[:it]Dissipare le tenebre del sospetto e costruire ponti di dialogo[:es]Disipar las tinieblas de la sospecha y construir puentes de diálogo[:pt]Dissipar as trevas da suspeita e construir pontes de diálogo
[:it]E’ l’amore che può far avanzare l’unità dei cristiani[:en]”It is love that can make the unity among Christians progress”[:es]Es el amor el que puede hacer avanzar la unidad de los cristianos
[:it]Dai luoghi del cristianesimo dei primi secoli un nuovo impegno per la piena unità dei cristiani
Une avancée vers l’unité
Sur les lieux où a été formulé le credo Vendredi 26 novembre, quarante évêques et responsables ecclésiastiques – orthodoxes, siro-orthodoxes, arméno-apostoliques, anglicans, protestants et catholiques de rites divers, venant de 18 pays – se sont rendus ensemble à Nicée, sur les lieux où, il y a 1700 ans, a été formulée la profession de foi chrétienne commune dite symbole de Nicée-Constantinople, au cours du premier concile œcuménique. Conscients des tristes conséquences de la désunité au cours des siècles, ils se sont fait la promesse solennelle, dans ce lieu symbolique, de mettre en pratique en toute chose et avant tout le commandement évangélique de l’amour réciproque, « afin que le Christ vive toujours parmi nous et que le monde puisse croire », comme l’a dit l’archevêque de Prague, le cardinal Miloslav Vlk, l’un des principaux organisateurs de la rencontre. Ce moment a constitué – au dire des participants – l’un des points culminants de la 23e Conférence œcuménique des évêques et responsables ecclésiastiques amis du Mouvement des Focolari qui s’est déroulée à Constantinople du 23 novembre au 1er décembre 2004, à l’invitation du patriarche œcuménique Bartholomée Ier.
Participation du patriarche œcuménique Bartholomée 1er Le patriarche Bartholomée 1er est intervenu lors de la prière œcuménique d’ouverture en l’église catholique Saint-Antoine, où ont afflué les chrétiens des différentes communautés présentes à Istanbul. Le lendemain, il s’est adressé aux évêques et responsables ecclésiastiques en se réjouissant de leur zèle en faveur de l’unité des chrétiens et il a abordé le thème de la Conférence : « Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Faisant référence à l’Écriture et à la pensée des Pères de l’Église grecs, le patriarche a souligné trois conditions fondamentales pour que se réalise la promesse de Jésus : « l’amour pour le Christ, qui se réalise avec l’observance de tous ses commandements, la foi en lui, manifestée comme confiance en lui, et la foi juste…, comme juste connaissance de sa personne qui naît de la communion personnelle avec lui ».
Visites aux communautés chrétiennes d’Istanbul Au cours de la Conférence, les participants ont visité les communautés chrétiennes de la ville, s’unissant à leur prière, prenant connaissance de leurs trésors spirituels et partageant leurs joies et leurs souffrances. En particulier, ils se sont rendus au siège du patriarche arméno-apostolique Mesrob II. Après la célébration des vêpres, celui-ci s’est longuement entretenu avec ses hôtes de la vie et de la situation de l’Église arménienne, qui a souvent donné au fil des siècles un témoignage héroïque. Dans un message qu’il avait envoyé pour l’ouverture de la Conférence, il avait déjà formulé un appel passionné à l’unité. La rencontre avec le vicaire patriarcal syro-orthodoxe Filüksinos Yusuf Çetin a été elle aussi très cordiale et sa communauté a fait fête aux évêques. Dans une interview, le métropolite Yusuf Çetin a souligné l’exemple que représente pour les fidèles une telle entente entre évêques. Un geste œcuménique de grande portée Au Phanar, siège du patriarcat œcuménique, les évêques ont eu la joie de participer aux prières solennelles à l’occasion du retour de Rome des reliques de saint Jean Chrysostome et de saint Grégoire de Nazianze, un geste œcuménique d’une grande signification qui « confirme – comme l’avait dit à Rome le patriarche Bartholomée Ier – qu’il n’existe pas dans l’Église du Christ de problèmes insurmontables quand l’amour, la justice et la paix se rencontrent ». Les évêques et responsables ecclésiastiques ont aussi participé à la célébration de la fête de saint André, patron du patriarcat œcuménique, pour laquelle étaient venues à Constantinople des délégations des Églises orthodoxes dans le monde et une délégation du Vatican conduite par le cardinal Walter Kasper.
« Dialogue de la vie » La présence du Christ au milieu de ceux qui sont unis en son nom a été à la fois le thème du congrès et l’expérience qui en a rythmé le déroulement, créant « un solide lien de fraternité authentique », selon les évêques eux-mêmes. Trois interventions préparées par Chiara Lubich ont illustré les fondements de la voie œcuménique issue de la spiritualité de communion vécue dans le Mouvement des Focolari : « le dialogue de la vie » ou « dialogue du peuple ». Il ne s’agit pas – explique Chiara Lubich – « d’un dialogue de la base qui s’opposerait ou se juxtaposerait à celui des sommets, c’est-à-dire des responsables des Églises, mais un dialogue auquel peuvent participer tous les chrétiens ». « Si nous vivons ainsi dans nos Églises, elles refleuriront », a affirmé un évêque catholique d’Angleterre en faisant allusion aux grands défis de la sécularisation. Et un évêque luthérien a exprimé ses impressions du congrès par les parole de l’hymne : « Ubi caritas et amor, ibi Deus est » (là où sont la charité et l’amour, là est Dieu).
Des pas vers l’unité Au cours du programme, des personnes du Mouvement des Focolari de plusieurs Églises ont dit comment, en différents points du monde, elles travaillent à faire grandir la communion dans leurs Églises et entre les différentes communautés chrétiennes. Un prêtre catholique de Roumanie a apporté son témoignage : un patient dialogue empreint de charité a transformé radicalement les relations entre les pasteurs et les différentes communautés chrétiennes de sa ville. Ce dialogue a aussi permis de faire naître des initiatives communes, auxquelles participent aussi désormais les autorités civiles. Un orthodoxe du Liban a parlé du dialogue en actes entre le mouvement Jeunesse orthodoxe et le mouvement des Focolari. Deux protestants et un catholique ont parlé aux évêques de la Journée œcuménique « Ensemble pour l’Europe » qui a rassemblé le 8 mai 2004 à Stuttgart dix mille personnes de nombreux mouvements, communautés et groupes spirituels de plusieurs Églises.
Rencontre avec le cardinal Kasper La présence de la délégation vaticane pour la fête de saint André a permis de rencontrer le cardinal Walter Kasper, président du conseil pontifical pour l’unité des chrétiens. Faisant état des récents développements œcuméniques, celui-ci a souligné l’apport des mouvements d’Église à la cause de l’unité : « Je suis très reconnaissant envers ces mouvements, envers le mouvement des Focolari et je pense que c’est un signe de l’Esprit Saint… Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons faire quelque chose pour la venue du Royaume de Dieu et les mouvement sont une voie très importante ».
En septembre 2005 à Bucarest Avant de se séparer, les évêques et responsables ecclésiastiques ont décidé de se retrouver en septembre 2005 à Bucarest (Roumanie), en réponse à l’invitation du patriarche roumain-orthodoxe Teoctist et de son synode.
[:it]La chiesa viva prima delle chiese di pietra[:es]La iglesia viva antes de las iglesias de ladrillo
[:it]Creare unità in seminario e dappertutto[:en]Creating unity in the seminary and everywhere[:es]Crear la unidad en el seminario y por doquier
Parole de Vie de décembre 2004
Noël approche. Le Seigneur va venir. Préparons sa route, la liturgie nous y invite. Entré dans l’histoire il y a 2000 ans, Jésus souhaite pénétrer dans notre vie, mais en nous que d’obstacles ! Tant d’aspérités à aplanir, de blocs à écarter… En réalité quels sont-ils ces obstacles qui peuvent empêcher Jésus d’entrer en nous ?
Tout simplement nos désirs non conformes à la volonté de Dieu, tous les attachements qui nous alourdissent. Quelques exemples ? Parler ou se taire lorsque le moment ne s’y prête pas ; vouloir s’affirmer ou rechercher estime ou affection ; désirer posséder ceci ou cela, la santé, la vie… à un moment où cela n’est pas dans le plan de Dieu sur nous ; ou encore les mauvaises intentions, telles que le jugement, la révolte, ou la vengeance…
Ces désirs qui surgissent en nous peuvent nous submerger. Repoussons-les avec fermeté, écartons les obstacles, remettons-nous dans la volonté de Dieu. C’est cela préparer la voie au Seigneur.
« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »
Cette Parole, Paul l’adresse aux chrétiens de sa communauté, afin qu’après avoir expérimenté le pardon de Dieu, ils soient capables de pardonner à leur tour à ceux qui ont commis des injustices à leur égard. Paul les sait capables de dépasser les limites de l’amour humain pour aller jusqu’à donner leur vie pour leurs ennemis. Renouvelés par Jésus et la vie de l’Évangile, ils trouveront la force d’aller au-delà des raisonnements ou des torts subis et de tendre à l’unité avec tous.
Comme l’amour bat au fond du cœur de chaque être humain, chacun peut vivre cette parole.
La sagesse africaine s’exprime ainsi : « Fais comme le palmier : on lui lance des cailloux, ce sont des dattes qui tombent ».
Comprenons bien cependant tout ce qu’exige cette Parole de Paul : il ne suffit pas de ne pas répondre à une offense… Il nous est demandé plus encore : de faire du bien à celui qui nous fait du mal, comme le rappellent les apôtres. « Ne rendez pas le mal pour le mal, ou l’insulte pour l’insulte ; au contraire, bénissez, car c’est à cela que vous avez été appelés, afin d’hériter la bénédiction » . « Ne te laisse pas vaincre par le mal, mais sois vainqueur du mal par le bien ».
« Comme le Seigneur vous a pardonnés, faites de même, vous aussi. »
Comment vivre cette Parole ?
Nous pouvons tous trouver dans notre famille, ou parmi nos collègues, nos camarades d’étude, nos amis, des personnes qui nous ont fait du tort, du mal, ont été injustes envers nous… Même si la pensée de la vengeance ne nous effleure pas, un sentiment de rancœur, d’hostilité ou d’amertume peut subsister en nous. Même une simple indifférence qui nous empêche d’établir avec nos frères un authentique rapport de communion.
Alors, que faire ? Levons-nous le matin avec au cœur une « amnistie » complète, remplis d’un amour qui recouvre tout, qui sait accueillir l’autre tel qu’il est, avec ses limites, ses difficultés, tout comme le ferait une mère avec son propre fils qui est dans l’erreur ; elle l’excuse, elle lui pardonne, elle ne cesse d’espérer en lui…
Abordons chacun avec des yeux neufs, comme s’il n’avait jamais eu ces défauts que nous lui connaissons.
Et recommençons cela à chaque fois, sachant que Dieu, lui, non seulement pardonne, mais oublie. C’est aussi la mesure qu’il nous demande.
Cela s’est passé pour un de nos amis d’un pays en guerre qui a vu massacrer parents, frères et de nombreux amis. La douleur le précipite dans la révolte et il en vient à souhaiter aux auteurs de cette tuerie un châtiment terrible, à la hauteur de leurs crimes.
Les paroles de Jésus sur la nécessité du pardon lui reviennent pourtant sans cesse à l’esprit, mais elles lui semblent impossibles à vivre. « Comment pourrais-je aimer mes ennemis ? » se demande-t-il. Il lui faut des mois et des mois de prière avant de commencer à retrouver un peu de paix.
Mais un an plus tard, il apprend que les assassins, connus de tous, circulent librement dans le pays. Une rancune tenace s’empare à nouveau de lui. Il commence à se demander comment il se comportera si jamais il rencontre ces « ennemis » sur sa route. Il implore Dieu de lui redonner son calme, de le rendre à nouveau capable de pardonner.
« Aidé par l’exemple des frères cherchant à vivre avec lui l’Évangile, raconte-t-il, je comprends que Dieu me demande de ne pas m’abandonner à ces tentations, mais plutôt d’être attentif à aimer ceux qui m’entourent, les collègues, les amis… Dans l’amour concret que je vis pour eux, peu à peu, je trouve la force de pardonner jusqu’au bout à ceux qui ont tué ma famille. Aujourd’hui mon cœur est en paix. »
Chiara LUBICH

Un seul peuple dans la multiplicité des traditions
« Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom… » Un seul peuple dans la multiplicité des traditions Le patriarche œcuménique Bartholomée 1er ouvrira la 23e rencontre œcuménique sur le thème : « “Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom…”, un seul peuple dans la multiplicité des traditions ». Cinquante-deux évêques et responsables ecclésiastiques de différentes Églises d’Orient et d’Occident se réunissent à Istanbul : orthodoxes, syro-orthodoxes, arméno-apostoliques, anglicans, luthériens et catholiques de rites divers. Rencontres importantes Des rencontres-dialogues auront lieu avec le cardinal Walter Kasper, président du Conseil pontifical pour l’unité des chrétiens, le patriarche arméno-apostolique de Constantinople, Mesrob II, et le vicaire patriarcal syro-orthodoxe pour la Turquie, Filüksinos Yusuf Çetin. Au cœur de la spiritualité de l’unité : La présence du Christ ressuscité promise à « deux ou plus » réunis en son nom Chiara Lubich, fondatrice des Focolari a confié à quelques-uns de ses proches collaborateurs le soin de transmettre ses interventions sur le thème du congrès et sur l’expérience œcuménique du Mouvement. Ceux-ci montreront l’étroite correspondance entre la spiritualité de l’unité, typique des Focolari, et la spiritualité œcuménique fortement encouragée par le pape qui, le 13 novembre dernier, a de nouveau invité les chrétiens à réaliser la « pleine communion », qui « ne veut pas dire uniformité abstraite, mais richesse d’une légitime diversité de dons partagés et reconnus par tous… » (Homélie de Jean-Paul II à l’occasion du 40e anniversaire du décret conciliaire « Unitatis Redintegratio »). Célébration œcuménique Le congrès des évêques et responsables ecclésiastiques a commencé par une célébration œcuménique à l’église catholique Saint-Antoine, en présence des responsables et des membres des communautés chrétiennes présentes à Istanbul. Visite de Nicée, où ont eu lieu deux des premiers conciles œcuméniques Le programme inclut la visite de Nicée et du monastère de la sainte Trinité à Halki, centre d’études du patriarcat œcuménique. Il est aussi prévu de rendre visite au patriarche Mesrob II au siège du patriarcat arméno-apostolique de Constantinople, et au métropolite Filüksinos Yusuf Çetin, au vicariat patriarcal syro-orthodoxe. Accueil des reliques de Jean Chrysostome et de Grégoire de Nazianze A Istanbul, les évêques auront la joie de participer à l’accueil des reliques des Docteurs de l’Église indivise Grégoire de Nazianze et Jean Chrysostome, évêques de Constantinople aux IVe et Ve siècle, qui ont été rendues par Jean-Paul II au patriarche Bartholomée le samedi 27 novembre au Vatican. La fête de l’apôtre saint André au Phanar Au Phanar, siège du patriarcat œcuménique, les évêques assisteront les 29 et 30 novembre aux célébrations solennelles de la fête de l’apôtre saint André, fondateur et patron du patriarcat de Constantinople, qui seront présidées par le patriarche Bartholomé Ier. La délégation du saint-Siège sera conduite par le cardinal Walter Kasper. Les précédentes rencontres œcuméniques d’évêques Les rencontres œcuméniques d’évêques et responsables ecclésiastiques de différentes Églises « amis du mouvement des Focolari » ont lieu chaque année. Elles se déroulent dans différentes villes : Constantinople (1984), Londres (1986 et 1996), Ottmaring/Augsbourg, Allemagne (1988 et 1998), Trente (1995), Amman/Jérusalem (1999), Zurich (2001), Genève (2002) et plusieurs fois à Rome, toujours avec l’accord et la bénédiction des chefs des différentes Églises.
L’entreprise sauvée par un virement
Ma femme et moi possédons une entreprise d’exportation de machines et de technologies pour l’élaboration de la viande, qui adhère au projet de l’Économie de communion et dont le secteur d’activité s’étend sur les états de l’ex Union Soviétique. En août 1997, le système bancaire et le marché russes se sont écroulés. Tout s’est arrêté et nous avons été durement touchés car nous avions plus de dix contrats en Russie. Beaucoup ont été suspendus et les paiements gelés. Mais il fallait que l’entreprise continue et assure régulièrement le salaire des employés, c’est-à-dire la subsistance d’une dizaine de familles. Les réserves s’épuisaient et tous les matins, je téléphonais à la banque pour savoir si un versement avait été fait sur notre compte en provenance de Russie. La réponse était toujours négative. Au bout de trois mois, rien n’était encore arrivé. Tout le monde me disait que ce n’était pas la peine d’espérer car tout était bloqué et personne ne recevait rien. Un lundi, j’ai constaté qu’il ne restait que 300 000 forints sur notre compte et j’avais une facture de 400 000 forints à payer le lendemain, sans compter les salaires. A midi, je suis rentré à la maison très inquiet. Ma femme et moi, nous nous sommes demandé ce qu’il fallait faire : fermer l’entreprise ou continuer ? Nous nous sentions responsables de tous les employés. Sur la petite table de l’entrée, il y a toujours un feuillet de la Parole de vie du mois. Ce mois-ci, c’était : « Si vous avez la foi gros comme une graine de moutarde… » (Mt 17,20). En repartant au travail, j’ai dit à ma femme : « Nous avons vraiment besoin de faire grandir notre foi ! ». Quand je suis entré dans mon bureau, j’ai appris que la banque avait appelé pour me prévenir qu’un virement d’un million et demi était arrivé sur le compte. I.B. – Hongrie Extrait de : Quando Dio interviene. Esperienze da tutto il mondo. Città Nuova, 2004
[:it]Il silenzio e la parola. La luce.
[:it]Strategia del dialogo per una svolta nell’informazione
[:it]ICT e new media, organizzazione e management
[:it]Fotogrammi di vita, film maker a confronto, e strumenti per il dialogo, responsabilità dei Maestri, iniziative positive
Parole de Vie de novembre 2004
Quelles sont ces « œuvres de ténèbres » ? Il s’agit, selon Paul, de toutes sortes de fautes allant de l’ivresse, l’impureté, les disputes, la jalousie, jusqu’à l’oubli de Dieu, la trahison, l’homicide, l’orgueil, le mépris de l’autre et encore le matérialisme, l’esprit de consommation, l’hédonisme et la vanité.
Suivre n’importe quel programme de télévision, naviguer sur internet sans discernement, lire certains journaux, regarder certains films ou nous laisser aller à porter certaines tenues, tout cela nous fait aussi participer à l’œuvre des ténèbres.
A notre baptême, nous avons accepté, par la bouche de nos parrain et marraine, de mourir au péché avec le Christ, lorsque par trois fois nous avons déclaré rejeter le démon et ses séductions. Aujourd'hui on n’aime pas parler du démon, on préfère l’oublier et dire qu’il n’existe pas ; pourtant il est bien là et il continue à fomenter guerres, massacres et violences de tous genres.
« Rejeter » est une action violente qui coûte, exige cohérence, décision et courage ; mais elle est nécessaire si nous voulons vivre dans le monde de la lumière.
En effet, la parole de vie continue ainsi :
« … et revêtons les armes de la lumière ».
Car il ne suffit pas de renoncer, de se « dépouiller » du mal, il faut « revêtir les armes de la lumière », c'est à dire, comme l’explique Paul plus loin, « revêtir le Seigneur Jésus Christ », en le laissant, lui, vivre en nous. L’apôtre Pierre lui aussi, nous invite à “nous armer” des mêmes sentiments que Jésus4.
Voilà des images fortes, car nous savons qu’il n’est pas facile de laisser vivre le Christ, c’est-à-dire de refléter en nous ses sentiments, sa manière de penser, d’agir ; cela revient à aimer comme lui nous a aimés, et l’amour est exigeant, il demande une lutte continuelle contre l’égoïsme qui est en nous.
Mais il n’y a pas d’autre chemin pour parvenir à la lumière, comme le rappelle clairement la première lettre de Jean : « Qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui pour le faire trébucher. Mais qui hait son frère se trouve dans les ténèbres ; il marche dans les ténèbres et il ne sait pas où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux » (2, 10-11).
« Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière »
Cette Parole de vie nous invite à la conversion, à passer continuellement du monde des ténèbres à celui de la lumière. Redisons alors notre non à Satan et à toutes ses illusions, et redéclarons notre oui à Dieu, tel que nous l’avons prononcé le jour de notre baptême.
Nous n’aurons pas à accomplir de grandes actions. Il suffit juste que chacun de nos actes soit inspiré et animé par un amour véritable.
Nous contribuerons ainsi à diffuser autour de nous une culture de la lumière, du positif, des béatitudes. Nous construirons le Paradis dès cette terre pour le posséder éternellement au Ciel. Car le Paradis est une réalité, Jésus nous l’a promis. C’est comme une maison que l’on construit ici pour l’habiter là-bas. On y trouvera la joie pleine, l’harmonie, le bonheur sans fin, car le Paradis est l’amour.
Un témoignage ? Voici l’expérience vécue par Mary au Pérou . Mère de trois petites filles en bas âge, en découvrant la Parole de vie elle rencontre Dieu, elle trouve la lumière ; elle se sent totalement retournée et sa vie connaît une changement radical.
Peu de temps après on diagnostique chez elle une maladie grave. Quand on l’hospitalise elle découvre qu’il ne lui reste guère plus d’un mois à vivre. La nouvelle confiance en Jésus dont elle vient de faire l’expérience lui donne la force de faire une prière : elle demande à Dieu de lui donner encore cinq années pour consolider sa conversion et pouvoir transformer la vie autour d’elle.
Sa santé s’améliore alors d’une façon que les médecins ne parviennent pas à expliquer et Mary sort de l’hôpital. Elle rentre chez elle, se prépare au mariage avec son compagnon, qu’ils célèbrent à l’église, et demande le baptême pour ses filles.
Cinq ans plus tard, la maladie refait brusquement son apparition et, en l’espace de deux semaines, elle conclut sa vie terrestre.
Avant de mourir, elle réussit à mettre en place tout ce qui concerne ses enfants et à transmettre son espérance à son époux : « Maintenant je vais vers le Père qui m’attend. Tout a été merveilleux, il m’a donné les cinq plus belles années de ma vie, depuis que je l’ai connu à travers sa Parole qui donne la Vie ! »
Chiara LUBICH
Une paroisse, maison pour tous
Carpi, une petite ville de l’Emilie Romagne. La paroisse du Corpus Domini se trouve dans une zone en plein développement, habitée par des familles d’origines les plus variées. L’intérêt est concentré sur les affaires, l’indifférence religieuse prédomine, la fréquentation à l’Eglise est à peine de sept pour cent. Comment aller à la rencontre de tous ces gens ? Dieu aime chacun – L’action pastorale du curé ne se limite pas au petit groupe de pratiquants mais elle est adressée à tous. Il approche toute personne qu’il rencontre avec une attitude d’amour, sachant que c’est une rencontre avec Jésus, et nombreux sont ceux qui se sentent conquis et impliqués. Il leur communique sa découverte : Dieu est amour et veut que nous nous aimions aussi. Il suffit de vivre ses Paroles qui, si elles sont vécues, changent petit à petit les mentalités, encouragent l’esprit de communion, suscitent un climat de famille. Bien vite beaucoup en font l’expérience. Ils commencent les rencontres sur la Parole de vie, qui ensuite se multiplient, se font dans les immeubles, intègrent toujours plus de monde. Il se forme une véritable communauté, ouverte et accueillante, avec un style de vie évangélique. Un homme demande au curé une attestation d’aptitude pour être parrain à un baptême. Il n’est pas pratiquant et il n’est même pas sûr d’avoir la foi. “Pourquoi voulez-vous être parrain ?”, demande le curé. “Pour faire plaisir à ma sœur qui me l’a demandé avec insistance”, répond-il. “Un acte d’amour –relève don Carlo- est un fragment d’Evangile vécu !”. Cet homme ne pensait pas vivre l’Evangile et en reste surpris. S’engage un dialogue sur Dieu qui est amour, et sur l’amour présent dans chaque acte vécu pour les autres qui est un reflet de Lui. Il est séduit et commence à étudier l’Evangile. L’amour n’a pas de frontières – L’amour est toujours créatif et pousse à des gestes d’amitié même envers ceux qui sont autres que soi. A la paroisse, il y a un groupe de personnes âgées hostiles à l’Eglise par éducation et pour des raisons historiques. On est en train de construire un nouveau lieu. C’est une œuvre sociale d’aide à ces personnes. Considérant l’aspect positif de l’initiative, le curé propose au conseil pastoral de les encourager, en leur offrant une contribution financière. Il y a d’abord un refus. Alors il explique qu’il importe aux croyants d’aimer en premier. Les membres du conseil consentent alors à donner une petite somme. Lui l’accompagne d’une lettre de remerciement chaleureuse pour ce service à toutes les personnes âgées du quartier. Le geste a été plus parlant qu’un sermon : quand dans le groupe on a reçu le don et qu’on a lu la lettre, tous avaient les larmes aux yeux. Et une attitude nouvelle, d’ouverture envers l’Eglise, a commencé. Maison ouverte aussi à ceux qui ne peuvent recevoir les sacrements – La paroisse est la maison de tous : personne ne doit se sentir exclu. On trouve le moyen que tous se sentent accueillis, même ceux qui ne peuvent pas recevoir les sacrements. On leur explique qu’ils peuvent malgré cela vivre la Parole de Dieu, aimer leur prochain, partager joies et peines en sachant que Jésus a dit : “Tout ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” T. avait sur les épaules un mariage raté et vivait depuis quelques années avec F. ; elle avait reçu une formation chrétienne et maintenant se sentait loin de Dieu et pas admise dans l’Eglise. Un jour, elle entre à la paroisse. Le curé va à sa rencontre, la salue avec chaleur. La femme se sent écoutée et lui ouvre son cœur, lui dit sa souffrance. De lui, elle entend pour la première fois : “Dieu t’aime immensément”. C’est la lumière : elle se met à fréquenter les rencontres de la Parole de Vie, elle s’efforce de vivre l’Evangile, elle commence à en faire l’expérience. Comme ceux-ci, beaucoup ont été conquis par l’accueil cordial trouvé à la paroisse et par l’atmosphère de charité qu’on respire dans cette communauté. Une communauté qui a même été invitée à donner sa propre expérience dans des congrès et des rencontres au niveau national et international.
La cité-pilote internationale fête ses 40 ans : l’utopie s’est réalisée
La première des 33 cités-pilotes des Focolari a 40 ans. Située sur les collines de Toscane près de Florence, dans la commune d’Incisa Valdarno, elle comporte des écoles, des entreprises, des centres artistiques et compte actuellement un millier d’habitants de 70 pays différents : de toute l’Europe de la Russie au Portugal ; de Jordanie, du Liban, d’Égypte au Burundi, au Congo et à l’Afrique du Sud ; des Etats-Unis et du Mexique à la Terre de Feu ; du Japon, de Chine, de Corée aux Philippines ; d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Ils sont étudiants et enseignants, artisans, agriculteurs, artistes… Ce sont des familles, des religieux, des prêtres, des chrétiens de différentes confessions et des fidèles d’autres religions : le prototype d’une société nouvelle fondée sur la loi évangélique de l’amour. Une ville qui reflète un idéal d’unité et de paix Construire une cité-pilote selon ses propres idées a été le rêve de tous ceux qui ont lancé de nouveaux courants philosophiques, idéologiques ou spirituels. De même pour Chiara Lubich, fondatrice du mouvement des Focolari qui, en visitant l’abbaye bénédictine d’Einsiedeln en 1962, a eu l’intuition que naîtraient dans le monde des cités-pilotes modernes, avec des maisons, des écoles, des entreprises… Plus de 40 000 visiteurs passent chaque année par Loppiano. Avec ceux qui y habitent, ils contribuent au plan d’unité qui est le fondement de la ville. Marie Théotokos : l’église de la cité-pilote L’église dédiée à Marie Théotokos, la « Mère de Dieu » a été inaugurée le samedi 30 octobre, lors d’une concélébration solennelle présidée par l’archevêque métropolite de Florence et par l’évêque de Fiesole. Sa construction a été réalisée grâce au concours de la conférence épiscopale italienne. L’œuvre du Centre Ave, composé de femmes architectes et peintres L’église a été réalisée par le bureau d’études du Centre Ave, basé à Loppiano et composé d’un groupe de femmes dont l’une est sculpteur, trois sont architectes et trois peintres. Elle se détache délicatement sur les collines en un vaste plan incliné qui commence au niveau du terrain et s’élève jusqu’au sommet de la construction. Elle est couronnée d’un clocher recouvert de pans triangulaires dorés dont la forme claire évoque la Trinité. Le projet et la chapelle œcuménique A l’intérieur, un grand vitrail en camaïeu bleu sert de fond au tabernacle doré. « Par la forme de l’église – explique Ave Cerquetti, auteur du projet de la construction – je voulais exprimer la grandeur de la Mère de Dieu qui, plus grande qu’on ne peut l’imaginer, comme l’Église l’a déclarée dès les premiers conciles, est comme une pente douce qui conduit de la terre au ciel, à Dieu. Au premier étage du clocher se trouve une chapelle œcuménique
Les chrétiens ne sont pas les seuls à honorer Marie dans cette église Un grand tableau représentant une Vierge à l’enfant est arrivé de l’Inde. Œuvre d’un artiste hindou, il est enrichi à la feuille d’or et incrusté de pierres semi-précieuses. Le Maître Pra Maha Thongrattana, moine bouddhiste thaïlandais est venu assister à la cérémonie d’inauguration. En 1992, son séjour à Loppiano avait été le point de départ d’un fructueux dialogue entre les moines bouddhistes thaïlandais et les Focolari.
Renata Borlone sera inhumée dans la nouvelle église Renata (1930-1990), pionnière de Loppiano, en a été coresponsable pendant de nombreuses années. Sa cause de béatification est en cours.
Pôle d’activités économiques « Lionello Bonfanti » Cette année du 40e anniversaire de Loppiano a vu démarrer les travaux de construction du pôle d’activités économiques. 5 615 actionnaires en soutiennent la construction, au sein de la société de gestion « E. di C. Spa », qui s’est constituée en 2001 (www.edicspa.com). D’autres pôles du même genre existent dans le monde ou sont en projet : au Brésil, en Argentine, aux USA, au Portugal, en France et en Belgique. Ils donnent visibilité au projet de l’Économie de communion qui inspire la gestion de 270 entreprises en Italie et au total 800 dans le monde.
[:it]In famiglia, una voce in bilancio per chi ha più bisogno[:en]Including the needy in the family budget[:es]En la familia, una voz en el presupuesto para quien tiene más necesidad[:pt]No balanço da família, um item para quem é mais necessitado

Même un désert peut refleurir à la vie
Nous sommes à Budapest, dans un quartier de 4 000 habitants. Une portion de monde sécularisé où plus de la moitié d’entre eux sont catholiques simplement parce qu’ils ont été baptisés. La population, formée surtout de jeunes sans aucune formation religieuse et morale, est complètement abandonnée à elle-même. Le régime communiste, qui s’opposait à toute forme d’association, non seulement a répandu une culture athée, mais n’a même pas construit dans ce quartier les infrastructures qui permettraient de se retrouver pour faire du sport ou d’autres activités de loisirs, pas plus qu’un espace pour l’église.
Partir de l’unité – Après un mois de recherches, les deux prêtres chargés par l’évêque de ranimer la vie chrétienne dans le quartier, trouvent à se loger dans une maison préfabriquée, dont les murs permettent d’entendre toutes sortes de bruits, même les disputes et les jurons fréquents des voisins. Leur entreprise est ardue ! Leur unique certitude est qu’ils doivent vivre d’abord comme de vrais chrétiens, en mettant en pratique le commandement de l’amour réciproque pour mériter la présence de Jésus qui dit : “Là où deux ou plus…”. Ce sera Lui le curé : Jésus au milieu d’eux.
La messe dominicale, célébrée dans l’unique salle de réunions de l’endroit (celle du parti), bien qu’ils aient mis des invitations dans tous les immeubles, rassemble seulement une centaine de personnes, pour moitié des enfants. Tous les deux comprennent qu’ils ne peuvent approcher les foules et misent sur ce petit groupe de personnes. Dans les célébrations liturgiques, dans les petits groupes de catéchèse pour les enfants et les adultes et dans d’autres rencontres, ils soulignent le véritable motif de se trouver ensemble : vivre l’amour fraternel, créer un climat d’accueil de l’autre, de service, en voyant en chacun la présence de Jésus.
Une vérité de l’Evangile qui attire tout de suite et qui est mise en pratique. Les personnes qui viennent pour la première fois non seulement reviennent, mais en amènent d’autres. Même quand on organise des fêtes ou des excursions, le but doit être l’amour fraternel, pour pouvoir jouir de la présence de Jésus au milieu.
A l’école de la Parole – La communauté se forme et grandit à la lumière de la Parole de Dieu. On mise sur elle, d’abord vécue par soi en premier et puis donnée pour être mise en pratique par plusieurs et revenir incarnée dans les expériences qu’on se raconte. C’est une dynamique qui porte du fruit, un langage que tous comprennent et ils sont nombreux à s’y intégrer. Les adultes découvrent et expérimentent que la Parole illumine de manière concrète les faits de la journée, change radicalement les rapports humains, suscite la communion, donne vie à une communauté chrétienne où tous, prêtres et laïcs, se mettent à son école. Même les enfants du catéchisme sont impliqués dans la vie de la Parole et font les premières petites expériences qui les poussent à avoir un rapport personnel avec Jésus. Le catéchisme devient une aventure intéressante de vie en commun avec Lui. Cela devient une habitude de faire les exercices spirituels pendant les moments forts de l’année liturgique, ainsi les deux prêtres se retirent pendant cinq jours hors de la ville avec les adultes et les jeunes les plus engagés, puis trois jours avec les autres. Les exercices sont une expérience concrète d’Evangile vécu, un entraînement pour continuer à la maison et au travail la même vie de générosité fraternelle. On va en profondeur dans la spiritualité communautaire.
Vivre et faire vivre la communion – En voyant les nécessités concrètes de la paroisse, plusieurs se sentent spontanément responsables pour des tâches variées. Ils animent des groupes qui travaillent d’une manière nouvelle, agissant en harmonie : il y a des groupes qui travaillent dans le domaine de l’assistance ou dans le domaine liturgique, d’autres prennent soin de l’entretien des locaux paroissiaux, d’autres encore se consacrent aux jeunes, veillent au sport, sont engagés dans la catéchèse et gardent des contacts avec les autres habitants du quartier. Les personnes redécouvrent la foi, non plus comme une doctrine étrangère à la vie, mais comme une lumière d’en haut qui éclaire et conduit l’existence, qui donne sens et transforme les réalités environnantes, la famille, la société, et remplit de joie.
Parmi les fruits : changements de vie. Il y a des parents, d’abord indifférents, qui ont redécouvert la foi grâce à leurs enfants, et des jeunes qui veulent connaître la communauté à cause de la conversion de leurs parents. La même chose se produit entre collègues de travail et camarades de classe.
Une communauté en croissance – Les membres de la communauté sont passés d’une centaine à environ 800 et ceux qui fréquentent régulièrement la catéchèse de 80 à 350. On a dû construire une église, dédiée à la Sainte Trinité, avec le désir de vivre l’amour trinitaire que Jésus a apporté sur la terre.
Ouverture aux autres Eglises et aux autres religions – Même des personnes d’autres Eglises chrétiennes, et même des juifs et un musulman se sont sentis attirés par le témoignage de vie de parents ou de connaissances. Un musulman qui accompagne sa femme à la messe a dit : “Je n’ai pas de mosquée dans ce quartier, mais au milieu de vous je sens la présence de Dieu, je peux prier et je me sens plus proche de ma foi musulmane.”
Les difficultés : un tremplin de lancement – Il y a aussi des jours difficiles. Un des prêtres a été remplacé et au sein de la communauté quelques tensions sont nées entre des personnes et des groupes, mais à partir de cette souffrance la communauté dans son ensemble s’est consolidée et la communion entre tous s’est enracinée davantage. A ceux qui leur demandent quel est le secret de tant de vitalité ils répondent : Jésus présent au milieu de nous. Mais ils ajoutent aussi que cela se vérifie quand, en acceptant les manques d’unité, les faiblesses et les erreurs de chacun, on cherche à aller au delà, en transformant la souffrance en amour. Parce que Jésus est ressuscité en passant par la mort.
Le sport au service de la paix
Pour une culture du sport tournée vers la fraternité universelle Quel est le point commun entre un professeur de ski et un journaliste sportif, un médecin du sport et un travailleur social, un éducateur sportif et un expert en pédagogie ? C’est le projet Sportmeet qui les rassemble, un récent développement international du mouvement des Focolari dans le monde du sport dont l’objectif de tous les membres est de contribuer, chacun dans son milieu spécifique, à élaborer une culture du sport orientée vers la construction de la fraternité universelle. Vienne?: « S’éduquer et éduquer à travers le sport »Rendez-vous était donné à Vienne (Autriche) du 10 au 12 septembre pour un congrès international (130 participants de 17 pays, dont 5 non européens) sur le thème « S’éduquer et éduquer à travers le sport ». L’Union européenne a déclaré l’année 2004 Année européenne de l’éducation à travers le sport, qu’elle reconnaît comme « une composante essentielle de notre société », capable de transmettre « toutes les règles fondamentales de la vie sociale », porteuse de valeurs éducatives fondamentales telles que « la tolérance, l’esprit d’équipe et la loyauté ». Quand le sport se charge de valeur morale Mais quel crédit accorder à ces affirmations, devant les contradictions du sport ? « Autant que d’autres activités humaines, le sport est complexe et ambivalent – a admis dans son discours d’ouverture Paolo Crepaz, médecin du sport et coordinateur de Sportmeet – il est à la fois libération d’énergies psychiques et physiques latentes et asservissement aux idoles du prestige et du gain?; don de soi et occasion d’égoïsme et de domination?; lieu de rencontre et de combat ». L’éducation du corps implique de faire en sorte que la corporéité, expression emblématique du sport, soit capable de montrer et de susciter l’esprit. Quand le sport est-il capable de susciter l’esprit ? « Quand il est en mesure – a expliqué Paolo Crepaz – de conférer à celui qui le pratique la maîtrise de soi, de ses actes, objectif toujours en devenir, et quand il peut donner à l’action de l’athlète une couleur morale ». Chiara Lubich?: le sport capable de révéler des dimensions essentielles de l’homme Chiara Lubich l’a confirmé dans le salut qu’elle a adressé aux participants?: « Le sport peut révéler la dimension essentielle de l’homme à la fois comme un être fini, face aux difficultés et aux échecs et comme un être appelé à l’infini, capables de dépasser ses propres limites ». Qui sait éduquer de cette manière ? « De même que le printemps est nécessaire pour qu’un jardin fleurisse – a conclu Chiara Lubich – de même la chaleur qui naît de l’amour est nécessaire pour faire germer les vérités inhérentes à l’homme. Dans une atmosphère d’amour réciproque, qui aille jusqu’à expérimenter les paroles de Jésus?: “Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux” (Mt?18,20), je vous souhaite de pouvoir faire l’expérience d’avoir Jésus pour maître, dans le sport aussi ». Déjà la tendance s’inverse dans le sport. La leçon des plus jeunes Les participants ont apporté la confirmation que celui qui croit en la valeur de l’homme, même sans référence religieuse, peut partager et expérimenter la valeur éducative d’une sincère attitude de confiance réciproque entre celui qui éduque et celui qui est éduqué à travers le sport. De nombreuses réflexions et des témoignages concrets ont montré une inversion de la tendance déjà notable dans le sport surtout chez les plus jeunes.
Plus que des paroles, de nouveaux projets sportifs en actes Le congrès a permis en particulier de connaître les nombreux projets sportifs à caractère social qui existent déjà sur les continents, grâce à Sportmeet. Une équipe de foot de jeunes d’une banlieue à problèmes de Bogota parrainée par un club professionnel du sud de l’Italie?; le projet de promotion sportive Sport Fontem, initié par le collège de la cité-pilote du Cameroun où le Mouvement des Focolari est présent depuis des années. Deporchicos, mini olympiade à coloration sociale à Buenos Aires?; la planification de la promotion du sport comme moyen de rachat social dans la région de Sao Paulo au Brésil et en particulier à Jardim Margarida?; le projet scolaire Café au lait dans une zone défavorisée de Saint-Domingue qui va se développer avec la construction d’un terrain de sport. Durant le congrès, Sportmeet a fait place aussi à d’autres projets à caractère social de valeur, comme Inter Campus, mis en place par l’Inter de Milan, ou Vivas (Vivere i valori dello sport), créé grâce à la ténacité d’un professeur d’éducation physique à Piacenza, ou le Grand Défi, à Vérone, événement sportif qui met en évidence la richesse des personnes handicapées.
Sports 4 Peace rassemble 20?000 jeunes en Autriche Un des projets les plus intéressant a été Sports 4 Peace, réalisé en Autriche durant l’année scolaire 2003-2004. Les 20?000 jeunes lycéens touchés par l’initiative ont fait l’expérience d’un sport qui ne consiste pas seulement à toucher un ballon, mais est aussi une voie vers une société solidaire et tournée vers la paix. Six règles simples les ont guidés?: joue sérieusement, joue honnêtement, ne te décourage jamais, garde les yeux ouverts sur les autres, joue pour jouer, fais la différence. Elles étaient écrites sur les six faces d’un dé, expressions d’une unique règle, la « règle d’or », présente dans toute religion?: « Fais aux autres ce que tu voudrais qu’on te fasse ». Les jeunes ont ainsi fait du sport, organisé des tournois, des manifestations sportives et musicales et ont recueilli des signatures pour la paix olympique. Chaque événement ou geste sportif vécu après avoir lancé le dé permettait aux lycéens de collectionner des anneaux olympiques. Chaque pas vers la paix, à travers des actions de communion ou de pardon leur donnait droit à des anneaux d’or. L’objectif à atteindre était d’obtenir les 51?000 anneaux olympiques et anneaux d’or et de recouvrir symboliquement la surface de la terre d’un filet de paix. L’initiative a été soutenue par les plus grands organismes sportifs et scolaires autrichiens et par des champions comme Ralf Schumacher, Hermann Mayer, Michael Walchhofer, qui ont trouvé l’idée du dé originale et efficace. Le projet Sports 4 Peace fait tache d’huile et sera repris par d’autres pays. Culture – Sport – Paix?: des professeurs d’université intéressés en Europe et au Brésil Les projets présentés par Sportmeet ont suscité l’intérêt des huit professeurs d’université (Vienne, Innsbruck, Teramo et université catholique de Milan, Buenos Aires) de plusieurs disciplines différentes dans le domaine du sport, qui ont participé au congrès pour approfondir les liens possibles entre le sport et la paix.
[:it]La malattia: una chance per la comunione e la fecondità pastorale
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[:it]L’interdipendenza vivificata dalla fraternità, motore di processi positivi[:en]Interdependence vivified by fraternity, propelling force for positive processes[:pt]A Fraternidade em política: utopia ou necessidade?
[:it]Giornata dell’Interdipendenza 2004[:en]The European Charter for the politics of Interdependence to build a world of peace without frontiers[:es]La Carta europea para las políticas de la Interdependencia. Para construir un mundo de paz y sin más fronteras[:pt]Carta européia para as políticas da interdependência, para construir um mundo de paz e sem fronteiras
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[:it]Suscitare una corrente inversa al terrorismo, con un nuovo ordine economico[:en]Inverting the course of terrorism through a new economic order[:es]Suscitar una corriente inversa al terrorismo, con un nuevo orden económico[:pt]Suscitar uma corrente contrária ao terrorismo, com uma nova ordem econômica

Dépasser les limites de sa propre église
Après le concile Vatican II, les rapports œcuméniques entre communautés de différentes Eglises se sont multipliés aussi dans les paroisses. Nous reproduisons l’expérience de la paroisse Sainte Elisabeth de Hongrie à Platanos, une localité de 10 000 habitants au sud de la ville de Buenos Aires (Argentine)
Une communauté vivante – Pendant les années 70, la population de Platonos a augmenté rapidement en raison d’un grand flux migratoire entre les provinces à l’intérieur de l’Argentine. La paroisse Sainte Elisabeth est une mosaïque de personnes de diverses origines : Italiens, Espagnols, Hollandais, Yougoslaves et Hongrois, et une communauté vivante s’y est constituée, ouverte au dialogue, au partage, à la communion avec tous.
Autour du curé, un prêtre italien relié au Mouvement des Focolari, naît bien vite un groupe de personnes animées par la spiritualité de l’unité, qui s’engagent à vivre l’Evangile. Elles se rencontrent périodiquement pour se communiquer la “Parole de vie” et se racontent leurs expériences vécues pour s’aider mutuellement dans leur cheminement spirituel.
Il se crée ainsi une famille, avec un style de vie nouveau qui, petit à petit, se répand dans toute la paroisse et le quartier. Il implique les réalités ecclésiales présentes telles que le Chemin Néocatéchuménal, le Collège des Sœurs Hongroises, et ouvre le dialogue avec des chrétiens de différentes Eglises.
Des rapports œcuméniques toujours plus profonds – A l’origine de la naissance de rapports fraternels entre membres de différentes Eglises, il y a eu aussi le contact avec des personnes de l’Eglise réformée. Le curé ressent la nécessité de contacter le pasteur réformé et commence entre les deux communautés un rapport qui devient toujours plus profond.
En même temps sont nées diverses activités œcuméniques menées en accord avec les responsables des Eglises respectives : des cours bibliques auxquels participent des chrétiens de diverses dénominations, un chœur œcuménique de cinquante personnes pour des occasions particulières, des moments vécus ensemble pendant les répétitions et les fêtes les plus importantes.
Chaque année, par exemple, quelques jours avant Noël, pour faire percevoir à tous ceux qui ne fréquentent pas l’église l’atmosphère de la naissance de Jésus, on a pensé organiser ensemble, catholiques et membres de l’Eglise réformée, une procession le long des rues du quartier, avec des chants et de la musique exécutés principalement par des jeunes et des enfants, en partant de la paroisse catholique pour se retrouver à la fin dans le temple de l’Eglise réformée.
Le Chemin de Croix du Vendredi Saint se déroule le long des rues de la petite ville et quelques familles préparent les stations dans leur maison. Une année, on a proposé de s’arrêter pour une station chez une famille de l’Eglise Pentecôtiste, qui a accueilli ce privilège avec une joyeuse surprise. Le jour de Pâques, une jeune femme s’est approchée du curé pour le remercier du fond du cœur. Sa mère avait rompu tout rapport avec elle et son mari depuis qu’elle s’était convertie à l’Eglise Pentecôtiste. Après le Chemin de Croix du Vendredi Saint, elle les a invités à déjeuner et s’est excusée en disant qu’elle s’était rendu compte que les catholiques n’étaient pas ce qu’elle croyait.
Informé des rapports cordiaux qui étaient nés dans cette paroisse, l’évêque catholique du diocèse est allé rendre visite à la communauté réformée. Cela a été un jour vraiment important : “C’est la première fois –a relevé une femme tout heureuse- qu’un évêque catholique entre dans un temple réformé.”
Et quelle n’a pas été la surprise des médecins de l’endroit de se trouver en face d’un pasteur protestant qui avait besoin de soins, accompagné d’un prêtre catholique, et de constater ensuite que ce pasteur était l’objet de nombreuses attentions de la part des catholiques.
En réponse aux urgences sociales de la zone, la communauté paroissiale se sent interpellée, de même que par la situation sociale difficile de tout le territoire. Pour faire face aux nécessités les plus urgentes elle a fondé, il y a quelques années, la “Casa del Niño Lourdes”. Tous les jours, environ quatre-vingts enfants de trois à quinze ans, provenant pour moitié de familles de diverses Eglises, reçoivent des repas et exercent des activités éducatives, sportives, récréatives. Les enfants et les éducateurs de la Casa vivent ensemble une parole de l’Evangile et prient ensemble. L’unité qui se crée va au delà des différences ecclésiales, culturelles et historiques.
[:it]Giornata dell’Interdipendenza. "Le persone, i popoli, gli Stati per un mondo più unito"[:en]Interdependence Day “Individuals, peoples and states for a united world”[:es]Jornada de la Interdependencia. “Las personas, los pueblos, los Estados por un mundo unido”[:pt]“As pessoas, os povos, os Estados por um mundo unido”
[:it]Giornata dell’Interdipendenza. "Le persone, i popoli, gli stati per un mondo più unito"
La fraternité en politique : utopie ou nécessité ?
Berne, le 4 septembre 2004 La fraternité en politique : utopie ou nécessité ? Madame la Chancelière de la Confédération, Mesdames et Messieurs qui êtes engagés au niveau national, cantonal et municipal, Chers jeunes qui faites partie du « Parlement des jeunes », Mesdames, Messieurs, Chers amis, En 1998, à l’occasion du 150? anniversaire de la Constitution suisse, j’avais été invitée par le Comité « Vision pour la Suisse » à prendre la parole ici à Berne au cours d’une journée fédérale de réflexion. J’estimais un grand honneur pour moi, italienne, et donc étrangère dans ce Pays, de pouvoir m’adresser à une assemblée aussi qualifiée et représentative de la Suisse tout entière. Je l’avais fait avec une joie particulière parce que j’aime ce pays depuis plusieurs décennies et je le considère comme ma seconde patrie. De même, j’éprouve une joie spéciale à pouvoir m’adresser aujourd’hui à vous qui êtes engagés à différents niveaux en politique. Je remercie particulièrement le groupe d’hommes et de femmes politiques du Comité d’organisation de cette journée. Après avoir organisé en mars 2003 à Martigny une journée très réussie, suivie d’autres rencontres au niveau local, ils ont voulu profiter de l’imminente session d’automne des Chambres Fédérales pour organiser la réunion d’aujourd’hui. Le titre que l’on m’a proposé est : « La fraternité en politique : utopie ou nécessité ? » J’espère pouvoir démontrer dans cet exposé la nécessité de la fraternité et la possibilité de la réaliser. Le trinôme « liberté, égalité, fraternité », que l’on peut considérer une synthèse du programme politique de la modernité, exprime une profonde intuition et nous invite aujourd’hui à une réflexion profonde. Où en sommes-nous de cette grande aspiration ? La révolution française, qui avait déjà annoncé ces principes, ne les avait pourtant pas inventés. Ils avaient entamé leur parcours difficile depuis de nombreux siècles, notamment à partir de l’annonce du message du christianisme. Celui-ci mettait en lumière ce qu’il y avait de meilleur dans les antiques traditions des différents peuples et dans le patrimoine de la révélation juive, et accomplissait une authentique révolution ; c’était un nouvel humanisme, apporté par le Christ, qui rendait l’homme capable de vivre pleinement selon ces principes. À partir de cette annonce et tout au long des siècles, ils révèlent leurs richesses à travers les œuvres des hommes. La liberté et l’égalité ont profondément marqué l’histoire politique des peuples, aboutissant à des fruits de civilisation et créant les conditions pour que la dignité de la personne humaine puisse être progressivement reconnue. La liberté et l’égalité sont devenues des principes juridiques quotidiennement appliqués comme d’authentiques catégories politiques. Mais l’affirmation exclusive de la liberté peut, nous le savons, se transformer dans le privilège du plus fort, tandis que l’égalité, comme le confirme l’histoire, peut se traduire en un collectivisme qui massifie. De plus, de nombreux peuples ne bénéficient pas encore des bienfaits de la liberté et de l’égalité. Que faire pour que cet acquis puisse porter des fruits mûrs ? Comment orienter l’histoire de nos pays et celle de l’humanité pour qu’ils réalisent le destin qui leur est propre ? Nous croyons que le secret réside dans la fraternité universelle, qu’il faut placer parmi les catégories politiques fondamentales. Ces trois principes, dans la mesure où ils coexistent tous les trois, pourront faire naître une politique adéquate aux problèmes d’aujourd’hui. Notre époque qui, comme peu d’autres dans l’histoire, traverse une crise de confiance, est menacée par la peur, par la terreur : rappelons le 11 septembre 2001 et, plus récemment, le 11 mars 2004, ainsi que les centaines d’attentats qui, ces dernières années, ont occupé une large place de la chronique. Le terrorisme est une calamité au moins aussi grave que les dizaines de guerres qui ensanglantent notre planète ! Les causes sont multiples. Mais l’une des causes les plus profondes est certainement le déséquilibre économique et social qui existe entre pays riches et pays pauvres du monde. Ce facteur génère le ressentiment, l’hostilité, le désir de vengeance, et constitue un humus favorable au fondamentalisme. Afin que le terrorisme recule, rien ne sert de faire la guerre, il faut rechercher les chemins du dialogue, les voies politiques et diplomatiques. Mais il y a plus : il faut susciter dans le monde une plus grande solidarité entre tous et une communion des biens plus équitable. N’oublions pas non plus que les thèmes brûlants qui interpellent la politique, que ce soit au niveau national ou international, sont encore plus nombreux. Dans le monde occidental, le modèle même de développement économique est en crise, une crise qui ne peut pas se résoudre par quelques ajustements ponctuels, mais en repensant globalement l’économie. L’avancée irrépressible de la recherche scientifique ne peut se poursuivre qu’avec des mesures qui garantissent l’intégrité et la santé de l’espèce humaine et de l’écosystème tout entier. La reconnaissance de la fonction essentielle des moyens de communication dans le monde moderne, doit s’accompagner de normes aptes à sauvegarder la promotion des valeurs et la tutelle des personnes, des groupes, des nations. Un autre problème fondamental découle de la nécessité de défendre et de valoriser les richesses qui proviennent des différentes ethnies, religions, cultures, malgré le contexte de l’irréversible processus de mondialisation en acte. De tous ces grands défis lancés par notre époque, découle avec évidence l’idée et la pratique de la fraternité et, étant donné l’ampleur du problème, de la fraternité universelle. L’idée de la fraternité universelle est dans la pensée de quelques grandes personnalités. Gandhi disait : « La règle d’or est d’être amis du monde et de considérer la famille humaine “une”. » Le Dalai Lama écrivait après les attentats du 11 septembre 2001 : « Pour nous, la cause de ces événements est claire. [] Nous avons oublié les vérités les plus fondamentales. [] Nous sommes tous un. C’est un message complètement négligé par la race humaine. L’oubli de cette vérité est l’unique cause de la haine et des guerres. » Sans oublier le saint suisse, Nicolas de Flue, prophète et acteur de la paix, qui affirmait que pour réaliser la paix de façon efficace il faut résoudre les conflits dans un absolu respect réciproque. Et donc dans la fraternité qui va jusqu’à l’obéissance réciproque. Mais celui qui a indiqué à l’humanité la fraternité et lui en a fait don, un don essentiel, c’est Jésus. Avant de mourir, il a prié ainsi : « Père que tous soient un » (cf. Jn 17,21). En révélant que Dieu est Père, il nous a rendus frères et il a détruit les murs érigés entre ceux qui sont « égaux » et ceux qui sont « différents », entre amis et ennemis. La fraternité : c’est donc un Idéal à affirmer, l’Idéal d’aujourd’hui. Existe-t-il des signes de fraternité dans les vicissitudes des peuples d’aujourd’hui ? Ayant expérimenté d’innombrables fois dans ma propre vie et dans celle des autres l’action providentielle de Dieu, et ayant pu connaître directement de nombreux peuples, j’ai appris peu à peu à discerner les signes qui marquent le progrès de l’humanité, si bien que je puis affirmer que son histoire est cheminement lent, certes, mais irréversible, vers la fraternité universelle. Les faits sont là sous nos yeux, nous devons savoir les interpréter. La tension du monde vers l’unité n’a jamais été aussi vive et visible à l’œil nu qu’aujourd’hui. Les signes en sont les unions d’États et les processus d’intégration économique et politique qui se réalisent dans les continents ou selon des données géopolitiques. Le rôle des organismes internationaux, notamment des Nations Unies qui apparaît de nouveau incontournable pour connaître, affronter et gérer les principaux problèmes qui touchent la vie des peuples et des nations ; il faut encore citer l’avancée d’un dialogue tous azimuts, qui se diffuse et est fécond entre personnes très différentes ; la croissance des Mouvements sociaux, culturels et religieux qui se présentent comme les nouveaux protagonistes des relations internationales et œuvrent pour des objectifs à dimension mondiale. Pour susciter des relations de fraternité dans le monde, pour lui permettre d’engendrer une unité spirituelle qui soit garante d’unité en politique, en économie, dans le social et le culturel, les outils ne manquent pas. Il suffit de savoir les reconnaître. L’un de ces outils, dont on n’a pas fini d’explorer toutes les potentialités, est l’apparition, au cours du XX siècle, et notamment en Europe, de dizaines de Mouvements comme le nôtre. Ces Mouvements forment des réseaux de peuples et de cultures dans le respect de leurs diversités. C’est comme un prodrome de ce que le monde pourrait devenir : la maison des nations, ce qu’il est déjà, à échelle réduite, évidemment, par l’action de ces Mouvements. Ces Mouvements n’ont pas été le fruit d’une programmation humaine, mais de charismes de l’Esprit de Dieu qui connaît mieux que quiconque les problèmes de notre temps et désire y apporter des éléments de solution. Du fait qu’ils sont apparus grâce à l’initiative de laïcs et sont composés principalement de laïcs, ces Mouvements diffusent un intérêt profond pour les conditions de vie des hommes, ils ont des retombées dans le domaine civil et proposent des réalisations concrètes politiques et économiques, etc. De magnifiques Mouvements de toute sorte sont nés dans l’Église catholique, réformée, anglicane, protestante, orthodoxe, etc. Une de leurs caractéristiques est la présence de nombreux jeunes, espérance pour l’avenir, moins conditionnés que leurs aînés par le poids du passé et plus enclins à croire avec enthousiasme dans les grands idéaux authentiques. Ces Mouvements se sont fait connaître le 8 mai dernier à Stuttgart (Allemagne) au cours d’une manifestation qui a remporté un grand succès. Organisée par les Mouvements, cette manifestation intitulée « Ensemble pour l’Europe » a été retransmise par satellite en Europe et même ailleurs. Les Mouvements y affirmaient leur disponibilité pour réaliser, à côté de l’Europe politique ou économique ou de l’euro, une Europe de l’esprit. Une Europe qui aurait une âme, ce qui lui assurerait, entre autres, à la fois la pluralité et la cohésion. À titre d’exemple de l’œuvre de ces Mouvements, je désire vous exposer dans les grandes lignes le Mouvement que je connais le mieux puisque j’y suis liée, le Mouvement des Focolari, dont l’objectif est précisément l’unité et la fraternité universelle. Il est né pendant la seconde guerre mondiale, sous les bombardements, à Trente, ma ville natale et celle de mes compagnes, en Italie du nord, alors que s’écroulaient, en même temps que nos maisons, nos projets de vie, nos espérances, nos certitudes. Tout n’était que ruines. Mais dans nos cœurs, dans les cœurs des premières focolarines, émergeait avec force, une force inconnue, une unique vérité : Dieu est le seul Idéal que rien ne peut détruire ; et ce Dieu se révélait à nous pour ce qu’il est : Amour. Alors que la haine, les conflits atteignaient leur paroxysme, Dieu amour nous a suggéré que le chemin pour l’aimer était de nous efforcer de nous aimer entre nous et de porter cet amour à tout le monde. Cet amour s’est aussitôt étendu à la ville entière. Et peu à peu, au fil des ans, à toute la planète, en 182 pays. En vertu de notre vocation à l’unité nous avons privilégié les terres où régnait davantage la division. C’est ainsi que nous nous sommes tournés vers des lieux spécifiques de dialogue et de partage : d’abord au sein des Églises chrétiennes où le Mouvement œuvre afin que les chrétiens de différentes dénominations puissent vivre en communion ; avec les fidèles des grandes religions, nous avons vécu de nombreuses expériences de « dialogue de la vie » respectueux et fécond, promesse de paix. Dialogue enfin avec des personnes sans référence religieuse précise, qui s’actualise notamment dans une collaboration efficace. Bien que l’objectif principal du Mouvement des Focolari soit d’ordre religieux, il s’est intéressé, dès ses débuts et au cours de son développement, au monde politique jusqu’à donner naissance en 1996, à Naples, à ce que l’on a appelé « le Mouvement politique pour l’unité » au service de la politique. Ce Mouvement est en train de s’organiser et de se répandre dans le monde entier. J’ai eu moi-même l’occasion à plusieurs reprises de parler de sa genèse et de son développement à des parlementaires de plusieurs pays d’Europe et d’autres continents : à Strasbourg, au Centre européen de Madrid et à l’ONU. En tant qu’expression politique du Mouvement des Focolari, le but du « Mouvement politique pour l’unité » est d’aider des personnes et des groupes engagés en politique à redécouvrir les valeurs profondes, pérennes de l’homme, à baser leur vie sur la fraternité. Dans un deuxième temps seulement, à agir dans le domaine politique. Il en découle que l’action politique peut, de charité à dimension interpersonnelle, passer à une dimension plus grande, celle de l’amour envers la polis – la cité. Cet amour, vécu dans une dimension politique, ne perd pas ses caractéristiques : il implique la personne tout entière, son intelligence et sa volonté de parvenir à tous ; l’intuition et l’imagination pour faire le premier pas ; le réalisme qui se met dans la peau de l’autre ; le don de soi sans rechercher son intérêt personnel ; la capacité de trouver de nouvelles solutions alors même que les limites humaines et les échecs sembleraient les exclure. Il ne s’agit donc pas d’un nouveau parti. Il ne s’agit pas non plus de confondre religion et politique, comme l’ont fait et le font les intégrismes chrétiens et même non chrétiens. Les sujets du Mouvement politique pour l’unité sont : des hommes et des femmes politiques à tous les niveaux – administrateurs, parlementaires, militants de parti – de quelque formation politique que ce soit, qui savent de devoir agir avec ceux qui détiennent réellement le pouvoir : les citoyens. Sujets de ce Mouvement sont aussi les citoyens qui s’emploient à être politiquement actifs ; ce sont notamment les jeunes qui un peu partout, comme ici en Suisse, savent s’engager de façon admirable et passionnée dans leurs études de politologie, par exemple, et veulent donner un apport de compétence et de recherche ; des fonctionnaires de l’Administration publique, conscients de leur rôle spécifique. Ce que l’on désire proposer et témoigner est un style de vie qui permette à la politique d’atteindre de la meilleure façon possible son but, à savoir le bien commun dans l’unité du corps social. Nous voudrions proposer à ceux qui agissent en politique de s’engager à vivre en faisant un pacte de fraternité pour leur pays, où le bien de leur pays serait au-dessus de tout intérêt particulier, qu’il soit personnel, de groupe, de classe ou de parti. La fraternité, en effet, offre de surprenantes possibilités. Elle permet de concilier et de mettre en valeur des expériences qui, autrement, risqueraient de se développer en conflits irrémédiables. Elle permet d’harmoniser les exigences d’autonomie locale, avec le sentiment d’une histoire commune. Elle permet de saisir le rôle important des organismes internationaux et des moyens qui visent à dépasser les barrières et constituent des étapes essentielles vers l’unité de la famille humaine. C’est la fraternité, en effet, qui peut susciter des projets et des actions dans l’enchevêtrement complexe de la politique, de l’économie et du social de notre monde. C’est la fraternité qui fait sortir les peuples de l’isolement et ouvre les portes du développement aux peuples qui en sont exclus. C’est la fraternité qui indique comment résoudre de façon pacifique les dissensions et qui relègue la guerre dans les livres d’histoire. C’est par la fraternité vécue que l’on peut rêver et même espérer une certaine communion des biens entre les pays riches et pauvres. Le besoin profond de paix exprimé par l’humanité d’aujourd’hui prouve que la fraternité n’est pas seulement une valeur, une méthode, mais un paradigme global du développement politique. Voilà pourquoi un monde qui est toujours davantage interdépendant a besoin d’hommes politiques, d’entrepreneurs, d’intellectuels et d’artistes qui mettent la fraternité – instrument d’unité – au centre de leur action et de leurs pensées. C’était le rêve de Martin Luther King que la fraternité devienne à l’ordre du jour d’un homme d’affaires et le mot d’ordre d’un gouvernant. Les hommes politiques du Mouvement politique pour l’unité veulent faire en sorte que ce rêve devienne une réalité. Tout cela est possible à condition de ne pas oublier, dans l’action politique, la dimension spirituelle ou, du moins, la foi dans les valeurs profondes, qui doivent réglementer la vie sociale. Nicolas de Flue, qui joua un rôle important dans la politique de ce pays, en était bien convaincu. Il était toujours informé de tout. De sa cellule, une fenêtre s’ouvrait vers l’extérieur, vers les hommes, et une autre vers l’intérieur, l’autel de sa chapelle. Igino Giordani, parlementaire italien et cofondateur de notre Mouvement – et qui est depuis peu l’objet d’un procès de béatification – écrivait dans son style bien particulier : « Quand on sort de chez soi pour se plonger dans le monde, la foi ne s’accroche pas au portemanteau comme un vieux béret à un clou derrière la porte ». Un jour il m’a semblé comprendre ce que signifiait la politique comme amour. Si chaque secteur d’activité humaine avait une couleur – une couleur pour l’économie, la santé publique, la communication, l’art, la culture, le droit et la justice – la politique, quant à elle, n’en aurait pas. Elle constituerait la toile de fond, le noir, qui met en relief toutes les couleurs. C’est pourquoi la politique doit sans cesse être en relation avec tous les domaines de la vie : ce faisant, elle permet à la société, dans la multiplicité de ses expressions, de réaliser et d’accomplir sa propre destinée. Il va sans dire que la politique, bien que toute tendue au dialogue, a le devoir de se réserver certains espaces spécifiques : donner la priorité à un programme équitable, faire des derniers les sujets privilégiés, rechercher toujours et quoi qu’il en soit la participation ce qui signifie dialogue, médiation, responsabilité et sens du concret. Pour les hommes politiques dont je parle, le choix de s’engager en politique est une réponse d’amour à une authentique vocation, à un appel personnel. Un croyant y reconnaît la voix de Dieu qui l’appelle à travers les circonstances. Un non-croyant répond à une question de l’homme, à un besoin social, à un problème de sa ville, aux souffrances de son peuple qui ont trouvé un écho dans sa conscience. Les uns et les autres sont chez eux dans le Mouvement politique pour l’unité et c’est l’amour qui est le moteur de leur action. Cet amour qui est source de lumière, qui permet de pressentir de grands résultats, qui substitue à la crainte opprimante − trop souvent présente dans le monde politique − le courage, un nouveau courage. Les hommes politiques de l’unité prennent conscience que la politique est, en sa racine, amour : dès lors ils comprennent que les autres, fussent-ils leurs adversaires politiques, peuvent avoir fait leurs choix politiques par amour. Ils prennent conscience que toute formation politique, toute option politique, peut être la réponse à un besoin social, et est donc un ingrédient indispensable au bien commun. Ils s’intéressent donc au destin de l’autre, à ses instances, autant qu’aux leurs, et la critique devient constructive. On s’efforce de mettre en pratique l’apparent paradoxe d’aimer le parti d’autrui comme le sien parce que le pays a besoin de l’œuvre de tous. Tel est, à grands traits, l’Idéal du « Mouvement politique pour l’unité ». C’est bien là, me semble-t-il, la politique qui vaut la peine d’être pratiquée, une politique capable de reconnaître et de servir le dessein de sa propre communauté, de sa propre ville et nation, jusqu’à élargir son horizon à l’humanité entière parce que la fraternité est le dessein de Dieu sur toute la famille humaine. Telle est la politique crédible que chaque pays attend car, si le pouvoir rend puissant, c’est l’amour qui confère autorité et crédibilité. Telle est la politique capable d’édifier des œuvres qui durent. Les générations futures ne seront pas reconnaissantes aux politiciens d’avoir détenu le pouvoir, mais de la manière dont ils l’auront géré. Telle est la politique que le Mouvement politique pour l’unité ambitionne, avec l’aide de Dieu, de faire naître et de soutenir. Quels sont mes vœux pour vous, hommes et femmes politiques de la Suisse ? Que ce peuple et ses représentants, héritiers d’un riche patrimoine de démocratie, trouvent dans la fraternité la force nécessaire pour continuer avec un nouvel élan dans cette voie et pour donner une contribution de protagonistes dans l’histoire de l’unité de la famille humaine. De notre côté, nous nous engageons à ne pas vous laisser seuls en mettant à votre disposition le charisme de l’unité que le Ciel a accordé à l’humanité entière. Merci de votre attention.
La fraternité en politique : pour remettre l’histoire sur le chemin de la paix
ANSA, 4 septembre – La fraternité en politique « est la solution qui remettra l’histoire de nos pays et de l’humanité sur le chemin de la paix ». C’est ce qu’affirme à Berne Chiara Lubich, fondatrice des Focolari, devant 450 personnalités politiques et jeunes réunis au palais des congrès pour réfléchir à la question : « Fraternité en politique, utopie ou nécessité ? », lors d’une rencontre organisée par un groupe de personnalités politiques suisses du Mouvement politique pour l’unité.
La fraternité en politique nécessaire et urgente Sur fond de terrorisme, la fraternité proposée comme « catégorie politique fondamentale » s’impose comme nécessaire et, de plus, urgente. « La fraternité en politique est on ne peut plus actuelle face à la terreur, aux morts et aux violences », avait affirmé à l’ouverture du congrès le chancelier de la Confédération helvétique, Anne-Marie Huber Holz.
[:it]Nuovi orizzonti dell’Economia di Comunione/2
Nouvelles perspectives de l’Économie de communion
Le système économique actuel apparaît de plus en plus fragile et indéfendable : krach financier de grandes entreprises ou crise de l’énergie, tout révèle que l’économie telle que nous l’avons conçue ces deux derniers siècles est gravement malade. Dans le même temps et plus que jamais, la société voit fleurir de nouvelles formes d’économie sociale : commerce équitable, banque éthique, consommation réfléchie. Un phénomène qui laisse entrevoir la possibilité d’une économie et d’un développement défendables. C’est dans ce contexte que se situe l’Économie de communion. Le congrès international qui se tiendra du 10 au 12 septembre à Castel Gandolfo (Italie) présentera un bilan des résultats atteints après plus de dix années d’expérimentation au niveau international et proposera de nouvelles perspectives. Le congrès présentera les expériences les plus importantes sur le partage des bénéfices des entreprises avec les pauvres ; les thèses de doctorat sur ce thème – 130 thèses – présentées dans des universités de plusieurs pays ; les pôles d’entreprises qui existent en Amérique latine et celui qui se construit en Italie. Ce sont quelques-unes des réalisations du projet de l’Économie de communion lancé par Chiara Lubich au Brésil en 1991 pour répondre à la fracture entre riches et pauvres. L’un des thèmes les plus importants sera : « Pauvreté et développement dans la perspective de la communion ». La fondatrice des Focolari traitera le thème central : « Nouvelles perspectives de l’Économie de communion ». Un nouveauté à ce congrès : un dialogue entre diverses formes d’économie sociale réalisées dans d’autres univers culturels. Par exemple des expériences de micro-crédit inspirées de l’économie gandhienne, des expériences novatrices nées au sein de la culture hindoue et jaïniste et des modes de vie marqués par la sobriété comme l’expérience hollandaise de « l’Economy of enough ». Les intervenants dans ce dialogue seront des spécialistes en économie sociale au niveau international, comme Michael Noughton et Stefano Zamagni, et des chefs d’entreprises de divers continents. « Économie, mais aussi humanisme de communion », c’est le titre de la dernière partie du congrès, qui intègrera les réalisations de ce projet dans le cadre plus large d’un humanisme de communion. Dans ce cadre interviendront des spécialistes d’autres disciplines, comme l’écologie, la politique et l’urbanisme.
[:it]La fraternità in politica: utopia o necessità?[:en]Fraternity in politics: Utopia or necessity?[:es]La fraternidad en la política: utopía o necesidad?[:pt]A Fraternidade em política: utopia ou necessidade?
[:it]La fraternità in politica: utopia o necessità?
[:it]Ti voglio bene, anche quando…
[:it]Il mistero d’amore
Rome, gare Termini : le courage de risquer sa vie
Je me rends ce jour-là à Rome pour un contrôle médical et, en descendant gare Termini, je suis bousculée par un jeune étranger poursuivi par trois hommes qui crient : « Au voleur, arrêtez-le ! ». La foule l’arrête et le fait tomber à terre. Ses poursuivants l’insultent, le frappent et le bourrent de coups de pied dans l’estomac. En voyant ce spectacle brutal, je pense un instant à ma santé, car je fais une grave hypertension, mais je comprends aussitôt qu’en cet instant la vie de ce garçon est plus importante que la mienne. Je ne peux pas laisser les choses se passer selon la mentalité courante et faire semblant de rien. La cohérence avec l’évangile me demande davantage. Je me précipite donc, écartant tout le monde et distribuant des coups à droite et à gauche avec mon sac. Je me jette sur le garçon pour lui servir de bouclier. Il hurle en demandant qu’on le sauve de ses agresseurs. Ceux-ci, voyant mon attitude, s’arrêtent enfin. « Vous n’avez pas honte de le maltraiter de cette façon ? Qu’a-t-il fait de si grave pour mériter cela ? ». « Il m’a volé mon porte-feuilles », répond l’un d’eux. Le garçon – qui avait 16 ans – me dit qu’il a volé pour acheter un peu de pain pour survivre, car il n’a pas mangé depuis deux jours et il dort sous les ponts. Les gendarmes arrivent et le garçon s’explique : il a fui son pays il y a environ deux ans. Toute sa famille a été tuée, il est le seul survivant parce qu’il s’est caché sous une botte de paille. Ensuite, il est passé en Italie parce que des amis lui avaient raconté qu’on y était heureux. Avec les gendarmes, nous le conduisons à l’hôpital. Pendant le transport, il me serre fort la main et me dit : « Maman, tu m’as sauvé la vie. Tu es ma maman italienne ». Aux urgences, on diagnostique un traumatisme crânien et trois côtes fêlées. Une religieuse nous dit qu’il faut l’hospitaliser, mais qu’il n’a pas de vêtements pour son séjour. Je vais acheter le nécessaire et nous pouvons alors l’emmener dans la salle commune. Pendant que je m’occupe de lui, les gendarmes et les religieuses rédigent le rapport médical et me demandent si je suis de la famille. Je dis que non. Je lis dans leurs yeux la perplexité et l’émotion. « Pourquoi avez-vous fait tout ça ? » me demandent-ils. Je réponds que j’essaie chaque jour d’aimer mes frères en essayant de voir en eux le visage de Jésus et de ne jamais regarder en arrière dans les situations difficiles. La religieuse a les yeux rouges et me dit que je lui ai donné une belle leçon d’amour, parce que seul celui qui vit l’évangile peut faire cela, et elle m’encourage à continuer de la sorte. Avant de partir je veux laisser l’argent que j’ai sur moi, pour la visite du spécialiste et pour les besoins du garçon. Mais la religieuse me dit de ne pas me faire de souci pour lui : « Vous lui avez déjà sauvé la vie, maintenant c’est moi qui prendrai soin de lui ». Les gendarmes aussi me remercient pour mon geste et me disent que j’ai pris des risques. La justice a suivi son cours. Je sais qu’aujourd’hui ce garçon vit dans une communauté catholique où il est gardien, c’est la religieuse de l’hôpital qui l’a recommandé. (M. T. – Italie, extrait de Quando Dio interviene, esperienze da tutto il mondo, Città Nuova, Rome 2004)
J’ai choisi Dieu pour toujours, rien que lui. Absolument rien d’autre.
Vincenzo était un enfant très vif, le 4e de huit enfants, que sa première communion a transformé. Lui qui faisait des bêtises à l’école, bavardait au lieu d’écouter et se faisait punir, s’est montré d’un seul coup très différent, comme s’il avait été pris par Dieu. Un jour, à table, il demanda à ses frères à quel âge ils aimeraient mourir. L’un répondit : « tout jeune », l’autre : « à 100 ans », et lui : « Je voudrais mourir à 33 ans, comme Jésus ».
Quelques années plus tard, durant l’été 1951, Vincenzo et deux de ses sœurs partirent en vacances à la montagne, dans les Dolomites. Chiara Lubich s’y trouvait aussi avec des personnes du Mouvement, à Tonadico. Les jeunes Folonari, qui avaient connu le Mouvement à Brescia, leur ville natale, obtinrent la permission de leurs parents de passer les vacances à côté, à San Martino di Castrozza. Ils se rendirent bien vite à Tonadico. En revenant le soir dans le car, Vincenzo était bouleversé et heureux, c’était comme s’il avait trouvé quelque chose qui le comblait, un idéal auquel consacrer sa vie.
Quelques mois plus tard, Vincenzo vint à Rome pour ses études universitaires. Il prit aussitôt contact avec le focolare, mais vivait tout seul. Il était très humble. La veille de la Pentecôte, il se rendit à pied au sanctuaire de la Madone du Divin Amour demander un signe qui lui fasse comprendre sa vocation. Le lendemain, quand Chiara le rencontra, elle lui dit : « Ce n’est pas toi qui as choisi Dieu, c’est Dieu qui t’a choisi ». A partir de ce jour-là, on l’appela Eletto (choisi).
Dans une lettre à Chiara, il écrit : « J’ai choisi Dieu, rien que lui et absolument rien d’autre ». Et il lui fait part de son intention de donner tout son héritage au Mouvement des Focolari (dont les 80 hectares de la cité-pilote de Loppiano) en ajoutant : « je n’ai aucun mérite puisque j’ai reçu tout cela gratuitement ».
Une des caractéristiques d’Eletto était sa relation avec les enfants et les jeunes du Mouvement que Chiara lui avait confiés. Ils étaient toujours autour de lui aux mariapolis de Fiera di Primiero. Ils se promenaient ensemble, préparaient des sketches… Il dit un jour à sa sœur Virgo à qui étaient confiées les jeunes filles : « Imagine un peu, si cet Idéal de l’unité gagnait tous les jeunes… Qu’est-ce que ça pourrait donner ? ».
Le dimanche 12 juillet 1964, Gabriele arriva au Focolare. C’était un des jeunes que suivait Eletto et celui-ci l’invita à faire une promenade en bateau sur le lac de Bracciano. A 200 mètres de la rive, Eletto, sportif et bon nageur, se laissa glisser dans l’eau en se retenant des deux mains au bord de la barque. « Elle est très froide », dit-il à Gabriele et il devint tout pâle. Le lac était agité et une vague détacha ses deux mains l’une après l’autre. Le bateau, allégé, s’éloigna de plusieurs mètres. Gabriele ne savait ni ramer, ni nager : « Je l’ai vu encore quelques secondes, son visage était illuminé d’un sourire radieux ». Puis il disparut, englouti par le lac. Son corps n’a jamais été retrouvé. Le lac de Bracciano est sa tombe bleue. Il avait 33 ans.
Le 19 juillet suivant, Chiara écrivait : « Eletto était si bon, si unique et si humble qu’il appartenait davantage à Dieu qu’à nous et c’est peut-être pour cela que Dieu l’a pris. Il est maintenant avec Jésus qu’il a aimé, avec Marie et avec ceux du Mouvement qui sont au paradis. Lui qui se sentait le dernier, il est devenu le premier.
Mon Dieu, quel abîme que la vie et la mort que chacun de nous doit affronter ! Donne-nous de vivre dans l’amour pour pouvoir mourir dans l’amour.
La dernière action d’Eletto a été un acte d’amour. Il y était habitué, sinon, dans ces moments-là, on ne peut penser qu’à soi.
Du ciel, Eletto, prie maintenant pour nous qui prions pour toi. Nous sommes sûrs que Dieu, parce qu’il t’aime, t’a pris au moment le meilleur. Tu l’as aimé dans ta vie, tu n’avais que lui et Marie.
Tu es arrivé là où nous devons arriver nous aussi. Prépare-nous la route et une place (…). Maintenant que tu vois ce qui a de la valeur, comme tu t’y étais habitué ici-bas, aide-nous à ne pas sortir du chemin et à nous garder dans la charité comme tu l’as fait. ».
Sa mort si soudaine plongea adultes et jeunes dans la stupeur. Chiara écrivit : « Eux aussi [les enfants et les jeunes] ont eu leur épreuve. Terrible et irrémédiable. Souhaitons que sur cette douleur naisse quelque chose pour eux, pour la gloire de Dieu au sein du Mouvement et pour la beauté de l’Église. Eletto n’aurait rien désiré d’autre ». Paroles prophétiques ! Quelques années plus tard, le mouvement Gen est né, qui compte aujourd’hui des milliers de jeunes, d’ados et d’enfants dans le monde entier.
Le 12 juillet, 40 ans après le départ d’Eletto pour le ciel, une journée aura lieu à Trevignano sur le lac de Bracciano (Rome). Elle commencera à 11 heures avec la messe dans l’église de Sainte-Marie de l’Assomption qui domine la ville et se terminera vers 17 heures.
Renseignements : tel. 0033/06/94315300 ; 0033/06/9412419

Dialogue entre les religions et stratégie de fraternité pour un monde nouveau
« Quel avenir pour une société pluriethnique, multiculturelle et multi-religieuse ? » C’est cette question de plus en plus répandue, en particulier dans la société anglaise, la plus cosmopolite d’Europe, que Chiara Lubich a traitée samedi 19 juin après-midi au Westminster Central Hall, devant plus de 2 000 personnes, dont le cardinal Murphy O’Connor, archevêque de Londres, et des personnalités musulmanes, bouddhistes et sikhs. La manifestation, organisée par le Mouvement des Focolari de Grande-Bretagne, s’intitulait : « Imagine un monde… enrichi par la diversité ». Une stratégie de fraternité pour un changement dans les relations internationales Tandis que beaucoup parlent d’une menace d’affrontement entre civilisations, provoquée par le terrorisme, la fondatrice des Focolari a indiqué un moyen d’y remédier de façon préventive : le dialogue interreligieux. Plus encore, ce dialogue interreligieux – a-t-elle dit – peut être le point de départ d’une « stratégie de la fraternité, capable de marquer un changement dans les relations internationales ».
De la société pluriethnique et multi-religieuse peut naître un monde nouveau En faisant un parallèle entre notre époque marquée par de profondes transformations et celle de Saint Augustin, qui avait vu le bouleversement de la société sous la pression des migrations de populations, Chiara Lubich a affirmé avec lui que ce qui arrive est « la naissance d’un monde nouveau ». Le monde nouveau du troisième millénaire, pour Chiara Lubich, sera l’unité de la famille humaine, enrichie par les différences, selon le dessein de Dieu. On a pu en entrevoir une ébauche avec les témoignages, chants et danses aux couleurs et aux rythmes orientaux et africains, et les interventions de représentants de plusieurs religions, comme celle de l’imam iranien Mohammed Somali et de Mme Didi Athavale, leader du grand mouvement hindou Swadhyaya Family. Comment réaliser le dialogue entre les religions ? Le dialogue doit être animé par un amour qui réussit à « se mettre dans la peau de l’autre » – a affirmé Chiara Lubich – parce qu’il sait se faire « un rien d’amour » devant l’autre, il sait se faire cet espace d’accueil et d’écoute qui prépare « une respectueuse annonce de l’évangile ». Elle a rappelé les paroles prononcées par Jean-Paul II en Inde : « Quand nous nous ouvrons l’un à l’autre, nous nous ouvrons aussi à Dieu et nous faisons en sorte que Dieu soit présent au milieu de nous ». En lui est la force secrète qui donne vigueur et succès à nos efforts, pour porter partout l’unité et la fraternité universelle ».
Une vision partagée par des responsables de plusieurs religions et des politiques C’est ce qu’ont exprimé le chef des imams du Royaume-Uni, Zaki Badawi, le chef spirituel des sikhs de Grande-Bretagne et d’Europe, Bai Sahib Mohinder Singh de Birmingham, qui ont parlé juste après Chiara Lubich, et la baroness Kathleen Richardson de la Chambre des Lords, qui a rappelé comment « juste après la guerre, l’assemblée de l’ONU avait tenu sa première assemblée plénière dans cette même salle. La vision qui est exprimée aujourd’hui – a-t-elle ajouté – est encore plus riche, parce qu’elle n’est pas construite seulement sur les aspirations des hommes, mais avec la participation de l’amour de Dieu ».
Les nouvelles technologies au service de la fraternité entre les peuples Unité et fraternité universelle : une expérience vécue au Westminster Central Hall qui a porté, comme en témoignent fax et e-mails, une bouffée d’espoir en de nombreux pays d’Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Europe, au Moyen Orient et en Afrique du Nord, reliés par satellite grâce à Telepace et par Internet. Quelques flashes : De Bulgarie : « Nous avons été conquis par cette fraternité entre les religions et les cultures, que nous voulons réaliser aussi dans notre pays, où vivent près d’un million de musulmans qui sont pour nous le souvenir d’une plaie du passé ». D’Irlande : « Nous avons fait l’expérience d’un pan de fraternité universelle réalisée, en admirant la beauté et la richesse de toutes ces religions et cultures. Aujourd’hui, c’est pour nous le début d’une nouvelle route pleine d’espérance, maintenant que l’Irlande devient de plus en plus multiculturelle ». De Stockholm : « Nous avons entrevu la solution à la violence qui existe dans le monde, une nouvelle espérance que l’unité et la paix sont possibles ».

De l’importance de parler de liberté et d’égalité sans oublier la fraternité : réflexion de Chiara Lubich, invitée au siège du Parlement britannique.
On parle beaucoup de liberté et d’égalité, mais où est passée la fraternité ? Cette question est au centre de l’intervention faite par Chiara Lubich le 21 juin au palais de Westminster, siège du Parlement britannique. On notait aussi la présence du ministre des affaires constitutionnelles, David Lammy, d’origine africaine et d’un membre protestant du parti unioniste d’Irlande du Nord. Il s’agit de la dernière étape du voyage de Chiara Lubich en Grande-Bretagne, après ses rencontres avec les hautes autorités anglicanes et catholiques et des chefs religieux musulmans, hindous et sikhs, qui ont ouverts des perspectives nouvelles. « Un voile de scepticisme entoure aujourd’hui la politique et on ne sait pas comment s’en défaire. Plus personne ne prête attention aux campagnes électorales… Le pouvoir corrompt sournoisement… Comment avancer en gardant à la fois le pouvoir et l’objectif du bien commun ? » : quelques extraits du dialogue entre les responsables politiques et Chiara.
Chiara Lubich propose une vision de la politique tout à fait innovante. Elle se réfère au slogan de la révolution française et remarque qu’avec le temps, liberté et égalité « sont devenus des principes juridiques et sont appliqués comme de véritables catégories politiques ». Elle demande la même reconnaissance pour la fraternité. C’est ensemble que ces trois notions pourront donner naissance à une politique qui réponde au urgences les plus graves de notre époque, y compris le terrorisme. Elle en cite une des causes fondamentales :le fossé entre riches et pauvres. Seule la fraternité peut déplacer les richesses et mettre la solidarité en mouvement. Utopie ? Chiara Lubich cite des faits : 3 000 responsables politiques ont choisi la fraternité comme catégorie politique dans plusieurs pays d’Europe et d’Amérique latine. Ils forment le mouvement politique pour l’unité, qu’elle a lancé il y a une dizaine d’années. Giuseppe Gambale, député italien, apporte son témoignage et parle de plusieurs initiatives. Par exemple celle-ci : des députés de partis différents ont mis sur pied « un groupe de travail transversal sur la réforme de la coopération internationale établie en Commission des affaires étrangères et plusieurs points de convergence ont été découverts entre les propositions de lois déjà présentées. Un façon concrète d’affronter les grands déséquilibres économiques et sociaux entre Nord et Sud ». Sur fond de politique de plus en plus conflictuelle, la fraternité amène à changer complètement d’attitude vis-à-vis des adversaires politiques, a dit encore Chiara Lubich. « On prend conscience que tout formation politique peut être la réponse à un besoin social et par conséquent est nécessaire au bien commun. La critique peut devenir constructive au point de pratiquer le paradoxe apparent d’aimer le parti de l’autre comme le sien, parce que le bien de la nation nécessite le travail de tous ». « Voilà la vraie politique dont chaque pays a besoin – ajoute-t-elle – car si le pouvoir confère la force, c’est l’amour qui donne l’autorité ». Cette rencontre aura des suites. Les rencontres périodiques qui se font déjà dans d’autres pays sont aussi en projet à Londres.
Chiara Lubich reçue en audience par l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams
Le premier rendez-vous de Chiara Lubich à Londres a eu lieu au Lambeth Palace, elle a été reçue en audience par l’archevêque de Canterbury, Rowan Williams, Primat de la Communion anglicane. Chiara Lubich a évoqué l’entrevue lors d’une conférence de presse à Londres. « L’archevêque était très intéressé par notre expérience du dialogue interreligieux. Il m’a demandé notre secret. Je me suis référée à la Lettre du Pape « A l’aube du troisième millénaire », où il approfondit le mystère de Jésus sur la croix, qui crie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Après avoir perdu sa mère, ses disciples et même sa vie, Jésus a perdu aussi le sentiment de l’unité avec son Père, qui était tout pour lui. Jésus s’est réduit à néant. C’est un point de notre spiritualité de communion qui nous enseigne, devant des personnes de religion différente, à n’être « rien », un « rien d’amour », pour « entrer » en eux, parce qu’il fait savoir « se mettre dans la peau de l’autre, jusqu’à comprendre ce que signifie pour eux être bouddhistes, musulmans, hindous. Mais on ne peut entrer dans l’autre que si l’on est rien. Alors, le visage de Jésus abandonné est le modèle. » Nous avons ensuite abordé d’autres sujets : le mouvement œcuménique ;notre engagement, avec d’autres mouvements catholiques, anglicans, protestants et orthodoxes, à faire se réaliser le rêve du pape, l’Europe de l’Esprit ; la théologie qui émane de la spiritualité de l’unité. Cela aussi l’a beaucoup intéressé car il est théologien. » « J’ai été très frappé par la qualité du rapport qui s’est établi entre Chiara et l’archevêque – a confié Callan Slipper, ministre de l’Église anglicane et focolarino, présent à l’audience – L’archevêque s’est montré très ouvert, avec l’intelligence de quelqu’un qui sait écouter et apprécier. On l’a vu tout de suite, lorsqu’il a répondu en plaisantant à Chiara qui venait de nommer les primats de l’Église d’Angleterre qu’elle a connus : « Vous connaissez l’Église d’Angleterre mieux que moi ! ». Mis au courant du programme de Chiara pendant son séjour, il a déclaré que ce qui allait se passer arrivait à point nommé, parce que « l’Église et la nation en ont tellement besoin ». Le chapitre œcuménique, pour ce qui est des relations avec l’Église anglicane, commence en 1965, quand quelques ministres anglicans participent à une rencontre à Grotta Ferrata, près de Rome, entre catholiques et protestants. Ils sont frappés par l’atmosphère émanant de l’amour réciproque qui les fait se reconnaître frères et sœurs en Christ. En 1966, à Londres, au Lambeth Palace, Chiara rencontre pour la première fois le Primat de l’Église d’Angleterre d’alors, l’archevêque Michael Ramsay. Celui-ci lui dit : « Je vois la main de Dieu dans cette Œuvre » et il l’encourage à diffuser la spiritualité du Mouvement dans l’Église d’Angleterre. Chiara rencontre ensuite ses successeurs Coggan, Runcie et Carey. En Grande-Bretagne, le Mouvement des Focolari s’est développé parmi les catholiques, les anglicans, les presbytériens, méthodistes et baptistes. A Welwyn Garden City, une cité-pilote œcuménique est en train de naître. L’unité, point central de la spiritualité des Focolari, intéresse particulièrement les anglicans.
[:it]”Libertà, uguaglianza… che fine ha fatto la fraternità”

« Imagine un monde… enrichi par la diversité »
La manifestation intitulée : « Imagine un monde… enrichi par la diversité » suscite un grand intérêt à Londres, la capitale la plus cosmopolite d’Europe, et dans toute la Grande Bretagne. Lors de ce rassemblement, le 19 juin, interventions, réflexions, témoignages et moments artistiques manifesteront l’engagement commun de chrétiens d’Eglises et de communautés ecclésiales différentes et de membres d’autres religions, à construire un monde de paix et d’unité dans la fraternité. Le choix du lieu est significatif : le Westminster Central Hall, où s’est tenue en 1946 la première assemblée générale des Nations Unies et où Gandhi a pris la parole en 1931. Chiara Lubich y prendra la parole pour traiter la question : « Quel avenir pour une société pluriethnique, multiculturelle et multi-religieuse ? ». Prix Unesco pour l’éducation à la paix 1996, fondatrice et présidente du Mouvement des Focolari, à Londres déjà, en 1977, à l’occasion du prix Templeton pour le progrès de la religion, Chiara Lubich a donné une impulsion décisive au dialogue interreligieux, dans lequel, depuis cette date, le Mouvement des Focolari s’est engagé sur les cinq continents. Au Westminster Central Hall, parmi les 2 000 personnes attendues figurent quelques personnalités de différentes religions : le leader sikh Bhai Sahib Ji Mohinder Singh, de Birmigham ; Zaki Badawi, président du conseil des Imams et des mosquées de Grande Bretagne ; Mme Didi Athavale, responsable du vaste mouvement hindou Swadhyaya Family. Seront aussi présents l’évêque anglican Tom Butler, qui dirige l’organisation « Réseau interreligieux pour la Grande Bretagne », l’archevêque de Glasgow, Mgr Mario Conti, particulièrement engagé dans l’œcuménisme, et la baronne Shirley Williams, leader des démocrates libéraux à la Chambre des Lords.
Mardi 15 juin, Chiara Lubich a été reçue en audience au Lambeth Palace par l’archevêque de Cantorbury, Rowan Williams, primat de l’Église d’Angleterre (anglicane), et premier « inter-pares » des primats de la communion anglicane mondiale. Il a débuté son ministère le 27 février 2003. Le dialogue œcuménique avec l’Église anglicane a commencé en 1965 quand quelques pasteurs anglicans sont venus à Grotta Ferrata près de Rome pour une rencontre entre catholiques et protestants. Ils ont été frappés par l’atmosphère suscitée par l’amour réciproque, qui les fait reconnaître frères et sœurs en Christ. En 1966, à Londres, l’archevêque Michael Ramsey, alors primat de l’Église d’Angleterre, a rencontré Chiara au Lambeth Palace et lui a déclaré : « Je vois la main de Dieu dans cette Œuvre ». Il l’a encouragée à diffuser la spiritualité du Mouvement dans l’Église d’Angleterre. Ses successeurs ont fait de même : Coggan, Runcie et Carey.
Mercredi 16, à l’invitation du recteur du St Mary’ College de l’université de l’état du Surrey (Londres), Chiara Lubich a tenu une conférence sur : « Les nouveaux mouvements et le profil marial ». Elle concluait ainsi un cycle sur « Mission et évangélisation », consacré l’an dernier aux cardinaux Connell, Pulic, Grinze, Napier, Williams, Daly, O’Connor, Stafford, et cette année aux mouvements et communautés ecclésiales.
Ouverture officielle du procès diocésain de béatification d’IGINO GIORDANI
Igino Giordani, écrivain, journaliste, homme politique, œcuméniste et spécialiste en patristique, est une des figures les plus représentatives du XXe siècle, une personnalité complexe qui a laissé une empreinte profonde et ouvert des perspectives prophétiques au niveau culturel, politique, ecclésial et social. Né en 1894 à Tivoli, premier des six enfants d’Orsolina et Mariano, maçon, il fait des études grâce à un bienfaiteur qui en assume la dépense. En 1915, il est mobilisé. Lieutenant dans les tranchées, il avouera plus tard n’avoir jamais voulu tirer contre l’ennemi et mérite cependant la médaille d’argent pour son ardeur et sa générosité, et pour des blessures qui le feront souffrir toute sa vie. Licencié en lettres, il enseigne à Rome et épouse Mya Salvati, tissant une histoire d’amour délicate et forte dont naîtront quatre enfants : Mario, Sergio, Brando et Bonizza.
Son engagement politique commence dans les années 20.
Il fait la connaissance de Don Sturzo, qui le nomme rédacteur en chef du nouveau Parti Populaire. Il publie Rivolta Cattolica, ouvrage défini par Piero Gobetti comme « la synthèse d’une pensée catholique nouvelle ». Il fonde la revue Parte Guelfa. En 1924 et 1925, il élabore et diffuse ses idées sur « l’Union des Églises » et sur « les Etats-Unis d’Europe ». Pour des raisons politiques, il quitte l’enseignement et travaille à la Bibliothèque Vaticane, où il fait entrer aussi Alcide de Gasperi à sa sortie des prisons fascistes. Il devient directeur de Fides, la revue de « l’Œuvre pontificale pour la préservation de la foi ». Il collabore aussi à la revue Frontespicio de Piero Bargellini et est en relation avec le mouvement littéraire florentin. En 1944, il dirige Il Quotidiano, le nouveau journal de l’Action Catholique du second après-guerre. Puis il succède à Gonella à la direction de Il Popolo. Le 2 juin 1946, il est élu député et fait partie des « pères constituants » qui ont posé les fondements idéaux de la République italienne. Il sera réélu en 1948 et, en 1950, deviendra membre du Conseil des peuples d’Europe à Strasbourg.
En résumé, Giordani a été un homme politique militant, non par ambition, mais par amour et au service de la communauté dans des moments difficiles. Dans les années 20, il lutte avec courage pour la liberté face à la dictature. La forte connotation éthique de son engagement politique lui vaut d’être mis à l’écart sous le régime : période de « résistance culturelle » intelligente et continuelle, où il exalte dans ses livres les valeurs de la liberté et d’un ordre différent.
La période allant de 1946 à 1953 est la plus créative et la plus dynamique, avec des initiatives audacieuses et prophétiques en faveur de la paix entre les classes et entre les peuples. Avec aussi un timbre original : sa fameuse « ingénuité », selon sa propre expression, qui lui fait choisir des positions inconfortables comme l’objection de conscience, le refus des dépenses militaires, de la diabolisation des communistes, etc., une « ingénuité » qui le fait sortir assez vite de l’échiquier politique (il ne sera pas réélu en 1953), mais qui le fait redécouvrir aujourd’hui comme (selon l’historien de Rosa) : « un politicien de l’anti-politique, pas fait pour toutes les époques, non disponible aux raisons du pouvoir pour le pouvoir ». En tant qu’écrivain, il a publié plus de 100 ouvrages (deux par an en moyenne), traduites en plusieurs langues, sans compter les essais, opuscules et articles (plus de 4 000), lettres et discours. Une expérience chrétienne exemplaire Au milieu des souffrances endurées à l’hôpital militaire, à 22 ans, il ressent un premier appel à la sainteté, renforcé par les écrits de Catherine de Sienne. Il devient tertiaire dominicain à son exemple, car elle est « la première – dira-t-il plus tard – qui m’enflamma de l’amour de Dieu ». En tant que chrétien, il a vécu toutes ses activités terrestres avec un esprit évangélique, les considérant toujours comme une vocation. Ses écrits les plus marquants, toujours actuels, sont enracinés dans une profonde connaissance de l’histoire du christianisme et des Pères de l’Église. La solide formation théologique et spirituelle qui le caractérise est mise à profit dans une féconde activité d’animation chrétienne de la culture et de formation spirituelle des laïcs, des prêtres et des religieux. Précurseur du dialogue œcuménique, il anticipe dans les années 30 les lignes du futur concile Vatican II. Il étudie, traduit et explique les Pères des débuts du christianisme à une époque où ils étaient pratiquement oubliés. C’est de là qu’il tire son « Messaggio sociale del cristianesimo » (Message social du christianisme), une de ses œuvres les plus connues. Il s’identifie à eux au point qu’Italo Alighiero Chiusano parle de lui comme d’un « antique Père de l’Église à qui Dieu a donné le privilège de ressusciter et de vivre aujourd’hui parmi nous ». Sur les routes de la sainteté L’événement qui conduira davantage encore sa vie sur les sentiers lumineux et exigeants de la sainteté est sa rencontre avec Chiara Lubich, en septembre 1948.
Commence alors pour lui une expérience nouvelle qui l’implique tout entier, une solidarité spirituelle particulière par humilité, transparence, unité. Il dira plus tard : « Toutes mes études, mes idéaux et même les événements de ma vie m’apparaissaient comme tendus vers ce but… Je pourrais dire qu’avant, je cherchais, maintenant, j’ai trouvé ».
Fasciné par la radicalité évangélique de la « spiritualité de communion » annoncée et vécue par Chiara Lubich, il y voit la réalisation possible du rêve des Pères de l’Église : ouvrir tout grand les portes des monastères pour que la sainteté ne soit pas le privilège d’un petit nombre, mais un phénomène de masse dans le peuple chrétien. Il adhère totalement d’esprit et de cœur au Mouvement des Focolari, où il est appelé « Foco », en raison de l’amour qu’il témoigne et diffuse. De plus, par son « oui », il devient un instrument providentiel par lequel la fondatrice des Focolari reçoit des compréhensions ultérieures de son propre charisme.
Giordani semble sortir progressivement de la scène culturelle et politique qu’il foulait jusqu’alors, pour la revivre sur un plan surnaturel. En « se faisant tout petit » devant l’amour totalitaire des appelés à la virginité, il voit s’ouvrir devant lui qui est marié, « dans l’amour sans mesure », un chemin de communion avec eux. Le cœur pur et l’âme dilatée sur l’humanité, il ouvre la voie à une foule de mariés dans le monde, appelés à cette nouvelle consécration. A leur suite sont nés des mouvements de masse pour les familles et pour raviver la vie de l’évangile dans toutes les activités humaines. Il devient ainsi l’un des plus proches collaborateurs de Chiara Lubich, qui le considère comme « co-fondateur » du Mouvement des Focolari.
Sur la voie de la mystique
Dans le creuset du Focolare, Igino Giordani accomplit un voyage de l’âme plus ardu sur les voies de la mystique, dans lequel les épreuves spirituelles, les incompréhensions et les humiliations de sa mise à l’écart progressive, les douleurs physiques aussi, s’estompent devant l’expérience quotidienne de la présence du Christ « au milieu de deux ou plus » unis en son nom, et celle du mystère d’amour d’un Dieu crucifié et abandonné. Il obtient du Ciel d’extraordinaires expériences d’union à Dieu et à Marie, et aussi ces épreuves « obscures » de l’âme que le Seigneur réserve à ceux qu’il aime le plus. Son voyage devient ainsi un « envol » en Dieu, qui se termine le soir du 18 avril 1980. Son corps repose au cimetière de Rocca di Papa (Rome). Définir Giordani en un mot ? Beaucoup, notamment des intellectuels, l’ont appelé « prophète ». Pour Chiara Lubich, il est « l’homme des béatitudes », et elle en dévoile l’amplitude insolite quand elle le définit « âme-humanité ». Pour Tommaso Sorgi, son spécialiste diligent, il est un « amoureux de Dieu et de l’homme ». Nedo Pozzi
Le voyage de l’âme de l’âme d’Igino Giordani, à travers ses écrits et surtout les plus autobiographiques, est retracé dans une récente biographie de Tommaso Sorgi, responsable du Centre d’études « Igino Giordani », qui s’intitule « Un’anima di fuoco » (une âme de feu), éditée par Città Nuova.
En France, sa biographie, écrite par Jean-Marie Wallet et Tommaso Sorgi, est parue en 2003 sous le titre : « Igino Giordani, chrétien, politique, écrivain » aux éditions Nouvelle Cité.

Faire revenir Dieu dans la société, dans la culture et dans la politique : l’idéal d’Igino Giordani
Igino Giordani : on pourrait réécrire les béatitudes de l’évangile avec sa vie. Ainsi s’est exprimée Chiara Lubich, fondatrice du Mouvement des Focolari, le jour de l’ouverture officielle du procès de béatification de cet homme à la personnalité si riche : écrivain, journaliste, politique, œcuméniste, spécialiste des Pères de l’Église et de la doctrine sociale du christianisme. La cérémonie s’est déroulée à la cathédrale Saint-Pierre de Frascati, diocèse où Giordani a passé la fin de sa vie terrestre. La concélébration liturgique solennelle qui a précédé l’installation du tribunal ecclésiastique était présidée par Mgr Giuseppe Matarrese, évêque de Frascati. La foule emplissait la cathédrale et ses enfants Sergio, Brando et Bonizza étaient présents.
« Giordani a marqué le XXe siècle – a dit dans son homélie le théologien Piero Coda, vicaire épiscopal – il a participé à la reconstruction de l’Italie républicaine en tant que membre de l’assemblée constituante puis comme député », il a contribué à préparer, puis à promouvoir « par sa vie et par sa plume » le printemps du concile. « En lui brûlait le désir de faire revenir Dieu dans le monde, dans la société et dans la culture ».
Après sa rencontre avec le charisme de Chiara Lubich, qu’il a vue pour la première fois au parlement italien en 1948, Giordani dira : « J’ai eu l’impression que je passais du Christ que je cherchais au Christ vivant ». Prenant la parole à la fin de la messe, la fondatrice des Focolari a dit à son propos : « C’est la pureté du cœur qui a affiné ses sentiments les plus sacrés et les a concentrés vers sa femme et vers ses enfants ». Il a été « pauvre en esprit, par le détachement complet de ce qu’il possédait et surtout de ce qu’il était ». « Ouvrier de paix, comme le prouve son histoire d’homme politique ».
En Giordani, Chiara reconnaît un cofondateur du Mouvement des Focolari : il a donné un élan exceptionnel aux mouvements à large rayonnement, nés pour mettre un souffle chrétien dans le monde des jeunes, de la famille, de la politique, de l’école, de la médecine, des arts…
C’est lui qui a ouvert une nouvelle voie de consécration pour les époux qui l’a amené à faire l’expérience des « joies de la contemplation et de la vie mystique ». Enfin, il a annulé « l’abîme » – comme il l’appelait – entre les religieux qui suivaient « l’idéal de perfection » et les laïcs qui suivaient « l’idéal de l’imperfection », comme il le disait avec une pointe d’ironie. « Il a été la personnification – a encore dit Chiara Lubich – de l’un des buts les plus importants des Focolari : concourir à l’unification des Églises ».
Giordani, membre de l’assemblée constituante, a fait aussi partie du conseil des peuples de l’Europe à Strasbourg. Il est l’auteur d’une centaine d’ouvrages et de plus de 4 000 articles. Une de ses œuvres les plus connues, traduite en de nombreuses langues dont le chinois, est le « Messagio sociale del cristianesismo » (message social du christianisme). Dès 1924-1925, il élabore et fait connaître ses idées sur l’Union des Églises » et sur les « Etats-Unis d’Europe ».
La période allant de 1946 à 1953 est la plus créative, avec des initiatives audacieuses et des positions inconfortables pour son temps comme l’objection de conscience, le refus des dépenses militaires et de la diabolisation des communistes
Une « ingénuité », selon sa propre expression, qui le fait sortir assez vite de l’échiquier politique (il ne sera pas réélu en 1953), mais qui le fait redécouvrir aujourd’hui comme (selon l’historien de Rosa) : « un politicien de l’anti-politique, pas fait pour toutes les époques, non disponible aux raisons du pouvoir pour le pouvoir ».
Durant les dernières années de sa vie, les douleurs physiques lui donnaient la joie de pouvoir être « co-crucifié » avec le Christ.
Il avait une telle lumière dans les yeux et une telle bonté dans ses relations qu’il inspirait à tous la sérénité et poussait même les plus petits à se sentir sur un pied d’égalité avec lui. Le ciel lui accordait des expériences extraordinaires d’union à Dieu et à Marie, et ces épreuves « obscures » de l’âme que le Seigneur réserve à ceux qu’il choisit. Son « voyage » terrestre était devenu un « envol » en Dieu et s’est terminé le soir du 18 avril 1980.
La décision de proposer « un geste important » : « introduire sa cause de béatification, pour que toute l’Église trouve en lui un modèle, un témoin de l’évangile et un modèle de communion » a été prise lors de l’année du grand Jubilé par Mgr Pietro Garlato, alors évêque de Tivoli, ville natale d’Igino Giordani (1894).