davantage, ne pas relever les défauts, ne pas s’arrêter aux torts, pardonner toujours, recommencer toujours à s’aimer… Alors, la vie devient une joie. Quant à l’indifférence, l’égoïsme, à quoi servent-ils? Ils servent à créer un enfer sur terre. Deux époux qui perdent leur temps à ne pas s’aimer, sont deux êtres qui perdent leur temps à mourir. Mais s’ils s’aiment, Dieu passe entre eux. Voilà comme faire de ta maison une maison du bonheur, même au milieu des plus grandes épreuves».
[:it]Il dialogo ecumenico: una delle priorità del pontificato di Giovanni Paolo II[:en]Ecumenical dialogue: one of the priorities of Pope John Paul II’s pontificate[:es]El diálogo ecuménico: una de las prioridades del Pontificado de Juan Pablo II
[:it]Giovanni Paolo II: un grande Papa, un grande santo![:en]John Paul II: a great Pope, a great saint![:es]Juan Pablo II: ! un gran Papa, un gran santo!
[:it]Infinita gratitudine
Du monde entier, un choeur unanime d’émotion, de gratitude et de prières pour le Pape
Du monde entier, les messages des membres du Mouvement affluent : c’est un choeur unanime d’émotion, de gratitude et de prières pour ce grand Pape. Des voix auxquelles se joignent, avec une immense ferveur, celles de chrétiens de différentes Eglises et d’amis des autres religions. Voici quelques-uns des premiers témoignages reçus. Allemagne – des Evangéliques Cité-pilote d’Ottmaring, où cohabitent des membres du Mouvement des Focolari et de la fraternité évangélique Bruderschaft von gemeinsamen Leben : Le pasteur Gottlob Hess (Fraternité de vie de communion): “ Dans ses discours, le Pape part toujours de l’Ecriture Sainte, ce qui est caractéristique des Evangéliques et rend les messages du Pape compréhensibles pour nous aussi. J’admire son ouverture à l’égard des impulsions novatrices venues des Mouvements et des communautés nouvelles, et je l’admire pour l’importance qu’il donne à l’oecuménisme”. Walter Pollmer (Fraternité de la Croix) – “De plus en plus, on a senti que Jean-Paul II voudrait accélérer le processus oecuménique. Pour lui l’oecuménisme n’est pas marginal : il en a lui-même donné un vibrant témoignage.” Günter Rattey (Fraternité de la Croix): “Je suis reconnaissant à Jean-Paul II pour son anthropologie – profondément biblique – qui fait justice à l’homme.” Pour de nombreux évangéliques, Jean-Paul II a donné un visage personnel et crédible à la papauté : par son oeuvre infatigable pour l’Eglise, pour l’oecuménisme et pour l’humanité ; par la façon dont il a accepté la souffrance et la maladie ; par ses multiples reconnaissances de fautes, au nom des catholiques, et ses demandes de pardon : “Jean-Paul II nous a fait découvrir la papauté sous un jour nouveau.” Argentine – des Juifs Le président de l’AMIA (Association mutuelle des Juifs d’Argentine), Abraham Kaul: “Le Pape est celui qui a le plus oeuvré au dialogue judéo-chrétien. Sa grandeur a été d’avoir demandé pardon pour les erreurs commises dans le passé, et, de même qu’il nous a qualifiés de ‘frères aînés’, nous pouvons dire qu’aujourd’hui, est en train de mourir Jean-Paul II, ‘notre frère Aîné’”. Japon – des Bouddhistes Un bouddhiste qui est venu à Rome et a rencontré le Pape : “Ma fille, qui a maintenant 9 ans, a reçu, toute petite, une caresse du Pape sur la tête. Aujourd’hui encore, je garde un vif souvenir de Jean-Paul II, qui nous a manifesté tant de chaleur, bien que nous ne soyons pas chrétiens. Je veux moi aussi, en tant qu’homme, vivre ma vie à l’unisson avec le coeur du Pape. Tout ce que je voudrais Lui dire, c’est ‘Merci’. Et qu’il repose en paix.” Thailande – des Bouddhistes Le moine Phramaha Thongrat nous a téléphoné, hier, et nous a dit : “le Pape n’est pas seulement un grand frère ; c’est aussi mon Père !” Liban – un Druze musulman Imad vit à Carrare (Italie) : “Mon coeur pleure pour ce Pape qui a tant donné, et à moi surtout. J’ai senti tout son amour pour ma terre… que son cri de paix soit entendu !” Algérie – des Musulmans S. et R. (un couple musulman) se souviennent de son voyage au Maroc, où il avait fortement impressionné par son ouverture d’esprit à l’égard des 10 000 jeunes, présents à Casablanca. Ce matin, ils nous ont dit : « Le Pape est un saint ! Il a fait beaucoup pour le monde, il a eu beaucoup de courage. Il a fait tout ce que Dieu voulait. Il était contre les divisions et les guerres. Il a été pour nous un Père. » USA – des Musulmans Malik Shabazz, Imam de la mosquée de Beacon (Etat de New York): “Le Pape Jean-Paul II est un des grands signes historiques et merveilleux de l’amour du Grand Miséricordieux, du Grand Bienfaiteur, envers l’humanité. Jean-Paul II, par sa défense courageuse de la liberté, de la justice et de l’égalité entre tous les membres de la famille humaine, nous a rappelé notre propre responsabilité, individuelle et collective, d’utiliser les ressources que Dieu nous a données pour le bien de l’humanité.”
Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de avril 2005
Pour enseigner de manière simple et efficace les vérités, même les plus profondes, de son message, Jésus utilisait souvent des images et des paraboles. Celle dont est tirée cette parole de vie évoque une scène courante de la vie quotidienne : l’attention du berger pour son troupeau. Les voleurs et les brigands, comme des loups rapaces, menacent le troupeau. Mais Jésus se compare au bon pasteur, celui qui prend réellement soin de ses brebis, les guide et les défend, jusqu’à affronter la mort pour elles.
En Jésus, cette comparaison devient réalité. Il est vraiment mort sur la croix « afin que nous vivions par lui ».
« Je suis venu pour que les hommes aient la vie… »
Il est venu, car le Père l’a envoyé, pour nous apporter sa vie divine. « Dieu, en effet, a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».
Comment comprendre cela ? La vie terrestre, nous l’avons reçue de nos parents. Mais ce que Jésus nous apporte, c’est la « vie éternelle », participation à sa vie de Fils de Dieu, l’entrée dans la communion intime avec Dieu. Il s’agit de la vie même de Dieu que Jésus peut nous communiquer parce qu’il est lui-même la vie. Il l’a dit : « Je suis la vie » et « de sa plénitude, tous, nous avons reçu ».
Qu’est-ce que la vie de Dieu ? Nous le savons, c’est l’amour.
C’est par amour que Jésus, Fils de Dieu qui est Amour, a vécu en venant sur cette terre, et qu’il nous a apporté l’amour même qui brûle en lui. Il nous transmet la flamme de cet incendie infini et il veut que nous en vivions.
«… et qu’ils l’aient en abondance. »
Car Jésus ne se contente pas de posséder la vie, il « est » lui-même la vie, et il peut la donner en abondance, comme il donne la plénitude de la joie.
Le don de Dieu est toujours infini et généreux comme Dieu lui-même. Il comble les aspirations de notre cœur : notre désir d’une vie pleine et sans fin. Seul Dieu peut satisfaire notre soif d’infini. Il nous donne sa vie éternelle, non seulement pour le futur, mais aussi pour le présent. La vie de Dieu commence dès maintenant et ne meurt jamais.
Pensons aux saints ! Ils nous apparaissent tellement pleins de vie que celle-ci déborde autour d’eux. D’où venait cet amour universel de François d’Assise, capable d’accueillir les pauvres, d’aller à la rencontre du Sultan, de reconnaître un frère ou une sœur en chaque créature ? D’où venait l’amour actif de mère Teresa de Calcutta, qui s’est faite la mère de tout enfant abandonné et la sœur de toute personne seule ? Ils possédaient une vie extraordinaire, celle que Jésus leur avait donnée.
« Je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance. »
Comment vivre cette Parole ?
Accueillons la vie que Jésus nous donne. Elle est déjà présente en nous par notre baptême et notre foi. Elle peut toujours grandir dans la mesure où nous aimons.
C’est l’amour qui fait vivre. Celui qui aime, écrit saint Jean, demeure en Dieu , participe de sa vie même. Oui, car si l’amour est la vie et l’être de Dieu, il est aussi la vie et l’être de l’homme. À l’inverse, chaque fois que nous n’aimons pas, nous ne vivons pas.
Le départ pour le Ciel de Renata Borlone en est un vivant témoignage. Elle avait accepté comme la volonté de Dieu, la nouvelle de sa mort imminente. Elle disait vouloir témoigner que la « mort est vie », qu’elle est résurrection, et elle s’est proposée, avec l’aide de Dieu, de le manifester jusqu’à la fin. Elle y est parvenue, transformant ainsi sa souffrance en un temps de Pâques.
Chiara Lubich
[:it]Chiara Lubich e tutto il Movimento dei Focolari nel mondo in queste ore si stringono intorno al Papa
[:it]Le nuove barche dei pescatori
[:it]Felice Pasqua di Resurrezione![:en]Happy Easter of the Resurrection[:es]Feliz Pascua de Resurrección
[:it]Scienza & Vita
[:it]Familyfest 2005 … al Papa della famiglia
Après la terrible épreuve, un pas vers l’unité
Un groupe de jeunes du Mouvement des Focolari, composé de quelques Européens et d’Indonésiens, partis de Singapour, se sont rendus dans un village de la province d’Aceh, au nord de Sumatra, en Indonésie. Nous donnons ici des extraits de leur journal de voyage: L’objectif de notre voyage est de nous rendre compte par nous-mêmes des besoins dans ces régions frappées par le séisme, et de voir comment nous pouvons agir concrètement sur place, en tant que Mouvement des Focolari, pour venir en aide aux victimes. Cette expérience nous aura marqués de façon indélébile ; nous étions partis pour donner, et nous avons reçu bien plus encore. A notre retour, quelqu’un nous a dit qu’il avait l’impression de voir des gens rentrant d’un pélerinage dans un lieu sacré. Notre groupe est très mélangé : des Asiatiques, certains de Singapour et d’Indonésie, et même quelques Européens ; des chrétiens, des musulmans, d’autres n’ayant aucune référence religieuse. Ensemble, nous nous sommes rendus en Indonésie, réunis en une mosaïque de cultures. La petite-fille du roi A Aceh, un couple qui vit sur place se joint à notre petit groupe – l’épouse est indonésienne, et lui est anglais ; ils seront nos guides. Le grand-père de l’épouse était le dernier roi de Sigli, dans la partie Est d’Aceh. Leur présence dans le groupe est providentielle, car ils nous ouvrent de nombreuses portes. A., que nous appelons affectueusement “princesse” – elle est la petite-fille du roi – nous parle de sa famille pendant le voyage : “Jusqu’au milieu du siècle dernier, Aceh a eu différents sultanats ou royaumes. Mon grand-père en gouvernait un : il était “Rajah” (roi) de Sigli, et il a été assassiné en 1950, au moment où l’Indonésie a acquis son indépendence des Hollandais, pour constituer un seul Etat regroupant les 16.000 îles de l’archipel”. Depuis lors, il s’est formé un groupe armé, le GAM (Mouvement pour Aceh Libre), qui combat pour l’indépendance du pays, par des actions continuelles de guerrilla. Les heurts fréquents, entre l’armée régulière indonésienne et le groupe de guerrilla armée, créent un climat d’insécurité et de tension parmi la population. Celle-ci, en dehors de la région, est plus méconnue qu’aimée, plus objet de préjugés que d’un sentiment d’appartenance à une même nation, et Aceh est considérée comme une zone dangereuse. Ce voyage nous aura permis de découvrir les habitants d’Aceh comme des frères authentiques, porteurs d’une grande richesse spirituelle. Une rencontre avec la douleur et avec la vie Nous faisons d’innombrables rencontres : enfants, religieux, enseignants, policiers, réfugiés des campements provisoires, où s’entassent des familles par centaines ; des pêcheurs – ce sont eux qui ont été les plus touchés, puisque le tsunami a détruit barques et filets. Nous écoutons leurs récits et ils nous disent leurs besoins : un sentiment d’angoisse nous étreint, face à tant de souffrance et de dénuement. Mais nous allons de l’avant, sans nous décourager. Nous nous souvenons que c’est Jésus, dans ces frères, qui nous dit : “J’avais besoin d’une barque et de filets pour gagner ma vie, et tu me le as procurés…”. Nous sommes stupéfaits par la générosité de ces personnes, qui savent oublier leur propre détresse pour nous accueillir, nous qui sommes des étrangers et des inconnus : un jeune, avec son couteau, coupe sur l’arbre une noix de coco pour chacun de nous et nous l’offre pour nous en faire boire le jus, une boisson délicieuse. Pleurer ensemble Dans le village de Kampung Cina, nous avons rencontré une jeune femme musulmane, qui revenait de voir sa maison, pour la première fois depuis la catastrophe. Celle-ci était rasée au sol, et elle avait perdu son mari et huit enfants ! Au milieu des larmes, elle nous a raconté que, tandis qu’elle se sauvait en tenant dans ses bras son dernier-né, âgé de quelques mois, tout à coup elle a vu deux autres de ses enfants qui étaient en danger et elle a couru pour les secourir. Mais elle a alors entendu les cris de son bébé, qui avait lâché sa main et que l’eau emportait. Une autre vague, très haute, est arrivée et a emporté ses deux enfants. Dans les eaux tourbillonnantes, elle perdu connaissance et elle s’est réveillée sur un cocotier. Nous sommes restés pétrifiés en écoutant son récit : impossible de lui dire quoi que ce soit, ne fût-ce qu’un seul mot. Ne sachant que faire d’autre pour la consoler, nous l’avons serrée dans nos bras, et nous avons pleuré avec elle. Quand nous pénétrons dans la partie de la ville la plus touchée par le tsunami et dans les villages environnants, c’est une désolation totale que nous découvrons ! Des maisons entièrement vidées par la violence des eaux, la plupart détruites et ensevelies sous des montagnes de débris, où l’on recherche encore les corps des victimes. Là où les corps ne peuvent être exhumés, on plante un drapeau pour chaque corps que l’on suppose enseveli ; une sorte de rite funéraire et une marque de respect pour ces vies, qui ne doivent pas tomber dans l’oubli. Le long de la route qui conduit au centre de la ville, à environ trois kilomètres de la mer, deux grands navires (de 350 tonnes chacun) sont adossés à un hôtel. Ils resteront là, comme un monument à la mémoire de cette grande tragédie. Mais la douleur la plus intense, c’est de voir la pointe extrême de Banda Aceh, où la furie de la mer s’est déversée de toute sa force, frappant dans toutes les directions et détruisant tout. C’est une sorte d’étroite péninsule, entourée de toutes parts par la mer. Il ne reste plus que le carrelage de quelques maisons, et un tas de gravats. Aucun signe de vie. Nous avons roulé en voiture pendant deux heures dans un silence complet, muets de douleur. Peut-être était-ce aussi un moment de prière, de méditation, de souffrance partagée qui n’était qu’un cri “pourquoi ?” Nous y avons reconnu un visage de Jésus Abandonné sur la croix – Lui qui a pris sur lui toutes les souffrances, toutes les divisions, tous les traumatismes de l’humanité – et alors, naissait aussi en nous, malgré l’obscurité du mystère, la certitude de Son Amour personnel pour chacun. Se retrousser les manches Nous essayons de faire quelque chose : l’un d’entre nous travaille dans une entreprise qui commercialise des filets de pêche. Nous pouvons nous intéresser concrètement au problème. Nous faisons nos calculs : combien il faut de filets, combien de fil, quelle quantité de bois pour construire les barques, si possible avec moteur ; combien de bicyclettes pour permettre aux enfants d’aller à l’école, quelles fournitures scolaires ; combien il faut d’argent. Quand nous serons rentrés, nous pourrons organiser la distribution des aides recueillies, car nous connaissons un par un les besoins, chacun correspondant à un visage rencontré (nous avons rencontré 953 pêcheurs). Il nous semble avoir construit une famille avec tous, chrétiens et non chrétiens. Et ceci n’est qu’un début ! Nous avons l’impression d’avoir assisté aux miracles engendrés par la solidarité que ce tsunami a suscitée à travers le monde entier. On constate la générosité de groupes, d’ONG, de congrégations… et il y a place pour tous ! La devise inscrite sur le drapeau national de l’Indonésie, est : “Unité dans la diversité”. C’est comme si ce grand pays, après la terrible épreuve qu’il vient de vivre, avait fait un pas de plus vers l’unité.
[:it]Solenne concelebrazione per il Papa[:en]Solemn concelebration for the Pope[:es]Solemne concelebración por el Papa
[:it]La comunità terapeutica di Mario Giostra[:en]The therapeutic community of Mario Giostra[:es]Una experiencia de vida: la comunidad terapéutica de Mario Giostra
[:it]Economia di comunione in dialogo con istituzioni politiche e civili
[:it]EdC: Iniziative locali
[:it]Scuole di formazione all’Edc

On joue à donner toujours plus
Ce peuple né de l’Evangile, présent dans le monde entier, compte aussi des filles et des garçons qui partagent la spiritualité de l’unité ; ils la vivent au quotidien, avec la sensibilité particulière qui est la leur. Lors de leur dernier congrès mondial, une petite fille coréenne a posé cette question à Chiara Lubich : «Tu nous apprends à toujours donner, sans jamais rien garder. Mais moi, je n’ai pas beaucoup de choses à donner. Qu’est-ce que je peux faire?»
La réponse s’est traduite par un album très coloré, qui illustre les mille manières de donner :
Prêter un crayon; aider maman à la cuisine; apprendre un jeu à un camarade qui ne le connaît pas; écouter quelqu’un qui a envie d’être écouté; répondre gentiment; partager son goûter; dire “bonjour” avec amour; pardonner; donner un sourire; donner son aide aux pauvres; tenir compagnie à quelqu’un; offrir un cadeau; donner un coup de main; donner de la joie; donner une nouvelle qui fera plaisir. Quelques flashes du monde entier:
Donner une nouvelle qui fait plaisir
Dans une très grande ville du Mexique, Cecilia, Martina et Alexandra ont été invitées à raconter leurs expériences à la radio locale. Elles se sont préparées ensemble et elles ont demandé à Jésus de les aider. Cecilia a raconté quelque chose sur l’art d’aimer, et Alexandra a raconté comment elle a aimé quelqu’un qui était son ennemi. Martina dit au micro: “On a décoré une tirelire où on met de l’argent pour les enfants pauvres. Tout l’argent qu’on me donne, je le mets de côté pour acheter des friandises, que je revends pour gagner encore plus d’argent pour les pauvres, parce que dans chaque pauvre il y a Jésus qui me dira: ‘C’est à moi que tu l’as fait’. Cette année, avec l’argent mis de côté, nous avons acheté des couvertures et des pull-overs pour les pauvres qui sont à la porte de l’église”.
Consoler
Un jour, je jouais avec mon petit frère, pendant que mon autre frère faisait la sieste. Maman m’a envoyé au marché acheter des bananes et des légumes. Quand je suis rentré, mon petit frère qui faisait la sieste était réveillé et il pleurait. J’ai pensé “C’est Jésus”, et je l’ai fait jouer avec moi. Pour lui faire plaisir on a joué aux billes, parce que c’est le jeu qu’il aime le plus. J’étais très content et tout s’est très bien passé. (T. – Madagascar)
Tenir compagnie
Un après-midi, j’étais très fatigué et il faisait très chaud. Des camarades m’ont invité à jouer au ballon, mais le soleil était tellement fort que je n’avais pas du tout envie d’y aller. Après, j’ai pensé que je pouvais les aimer et j’y suis allé. Au bout d’un moment, un de mes camarades a vu que je transpirais beaucoup, et il est allé au bar acheter une orangeade pour moi. (A. – Pakistan)
Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de mars 2005
S’il est une réalité mystérieuse, dans notre vie, c’est bien celle de la souffrance. Nous voudrions l’éviter, mais tôt ou tard, elle survient. Et sous quelle forme ? Un banal mal de tête qui perturbera notre activité de la journée ? Le souci de voir un enfant s’embarquer sur une mauvaise pente ? Un ennui au travail ? Un accident qui emporte un de nos proches ? Un échec à un examen, l’angoisse devant la violence, les catastrophes naturelles ?
Devant la douleur, nous nous sentons désemparés, impuissants. Malgré leur affection, nos proches sont souvent incapables de nous aider. Il nous suffirait pourtant que quelqu’un vienne partager notre peine, même en silence.
C’est justement ce qu’a fait Jésus. Il s’est fait proche de tous, jusqu’à tout partager avec nous.
Il a même été plus loin : il a pris sur lui chacune de nos souffrances, il s’est fait souffrance avec nous, jusqu’à crier :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Il était trois heures de l’après-midi lorsque Jésus lança ce cri vers le ciel. Depuis trois longues heures, il était pendu à la croix, pieds et mains cloués.
Sa courte vie n’avait été qu’un don continuel. Il avait guéri les malades, ressuscité les morts, multiplié les pains et pardonné les péchés. Il avait prononcé des paroles de sagesse et de vie qui ne passeront jamais.
Là encore, sur la croix, il pardonne à ses bourreaux, il ouvre le paradis au larron, il nous offre son corps et son sang après nous les avoir donnés dans l’Eucharistie. Puis il s’écrie :
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Mais Jésus ne se laisse pas vaincre par la douleur. Il la transforme en amour et en vie. Et c’est justement après s’être senti si loin du Père que, par un effort pour nous inconcevable, il croit à son amour et s’abandonne à nouveau totalement à lui : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit ».
Il rétablit l’unité entre Ciel et terre, il nous ouvre les portes du Royaume des cieux, il nous rend enfants de Dieu et fait de nous des frères.
C’est ce mystère de mort et de résurrection que nous célébrons à Pâques.
Ce même mystère, Marie, la première disciple de Jésus, l’avait, elle aussi, vécu au pied de la croix. Elle avait accepté de « perdre » son bien le plus précieux, son Fils, Dieu. Au moment où elle adhère au plan de Dieu sur elle, et parce qu¹elle y adhère, elle devient la mère d'une multitude d'enfants, notre Mère.”
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
Par sa douleur infinie, prix de notre rédemption, Jésus se fait solidaire de chacun de nous, il prend sur lui notre fatigue, nos illusions, nos troubles, nos échecs, et il nous apprend à vivre.
Puisqu’il a pris sur lui toutes les souffrances, les divisions, les drames de l’humanité, je peux penser que, quand je vois une souffrance, en moi ou dans mes frères et sœurs, c’est lui que je vois. Chaque douleur, qu’elle soit physique, morale, spirituelle, me rappelle Jésus, c’est une de ses manières de se présenter à nous, un de ses visages.
Je peux lui dire : « Dans cette douleur, c’est toi que j’aime, Jésus abandonné. C’est toi qui, en faisant tienne ma souffrance, viens me rendre visite. Alors je te choisis, je te serre contre moi ! »
Et si nous continuons ensuite d’aimer, si nous répondons à sa grâce, si nous voulons ce que Dieu veut dans le moment présent, si nous vivons notre vie pour lui, nous pourrons constater bien souvent que la douleur disparaît. Car l’amour appelle les dons de l’Esprit : joie, lumière, paix. Et le Ressuscité resplendit en nous.
Chiara Lubich
[:it]Nuova Umanità – Gennaio-Febbraio 2005
[:it]L’impressione di aver incontrato un santo. Un ricordo che non si cancellerà mai[:en]I had the impression of meeting a saint, A memory that will never be erased[:es] La impresión de haber encontrado un santo. Un recuerdo que no se borrará nunca
[:it]Dalla Thailandia: risposte dell’anima nel post-tsunami[:en]From Thailand: a spiritual response in the post-tsunami reality[:es]Desde Tailandia: respuestas del alma en el post-tsunami
[:it]Non dimentichiamo le vittime dello Tsunami[:en]Let’s not forget the tsunami victims[:es]No olvidamos las víctimas del Tsunami[:pt]Não esqueçamos as vítimas do Tsunami
Une traversée du désert
Une vie de marin R.: « A cause de la guerre, à 5 ans j’ai perdu mon père, ma maison et la vie confortable d’avant. J’ai souffert des injustices sociales qui se rejaillissaient sur ma famille et faisaient naître en moi des sentiments de révolte. Je rêvais de vivre dans un monde libre et vraiment fraternel. A 20 ans, après avoir terminé mes études dans la marine, je me suis embarqué, plein d’enthousiasme, comme élève officier sur un navire ; mais, à bord, la realité était bien différente de tout ce dont j’avais rêvé. Les rapports entre mes compagnons d’équipage étaient durs et m’incitaient à répondre avec la même dureté ; même Dieu me paraissait lointain et indifférent à la condition humaine. J’étais dans la solitude la plus absolue. Au cours d’une permission, je fais la connaissance de M., et c’est un horizon de bonheur inespéré qui s’ouvre devant moi. A mon mariage, je quitte la mer. Nous commençons une vie à deux où chacun attend beaucoup de l’autre. Très vite, ces attentes mutuelles sombrent dans l’incompréhension ; incapables de nous accueillir l’un l’autre, avec nos limites et nos différences, nous nous heurtons. La désillusion est grande ; après l’espoir, c’est le désarroi : nous nous séparons. Le monde s’écroule. Je suis écrasé par le sentiment de mon échec, l’angoisse, le désespoir. Une de mes amies me propose d’aller à la cité-pilote du Mouvement des Focolari, à Loppiano. Je découvre alors un autre visage de Dieu : je découvre qu’il est proche de moi, qu’il est Amour. Alors, me dis-je, il y a encore de l’espoir ! Une bouffée de gratitude et de joie profonde m’envahit. Je voudrais la faire partager à M., mais je ne sais pas comment la joindre. Sans attendre, je fais mes premiers pas sur le chemin de la fraternité : au contact d’autres personnes qui partagent cet esprit, je touche du doigt que la fraternité n’est pas une utopie ». L’amour apporte la réponse M : « Dans le noir où je me trouvais, j’ai rencontré, moi aussi, l’idéal de l’unité, l’amour auquel j’aspirais mais dont j’ignorais la source. Les paroles de l’Evangile : “Aimez-vous comme je vous ai aimés”, m’ont rejointe avec une force révolutionnaire qui a complètement transformé ma vie. J’ai découvert en Jésus l’amour qui est don total de soi ». Renaissance d’un amour neuf R: « Lorsque j’ai reçu une lettre de M. où elle me disait sa joie de sa découverte, j’ai eu l’impression de vivre un rêve. Après environ quatre années de séparation, je suis allé la voir à l’hôpital où elle était soignée. J’arrive sans avoir annoncé ma visite et, dans la pénombre de la chambre, nos regards se rencontrent. “Je te donnerai un coeur nouveau”, dit l’Ecriture : dans le silence, un amour neuf renaît, un amour qui a maintenant une autre mesure : être prêts à nous aimer comme Jésus nous a aimés. La promesse qu’on lit dans l’Evangile, “Là où deux ou trois sont unis en mon nom, je suis au milieu d’eux”, se réalise pour nous aussi. Jésus Ressuscité, présent au milieu de nous, est devenu notre lumière, notre joie, notre force, tout au long de ces années de mariage. Il a nourri par sa présence nos rapports avec nos six enfants, qui sont maintenant tous adultes, et nos rapports avec beaucoup d’autres familles et de personnes avec lesquelles nous avons fait ce grand bout de chemin ». Tiré de Storie di fraternità – spazio al dialogo tra vecchi e nuovi cittadini, in www.loppiano.it
Message de Chiara Lubich
Castel Gandolfo, le 11 février 2005
Mesdames, Messieurs, chers congressistes,
C’est une joie pour moi de pouvoir m’adresser à vous et de vous saluer un à un. Je viens vous proposer quelques réflexions sur le sujet de votre congrès : « Relations sociales et fraternité : paradoxe ou modèle soutenable ? »
L’un des premiers effets qu’a eu le charisme accordé au mouvement des Focolari a été une sorte de nouvelle révélation de la vérité que Dieu est amour. Nos yeux se sont ouverts et, malgré la fureur de la guerre (c’était à Trente en 1943), nous avons découvert partout la présence aimante de Dieu : dans notre quotidien, dans les événements joyeux et rassurants, dans les situations tristes et difficiles…
Cette foi profonde et indéfectible en Dieu amour a immédiatement suscité un lien profond et très fort entre nous, premiers focolarini et focolarines. Nous nous sommes sentis fils et filles du Père qui est aux cieux et, par conséquent, frères et sœurs entre nous.
De plus, le commandement que Jésus appelle « sien » et « nouveau » « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34) nous est apparu comme la synthèse du projet de Dieu. Ce fut une conséquence logique de nous promettre réciproquement d’être la réalisation vivante de ce commandement et de le mettre à la base de notre vie.
C’est ainsi qu’un nouveau style de vie naissait dans l’Église, une spiritualité personnelle, bien sûr, mais aussi communautaire, qui correspondait bien aux exigences de notre temps caractérisé par l’accroissement des relations interpersonnelles et par l’interdépendance des peuples.
Dieu se manifestait à nous pour ce qu’il est vraiment : amour. En même temps il se révélait Amour en lui-même : Père, Fils et Esprit Saint. Le dynamisme de sa vie intratrinitaire nous apparaissait comme réciproque don de soi, vide mutuel d’amour, communion éternelle et totale. Dans l’Évangile de Jean on peut lire : « Tout ce qui est à moi est à toi. De même, tout ce qui est à toi est à moi » (Jn 17,10), tout circule donc entre le Père et le Fils dans l’Esprit.
Dieu a voulu que cette réalité se reflète dans les relations interpersonnelles. De même que le Père dans la Trinité est tout pour le Fils et que le Fils est tout pour le Père, de même – m’a-t-il semblé comprendre – moi aussi j’ai été créée en don pour ceux qui sont près de moi, et ceux qui sont près de moi ont été créés comme un don pour moi. C’est pourquoi la relation entre nous est l’amour, est Esprit Saint : le rapport même qui existe entre les personnes de la Trinité.
Immergés dans cette lumière, nous avons compris qu’ici-bas tout est en relation d’amour avec tout, chaque chose avec tout.
Toutefois, la plupart du temps, notre rationalité, notre sensibilité, ne sont pas capables de saisir cette vérité. Souvent nous ne sommes pas en mesure de voir la réalité dans son ensemble et nous sommes plutôt enclins à voir les difficultés dans les rapports sociaux marqués par les contradictions ou les conflits. Et il devient malaisé, dans notre société complexe, de reconnaître des relations de concorde, de communion.
Notre charisme nous a montré que la fraternité est à la fois un principe spirituel et une catégorie anthropologique, sociologique, politique, capable de déclencher un processus de renouveau global de la société.
L’amour fraternel suscite un peu partout des rapports sociaux positifs, aptes à rendre la vie en société plus solidaire, plus juste, plus heureuse.
Notre expérience de plus de soixante ans nous enseigne que ces relations fraternelles vécues dans le quotidien d’une vie personnelle, familiale et sociale, ou au sein d’institutions politiques ou de structures économiques, libèrent des ressources morales et spirituelles inattendues.
Ce sont des relations nouvelles, chargées de signification, qui suscitent toute sorte d’initiatives, qui créent des structures en faveur de l’homme et de la communauté.
Sur la base de notre expérience nous pouvons donc affirmer que la fraternité universelle n’est pas une utopie ni un beau désir louable encore qu’irréalisable. Non, c’est une réalité qui se fraye un chemin toujours plus large dans l’histoire.
On remarquera pourtant que les désaccords et les conflits existent dans la vie relationnelle de la société humaine à tous les niveaux. C’est sûrement la conséquence et l’effet du mystère du mal qui touche non seulement notre vie personnelle mais notre vie en société.
À ce sujet notre charisme nous a indiqué dès le début une clé de compréhension de ce mystère et en même temps un modèle pour surmonter tout manque d’unité : celui qui a recomposé l’unité entre Dieu et les hommes et des hommes entre eux.
C’est Jésus qui, sur la croix, s’écrie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »(Mc 15,34 ; Mt 27,46). Dans le cri déchirant d’un Dieu qui se sent abandonné de Dieu, toute souffrance, toute douleur, tout manque d’unité est contenu, assumé et transformé en amour.
Jésus est venu sur la terre pour donner sa vie afin « Que tous soient un ».
Jésus, dans son abandon, a payé pour y parvenir. Il nous demande de collaborer pour réaliser cela dans le quotidien.
Je souhaite à tous les participants à ce congrès que ces journées soient l’occasion de construire d’authentiques rapports de fraternité, pour que la réflexion intellectuelle s’appuie sur une authentique expérience de vie communautaire.
Mon souhait est que Marie, la mère du bel amour, qui a appris de son Fils le message de la fraternité universelle ; qui s’est rendue chez Élisabeth pour lui rendre service ; qui, avec le Verbe fait chair et ses disciples, a suscité, en tant qu’authentique « personne sociale », une famille où l’amour unit, éduque, circule et déborde sur tous ; que Marie, donc, éclaire et guide ce Congrès.
Dans l’amour fraternel,
Chiara Lubich
[:it]Relazione sociale e fraternità: Paradosso o modello sostenibile?[:en]Social Relations and Fraternity: A Paradox or a Sustainable Model?[:es]Relación social y fraternidad: ¿paradoja o modelo sostenibile?
« Rapports sociaux et fraternité : paradoxe ou modèle soutenable ? Une perspective à partir des sciences sociales »
A notre époque marquée par le changement, plusieurs voix ont fait entendre lors du congrès l’urgence de ne plus focaliser l’attention seulement sur les rapports sociaux contradictoires et conflictuels, mais sur les « rapports de concorde et de communion » qui existent dans la société complexe actuelle. C’est ce que Chiara Lubich a mis en évidence dans son message où elle montre la fraternité comme « un principe spirituel qui est à la fois une catégorie anthropologique, sociologique et politique capable d’amorcer un processus de renouvellement global de la société ». Cette proposition est née d’une expérience qui s’étend sur plusieurs dizaines d’années, tant au niveau personnel qu’à celui des institutions politiques et des structures économiques.
Le congrès a été caractérisé par le dialogue, typique de la discipline sociologique, entre théorie et expériences réalisées dans des contextes culturels et sociaux les plus différents, comme celle du Centre culturel La Pira, de Florence, ouvert aux étudiants étrangers de diverses cultures et religions ; celle d’une communauté thérapeutique italienne pour anciens drogués ; celle du Centre international pour la famille de la cité-pilote de Loppiano (près de Florence) ; et aussi l’expérience d’intégration, à Fontem, au cœur de la forêt camerounaise, entre européens au contact de la culture africaine et les Bangwa, un peuple profondément attaché à ses traditions.
Une lecture sociologique des différentes expériences a mis en évidence de nouveaux modèles possibles, de nouveaux schémas d’application, comme le « paradigme de l’unité » dont a parlé le professeur polonais Adam Biela, sénateur et ancien président de la faculté de sociologie de l’université de Lublin. Une catégorie développée par la sociologue brésilienne Vera Araujo, comme paradigme d’unité-fraternité, capable de lire les relations d’unité et distinction, de réciprocité, don et communion. A la conclusion du congrès – et selon les termes de Vera Araujo – a émergé « une communauté scientifique naissante qui assume maintenant ces paradigmes, ces nouvelles stratégies de recherche, pour étudier ensemble de nouvelles perspectives pour les sciences sociologiques ».
[:it]Il Potere dell’Amore
[:it]Fontem – Camerun: laboratorio di relazioni[:en]Fontem-Cameroon as a laboratory of human relationships – a sociological analysis[:es]Fontem-Camerún – Laboratorio de relaciones: una lectura sociológica
Un filet d’amour
Lia Brunet avait connu Chiara Lubich en 1945 à Trente. Ce sera elle, avec le premier Focolarino Marco Tecilla et Fiore Ungano, qui entreprendra le premier voyage hors de l’Europe, en 1958. C’étaient les années de graves conflits sociaux sur tout le continent latino-américain. Ce voyage sera le début du tissage d’un filet d’amour qui jettera les semences de renouvellement spirituel et social dans ces pays, où Lia a dépensé sans compter 44 ans de sa vie. Elle nous a laissé le 5 février. A Noël elle avait eu 87 ans.
Ce premier voyage en Amérique latine, est un voyage plein d’inconnu. A Trente, avec Chiara, dans les quartiers les plus pauvres, elle avait expérimenté la force de la transformation sociale de l’évangile vécu et de sa diffusion. En 12 mois intenses, ils avaient fait étape à Récife, Sao Paolo, Rio de Janeiro, Bel Horizonte au Brésil, à Montevideo, en Uruguay, à Buenos Aires en Argentine, à Santiago du Chili… ainsi s’esquisse leur programme dans le « journal d’un voyage ». « La nôtre aussi était une révolution, en utilisant l’arme la plus puissante, l’Amour que Jésus a porté sur la terre. Nous aussi nous parlions d’un « homme nouveau », celui de Saint Paul, mais aussi du « vieil homme », que nous cherchions à faire mourir, principalement en nous même. Ainsi notre projet est un projet de mort et de vie qui pointe sur le « Que tous soient un ».
[:it]E’ on-line il nuovo portale dei Giovani per un Mondo Unito!
[:it]Adozioni a distanza in Tamil Nadu, Indonesia, Sri Lanka[:en]Adoptions-at-a-distance in Tamil Nadu, Indonesia and Sri Lanka[:es]Adopciones a distancia en Tamil Nadu, Indonesia, Sri Lanka[:pt]Adoções à distância em Tamil Nadu, Indonésia e Sri Lanka
Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de fevrier 2005
Que veut nous dire l’Eglise durant le carême ? Que nous sommes en chemin vers la Pâque, où Jésus, par sa mort et sa résurrection, nous introduit dans la vraie vie et nous conduit à la rencontre de Dieu. Ce chemin est une sorte de traversée du désert qui n’est pas exempt de tentations et d’épreuves.
C’est d’ailleurs justement au désert que le peuple d’Israël, en marche vers la terre promise, abandonna un moment son Dieu pour adorer le veau d’or.
A son tour Jésus parcourt le même chemin dans le désert. Il est lui aussi tenté par Satan, qui lui demande d’adorer succès et pouvoir. Mais Jésus rejette les flatteries du mal et se tourne résolument vers l’Unique Bien :
« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »
Comme pour le peuple juif et comme pour Jésus, nous sommes souvent tentés, dans notre vie quotidienne, d’emprunter des chemins de facilité. On nous invite à trouver notre joie et notre sécurité dans l’efficacité, la beauté, le plaisir, la possession, le pouvoir… toutes choses qui, sans être mauvaises en elles-mêmes, peuvent être érigées en absolus et qui deviennent souvent, dans notre société, réellement des idoles.
Quand on ne reconnaît pas Dieu, qu’on ne l’adore pas, d’autres « dieux » viennent le remplacer. D’où la diffusion du culte de l’astrologie ou de la magie…
Jésus nous rappelle que nous trouvons notre pleine réalisation non pas dans la recherche des choses éphémères, mais si nous nous mettons devant Dieu, de qui tout provient, et si nous le reconnaissons comme notre créateur, le Maître de l’histoire, notre Tout.
Nous cheminons vers le ciel, vers Dieu. Là-haut nous chanterons sans cesse sa louange. Alors pourquoi ne pas le faire dès maintenant ?
Nous sentons la soif de l’adorer, en le louant du fond du cœur, lui qui nous rencontre dans l’eucharistie et qui vit l’assemblée qui le fête !
« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »
Mais que signifie « adorer » Dieu ?
C’est un geste réservé exclusivement à Dieu. Adorer Dieu revient à lui dire : « Tu es tout », c’est-à-dire à le reconnaître pour « celui qui est » ; et moi, j’ai le privilège immense d’avoir reçu la vie pour le faire.
Mais « adorer » implique également que l’on ajoute : « Moi, je ne suis rien ». Il ne suffit pas de le dire. Pour adorer Dieu, il nous faut nous abaisser nous-mêmes, reconnaître que, de nous-mêmes, nous ne sommes rien, afin qu’il puisse agir en nous et dans le monde. Cela nous oblige à démolir constamment les fausses « idoles » que nous sommes tentés de nous construire dans la vie.
Proclamer par notre vie que nous ne sommes rien et que Dieu est tout, est un chemin tout à fait positif. Si nous nous tournons vers Dieu et faisons nôtre sa pensée révélée par l’Évangile, nos propres pensées sont déjà mortifiées. Si nous accomplissons sa volonté telle qu’elle nous est indiquée dans le moment présent, nos tendances égoïstes sont mises en échec. Si Dieu prend toute sa place dans notre cœur et si « nous nous faisons un » avec notre prochain en partageant ses inquiétudes, ses peines, ses joies, alors nous pouvons vaincre nos affections désordonnées.
Sans nous en rendre compte, en étant sans cesse « amour », nous ne sommes rien. Et en vivant ce rien, nous affirmons par notre vie que Dieu est tout, nous ouvrant ainsi à la véritable adoration.
« Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. »
Il y a des années, quand nous avons découvert qu’adorer Dieu revenait à proclamer sa grandeur et affirmer que de nous-mêmes nous n’étions rien, nous avons composé cette chanson : « Si les étoiles s’éteignent dans le ciel/si chaque jour a une fin/si la vague se perd dans la mer pour ne pas revenir/tout cela est pour ta gloire./Que la création te chante :/Tu es tout./Et que toute chose se dise à elle-même :/Je ne suis rien ! »
Nous expérimentions alors que, lorsque nous nous vidions de nous-mêmes par amour, le Tout, Dieu, emplissait notre rien. Dieu entrait dans notre cœur.
Chiara Lubich
Bolivie : opération « Plus haut qu’El Alto »
El Alto, symbole de la révolte
El Alto, haut plateau de La Paz, la capitale bolivienne, est le symbole de la révolte, des conflits et de l’exaspération du peuple bolivien. La situation sociale de la Bolivie alimente un état de conflit permanent qui entraîne manifestations et grèves, comme ces derniers jours, toujours à El Alto, pour demander des aides financières afin de pouvoir accéder au service d’eau potable. Il y a encore environ 40 000 familles qui n’y ont pas accès.
Parmi les nombreuses initiatives qui se font jour dans le pays est née l’opération « Plus haut qu’El Alto », mise en place par le mouvement des Focolari, pour porter la situation sociale conflictuelle sur un plan plus élevé, avec l’apport de la dimension spirituelle. Il s’agit d’une « école de formation aux responsabilités civiles », prélude à des actions humbles mais concrètes où la solidarité et la fraternité imprègnent les relations sociales. Un groupe de dialogue a commencé pour approfondir des thèmes importants avec l’aide de spécialistes, par exemple le document élaboré par la Conférence épiscopale bolivienne, avec une analyse approfondie de la réalité sociale et quelques propositions pour une nouvelle loi qui régisse l’exploitation des ressources naturelles, essentielles au développement économique du pays.
Les conflits sociaux
Malgré d’importantes ressources naturelles (gaz et gisements de pétrole), la Bolivie souffre depuis des siècles d’une pauvreté endémique, due en partie à une injuste répartition des richesses. Une infime minorité détient le pouvoir économique et politique, tandis que la majorité de la population doit se contenter des miettes sans aucun espoir d’amélioration. A l’automne dernier, une série d’affrontements violents entre la population et l’armée a éclaté à El Alto avant de se propager dans tout le pays. Ces événements ont duré plus d’un mois et fait 70 morts.
La fraternité comme réponse aux problèmes sociaux
La spiritualité de l’unité a commencé à se répandre en Bolivie à la fin des années soixante-dix grâce à des prêtres et des religieux. Les premiers centres se sont ouverts à La Paz et à Cochabamba et, de là, le mouvement s’est étendu à Santa Cruz, Oruru et Sucre. Tous veulent être un vivant témoignage que la fraternité peut apporter une réponse aux problèmes sociaux.
Argentine : une école en ligne pour se former au parti de la fraternité
En Argentine, le Mouvement Politique pour l’Unité vient d’ouvrir dans neuf villes une première « école de formation politique » pour les jeunes. Grâce à Internet, le projet a pu démarrer en même temps à Buenos Aires, Cordoba, Rosario, José C. Paz, Avellaneda, La Plata, Mar del Plata, Bahía Blanca et Neuquén. Les 140 jeunes qui fréquentent ces cours de formation politique depuis mai dernier réclament à la politique l’utopie d’un monde uni et en même temps l’aspect concret de tout ce qui peut aider au changement. Ce sont des jeunes qui veulent s’engager pour la société dans laquelle ils vivent. Le déroulement de la formation Cette école veut donner les moyens d’une action collective innovante dans le domaine social et politique, par des cours thématiques qui se déroulent dans les villes où ils habitent en étant reliés par Internet, par divers projets d’actions locales et par des séminaires rassemblant tous les étudiants deux fois par an.
En chemin vers la communion
La manifestation « Ensemble pour l’Europe » qui s’est déroulée à Stuttgart (Allemagne) le 8 mai 2004 était un temps fort du chemin de communion entrepris par plus de 150 mouvements, communautés et groupes catholiques, protestants, anglicans et orthodoxes. Elle a aussi permis de rendre visible la richesse de la foi chrétienne des différentes Églises. Ces derniers mois, les divers groupes ont mis à profit toutes les occasions de se retrouver et de travailler ensemble, tandis que se prépare déjà un nouveau rendez-vous à l’échelle internationale.
Syndesmos (lien d’unité) : cette fraternité créée en 1953 regroupe 121 écoles théologiques et mouvements de jeunes orthodoxes, dans 43 pays. Elle a pour but spécifique de développer la collaboration et la communication entre les mouvements orthodoxes de jeunes et les facultés de théologie de différents pays du monde, et de promouvoir entre tous une meilleure compréhension et un engagement à témoigner l’évangile du XXIe siècle.
Les cours Alpha, nés dans les années 70, existent dans 152 pays et sont traduits en 47 langues. Ils s’adressent à toutes les couches sociales et concernent surtout les jeunes et ceux qui ne se disent pas chrétiens. Les cours sont basés sur l’évangile et durent dix semaines. Ils offrent une première approche de la foi chrétienne.
YMCA est une association chrétienne de jeunes créée à Londres en 1844 et maintenant répandue dans le monde. Elle a pour but de travailler au changement social en assurant aux jeunes une formation chrétienne, par le sport et diverses activités éducatives, et par des actions d’aide aux réfugiés et immigrés.
[:it]Il ruolo dei giovani[:es]El papel de los jóvenes[:pt]A função dos jovens
[:it]Ciò che ci unisce[:en]That which unites us[:es]Aquello que une[:pt]Aquilo que nos une
[:it]L’YMCA per i giovani[:en]A true story[:es]Una historia verdadera
[:it]Ecumenismo della vita: una rete di fraternità tra vescovi e sacerdoti di varie Chiese[:es]Ecumenismo de la vida: una red de fraternidad entre obispos y sacerdotes de varias Iglesias
[:it]«Non capisco, ma perdono»[:en]I don’t understand it, but I forgive[:es]No entiendo, pero perdono[:pt]”Não entendo, mas perdôo”
[:it]Se siamo uniti …
Une nouvelle page de fraternité
Une nouvelle page de fraternité entre chrétiens et bouddhistes vient de s’ouvrir au Japon. Dans ce grand pays du Soleil Levant qui compte 127 millions d’habitants en majorité shintoïstes et bouddhistes, les chrétiens sont moins de 1 %. Un mouvement bouddhiste japonais, le Rissho Kosei-kai, a invité le groupe musical international Gen Verde à venir y porter son message de paix et de fraternité. Cette initiative est née après qu’une délégation du RKk ait assisté en 2002 en Corée à un spectacle du Gen Verde, Prime Pagine, spectacle musical qui raconte la découverte de l’évangile, à la base de l’histoire du mouvement des Focolari.
Les spectacles – préparés en japonais – ont rassemblé plus de 17 000 spectateurs dans neuf villes, de Tokyo à Nagasaki. Un typhon particulièrement violent et le tremblement de terre de Niigata en ont fait un geste de solidarité concrète.
L’invitation du Rissho Kosei-kai se situe dans la suite logique du dialogue entamé en 1979 avec Chiara Lubich et les Focolari au Japon. La motivation officielle était la participation aux cérémonies de commémoration de Nikkyo Niwano, fondateur du mouvement, mort il y a cinq ans. Les adhérents du RKk sont au nombre de 6 millions et ils se connectent par satellite pour les cérémonies. Comme Chiara Lubich l’avait souhaité dans un message au président du RKk, Nichiko Niwano, la tournée du Gen Verde marque « un nouvel engagement à vivre et à travailler ensemble, consciencieusement et dans la confiance, en se soutenant toujours mutuellement, pour construire l’unité de la famille humaine ».
Plusieurs occasions de contact direct avec la culture japonaise, avec le shintoïsme et le bouddhisme traditionnel, à travers la visite de leurs temples et chez quelques maîtres spirituels, comme le vénérable Takeuchi, en contact avec les Focolari depuis déjà longtemps. Grâce aux Koriukai (rencontres d’approfondissement), le Gen Verde est entré en contact avec 3 000 bouddhistes. « Ce peuple n’a pas fini de nous étonner – dit Paola Stradi du Gen Verde – fort et délicat en même temps, déterminé et irréductible, mais extrêmement sensible aux valeurs spirituelles ».
[:it]Gen Verde nel Paese del Sol Levante[:en]Gen Verde in Japan[:es]Primera Tournée del Gen Verde a Japón por invitación del Movimiento budista japonés Rissho Kosei Kai[:pt]Gen Verde no Japão
Commentaire de Chiara Lubich à la Parole de vie du mois de janvier 2006
En l’an 50, Corinthe est une grande ville de Grèce, réputée pour son activité maritime et animée par de multiples courants de pensée. Pendant 18 mois, Paul y annonce l’Evangile. Il fonde une communauté chrétienne florissante, œuvre poursuivie ensuite par d’autres. Mais ceci entraîne la formation de clans, certains nouveaux chrétiens s’attachant plus aux personnes qui apportaient le message du Christ qu’au Christ lui-même. Selon l’apôtre que les uns ou les autres préféraient, on entendait dire : « Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Pierre… »
Devant ces divisions qui troublent la communauté, Paul affirme avec force que si les constructeurs de l’Eglise – qu’il compare à un édifice, à un temple – peuvent être nombreux, celle-ci n’a qu’un fondement, une pierre vivante : le Christ Jésus.
En ce mois surtout, durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, les Eglises et communautés ecclésiales rappellent ensemble que le Christ est leur unique fondement. C’est en adhérant à lui, en vivant son unique Evangile, qu’elles peuvent parvenir à l’unité pleine et visible entre elles.
« Christ, unique fondement de l’Eglise. »
Fonder notre vie sur le Christ signifie être une seule réalité avec lui, penser comme il pense, vouloir ce qu’il veut, vivre comme il a vécu.
Mais comment nous enraciner en lui ? Comment devenir un avec lui ?
En mettant l’Evangile en pratique. En le vivant.
Jésus est le Verbe, la Parole de Dieu incarnée. S’il est parole de Dieu incarnée, nous ne serons véritablement chrétiens qu’en conformant notre vie à la Parole de Dieu.
Si nous vivons ses paroles, ou même si ses paroles vivent à travers nous jusqu’à nous transformer en « paroles vivantes », nous sommes un avec Jésus. Alors ce n’est plus nous qui vivons, mais la Parole en nous tous. Nous pouvons alors penser qu’en vivant ainsi, nous apportons notre contribution pour que l’unité entre les chrétiens devienne une réalité.
La Parole de Dieu est pour l’âme ce qu’est la respiration pour le corps.
Un des premiers fruits est la naissance de Jésus en nous et au milieu de nous. Elle provoque un changement de mentalité. On trouve alors les sentiments mêmes du Christ dans le cœur de tous – qu’ils soient européens, africains, asiatiques, australiens, ou américains – face aux circonstances, aux personnes, à la société.
Cette expérience, un de mes premiers compagnons, Giulio Marchesi, l’a faite. Ingénieur, puis directeur d’une grande entreprise à Rome, il parvint à la constatation décourageante que le bonheur en ce monde serait toujours mis en échec par l’égoïsme.
Mais lorsqu’il rencontra des personnes vivant sans concession la parole de vie, il se mit, lui aussi, à vivre l’Evangile. Il écrivit alors : « J’expérimentai le caractère universel des Paroles de Vie. Elles déclenchaient en moi une véritable révolution et changeaient tous mes rapports avec Dieu et avec le prochain. Dans tous ceux qui m’entouraient, je me mis à voir des frères et des sœurs. J’avais l’impression de les avoir toujours connus. J’ai aussi ressenti l’amour de Dieu pour moi : il suffisait de le prier. Vraiment, la Parole de Dieu m’a rendu libre ! ».
Et il est resté ainsi, même en vivant les dernières années de sa vie dans un fauteuil roulant.
Oui, la Parole vécue nous rend libres des conditionnements humains, elle nous insuffle joie, paix, simplicité, plénitude de vie, lumière ; en nous faisant adhérer au Christ, elle nous transforme peu à peu en d’autres Lui.
« Christ, unique fondement de l’Eglise. »
Pour Jésus, une Parole, celle de l’amour, résume toutes les autres, car elle est « toute la Loi et les Prophètes » : aimer Dieu et le prochain.
Bien qu’exprimée en termes humains et différents, toute Parole est Parole de Dieu ; et comme Dieu est Amour, toute Parole est charité.
Comment vivre alors ce mois-ci ? Comment nous rapprocher étroitement du Christ, « unique fondement de l’Eglise » ? En aimant comme il nous l’a enseigné.
« Aime et fais ce que tu veux », a dit saint Augustin, en résumant pratiquement la norme de vie évangélique. Car en aimant, non seulement tu ne pourras pas te tromper, mais tu accompliras pleinement la volonté de Dieu.
Chiara Lubich